Tomber [Tim et Newrose]

Dim 14 Jan 2024 - 18:31

Le 13 mars 2016,
Une semaine dans les geôles,
Roumanie,

Sa main tremble dangereusement, depuis plusieurs minutes. Il n’en sent plus les terminaisons sur le bout des doigts. Il tente de replier la main, une fois, deux fois, puis les doigts un à un, sans que personne ne coopère réellement. Mircea a disparu de la cellule depuis des heures et s’il avait cru percevoir des gémissements de douleur au début, ça fait déjà un long moment qu’il n’entend aucun signe de vie. L’attente est encore plus longue que le moment venu. L’impatience, sans savoir combien de temps de repos on vous offrira avant que la fureur d’un bourreau se déchaîne sur vous.
Un gémissement sort faiblement de sa gorge, sèche à force d’épuiser des cris qui n’en sortent presque plus. Recroquevillé sur le sol, glacé, il sent ses mèches collées par la sueur contre son corps transi de froid. Le dernier vrai repas remonte et par égo, il l’a refusé. Refusant de se traîner une nouvelle fois au sol, comme un chien. Mircea lui a donné la moitié du sien, tendrement, une main douce et rassurante, presque maternelle.
Il se souvient lui avoir dit qu’il ne le méritait pas…
Les coups qu’il avait reçu dans l’estomac pour son effronterie lui ont soulevé des hauts le cœur, vomissant jusqu’à la bile sur le sol de la cellule. Ce n’était rien. Qu’un peu d’humanité qui s’estompe. Si on lui demande, aujourd’hui, il acceptera bien de ramper pour manger n’importe quoi. Il aimerait bien ramper pour sortir d’ici, à choisir.

Le 05 mars 2017, 21h47,
Dans une rue, proche d’un pub,

La chaleur de l’endroit frappe un peu ses joues gelées par la météo humide de Londres. Aujourd’hui, de la pluie a frappé par intermittence toute la journée, ruinant le bas des pantalons et les sacs à dos mal protégés par les parapluies. En entrant, Nour a tenté de cheminer entre les tables bondées. La plupart des londonien tentent de se mettre à l'abri en cette fin de journée, autour d’une bière. Ici, la musique joue trop fort, les conversations surpassent à peine le volume sonore. Le moindre espace pour s’asseoir est prit, exploité soit par la clientèle ou les lourds manteaux humides. Une soirée agréable. Il porte encore son manteau sur le dos, un bonnet mangeant la moitié de son visage, comme toujours. Un look moderne, très moldu. En Roumanie, ses tenues étaient plus celles d’un sorcier, ici, il a troqué sa cape contre des vêtements passe-partout. Se fondre parmi les moldus ici est la meilleure chose à faire pour fuir la plupart de ses assaillants. Se cacher là où il n'irait pas le chercher, en quelque sorte.

Il est arrivé avec un peu de retard, cherchant Sergius du regard. Ils sont censés se voir, prendre du temps en extérieur. Les temps sont devenus difficiles, même pour eux deux. Encore plus quand la chape de plomb qui pèse sur leur vie est menacée, tanguant chaque jour un peu plus. Il sent d’anticipation les frissons de cette rencontre, le voir, bien qu’il vive avec lui, les sensations ne se dissipent jamais. Encore moins quand ils peuvent se voir après une journée sans s’être vu. Avant, ce genre de situation n'existait que rarement, passant le plus clair de leur temps perdu dans des forêts à affronter des créatures et des dragons. A Londres, tout est différent. Ici, ils ne peuvent pas s’embrasser dans un bar, comme le fait un couple un peu plus loin. Pour éviter de se faire remarquer, ou reconnaître, même parmi les moldus. Ils ne sont pas les seuls sorciers à être ici.

Seulement voilà, personne n’est en vue, sûrement pas l’homme qu’il aime. Sans doute occupé encore quelque part. Loin de s’en inquiéter, il se saisit du regard d’une serveuse, splendide d’ailleurs, pour commander une bière. Proche du comptoir, il observe le monde qui est massé, un homme pas trop loin de lui le regarde à plusieurs reprises. Loin d’être inquiet, Newroz lui offre un sourire doux, amusé de lui plaire.
Levant discrètement son verre, comme pour trinquer avec lui. Juste ça, le plaisir de charmer le regard d’un inconnu un soir. Il se souvient l’avoir fait avec le doux Oliver, et être tombé lui aussi pour son regard. Il se souvient encore de cette première soirée, un goût spécial sur les lèvres. Celui du désir.

Avec cet inconnu, tout est différent. Il le voit quitter sa conversation, s’avançant, audacieux. L’homme n’est pas si beau à ses yeux, il est banal. Il accroche son regard, involontairement. C’est sa responsabilité de s’éloigner. Le sorcier pourtant resté là, sans bouger, sans doute fatigué de fuir sans arrêt. La situation est loin d’être nouvelle, loin d’être la première fois.

"Salut !"

Il le dit enjoué. Déjà il est trop tard, il semble captivé. Comme un sort lancé trop fort qui captive une proie vers son bourreau. Incapable de s’en détâcher, l’homme ne semble même pas capable d’esquiver un passant qui manque de lui rentrer dedans. Il ne doit sa sécurité qu’à Nour qui attrape son épaule pour le décaler lentement. Un soupire se fond d’ailleurs sur ses lèvres, refusant d’être encore dans ce rôle de méchant :

“Salut. Tu devrais retourner avec ton amie.”

Pour mettre fin à la situation, pour s’éloigner et lui laisser la liberté de résister à ce don insidieux, qui ne laisse de place à personne. “J’attends quelqu’un, je vais le rejoindre dehors, belle soirée.” Un sourire, pour laisser cette entrevue en douceur même si intérieurement il a envie de crier. Le verre abandonné, le dragonologue s’émancipe de cette situation, sortant trop rapidement dehors. Son ascension jusqu’à la porte est difficile, cognant quelques passants au passage.

Le souffle court. Alourdit. Une sorte de pression se pose sur ses poumons, incapable de les lever correctement. Une goutte de sueur dévale sa colonne vertébrale. Il en a des sueurs froides, sortit magré lui dehors, il jette sur un banc trempé par la pluie son manteau, gardant son bonnet sur la tête.
Une main qui tremble. Les gouttes de pluie sur la peau.
Une main qui tremble, mais plus au même endroit.
“Rahat…”
(Merde..)
Le clapotis de l’eau, qui surpasse une scène pour se juxtaposer à une autre. Le son est similaire. Il ne sait plus vraiment où il se trouve. Il sent l’eau dégringoler sur son visage. Il a froid. C’est froid à l’intérieur. Un premier tremblement le parcourt.
Sans savoir comment, il se retrouve au sol.
Un autre tremblement. Sa main ne quitte pas le sol.
Où est Mircea ? Et Sergius ?
Il sent laborieusement sa respiration empirée, les larmes sur son visage ne sont même plus des sanglots. Les lumières autour sont striées, déformées. Un premier coup sur le bitume écorche un peu sa main.
“curvă ! Unde esti ? ”
(Putain! Tu es où ?)
Il n’a pas le souvenir de s’être assis, genoux contre le torse. Ni de s’être retrouvé dans cette cellule. Comment ?
La respiration s’affaisse, une sorte de sanglot parcourt sa voix, déformée par la douleur. Les mains sur son bonnet. Il est seul et il sent encore les gouttes de sang dégringolées son visage. Il sent la main de Mircea le nourrir. Il sent l’odeur dégoûtante de la cellule. Il sent…la main viciée de cet homme. Est-ce qu’il est nu ? Il sent son haleine proche de lui. Les coups d’une chaussure de sécurité dans le ventre. Il sent quelqu’un lui tirer les cheveux. La moiteur d’un corps qui se colle contre lui quand il fait froid.
Le murmure d’un homme à son oreille pour le rassurer. Mircea a disparu. Il a été là pour l’aider…Où est-il ?

@Timothy Turner

Ven 19 Jan 2024 - 19:39

Il n’était pas certain que ce soit la meilleure des choses de venir ici. Il devait y retrouver des camarades de l’université, mais il se doutait d’ores et déjà qu’il ne serait pas forcément à son aise. Si certains étaient de vrais camarades, il avait plus de mal avec d’autres qui avaient tendance à le mettre mal à l’aise. Pourtant il avait dit oui à l’invitation ne voulant pas non plus s’isoler totalement, il se disait bêtement qu’il devait lutter contre cette envie d’être seul ou avec seulement ses amis les plus proches. Il voyait les autres jeunes de son âge faire, et ils sortaient, ils faisaient des rencontres et compagnie. Tout ce dont il avait du mal. Il essayait. Oui, il essayait de faire plus ou moins pareil pour être plus « accepté », pour ne pas trop se faire remarquer. Essayer d’être dans le moule en somme. Alors il se forçait un peu pour l’instant, se convainquant par la même occasion qu’une fois là-bas et écoutant les conversations tout se passerait bien.

Lui qui d’habitude était toujours à l’heure, aujourd’hui trainait un peu les pieds, plusieurs fois il avait même manqué de rebrousser chemin. Il se sentait stupide. Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas faire comme les autres ? Pourquoi une chose aussi simple lui semblait à lui si compliquée. Il ne comprenait pas ce qu’il faisait mal…. Il avait néanmoins réussi à atteindre le point de rendez-vous. Il avait regardé le pub de loin dans un premier, inspirant-expirant, pour se calmer, pour essayer de garder son sang-froid. Il avait fini par avancer, et à vrai dire, c’était aussi le froid humide qui l’avait enclin à vouloir se mettre au chaud. Il avait donc bientôt retrouvé ses camarades et sortait quelques mots ci et là mais généralement il était plus mutique qu’autre chose. Il écoutait malgré tout, les propos de ses camarades tout en buvant tranquillement sa bière, il observait également le monde autour d’eux. Juste au cas où. Au cas où quoi ? Il n’était même pas bien certain de la réponse, mais la paranoïa était toujours là. Son regard fut attiré quelques instants par un homme qui rejoignait un grand mec tatouait de là où était il ne pouvait pas entendre la discussion mais le premier semblait se faire envoyer paitre par le second. Mais, ce premier homme agissait bizarrement, ou plutôt ne réagissait pas, comme s’il n’avait plus de volonté propre. C’était étrange mais au final, ça devait encore être lui qui se faisait des films et qui imaginait des choses. Il cligna des yeux et tenta de se concentrer de nouveau sur ce que racontaient ses amis pour ne pas laisser son esprit trop gamberger et imaginer mille et une choses. Il avait à peine tourné le regard quelques instants que l’homme était parti, donnant l’impression qu’il avait tout laissé en plan. Tim fronça les sourcils mais ne s’en soucia pas plus que cela. Les raisons pouvaient être multiples et de toute manière, cela ne le regardait pas.

Mais le voir partir lui donnait envie de faire la même chose. Il n’arrivait pas à se concentrer sur ses amis, il n’était pas dans le mood adéquat. Au moins, il l’avait fait, même s’il n’était pas resté longtemps, i était venu, avait échangé un peu… C’était malgré tout un grand pas pour lui, même si ça devait être dérisoire pour beaucoup ; il s’excusa auprès de ses camarades prétextant qu’il était fatigué et après les avoir salués, il sortit du pub. Deux à cinq minutes s’étaient passées depuis que l’homme était parti… et il était à peine sorti, qu’il le retrouva à quelques mètres de là. Il ne semblait pas aller bien du tout. Il s’approcha. « Monsieur ?» une part de lui hurlait de s’en aller, qu’il ne pouvait pas gérer la situation. Il n’était pas assez doué avec les autres. Mais il ne pouvait pas fuir face à quelqu’un qui était mal, et qui faisait une crise d’angoisse. Il ne savait que trop bien ce que ça faisait…. Et maintenant.
« Vous devriez vous asseoir, m’sieur. »dit-il d’une voix mal assurée.

Dim 28 Jan 2024 - 19:56

Le 14 mars 2016,
Une semaine dans les geôles,
Au milieu de la nuit,

Le réveil a été brutal. Un coup, bien asséné s’est niché dans les côtes du sorcier qui a gémit de nouveau. La douleur depuis hier lui coupe la respiration et Mircea lui a dit plus tôt que c’est probablement une côte cassée. Ou pire. N’espérons pas le pire.
Un cris plus fort a retenti, un des geôlier a reçu un coup bien lancé de la part de Mircea, qui a perdu patience pour riposter. Depuis plusieurs jours, les ripostes sont moins fréquentes, surtout du côté de Newrose qui n’a plus vraiment l’énergie. Il n’a toujours pas reçu un autre repas, mais Mircea si et il s’est sentit jaloux en le regardant manger. Le geôlier s’est amusé à rester, pour empêcher son compagnon de cellule de partager. Il est probable qu’il ait voulu aussi s’amuser, par ennui, il n’y à pas grand chose à faire d’autres, après tout. A ce moment-là, plus que tous les autres jours, l’américain a fondu en larmes, recroquevillé contre lui.

Temps présent,
Londres.

“Monsieur ?”

La voix est tellement distante qu’elle ne lui parvient pas aux oreilles. Elle semble se perdre dans l’immondice de cette cellule. Comment a-t-il fait pour atterrir encore ici ? Il ne sent plus grand chose et la crise qu’il a tenté d’endiguer en sortant dehors revient, encore plus brutalement. Une multitude de tremblements et une respiration haletante répondent à l’homme qui tente de lui venir en aide. Le regard de glace se pose dans le sien, sans vraiment réagir. Comme s’il regardait le mirage de quelqu’un qui n’est plus là, pendant un temps, juste un. Après une fraction de seconde, son regard semble se rallumer, inondé de larmes qu’il ne contient pas, perdu entre un monde et un autre. A un an d’écart, ou presque.
Interloqué, il penche la tête d’incompréhension, écoutant ce que le jeune homme tente de lui dire, sans vraiment y mettre un sens.
Le jeune homme est bien plus jeune que lui et quelque chose de l’ordre de l’inquiétude passe sur son regard. Quoiqu’il vient de se passer, c’était suffisant pour alerter les gens autour, dont un moldu.

“Oui je…bonne idée.”

Autant lui concéder cela, les tremblements s’étiolent petit à petit mais dans la fraicheur de la nuit, ça risque de ne pas suffire. En tournant la tête, l’américain observe la rue où il se trouve, perdu.

“Nous sommes…à Londres ?”
La phrase est dite dans un accent traînant, aux sonorités américaines mais exotique aussi, laissant des bribes de son accent roumain venir. Dix années à avoir été adopté en Roumanie, ça laisse des traces. Indélébiles. A la fois le rapport à la langue, la nourriture ou…les tortures vécues. Comme des vieilles amies, elles reviennent la nuit, lorsqu’on s’y attend le moins. Et après, que reste-t-il ?

Lentement, Nour croise de nouveau le regard bienveillant de l’homme, reprenant contenance. Une main se balade dans ses cheveux rasés, un soupir contrit.
“Merci, c’était..un peu trop ce bar je dirais. J’ai fais une crise de panique.”

L’américain observe le brun puis baisse son regard sur ses propres mains, qui se calment progressivement. Les démons ne sont jamais très loin, juste éloignés pour ce soir. L’inquiétude grimpe néanmoins, se demandant comme il a été possible de faire une crise de panique, si longtemps après,quand son don s’est déclenché. Il s’en veut, de ressasser ces évènements qui ne semblent pas vouloir s’éloigner de son esprit. Impuissant, il ne sait pas vraiment comment éloigner le passé et s’occuper du présent. Comme deux pièces d’un puzzle qu’il n’arrive pas tout à fait à assembler.

Dim 4 Fév 2024 - 20:50

Il ne savait pas comment agir. C’était simple, il aurait juste pu passer à côté de lui et faire comme s’il ne le remarquait pas, que cela ne le regardait pas… comme faisaient la plupart des passants lorsqu’ils voyaient quelqu’un dans le besoin. Et il savait Tim, ce sentiment de passer inaperçu, de ne pas avoir l’aide dont on avait besoin. Il savait à quel point c’était compliqué de gérer ces crises, en plus de la sensation d’abandon. De lutter seul. D’incompréhension. Alors, même s’il était loin d’être le plus doué en paroles, qu’il avait du mal à comprendre les gens, il pouvait toujours essayer, ça serait toujours mieux que rien dans tous les cas. Tim n’était pas sûr que l’homme entendait et pourtant son visage sembla changer un peu et surtout il se mit à parler, semblait d’accord avec le fait de s’assoir. Turner lui fit un léger sourire d’encouragement.

« Oui, M’sieur on est à Londres.» avait-il dit doucement en essayant de garder un ton calme, le plus neutre possible. Même si la question lui avait semblait bizarre, au final, qu’il soit désorienté à ce point était quelque chose qui lui semblait de possible, même s’il lui semblait qu’il ne s’était jamais « perdu » à ce point-là mais chacun était différent et il ne se méfiait donc pas du tout de cela, d’autant plus que l’homme semblait vraiment aller mal. Il avait bien senti qu’il y avait un accent dans sa voix, mais cela ne l’intéressait pas franchement pour l’instant, même s’il se disait que c’était peut-être le monde dans les rues ou le pub qui le faisait réagir ainsi… s’il avait l’habitude de vivre en campagne et qu’il n’aimait pas lorsqu’il y avait du monde. Comme cela pouvait être d’avoir parlé avec l’autre inconnu. Il avait aussi pu recevoir un message… Les choix étaient multiples et il ne saurait certainement jamais le pourquoi du comment… ah si. Il venait de lui expliquer. Il opina doucement avant de souffler « J’avais bien vu pour la crise de panique… Les rues peuplées vous gênent aussi ou pas ? Ou c’était juste le bruit, combiné au monde ?» Choix pour les conseils qu’il allait pouvoir lui donner sur la route à suivre. Si c’était le bruit, le lieu confiné en plus du monde et qu’il se sentait mieux dans les grandes rues éclairées, cela était quand même mieux ; on pouvait se faire plus facilement agresser dans des lieux moins fréquentés, moins éclairés.

Timothy n’osa rien rajouter, mais il observa un peu l’homme, ses yeux trainant sur son visage, sur ses mains qui semblaient un peu moins trembler. Sa voix d’ailleurs avait semblé un peu plus sûre lors de la dernière phrase. La crise devait être passée et il allait pouvoir retourner chez lui en sachant que l’homme ne risquait « plus rien » du moins en théorie. Mais avant cela, il voulait quand même entendre la réponse de ce type, être certain qu’il savait où il allait pour éviter que l’angoisse le submerge de nouveau. « Vous vous sentez comment, M’sieur ? » préféra-t-il quand même ajouter.

Dim 11 Fév 2024 - 11:32

Le passé vous rattrape toujours. Avec plus de violence encore quand vous essayez de vous cacher à vous-même les réalités. Il est insidieux, brutal, acide et s’accroche à votre corps. Parfois, tout de suite après, comme quelque chose qui vient vous embêter quand vous ne vous y attendez pas. Parfois bien après, et les mois que vous avez mis entre vous et ce passé s’entrechoquent vous coupant le souffle. Que faire ? Face à vous même. Le plus dur est de se regarder dans un miroir et d’être encore capable de s’aimer, après tout ce temps. Mais il vous rattrape toujours. La violence et la résignation que vous y mettez pour l’accepter ne dépendent que de vous.

Il est probable que Nour ne s’y attendait pas non plus, pas dans un bar, au milieu de moldus dans un espace qu’il apprend à aimer. Se couper du monde magique, devenir un citadin lui qui a foulé les paysages arborés la moitié de sa vie. Sortir sans sa baguette, comme il le fait parfois pour rejoindre Oliver, ou un autre. Pour ne pas risquer de trahir son secret. Ici, l’espace-temps est différent, assez pour avoir l'impression que cette vie-là était il y à mille ans déjà. Alors, il ne s’attendait probablement pas à cette nervosité qui le gagne, le souffle court. Les sensations nauséabondes d’un estomac lourd, tordu, qui pèse trop. D’un relent de nausée qui vous accompagne, mêlé aux tremblements incontrôlables d’une crise qui s‘endigue à peine.

Fragile, il se sent brisé dans un millions de fragments sur le sol. Tenter de ne pas se briser. Recomposer avec les bouts de soi qu’on voit, un à un. Comme le précaire château de cartes qui s’évanouit. Encore et encore. Et chaque fois qu’on se sent un tout petit peu fort, on s’effondre à nouveau.

Face à lui, un inconnu qui est assez bienveillant pour recoller les morceaux. Des larmes aux bords des yeux la respiration à peine calmée, le sorcier perd son regard dans le sien, sans le voir. Il repense à Mircea, dans cette cellule. Ce pilier sur lequel il s’est reposé pour pleurer, une main douce dans ses cheveux collants. Il voit l’abnégation dont il faisait preuve, la façon qu’il avait de lui demander de marcher, encore et encore dehors, malgré la fatigue lorsqu’ils se sont enfuis.

« J’avais bien vu pour la crise de panique… Les rues peuplées vous gênent aussi ou pas ? Ou c’était juste le bruit, combiné au monde ?»

Cette bienveillance là n’a pas de prix, ou le seul d’exister pour être offert avec tant de générosité. Avec plus de considérations, l’américain remercirai son interlocuteur. Il semble être bien plus jeune que lui mais pas moins intelligent émotionnellement. Peu de monde dans une grande ville aurait réagi ainsi et les démons qui troublent le regard de Newroz sont peut-être partagés par son ami d’infortune. Qui sait ?

“Non c’est…ce que j’ai dans la tête. Je suis sorti parce que j’ai senti la crise arriver. C’est moins étouffant ici que dans le bar.”

Le pauvre homme qu’il a croisé un moment plus tôt doit s’en doute se demander pourquoi il a été si rapidement éconduit. La vérité n’est même pas là, c’est un élément déclencheur mais pas la cause du trouble en lui-même. Une main se perd dans les cheveux ras du sorcier, retrouvant peu à peu une contenance perdue.
A eux deux, ils offrent un bien triste spectacle, au milieu d’un trottoir assis à même le sol. Plusieurs respirations lentes pour recouvrer un début de souffle correcte oblige Nour à compter ses inspirations comme un mantra.
1,2,3,4. Expire.
1,2,3. Inspire.

L’exercice est simple, redondant et pendant une bonne minute il ne semble faire que cela, laissant la liberté à son sauveur de continuer les questionnements.

“Mieux, ça va mieux merci. Je suis désolé, je ne voulais pas t’inquiéter…je ne savais pas vraiment comment gérer cette crise, j’avoue.”

La première qui arrive en public et elles sont de plus en plus violentes et de plus en plus proches. Un peu comme si son cerveau ne pouvait plus garder le sceau d’ignorance sur les évènements et que maintenant qu’il a éclaté, les souvenirs afflux de plus en plus. Le raz-de-marée est brutal, il happe tout le laissant pantelant et noyé sur le rivage.

“Je…je suis Nour, merci c’est vraiment sympa ce que tu as fais.”

Mer 14 Fév 2024 - 20:13

Peut-être qu’il était trop dans les faits et la réflexion et pas assez dans l’humain, mais c’est tout ce qu’il pouvait offrir pour le moment. Si ça avait été quelqu’un qu’il connaissait bien, il aurait certainement pu mieux savoir comment réagir mais ici, il était plus perdu qu’autre chose. Il savait que l’homme avait besoin d’aide, alors il l’aidait, et il avait besoin de plus d’informations pour être certain qu’il arrive à bon port sans avoir de nouvelles crises. Il avait donc posé quelques questions, simples et qui, en théorie, étaient censées être un minimum efficaces. Tim acquiesça doucement en entendant la réponse de l’homme, okay. Donc déjà personne ne l’avait provoqué, ce qui signifiait que cela pouvait certainement recommencer plus facilement que si ça avait été à cause d’une dispute par exemple ; deuxième chose qu’il avait pu apprendre c’était également que le bar était étouffant. Chose qu’il pouvait comprendre tout à fait, mais il n’était pas certain de savoir la « cause » du pourquoi. Le bruit ? La foule ? Les deux réunis ou autre chose à laquelle il n’aurait même pas pensé. Tout était possible.

Il avait inspiré-expiré pendant une bonne minute avant de reprendre la parole pour lui dire qu’il allait mieux… malheureusement il ne savait pas bien quoi répliquer. Il ne voyait pas bien ce qu’il pouvait rajouter. Maintenant que le type allait mieux, partir lui semblait une bonne solution, il n’était pas forcément la personne la plus sociable, ou plutôt c’était toujours compliqué pour lui d’être sur la même longueur d’onde que les autres, surtout lorsqu’il ne les connaissait pas, et c’était assez éreintant pour lui. Néanmoins, il ne se voyait pas partir – pas encore du moins-, l’inconnu était peut-être encore un peu trop tendu « trop fragile » et un rien pouvait éventuellement le faire rebasculer de l’autre côté.

«Tim, enchanté Nour. » dit-il doucement, jusque-là c’était simple. C’était des banalités, et il y avait peu de chance de faire d’erreurs, mais la peur de paraitre un peu ‘’particulier’’ ou bizarre était toujours présente. Pour ça, qu’il restait souvent avec les mêmes personnes, et qu’il ne parlait pas forcément beaucoup ; par ce que cela lui simplifiait bien les choses. Il se lâchait beaucoup plus facilement avec ses proches, comme Lewis, Sova, Will, Taku ou même Enzo : par ce que ces gens-là avaient comme un décodeur et comprenaient généralement globalement ce qu’il voulait dire même s’il ne s’exprimait pas très bien. Il décida de ne pas revenir sur ce qui avait été dit jusqu’à avant et de rester focalisé sur la dernière phrase que Nour avait prononcé. « Et c’est normal, je n’allais pas te laisser seul…» L’autre l’avait tutoyé et donné son prénom, il se permit donc de le tutoyer -pour l’instant- en se disant que c’était certainement ce que beaucoup feraient «… alors que tu n’avais pas l’air d’aller super bien. » Il haussa un peu les épaules avant de reprendre « Ca va aller pour rentrer chez toi ?» Par ce qu’au final, ça aussi c’était important, pour ne pas dire primordial à ses yeux, il savait dans quel état il se trouvait le plus souvent après ses crises… des fois rentrer n’était pas la chose la plus aisée.

Mer 28 Fév 2024 - 19:49

Les lumières aveuglantes des phares des voitures lui arrivent dans les yeux. Pleins de striage luminescent, son regard de glace se pare des mouvements de la circulation malgré lui alors que le peu de calme dont il profite revient. La crise est à peine endiguée, elle laisse en vestige l'immuable sentiment d’être étourdi, confus, pas vraiment à sa place. Les superpositions des espaces-temps sont encore présents et se succèdent par instant le visage de cet inconnu, plus jeune, puis, de son partenaire de cellule Mircea. Quoiqu’il se passe, les surprises d’une mémoire altérée semble en être la cause, et l'américain ne sait pas vraiment gérer la crise de panique qu’il vient de vivre.

Evidemment, il a fallu que ce soit au milieu d’une foule pleine de moldus que cet évènement se produise. Pas à la maison, bien au calme en présence de Sergius pour soutenir une telle crise. La réalité, c’est que l’élément déclencheur, cet homme qui est venu le draguer n’est même pas la vraie raison de son problème. Malgré les mois qui se sont écoulés, Nour se retrouve encore, chaque nuit, enfermée dans cette cellule à supplier. Encore plus depuis que lui et son amour se sont retrouvés, risquant chaque jour que cet évènement se poursuive.

Il ne doit son salut qu’à son bienfaiteur d'infortune, une jeune homme qui demande sans doute dans le regard à pouvoir s'esquiver et retourner à sa charmante soirée. D’un sourire contrit, il continue à le regarder, un peu mal à l’aise de faire perdre son temps à quelqu’un pou cela. Pire, de devoir omettre la réalité, car il ne peut décemment pas dire qu’il a été torturé par des moldus pour le compte de sa belle famille.

“Salut Tim…je, désolé pour tout ça, je voulais pas t’inquiéter ou te faire perdre du temps.”

Un haussement d’épaules, il tente de raccrocher sa bonne humeur pour pouvoir endiguer pour de bon la cuisante crise qu’il vient de subir. Son humour, le coté sociable, ce sont des éléments qui sont assez fort dans le caractère du dragonologue, assez pour qu’il se cache même derrière au moindre signe de malaise. “Certains se seraient pas gêné pour me laisser tout seul, ça ira oui pour rentrer chez moi je pense. Et toi ça va ? Je te dois une bière, si ça te tente. Sauf si, tu as des amis à rejoindre. De toute façon, je crois que c’est pas ma soirée.”

Le sourire accompagne cet aveu tandis qu’il croise le regard de quelques personnes, alertées mais sans doute rassurées désormais de le voir moins en crise. Les quelques moldus inquiets se dispersent, regagnant leur activité. Le cours tranquille d’une soirée qui mérite d’être vécue. Seulement, les ombres du passé sont là, tapis dans le regard encore humide de Nour. Il repense à sa vie, bouleversée. A la nouvelle, mêlée à tout ces moldus désormais, avec qu il partage des moments incroyables. Ils ne sont pas comme on lui a toujours appris. Pas comme son père le revendiquait, quand il était plus jeune.
Un monde se télescope au profit d’un autre et il ne sait pas vraiment lequel des deux est le mieux à ses yeux.

Lun 4 Mar 2024 - 17:30

Allez, avec un peu de chance, ils allaient pouvoir chacun tracer leur route, et il espérait ne pas avoir à le raccompagner jusqu’à chez lui. Maintenant, il se sentait surtout fatigué et avait envie de rentrer chez lui – voire chez Lewis-, en bref dans un endroit où il se sentirait bien, en sécurité avec peu de monde autour, dans un certain calme. Pour l’instant, ce n’était pas vraiment la question, avant de penser à ce genre de chose, il fallait être certain que ca serait Ok pour le âgé… qui avait enfin vraiment repris la parole ou plutôt un semblant de discussion qui démontrait bien qu’il allait un peu mieux. Difficile de dire à quel point vu qu’il ne le connaissait pas et qu’il ne savait pas trop comment est-ce qu’il se comportait d’habitude.

« Pas de souci.»

Certainement qu’il aurait pu dire autre chose, du genre développer, ou dire que c’était avec plaisir. Bref ce genre de choses. Heureusement l’homme était quand même beaucoup plus bavard que lui et réussissait à faire un semblant de conversation. Tant mieux… Il lui fit un nouveau sourire léger avant d’hausser un peu les épaules et chercha cette fois quelque chose d’un peu plus intéressant à dire que deux mots… D’autant plus qu’il lui avait posé une question et fait une proposition de prendre un verre qui le stressa un peu et qui réussit même à le faire légèrement rougir, il se dandina sur un pied puis sur l’autre, gêné et quand même un peu mal à l’aise. Il essayait de réfléchir à ce que c’était la réaction « normale » dans un tel cas. Au bout d’une dizaine de secondes et après une légère inspiration, il arriva quand même à se reprendre un peu. Un minimum pour arriver à aligner quelques mots. Quelques phrases.

« J’sais que les gens ne remarquent pas trop ce… heu, ce genre de choses par ce qu’ils sont trop dans leur monde, qu’ils ne savent pas comment réagir ou n’ont pas envie d’aider, voire même ont peur que ça leur prenne trop de temps.» Nouvelle inspiration, c’était triste mais les gens étaient quand même assez individualistes. «Oui, oui ça va merci. » dit-il, alors qu’il était certainement un peu fuyant. Quant à la dernière question, la bière, il savait que normalement les gens disaient oui à ce genre d’invitation et pourtant, il avait plus envie de dire non ; La sociabilité ce n’était pas trop son truc, il faut bien se l’avouer…. D’un autre côté ça permettrait de partir une fois certain que l’autre ne risquait pas de replonger. Et puis, qu’est-ce qu’il risquait dans un lieu bondé ? Pas grand-chose. De l’ennui au pire, une nouvelle connaissance au mieux. Turner hésita quand même une nouvelle fois avant de se décider «Okay pour la bière, mais on retourne pas dans le bar d’où on vient, mes potes trouveraient ça bizarre. Mais j’crois qu’il y en a un autre juste au bout d’la rue. » Autrement dit, il n’y avait pas beaucoup de marche supplémentaire. Et maintenant qu’il avait dit cela, il ne pouvait plus revenir en arrière et il regrettait déjà presque d’avoir accepté. « ca te va ?» Pour être certain qu’ainsi tout était ok pour lui.

Dim 24 Mar 2024 - 20:57

Les reliquats de l’épisode difficile ternissent légèrement son regard bleuté. Les vestiges d’un moment où Nour ne se trouvait plus tout à fait à Londres, quelque part perdu au fond de la Roumanie. Plus le temps passe, plus les évènements qui se sont produits lui paraissent éloignés et distants. Un peu comme un rêve - ou un cauchemar - dont il se réveille sans savoir tout à fait comment les choses se sont déroulées précisément. Dans cet enchaînement obscur, sa mémoire lui fait vilainement défaut. Il y à de forte chance que le temps efface et balaie petit à petit les douloureux évènements. Ce genre de blessure mérite du temps, de l’effort quotidien pour combattre des démons qui sont quotidiens.

« J’sais que les gens ne remarquent pas trop ce… heu, ce genre de choses par ce qu’ils sont trop dans leur monde, qu’ils ne savent pas comment réagir ou n’ont pas envie d’aider, voire même ont peur que ça leur prenne trop de temps.»

Lentement, le regard du dragonologue se perd sur l’homme face à lui. Les inspirations avant chaque prise de parole, l’hésitation, la légère rougeur que même la nuit ne suffit pas tout à fait à éteindre à ses joues. Le jeune homme semble lutter face à une conversation anodine, ce qui désarçonne probablement un peu le sorcier. Il n’a pas le sentiment d’avoir mal agi et il n’est pas spécialement coutumier des attitudes fuyantes et timides. Généralement, il s’entoure de personne solaire, comme lui, expansive qui ont leur plaisir en tête et peu de limites. Les limites sont ailleurs, dans d’autres carcans sociaux, dont son éducation et le milieu familial qu’il a fui.

Sans vouloir forcer le jeune homme, il se contente d’écouter ce qu’il présente, regardant las autour de lui. Un léger sourire fleurit sur le visage de l’américain, murmurant :

“Ce n’est pas si grave, je comprend aussi. - réellement, ca le monde est parfois très dur. Les personnes ne sont pas toujours à la hauteur de nos attentes et en cela, c’est aussi une réalité qu’il faut savoir concéder pour avancer. - je ne leur en veux pas, je ne sais pas trop réagir non plus quand ça m’arrive.”

Un léger haussement d’épaules pour balayer définitivement le sujet. Autant ne pas trop développer sur la question de cette crise de panique et encore moins de sa provenance. Peut être que Newrose ignore véritablement que enfouir les fantômes du passé ne les empêchent pas de rejaillir plus tard, plus brutalement encore. Personne ne lui a réellement appris à confronter ses anxiétés et ses difficultés, pas dans son monde.

L’hésitation évidente de l’homme face à lui le surprend. Encore plus lorsque celui-ci concède une bière malgré l’hésitation évidente. Alors pour clarifier un peu la situation, le sorcier ne peut pas s’empêcher de dire, doucement :

“Pas d’obligation tu sais ? Je vais bien, tu n’es pas obligé de dire oui pour t’assurer que j’aille bien.” Et pour le confirmer, il offre un autre sourire, doux et bienveillant, frottant machinalement sa veste comme pour utiliser ses mains.

Regardant au bout de la rue, il hoche simplement la tête, avançant d’un pas distant et lent vers le bar en question. L’ambiance y est bien moins bondée, et plus intimiste, plus douce aussi. D’un bar à l’autre, ils troquent une ambiance très fêtarde vers quelque chose de plus tranquille, avec une musique de pop-rock.

Mar 26 Mar 2024 - 17:25

Pas facile. Il ne savait pas trop quoi dire, comment expliquer les choses ; peut-être qu’il aurait mieux fait de se taire. A vrai dire il n’en savait rien. Il ne savait pas comment est-ce qu’il était censé agir, ce que l’homme en face de lui attendait de lui également, alors Turner avait fait comme il avait pu. Probablement pas très bien, mais il en avait l’habitude ? Ici l’homme ne semblait pas agacé au contraire il lui fit un sourire qui semblait compréhensif. Au final, peut-être que ses paroles avaient du sens – enfin une fois où il n’avait pas merdé dès le départ-. Le plus âgé avait d’ailleurs bien rapidement repris la parole, Timothy opina un peu. Il pouvait comprendre aussi, surtout qu’il n’aimait pas trop sociabiliser, parler aux gens… et que sans connaître les contraintes des gens qui les entouraient c’était certainement difficile de juger. Néanmoins, c’était le genre d’urgence, à ses yeux où il était nécessaire de s’arrêter pour aider son prochain. Après une légère hésitation Tim haussa finalement les épaules avant de répliquer

« C’est vrai… à vrai dire je ne savais pas non plus… mais de là à partir sans poser la moindre question, à feindre l’ignorance, il y a peut-être tout un monde, j’sais pas.»

Mais au fond c’était un faux sujet. On ne pourrait pas changer la nature humaine et il faut bien avouer qu’il n’était pas certain de bien réagir à chaque fois. Il s’incluait dans le lot la plupart du temps.

Ils avaient vite enchainé sur le fait d’aller boire une bière et là Tim était quand même beaucoup moins sûr de lui pour plein de raisons. Une part de son esprit lui disait de fuir, l’autre de rester que ce n’était que comme ça qu’il allait pouvoir progresser un peu pour se sociabiliser et que l’homme en face de lui en avait peut-être besoin. Ce n’était qu’une bière, ça n’allait pas le tuer. Ca pouvait même être rapide, pas besoin de s’éterniser pendant des heures, juste le temps que l’homme reprenne … disons plutôt soit un peu mieux. L’interlocuteur en question semblait avoir bien senti son hésitation car il lui fit comprendre qu’il n’était pas obligé de dire oui. Vrai, il en avait conscience.

« Non ne t’inquiètes pas, ça va le faire ! »

Ouais bon, ce n’était pas franchement la phrase la plus convaincante du monde mais de toute manière, il n’avait plus rien en stock. Et il n’était pas franchement du genre à savoir feindre l’enthousiasme.
Ils étaient finalement arrivés dans le nouveau bar où l’ambiance était plus calme et surtout le lieu semblait beaucoup moins bondé ce qui allait très bien à Turner. Ils purent ainsi trouver une place sans trop de souci et là… silence. Il essayait de se remuer un maximum les méninges pour tenter de trouver un sujet de conversation intéressant mais la seule chose qui lui vint en tête fut un petit

« T’veux boire quoi ? Une bière ? »

Voilà, voilà ; pus qu’à espérer que l’homme soit quand même un peu plus bavard que lui sinon ça allait être compliqué.. il ne pouvait pas quand même lui poser comme question quelle était sa série préférée ? C’était un peu nul comme introduction selon lui. Bordel, comment font les gens ?

Dim 21 Avr 2024 - 12:07

L’hésitation évidente du jeune homme face à Newrose l’interpelle. L’américain n’a pas beaucoup l’habitude de susciter ce genre d’émotions et à dire vrai, c’est même plutôt rare. Quand il y repense, ce n’est pas seulement par excès d’égo qu’il pense cela, mais la plupart de ses interlocuteurs sont plutôt charmés par lui. La principale cause est son côté semi-vélane, qui influe sur beaucoup de personnes, bon gré, mal gré. En grandissant, il détestait tellement ce côté de lui qu’il tentait le plus possible de le camoufler. Imaginez une seconde un adolescent qui attire fille comme garçon vers lui. Un adolescent qui perdait plutôt ses journées dans les forêts autour de son école plutôt qu’à réellement s’intéresser à cela. Au début, n’importe qui pourrait être charmé. Surtout un adolescent…mais quand on creuse un peu le problème, on se rend compte que malheureusement, il y à peu d’échappatoire à ce don. Il ne le considère pas ainsi.

Après tout ce temps, les tatouages qu’il arbore ont été à l’initiale des tentatives - ratées - pour enlaidir son don et l’empêcher de faire de l’effet aux personnes à qui il parle. Ce n’est pas systématique, certaines personnes, sans qu’il sache pourquoi, sont plus isolées de cette forme d’attirance. Sergius en est l’exemple premier mais, il repense à Enzo, qu’il a vu plusieurs fois avant qu’il ne “cède” à son don. En repensant à son ami, il se souvient de la honte qu’il a ressenti, à se faire repousser si vivement. Il repense au dégoût qu’il a lu sur son visage, la peur sans doute mais surtout la colère. Ces rejets sont multiples et à travers le temps, sont difficiles à encaisser. Avec un peu plus de pratique, il pourrait sans doute maîtriser son don pour pouvoir l’empêcher de rejaillir sans prévenir.

Évidemment, il entend tout à fait que le jeune homme ne veuille pas boire un verre avec lui. Après tout, il ne lui doit rien. Une fois que la proposition a été acceptée, ils se retrouvent dans le bar du coin, bien moins bondé que le précédent. Enlevant son manteau, il le pose sur sur son bras détaillant la carte pensif.

“Une bière blonde je pense, et pour toi ? Si c’est d’accord, je veux bien t’inviter…Je te dois au moins ça, si tu avais pas été là, je serais allongé sur le trottoir…”

Un léger rougissement. Nour est expansif mais pas moins timide que le jeune homme face à lui. Malgré les années qui les séparent, il a toujours été plus timide qu’il n’y paraît, quand on creuse. Surtout, cette soirée ne le montre pas sous son meilleur jour et Tim a vu aussi une partie de ses vulnérabilités. Il aurait préféré que ce ne soit pas le cas.

“Tu fais quoi dans la vie ? Désolé, j’ai un peu gâché la soirée avec cette crise, rien de grave je te promet que c’est pas à chaque bière. - un léger sourire, il contemple autour de lui - j’ai l’impression que beaucoup de pub ici se ressemblent. En Roumanie, c’est différent. Déjà, la bière est moins bonne qu’on se le dise…”

Une façon comme une autre de lancer la conversation avec ce jeune homme assez timide. Il a toujours été à l’aise pour discuter et lancer les sujets de conversations. Il pourrait en lancer vingt s’il voulait. Pourtant, sa nature plus réservée existe, il oscille entre les deux en fonction de la situation sociale : entre lui, perdu dans une forêt et lui dans un bar avec des inconnus.

“Tiens regarde, y’a une table là-bas.”

Il lui indique d’un coup de menton quand les deux boissons sont servies. D’un geste assez précaire, il tient la sienne dans une main, le manteau sur le bras dans l’autre. Un léger rire lui échappe quand il tente de slalomer entre les chaises, regardant son compagnon de soirée.

Il se dit qu’il va finir par renverser son verre sur quelqu’un.

Sam 27 Avr 2024 - 17:48

Quelques minutes ou dizaines de minutes, c’est certainement suffisant pour être certain que l’homme s’était calmé et pouvoir repartir l’esprit un peu plus en paix, en sachant qu’il ne risquait peut-être pas sa vie. Tim resta quelques instants, un peu pensif sur la boisson à choisir et même à cette invitation qui le gênait un peu, mais il n’osa pas faire le moindre commentaire ; l’homme voulait juste le remercier, il n’y avait pas à le rabrouer d’une quelconque façon.

«Une bière aussi, merci beaucoup !» répondit-il timidement, toujours pas du tout à l’aise avec cette situation.

Il avait failli répondre que c’était bien normal, il n’allait quand même pas le laisser dans cet état, et puis peut-être que l’homme aurait fini par se calmer tout seul. Peut-être, rien n’était jamais moins certain. Lorsque Newrose reprit la parole, pour lui poser des questions, il hésita un instant ou deux, peut-être un peu fatigué de sa journée, d’avoir déjà dû sociabiliser toute la journée, en rajouter une couche en faisant beaucoup mais en même temps, ils n’allaient pas se regarder dans le blanc des yeux pendant 10 minutes, c’était normal ce genre de questions et, il se disait que malgré tout, ça restait un bon « entrainement » de discussion. L’autre semblait quand même beaucoup plus à l’aise que lui, s’intéressait, parlait.

« J’suis étudiant en journalisme… pour devenir journaliste animalier probablement.»

Il avait préféré anticiper une probable question sur « quel genre de journalisme », ou questionnement par rapport à sa timidité. Avec les animaux il n’aurait aucun problème, mais il se posait toujours beaucoup de questions sur s’il devait ou pas changer de voie, mais pour l’instant il tenait bon. Dans tous les cas, il se dirigerait vers un milieu où il y aurait des animaux, c’était largement préférable aux humains. Ne sachant pas quoi répondre au reste de sa phrase, il avait préféré simplement l’éluder.

“Tiens regarde, y’a une table là-bas.” Un coup de menton pour indiquer l’emplacement libre. « Merci.» souffla-t-il plus pour le paiement de la bière que pour indiquer ou est-ce qu’ils pouvaient s’installer. Il inspira un bon coup et alla vers lesdites places, il s’installa ne faisant pas vraiment attention au fait que son interlocuteur semblait un peu plus galérer à arriver et à slalomer entre les tables. Il laissa passer quelques instants avant de finalement se décider à reprendre la parole. « Et toi alors, tu fais quoi dans la vie ? Par ce que j’t’ai pas retourné la question …» Et que si les règles de bienséances ne l’exigeaient pas, ou que la plupart des personnes ne faisaient pas ainsi, il ne lui serait peut-être pas venu à l’idée de lui poser la question. Pas à un inconnu qu’il ne recroiserait jamais. Avec ses amis c’était quelque chose qui était toujours différent, des cas à part. Enfin, ceci dit avec un peu de chance, l’homme parlerait assez pour ne plus trop lui poser de questions…. Ce qui l’arrangerait bien. «Bon ben, j’crois qu’on peut trinquer ! » dit-il en faisant tinter son verre avec celui de son interlocuteur et de prendre une première gorgée.