Caitlyn L. Twain

Caitlyn Louise Twain
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On dit souvent de Caitlyn qu'elle est une jeune fille extravagante. Excitée et vive. Bruyante, même. C'est pas vrai. Caitlyn est tout sauf extravagante et bruyante. Vive, peut-être. Quelquefois. Mais ceux qui la considèrent comme une étincelle venant d'une décharge électrique ou comme un clown sautillant sur son ressort se trompent sur toute la ligne. En fait, Caitlyn est une personne avenante, souriante. Elle a toujours l'air de bonne humeur. Elle n'a aucune difficulté à s'inclure dans les conversations des autres, connaît et est connue de beaucoup de monde, sans même s'en rendre vraiment compte. Le problème, car il y a toujours un problème, c'est que peu de ces gens là seulement savent qui elle est en réalité. Pour eux, elle est un feu d'artifice dans un ciel noir, une explosion dans un silence total. C'est faux.

Si elle est joyeuse en présence des autres, c'est qu'elle ne veut pas qu'on se fasse des soucis ou qu'on éprouve des craintes à son sujet. Elle n'en vaut pas vraiment la peine, et puis, c'est contraire à ses principes, de parler de ses problèmes en public, de défouler ses peines et colères sur son entourage. Ce n'est pas pour ça qu'elle n'en a pas. Après tout, la vie distribue de manière égale sa part de problèmes à chacun, que ce soit dans ce monde ou dans un autre. Mais, en tant que solitaire par excellence, au nez et à la barbe de ceux qui penseraient le contraire, elle est de l'avis que chacun doit pouvoir s'en sortir tout seul, sans l'aide de personne d'autre.

Mais, malgré l'air insouciant et joyeux qu'elle donne, et paradoxalement aux principes qu'elle se donne, elle est très sensible aux autres et va ressentir parfaitement tout ce qu'ils éprouvent jusqu'à en souffrir elle-même parfois. Elle sait percevoir quand quelque chose ne va pas et être à l'écoute en cas de besoin. Elle préfère même demander plutôt que d'être impuissante. Par contre, elle, que la moindre petite baisse d'humeur perçue dans son entourage affecte, ne comprend pas comment on peut ne pas se sentir concerné par les autres. Elle ne supporte pas que quelqu'un ne puisse pas voir plus loin que le bout de son nez. Toute forme d'égoïsme, en fait, lui est étrangère et la dégoûte. Et ce qui la dégoûte, elle sait le montrer, même si dans ce cas précis, elle ne va pas en faire tout un plat, puisque chacun est comme il est, et c'est souvent les conditions extérieures qui forgent le caractère des gens.

Ce qu'elle va exprimer sans se gêner pourtant, ce seront ses opinions sur d'autres choses, surtout par rapport aux préjugés, aux règles, au pouvoir, à la politique... C'est alors que se révèle son caractère réfléchi et intelligent, caché quelquefois involontairement sous sa spontanéité. C'est d'ailleurs grâce à lui, aussi, grâce à sa capacité à anticiper, à prévoir, à calculer, qu'elle est une redoutable adversaire, aussi bien en défense qu'en attaque. Son intelligence par ailleurs lui a permis d'acquérir des connaissances bien plus élevées que la moyenne. Mais finalement, même si tout le monde pense le contraire, Caitlyn aime le silence et le calme. Même si elle a l'air à l'aise en présence de la foule, elle sait apprécier la sérénité et le sérieux qui n’apparaissent que rarement dans son quotidien.

Tout le monde l'a compris, Caitlyn n'aime pas parler d'elle-même. Lorsqu'elle parle, c'est soit pour dire des choses qui n'intéressent pas grand monde en vérité mais qui amusent tout le monde, soit pour donner son avis sur quelque chose. Son passé, personne ne le connaît vraiment.

Peu de gens ne savent qu'elle est née de parents nés-moldus tous les deux, qui avaient plusieurs années d'écart, neuf pour être précis, et qui s'étaient connu non pas à Poudlard mais dans leur monde, le monde moldu. Et c'était très bizarre, en fait, puisqu'ils n'habitaient pas du tout au même endroit. En général, les couples, c'est des gens qui se connaissent parce qu'ils ont été voisins, ou alors parce qu'ils étaient dans la même école. Mais pour Marc et Lizzie Twain, ça n'avait pas été le cas. Eux, c'était vraiment le hasard qui les avait rassemblés. Marc, 32 ans, travaillait à Liverpool en tant que comptable, un été. Lizzie, 23 ans, revenait d'un séjour chez une de ses amies de Poudlard, une née-moldue elle aussi, qui habitait en Irlande du Nord. Elle passait par Liverpool, le temps de descendre d'un bateau et de monter dans un train. Elle comptait faire quelques courses, heureusement, sans quoi elle n'aurait pas croisé Marc dans un magasin de chaussures et il ne l'aurait pas suivie jusqu'à un stand de légumes, où il a pris son courage à deux mains et lui a effleuré les doigts, faisant semblant de vouloir prendre la même pomme qu'elle. Bref.

Caitlyn a donc toujours habité à Liverpool, dans un appartement assez petit mais très mignon, entre le port et le quartier d'affaires. Une condition moyenne, quoi, tendant un poil plus vers le bas que vers le haut, mais après tout qu'importe. Et l'été, pour elle, c'était un mois au nord, un mois au sud. Chez ses grands-parents. Les uns habitaient en Écosse, les autres au pays de Galles. Génial, les vacances. Non, c'est pas vrai, Caitlyn n'a pas le souvenir d'avoir passé du mauvais temps avec ses grands-parents. Elle les trouve même plutôt cool. Surtout ceux du nord, les parents de Marc. Avec eux, tout est facile, ils ne se compliquent pas la vie. C'est leur grande différence avec les deux autres, parents de Lizzie. Les uns mangent simple et avec les doigts, les autres préparent de bons petits plats distingués ; les uns dorment sous une couverture en laine et une autre en fourrure, les autres se pelotonnent dans des couettes de plumes dans des draps en soie. Bref, chez les uns elle a connu la vie pure et dure, chez les autres les artifices et les conventions. Et l'un ne va pas sans l'autre. N'empêche que deux mois seule avec ses grands-parents, ce n'était pas toujours la joie, et même si elle n'est pas très difficile comme fille, elle s'ennuyait très souvent et aurait préféré s'amuser avec ses copines plutôt que lire, que ce soit près du feu dans le salon ou allongée dans les champs...

Re-bref, donc si on reprend tout dans l'ordre.

Caitlyn est née à la moldue. Le 20 novembre 1996, en plein milieu d'après-midi, à 16h30. Lizzie ne l'attendait pas si brusquement... Elle ne s'y attendait pas du tout, en fait. Elle se l'imaginait tout autrement. Il faut dire qu'elle est assez tête en l'air, elle ne se rend pas toujours compte de la réalité. On pourrait presque se demander des fois qui d'entre Caitlyn et Lizzie est la mère et qui la fille. Marc et sa femme étaient venus s'installer quelques jours chez des amis sorciers à Londres, afin que la future maman accouche à l'hôpital Sainte-Mangouste. Elle a toute seule, tranquillement, entrepris un petite promenade, mais il s'était mis à neiger et un vent fort avait commencé à souffler, si bien qu'elle décida de rentrer. Elle venait de monter dans un taxi que les maux se manifestèrent. Le chauffeur, sans attendre, l’amena à l'hôpital le plus proche, prenant pour du délire ses demandes de la conduire à un certain « Sainte-Mangouste ». Marc n'était au courant de rien, bien sûr, et s'inquiéta pendant cinq jours le temps que Lizzie soit enfin en état de le rejoindre, un bébé dans les bras.

Son enfance a été tout à fait normale. Du moins pour autant que l'amour, l'insouciance, l'amitié, la joie et la naïveté soient considérées comme des composantes normales de cette période de la vie. En effet, niveau amour, Caitlyn était servie. Ses parents s'aimaient infiniment, et l'aimaient infiniment aussi, tout comme ils aimaient infiniment son frère Matthew mis au monde trois ans après elle, dans des circonstances plus sorcières. C'était une famille soudée qui permettait une insouciance et une naïveté caractéristiques des enfants qui ont la chance de connaître ce bonheur. Et bien sûr, cet entourage stable et joyeux permettait à la fillette de se faire plein d'amis, ce qui la rendait plus heureuse et insouciante encore. En maternelle comme en primaire, elle récoltait les bonnes notes, les félicitations des instituteurs, les regards admiratifs des autres enfants... jusqu'à ce que d'admiratifs ils deviennent jaloux. Pour certains. Avec les enfants de son âge, elle s'entendait très bien, et avait beaucoup d'amis, là n'était pas le problème. Mais c'est sur elle que retombaient les violences, verbales ou physiques, des autres. Des plus grands. Sans doute par jalousie ; elle ne trouvait pas d'autre explication, et même celle-ci elle avait du mal à la comprendre. Était-elle donc si différente ? Elle ne s'en rendait pas encore compte, mais oui. Sa naïveté érudite, sa bonne humeur éternelle et l'aura énigmatique qui l'entoure étaient provocateurs, car la rendant spéciale, et lui valaient une avalanche de regards et traitements mauvais, méchants. Des enfants plus grands qu'elle, dans des classes plus avancées, se mirent à lui vouloir et lui faire du mal. Verbalement, d'abord, et donc mentalement, puis même physiquement. Au cours du temps, elle développa des capacités qu'elle ne comprenait ni ne contrôlait pas très bien, d'abord pour se protéger et prendre sa revanche, mais qui firent toute la différence ensuite. Heureusement, cet état des choses ne dura pas très longtemps, les "méchants" finissant par aller au collège, et elle continua les dernières années de primaire tranquillement. Elle la finit avec brio, de loin la meilleure élève.

Puis, Caitlyn alla au collège public de Liverpool. C'était bizarre, oui, mais elle ne rentra pas à Poudlard, cette merveilleuse école dont ses parents lui avaient parlé. À vrai dire, ça remontait à assez longtemps la dernière fois qu'ils l'avaient mentionnée. Ils s'étaient rendu compte que l'y envoyer signifierait la perdre, ne la revoir que deux mois par an, pendant l'été. Et ils l'aimaient bien trop pour ça ! Alors, ils avaient entretenu une correspondance plus ou moins régulière avec le ministère de la Magie, faisant les démarches nécessaires, possibles et imaginables, pour enfin obtenir l'autorisation de lui enseigner la magie à domicile. Les copies d'examen leur seraient envoyées, et sinon, c'était au père et à la mère, excellents élèves de Ravenclaw, de lui procurer l'éducation nécessaire. Ils allèrent donc au fameux chemin de Traverse que Caitlyn connaissait déjà vaguement pour y avoir été quelquefois avec ses parents. Ils y achetèrent tout le nécessaire à la pratique de la magie : livres, matériel, accessoires et baguette. Ce fut un jour mémorable pour la jeune sorcière, surtout l'instant où sa baguette la choisit. Fine et souple, assez longue, du bois de noisetier entourant un crin d'abraxan, elle frémit dans ses mains qui tremblèrent elles-aussi légèrement, une énergie toute particulière circulant librement entre le corps de la jeune fille et la baguette qui serait désormais la sienne pour toujours. Puis, ils retournèrent à Liverpool, aménagèrent un petit local - invisible aux moldus bien sûr - et le tour était fait. Simultanément, elle irait au collège et apprendrait la magie à la maison.

Le collège public de Liverpool, ce fut toute une histoire. Enfin, au début. Elle retrouva en effet les enfants, désormais adolescents de treize quatorze ans, qui s'acharnaient sur elle jadis, et qui semblèrent très enthousiastes à l'idée de pouvoir reprendre leurs habitudes. Mais pas très longtemps. Ils finirent par comprendre que s'attaquer à elle n'était pas nécessairement la chose la plus intelligente, car elle ne comptait certainement pas se laisser faire. Elle le leur rendait en bien pire, soit par derrière, soit en face. Leurs mauvais coups ne restaient pas longtemps sans réponse de sa part, et elle eut quelques altercations avec eux, dont ils ne tirèrent pas indemnes, même si elle non plus. Ils finissaient ensemble à l'infirmerie puis dans le bureau de la directrice. Ils arrêtèrent donc et elle put reprendre tranquillement le cours de sa vie, continuant à avoir de bons résultats scolaires - moldus et magiques - dans quelle que matière que ce soit, continuant à se faire plein d'amis tout en n'hésitant pas à faire connaître son avis négatif sur les choses ou les personnes qu'elle n'appréciait pas, continuant enfin à se développer, aussi bien physiquement que mentalement. Elle est au début de l'adolescence une belle jeune fille aux longs cheveux bruns ondulés, aux yeux mélangeant vert et marron pétillant de malice et d'intelligence, et à la silhouette fine et élancée. De taille légèrement plus grande que la moyenne, elle est ouverte au monde, mature et autonome. Elle fait face à la vie sans aucune crainte, et sait depuis longtemps se débrouiller sans ses parents. Elle doute même qu'ils n'aient jamais su pour ses problèmes de primaire. Mais bon.

Poudlard 2011, ce fut le rêve. Elle monta dans le « Poudlard Express » sans regrets et tourna à ses parents en larmes un visage serein, comme d'habitude. À quatorze ans, Caitlyn fut répartie à Ravenclaw, comme ses parents, et ne tarda pas à se faire des amis, ainsi que des moins amis, comme elle savait si bien le faire. Elle rattrapa très rapidement le petit retard qu'elle avait pu prendre dans certaines matières, accompagné de l'avance prises dans d'autres, et constata avec satisfaction qu'elle faisait à nouveau partie des meilleurs élèves de son année. Son quinzième anniversaire fut sans doutes le meilleur de toute sa vie et elle s'amusait comme une folle, entourée de magie. N'empêche que sa vie antérieure lui manquait énormément, aussi bien sa famille et ses amis que ses cours moldus comme les langues et la musique qui ne trouvaient pas leur correspondants dans le monde sorcier. En effet, elle avait une réelle capacité pour les matières artistiques, en plus de ses aptitudes pour les langues et les sciences. Mais, même si elle n'oubliait pas et n'oublierait probablement jamais, elle décida qu'en parler et y penser ne servirait à rien et qu'elle ferait mieux de faire abstraction, de profiter de ces années au régime nouveau, différent, soit, mais tout aussi bien. N'étant pas du genre à ce plaindre ni à s'étendre sur sa personne, elle était très à l'aise quand au centre des conversations et entourée de monde, et ne tarda pas à se faire une place, une réputation, au sein de l'école. Ses matières préférées ? Sans doute les potions, le vol et la DCFM.

Poudlard 2012, ce fut le tournant de l'histoire des sorciers. Caitlyn avait quinze ans quand un certain Walters annonça, vers trois heures du matin, qu'il se nommait directeur et que, en gros, toute l'école allait souffrir. Enfin, ça c'était ce qu'elle avait compris. Tout le monde n'a pas été aussi rapide. Elle, elle savait à quoi s'attendre, c'était comme dans les lignes de l'histoire moldue. Chaque fois qu'un individu se proclamait chef du monde, ça finissait mal. Elle sentait dans l'esprit de ces gens une cruauté perverse, mais elle savait que, seule, elle ne pourrait rien faire contre. On l'a obligée à aller se recoucher, ainsi que tous les autres élèves. Elle a obéi, mais ne s'est pas rendormie pour autant. Et puis il y a eu cet événement qui a failli la classer parmi les disparus du lendemain matin. C'était sans doute la pire nuit de son existence, et y penser est pour elle un supplice. Cette cicatrice qu'elle a sur son flanc, c'est à eux qu'elle la doit, et si elle n'avait pas eu la chance de tomber sur un idiot complètement ivre et si elle n'avait pas eu la chance de savoir comment se défendre - car c'était sans doute en DCFM qu'elle avait le plus d'avance sur les autres de son age - grâce à ses parents, elle ne s'en serait pas sortie. Mais bon, l'essentiel était qu'elle n'avait pas manqué, le matin suivant, qu'on n'avait pas remarqué son absence, et que par conséquent sa présence n'avait semblé louche à personne. Malgré le changement d'atmosphère et de normes, la vie continua et l'école aussi. À nouveau, elle passa ses examens, les BUSEs, haut la main.

Poudlard 2013-2014, septième année pour Caitlyn qui, sans s'en rendre compte, fait partie des personnes les plus connues. Elle s'est fait connaître aussi bien par son ouverture que par ses critiques, ce qui n'est pas toujours à son avantage, mais elle assume toujours les conséquences de ses actes, quelles qu'elles soient. Elle n'a pas peur des représailles, des menaces ou des souffrances. Parmi les élèves, on associe à sa présence la bonne humeur, elle n'a plus aucun pouvoir là dessus. Elle ne s'étend que très peu sur elle-même mais sait écouter qui en a besoin. Bien qu'elle n'y fasse pas vraiment attention, elle remarque quelquefois les regards des autres braqués sur elle, comme en primaire, mais pas mauvais, pas méchants, au contraire. Mais c'est sans doute la seule chose qu'elle ne veut pas voir, et dont elle fait abstraction, dans la vie.