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When I wasn't looking [OS]

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Irlande
Aujourd'hui à 14:30
Janvier 2017

Il m’attrapa à l’aube, à la seconde où j’ouvris la porte de ma chambre pour aller courir, et je le suspectais de n’avoir pas fermé l’œil de la nuit. Avait-il guetté mon réveil ou venait-il lui-même de rentrer ? Toujours habillé, les vêtements légèrement poussiéreux, il me semblait que ces derniers jours, il s’était absenté pendant que je ne regardais pas, trop embourbée dans le travail pour le suivre des yeux. Pourtant, là où j’aurais d’ordinaire redouté une nouvelle crise de stress post-traumatique l’emmenant à marcher parmi les ombres, je trouvais dans son attitude une énergie anormale mais rassurante. Elle me rappelait celle qu’il dégageait lorsqu’il retapait le vieux fauteuil du bureau ou qu’il façonnait sa table basse. Il bricolait quelque part, mais où ? Pour quoi faire ? J’eus la réponse ce matin-là, encore ensommeillée et ayant à peine le temps d’avaler quoi que ce soit car lorsque Logan voulait vous montrer quelque chose, c’était tout de suite, maintenant. On ne pouvait pas reporter ce genre d’événement, au risque de ne jamais le voir se produire.

Il tendit sa main vers moi et je disparus aussitôt avec lui.

Le vent vint me fouetter le visage et soulever mes cheveux.
À peine arrivée que l’iode portée par le souffle marin et le son des vagues s’écrasant contre les falaises me tirèrent de l’engourdissement naturel du réveil. L’Écosse ? L’Irlande ? Où étions-nous, perdus loin des villes et des villages, entre le bord de mer et de grandes étendues de landes ? Les mains dans les poches, Logan m’observait comme s’il attendait que je remarque quelque chose, au loin… et bientôt, mon regard retomba sur de vieilles bâtisses abandonnées s’élevant d’entre les arbres. Il m’intima de le suivre et en quelques minutes, nous fûmes aux pieds de grands bâtiments moldus sur lesquels la nature avait repris ses droits.
Les portes et les fenêtres condamnées par de larges planches clouées entre elles confirmaient que le lieu ne servait plus et ne devait pas être visité. Un vrai monstre de poutres de fer, de briques rouges et de béton laissé en désuétude par l’Histoire. Était-ce une ancienne usine de charbon ? Sur le sol, des éclats de verre se mélangeaient à de petits amoncellements de pierres qui me mettaient sur la voie ; çà et là, de grandes et vieilles machines, des outils et des casques semblant venir d’un autre temps demeuraient figés, abandonnés à l’endroit même où ils avaient dû servir pour la dernière fois. Quel étrange lieu où les minutes s’étaient arrêtées…

Je ne pus retenir mes questions mais Logan eut un léger sourire avant de m’emmener plus avant. Nous traversâmes un bâtiment ouvert, tout en longueur, où des tenues poussiéreuses, des bottes et des pioches étaient encore pendues à des crochets, ou posées sous des bancs cassés. Pas une usine...mais une mine ! Au même moment, la grande bouche bétonnée menant sous terre m’apparaît comme une réponse immédiate. Nous descendons mais pas très loin, dans les tunnels de ces vieilles mines et lorsque nous nous trouvons dans l’obscurité seulement dissipée par quelques boules de lumière que Logan fit flotter au-dessus de nos têtes, j’aperçus les nombreuses intersections des galeries, les rails passant au milieu, les poutres structurant le tout.

Pourquoi étions-nous ici ?
Pourquoi cette mine ?
Pourquoi maintenant ?

Lorsque je tournai mes yeux vers Logan, il céda à mes interrogations. Il voulait consolider les galeries, explorer les parties naturelles, pour implanter un centre de formation loin du Quartier Général de la Garde. Un lieu pour s’entraîner sans risque, loin des portoloins principaux. Un lieu à lui, pour exercer ses nouvelles fonctions au sein de la Garde.

Je ne le quittai pas des yeux, observant ses lèvres se mouvoir pour prononcer des mots dont je ne l’aurais pas pensé capable. Il planifiait, se projetait ailleurs, construisait dans son esprit un plan pour le futur, se jetait dans un projet qui était le sien…après des mois de silence, de refus d’avenir, de rébellion face à la vie, de tâtonnements discrets et prudents plein de déni. Il venait de trouver quelque chose qui pourrait lui appartenir et il l’avait trouvé.

Pendant combien de temps avais-je détourné le regard ?
Quand s’était-il projeté ainsi en avant ?

J’aurais aimé dire que de le voir ainsi, enfin prêt à renouer avec sa vocation, m’avait rempli de joie, d’un sentiment de victoire et d’accomplissement après avoir si longtemps voulu qu’il accepte la proposition de la Garde… oui j’aurais aimé dire que ma première pensée fut pour son futur à lui, pour la guérison de son âme, pour la place qu’il revendiquait aujourd’hui … mais ce ne fut pas le cas. Je fixai sans rien dire son visage, y trouvant une excitation pudique, un plaisir que je ne l’avais pas vu afficher jusqu’alors et j’eus un terrible vertige.

Tu n’auras bientôt plus besoin de moi…


Par quel égoïsme pensais-je ainsi ? A quel point avais-je cru qu’il m’appartenait pour être si brutalement frappée par l’indépendance qui serait bientôt sienne ? Je me rappelai qu’il était libre. Libre de partir, de faire sa vie ailleurs, d’être ce qu’il voulait, faire et construire ce qu’il désirait. Et aussi fière que je l’étais des progrès qu’il faisait chaque jour, je n’avais pas réalisé qu’il en avait autant fait. Je n’avais pas réalisé que ce moment était déjà à notre porte…

Le moment où tout changerait, où notre bulle éclaterait.
Il allait être parmi les vivants à nouveau.
Bientôt, il y aurait du bruit autour de lui. Il y aurait d’autres esprits, d’autres âmes à naviguer dans son cercle. Il formerait les autres, les entraînerait, reprendrait pieds avec son rôle d’enseignant. Il serait complètement et définitivement en vie. Il allait reprendre sa place.

Et, toute honteuse que j’étais, je craignais de perdre la mienne.
Mes yeux évitèrent les siens et se perdirent dans la contemplation des poutres poussiéreuses et des parois baignées d’une lumière bleutée. Je savais qu’il cherchait sur moi une réaction et j’acquiesçai en faisant mine d’inspecter les lieux. « C’est bien. C’est très bien. Tu as eu une bonne idée. » articulai-je à travers la peur et la tristesse. « Mais il y a beaucoup de travail. » Peut-être qu’il comprit ou peut-être pas, mais il me dit qu’il avait besoin de mon aide, qu’il fallait sécuriser les galeries, qu’elles risquaient de s’effondrer à tout moment, qu’il faudrait sûrement du temps pour que tout soit stable… Oui, du temps et du travail à consacrer à ça, juste tous les deux.

Encore un peu...juste tous les deux.


Nous sortîmes des profondeurs et les semaines suivantes furent passées quand nous en avions l’occasion à consolider les tunnels et à explorer les galeries naturelles.
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Sanae M. Kimura
Jana au Sapon
Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
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