with Pholos Lockwood

Début de 9e année - Veille des vacances la Toussaint 2006 – Entre Poudlard & Pré-au-Lard

« Vous pouvez sortir. »

Je claque mon livre de cours, mon parchemin et ma plume glissent dans mon sac en même temps que l’ouvrage. Les chaises raclent le sol, les pas se font rapides, précipités, le brouhaha monte crescendo et je sors avec la classe. Fin de journée, la tête pleine entre les cours et ma réussite toute récente quant au processus d’animagus, j’étais extrêmement fatiguée depuis plusieurs semaines. Fort heureusement, les vacances arrivaient demain et j’avais pour ainsi dire hâte d’y être. Je n’avais pas prévu de rentrer au Manoir, mais rester ici à pouvoir souffler avec les quelques camarades avec lesquels je m’entendais bien était salvateur et me permettait de tenir toute l’année.

« Fenella, tu m’écoutes ? »

Je regarde Grace, qui devant mon air absent et empli d’incompréhension souffle. La Gryffondor n’est pas connue pour sa patience et les fréquents moments où mon esprit divague l’agacent, surtout quand elle me parle, ce qui arrive pour être franche très régulièrement.

« Pardon, tu disais ? »

« Qu’il y a encore ce Poufsouffle qui t’a fait un signe et tu lui es passé à côté comme s’il n’existait pas. C’est sa dernière année à Poudlard d’après mon frère »

« Traduction, c’est maintenant ou jamais, Nella, on va les voir jouer ce soir ? » ajouta Jimmy, le Jaune de notre groupe.

Je hausse les épaules. S’ils savaient à quel point cela ne m’intéressait pas pour le moment et que flirter était le cadet de mes soucis. Je réponds d’un simple hum hum tandis que nous prenons la direction de la cour pour nous installer un peu dehors, profitant des derniers rayons du soleil d’octobre. Les bavardages vont bon train sur les activités de chacun prévus pour les vacances, sur le début de l’année, les examens, les projets futurs et j’en passe. Plus passive que réellement active dans la conversation, je donne de temps en temps mon avis lorsqu’ils me sollicitent ou que je suis directement concernée mais mon esprit est ailleurs. Le match prévu ce soir pour marquer le début des vacances sera l’occasion pour moi de m’éclipser. A l’issu de ce dernier, direction la liberté, pour pratiquer un peu ma transformation et m’habituer un peu plus à ma forme animale.

Bon nombre d’élèves allaient partir ce soir avant le match ou demain matin, le moment était donc parfait pour que je n’éveille pas l’attention des enseignants. Nous continuions de parler de tout et de rien et de nous préparer pour la soirée. Arrivés dans les tribunes du stade, nous avons trouvé des places relativement bien placées permettant d’avoir un excellent point de vue sur le terrain. Victoire des Jaunes, et à peine le vif d’or attrapé, je file, m’éclipsant vers Pré-au-Lard. Arrivée non loin de la sortie de l’école, je me concentre avant de lancer le sortilège de métamorphose. Je grimace tandis que mon corps se change et rapetisse. À l’abri des regards. Je disparais en sautillant, petite forme blanche dans la nuit noire de la Toussaint.

Mes petites pattes me mènent jusqu’à la forêt bordant le village adjacent de l’école. J’étais partie comme une voleuse, sans prévenir qui que ce soit, mais j’avais besoin d’être seule, d’expérimenter ce nouveau pouvoir et d’en savoir plus sur moi, sur mes capacités et sur ce que je pouvais faire pour prouver à mes parents que j’étais bel et bien capable d’exister par mes propres moyens et d’être quelqu’un, même si ce n’était pas ce qu’ils souhaitaient pour moi ni ce que je sois. Non malléable mais pour autant en recherche d’approbation, je cherchais une place qui ne me serait certainement jamais octroyée si je n’acceptais pas de me plier à leurs règles et leur volonté.

La terre humide sous mes pattes teinte de boue ma fourrure, mon nez un millier de fois plus sensible se fait assaillir par toutes les odeurs et effluves des environs. Je n’arrive pas à identifier ce que je sens, reconnaissant certaines odeurs caractéristiques que mon nez humain connait mais je n’ai pas reconnu l’odeur de la créature qui me percuta de plein fouet, m’attrapant par la queue avec force, à tel point que je la sentis se briser. Un cri aigu de douleur et mon corps souple se plie, mes dents attrapent l’assaillant, et je finis par me libérer, prenant la fuite avant d’arriver entre des sabots. La queue en sang, ma fourrure blanche se teintait progressivement. Je sentais mon cœur battre dans l’intégralité de mon corps, la respiration haletante, je siffle, sur la défensive. Incapable de me retransformer, je suis piégée, blessée, apeurée et seule. Quelle idée de partir tête baissée sans prévenir qui que ce soit ?

(c) princessecapricieuse

with Pholos Lockwood

Début de 9e année - Veille des vacances la Toussaint 2006 – Entre Poudlard & Pré-au-Lard

Je lève la tête pour regarder la créature qui me surplombe. Un centaure, d’une blancheur telle que la mienne. La béatitude et l’admiration auraient pu me prendre aux tripes d’être face à un Être que j’admire et trouve si passionnant. Si j’avais eu ma langue humaine je l’aurais assailli de questions, une fois le choix et l’émotion passé, mais la douleur lancinante de ma blessure m’empêche de prendre pleinement conscience de la beauté de la situation et de son caractère exceptionnel. L’élève que je suis, bien que forte et déterminée est totalement perdue, sous l’emprise de ses émotions et de son impuissance. Je ne sais comment me retransformer alors que je suis blessée à cet endroit. La crainte de me changer alors que la très probable fracture que j’ai risque de rendre mon chemin du retour bien compliqué m’empêche d’être lucide.

Je crache, bruit ressemblant presque à un feulement de chat pour ne pas qu’il s’approche, hérissant mon poil d’instinct, plus régie par mes sens animaux que sorcier. Il ne se laisse pas impressionner par l’agressivité dont je fais part et continuer à chercher à nous contact avec moi, à chercher à gagner ma confiance.  

Ses antérieurs fléchissent, suivi de ses postérieurs et il descend d’au moins trois étages au vu de mon échelle, tendant sa main en demandant l’autorisation de me soigner. Je montre les dents, mais sans faire le moindre bruit cette fois ci. Je ne m’avance pas de suite, réfléchissant à ce que je sais sur les Centaures. Ils ne sont pas mauvais dans fond et je ne pense pas que celui-ci soit particulièrement, d’autant plus qu’il s’est mis à ma hauteur. S’il avait vraiment voulu me faire du mal, il m’aurait piétiné de son sabot et l’histoire serait terminée. Je m’avance, méfiante, les dents toujours sorties, la vision troublée par la douleur, incapable de reprendre une forme humaine. Patte après patte, je rejoins sa main tendue, finissant par poser ma patte avant droit sur sa paume chaude, cessant de montrer les dents. Je renifle, réprimant un couinement car chaque inspiration un peu plus forte que les autres et chaque mouvement finissent automatiquement par me rappeler à la douleur qui irradie mon corps frêle.

Mes yeux se posent dans celui du Centaure et je termine de monter, m’en remettant ainsi entièrement à son aide. Je fulmine, pestant intérieurement contre moi car avec cette idée de vouloir absolument expérimenter ce nouveau pouvoir qui était à présent le mien, j’avais mis ma vie en danger, je n’avais prévenu aucun de mes proches de l’endroit où je me situais et vu le merveilleux timing choisi, peu risquaient de se lancer à ma recherche alors que les vacances commençaient à peine. On se rendrait compte de mon absence à la rentrée, dans le meilleur des cas...

L’optimisme s’est envolé, tout comme mon émerveillement face à l’Être qui semble vouloir me soigner, mais il n’est pas magicien, sans vouloir le vexer par la pensée. Je ne connais pas plus que ça les compétences des Centaures dans le domaine de la Magie, mis à part leur réputation à pratiquer une forme de divination différente des nôtres, je ne sais pas s’ils sont particulièrement doués ou non dans tout ce qui concerne les soins mais j’allais le découvrir rapidement, en priant pour que ce ne soit pas à mes dépends.

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with Pholos Lockwood

Début de 9e année - Veille des vacances la Toussaint 2006 – Entre Poudlard & Pré-au-Lard

《- Tu te montre raisonnable, c'est une bonne chose l'espace d'un instant j'ai eue peur qu'il n'y ai un second blessé dans l'histoire.》

L’humaine en moi n’aurait pas caché son amusement si la douleur n’avait pas été si prenante. Mis à part le mordre jusqu’au sang, la blessure n’aurait pas été très vilaine à mon avis mais le ton bourru du centaure avait presque quelque chose de relaxant, à moins que ça ne soit un effet biologique dû à la douleur qui me poussait à me détendre petit à petit.

Une fois entièrement à sa merci, le Centaure se relève et je ne vois pas trop où nous nous dirigeons mais son pas est sûr et régulier. Il sait où il veut aller, cela se sent et me rassure. Je finis par sentir une odeur qui m’évoque les bords de rives avant d’entendre l’eau couler. De sa main libre, il attrape quelques feuilles sur le chemin et nous arrivons près d’un cours d’eau.  Il prépare les feuilles amassées sur le chemin et l’odeur me prend le nez.  

《- Je t'explique : les feuilles de plantain broyées placées ainsi en cataplasme calme les saignements et facilite la cicatrisation. C'est un remède très connu, il y à aussi le miel mais c'est plus pour les petites blessures. Tu va devoir rester en ma compagnie un petit moment je crois, jusqu'à ce que tu guérisse. 》  

Je comprends ce qu’il me dit, mais imagine-t-il qu’un véritable furet en ferait de même ? Où cherche-t-il simplement à apaiser et calmer l’animal sauvage qu’il pense que je suis ?  

Je pousse un petit cri, en entendant que je vais devoir rester ici un moment. Que vont s’imaginer mes amis devant mon absence ? Ils vont bien se douter que je ne me suis pas évaporée de mon fait ainsi e la dernière chose dont j’ai envie c’est que l’on se lance à ma recherche. Il va falloir que j’arrive à lui fausser compagnie, le plus rapidement possible, mais il faut aussi que je sois réaliste et actuellement, mon état ne me le permet pas.  

《- Je suis Pholos, du clan Lockwood. Et toi qu'est-ce que tu dirais de Owllie comme prénom ? 》

Un nouveau couinement de mécontentement. Je n’apprécie pas ce nom, parce que je n’en ai nullement besoin, parce que bien qu’il ne sache pas que je suis une sorcière, mon naturel prend le dessus.  

Mes petits yeux de prédateur se figent sur son visage. Il a été extrêmement doux et précis dans ses gestes, une technique que nous, sorciers sommes bien loin de maîtriser. Nous aurions tellement à apprendre, j’en suis sûre, auprès d’eux, auprès de son peuple mais les Centaures sont des Êtres bien à part qui ne souhaitent que très peu intéragir avec les miens, ce que je ne peux que comprendre.  

Je décide par conséquent, en réfléchissant à la nature du lien Sorcier-Centaure qu’il est préférable pour moi de rester dans le rôle de l’animal, pour ne pas risquer de perdre son aide, ni de détruire la chance qui s présente à moi d’en apprendre plus sur lui et sur les siens.  

Je me tourne vers le cataplasme apposé sur ma queue et le renifle, avant d’éternuer à trois reprises, secouant ma petite tête à chaque éternuement. L’odeur est forte mais je me sens déjà un peu moins douloureuse, probablement grâce au froid prodigué par la préparation et aux effets de ce végétal.

Je regarde le sol, estimant la distance qui m’en sépare avant de finalement me raviser, je le regarde de nouveau, avant de finalement me décider à grimper sur son avant-bras puis son épaule, me collant contre sa nuque, ma tête posée sur son épaule gauche. Ma respiration se calme petit à petit et mes yeux commencent à se fermer. Le contrecoup me frappe de plein fouet et mes yeux se ferment. Je lutte un temps pour ne pas m’endormir, en vain et je finis par sombrer dans un sommeil sans rêve.  

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Début de 9e année - Veille des vacances la Toussaint 2006 – Entre Poudlard & Pré-au-Lard

C’est l’une des premières nuits que je passe sous cette forme. Epuisée par la journée, les émotions et la guérison qui s’opère, mon sommeil fut extrêmement lourd. Dépourvue du moindre instinct de survie actuellement, tout repose entièrement sur la confiance que j’ai en ce centaure. Même si elle n’est pas aveugle, elle semble suffisante pour que mon petit corps animal se détende assez pour que le sommeil me gagne.  

C’est un sommeil sans rêve qui m’a saisie, lourd, pesant et très peu réparateur mentalement. Dormir dans un corps qui n’est pas le mien en temps normal est une expérience intéressante certes mais inhabituelle. Assez perturbante en tout cas pour que je ne parvienne à trouver le sommeil que durant quelques heures. La nuit était encore bien noire et le soleil loin de vouloir pointer le bout de son nez quand mes petits yeux s’ouvrirent doucement.

Toujours posée sur les épaules du centaure, je baille, faisant claquer ma petite mâchoire, étirant mon corps avant de glisser de ses épaules et de me rétamer sur le sol dans un bruit sourd, ponctuant ma chute par un petit couinement surpris. De mieux en mieux. Comme si le fait de m’être fait grignoter la queue ne suffisait pas, j’avais en plus réussi à faire une belle acrobatie qui m’aurait valu de belles blessures supplémentaires si je n’avais pas été sous cette forme plus souple et résistante d’une certaine manière.

Je prends le temps de regarder le centaure, observant son corps, son apparence, profitant de la chance qui m’est donnée de pouvoir observer de si près un tel Être. Opportunité qui à coup sûre ne pourrait m’être accordée si j’avais été sous ma vraie apparence. Bien que nous ayons déjà étudié les Centaures à Poudlard, j’étais enchantée de pouvoir en rencontrer un en chair et en sabot.

Le temps que la douleur se réinstalle, je regardais sa robe qui me semblait tout sauf classique et le fait qu’il soit seul me surprenne aussi. Pour moi et d’après mes faibles connaissances, les Centaures vivaient en communauté et non de manière solitaire. Après mes connaissances n’en étaient pas tellement, plus des informations assenées sans forcément avoir eu l’occasion d’apprendre et de constater par moi-même. Si j’avais eu ma langue et la capacité de parler, j’aurais posé mes questions, mais je n’ose pas me changer, du moins, pas pour le moment encore. Qu’il accepte de me venir en aide car je suis un animal blessé est une chose, qu’il accepte de venir en aide à une sorcière qui ne s’est pas montrée dès le début en est une autre. Ne connaissant pas sa réaction, je préfère pour le moment garder cette apparence. Je pense pouvoir être en capacité de reprendre mon vrai visage, mais je pense également que c’est un peu prématuré, surtout au beau milieu de la Forêt Interdite. Mieux valait que je le fasse à proximité de l’école, l’infirmerie serait plus facilement accessible et les soins plus adaptés.  

Je me contorsionne pour regarder le cataplasme posé sur mon membre blessé, le reniflant, cherchant à travailler mes nouveaux sens. Je sens l’odeur du sang, mêlé à celui des plantes mais je sens aussi une autre odeur, plus légère, différente et que je n’arrive pas à nommer. Je me tourne dans la direction de l’école, regardant vers le château, commençant à me redresser sur mes pattes arrière avant de rapidement m’arrêter, ne pouvant prendre appui sur ma queue pour me stabiliser, la douleur étant trop importante et ravivée par le mouvement irréfléchi. Je pousse un petit cri aigu, tout en me reposant sur mes quatre pattes, avant de faire quelques pas en direction de l’endroit où je souhaitais aller, me tournant vers lui avant de m’arrêter. Allait-il comprendre ce que je souhaitais faire ?

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Tandis que je m’agite après ma chute, je vois sortir des arbres deux masses géantes qui m’auraient laissées bouche-bée si j’avais été sous ma véritable apparence. Une femme et un homme s’avancent vers le jeune Centaure, la femme ressemble fortement à mon soigneur, qui se prénomme d’après ses dire Pholos. Elle lui donne à manger, et il est vrai qu’étant resté auprès de moi toute la nuit, n’ayant pas pris un moment pour manger il devait avoir faim.

Je regarde, en silence le trio qui semble être une famille, impression qui se confirme quand Pholos appelle l’imposant Centaure papa. Des chamailleries et taquineries qui ressemblent en tout point à notre vie à nous, enfin, quand je pense à na Nôtre je veux bien entendu parler de celles de Sorciers et non de ma famille en particulier.  

J’observe et apprend comment vivent ces Créatures ayant refusé le statut d’Êtres, mais qui semblent cependant bien plus évoluées que nous sur de nombreux points.

Mon sauveur, en plus d’avoir de bonnes compétences en soin infirmier ou plutôt vétérinaire est qui plus est professeur de tir à l’arc pour les plus jeunes. Ils enseignent et apprennent donc, tout comme nous. D’un côté, je ne sais pas trop à quoi je m’attendais, il était, après réflexion plutôt évident qu’ils n’allaient pas naître avec un arc dans les mains en sachant s’en servir.  

La conversation familiale se dirige vers moi et je les regarde en entant le sobriquet de Mignonnet. Je déteste ce surnom mais en tant que furet, il est évident que je risque d’en voir d’autres au cours de mon existence sous cette forme...

《- Il vaut peut-être mieux qu'il reste avec nous le temps que le cataplasme soit renouvelé et qu'il soit rétabli, fils.》

Je pousse un petit cri mécontent. Merci mais non merci papa Centaure, mais ma vie m’attend de l’autre côté de cette forêt et je ne peux rester jusqu’à ma guérison. Je fais quelques pas vers la forêt, me retournant vers eux, faisant quelques pas à leur rencontre avant de repartir, comme un appel au jeu comme le ferais un chien. Je suis tombée bien bas pour être escortée et rentrer chez moi mais je préfèrerai être la plus proche possible de l’école avant de reprendre forme humaine et traverser la forêt seule m’a bien refroidie, depuis l’incident de la veille...

J’espère qu’il m’accompagnera, mais le cas échant, je ne pourrai attendre plus. Je dois rentrer, quitte à finir à l’infirmerie mais je ne peux m’absenter plus longtemps, mes amis vont finir par s’inquiéter et donner l’alerte et je préfère éviter de me faire remarquer plus que nécessaire.

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