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« Tell me everything’s gonna be alright. » | Enzo && Caitlyn

 :: Londres :: Ouest de Londres :: ─ Kensington. :: • Hyde Park
Mer 26 Déc 2018 - 18:06
Mi-novembre 2015

Dans la forêt près de Bodø, Norway

C’était pas possible. Ce n'était pas possible, Caitlyn refusait d’y croire. Elle qui détestait ne pas savoir, elle qui détestait ne pas comprendre, ne voulait pas admettre la seule explication logique à tout ça. Il devait y en avoir une autre. Peut-être était-ce un mauvais rêve, ou bien peut-être délirait-elle, peut-être la fièvre avait-elle eu raison de sa lucidité. Elle était dans le déni et n’avait strictement pas envie d’en sortir. C’était bien plus facile rester là sans rien faire, à attendre que le temps passe, se laissant porter par la vie comme un radeau par les flots.

Mais il fallait bien qu’elle se rende à l’évidence. Il n’y avait pas seulement cette douleur atroce qu’elle avait endurée à deux reprises déjà. Il y avait tout le reste aussi, ces changements au sein de son organisme, ces modifications dans ses perceptions et dans ses réactions. Et puis il y avait cette faim qui lui tiraillait sans arrêt le ventre, comme un vide en elle qu’elle n’arrivait pas à combler et qui la creusait, la bouffait de l’intérieur. Le tout se manifestant après cette nuit où elle avait été attaquée par un loup. Une nuit de pleine lune.

Une nuit de Pleine Lune.

Ça ne pouvait vouloir dire qu’une chose. Ça expliquait pourquoi elle avait l’impression de mieux percevoir son entourage, entendre et sentir des choses comme jamais auparavant. Ça expliquait pourquoi elle avait le sentiment d’être particulièrement impérieuse et à fleur de peau. Et ça expliquait pourquoi elle s’était réveillée à poil dans un champ enneigé à côté de la carcasse d’un élan. Mais c’était tout simplement impossible, inenvisageable.

C’était comme un refrain qui tournait en boucle dans son esprit, un dialogue de sourds sans fin entre la voix de la raison et la voie de la facilité. La balance penchait tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, et Caitlyn était partagée entre la volonté d’embrasser la réalité et l’envie de fermer les yeux dessus et tout oublier. Les jours passaient, les uns après les autres, comme des pages d’un livre qu’elle tournerait par automatisme sans même les lire, comme des voitures sur la route qu’elle regarderait sans les voir. Plus rien n’avait de sens. Plus rien n’avait d’importance.

Stop.

Ça ne pouvait plus durer. Elle ne pouvait pas continuer ainsi. Il fallait qu’elle fasse quelque chose, qu’elle se réveille, qu’elle sorte de la torpeur dans laquelle s’enlisait chaque jour un peu plus et qu’elle se reprenne en main. Mais pour ça, il allait falloir qu’elle demande de l’aide. Toute seule, elle n’était pas capable de se relever. Elle avait besoin qu’on lui tende une main, qu’on la guide et qu’on la cadre. Aussi difficile et douloureux que ce soit.

Spoiler:

* * *

Mardi 17.11.2015
Dans la matinée

Hyde Park, London, Great Brittain

Elle avait pleuré, ce jour-là. Alors qu’elle croyait avoir vidé ses larmes depuis longtemps, elle avait senti ses yeux s’embuer puis les gouttes d’eau rouler en silence sur ses joues tandis qu’elle écrivait à la seule personne qui pouvait l’aider, avant de se transformer en sanglots, et elle s’était à nouveau roulée en boule dans son sac de couchage, son corps entier secoué par les hoquets. L’émotion était trop forte. Le soulagement, la peur, la gratitude, l’appréhension…  Emportée par sa détresse, elle avait fini par sombrer dans le sommeil.

Elle se réveilla aux aurores le lendemain matin. Elle sortit de sa tente, attrapa son peigne et son linge, et entreprit de démêler machinalement ses cheveux avant de passer sous la douche. La lassitude se dégageait dans chaque geste qu’elle faisait, la résignation émanait d’elle tandis qu’elle fermait les yeux, l’eau chaude coulant sur sa peau et emportant les tensions et la crasse accumulées depuis des semaines. Elle enfila des vêtements propres, attacha ses cheveux, agita sa baguette autour d’elle pour ranger le campement dévasté. Puis elle rassembla quelques affaires dans un sac à dos, renforça les sortilèges de protection, et disparut.

Une petite heure plus tard, elle était à Londres. Le brouillard, une petite pluie, l’automne gris et froid. Les trottoirs étaient vides, les routes pleines, les volets fermés et les lumières éteintes. L’ambiance semblait faire écho à l’humeur morose de Caitlyn. Capuche sur la tête, mains dans les poches, elle marcha jusqu’au Hyde Park, qu’elle traversa pour arriver devant la librairie Koenig. Elle avait une bonne demi-heure d’avance. Elle s’adossa au tronc d’un arbre dans l’espoir que le feuillage lui serve d’abri, puis se laissa glisser jusqu’à finir accroupie, respirant l’odeur de la terre humide, attendant l’heure du rendez-vous.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Mer 2 Jan 2019 - 14:07
Tell me everything’s gonna be alright
Caitlyn & Enzo


■ Mardi 17 Novembre 2015 ■


Lakes Entrance, Australie
Dans la journée, heure Australienne

« Plutôt quel niveau ? »
« Entre intermédiaire et confirmé, c'est pour ça que j'aimerais changer de planche. Celle-ci est très bien mais si j'veux progresser encore j'me dis qu'un peu de challenge ça serait pas mal. »
« Une Evolutive alors ? »
« J'pense que j'aimerais bien tenter oui. T'es sur quoi toi ? »
« Shortboard. J'ai aussi une Evolutive qui m'a pas mal servie ces dernières années parce que j'ai dû couper régulièrement et assez longtemps entre mes sessions, et sincèrement ça été l'idéal pour reprendre mes marques donc je te conseille clairement ce modèle. Passer direct au Shortboard c'est peut-être trop rapide. Après ce que tu peux faire c'est en louer une de chaque pour tester et tu vois. »
« Oui c'est pas con. C'est même carrément une bonne idée. »

Un poisson dans l’eau. Honnêtement, même si c’est un sujet que je maitrise et qui me passionne, j’aurais pas pensé m’acclimater aussi rapidement. C’est simplement le troisième jour et sans être timide ou trop réservé, je m’étonne un peu d’être aussi à l’aise. Surtout avec les gens. Regardez le ce gamin du haut de ses 18 ans, bientôt 19, en train de donner des conseils à des types bien plus âgés que lui. Pourtant aucune hésitation, ni dans la voix ni dans les gestes.
Ce qui n’échappe pas à Jimmy, mon boss. Un mec vraiment cool, qui se prend pas la tête et ne prend pas la tête. 37 ans, marié, père de deux enfants, passionné de glisse naturellement. Un Australien côtier dans toute sa splendeur.

« T'as l'air de t'éclater. »
« Tu plaisantes ? Parler surf toute la journée, quelle torture. Achevez-moi. »

Il rit, j’en fais autant. Je garde une petite part de réserve, après tout c’est mon patron, mais difficile de ne pas se sentir à l’aise avec lui. Je ne bosse pas à temps plein, je crois que ça rassure un peu certaines personnes de mon entourage et je les comprends. Ça me laisse aussi le temps de bosser pour la rentrée, de m’occuper de mes projets perso ou mes poilus, voir mes amis, ma famille, mon homme aussi évidemment.
Ces premiers jours m’ont servi à prendre mes marques, à commencer quelques planches, aujourd’hui je me retrouve à donner des conseils ou plutôt mon point de vue à un gars qui veut passer une commande. On est quatre à bosser ici, Jimmy et sa femme inclus. J’ai pas encore vraiment eu l’occasion de croiser la quatrième personne.

« Et puis tous les patrons te laissent pas emmener ton chien au boulot j'imagine. »

D’un signe de tête, je désigne Wax. Bienheureux comme toujours, installé sagement sur son tapis, il mâchouille un de ses jouets. Il reste avec moi dans l’atelier ou bien se promène dans le magasin et vaque pour dire bonjour à tous ceux et celles qui entrent. Je travaille sur sa sociabilité, autant dire qu’il n’y a aucun problème – il l’est carrément plus que moi. Et visiblement, Jimmy l’adore.

« Il est trop mignon. Tout le monde craque ! C'est un piège à nanas ton nounours là ! »

Dit-il en lui caressant le ventre tandis qu’un sourire à moitié gêné se peint sur mon visage.

« C'est … pas totalement faux. »

Et un rire pour la 12 ! C’est même honteusement vrai, tout comme j’admets honteusement ne pas me plaindre du tout de ça. Pour autant j’ai les idées à la bonne place, aucun doute là-dessus.

« Mais mon copain essaie de le dresser pour au contraire les faire fuir. »

Le sourire persiste, il est un peu plus réservé.

« Je plaisante. »

Quoi que s'il pouvait je serais pas étonné qu'il le fasse. J’suis pas du genre à étaler ma vie à qui veut l’entendre, ce qui s’y passe ne regarde personne et dans le fond je trouve ça dommage de marcher sur des œufs parce qu’on redoute la réaction de la personne en face mais je préfère qu’il capte maintenant plutôt que ça retombe sur Will plus tard si jamais ça doit aller dans ce sens. C’est aussi un test, je crois. Je pense pas être capable de bosser pour quelqu’un qui n’accepte pas que deux personnes du même sexe soit ensemble ou qui en fait un problème – même si ça me ferait carrément chier. Oui, ce que je chercher à capter, c’est la réaction de Jimmy.

« Remarque y a de l'idée ! »

Et visiblement, il n’en a strictement rien à foutre. Je mentirais si je disais que je ne me sens pas soulagé.

« Est-ce que ça te dit de venir avec moi demain matin pour voir comment se passe un cours ? »
« Oui, carrément ! »

L’enthousiasme n’est pas feint. Ce sera en dehors de mes heures de boulot, c’est clairement pas un problème.

#

Lakes Entrance, Australie
Dans la soirée, heure Australienne

Juste une petite heure. Pour prendre ma douche, manger un morceau, m’occuper un peu de Lune et Wax puis surtout passer un coup de fil à mon cher et tendre. On ne se voit pas tous les jours, on ne s’appelle pas forcément tous les jours non plus, mais on s’échange au moins quelques messages. Ce soir j’ai envie d’entendre sa voix. Oui, même s’il a dormi ici cette nuit. Et alors ? Les pieds dans l’eau, je marche tranquillement sur la plage et envoie un flotteur à Wax qui se jette dans les petites vagues pour aller le chercher et me le ramener – infatigable. Je raconte ma journée à mon p’tit ami, il en fait autant, puis je remonte à la maison où je croise le frangin.

« J'file à Londres, je sais pas trop pour combien de temps j'en ai. »
« Ça marche. Tu bosses demain ? »
« Ouip. Juste l'aprem, mais j’irais faire un tour dans la matinée. »
« Ok. »

Voilà. Une discussion avec Derek comme on en a plein. On peut passer des jours sans vraiment se parler et ça ne dérange aucun de nous deux. On fonctionne comme ça. Une gratouille à Wax qui ne va pas tarder à s’endormir – c’est encore un chiot, des journées comme celle-là sont fatigantes – une autre pour Lune, et direction le Portoloin.

#

Londres, Royaume Unis
Dans la matinée, heure Anglaise

Quand je suis là-bas, chez moi, j’ai l’impression d’être dans une bulle. Coupé de tout. Dès que j’en sors, plus particulièrement quand c’est pour venir au Royaume-Unis, je me reprends des tas de réalité en pleine face et c’est parfois difficile à encaisser. La mort de Charleen et tout ce qui en découle, le fait que je sois toujours méfiant quand je me promène seul, toutes ces choses que, je l’admets, j’ai tendance à occulter quand je suis loin. Sous le soleil printanier et non cette bruine et ce froid humide typiquement anglais.
Et puis ce message de Caitlyn, intriguant, inquiétant même. J’ai totalement perdu contact avec elle ces derniers mois, pour des raisons diverses et variées. C’est avec des questions plein la tête mais un certain calme malgré tout que j’avance dans Hyde Park, manteau sur le dos, capuche sur la tête, mains dans les poches. J’en profiterais sûrement d’être là pour passer voir certaines personnes et je pense notamment à Kim – on verra comment se déroule ce qui se trame.
Librairie Koenig. Jamais entendu parler jusqu’ici. Je n’ai pourtant pas tellement de mal à trouver et cette petite marche me fait finalement du bien après une journée de boulot – il faut pas croire, j’ai beau être plutôt dynamique et en forme, je me remets toujours de ce qui est arrivé en septembre. Qui plus est, c’est un nouveau rythme auquel il faut s’adapter après avoir chillé depuis juillet finalement.
Je ne la vois pas tout de suite, je ne distingue d’abord qu’une silhouette contre un arbre que je n’identifie pas aussitôt. Il me faut encore quelques pas pour la deviner et bien que sa posture me semble un peu étrange c’est un sourire qui étire mes lèvres. Je ne peux pas dire qu’elle m’a manqué, ça n’a rien de méchant quand je dis ça c’est juste comme ça, la vie qui éloigne les gens. Mais je suis content de la revoir.

Encore quelques pas, le vent tourne, je me fige et mon corps tout entier se crispe dans l’immobilité et le silence. Mon sourire disparait, mes yeux restent plantés dans sa direction et mon organisme réagit en sourdine. Cette autre partie de moi, réveillée instantanément. Non. Impossible. Je dois rêver. Pourtant intérieurement je le sais, les sens ne mentent jamais et ce qu’ils m’apportent comme information m’a complètement arrêté dans mon élan. La surprise … Comment est-ce que j’aurais pu m’attendre à ça ? Cette pensée ne m’a jamais effleuré l’esprit, pas une seule fois, avec qui que ce soit. Dans mon esprit cette éventualité n’a jamais frappé aucune des personnes de mon entourage. Pas même Kyle quand il a évité le pire, je crois.

« Quand ? »

Poings serrés, j’ai le sentiment de ne pas reconnaitre ma voix. Dure, froide, mâchoires crispées par une colère naissante telle de la lave qui circule lentement dans les méandres de la terre.

« Comment ? »

J’aimerais réagir autrement, me montrer plus doux, plus avenant, c’est comme si je ne contrôlais pas mes réactions et bien que ces émotions brulantes de froideur ne soient pas dirigées contre elle je ne suis pas capable de lui transmettre autre chose.


   
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 2 Jan 2019 - 20:05
Qu’allait-elle faire ? Qu’allait-elle dire ? Les secondes passaient, puis les minutes, au rythme du clapotis des gouttes de pluie sur la surfaces des flaques d’eau, et Caitlyn sentait la tension monter, le malaise, l’appréhension, comme la veille lorsqu’elle avait fait le premier pas. Un premier pas n’était jamais le dernier, il en fallait toujours d’autres après, pas moins difficiles, pas moins douloureux. Si envoyer un message pour demander de l’aide lui avait tant coûté, comment allait-elle pouvoir lui parler ? Comment allait-elle pouvoir ne serait-ce que le regarder dans les yeux ? Pourtant, c’était la meilleure chose à faire. Se mettre dans l’obligation de lui parler et de le regarder, sinon elle ne le ferait jamais. Mais l’attente était juste intenable.

Il fallait qu’elle se calme. Qu’elle arrête de stresser, de se monter la tête avec cette angoisse qu’elle sentait déjà lui nouer l’estomac et lui comprimer les poumons. Elle inspira profondément, fermant les yeux, appréciant l’odeur de la terre humide, l’odeur de cette pluie qui, en faisant abstraction de sa grisaille, avait le don de la détendre et de l’apaiser, comme le parfum d'une mère qui fredonnerait une berceuse. Elle sentit une larme rouler sur sa joue et elle la laissa se détacher et s’écraser sur le sol comme ses semblables puis essuya sa trace d’un revers de manche et se releva, s’adossant à nouveau contre l’arbre, les bras croisés sur son ventre.

Après ce qui lui sembla à la fois une éternité et un court instant, il lui sembla distinguer la silhouette d’Enzo au loin et elle se tira de ses pensées. Elle le suivit des yeux, l’observant alors qu’il marchait dans sa direction, capuche sur la tête, mains dans les poches. Lorsqu'il l'aperçut, elle sentit son cœur s’emballer, battre jusque dans sa gorge comme si elle venait de faire un sprint. Ou comme si elle voulait en faire un, prendre les jambes à son cou. Mais c’était trop tard pour fuir. Elle s’apprêtait à l’interpeller d’un ton faussement léger quand elle le vit soudain s’arrêter, se figer dans une expression froide et fermée. Elle fronça les sourcils, déglutit difficilement, réalisant ce qui venait de se passer.

Il venait de comprendre.

Qu’allait-elle faire ? Qu’allait-elle dire ? Comme au ralenti, elle le vit qui se tendait, se crispait, serrant les poings, le regard dur et les traits tirés. C’était pas comme ça qu’elle avait imaginé la situation. C’était pas comme ça qu’elle avait espéré que ça se passerait. Elle pensait qu’elle aurait le choix, qu’elle aurait le droit de décider à quand et comment elle lui dirait. Qu’elle aurait la liberté de tâter le terrain, se préparer, le préparer peut-être aussi. Mais ce choix, cette liberté, venaient de lui être enlevés, arrachés sans qu'elle ne s'y attende, et elle avait soudain à nouveau envie de disparaître.

« Quand ? »

La voix de Enzo claqua dans l’air comme un coup de fouet, et Caitlyn tressaillit imperceptiblement. Elle n’avait pas envie de ça. Pas comme ça. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit, ses cordes vocales comme paralysées par l’émotion.

« Comment ? »

Et tandis qu’elle se battait pour ne pas céder aux larmes, lui semblait en proie à de la colère. Ses mâchoires contractées, ses poings refermés, tout son corps dégageait une rage qu’elle ne voulait pas voir mais qu’elle sentait, qu’elle percevait, comme une aura qui émanait de lui, comme un champ de force qui vibrait partout autour de lui.

« Je… »

Il fallait qu’elle se lance. C’était pour ça qu’elle était là. C’était pour ça qu’il était là, surtout. Pour elle. Elle s’éclaircit la voix.

« Alors c’est vrai ? »

Relevant les yeux vers lui, elle les plongea dans les siens, y cherchant une prise à laquelle s'accrocher. Et alors, elle l’entendit, tout doucement, faiblement, ce deuxième battement de cœur, rapide, irrégulier, comme le sien qui palpitait dans sa poitrine. Pouvait-il l’entendre également ?

« Je voulais pas y croire. J’ai été malade pendant une semaine, j’avais de la fièvre, j’ai cru que j’avais la rage ou quelque chose, j'en sais rien. Je sais pas. »

Et elle détourna le regard, baissant la tête. Elle avait créé toute une logique dans sa tête. Vaccinée, elle avait pu survivre malgré l’absence de médication, la magie aidant également, la chance aussi bien sûr. La température, les spasmes, les absences… Oui, elle avait cru dur comme fer à cette explication, d’abord par défaut, puis par choix. Mais il fallait bien qu'elle se rende à l'évidence et qu'elle arrête de se voiler la face.

« Je suis désolée Enzo… »
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Mer 9 Jan 2019 - 21:03
« Je… »

T'es qu'un enfoiré. Voilà ce qu'elle me dit, cette petite voix dans ma tête, celle branchée en direct depuis le centre de contrôle, précisément celui qui décide de ce qu'on ressent. Un truc lié au cœur. Pas celui qui bat mécaniquement pour te maintenir en vie, celui qui te fait ressentir les choses, les émotions. Cette colère qui m'habite brutalement et sans prévenir je ne la maitrise pas, je ne sais même pas pourquoi elle débarque comme ça, mais dès que l'esprit reprend le dessus je me dis que c'est pas comme ça que je devrais réagir. C'est pas de ça dont elle a besoin. Pas quand je perçois tout ce qui émane d'elle.

De la peur, de l'incompréhension … Tout ce que j'ai déjà ressenti parce que ce qu'elle vit, je m'y suis retrouvé projeté en plein dedans il y a quatre ans.

« Alors c’est vrai ? »

Ce regard. Il fait disparaître la rage comme une vague retourne vers le large, s'enroule à nouveau sur elle même et repart en sens inverse. J'ai du mal à faire le tri, instinctivement je me concentre sur ces choses qui captent mon attention et la garde focalisée. Mes battements de cœur. Ma respiration. Des trucs qu'on m'a appris ou que j'ai développé instinctivement, des astuces pour pas plonger droit dans le gouffre même si je pourrais presque sentir le sol se dérober sous mes jambes. Disparaître.

« Je voulais pas y croire. J’ai été malade pendant une semaine, j’avais de la fièvre, j’ai cru que j’avais la rage ou quelque chose, j'en sais rien. Je sais pas. »

Du rationnel. On cherche à se raccrocher à ce qu'on peut. Le cerveau fuse, les explications potentielles se contredisent mais au moins elles existent. C'est ça ? Je ne l'ai pas vécu comme ça. Y a pas tellement eu la moindre place au doute dans mon cas. J'ai ouvert les yeux, les mots que je ne voulais pas entendre ont été prononcé.

« Je suis désolée Enzo… »

Ce gémissement plaintif, je ne comprends pas qu'il vient de moi. Un son étranglé dans ma gorge en réaction direct à ses mots, à son regard perdu et … Désolé. Je ne sais pas si c'est ça qui me fait réagir, peut-être, je ne cherche pas à réfléchir. Je me vois sortir de mon immobilité, foncièrement humain, intrinsèquement loup. La seconde suivante mes bras se referment sur elle et je ne m'attendais pas du tout à ressentir ce que je ressens immédiatement.
Conscient d'empiéter sur un espace qu'elle aura peut-être l'instinct et la volonté farouche de garder pour elle désormais, conscient de n'avoir moi-même pas la moindre idée de comment l'appréhender, j'étais loin d'imaginer ça. Ce soupir de soulagement à l'intérieur de moi, presque … un apaisement, qui ne m'appartient pas totalement. Qui appartient à mon autre moitié. Une moitié qui pour la première fois depuis une éternité se trouve en contact avec … l'un de ses semblables. Son cœur qui bat plus vite qu'il ne l'a jamais fait, plus irrégulièrement que celui d'un humain ne le fera jamais … Même la chaleur que dégage son corps. Son odeur qui est différente. J'ai connu ce contact, ces sensations, mais en cet instant je les redécouvre. Caitlyn n'est pas Ever. Les autres, il n'a jamais été question d'une telle proximité.

« Chut. C'est moi qui suis désolé d'avoir réagit comme ça. »

Je rebranche les connexions, cherche la réaction humaine dans tout ce mélange qui finalement remet les choses exactement aux places où elles doivent être. Un tout. Pas l'un et l'autre. Une seule entité. Je dépose un baiser dans ses cheveux, caresse son dos dans un geste se voulant réconfortant. J'ai presque envie de lui dire que tout ira bien mais je ne le ferais pas.

Parce que ça ne sera pas le cas.

« T'excuse pas. »

Mes deux mains sur le côté de ses épaules je m'écarte un peu, abaisse le regard pour capter le sien et y plonge mes iris sans détour. Il n'y a pas de jeu de dominance, pas réellement d'animalité latente, juste … moi. Je ne cherche pas plus loin.

« T'as pas à t'excuser. Pas pour ça. Jamais. »

Ni auprès de moi, ni auprès de personne. Tu n'as pas à t'excuser d'être toi, d'être … désormais l'une et l'autre.

Et naturellement ce sont les questions qui se présentent maintenant. Celles déjà formulées en partie, puis les autres qui commencent à tourbillonner dans ma tête, se bousculer. L'instinct qui revient au grand galop, qui me pousse à regarder partout autour de nous, à garder un calme olympien face à elle sans que ça ne me demande un trop grand effort. Étrangement. Je perçois parfaitement chaque réaction de son organisme, ma partie animale les ressent aussi et ce côté protecteur que je peux lui connaître parfois se manifeste sans que l'un ou l'autre ne cherche à luter contre. De l'aide. C'est ce dont elle m'a dit avoir besoin dans ses messages et maintenant j'en comprends le sens.

« Est ce que tu acceptes que je t'emmène quelque part ? Ailleurs. »

Parce qu'ici je ne serais jamais totalement serein et dans mon esprit une évidence se dessine déjà. Du calme, de la solitude, un endroit où elle se sentira suffisamment en sécurité et libre de confier tout ce qu'elle aura à me confier. Libre de me demander tout ce qu'elle aura à me demander.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Dim 13 Jan 2019 - 10:01
Un petit geignement étouffé, sûrement involontaire mais d’autant plus naturel et sincère, non-feint. Et déchirant. Sentant son cœur se serrer à l’idée qu’elle en soit la responsable, Caitlyn pinça ses lèvres, tête baissée. Les émotions de Enzo la frappaient de plein fouet, s’écrasant contre le sang-froid si fragile dont elle s’appliquait à faire preuve comme les vagues d’une mer déchainée s’écrasaient contre la coque d’un bateau délabré qui luttait pour se maintenir à flot. Sa colère viscérale, rapidement suivie par son remords, et finalement une sorte de bienveillance peinée. Oui, elle était désolée. Elle n’aurait jamais dû. Elle avait tellement voulu qu’il l’aide, tellement espéré, tellement attendu de lui, tellement tout misé sur lui, sans penser une seule seconde à autre chose qu’à soi-même, sans concevoir un seul instant l'impact que ça pouvait avoir sur lui... mais alors qu'il se tenait là face à elle, bouleversé, elle réalisait qu’elle n’aurait jamais dû.

Mais c’était trop tard.

Alors qu’elle se repliait sur elle-même, comme si rester immobile pourrait la rendre invisible, indécelable, Enzo sortit soudain de sa raideur et réduisit la distance qui les séparait, venant l’attirer contre lui et l’entourer de ses bras doux et forts, protecteurs. Elle se laissa faire sans broncher, ne sachant pas quoi faire, comment réagir. Une partie d’elle voulait s’y blottir, s’y réfugier… l’autre voulait s’y soustraire et se montrer apte. Laquelle était laquelle ? Où était l’humaine et où était la bête ? Était-ce la bête qui se débattait et l’humaine qui se lovait ? Ou était-ce l’humaine qui restait digne et la bête qui se terrait ? Bête féroce et humaine vulnérable ou bête effarée et humaine déterminée ? Caitlyn était juste perdue dans cette dualité. Dualité qu’elle connaissait pourtant et que probablement tout le monde avait en soi, mais qu’elle avait l’impression de voir s’accentuer soudain, et se complexifier.

Malgré tout, ce contact lui faisait du bien. Sentant Enzo se détendre, elle en fit de même, finissant par l’enserrer de ses bras à son tour. L’oreille contre sa poitrine, elle entendait son cœur battre en écho à celui qui battait en elle, avec ce même rythme rapide et irrégulier qu’elle ne lui connaissait pas, et elle soupira doucement, s’en laissant bercer. Oui, la proximité de Enzo lui faisait du bien, la rassurait. L’apaisait, comme si soudain toutes ses craintes et tous ses doutes avaient disparu. Mais ça n’était pas le cas, elle le savait, et ils reviendraient, reprendraient le dessus, dès qu’elle serait à nouveau seule. Faire appel à Enzo n’avait finalement été qu’une énième forme de déni, et elle s’en voulait de l’avoir utilisé ainsi, d’avoir été si égoïste. Et puis elle s’en voulait pour tout le reste aussi, sans réellement savoir pour quoi concrètement, mais sans pouvoir s’en empêcher.

« Chut. C'est moi qui suis désolé d'avoir réagi comme ça. »

Elle secoua la tête, un petit sourire triste étirant ses lèvres alors qu’il lui déposait un baiser dans les cheveux et lui caressait le dos.

« Non… Non, c’est moi, j’aurais pas dû… »

J’aurais pas dû te contacter. J’aurais pas dû te demander de venir, j’aurais pas dû t’imposer mes malheurs. Je n’aurais rien dû dire, à toi pas plus qu’à tous les autres finalement. Et puis je n’aurais pas dû… je sais pas. Je n’aurais pas dû.

« T'excuse pas. »

La prenant par les épaules, il l’écarta, la força à le regarder dans les yeux comme pour s’assurer qu’elle l’écouterait. Et elle secoua la tête. Elle n’avait pas envie d’entendre ce qu’il lui disait.

« T’as pas à t’excuser. Pas pour ça. Jamais. »

Elle voulait juste qu’il arrête. Qu’il arrête de faire ça, d’être comme ça. Sinon, elle se remettrait à pleurer, et c’était la dernière chose dont elle avait envie en cet instant. Besoin oui, sans doute, certainement même. Mais elle en avait marre de pleurer tout le temps, comme si elle n’était capable de rien d’autre, comme si les larmes étaient les seules armes qu’elle avait en cet instant. Comme si pleurer était son seul moyen d’exprimer tout ce qu’elle ressentait, aussi bien l’angoisse que le déni, aussi bien le soulagement que le désaccord. Elle n’en pouvait plus d’être aussi faible. Ravalant la boule qui s’était formée dans sa gorge, réprimant l’envie de lever les yeux au ciel et de croiser les bras sur sa poitrine d’un geste rageur, elle s’appliqua à garder un air neutre, ni trop irrité ni trop chagrin, alors qu’en elle la colère et la peine se mélangeaient.

Quelque part, elle aurait aimé qu’il la lâche et la laisse tranquille, qu’il lui en veuille autant qu’elle s’en voulait. Mais en même temps, elle n’espérait rien d’autre que le voir rester auprès d’elle et ne plus jamais la quitter. Ne voulant ni le contredire ni lui donner raison, Caitlyn ne répondit rien. Et, là, entre la peur et l’incompréhension, entre l’indignation et la culpabilité, un nouveau sentiment commença à se former et à gagner en ampleur. Un sentiment de honte alors qu’elle se tenait face à lui et qu’il la regardait avec cette douceur chargée de compassion, de pitié presque, et elle sentit son cœur se mettre à battre plus vite et plus fort, tambourinant contre sa cage thoracique. Elle avait envie de disparaitre. De se glisser dans son sac de couchage et de ne plus jamais en sortir.

« Est ce que tu acceptes que je t'emmène quelque part ? Ailleurs. »

Prise de court par cette soudaine proposition, Caitlyn resta quelques instants sans bouger, comme incapable de prendre une décision, incapable même de comprendre la décision qu’elle devait prendre. Ailleurs ? Elle fronça les sourcils, regarda autour d’eux. Elle avait oublié à quel point il faisait froid et gris. Elle avait oublié que la pluie tombait sans relâche et que la brume les enrobait. Le regard prisonnier de celui de Enzo, elle complètement avait perdu la notion du temps et de l’espace, et le retour à la réalité était déroutant. Alors elle acquiesça, l’implorant presque des yeux. Oui, ailleurs. Autre part, n’importe où, avec lui.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Ven 18 Jan 2019 - 22:11
Juste un instant, un moment pour qu'elle retombe sur terre et prenne en considération ce que je viens de lui demander. J'ai peut-être plus les moyens que j'avais il y a encore pas si longtemps mais je me fais confiance, en ces circonstances j'ai toute la patience qu'il faut. Je le sens, là, au fond de moi.
Autour de nous tout est assez calme, la pluie continue de tomber de manière fine mais soutenue, les passants vont et viennent tassés sur eux-même. Mon regard s'attarde quelques secondes sur eux, Caitlyn acquiesce, je recule d'un pas et lui tend la main pour l'inviter à me suivre en lui adressant un sourire. Sans en faire trop.

« Viens. Ça va prendre un peu de temps mais fais moi confiance. »

Une idée bien précise gravé en tête, instinctivement, et le chemin se fait en silence. Je ne garde pas sa main dans la mienne, c'était simplement pour amorcer le trajet, mes deux paumes regagnent leur écrin de tissus alors qu'on marche tous les deux côtes à côtes. Je n'essaie pas d'analyser la situation outre mesure, je réalise simplement que sans réellement m'en rendre compte je cherche à capter la moindre chose qui émane d'elle. Physiquement rien a changé, personne ne peut deviner en la regardant le secret qu'elle cache désormais, mais je n'ai pas besoin de mes yeux pour percevoir les différences. Je n'ai même pas besoin de la regarder et respecte son espace, ce silence instauré naturellement. Les choses sont ce qu'elles sont, avoir une opinion sur le sujet n'y changera rien.
Il faut environ 5 minutes pour arriver jusqu'au Portoloin, une dizaine de minutes supplémentaire pour attendre le prochain en regardant partout autour sans trop le montrer. Je ne veux pas lui apporter plus de stress qu'elle n'en porte déjà mais je serais plus tranquille une fois ce continent loin derrière nous. Oui, continent. Parce que dès l'instant où l'on attrape la poignée de cette vieille soupière abandonnée dans un coin, après le sentiment d'être passé dans une déferlante, c'est à l'autre bout de la planète qu'on atterri.
Australie du Sud. Adélaïde. Début de soirée, il n'y a déjà presque plus de soleil mais le ciel est encore clair et les températures douces. Cet endroit n'est pas notre destination finale, à nouveau je lui tends la main et l'invite à prendre la mienne pour transplaner cette fois. Les sensations sont toujours aussi peu agréables mais quand les embruns nous frappent de plein fouet, pour ma part, j'oublie tout ça. Le décalage horaire et l'inconfort du trajet ne sont plus qu'un lointain souvenir quand les deux pieds dans le sable je me laisse porter quelques secondes par les lieux et ce qu'ils dégagent.

Puis je me retourne vers elle, lui adresse un sourire du coin des lèvres.

« Tu reconnais ? »

Qu'est ce qui ressemble plus à une plage, plutôt une crique, qu'une autre crique surtout dans l'obscurité naissante … Mais c'est précisément à cet endroit qu'on a passé une soirée ensemble tous les deux au mois d'aout, chacun de son côté sur les routes Australiennes en solo. Et de la même façon que je l'ai fait la première fois j'allume un feu dans un petit cercle formé de galets et de roches trouvées au hasard. Je lui laisse le temps de s'imprégner des lieux, peut-être de les découvrir avec un regard nouveau … Avec des sens nouveaux. Toutes ces odeurs qu'elle doit ressentir différemment, plus fortement, ses bruissements liés au déplacement d'un petit animal, qu'importe.
Assis au coin du feu, les genoux entourés des bras, un long et profond soupir m'échappe. Ça me fait du bien d'être là, malgré la « gravité » de la situation je me sens nettement plus serein qu'à Londres. J'attends patiemment qu'elle vienne s'assoir à son tour et sans la presser, reviens sur le sujet qui l'a poussé à me contacter.

« Qu'est ce qui s'est passé ? »

Le fond ne laisse pas de place à la moindre option, la forme en revanche ...
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Dim 20 Jan 2019 - 16:24
« Viens. Ça va prendre un peu de temps mais fais moi confiance. »

Main tendue vers elle, Enzo l’incitait à le suivre avec un sourire bienveillant et un regard serein. Comme un père attendait sa fille pour l’accompagner dans la cour de récréation le premier jour d’école. Comme une jument observait son poulain se relever et lui donnait des coups de tête pour l’encourager à faire ses premiers pas. Patient. Et Caitlyn hésitait, bloquait. Elle avait acquiescé, avec empressement, presque avec gratitude, mais pour faire le pas, c’était une autre histoire. Elle finit toutefois par rejoindre Enzo et glisser sa main dans la sienne.

Le contact ne dura pas très longtemps. Bientôt elle fourrait ses doigts dans ses poches et se plaçait légèrement en retrait par rapport à lui. Et même si ça lui faisait du bien de le savoir auprès d’elle, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir de plus en plus mal à l’aise. L’angoisse montait, lui tordait le bide, lui comprimait la cage thoracique. Elle avait envie de courir, elle avait envie de hurler. Mais, tête baissée, elle marchait en silence, résignée.

Les trajets en Portoloins lui firent l’effet d’un tour de manège vitesse maximale, le Transplanage lui donna l’impression de passer entre deux rouleaux d’autolavage. Plus elle utilisait les transports magiques, plus elle avait l’impression d’y être sensible, et cinq trajets en une heure, ça commençait à faire beaucoup. Crispée, les mâchoires serrées et les poings fermés, elle attendit d’être à nouveau sur terre ferme pour se détendre et exhaler l’air qu’elle avait retenu. Et ce fut comme si elle ouvrait une porte, laissant ses perceptions l’envahir.

Tout d’abord la chaleur de l’air qu’elle sentit caresser sa peau, puis l’odeur salée de la mer qu’elle huma à pleins poumons, puis le chant des cigales qui emplit ses oreilles, et elle se laissa porter, bercer. Oubliant le silence froid de la forêt enneigée, oubliant la grisaille humide de la ville embrumée. Elle fit quelques pas, sentant ses pieds s’enfoncer dans le sable qui crépitait sous ses chaussures et un petit sourire se dessiner sur ses lèvres.

« Tu reconnais ? »

Elle hocha la tête. Oui, elle reconnaissait. Cette petite crique où ils avaient passé une soirée ensemble en été, près du feu, à se regarder dans les yeux et à observer les étoiles, à discuter et à écouter. Rien n’avait changé, le temps ne semblait avoir eu aucun impact sur la nature reine de ce petit coin de paradis… et pourtant, tout était si différent. C’était comme si les vagues déferlaient différemment, comme si le vent soufflait différemment. Même le soleil se couchait différemment.

« C’est tellement beau. »

Elle finit par s’asseoir, son regard se perdant dans la contemplation des flammes qui dansaient, ses doigts se glissant dans les gravillons. À côté d’elle, Enzo soupira d’aise. Il émanait de lui un calme tout particulier, une sérénité, et elle les sentit l’envahir, chassant l’angoisse et le chagrin. Ne restait en elle plus qu’une certaine mélancolie, une certaine nostalgie de l’ancien temps alors qu’elle réalisait que rien ne serait plus jamais comme avant.

« Qu’est ce qui s’est passé ? »

Qu’est-ce qui s’était passé ? Elle baissa la tête, sans quitter des yeux le feu qui brûlait entre les galets et lui réchauffait les jambes qu’elle avait repliées devant elle. Elle n’avait soudain l’impression que le besoin d’en parler s’était dissipé. Elle se sentait apaisée, comme anesthésiée finalement. Pas réellement légère, mais le poids qu’elle portait ne la tirait pas vers le bas. Elle se sentait bien et avait juste envie d’en profiter. D’arrêter de penser au passé.

« C’est vraiment si important ? »

Un murmure, presque un chuchotement, et elle lâcha un petit soupir. Elle aurait voulu l’écouter lui parler de la suite plutôt que lui raconter le passé. Un passé auquel ni l’un ni l’autre ne pourraient plus rien changer, et sur lequel il ne servait à rien de s’attarder. Mais quelque part, c’était justement pour ça qu’elle était là. Et c’était pour ça qu’il était là, surtout. Pour lui permettre de se confier, car même si ça n’effaçait pas les événements, ça faisait du bien. Alors elle inspira profondément, expira, essaya de faire le vide, de mettre de l’ordre dans ses pensées, puis se lança.

« C’était en septembre. Je rentrais chez moi vers minuit et un loup m’a attaquée. J’ai cru qu’il voulait me tuer pour me manger, je sais pas… »

Et alors qu’elle racontait son histoire, les images lui revenaient. Là, dans le feu qui crépitait face à elle, elle avait l’impression de distinguer la silhouette imposante du prédateur comme lorsqu'elle l'avait vue se détachait de la nuit, de sentir son haleine chaude sur sa nuque comme lorsqu'elle avait couru à toute vitesse entre les arbres pour lui échapper, de revoir ses yeux jaunes et d’entendre son grondement comme lorsqu'il s'était baissé sur elle. À moitié inconsciemment, elle porta sa main droite au niveau de son trapèze gauche, à l’endroit où elle avait senti ses crocs s’enfoncer dans sa chair avant de perdre connaissance. Elle avait vraiment cru qu’elle allait finir dévorée. Finalement, c’était presque dommage que ça n’ait pas été le cas.

« J’ai survécu, mais j’ai été tellement malade… »

La fièvre, les spasmes, les délires… Son menton posé sur ses genoux, son bras droit comprimé entre ses cuisses et sa poitrine, elle se revoyait, roulée en boule dans son sac de couchage, baignée de sueur et parcourue de frissons, le teint cireux et les yeux vitreux, les cheveux en vrac et les vêtements pleins de crasse. Des détails qu’elle n’allait sûrement pas donner à Enzo en cet instant. Des détails bien trop personnels et bien trop humiliants pour qu’elle ne les raconte jamais à qui que ce soit.

« J’avais pas vu que c’était la pleine lune. Enfin si, je savais que la lune était pleine, mais j’avais pas réalisé… Je croyais juste que j’avais une infection ou un truc comme ça, un truc dont j’allais guérir. »

Ou mourir.

« Et j’en ai guéri, j’ai pu reprendre le boulot et tout… mais un jour, tout a recommencé. Et c’était… enfin, j’ai… »

C’était horrible. J’ai rien compris.

Mais la pudeur lui enlevait les mots de la bouche, et elle sentait ses muscles se crisper à nouveau d'angoisse. Elle ne pouvait pas, elle n’y arrivait pas. Elle était incapable de raconter son calvaire, elle avait bien trop honte. La douleur, cette douleur atroce qui l’avait mise à genoux, puis à terre. Qui l’avait fait hurler, pleurer, haleter. Comment raconter ça à Enzo ? Comment raconter ça à qui que ce soit, sans passer pour la victime et susciter la pitié ? Elle ne voulait pas de leur pitié, elle ne voulait pas de leur consternation, de leur accablement, de leur affliction. Et elle ne voulait pas passer pour la victime, pas alors que c’était exactement ce qu’elle était, à chaque fois.

« Sur le coup, j’ai pas du tout fait le lien. Même après coup, d’ailleurs. Ça m’était complètement sorti de la tête, j’ai pas pensé… »

Elle n’avait pas été en état de penser.

« Et quand j’ai fini par comprendre… »

Quand elle avait fini par comprendre, elle n’avait pas voulu y croire. Et elle avait essayé de ne pas y croire, vraiment. Mais les éléments s’étaient imbriqués, les uns après les autres, sans qu’elle ne puisse les en empêcher. La Transformation, la Morsure, la Pleine Lune, le Loup… La carcasse de cet animal à côté de laquelle elle s’était réveillée, les sens et les instincts qu’elle ne se connaissait pas, la douleur qu’elle avait endurée à deux reprises… Elle avait eu beau résister, lutter contre cette explication qui s’était imposée à elle comme une certitude, elle n’avait pas fait le poids contre les arguments et avait été forcée de se rendre à l’évidence. Rien ne serait plus jamais comme avant.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Lun 4 Fév 2019 - 13:33
« C’est vraiment si important ? »

Dans un premier temps sa réponse m'étonne, je ne cherche d'ailleurs pas à masquer ma surprise, puis finalement … Il est vrai que quoi qu'il ait pu se passer, de toute façon, aucun retour en arrière possible. A partir de maintenant la cause n'importe plus vraiment, seulement les conséquences. Plus ou moins. Pour autant, si elle a fait appel à moi c'est que quelque part elle a peut-être besoin d'évoquer ce sujet-là aussi ? J'en sais trop rien. Ça lui appartient, si elle n'a pas envie de me répondre elle ne le fera pas.

« C’était en septembre. Je rentrais chez moi vers minuit et un loup m’a attaquée. J’ai cru qu’il voulait me tuer pour me manger, je sais pas… »

Septembre. On est mi-novembre. Je ne suis pas champion international en calcul mental mais suffisamment pour imprimer qu'elle a déjà vécu une transformation. Et je ne sais pas vraiment quoi en penser si ce n'est que ça réveille encore plus d'interrogations dans mon esprit. Je ne réagis pas, j'écoute et continuerai de le faire sans l'interrompre jusqu'à ce qu'elle ait terminé.
Est ce que ça soulève quelque chose en moi ? Oui, bien sûr, de manière tout à fait égocentrée puisque ça me replonge la nuit où je suis moi-même devenu une nouvelle version de moi-même sans l'avoir décidé. Tout ça me semble tellement loin aujourd'hui, je crois avoir fait la paix avec ça aujourd'hui.

« J’ai survécu, mais j’ai été tellement malade… »

Si je souris, ça n'est ni d'un air moqueur, ni d'un air suffisant. J'ai pas tellement de souvenirs de tout ça puisque j'étais dans le coma mais je me souviens des sensations quand j'ai repris conscience après une semaine. L'impression que mon corps brûlait, que tout allait plus vite, que je ne maîtrisais plus rien … J'étais en sécurité, à l'hôpital et surveillé, mais elle ? J'imagine que ça n'a pas plus d'importance puisqu'elle est là, en vie, et qu'elle a l'air en bonne santé malgré tout. Et puis qui sait, peut-être qu'elle était entourée qu'est ce que j'en sais après tout ?

« J’avais pas vu que c’était la pleine lune. Enfin si, je savais que la lune était pleine, mais j’avais pas réalisé… Je croyais juste que j’avais une infection ou un truc comme ça, un truc dont j’allais guérir. Et j’en ai guéri, j’ai pu reprendre le boulot et tout… mais un jour, tout a recommencé. Et c’était… enfin, j’ai… »

Je reste calme, sans trop savoir pourquoi. Peut-être pour, instinctivement, lui rendre les choses plus simples. Ces perceptions sont différentes à présent, si je me laisse aller à des émotions virulentes elle le percevra et pourrait se sentir inconfortable ou même agressée. Je ne me pose pas de questions, je laisse faire les choses en replongeant dans le passé par instant. Je n'oublierai jamais ma première Pleine Lune, l'avant et l'après en tout cas, ni même les suivantes en réalité. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, même en ayant eu des mots posés sur mon état, je peux imaginer sans peine ce qu'elle a pu ressentir.

« Sur le coup, j’ai pas du tout fait le lien. Même après coup, d’ailleurs. Ça m’était complètement sorti de la tête, j’ai pas pensé… »

Ou pas accepté, peut-être. Je connais cette fille depuis quelques temps maintenant, je sais à quel point elle est intelligente et perspicace. Ne pas comprendre de telles évidences, pour moi, ça tient plus du déni qu'autre chose mais peut-être que je me trompe et je n'ai de toute façon pas de jugement à porter là-dessus. Chacun son histoire. Chacun sa façon de gérer.

« Et quand j’ai fini par comprendre… »

Le regard plongé vers l'horizon, légèrement capté par les crépitement et agitations du feu devant nous, j'imprime les mots mais tarde à réagir. Dans le fond, je crois qu'elle sait déjà tout ou presque. Que sa vie va changer radicalement, que c'est déjà le cas, que ces rapports avec les autres vont être un peu bouleversés, qu'elle devra penser à certaines choses pour se préserver elle et préserver son entourage qu'il soit proche ou non … J'ai pourtant presque l'impression d'être un imposteur, le type qui montre qu'il gère alors que ces derniers temps on ne peut pas dire que ça soit vraiment le cas.

« Comment est ce que tu as géré tout ça ces deux derniers mois ? »

Je sors de mon silence et ma torpeur, le regard n'est pas oppressant, le ton pas accusateur, je crois que j'essaie juste de tâter un peu le terrain. Parce que les faits sont là, elle a eu le temps d'expérimenter déjà beaucoup de choses en deux mois. Des changements d'humeur, des douleurs, même une transformation.

« Est ce que tu en as parlé à quelqu'un d'autre ? Est ce que quelqu'un a été là pour t'aider ? »

Là encore, je la connais, je sais comment elle fonctionne et rien ne m'étonnerait moins que de l'entendre me dire qu'elle est restée seule dans son coin sans rien dire à personne.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 20 Fév 2019 - 9:59
Elle n’y arrivait pas. Elle n’avait espéré que ça, avait tellement attendu de cet instant, s’imaginant se libérer d’un poids au fur et à mesure que les mots franchiraient la barrière de ses lèvres… mais elle n’y arrivait pas. Elle n’arrivait pas à se confier, à verbaliser les émotions qui la submergeaient à l’évocation de ce qu’elle avait vécu, à formuler les questions qui fusaient de part et d’autre de son esprit. Elle n’arrivait pas à se défaire de cette pudeur qui l’empêchait de rentrer dans des détails trop personnels. C’était pourtant justement ces détails-là qui la pesaient le plus. Son supplice et la peur de devoir l’endurer à nouveau. Son réveil nue dans un champ enneigé et la honte de voir son corps si sale et si vulnérable. Sa faim constante et le dégoût des pulsions qui l’animaient. C’était beaucoup trop intime pour qu’elle arrive à en parler spontanément à quelqu’un, même quelqu’un qu’elle connaissait. Surtout quelqu’un qu’elle connaissait, en fait.

Quelque part, elle aurait presque préféré qu’il sache déjà tout, sans qu’elle n’ait à lui apprendre quoi que ce soit. Qu’il ait compris le reste au moment où il avait compris le principal, sans qu’elle ne doive rien lui expliquer. Et d’une certaine manière, c’était d’ailleurs sans doute le cas, puisqu’il avait lui-même déjà traversé tout ce qu’elle traversait en ce moment… Mais elle aurait voulu qu’il mette le doigt dessus et qu’il la force à aborder ces sujets qu’elle redoutait tant. Parce que seule, elle n’y arrivait pas. Fierté mal placée ? Crainte du jugement, de la pitié, des reproches ? Instinct de préservation ? C’était sûrement un mélange de tout ça et de bien d’autres raisons encore. Un blocage dont elle ne parvenait pas à se débarrasser, et elle sentait la tension monter à nouveau, tiraillée entre les faits qu’elle racontait et le vécu qu’elle renfermait.

« Comment est-ce que tu as géré tout ça ces deux derniers mois ? »

Tout d’abord l’hésitation, et elle fronça légèrement les sourcils, la tête toujours baissée, les yeux toujours plongés dans les flammes. Elle ne s’était pas franchement attendue à cette question, et ne savait pas vraiment comment y répondre… Il la posait d’un air si anodin, d’un ton si serein et si désinvolte ; pourtant, elle avait l’impression qu’elle avait matière à se reprocher. Elle pinça les lèvres, déglutit, la culpabilité s’immisçant dans son esprit. Comment avait-elle géré tout ça ? Mal. Et c’était maintenant qu’elle s’en rendait compte. Oui, elle s’était fait du mal à soi-même, et elle avait fait du mal aux autres, tout ça pourquoi ? parce qu’elle était restée seule dans son coin, dans le déni, à se mentir à soi-même comme si elle ne savait pas pertinemment que le mensonge ne faisait qu’aggraver les choses.

« Est-ce que tu en as parlé à quelqu’un d’autre ? Est-ce que quelqu’un a été là pour t’aider ? »

Elle ne put s’empêcher de secouer la tête, presque par réflexe, tellement la réponse était intuitive. Elle aurait aimé pouvoir dire autre chose, n’importe quoi, mais, une fois de plus, elle était confrontée à ses erreurs. Pourtant, c’était pas comme si elle avait fait exprès. C’était pas comme si elle avait délibérément pris le mauvais train : elle s’était engouffrée dans le premier qu’elle avait vu venir et il avait été tellement rapide qu’elle n’avait pas réussi à en sortir avant. Oui, tout avait été si vite… Si vite et si lentement à la fois, mais lorsqu’elle en parlait, lorsqu’elle y pensait, c’était comme si c’était hier. Alors que ça faisait deux mois.

« Je suis désolée… J’ai pas géré du tout. »

Elle avait subi, ni plus ni moins. Elle avait pâti, et elle en avait fait pâtir aux autres. Lâchement, égoïstement. Parce qu’elle n’avait pas été capable de s’avouer la vérité. Et alors qu’elle repensait à la violence des émotions qui l’avaient animée ces derniers temps dans certaines situations, elle comprit que sa nouvelle condition ne se résumait pas à une simple métamorphose douloureuse par mois, mais qu’elle aurait des répercussions dans son quotidien. Et surtout, elle réalisa qu’elle était loin d’avoir tout assimilé.

« Qu’est ce qui va se passer maintenant ? Qu’est ce que je dois faire ? Toi t’as fait quoi pour... ? »

Pour gérer aussi bien qu'elle le voyait le faire. Bien trop naïve, et surtout bien trop pleine d'espoirs, pour se dire que ça n'avait sans doute pas toujours été le cas... La tête relevée vers lui, ses grands yeux bleus le fixant avec un air de chien - Loup - battu. Par pitié, dis moi que c'est plus simple que ça n'en a l'air. Que tu seras là pour m'aider, pour m'accompagner et me soutenir, mais que j'aurai très vite apprivoisé mon deuxième moi, et que tout ira très bien.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Mer 20 Fév 2019 - 20:56
Pas de réponse, son attitude parle d’elle-même. Personne d’autre au courant, personne pour l’aider, c’est ce que j’en déduis en tout cas.

« Je suis désolée… J’ai pas géré du tout. »

C’est pas la première fois que je la vois comme ça, pour autant ça me touche sincèrement parce qu’elle n’est pas du genre à montrer ce que certains pourraient qualifier de faiblesses. A mes yeux ça n’en est pas. Fragile, perdue, avec toutes les bonnes raisons de l’être vu la situation et moi j’en rajoute une couche involontairement en la faisant se sentir coupable.

« Hey, c’est pas grave. T’as juste fait comme t’as pu. »

Et maintenant j’suis là. Pas que je me considère comme le Messie, loin de là, mais elle n’est désormais plus seule à devoir gérer ça c’est tout. Elle a eu le réflexe de me contacter, le reste, l’avant, ça n’a plus d’importance. J’suis peut-être pas le mec ni le lycan le plus solide de la terre en ce moment mais pas une seconde j’envisage de la laisser seule face à ce qui lui arrive. Non seulement ça serait irresponsable, mais en plus de ça j’ai pas pour habitude d’abandonner mes amis. J’aurais préféré qu’on n’ait jamais cette conversation, qu’elle ne soit pas dans cette situation, mais c’est comme ça, aucun moyen de revenir en arrière.

« Qu’est ce qui va se passer maintenant ? Qu’est-ce que je dois faire ? Toi t’as fait quoi pour... ? »

Et ce regard, je vous jure, il brise le cœur. Toutes ces questions que chaque nouveau mordu a dû se poser, que je me suis posé … Aujourd’hui j’ai le recul suffisant pour lui apporter les réponses alors j’attends pas plus pour y aller.

« Pour arriver à faire avec ? Ça m’a pris du temps. Beaucoup de temps. Parce que j’ai complètement rejeté ce que j’étais devenu et qu’au départ, malgré les médecins, mon entourage qui faisait au mieux, j’avais personne pour m’aider à réellement apprivoiser cette partie de moi. Quelqu’un qui le comprenne vraiment. »

Même si ça avait été le cas de toute façon je rejetais tout le monde. Peut-être que ça aurait été différent avec un Lycan, après tout j’ai bien vu comment je réagissais en sa présence, mais est ce qu’aujourd’hui je me sens les épaules assez larges pour endosser ce rôle ? J’imagine qu’on ne tardera pas à le savoir.

« Maintenant ce qui va se passer c’est que tu vas devoir prendre en considération certaines choses pour que ça se passe au mieux. Apprendre à faire ton Tue-Loup ou trouver quelqu’un pour te le faire dans un premier temps, chose que je peux faire évidemment. Et j’ai des réserves si besoin, pour la prochaine. Tu devras aussi anticiper les transformations pour les passer dans un endroit aussi bien sûr pour toi que pour les autres. »

Mes premières, je les ai passé enfermé dans une cage. Parfois c’est la seule solution, au moins je n’étais un danger pour personne, mais si elle peut éviter de connaitre ça … Il y a d’autres moyens, aujourd’hui je le sais. Aujourd’hui je connais les bonnes personnes. Moi-même, actuellement, je ne me sens pas suffisamment serein pour le gérer seul et surtout n’importe où mais chaque chose en son temps.

« Au départ elles durent une éternité mais plus les pleines lunes passent plus ça devient rapide. J’en suis à 45, 46 dans une semaine, aujourd’hui la durée s’est stabilisée à une quinzaine ou une vingtaine de minute en général. La douleur par contre ne disparait jamais, ton corps s’y habitue un peu mais faut pas t’attendre à un miracle ça sera jamais une partie de plaisir. »

Pas la peine de chercher à lui cacher quoi que ce soit ni même à enjoliver les choses parce que c’est un fait, la transformation est une véritable torture physique. Aussi bien dans un sens que dans l’autre. Les os qui se brisent, les muscles qui se déplacent, le squelette tout entier qui change … ça n’est pas naturel pour le corps, on n’est pas censé survivre à ce genre de choses et pourtant. Certains ne survivent pas, d'autres si, est ce que c'est hard de parler de sélection naturelle ? La Morsure je ne la souhaite à personne, de toute façon.

« Les premières mêmes avec le Tue-Loup j’avais pas le contrôle, j’imagine qu’il faut un peu de temps pour l’assimiler ou alors c’était psychologique j’en sais rien. C’est possible. Et puis ça dépend peut-être des personnes aussi. »

Haussement d’épaules. Concentré, j’énumère les choses comme elles me viennent, conscient que ça fait sans doute beaucoup à assimiler. Conscient aussi que sur le papier ça peut, peut-être, paraitre simple et limité à la Pleine Lune. Je pense qu’elle a déjà expérimenté les effets sur l’humeur, les sens, les relations avec les autres ?

« Ton cœur bat plus vite, ton sang circule plus vite, tes sens vont être amplifiés, tes relations avec les autres peuvent être un peu malmenées parce que tes émotions sont … parfois difficiles à gérer, amplifiées elle aussi. Mais là encore c’est sans doute lié au tempérament de base, puis on peut apprendre à gérer tout ça. »

Oui, ça me paraitrait presque simple dit comme ça et pourtant j’oublie pas à quel point j’en ai bavé … A quel point on m’en a fait baver, surtout. Récemment encore. Si Caitlyn passe au travers de ça alors ça sera sûrement plus « facile » à gérer.

« Et surtout ne te déclare pas au Ministère. J’irais même jusqu’à t’encourager à garder ça le plus secret possible. Pas par honte, y a aucune honte à avoir, mais simplement parce que tout le monde n’a pas forcément une bonne réaction face à ça. Certains ont peur, d’autres sont dégoûtés, y a ceux qui sont fascinés et intrusifs … Oui, j'en ai croisé des comme ça, quelqu'un m'a même demandé de le mordre. »

Petite pensée pour Lukas, si aujourd'hui ça me fait vaguement sourire d'une ça n'est pas quelque chose que je prends à la légère et JAMAIS je ne ferais ça, de deux j'étais vraiment furax sur le coup. On n'est pas des putains de bête de foire et la lycanthropie n'est pas un échappatoire ou un moyen d'être plus costaud pour tenir tête à des crétins. J'ai conscience d'être nuancé sur le sujet parce qu'il n'y a pas que des mauvais côtés mais pour autant, je persiste, je ne souhaite ça à personne malgré tout.

« Bref tu peux être un danger pour les autres, ils peuvent aussi l’être pour toi. »

Je le sens bien, au fil de ce discours un peu élémentaire je me détends petit à petit. Réaction complètement égo-centrée puisque là tout de suite, certes je pense à elle et ce que sera son avenir, son présent même, mais je pense surtout à moi. A toutes les choses positives que cette particularité m'apporte … m'apportait, avant qu'on m'en déconnecte. Est ce que je peux retrouver ce que j'avais ? Avoir de telles pensées m'encourage à y croire, à ne plus voir ça comme un calvaire malgré les récents traumatismes qui y sont associés. Après tout, la précédente Pleine Lune s'est assez bien passée donc je me dis que pour ça comme pour le reste je suis sur la bonne voie.

Une voie qui me pousse à sourire en la regardant du coin de l'œil malgré le sérieux de ce qui se trame ici.

« Oui, même avec des crocs et des griffes acérés, tout le reste du package inclus. »

C'est évident, il ne faut pas le nier, la lycanthropie apporte avec elle certains « avantages » qui peuvent être utiles. Elle peut être une force. A double tranchant, justement. Y a rien de tout noir ou de tout blanc là dedans de toute façon.

« C’est un gros changement c’est sûr, ça influe beaucoup sur ta vie, ton quotidien, et y aura des moments difficiles mais on peut vivre avec. On peut vivre normalement. »

Je vis normalement. Malgré tout. Malgré toutes les merdes que j'ai pu encaisser ma vie aujourd'hui est tout ce qu'il y a de plus normale. Je vis avec mon frère, j'ai des amis, de la famille, un petit ami, un travail depuis peu, des passions, même un chien, un chat … Comme la majorité des personnes sur cette planète. Oui je suis un monstre aux yeux de certains mais ça n'est pas marqué sur mon front que je partage mon être avec une autre moitié plus sauvage qui physiquement ne se manifeste qu'une fois par mois la nuit tombée. Quand et où personne ne peut la croiser.

« Ça prendra sans doute un peu de temps mais une fois que t’es en phase avec tout ça c’est … ça peut vraiment être des sensations géniales. Un sentiment de liberté totale. »

J'ai peut-être l'air un peu perdu dans mes pensées, le regard rivé par delà le feu, un truc quelconque entre les doigts pour les occuper. Rien n'a jamais su m'apporter autant ce sentiment qu'une nuit de pleine lune quand mon esprit et mon corps sont libre de tout. Les pensées humaines mises en sourdine, l'animalité poussée dans ses extrêmes … Aucune barrière, aucune contrainte, un sentiment profond de puissance … Je n'imagine plus mon quotidien, celui que je suis, sans ça depuis un temps que je ne compte plus maintenant.

Et le dernier salopard à m'avoir mis en cage a failli me le faire oublier.
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Enzo S. Ryans
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Jeu 21 Fév 2019 - 18:16
« Hey, c’est pas grave. T’as juste fait comme t’as pu. »

Et elle acquiesça, secouant la tête de haut en bas sans le quitter des yeux, soulagée, reconnaissante de l’entendre lui dire ça. Oui, elle avait juste fait comme elle avait pu. Passer deux mois seule dans la forêt n’était peut-être pas l’idée du siècle, mais quelque part, c’était peut-être justement ce qui l’avait protégée des autres et ce qui avait protégé les autres d’elle. Même si ça n’avait pas suffi pour la protéger d’elle-même. Même si ça aurait pu avoir tourné au cauchemar à tout moment. Elle avait fait au mieux, ou du moins, n’avait pas fait exprès de ne pas faire au mieux. Elle n’avait pas fait exprès de faire les mauvais choix, de prendre les mauvaises décisions. Quant aux bonnes… mieux valait tard que jamais.

Elle aurait sans doute dû le contacter plus tôt. Elle aurait sans doute dû se rendre à l’évidence plus tôt. Ça n’avait pas été le cas, et c’était pas comme si elle pouvait revenir en arrière. Mais maintenant, elle voulait tout savoir. Elle voulait qu’il dise tout ce qu’il y avait à dire, qu’il lui apprenne tout ce qu’elle ne pourrait pas trouver dans les livres, qu’il réponde à toutes ses questions, même celles qui n’avaient pas franchi la barrière de ses lèvres, même celles qui ne lui étaient pas encore venues à l’esprit. Elle voulait la totale, le package complet. C’était maintenant ou jamais.

« Pour arriver à faire avec ? Ça m’a pris du temps. Beaucoup de temps. Parce que j’ai complètement rejeté ce que j’étais devenu et qu’au départ, malgré les médecins, mon entourage qui faisait au mieux, j’avais personne pour m’aider à réellement apprivoiser cette partie de moi. Quelqu’un qui le comprenne vraiment. »

Elle hocha discrètement la tête, adopta un air plus grave, sentant son cœur se serrer. Égoïstement, elle avait espéré qu’il lui dirait que tout s’était bien passé pour lui, comme si l’entendre parler des difficultés qu’il avait éprouvées interférait avec le rôle de la figure de référence qu’elle voulait voir en lui. Mais au-delà de ça, elle ne pouvait s’empêcher de compatir et de se sentir sincèrement désolée qu’il ait eu à vivre tout ça comme ça. À vivre tout ça tout court, en fait. Et si une partie d’elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui dise qu’il avait eu autant de mal à gérer, l’autre, la plus importante, n’était finalement pas si étonnée que ça de l’apprendre.

Qu’en serait-il pour elle ? Combien de temps lui faudrait-il ? Elle partait avec un certain avantage, il fallait le dire. Elle n’avait jamais eu quoi que ce soit contre les Lycanthropes, Enzo en était le meilleur exemple, Hammerschmitt aussi d’ailleurs, et s’il l’avait fallu, elle aurait été la première à les encourager à s’accepter. Elle ne pouvait pas aller à l’encontre de ses principes… si ? Et puis elle avait Enzo, et c’était surtout ça la grosse différence entre lui et elle. Avoir quelqu’un qui comprenait vraiment.

« Maintenant ce qui va se passer c’est que tu vas devoir prendre en considération certaines choses pour que ça se passe au mieux. Apprendre à faire ton Tue-Loup ou trouver quelqu’un pour te le faire dans un premier temps, chose que je peux faire évidemment. Et j’ai des réserves si besoin, pour la prochaine. Tu devras aussi anticiper les transformations pour les passer dans un endroit aussi bien sûr pour toi que pour les autres. »

Le Tue-Loup. Les transformations. Lui en parler était exactement ce qu’elle lui avait demandé, pourtant elle ne pouvait pas s’empêcher de se crisper, serrant les mâchoires et fronçant les sourcils. C’était tout de suite plus réel, plus grave, dit comme ça. Et elle n’était finalement plus si sûre d’avoir envie de l’entendre. D’être capable de l’entendre, surtout. C’était comme s’il lui annonçait une maladie, un fléau dont elle devrait se protéger et protéger les autres. Elle devait se forcer à ne pas fuir et à ne pas faire la sourde oreille, à ne pas répondre à l’appel du confort de l’ignorance et du déni.

« Au départ elles durent une éternité mais plus les pleines lunes passent plus ça devient rapide. J’en suis à 45, 46 dans une semaine, aujourd’hui la durée s’est stabilisée à une quinzaine ou une vingtaine de minute en général. La douleur par contre ne disparait jamais, ton corps s’y habitue un peu mais faut pas t’attendre à un miracle ça sera jamais une partie de plaisir. »

Cette fois, elle baissa la tête, comme pour s’isoler, pour digérer. Souffrir le martyr une fois par mois, rien que ça. Et dire qu’il avait déjà 45 séances de torture, 90 en fait, à son actif. Ça lui semblait tout bonnement impossible. Elle n’allait jamais y arriver. Comment avait-il fait ? Comment faisait-il, comment s’y prenait-il pour être si… si normal ? Pour donner si bien le change ? Et combien de ses proches étaient au courant ? Combien comprenaient réellement ? Elle avait assisté à une transformation de Hammerschmitt, l’avait vu se tordre de douleur et agoniser pendant de longues minutes, pourtant c’était comme si elle avait délibérément effacé cette partie de la représentation qu’elle avait de leurs vies…

« Les premières mêmes avec le Tue-Loup j’avais pas le contrôle, j’imagine qu’il faut un peu de temps pour l’assimiler ou alors c’était psychologique j’en sais rien. C’est possible. Et puis ça dépend peut-être des personnes aussi. »

Le contrôle. C’était si abstrait. Aussi étonnant que ce soit la connaissant, elle n’avait pas du tout réfléchi à l’idée de vouloir garder le contrôle pendant les Pleines Lunes. Elle s’était énormément réprimée au quotidien, luttant contre ces instincts et ces pulsions qu’elle ne se connaissait pas et qui la submergeaient dans les situations les plus improbables, mais elle n’en était pas encore arrivée au stade où elle chercherait à rester maîtresse d’elle-même quand elle-même n’était plus. Y penser maintenant était plus effrayant qu’autre chose. Oui, c’était ça, c’était effrayant. Elle n’avait plus tellement honte ou mal, elle avait juste peur, et plus elle en apprenait sur celle qu’elle était devenue, plus elle redoutait d’en apprendre davantage. Elle n’était finalement peut-être pas aussi prête pour ça qu’elle ne le croyait. Mais il le fallait. Elle ne pouvait pas rester dans l’ignorance pour le restant de sa vie.

« Ton cœur bat plus vite, ton sang circule plus vite, tes sens vont être amplifiés, tes relations avec les autres peuvent être un peu malmenées parce que tes émotions sont … parfois difficiles à gérer, amplifiées elle aussi. Mais là encore c’est sans doute lié au tempérament de base, puis on peut apprendre à gérer tout ça. »

Enfin. Enfin quelque chose qui lui parlait, qu’elle comprenait. Elle voyait de quoi il parlait, et ça faisait du bien. Ça faisait du bien de savoir que c’était normal qu’elle ait l’impression d’être moins sensible au froid ou à l’effort, avec un rythme cardiaque et un débit sanguin augmenté. Ça faisait du bien de savoir que c’était normal qu’elle entende des bruits et sente des odeurs qu’elle ne percevait pas avant. Quant à ses relations avec les autres… elle s’était déjà fait sa petite idée sur la question, mais ça faisait du bien de l’entendre lui confirmer qu’elle puisse avoir des difficultés à gérer ses émotions. Et lui assurer que ça s’apprenait.

« Et surtout ne te déclare pas au Ministère. J’irais même jusqu’à t’encourager à garder ça le plus secret possible. Pas par honte, y a aucune honte à avoir, mais simplement parce que tout le monde n’a pas forcément une bonne réaction face à ça. Certains ont peur, d’autres sont dégoûtés, y a ceux qui sont fascinés et intrusifs … Oui, j'en ai croisé des comme ça, quelqu'un m'a même demandé de le mordre. »

Bloquée sur le concept de déclaration au Ministère, elle n’avait écouté que d’une oreille la suite de sa phrase, fronçant les sourcils tandis que l’information remontait à son cerveau. Ça non plus, elle n’y avait pas encore pensé. Intuitivement, elle se plaisait à croire qu’elle aurait effectivement eu tendance à ne pas dévoiler sa nouvelle double-nature. Mais s’il n’avait pas été là, si personne d’autre n’avait été là, aurait-elle vraiment réussi à rester seule avec un si lourd secret, ne se serait-elle pas tournée vers le Ministère dans l’espoir qu’on l’aide, qu’on l’accompagne ? De toute manière, la question ne se posait plus désormais.

« Bref tu peux être un danger pour les autres, ils peuvent aussi l’être pour toi. »

Et encore moins quand il lui servait ce genre d’argument. Mâchoires serrées, elle acquiesça d’un air qui se voulait grave, se gardant bien de relever vers lui ses yeux qu’elle avait rivés dans le feu à nouveau. Elle ne voulait pas qu’il y lise la profondeur de son désarroi, elle n’avait pas envie qu’il y voie le reflet de la multitude de questions inachevées qui se mélangeaient dans son esprit en l’écoutant. Se protéger soi-même, protéger les autres… n’était-ce pas exactement ce qu’on lui reprochait de toujours trop faire ? et surtout, n’était-ce pas justement ce qu’elle se reprochait de ne jamais faire assez bien ?

« Oui, même avec des crocs et des griffes acérés, tout le reste du package inclus. »

Fronçant les sourcils, elle ne retint que de justesse le petit grognement qu’elle sentait naitre dans sa gorge, et réprima un mouvement de recul. Pour ça, clairement, elle n’était pas encore prête. Elle avait longtemps été la première à prôner l’acceptation de soi, à défendre l’idée d’aimer son propre corps, elle avait eu beaucoup de mal à appliquer sa propre philosophie il n’y avait de ça pas si longtemps que ça, commençait à peine à y arriver à nouveau, mais c’était encore trop tôt pour lui rappeler que son corps se défigurait une fois par mois.

« C’est un gros changement c’est sûr, ça influe beaucoup sur ta vie, ton quotidien, et y aura des moments difficiles mais on peut vivre avec. On peut vivre normalement. »

Vraiment ? Elle sentit ses épaules s’affaisser dans un soupir discret mais qui n’avait rien de rassuré ni de soulagé. C’était plutôt un soupir affligé, presque désespéré. Vivre normalement ? C’était exactement ce qu’elle avait espéré entendre, mais après tout ce qu’il venait de lui dire, ça semblait purement inconcevable. Hors de sa portée.

« Ça prendra sans doute un peu de temps mais une fois que t’es en phase avec tout ça c’est … ça peut vraiment être des sensations géniales. Un sentiment de liberté totale. »

Nouveau petit soupir, presque un rire cette fois, toujours à moitié étouffé. Un sentiment de liberté totale. Des sensations géniales. Pour l’instant, les seules choses dont elle se rappelait étaient le supplice et le carnage. Autant dire qu’elle ne se réjouissait pas spécialement de revivre l’expérience.

Elle laissa un silence tranquille s’installer, s’apprêta à le rompre puis se ravisa deux trois fois, cherchant les mots. Elle finit par secouer la tête et se lancer.

« J’avoue que je ne m’attendais pas à… tout ça. En vrai, je sais pas trop à quoi je m’attendais. Je réalisais pas. Je crois que je réalise toujours pas en fait. J’ai toujours cru que… je sais pas, que tu gérais. Pas que c’était facile, je sais que ça ne l’était pas… mais je sais pas, t’as l’air de tellement bien le vivre, ça colle parfaitement à ce que tu me dis là, mais avec tout le reste, c’est… je sais pas comment tu fais. »

Et surtout, elle ne savait pas comment elle allait faire. Serait-elle assez forte pour réussir à faire avec, à s’en tirer aussi bien que lui ? À être en phase avec tout ça ?

« Tu sais, j’ai jamais vraiment eu… peur. De toi, de Hammerschmitt, même en général. J’ai eu peur pour lui sur le moment, pour toi quand j’ai compris que c’était la même chose, avant d’oublier à nouveau, plus ou moins, mais jamais vraiment pour moi. Pas à tête reposée en tout cas. »

Bien sûr, face à un Loup, face à n’importe quel animal, l’homme y compris d’ailleurs, il y avait un tas de raisons d’avoir peur, de craindre pour sa vie. Mais ce qu’elle voulait dire, c’était que foncièrement, elle n’avait jamais rien eu contre la Lycanthropie, bien au contraire.

« C’était peut-être naïf de ma part, sûrement même, je ne me rendais pas compte, et je pense que je ne me rends toujours pas compte d’ailleurs, mais je sais pas, je me sentais pas particulièrement en danger. Et là… là oui, là j’ai peur. »

Elle avait peur, et elle s'en voulait d'avoir peur. Parce qu'avoir peur, c'était aller à l'encontre de tout ce en quoi elle croyait, tout ce pour quoi elle se battait. La tolérance, la bienveillance... Combien de ses valeurs allait-elle encore voire détruites ? La honte d'abord, la crainte ensuite, combien de ses principes allait-elle voir se retourner contre elle ? Combien de fois allait-elle regretter d'être si utopiste ? Et au bout de la combientième fois arrêterait-elle de l'être, renoncerait-elle à la définition-même de celle qu'elle était ?

Elle laissa planer un nouveau silence, ses mots résonnant dans son esprit. Et puis elle entreprit de se lever, doucement. Elle n’avait plus envie d’être assise, elle n’avait plus envie de regarder les flammes. Elle voulait marcher, sentir l’eau lui chatouiller les orteils et la brise lui caresser les joues. Et ce n’était pas une tentative excuse pour fuir, alors elle n’allait pas se retenir. Marchant côte à côte avec lui, ses chaussures accrochées à ses doigts, elle resta quelques instants à profiter du vide qui s’était soudain fait dans sa tête. Finalement elle reprit la parole.

« J’ai vraiment de la chance que tu sois là. Tu vas pas me laisser, hein ? »

Et si elle avait réussi à prononcer ces mots, c’était seulement parce qu’elle l’avait d’une voix très faible et parfaitement neutre, presque désinvolte. Comme si ça n’avait aucune importance.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Sam 23 Fév 2019 - 22:34
A plusieurs reprises ces dernières années j'ai été confronté à … des rechutes, si on peut appeler ça comme ça. Mais j'ai toujours réussi à retomber sur mes pattes, dans tous les sens du terme. La Lycanthropie fait partie intégrante de moi, je ne pourrais jamais m'en défaire, alors encore une fois je ferais tout pour ré-apprivoiser cette part de moi. Et je réalise qu'en parler à quelqu'un de désormais concerné aussi me fait du bien. C'est pas le but de cette discussion, il ne s'agit pas de moi, mais si je peux faire d'une pierre deux coups comme on dit alors je prends.
En attendant, je pense avoir fait un tour d'horizon relativement complet. Je laisse le silence prendre sa place, me disant qu'elle a sûrement besoin d'un peu de temps pour encaisser tout ça. Rien de plus normal avec un tel bouleversement.

« J’avoue que je ne m’attendais pas à… tout ça. En vrai, je sais pas trop à quoi je m’attendais. Je réalisais pas. Je crois que je réalise toujours pas en fait. J’ai toujours cru que… je sais pas, que tu gérais. Pas que c’était facile, je sais que ça ne l’était pas… mais je sais pas, t’as l’air de tellement bien le vivre, ça colle parfaitement à ce que tu me dis là, mais avec tout le reste, c’est… je sais pas comment tu fais. »

Qu'est ce que je peux répondre à ça ? J'ai pas envie de lui parler de tout ce qui a mal tourner parce que je vois pas l'intérêt de lui parler du pire, de choses qui ne lui arriverons peut-être jamais. Non être un Lycan ça n'est pas de tout repos même quand les éléments extérieurs ne s'en mêlent pas mais quand on a la paix ça peut réellement bien se passer. Je parle pas d'une partie de plaisir dès le départ, juste … d'un truc vivable, un truc qu'on peut finir par tourner en positif. Un truc qu'on peut accepter au lieu de le subir. Si j'avais évité Poudlard après avoir été mordu je suis prêt à parier que ma vie aurait été bien différente et surtout moins compliquée. Tout ce qui a pu m'arriver de pire – si on ne compte pas ce qui s'est passé en septembre – a eu lieu là-bas. A cause de personnes que j'ai rencontré là-bas. A priori, en étant dehors et en faisant attention, en restant hors des radars, Caitlyn n'aura pas à subir tout ça.
Alors oui, j'imagine que je donne l'impression de gérer et foncièrement c'est le cas. Et je fais parce que j'ai pas le choix. Ou plutôt si, et j'ai choisi de ne pas m'arrêter de vivre bien au contraire. Ça m'a pris un peu de temps pour sortir de ma coquille mais ça, dans le fond, ça n'a pas vraiment de lien avec la lycanthropie. Pas seulement en tout cas.

Si moi j'ai réussi, pourquoi est ce qu'elle n'y arriverait pas ?

« Tu sais, j’ai jamais vraiment eu… peur. De toi, de Hammerschmitt, même en général. J’ai eu peur pour lui sur le moment, pour toi quand j’ai compris que c’était la même chose, avant d’oublier à nouveau, plus ou moins, mais jamais vraiment pour moi. Pas à tête reposée en tout cas. »

Pas certain de comprendre où elle veut en venir je la laisse poursuivre, la tête tournée vers elle et les deux paumes tournées vers le feu sans trop y faire attention.

« C’était peut-être naïf de ma part, sûrement même, je ne me rendais pas compte, et je pense que je ne me rends toujours pas compte d’ailleurs, mais je sais pas, je me sentais pas particulièrement en danger. Et là… là oui, là j’ai peur. »
« C'est différent quand on est personnellement concerné, je crois que dans le fond ça fonctionne de la même manière pour beaucoup de choses. Sincèrement si tu n'avais pas peur je te traiterais sans doute d'inconsciente. »

Vrai. C'est dit avec le sourire mais rien ne pourrait être plus vrai. Quand on devient malgré soi une entité autant capable de dangerosité il faut avoir une réelle humilité face à tout ça. Ça ne fait pas de nous des surhommes, loin de là, mais l'humain devient une chose fragile entre des mâchoires aussi puissantes. Simple fait.
Elle se lève, je la regarde faire en laissant glisser mon regard sur elle comme pour y trouver quelque chose de différent. Une démarche différente, un port de tête différent, quelque chose. Je crois que moi aussi j'ai du mal à réaliser et depuis le départ je m'interdis inconsciemment d'avoir le moindre avis sur ce qu'il se passe. Cette fille que je connais depuis maintenant … J'en sais rien, quelques années, vient de passer du statut d'humaine à celui de louve et je ne sais pas vraiment ce que je ressens vis à vis de ça.
Chassant ces pensées de mon esprit je me lève à mon tour et la rejoint, marche avec elle mains dans les poches, le regard rivé vers l'océan sans réellement le voir. Je le perçois, c'est bien plus fort.

« J’ai vraiment de la chance que tu sois là. Tu vas pas me laisser, hein ? »
« Si. »

Réponse immédiate et sourire en coin. Celui du branleur que beaucoup me connaissent. Celui qui se pointe pour indiquer que je pense exactement le contraire de ce que je dis mais que ça m'éclate de faire croire l'inverse. Oui, je sais, ça fait grincer les mécanismes du cerveau.

« Je serais là autant que je peux l'être, je te le promets. »

Phrase à double tranchant, mais je ne peux pas faire plus sincère et véridique. J'ai appris récemment à ne pas … ne plus me jeter à corps perdus dans des états d'âmes qui ne sont pas les miens, pas quand ils sont susceptibles de m'ébranler moi aussi. Je dessine les contours de mes limites, mets toutes les chances de mon côté pour ne pas me casser la gueule alors que mes pas sont encore fragiles. Oui, je serais là, mais je ne m'oublierai pas et ne ferais rien qui pourra me fragiliser.

Ça ne veut pas dire que j'abandonne qui que ce soit.

« Ça va aller. »

Le sourire que je lui adresse cette fois est plus tranquille, sans malice, et sincère. Je le pense réellement, sans trop savoir pourquoi je suis serein sur la question. Elle a des cartes à portée de mains que beaucoup n'ont sans doute pas eu, que je n'ai pas eu tout de suite pour ma part, et ça fait à mon sens une grosse différence.

« Par contre il faut que tu le saches, ces dernières semaines j'suis pas le gars ni le loup le plus stable et solide de la terre. »

Je ne vais pas dire que ça me fait plaisir d'évoquer ça mais puisqu'elle me demande de l'aide, je le lui dois. Elle doit savoir où elle met les pieds. Et les pattes.

« J'suis sur une bonne pente, mais j'ai encore besoin des autres. Alors … disons que j'suis là avec un package. »
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Enzo S. Ryans
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Mer 27 Fév 2019 - 19:36
« C'est différent quand on est personnellement concerné, je crois que dans le fond ça fonctionne de la même manière pour beaucoup de choses. Sincèrement si tu n'avais pas peur je te traiterais sans doute d'inconsciente. »

C’était exactement ça. Tout semblait différent quand ça arrivait vraiment. On pouvait avoir des représentations, des théories, des principes, une philosophie entière et en être profondément convaincu, tout pouvait s’écrouler d’un coup lorsque la situation se présentait pour de vrai. Comme avec la mort, ou même "juste" la maladie : on savait qu'elle existait, on savait qu'elle pouvait emporter n'importe qui à tout moment, on pouvait même y être confronté au quotidien, mais quand elle emportait un parent, un proche, on se rendait compte que secrètement, égoïstement, naïvement, on avait toujours pensé qu’on en était à l'abri. Que ça n’arrivait qu’aux autres. Et alors, on réalisait à quel point on se trompait. À quel point c'était différent de ce qu'on avait envisagé. À quel point tout le reste était soudain différent. À quel point on était soi-même différent.

Comme si une différence ne suffisait pas. Comme si avoir vécu la guerre ne la rendait pas déjà assez spéciale, elle et tous ces ados qui avaient survécu, qui avaient vu et fait des choses auxquelles leurs semblables ni même leurs aînés n’avaient jamais ne serait-ce que songé. Comme si avoir perdu sa famille ne la distinguait pas suffisamment, la privant des repères traditionnels qui semblent si basiques mais dont on ne connaissait la vraie valeur que lorsqu’on les perdait. Elle faisait partie de ceux qui savaient ce que ça faisait de craindre pour sa vie et celle de ses proches au quotidien, qui le savaient vraiment. Ceux qui ne faisaient plus de projets et qui ne créaient plus de liens, par peur de les voir détruits, réduits à néant. Qui ne se projetaient pas et qui ne s’attachaient pas. C’était un autre monde, une autre vie.

Maintenant, ça. Un chamboulement de plus, un renversement de tout ce qu’elle avait connu, de tout ce qu’elle pensait connaître. Cela se voyait-il ? Cela se sentait-il ? Dans quelle mesure les autres pouvaient-ils percevoir qu’elle n’était pas tout à fait comme eux, qu’il y avait quelque chose de singulier en elle ? Quelque chose dans sa manière de regarder ou de parler, ou bien dans sa façon de marcher ou de se tenir… Dans quelle mesure elle-même pourrait-elle s’en rendre compte ? Au sein de tous les changements qui s’opéraient en elle, elle avait du mal à discerner ceux qui s’exprimeraient en surface. Et c’était quelque chose qu’elle allait devoir apprendre à faire, si elle voulait garder le contrôle de ce que ses faits et gestes trahissaient sur elle.

Mais dans l’immédiat, elle se contentait d’être elle-même. De toute manière, ce n’était pas comme si elle était capable de quoi que ce soit d’autre. Ni qu’elle en avait envie. Elle avait juste envie d’être elle-même. De se comprendre, de se sentir comprise, et juste de lâcher prise, laisser libre cours à ses émotions, aux craintes et au calme qui se mélangeaient dans son esprit. Le calme que lui apportait sa présence. Les craintes que lui inspirait son absence. Et, marchant dans le sable, ses chaussures à la main, ses cheveux au vent, elle le pouvait enfin, et en profitait à fond. Respirant à pleins poumons l’air salé de l’océan, entendant les vagues déferler sur la plage et s’écraser contre les rochers, percevant son souffle et ressentant les battements de son cœur alors qu’il marchait à ses côtés. Il n’allait pas la laisser. N’est-ce pas qu’il n’allait pas la laisser ?

« Si. »

… Oh. D’accord. Bon, elle s’y était attendue. En fait, non, elle ne s’y était pas attendue du tout. Mais maintenant qu’il le disait, elle réalisait qu’elle aurait clairement dû s’y attendre. Et, tout comme elle s’était efforcée de garder une voix désinvolte en posant la question, elle s’appliqua à ne pas laisser transparaitre sa déception en entendant la réponse. Jusqu’au moment où, lui jetant un regard discret, elle vit son sourire en coin, taquin, et ses yeux pétillants de malice. Et alors, elle comprit. Se détendant d’un coup, elle réalisa à quel point elle s’était crispée. Et même si elle ne réussit pas à sourire à son tour, à se défaire de cette expression neutre qui semblait s’être figée sur ses traits comme un masque, en son for intérieur elle aurait aimé rigoler de la blague qu’il venait de lui faire et surtout de sa promptitude à mordre à l’hameçon, à tomber dans le panneau.

« Je serais là autant que je peux l'être, je te le promets. »

Hochement de tête, grave. Elle comprenait. C’était presque bizarre, et elle se surprit à répéter la phrase dans sa tête comme pour s’assurer que le sens en était bien celui qu’elle avait saisi, mais elle réalisait qu’elle voyait parfaitement où il voulait en venir. Il ne comptait pas l’abandonner à son sort, il ne comptait pas lui refuser son aide ou ne serait-ce que son soutien, ce n’était pas dans ses habitudes et elle le savait bien, l’entendait. Mais y avait des limites à ce qu’il pouvait faire pour elle, et ce serait mentir que de lui promettre l’impossible. Ce serait mentir que de lui affirmer qu’il serait toujours là pour elle, qu’il aurait la réponse à toutes ses questions, la solution à tous ses problèmes. Non, même s’il la comprenait probablement mieux que quiconque, elle allait devoir faire ses propres expériences et en tirer ses propres leçons, c’était comme pour tout dans la vie.

« Ça va aller. »

À nouveau, elle hocha la tête, plusieurs fois, vigoureusement. Oui, ça allait aller. Il fallait qu’elle se dise ça, qu’elle se le répète, peut-être finirait-elle par y croire. En réalité, une partie d’elle y croyait déjà. Celle logique, pragmatique, qui ne voyait pas de raisons pour que ça n’aille pas, foncièrement. D’autres l’avaient fait avant elle, Enzo, Hammerschmitt, elle ne voyait pas pourquoi il en serait autrement pour elle. Mais l’autre partie, la plus sensible et émotive, ne pouvait s’empêcher d’imaginer toutes les éventualités, y compris les pires. Elle n’était pas Enzo, elle n’était pas Hammerschmitt, elle était juste une nana qui voyait son monde s’écrouler devant ses yeux et qui ne savait vraiment pas comment elle devait faire pour réussir à rester debout au milieu de tout ça, ou même ne serait-ce qu’à se relever quand tout serait tombé. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort, ça avait été le cas pour eux, mais dans l’immédiat, elle avait juste l’impression qu’il se pourrait tout aussi bien qu’elle reste la petite chose faible et fragile qui subissait sans réussir à élaborer les malheurs qui s’abattaient sur elle.

« Par contre il faut que tu le saches, ces dernières semaines j'suis pas le gars ni le loup le plus stable et solide de la terre. »

Pour le coup, elle fronça les sourcils, puis lui jeta un regard en biais, le sondant rapidement, discrètement, comme à la recherche d’un signe, d’un indice. De quelque chose dans ses yeux, dans ses traits, dans sa démarche, n’importe quoi, qui renforcerait son pressentiment, sa suspicion. Son appréhension. Comme tout à l’heure, il lui semblait qu’elle comprenait un peu trop bien la portée de ce qu’il était en train de lui dire… mais en même temps, elle avait l’impression que quelque chose lui échappait. Quelque chose de grave, qui venait éclaircir les raisons des limites de sa présence à ses côtés. Et peut-être cette impression que quelque chose lui échappait était-elle voulue, peut-être était-ce un mécanisme de défense contre l’explication qu’elle voyait se dessiner dans son esprit et qu’elle redoutait tant. Elle espérait qu’elle se trompait, à imaginer le pire, et s’imposait le bénéfice du doute. Mais les mots étaient là : il n’était pas le gars ni le loup le plus stable et solide de la terre. Et connaissant Enzo, ce n’étaient pas des paroles en l’air… et, surtout, ce n’était pas une exagération. Bien au contraire.

« J'suis sur une bonne pente, mais j'ai encore besoin des autres. Alors … disons que j'suis là avec un package. »

C’était bien ce qu’elle disait. Ce qu’elle craignait. Il était sur une bonne pente, mais il avait encore besoin des autres. Ça impliquait qu’il s’était retrouvé seul au fond du gouffre. Et, connaissant Enzo, encore une fois, ce genre d’aveu n’était pas à prendre à la légère. Elle l’avait vu dans des situations difficiles à plusieurs reprises déjà – et réciproquement d’ailleurs – et savait qu’il en avait vécu bien d’autres, mais elle avait eu tendance à l’oublier, et il n’y était pas pour rien. C’était dans sa nature, dans son caractère, que de ne pas crier sur les toits les épreuves qu’il traversait, elle n’était même pas sûre que ses proches soient au courant des détails. Et ça, elle le comprenait parfaitement, elle était un peu comme ça aussi quelque part, comme si elle avait peur de leur faire peur, comme si elle voulait les protéger, car c’étaient toujours les proches qui s’inquiétaient le plus et que c’était culpabilisant de les voir s’inquiéter.

Résistant à l’envie de s’arrêter, elle s’appliqua à continuer à avancer de manière naturelle, comme si de rien n’était. Elle savait que s’arrêter serait comme matérialiser physiquement l’importance qu’elle accordait à ses paroles, et elle n’était pas sûre que ce soit quelque chose dont il ait envie, qu’il apprécie. Peut-être se trompait-elle, et elle restait attentive, prête à s’arrêter s’il le décidait, mais elle n’allait pas le lui imposer. Ceci dit, elle ne comptait pas non plus ignorer ce qu’il lui disait ni complètement cacher son intérêt, son inquiétude, même si elle gardait une certaine retenue pour ne pas qu’il se sente agressé ou coupable. Alors, regardant tantôt au loin tantôt à ses pieds, elle posa la question d’un air relativement désinvolte mais intransigeant.

« C’est quoi le package ? Qu’est-ce qui s’est passé, Enzo ? »
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Caitlyn Louise Twain
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Lun 4 Mar 2019 - 14:13
Manteau laissé près du feu, écharpe avec, et désormais les pieds nus dans l’eau, chaussures dans les mains. Elle ne s’arrête pas, moi non plus, mais je sens bien dans le silence de la nuit tombante que j’ai ouvert une porte … et qu’elle va la pousser. Quoi de plus normal, j’en ferais autant, mais j’avais simplement pas prévu d’aborder tout ça avec quelqu’un d’autre c’est tout. Ça commence à « dater » maintenant, je suis rentré chez moi depuis une grosse quinzaine de jours après plus d’un mois passé chez Leiv et Isma et je reprends le cours de ma vie plus ou moins où je l’ai laissé mais pas la peine d’être dupe ou un peu trop optimiste : Je n’effacerais pas tout ça en seulement deux mois. Surtout pas avec parfois ce sentiment que ça peut me retomber sur le coin de la gueule à tout moment. Après tout, personne n’a la moindre idée de qui a pu me faire ça donc théoriquement il court toujours dans la nature. S’il a su me trouver une fois, rien ne l’empêche de recommencer.

Je ne la regarde pas mais je perçois ce qui émane d’elle, humainement, lupinement désormais, toujours sans trop savoir ce que je ressens vis-à-vis de ce nouveau statut. Aucun retour en arrière possible, ni pour ça, ni pour le reste. J’en ai trop dit, ou pas assez.

« C’est quoi le package ? Qu’est-ce qui s’est passé, Enzo ? »

Les yeux posés dans le vide devant moi, une main dans une poche, c’est un sourire qui se pointe sur le coin de mes lèvres. Mince, plus une réaction physiologique qu’autre chose. Elle y met les formes, n’envahit pas mon espace vital, et c’est finalement moi qui m’arrête.

Soupir.
Et toujours ce vague sourire sur les lèvres.

« J’suis un aimant à emmerdes qui a décidé qu’avoir une vie tranquille c’était surfait. Et que mes proches s’ennuyaient trop avec moi quand tout va bien. »

A ces derniers mots je lève les yeux au ciel entre lassitude, désinvolture et – peut-être – une légère pointe d’amertume malgré tout. J’ai passé le cap du « ils seraient mieux sans moi » depuis une éternité et ne compte pas replonger là-dedans. Des problèmes on en a tous, je compte pas m’éloigner des gens que j’aime sous prétexte qu’on évolue dans un monde qui nous plonge régulièrement les uns et les autres droit dans la merde. Mais je dois bien admettre que parfois ça me pèse. Ça me pèse d’avoir le sentiment d’être un poids, d’une manière ou d’une autre, même s’ils diront – et penseront – le contraire.

Enfin passons, c’est pas tellement le sujet là tout de suite.

« Sans entrer dans les détails quelqu’un m’a fait du mal et je me remets doucement seulement ça m’a beaucoup secoué. Humainement mais aussi lycanthropiquement, au point de pas pouvoir rester seul ces derniers mois. »

Oui, sans entrer dans les détails, chose que je ne compte pas faire même si une part de moi me pousserait presque à la mettre en garde. Si j’ai fini dans cette cage c’est probablement pas pour ma partie humaine, désormais elle devra sûrement se méfier de ces gens-là. Ces tordus qui prennent leur pied à jouer avec quelque chose qu’ils jugent et ne comprennent pas.

« J’ai vécu un mois et demi avec des personnes qui m’ont surveillé constamment, sans être envahissants. Ça fait seulement une quinzaine de jours que je suis rentré chez moi, avec Derek qui est finalement rentré mi-octobre après avoir pu quitter Poudlard, mais j’ai encore pas passé une pleine lune totalement seul ou dans un endroit qui pourrait ne pas être sécuritaire aussi bien pour moi que pour les autres. »

Au bout de toutes ces années j’ai fini par accéder à ça, à ce bonheur de pouvoir être libre, de pouvoir être moi, un peu n’importe où sans avoir à craindre de faire du mal à qui que ce soit. Les humains, je les évitais sans problème. Aujourd’hui j’suis pas certain que même avec le Tue-Loup dans le système je parvienne à brider cette partie de moi. Entre autres. Plutôt que prendre le risque je préfère prendre des précautions.

« Jakob est venu m’aider, me surveiller aussi, mais c’est surtout Ismaelle et Leiv – Helland – qui sont là pour s’assurer que j’suis pas en danger et surtout n’en représente pas un y compris pour moi-même. C’est eux le package. »

Et j’en ai encore besoin, de ce package. Mon regard dans le sien, je n’essaie pas de tricher. Les choses sont ce qu’elles sont.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Sam 9 Mar 2019 - 1:21
Quelques mots avaient suffi pour lui faire oublier ce qui l’avait amenée ici. Quelques mots prononcés sur ce ton grave comme la situation qu’ils reflétaient, et elle avait refoulé la peur, ravalé la honte. Ne restait plus que l’empathie, celle dont elle n’avait plus fait preuve depuis si longtemps, bien trop occupée par les bouleversements dans sa propre vie, mais qui faisait partie de la définition même de celle qu’elle était à l’origine. La capacité à s’ouvrir, non pas pour laisser sortir mais bien pour laisser entrer. Pour absorber les peines, tamponner les angoisses, essuyer les humeurs. Et elle attendait, lui laissait le temps et la liberté, en profitant pour l’observer attentivement sans pour autant être indiscrète ou intrusive.

Mais si elle espérait quelque chose de tangible, de visible, quelque chose qu’elle pourrait lire sur les traits de son visage ou discerner dans la posture de son corps, elle se trompait sur toute la ligne. Lentement, insidieusement, des perceptions s’imposèrent à elle, s’immiscèrent dans son esprit. Le rythme de son cœur, l’amplitude de sa respiration, la moiteur de sa peau, la tension de ses muscles… autant de ressentis qu’elle n’avait jamais éprouvés ou du moins pas consciemment, pas intentionnellement, et qui la submergèrent sans prévenir, sans lui laisser le temps pour se préparer à les accueillir. Et quand il s’arrêta de marcher, se tournant vers elle avec un soupir, un petit sourire étirant ses lèvres et un voile recouvrant son regard, elle resta là à lui faire face sans savoir quoi penser de tout ça.

« J’suis un aimant à emmerdes qui a décidé qu’avoir une vie tranquille c’était surfait. Et que mes proches s’ennuyaient trop avec moi quand tout va bien. »

Et le voilà qui levait les yeux au ciel et haussait les épaules d’un air désinvolte, ce même sourire sans joie flottant toujours sur son visage. C’était tellement son genre. Tourner les sujets les plus sensibles en dérision pour protéger ses proches et pour se protéger soi-même, les balayer d’un geste de la main pour les rendre moins importants, moins lourds. Il n’allait pas s’ouvrir à elle, pas complètement, pas plus que nécessaire, elle le voyait bien, et elle l’acceptait. Elle comprenait qu’il puisse ne pas avoir envie de revenir sur ce qui l’avait fait souffrir dans ces circonstances. Pour autant, elle ne comptait pas l’interrompre avant qu’il n’ait fini de dire ce qu’il avait à lui dire.

« Sans entrer dans les détails quelqu’un m’a fait du mal et je me remets doucement seulement ça m’a beaucoup secoué. Humainement mais aussi lycanthropiquement, au point de pas pouvoir rester seul ces derniers mois. »

Elle hocha la tête. Mâchoires serrées et sourcils froncés, elle essayait de s’imaginer ce qu’il avait pu vivre pour en garder des séquelles aussi sévères. Et la peur qu’elle avait rabattue dans un coin de son esprit se répandit à nouveau en elle l’espace de quelques instants, comme une montée de stress la prenant aux tripes et à la gorge, comme une vague de panique qui faisait palpiter son cœur et noyait ses poumons. Elle déglutit, inspira profondément, luttant contre cette impression de faiblesse qui s’emparait d’elle. Les yeux toujours pendus à ses lèvres, elle attendait une conclusion qui mette fin à ce suspense.

« J’ai vécu un mois et demi avec des personnes qui m’ont surveillé constamment, sans être envahissants. Ça fait seulement une quinzaine de jours que je suis rentré chez moi, avec Derek qui est finalement rentré mi-octobre après avoir pu quitter Poudlard, mais j’ai encore pas passé une pleine lune totalement seul ou dans un endroit qui pourrait ne pas être sécuritaire aussi bien pour moi que pour les autres. »

Et elle baissa la tête, détournant le regard pour le fixer sur ses orteils qui s’enfonçaient dans le sable au fur et à mesure que les vagues déferlaient sur la plage. Elle était à la fois rassurée et nerveuse. Rassurée pour lui, nerveuse pour elle, et elle se mit à dessiner des cercles avec la pointe de son pied gauche, en équilibre sur le droit. Son récit lui rappelait les dangers qu’elle allait devoir gérer, celui qu’elle représentait pour les autres et celui que les autres représentaient pour elle. Il avait su demander de l’aide à ses proches, tout comme elle lui en demandait aujourd’hui. Mais dans quelle mesure serait-il capable de la lui fournir ?

« Jakob est venu m’aider, me surveiller aussi, mais c’est surtout Ismaelle et Leiv – Helland – qui sont là pour s’assurer que j’suis pas en danger et surtout n’en représente pas un y compris pour moi-même. C’est eux le package. »

Reposant son pied au sol, relevant le menton, elle le regarda et lui adressa un petit sourire gêné, puis se tourna face à l’océan. La vraie question était de savoir dans quelle mesure serait-elle capable de finalement accepter l’aide qu’elle lui avait demandée. Et le problème n’était pas le package, pas seulement. Non, le problème était qu’elle sentait déjà le doute s’installer dans sa tête, le remords d’avoir fait appel à lui alors qu’il avait ses propres épreuves à affronter et qu’il n’avait certainement pas besoin d’un fardeau sur les épaules.

« Je suis désolée. C’est… je savais pas. »

Un mois et demie chez des amis, quinze jours chez lui, le calcul était rapide et le résultat était sans équivoque : ça s’était passé en septembre, peut-être même déjà en août. Alors qu’elle-même vivait son calvaire au fin fond de la Norvège, lui était probablement face à l’une des pires épreuves de sa vie, l’ébranlant au plus profond de son être…

« C’est vraiment horrible. »

Elle enroula ses bras autour de sa taille comme pour se réconforter. Elle ne savait pas quoi dire, elle n’avait pas de mots. Elle n’avait même pas tous les détails, et même si elle les redoutait, elle aurait aimé les avoir. Mais elle n’allait pas les lui demander, pas alors que les lui donner ferait plus de mal que de bien.

« C’est sûr que du coup j’ai pas choisi le meilleur moment pour débarquer… »

Petit rire amusé, quand bien même ça n’avait rien de drôle. C’était sa manière à elle de s’excuser pour le poids qu’elle représentait pour lui désormais, alors-même qu’il avait ses propres bagages à porter. Les bras toujours repliés sur son ventre, respirant profondément tandis que le vent jouait avec les mèches de ses cheveux qui s’étaient échappées de son chignon, elle laissa le silence s’installer pendant quelques instants, seulement perturbé par le bruit des allers-retours de l’eau sur le rivage et ceux de la nuit qui tombait sur la crique. Et puis, baissant légèrement la tête, elle reprit la parole.

« C’est quand la prochaine… Pleine Lune ? »

C’était presque bizarre à quel point elle avait du mal avec ce mot. Elle se souvenait encore de la petite sculpture de l’astre nocturne qu’il lui avait offerte à son anniversaire l’an dernier, tout comme elle se souvenait de la discussion à laquelle elle faisait référence. Elle avait toujours aimé voir la lune briller dans le ciel, pleine ou non. Maintenant… c’état presque si elle la craignait.

« Et qu'est ce que je dois faire, pour que ça se passe bien ? »
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Mar 12 Mar 2019 - 13:29
« Je suis désolée. C’est… je savais pas. »
« Et t’avais aucun moyen de le savoir alors te blâme pas. »

C’est peut-être un peu sec, simplement parce que je ne suis pas spécialement à l’aise avec la situation. Je ne veux pas qu’elle se sente mal, je ne veux pas non plus qu’elle me prenne en pitié ou quoi que ce soit de ce genre-là. Et quelque part je crois que ça me fait chier qu’elle puisse me voir comme un loup cassé, pas fiable, pas digne de confiance, mais ne rien lui dire aurait été une erreur.

« C’est vraiment horrible. »
« C’est terminé maintenant. »

Pas vraiment, en réalité, mais le cauchemar en lui-même est fini puisque je suis libre de mes mouvements et plus à la merci de ce tordu qui m’a complètement détruit aussi bien psychologiquement que physiquement. Si elle m’avait vu il y a de ça quelques semaines, elle ne m’aurait probablement même pas reconnu. Peu importe, ça n’est pas de moi dont il s’agit ici et je n’irais pas plus loin dans ce qui a pu se passer de toute façon.

« C’est sûr que du coup j’ai pas choisi le meilleur moment pour débarquer… »

Je ne la regarde pas, mais j’entends son rire et esquisse un sourire à mon tour. Pas la peine de rendre tout ça dramatique, les choses sont ce qu’elles sont, elle a besoin d’aide et je ne compte pas la laisser tomber. Fin de l’histoire.

« C’est quand la prochaine… Pleine Lune ? »
« La semaine prochaine. Mercredi. »

Et pour la première fois depuis des semaines, je ressens le frétillement de l’impatience se manifester.

« Et qu'est ce que je dois faire, pour que ça se passe bien ? »

L’espace d’une seconde je me replonge dans mes souvenirs, ceux qui me ramènent un peu moins de quatre ans en arrière. Mes premières pleines lunes, passées pour la plus part enfermé dans une cage. Cette simple pensée me provoque un long frisson dans toute la colonne vertébrale et je me racle la gorge pour revenir dans le présent.

« Dans un premier temps t’assurer d’avoir du Tue-Loup et le prendre tous les jours pendant une semaine avant la Pleine Lune. On peut passer chez-moi si tu veux, je t’en donnerais. Normalement si tu le prends correctement et que ton organisme l’assimile bien dès le départ tu resteras lucide pendant toute la Lune. »

C’était pas mon cas, peut-être que ça sera le sien comment le savoir ? Pas la même histoire, pas le même vécu, pas les mêmes circonstances. Pas la même personne, tout simplement.

« Sinon, j’te propose de la passer avec moi. »

Visage tourné vers elle, je cherche son regard comme pour appuyer mes mots. La Pleine Lune est un moment que j’aime passer seul, un moment rien qu’à moi, mais la démarche est sincère. Je ne me force pas.

« Mais sous surveillance, au cas où. Ça implique donc de confier ton secret à quelqu’un d’autre. Ou éventuellement de trouver un moyen pour cacher ton identité humaine. »

Polynectar, simplement demander aux concernés de ne pas s’approcher tant que le changement n’est pas effectué, j’imagine que tout ça est possible.

« C’est quelque chose de trop important pour que tu gères ça toute seule et maintenant que t’es là, que tu me l’as dit, je peux pas te laisser te transformer dans la nature, livrée à toi-même et potentiellement dangereuse pour les autres. »

C’est déjà arrivé une fois, elle n’en garde aucun souvenir je pense, mais pour moi c’est réellement une mauvaise idée de retenter l’expérience.

« Peut-être que ça pourrait très bien se passer mais c’est pas un risque que j’suis prêt à prendre. Et si ça te fait peur d’être avec moi, ce que je comprendrais après ce que je viens de te dire, j’peux juste te dire que la dernière s’est relativement bien passée. J’avais le contrôle, j’étais serein et bien dans ma peau. Et là où je me transforme en ce moment il y a des immensités sauvages où on ne croise personne mais au cas où, Leiv et Isma m’entourent d’un sortilège qui protège les autres autant que moi et me localise en cas de besoin. »

Je reste pragmatique, énonce les choses les unes après les autres en essayant de faire un tour d’horizon complet pour la simple et bonne raison que, à mon sens, rien ne doit être laissé au hasard. Pas pour quelque chose d’aussi sérieux. Est-ce que ça m’inquiète de passer cette Lune avec elle ? Est-ce que je m’inquiète de ses réactions ou des miennes ? J’ai pas vraiment l’impression que ça soit le cas. Bien évidemment je n’ai pas envie de représenter un danger pour elle et j’ai la prétention de penser que j’arriverais sans trop de mal à avoir le dessus si l’inverse se produit. En tant qu’humain on s’entend bien, je ne ressens aucune animosité ni rien de particulier à son égard depuis tout à l’heure, alors je me dis que sous l’autre forme pourquoi est-ce que ça serait différent ? Il n’y a de toute façon qu’un seul moyen de le savoir.

« On peut aussi contacter Jakob, si tu préfères gérer avec lui. »

Je sais qu’il répondra présent, laisser des jeunes loups livrés à eux-mêmes ça n’est pas dans ses habitudes.

« Dernière option : T’enfermer. »

Là encore, pragmatisme. Le choix lui appartient, je peux simplement lui énoncer toutes les options auxquelles je pense.
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Enzo S. Ryans
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Dim 7 Avr 2019 - 10:42
« La semaine prochaine. Mercredi. »

Et le cœur de Caitlyn de louper un battement.

« Si tôt… ? »

Un soupir plus qu’une réelle question. Elle n’était pas prête pour ça. Elle avait l’impression que ça faisait à peine quelques jours qu’elle s’était réveillée dans ce champ enneigé, et seulement quelques heures qu’elle avait compris ce qui lui arrivait. Elle n’était pas prête pour une nouvelle manche de ce jeu dont elle ne connaissait pas les règles et qui l’angoissait si fort qu’elle en avait la nausée. C’était beaucoup trop tôt.

« Dans un premier temps t’assurer d’avoir du Tue-Loup et le prendre tous les jours pendant une semaine avant la Pleine Lune. On peut passer chez-moi si tu veux, je t’en donnerais. Normalement si tu le prends correctement et que ton organisme l’assimile bien dès le départ tu resteras lucide pendant toute la Lune. »

Elle déglutit. Le Tue-Loup, à prendre tous les jours pendant une semaine. Donc dès demain. Dès demain… ! C’était si concret qu’elle n’était soudain plus très sûre de vouloir faire ça. De vouloir rester lucide, consciente de ce qui se passait, de ce qu’elle devenait une fois par mois. La boule au ventre, les bras toujours enroulés autour de sa taille comme pour se réconforter, elle sentait naître en elle l’envie de se recroqueviller dans son sac de couchage pour fermer les yeux sur sa nouvelle condition, ou bien de fuir à toutes jambes pour y échapper.

« Sinon, j’te propose de la passer avec moi. »

Du coin de l’œil, elle le vit qui se tournait vers elle, et elle prit un petit instant pour recomposer son visage avant d’en faire de même, plongeant ses grands yeux bleus dans les siens et espérant qu’il ne verrait pas la peur qui se cachait derrière cette sorte de résignation, d’acceptation forcée. Passer la prochaine Pleine Lune avec lui ? Quelque part, c’était exactement ce qu’elle demandait. Mais finalement, elle n’était plus si sûre de le vouloir vraiment. Pas parce qu’il venait de lui avouer qu’il était vulnérable, mais parce qu’elle avait de la peine à assumer qu’elle avait besoin d’aide. À lâcher prise et à comprendre que s’appuyer sur quelqu’un d’autre n’était pas un crime.

« Mais sous surveillance, au cas où. Ça implique donc de confier ton secret à quelqu’un d’autre. Ou éventuellement de trouver un moyen pour cacher ton identité humaine. »

Elle bloqua l’espace d’une fraction de seconde, puis hocha la tête, baissant légèrement les yeux. Non pas pour dire oui, mais pour dire qu’elle avait entendu. Confier son secret à d’autres encore que lui ? Au fond d’elle-même, elle sentait que ça lui ferait du bien. Ne pas être la seule à porter le poids de sa double nature, savoir qu’elle pouvait faire appel à quelqu’un en cas de besoin. Mais dans l’immédiat, elle ne se sentait pas prête. Ça allait trop vite, tout allait trop vite.

« C’est quelque chose de trop important pour que tu gères ça toute seule et maintenant que t’es là, que tu me l’as dit, je peux pas te laisser te transformer dans la nature, livrée à toi-même et potentiellement dangereuse pour les autres. »

Resserrant ses bras autour de son ventre, elle fronça les sourcils. Elle n’était pas sûre d’aimer le ton qu’il employait, à lui imposer des limites sous prétexte que c’était pour son bien. Pourtant, ça l’était vraiment et elle le savait, mais une partie d’elle voulait se dégager de l’emprise qu’elle le sentait refermer sur elle et rester libre de ses choix, même si dans le fond, ils rejoindraient les siens. Le regard perdu quelque part entre le sol et l’horizon, ni vraiment vague ni vraiment fixe, elle changea de centre de gravité, basculant sur sa jambe droite et repliant légèrement la gauche, tout en restant à l’écoute, dans l’expectative, sans se braquer et faire la sourde oreille.

« Peut-être que ça pourrait très bien se passer mais c’est pas un risque que j’suis prêt à prendre. Et si ça te fait peur d’être avec moi, ce que je comprendrais après ce que je viens de te dire, j’peux juste te dire que la dernière s’est relativement bien passée. J’avais le contrôle, j’étais serein et bien dans ma peau. Et là où je me transforme en ce moment il y a des immensités sauvages où on ne croise personne mais au cas où, Leiv et Isma m’entourent d’un sortilège qui protège les autres autant que moi et me localise en cas de besoin. »

Elle n’avait pu s’empêcher de secouer vigoureusement la tête lorsqu’il avait évoqué la possibilité que se transformer en sa compagnie puisse lui faire peur. Elle avait une confiance aveugle en Enzo, et même si elle ne sous-estimait pas les difficultés dont il lui faisait part, elle n’avait pas peur. Pas de lui en tout cas. Ceci dit, elle avait comme un présentiment que s’ils devaient passer cette Pleine Lune ensemble, elle ne lui collerait pas aux pattes, mais ça n’avait rien à voir avec de la peur. C’était juste sa culpabilité qui se manifestait. Et sa honte peut-être aussi.

« On peut aussi contacter Jakob, si tu préfères gérer avec lui.
- Non. »

Cette fois-ci, la réponse avait fusé du tac au tac. Elle ne voulait pas gérer avec Jakob, non. Mais repensant à ce qu’il lui avait dit au sujet de son manque de confiance et d’assurance, elle rajouta avec plus de douceur et d’humilité.

« Enfin… sauf si tu préfères. »

S’il lui avouait qu’il n’était pas à l’aise, qu’il ne le sentait pas ou juste qu’il ne le voulait pas peu importe la raison, elle était bien sûr prête à chercher ailleurs. Même si peut-être pas dans l’immédiat, mais ça il ne serait pas obligé de le savoir.

« Dernière option : T’enfermer. »

Elle lâcha un petit soupir amusé du nez, comme s’il venait de lui dire une blague. Sauf qu’en réalité, ça n’en était pas une, et elle le comprit rapidement en voyant son air sérieux. Mais l’idée de s’enfermer ne lui avait jamais traversé l’esprit, et lui semblait même complètement impensable. Se cacher oui, s’enfuir aussi, mais s’enfermer ? Rien que les concepts de périmètre délimité et de sortilèges de protection en vigueur chez Ismaelle et Leiv avaient du mal à passer. Comme si instaurer ce genre de mesures rendait son affection plus réelle. Alors s’enfermer…

« Bon, je crois que… j’ai besoin de temps pour digérer tout ça. Ça veut pas rentrer, là, ça fait trop d’infos d’un coup. »

Elle avait espéré que parler avec Enzo lui remettrait les idées en place, et ça avait été le cas au départ, mais en cet instant, elles se bousculaient à nouveau dans son esprit de façon complètement anarchique, et elle sentait qu’elle avait besoin d’une pause. D’un instant tranquille pour faire le tri, avant que l’appel du déni ne reprenne le dessus et qu’il ne soit trop tard. Alors, se tournant à nouveau de côté par rapport à l’océan, elle se remit à marcher, revenant sur leurs pas. Calquant sa respiration sur le bruit des vagues qui déferlaient sur le sable à leurs pieds, elle se laissa absorber par ses pensées, les mâchoires serrées mais autrement assez calme, et ne dit plus rien de tout le chemin du retour. Finalement, ils se retrouvèrent à l’endroit où Enzo avait allumé un feu lorsqu’ils étaient arrivés, et Caitlyn releva les yeux vers lui, un petit sourire flottant sur ses lèvres.

« Mais du coup t’es sûr que t’as assez de la potion ? Sinon, je peux peut-être en acheter quelque part, je suppose que ça doit pouvoir se trouver. »

Elle était plus en train de se convaincre soi-même qu’autre chose. Et d’espérer qu’il insiste, aussi, qu’il réitère sa proposition pour qu’elle puisse l’accepter plus facilement. Parce que même si elle avait fait la démarche de lui demander de l’aide, ça ne voulait pas pour autant dire que c’était quelque chose de facile pour elle.

« Et si tu penses que c’est une bonne idée que je vienne avec toi et que ça ne te dérange pas… Bon par contre j’ai pas trop envie que tout le monde le sache, mais sinon, oui, c’est peut-être mieux que je ne sois pas toute seule. »

C’était même carrément difficile. Mais elle faisait des progrès.

« Est-ce qu’ils sont obligés de savoir que je suis là ? »

Aussitôt eut-elle posé la question, elle réalisa qu’elle abusait. Elle était en train de demander à Enzo de trahir la confiance de ses proches. Comment pouvait-elle être si égoïste ?

« Pardon, je… Tu peux peut-être juste leur dire que c’est une fille que tu connais ? Enfin même pas une fille, en fait, juste quelqu’un que tu connais. Et puis leur demander de ne pas chercher à savoir qui c’est, mais juste rester dans la maison et… »

Soudain elle réalisa. Passer la Pleine Lune avec Enzo, c’était une chose. La passer chez Stoneheaven et Helland… c’en était une autre ! Dans la quantité d’informations qu’il lui avait données, elle n’avait pas enregistré qu’il y avait des sorts de protection, aussi logique que ce soit. Écarquillant les yeux, elle s’écria.

« Je peux pas faire ça ! Je peux pas juste débarquer chez quelqu’un en demandant de l’aide alors que pourrais les tuer ! J’ai déchiqueté un élan comme s’il était en peluche, imagine s’ils sortent de la maison… ou si je rentre dans la maison ! »

Horrifiée, elle revoyait la carcasse, vidée de son sang et les entrailles à l’air, à côté de laquelle elle s’était réveillée la dernière fois. Sentant son cœur se déchainer dans sa poitrine et une violente nausée s'emparer d'elle, elle plaqua ses mains sur sa bouche et fit quelques pas vers l'arrière avant de s'arrêter d'un coup, comme butant contre un mur, incapable de bouger ni de réfléchir.
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Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
Lun 8 Avr 2019 - 12:41
Il n'y a pas de bonne façon d'énoncer tout ça, à part y aller franco de la manière la plus pragmatique possible. Aucun retour en arrière possible, elle aura des choix à faire et des décisions à prendre. Il se trouve que je suis celui qui lui présente les possibilités qu'elle a en stock et c'est comme si je me détachais un peu de la situation pour éviter de laisser l'affecte s'en mêler.

La suite, c'est à elle de jouer.

« Bon, je crois que… j’ai besoin de temps pour digérer tout ça. Ça veut pas rentrer, là, ça fait trop d’infos d’un coup. »
« Je comprends. »

Réellement. Quand ta vie change radicalement de cette façon, avec autant d'information à prendre en compte, ça peut donner l'impression que le cerveau va finir par exploser. Et marcher aide, je me dis que cette réaction de remise en route est quelque chose d'instinctif. Quoi qu'il en soit je la suis en silence jusqu'à notre point de départ où crépite toujours paisiblement le feu – étranger à tout ce chaos. Son regard trouve le mien, je perçois son sourire, la sens plus détendue déjà.

« Mais du coup t’es sûr que t’as assez de la potion ? Sinon, je peux peut-être en acheter quelque part, je suppose que ça doit pouvoir se trouver. »
« Oui, bien sûr. Ça permet aussi de t'afficher ouvertement comme Loup-Garou. »

On a dit stop sur ce genre d'humour mais j'peux pas m'en empêcher. Désolé. En ce qui me concerne je n'achète jamais la totalité des ingrédients dont j'ai besoin au même endroit, ou en tout cas pas au même moment, alors acheter du Tue-Loup tout fait ? Encore moins. J'ai appris à le faire à Poudlard, ça m'a pris du temps, désormais je ne fais plus confiance qu'à celui que je confectionne moi-même. Là encore, un choix qu'elle devra faire.

« T'en fais pas pour ça j'en ai toujours un stock d'avance et de quoi en faire. »

Meilleure arme du Lycanthrope, toujours en avoir d'avance.
Au cas où.

« Et si tu penses que c’est une bonne idée que je vienne avec toi et que ça ne te dérange pas… Bon par contre j’ai pas trop envie que tout le monde le sache, mais sinon, oui, c’est peut-être mieux que je ne sois pas toute seule. »

Je le comprends, elle est simplement en train de se rassurer, d'exprimer à haute voix la manière dont se dérouleront les choses. Sans doute pour les visualiser, planifier.

« Est-ce qu’ils sont obligés de savoir que je suis là ? »

Si j'ouvre la bouche, pas le temps de laisser sortir les mots.

« Pardon, je… Tu peux peut-être juste leur dire que c’est une fille que tu connais ? Enfin même pas une fille, en fait, juste quelqu’un que tu connais. Et puis leur demander de ne pas chercher à savoir qui c’est, mais juste rester dans la maison et… »

Et les battements de son cœur qui accélère font tellement de bruit que je ne me concentre plus sur autre chose. La panique, la peur, toutes ces émotions qui sont en train de la prendre à la gorge que je pourrais presque percevoir danser partout autour d'elle.

« Je peux pas faire ça ! Je peux pas juste débarquer chez quelqu’un en demandant de l’aide alors que pourrais les tuer ! J’ai déchiqueté un élan comme s’il était en peluche, imagine s’ils sortent de la maison… ou si je rentre dans la maison ! »

Je prends tout ça au sérieux, bien sûr que je prends tout ça au sérieux. Ces angoisses, je les connais, elles sont plus que légitimes, mais ici je me sens complètement serein face à tout ce qui la terrifie. Sur mon visage un sourire léger, il n'est pas moqueur ni même réellement amusé. J'ai encore une fois ce réflexe de vouloir poser mes mains sur ses épaules mais désormais tout est différent. Le moindre touché peut-être vécu comme une agression alors je me retiens et me contente de pencher légèrement la tête pour capter son regard.

« Cailtyn, respire. »

Ce regard, ce sourire, ils se veulent apaisant. Rassurant.

« C'est plutôt bon signe que tu penses à tout ça, que tu le réalises et en tiennes compte, mais sans vouloir te vexer ils n'ont aucun mal à me gérer moi qui fait sans doute deux fois ton poids alors vraiment, t'en fais pas pour ça. Si je te le propose c'est que je sais qu'ils sont tout à fait capables de se protéger. Jamais je ne les mettrais en danger, ils sont ma famille. »

Même moi ça me surprend, ce naturel avec lequel ces derniers mots sont prononcés. Ils sont pourtant le simple reflet de la réalité. J'ai vécu sous leur toit peu de temps mais les liens étaient tissés bien avant déjà et si jamais je ne renierais mes parents, mon frère, ma famille de sang, Ismaelle, Leiv et Adrian, puis mes amis les plus proches par extension … Oui, ils sont ma famille.

« Je vais leur en parler et on va trouver un moyen. Tu peux tout à fait te transformer là où je le fais sans qu'ils te voient sous ton apparence humaine, et pour la suite je serais là pour m'interposer si besoin mais je te le répète, ils sont parfaitement apte à gérer ce genre de situation. Ils l'ont déjà fait. »

Le mois dernier, celui d'avant, et bien d'autres occasions encore. Je ne dis pas que je n'ai pas peur pour eux, loin de là, mais j'ai une confiance aveugle en cet homme et cette femme. En leurs capacités aussi.

« J'te propose un truc. On passe chez moi, tu prends ce qu'il te faut de Tue-Loup et tu prends le temps de réfléchir à tout ça tranquillement de ton côté. Ok ? Tu me tiens au courant et on voit ce qu'on fait pour la Pleine Lune. »

Il reste encore quelques jours, je pense qu'elle a réellement besoin de ce temps pour se faire à l'idée, vider son esprit de toutes ces angoisses et accepter, prendre une décision.

« Je sais que ça fait beaucoup à encaisser, je sais aussi que t'es pas spécialement du genre à aimer qu'on te dise que tu dois faire ... Fais pas cette tête, j'te connais mieux que tu ne le penses Mlle Twain. »

Cette fois le sourire est plus prononcé, clairement taquin. La situation est grave, oui, elle est très sérieuse, mais à quoi bon l'être totalement aussi alors qu'on ne peut de toute façon rien y changer ? Elle a été mordue, ça ne change pour autant pas la personne qu'elle est. Pas totalement, pas sur le fond. J'ai mis du temps à le comprendre mais c'est pourtant bien le cas.

« J'peux juste pas te laisser gérer ça dans ton coin maintenant que j'le sais. J'peux pas prendre le risque qu'il t'arrive ce qui a pu m'arriver parce que j'étais soit seul, soit entre de mauvaises mains. Les conséquences potentielles sont trop importantes. »

Parce que prendre la décision de n'en faire qu'à sa tête peut désormais signer l'arrêt de mort de quelqu'un, encore une chose dont elle devra prendre en compte même si ça ne lui fait pas plaisir.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 17 Avr 2019 - 16:22
Trop d’informations, trop tôt, trop vite. Et plus que de sentir son cerveau exploser, Caitlyn avait surtout l’impression de dévaler une pente à toute vitesse sans pouvoir s’arrêter, comme si on l’avait assise dans caisse à savon dépourvue de freins. Crispée, des papillons dans le ventre, elle avait juste envie de fermer les yeux, de hurler, et de placer ses bras devant son visage comme pour amortir le choc. Comment avait-elle pu en arriver là ? Comment avait-elle fait pour se retrouver dans cette situation ? Cela faisait longtemps qu’elle ne se projetait plus, n’était plus capable d’imaginer son futur. Mais perdre le contrôle à ce point ? À quel moment le destin avait décidé de l’abandonner à son sort comme pour voir si elle parvenait à tisser elle-même le fil de son existence dans la toile de chemins de vie déjà tracés ? C’était injuste.

« Je comprends. »

Et Caitlyn de plonger ses yeux dans ceux de Enzo. Elle savait qu’il comprenait. Elle savait qu’il savait ce qu’elle ressentait, ce qu’elle traversait. Que ça lui rappelait ce que lui-même avait vécu et vivait encore, lui renvoyait l’image de ses propres émotions. En cet instant, Caitlyn sentait qu’elle avait bien fait de faire appel à Enzo. Elle se remit à marcher. L’endroit était magique. Le soleil couché derrière l’horizon éclairait encore le ciel de quelques derniers rayons, les vagues allaient et venaient sur le sable infatigables, le chant de la nature emplissait le silence alentour… S’imprégnant de la sérénité qui régnait, Caitlyn rejoignit le feu qui crépitait paisiblement à l’entrée de la crique et l’observa quelques instants, avant de relever les yeux vers Enzo. Oui, elle avait bien fait de faire appel à lui, vraiment. Mais elle ne voulait pas non plus le mettre en difficulté, et peut-être pouvait-elle aussi

« Oui, bien sûr. Ça permet aussi de t’afficher ouvertement comme Loup-Garou. »

La réaction fut immédiate. Sourcils froncés, mâchoires serrées, bras croisés, Caitlyn vira sur la défensive, piquée au vif par le commentaire ironique, presque moqueur et condescendant, de Enzo. Elle n’était pas sûre d’aimer le ton qu’il employait, la manière dont il lui faisait comprendre la bêtise de ses propos. Même si, clairement, elle n’avait pas réfléchi et il avait entièrement raison.

« T’en fais pas pour ça j’en ai toujours un stock d’avance et de quoi en faire. »

Elle hocha la tête, s’appliquant à se détendre, à ravaler cette sorte de colère et de vexation qu’elle avait senti monter en elle sans prévenir. À les oublier, non pas en les confinant dans un coin de son esprit, mais en les en chassant. Elle avait bien assez à faire avec les problèmes liés à sa nouvelle condition, et n’avait pas besoin d’une émotion en plus à gérer. D’autant plus quand la panique s’emparait d’elle à nouveau à l’idée qu’elle puisse représenter non seulement une charge pour Enzo, mais aussi un danger pour ses proches et pour tout Humain qui se trouverait par malheur un peu trop près d’elle.

« Caitlyn, respire. »

Elle le voyait devant elle, essayant de rétablir le contact, mais elle était loin. Dans ses yeux dansaient des images d’horreur comme les flammes de l’Enfer, dans sa poitrine son cœur battait la chamade avec un rythme fou. Elle ne pouvait pas faire ça. Elle ne pouvait pas juste toquer à la porte de quelqu’un et demander de passer une nuit chez lui comme si elle ne risquait pas de le tuer sans aucun scrupule.

« C’est plutôt bon signe que tu penses à tout ça, que tu le réalises et en tiennes compte, mais sans vouloir te vexer ils n’ont aucun mal à me gérer moi qui fais sans doute deux fois ton poids alors vraiment, t’en fais pas pour ça. Si je te le propose c’est que je sais qu’ils sont tout à fait capables de se protéger. Jamais je ne les mettrais en danger, ils sont ma famille. »

Quelque part dans un coin de son esprit, elle enregistrait le sens de ce qu’il était en train de lui dire, le fait qu’il fasse deux fois son poids, le fait qu’il considère Stoneheaven et Helland comme sa famille. Mais au-delà de leur signification et de leurs implications, c’était le timbre et le rythme des mots que prononçait Enzo qui eurent le don de commencer à apaiser Caitlyn. Sa voix résonnait à ses oreilles et la rattachait à la réalité, comme une bouée de sauvetage lancée dans une mer déchaînée et reliée à la terre ferme au moyen d’une corde.

« Je vais leur en parler et on va trouver un moyen. Tu peux tout à fait te transformer là où je le fais sans qu’ils te voient sous ton apparence humaine, et pour la suite je serais là pour m’interposer si besoin mais je te le répète, ils sont parfaitement aptes à gérer ce genre de situation. Ils l’ont déjà fait. »

Finalement, elle parvint à le regarder dans les yeux, y cherchant une prise à laquelle s’accrocher. Elle expira longuement, comme pour vider toute l’angoisse qu’elle avait accumulée. Ils allaient trouver un moyen.

« J’te propose un truc. On passe chez moi, tu prends ce qu’il te faut de Tue-Loup et tu prends le temps de réfléchir à tout ça tranquillement de ton côté. Ok ? Tu me tiens au courant et on voit ce qu’on fait pour la Pleine Lune. »

Elle hocha vigoureusement la tête, priant pour ne pas qu’il voie le petit film lacrymal qui venait de lui embuer les yeux. Elle n’en pouvait plus. Physiquement, émotionnellement, elle était juste épuisée, à bout.

« Je sais que ça fait beaucoup à encaisser, je sais aussi que t’es pas spécialement du genre à aimer qu’on te dise ce que tu dois faire… Fais pas cette tête, j’te connais mieux que tu ne le penses Mlle Twain. »

Sautant sur l’occasion, elle eut un sourire non-feint et leva les yeux au ciel pour aider les larmes à se répartir sous ses cils et à se résorber. Elle n’avait pas envie qu’elles débordent et coulent sur ses joues. Elle n’avait pas envie de pleurer, pas maintenant alors que c’étaient simplement ses nerfs qui lâchaient. Elle aurait tout le loisir de craquer plus tard lorsqu’elle serait seule, sans témoins, mais d’ici là elle devait tenir.

« J’peux juste pas te laisser gérer ça dans ton coin maintenant que j’le sais. J’peux pas prendre le risque qu’il t’arrive ce qui a pu m’arriver parce que j’étais soit seul, soit entre de mauvaises mains. Les conséquences potentielles sont trop importantes. »

Il n’empêche qu’en cet instant, elle avait juste envie de lui faire un câlin. De se blottir dans ses bras, de s’y cacher, de s’y réfugier, comme dans ceux d’un père ou bien d’un frère, certaine qu’ainsi il ne pourrait rien lui arriver, qu’il la protégerait envers et contre tous, y compris d’elle-même. Mais une partie d’elle ne pouvait s’empêcher de penser que s’il ne l’avait pas attirée contre lui depuis le début, c’était qu’il devait y avoir une bonne raison.

Ce ne fut qu’une fois de retour au campement qu’elle laissa la tension retomber vraiment. Le soleil brillait haut dans le ciel et se reflétait sur la neige qui recouvrait le bois. Le silence qui régnait là était bien différent de celui qui régnait sur la crique. Elle rentra sous la tente, enleva sa veste et ses chaussures, et se faufila dans son sac de couchage. Fermant les yeux, elle sentit ses muscles se détendre et sa tête se vider. Elle allait devoir prendre des mesures, des décisions. Mais avant ça, elle se laissait le droit de répondre à l’appel du déni, ne serait-ce que pour quelques heures.
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Caitlyn Louise Twain
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