AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Display Star Wars Unlimited Ombres de la Galaxie : où l’acheter ?
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

[OS] Pleine Lune du 14 décembre 2016

 :: Autour du monde :: Autres Continents :: — USA :: Logement William Jackson et Enzo Ryans
Sam 10 Juin 2023 - 13:24

Spoiler:

Le chant des grillons dans les oreilles, la brise du soir dans les cheveux, sous mes paumes et mes doigts ça n’est pas sa peau que je sens mais la matière de l’épais pull que je lui ai offert l’année dernière pour son anniversaire. Je vivais en Norvège à ce moment-là, où je recollais mes morceaux encore une fois. Lui il était là, prêt à partir pour Chicago pour voir de la famille je crois, c’est pas un message ni un appel qu’il a reçu mais un colis porté par Okar lors d’un de ses derniers vols.
Une autre vie, une parmi tant d’autres, dans les arbres au-dessus de la maison on peut entendre mon vieil Ninoxe d’Australie et ses deux « frangines », Lazy la chouette Effraie de William puis Oracle ma petite Chevêche d’Athena. A baigner comme on le fait dans le monde sans Magie on ne peut pas dire qu’on les sollicite beaucoup mais s’en séparer n’a jamais été une option. Ils sont là, font partie de la famille au même titre que Lune, Wax et Einstein. La première est probablement déjà en chasse, les deux autres sont roulés en boule l’un contre l’autre comme chaque fin de journée. Un putain de zoo perché sur les collines avec pour horizon le Pacifique à perte de vue ou presque. Santa Cruz et Santa Rosa sont deux ombres au-dessus de la surface, ce soir avec la brume on ne les distingue pas vraiment alors que le soleil se couche au fur et à mesure que les heures passent.
J’ai dans le corps et dans le cœur une impatience familière malgré les prémisses de la douleur qui déjà s’invite. Lui sur mes genoux, mes bras qui l’entourent et mon menton posé sur son épaule, je profite de ces derniers instant dans mon enveloppe humaine pour m’imprégner de tout ce qui se dégage de ce moment. Ce qui nous entoure, du ressac au vent dans les branches des arbres, des derniers cris des oiseaux diurnes aux chants des insectes qui s’éveillent avec la rosée du soir. Son parfum, le son des battements de son cœur, sa respiration calme … Ses mains à demi recouvertes par les manches de son pull sont accrochées en douceur aux miennes, son pouce droit caresse le dessus de ma main gauche dans un geste tendre et répétitif. Pas de drame ce soir, pas d’angoisse exacerbée, ça faisait un moment que j’y pensais.

A changer ici, avec lui.

Quiétude qui tremble d’une crispation de mon corps alors que les premières crampes se manifestent et que ma peau supporte de moins en moins le contact. Ma température augmente depuis quelques heures déjà, les sueurs froides commencent à me faire frissonner, le visage plongé contre son cou alors que je serre les mâchoires je sens sa main quitter la mienne pour glisser dans mes cheveux. Ses lèvres, sur mon front. Son regard que je devine non pas inquiet mais concerné. Attentif « Ça arrive ? » J’ai repoussé l’échéance au plus loin que j’ai pu mais cette fois les signaux envoyés par mon organisme sont des plus éloquents. Alors j’acquiesce sans ouvrir les yeux, expire l’air de mes poumons, le laisse se dégager de moi non sans l’envie de le retenir. Si j’ai hâte de laisser place au loup l’humain n’est jamais pressé de quitter sa présence. Nos deux corps se déroulent avec lenteur, ma tête tourne un instant une fois debout et les premiers pas sur les planches de bois de la terrasse sont malhabiles. Une main sur la nuque, les épaules qui roulent, une grimace passe mon visage alors que j’entre dans la maison par la baie vitrée grande ouverte « T’es pas obligé d’aller changer là-bas. » Dans l’espèce d’abri au fond du jardin, à demi caché par la végétation. Je sais qu’il n’aime pas ce truc, je ne l’aime pas beaucoup plus à vrai dire mais au-delà de servir de lieu de stockage pour le Tue-Loup et d’autres Potions il a été utile quand il a fallu contenir Asher et le soigner.
Mains glissées dans les poches ventrales de mon sweat je me retourne, cherche son regard et esquisse un demi sourire en posant mon épaule droite contre un coin de mur « Tu préfères que j’fasse ça au milieu du salon ? » Un peu d’ironie sans la moindre trace d’agressivité « Non mais ... » Mais toi non plus t’as pas vraiment d’autre option en tête pas vrai ? Parce que y en a pas, aucune d’idéale. Ni à l’intérieur de la maison ni dans le jardin, pas plus dans la crique en contre-bas. Faut pas que tu t’en fasses pour moi, ça ira vite, les murs en béton je ne les verrais même pas et puis …

« J’ai pas envie que t’entende ni que tu vois ça. »

… ça, surtout.

Par pudeur, en partie, mais surtout parce que je sais très bien qu’on ne peut pas vivre de façon sereine un tel évènement. Non, on ne peut pas regarder et entendre quelqu’un qu’on aime souffrir autant sans le ressentir soi-même, même avec autant de recul possible sur la situation. C’est rien de grave, un truc qui marque mon quotidien depuis presque cinq ans maintenant et pas loin de deux pour lui que ce soit pour Maxime ou pour moi, mais d’un œil extérieur ça reste impressionnant.
D’une poussée je me dégage du mur et reviens vers lui, passe mes mains sur sa taille et baisse la tête jusqu’à coller mon front contre le sien « J’ai pas envie que tu souffres avec moi. » Ma main droite vient se poser autour de son cou, je caresse sa joue du pouce tout en captant son regard rieur « C’est pas les paroles d’une balade de country ça ? » Je le connais par cœur, je savais qu’il allait me lâcher un tacle rien qu’à voir l’éclat dans ses yeux bleus et à entendre la légère accélération de son cœur.
Je me détache et le repousse en levant les yeux au plafond, demi-tour avec un sourire blasé sur le visage « Putain t’es chiant. » Et sa main me rattrape au vol, me chope par la ceinture et me ramène contre lui pour me voler un baiser. Puis un autre, que je lui rends en sentant chaque cellule de mon organisme s’embraser. Contre mes lèvres je sens son sourire, sa cage thoracique vibre d’un rire satisfait jusqu’à ce qu’on s’enlace sans plus rien dire. Une étreinte douce, des caresses qui le sont tout autant, un murmure de sa part contre les fibres de mes vêtements « Un jour j’trouverai un truc pour atténuer votre douleur. » Je cligne des paupières, regarde au-delà de lui sans rien fixer de particulier si ce n’est le soleil qui se fait dangereusement proche de la surface « Je sais. » Qu’il y parvienne ou non je sais qu’il cherchera jusqu’à l’impasse parce que ça lui tient à cœur. Pour elle, pour moi, et tant mieux si ça peut en aider d’autres.
Lentement je m’écarte, glisse mes mains contre ses hanches jusqu’à laisser retomber mes bras le long de mon corps et faire un pas en arrière en accrochant son regard du mien « J’fais confiance à ta grosse tête. » Toujours « A tout à l’heure. » Un baiser sur sa joue et je fais demi-tour pour traverser la maison dans sa largeur et sortir par l’autre porte. Sur mon visage un sourire amusé, je sens ses yeux bleus flotter sur moi alors que je lui tourne le dos « Tu veux pas au moins me laisser t’regarder te mettre à poil ? » Parce que faudrait pas qu’on reste sérieux trop longtemps. La main sur la poignée je m’arrête, me retourne, retire mon sweat et mon T-shirt en même temps avant de les lui balancer au visage à travers la pièce. Je prends juste le temps d’apercevoir son sourire une dernière fois avant de disparaitre de son champ de vision, dès l’instant où je referme la porte derrière moi les barricades s’érigent.

Je me coupe du monde, concentré, pragmatique.
Détaché, presque froid.
Tout cesse d’exister.


Mes pieds nus foulent l’herbe humide, à l’opposé le soleil a disparu en un éclair comme happé par l’océan. Un battement de cœur, un clignement de paupière, il ne suffit que d’une seconde à peine pour ne plus distinguer sa lumière directe mais il laisse dans le ciel et contre les nuages des ondes de couleurs chaleureuses. Mélange de rose, d’orange ou de rouge, une œuvre d’art offerte par la nature comme si par cette beauté elle pouvait atténuer la douleur.
Epaules voutées, mâchoires et poings serrées, la peau rugit sous les frissons de plus en plus violents mais l’esprit compartimente. En réalité, il se ferme.

Une nécessité pour faire fi de la douleur, une sorte d’autohypnose pour se séparer de son enveloppe corporelle avant qu’elle ne se déchire.

Quelques secondes à peine après avoir descendu les marches et posé les pieds sur le béton je réalise à quel point j’ai perdu l’habitude de me transformer à l’intérieur. Les murs me paraissent trop proches, malgré la maigre déco pour rendre les lieux moins froids et sommaires je retrouve la sensation anxiogène d’être enterré vivant. Un retour en arrière qui me fait perdre mon souffle l’espace de quelques secondes, je m’étais préparé à tout sauf à ça alors que je bute sur la petite table derrière moi. Ça n’est pas si étroit pourtant et la lumière de l’extérieur perce à travers deux larges fenêtres située en hauteur mais j’étouffe.

Un, deux, trois, quatre.

La suite que je me répète mentalement et plusieurs fois à chaque respiration, une technique pour reprendre le contrôle de ces émotions, jusqu’à ce que les rayons de lunes percent au travers de l’obscurité et fasse céder mes jambes. L’odeurs de la terre humide et du lilas font partie de ces petites choses auxquelles je me raccroche en abandonnant mon corps et mes pensées d’Hommes.

A peine le temps de me défaire des dernières parcelles de tissus que déjà mes os craquent, le premier hurlement est silencieux alors que la grande danse de la souffrance prend ses aises. Mes phalanges raclent la surface dur et froide du sol, sur mes genoux je peux y deviner des déchirures tant le sol n’est pas approprié. Mon crane menace d’éclater sous la pression puis ce sont les mâchoires qui craquent et s’allongent quand canines deviennent crocs. Acérés, armes létales, tout comme les griffes qui laissent des marques sur le ciment grisâtre.
Est-ce que de la terre battue serait mieux ? Du bois ? Ces questions s’envolent rapidement quand ma colonne vertébrale s’arque brutalement et que ma cage thoracique s’écarte en faisant craquer chacune de mes côtes. Le cœur pulse, tout comme les poumons il gagne en volume, chaque fois cette impression de crever alors que les muscles, nerfs, tendons, organes et os subissent déplacement, brisure et modification. Ma peau n’est plus qu’un souvenir sous l’épais pelage noir de jais, mes sens sont amplifiés presque brutalement, quelque chose tombe sur le sol et se brise. Aucune importance.

L’espace d’un instant je ne vois plus rien, celui d’après tout est infiniment plus clair qu’importe l’obscurité de la nuit désormais bien installée.

17 minutes. C’est le temps qu’il aura fallu à mon corps pour changer du tout au tout.

17 minutes pour atteindre cette pleine puissance qui envoie des chocs électriques dans tout mon être.

Un grondement sourd de satisfaction roule dans ma gorge alors que je me redresse et m’étire de tout mon long. Les derniers craquements, la réappropriation d’un corps que j’aimerai parfois côtoyer plus souvent, je m’ébroue et retrouve l’extérieur sans un regard en arrière.


Lui il est là, cigarette entre les doigts, une main dans une poche de son jean délavés et déchirés, l’air nonchalant de celui dont le cœur tambourine dans la cage thoracique sans qu’il ne le montre. La dernière fois qu’il m’a vu a signé le début de semaines d’angoisses, ça fait plus d’un an maintenant. A le regarder comme ça, le dos et un pied en appuie contre le mur de la maison, je me demande ce qui se passe dans sa tête.

Est-ce qu’il y repense ? Est-ce qu’il se revoit la tête dans les bouquins du matin au soir et du soir au matin à chercher une solution pour me ramener à mon état d’homme ? Je lui souhaite d’avoir oublié tout ça mais je sais que ça n’est pas le cas, tout comme je n’oublierai pas non plus toutes les fois où j’ai tremblé pour lui. On avance, on dépasse tout ça en essayant de se dire qu’on n’y retournera pas.

Est-ce qu’il a peur de moi ? L’appréhension silencieuse peut être mais de toutes les fragrances qui percutent mes sens la peur n’en fait pas partie. Il le sait, jamais je n’aurai pris le risque de m’approcher si je n’avais pas été en totale maitrise de cette part sauvage de mon être.

Est-ce qu’il y repense à la première fois qu’il m’a vu sous cette forme-là ? On se connaissait à peine, il ne savait pas que c’était moi, déchiré il m’a confié des secrets qu’il n’aurait pas partagés s’il avait su. Pas si tôt, pas comme ça, est ce qu’elle a changé quelque chose cette nuit-là ? Je me revois le pousser vers le château pour le forcer à rentrer, se mettre à l’abri, les mots détournés qu’on a échangé le lendemain matin … Lune me tire de mes pensées en passant entre mes pattes comme si je n’étais pas un potentiel danger létal pour elle et c’est son rire à lui que j’entends percer le silence de l’obscurité. Il n’y a que la lune pour diffuser un peu de lumière et même si mon acuité visuelle est actuellement bien plus claire que celle d’un humain je me perds une seconde sur le contraste de l’extrémité incandescente de sa cigarette. L’odeur du tabac me fait plisser le museau et secouer la tête, elle n’a plus d’importance quand je viens me reposer un instant contre lui. Je ne sais pas si ça représente autant pour lui que pour moi mais sentir à nouveau ses doigts glisser dans mon pelage … ça compte.

La notion du temps qui passe devient abstraite, tout ce que je sais c’est qu’après avoir foulé l’herbe du jardin, le carrelage de l’intérieur de la maison, le bois de la terrasse et la roche et le sable de la plage, c’est l’eau du Pacifique que je sens rouler contre mon poitrail et sous mon ventre. Une sensation particulière mais qui ne m’est pas étrangère seulement bientôt l’appel d’un autre environnement se fait plus fort. Le prédateur réclame le couvert des arbres, le fracas du torrent, l’odeur de la sève et des siens, celle de sa proie.
Un crac sonore mais familier, l’atterrissage n’est pas des plus gracieux mais quelle importance. Un dernier regard, dans le lointain un hurlement grave suivi d’un autre. Une vallée quelque part au fin fond du Canada, de la neige, j’attends qu’il ne soit plus là pour laisser l’homme de côté et embrasser l’animalité.

La liberté dans ce qu’elle a de plus brut à m’offrir.
Celle à laquelle je ne m’abandonne qu’une fois certain de le savoir en sécurité.

Dans le creux du tronc d’un immense Séquoïa est à présent caché tout ce dont j’aurai besoin demain matin quand le froid viendra saisir ma peau fragile, puis le moyen de rentrer. Une fois de plus l’envie est là, évidente, de plus en plus claire : Tôt ou tard je trouverai l’endroit idéal pour ces nuits et ces jours-là.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22478
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Page 1 sur 1
Sauter vers: