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Load up on guns, bring your friends : It's fun to lose and to pretend - Amelia

 :: Londres :: Ouest de Londres :: ─ Mayfair.
Mar 8 Aoû 2023 - 1:29

 
 3 Janvier 2017


Suite de "Ou l'art d'emmerder le monde - Théo & Amelia"

Qu’il demeure en lui une forme d’agacement vis à vis de Théodore n’est pas étonnant. La tension entre eux est à présent gravée dans le marbre et il en a été le burin, Alec ne se fait aucune illusion sur la question. Injuste ? Sans aucun doute. D’autant plus à présent. Le recul est bien là, la colère envers les autres s’est apaisé et qu’il ne passe plus tant ses nerfs sur le premier venu. Mais est-ce vraiment le cas ? Lorsqu’il revient de chasse avec Azalea, au bord de la nausée, l’esprit saturé d’horreurs, incapable de se voir dans la glace sans gerber ses tripes, Alec n’a que cette envie : faire payer. Leur faire payer. Se faire payer.
Une sensation bien habituelle chez le jeune homme. De l’enfant à l’adulte, elle a bercé ses jours et hanté ses nuits. Pourtant porté par les rires échangés avec Warren, Alec n’a pas remis les choses en question. Il aurait pu, a appris à le faire, a assimilé l’idée de voir les autres différemment, de leur accorder une chance, de ne pas les percevoir comme l’ennemi. Les mots de Théo résonnent alors encore, mais Alec s’attache davantage au petit sourire envoyé en douce à Amelia. L’air insolent et l’amusement chevillé au corps.

Qu’on lui en veule pour les dérapages du passé ? Sincèrement, les erreurs de toute une vie pèsent déjà trop lourd. Certaines choses sont remisées, écartées de sa conscience. Il fait le tri, c’est humain. Injuste, mais humain. Impossible d’y survivre autrement.

Alors lorsque Warren s’en va et que la fin de soirée empli de nouveau l’espace de visages hostiles, alors retombent les idées noires.
Quand une femme l’arrête en glissant un “tient donc, le traître Rivers…”, Alec la coupe sans attendre la fin de la sentence “On m’appelle.” Pas plus de réponse que de courtoisie : Alec s’esquive. Il ne manque pas  ceux qui le suivent du regard, s’interroge sur lequel de ces inconnus a été mandaté pour le surveiller et vérifie d’un regard à la ronde qu’il n’a ni famille ni bourreau en visuel lorsqu’il s’évade en silence de la chaleur humide de la soirée.
Il n’y tient plus, la morosité le rattrape et sa vie, celle qui n’existe qu’en sous-texte quand il passe du temps avec Warren, lui manque. Alors le jeune homme s’enfonce dans les jardins, leurs haies bien taillées, les statues aux visages des grands pontes de la medicomagie - un truc de cette famille sans doute - et après quelques regards en arrière, un sort de révélation lancé, dégaine son téléphone. Quelques textos d’Hailey, reçus avec un sourire en coin. Durant toute la soirée, une part de lui a craint de voir le père de la belle blonde se pointer. Mais rien. Alors il réponds, évoque la soirée, discute quelques instants. Puis c’est le téléphone à l’oreille qu’il enchaîne en s’enfonçant plus loin dans les extérieurs des jardins, là où les parterres de fleur laissent place à une parcelle de bois faussement sauvages. Impossible de croire ici que le petit manoir appartient à Mayfair, en plein milieu de Londres. La magie permet bien des choses, surtout chez les sangs purs fortunés.

“Hey.. Comment tu vas ?” Mack, sa femme, au bout ‘du fil’. “.. Ouais. Nan si ça a été. Warren t’embrasse. Il parait que tu lui dois quelques soirées baby-sitting pour abandon caractérisé d’amis dans une soirée chiante comme la pluie. Ah c’est ses mots j’invente pas !” Le sourire reparaît sur son visage tandis que les nouvelles s’enchaînent avec la complicité qui les caractérise depuis l’enfance. “Ca va t’inquiète, t’es pas partie depuis assez longtemps pour que le monde s’écroule. On avance au boulot. Et je crois, je dis bien je crois que mes potes les flics n’ont voulu m’étrangler qu’une quinzaine de fois hier, ce qui est une avancée majeure !” Sa voix l’apaise, ça a toujours été ainsi. “Alors, ces cocotiers ?” L’autre bout du monde, jamais le même, jamais sur les mêmes périodes, tant de précautions qu’ils prennent de peur qu’en partant respirer loin de l’oppression londonienne, Mack soit suivie par l’un des enfoirés qui surveillent sans cesse les moindres faits et gestes d’Alec. “Vous avez fait quoi ?” Pas pour la fliquer… juste pour se projeter. Pour vivre un peu par procuration ces moments de liberté dont Mack a désespérément besoin. Il sait, note la manière dont elle cesse de s’alimenter par moment. Qu’on l’emmerde davantage, parce qu’elle a échappé aux radars. Qu’importe, l’essentiel est qu’elle puisse s’échapper, elle, l’espace de quelques jours.
Et puis vient la question qui lui brûle les lèvres. “… Et comment va notre bombasse ?” Jayden, un nom de code mis en place entre eux. Si Mack a séché la soirée, c’est qu’elle est partie en cachette à l’autre bout du monde retrouver celle qui a partagé leur lit et leur vie durant bien des années. Les nouvelles lui allègent alors autant la poitrine qu’elles lui rappellent que la belle rousse risque bien de ne plus appartenir à son quotidien avant des dizaines d’années. Jamais, sans doute même. Cette rupture qui n’en est pas une, lui pèse de par son injustice, bien plus qu’il ne saurait l’exprimer. “Hey, dis lui..” Qu’elle me manque. “.. De pas trop abuser de toi, je saurais jamais rivaliser à côté.” Les rires des deux femmes se mêlent à l’autre bout du combiné et lui scient les côtes. “Profitez bien.” S’empresse-t-il de conclure, l’attention attirée par une branche qui craque quelque part. Dans son imaginaire, l’ombre d’Azalea plane déjà dans les bois et fait naître dans ses tripes l’angoisse de l’horreur à venir. “Je t’aime. Et pas trop de surfeurs après le repas, ‘faut pas risquer l’hydrocution !” Pas sa meilleure, mais son esprit vagabonde dans les fourrés que son regard analyse sans y voir autre chose que fougères et petits arbustes. Que les filles se retrouvent, c’est le manque qui lui creuse le cœur, pas la jalousie. Ni son genre, ni son fonctionnement.
Lorsqu’il perçoit un nouveau craquement, Alec raccroche précipitamment. Rien d’enregistré dans ce téléphone, numéro masqué qui l’a appelé. Aucun moyen de remonter les pistes. Qu’importe : ça l’angoisse.
Ainsi lorsqu’une ombre le surprend, le garçon sursaute.

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Alec Kaleb Rivers
Break Me If You Can
Alec Kaleb Rivers
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