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Le tort de naître bâtard - OS

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Ven 21 Avr 2023 - 3:05

 Souvenirs de l'année 2003



26 Aout 2003

Si seulement il s’était agit de la première attaque, sans doute aurais-je eu une excuse pour avoir été si… banal. Je pourrais dire avoir été pris de surprise, mais pour être honnête ça n’était pas le cas. Pas tout à fait du moins.
La première fois, le choc m’avait pris à la gorge sans que je ne vois ni l’agresseur ni l’origine de l’impact. J’avais été mis à terre, la respiration coupée. Je me souviens pourtant d’un sensation étrange, ce courant électrique qui passe dans vos nerfs et souffle un frisson glacial le long de la nuque. A cette période, j’étais seul au château, avec quelques enseignants qui passaient pour entretenir les lieux, préparer quelques cours ou s’occuper des créatures et des serres. Moi, eux, les elfes, et les animaux. Moi et cette vieille dame de pierre qui au fil des ans, devenait ma seule véritable amie dans le climat écossait. Ou londonien, ce qui revenait peu ou prou à la même chose.
Un instant, j’avais cru que le saule cogneur avait réussi à m’avoir. L’après midi avait été consacrée à ça. Des jeux de rapidités, l’entraînement en situation véritable jusqu’à m’assurer de maîtriser un sort de magie noir que, bien sûr, je n’étais pas censé connaître. A un moment, je le parierai, deux elfes de maison s’étaient assis à distance pour observer la scène. Étrangement, on fonctionnait bien ensembles. Comme la goule dans le grenier, sans doute. Et comme avec elle, lorsque le premier choc me mis à terre, je pensais naïvement à mes frères. Une pensée absurde, pourquoi l’un d’eux serait-il revenu à Poudlard ? Pourquoi qui que ce soit y serait revenu d’ailleurs. J’étais seul. Un enseignant alors ? Certains s’étaient mis à me donner quelques cours particuliers, d’autres m’enfonçaient d’autant plus… ne récoltant dont qu’un incessant et obtus acharnement à prouver au monde à quel point ils ne méritaient de recevoir le statut d’enseignant dans une école comme Poudlard. Le seul qui aurait pu me prendre en traître ainsi était Anthony Walters. Un apprentissage efficace, violent mais méritant.
Mais il ne s’agissait pas de lui. Qu’il s’agisse d’une cape d’invisibilité ou d’un sortilège de dissimulation, j’ai été assez lent et apathique pour le laisser m’atteindre. Lamentablement, je me souviens de m’être fait laminer avant que Woods n’intervienne. Sorti de nulle part, comme s’il me surveillait déjà depuis des heures, il a résolu le problème mais aucun assaillant n’a été capturé.
Pas plus que traîné en justice.

Pourtant, j’en suis certain, Woods l’a vu.

Il est certain que j’aurais dû comprendre. Pitoyable gamin que j’étais, je n’ai pas une seconde envisagé que si le respecté directeur de Poudlard n’avait fait remonter l’agression jusqu’au ministère, c’était qu’il se trouvait lui-même dans une position délicate : pris en étaux entre deux familles aux puissances si ce n’est égalées, du moins non négligeables. Pas quand on est à la tête d’une école subventionnée par l’un et supportée par l’autre. Pas quand un seul pas de travers vous vaudrait un aller simple à Azkaban. Ça, je l’ai probablement compris une fois assis à la place de cet homme que j’ai toujours respecté. Trop sans doute.
Je n’avais pas quinze ans la première fois. Inepte buse.

Quelques mois plus tard, les liens se sont faits seuls. Presqu’à mes dépens.

14 Octobre 2003

La sensation était de retour. Un frisson électrique dans la nuque. Au Nord de pré-au-lard, en soirée, personne ne s’aventure tant dans les collines et les monts environnants. Pourquoi donc s’en priver ? La foule à Poudlard me devenait invivable et j’avais besoin d’air. Besoin, surtout, de faire redescendre la tension qui me lacérait les tempes et manquait de déverser dans chaque esprit faiblard des lames assassines d’une légilimencie que j’affirmais contrôler. Pieu mensonge. Ou expié mensonge, plus sincèrement. J’espérais. Je m’en convainquais. Mais rien n’était plus faux que ça. Sinon jamais je n’aurais été perdu dans les collines à chasser je ne sais plus quelle bestiole pour un test d’une potion pour un devoir à rendre. Bien sûr la potion demandée n’était que la version bien plus basique que celle que j’avais en tête mais je n’ai jamais été particulièrement bon à faire ce qu’on me demandait. D’autant plus quand il s’agit de me prendre pour un arriéré.
Et pourtant, force est de constater… Qu’il ne faut pas être spécialement cortiqué pour manquer une information pareille : on avait tenté de me tuer. La cicatrice du sortilège de découpe laissé sur ma gorge était encore sensible à ce moment. Quoi que je n’ai jamais été particulièrement bon pour prendre soin de mes plaies non plus. Une tentative de meurtre, donc, qui se répéta.
Le frisson.
En un instant, cette fois, je réagissais. Le tueur, Landen Buckner, fut sur moi en quelques secondes. Coup de chance pour moi, de malchance pour lui, j’avais de la poudre de mica sur moi. Pris d’une toux, il s’est surtout pris d’un rire clair et vif en laissant le sort se dissiper.
“Après tout, qu’est-ce qu’un visage dans les yeux d’un mort ?” Voilà ce qu’il a dit, le visage brillant des éclats de cristaux, les poumons à vif, les dents noircies de suie. Des mots qui m’ont glacé sur l’instant, qui m’accompagnent toujours à présent. “Pas de directeur, cette fois, pour sauver le petit bâtard.” Et le sourire s’est agrandit. Il s’est agrandit jusqu’à devenir le centre de l’univers. Il s’est agrandit jusqu’à ce que de lui naisse une plaie béante dans un esprit faible et malléable. J’aimerai dire que j’ai voulu agir ainsi. Que je suis entré en lui comme une lame, que j’y ai lacéré son âme jusqu’à ce qu’elle ne soit que les lambeaux d’un homme qui aurait un jour cru assassiner Logan Rivers.

J’ai eu peur.
J’ai seulement eu peur.
De la lame, du grenier, de la goule. Pire encore ; peur des conséquences. Peur de moi. Peur de ce que j’avais fait. Car bien avant de fouler cette psyché, j’en avais violé une autre.
Jonathan Humblelily

C’est son visage qui m’est apparu par brides, des pensées arrachées à l’esprit originel, des éclats de souvenirs, des parcelles d’une chose qui ne m’appartenait pas mais qui me concernait directement. De cet homme, je comprenais la directive d’assassinat, perpétrée quelques mois plus tôt. Peut être même y avait-il eu d’autres attaques auxquelles j’avais pu réchapper sans m’en rendre compte. L’idée me fit l’effet d’une stalactite dans le fond de la gorge. Mais du second… Oh, du second j’en avais extrait une information bien plus sensible. La raison même de ces attaques. Casey - son fils - n’était qu’un bâtard.

C’est ironique non ? A part son père, le cadavre de sa mère - qu’est-ce qu’un visage dans les yeux d’un mort ? - quelques complices sans doute, et moi, tous ignoraient cette si banale vérité. L’héritier est un bâtard. L’héritier n’est rien d’autre que mon reflet. Atroce et distordu. Qu’on s’entende, c’est le mien qui l’est. Lui n’est rien d’autre que la figure de proue de sa famille. Choyé, encadré, poussé, élevé. Il est ce que je serais si ma mère n’avait pas été …
Il est ce que je ne suis pas.

Il est le bon bâtard. Et je suis le mauvais. Celui qu’on assassine pour la sécurité du premier. Amusant non ? Car une fois de plus pourtant, je n’avais ouvert les lèvres auprès de personne. Quel intérêt ? Pourquoi abattre mes cartes avant même de savoir jouer ?

Sans doute n’a-t-il pas eu le tort de naître légilimen.

Ces pensées m’ont traversé l’esprit comme un fouet claque dans l’air. Mais sans doute était-ce le mien qui s’emparait seulement de sa cible. Aucune précision, aucune aptitude à ferrer une image précise. Je percutais ses pensées comme le saule aurait voulu me frapper. Emporté, brutal… décharné. Comme ces petites branches fines qui vous fouettent à sang. Comme une trique. Un jonc. Une badine.
L’autre, sans doute, a tout de suite saisi le parallèle. La distorsion de son visage à cet instant m’est gravée dans les pupilles. La suite, pourtant, n’appartient qu’à mes tympans.
En un instant, mon don frappait le vide.
En un instant, j’avais perdu la vue.

Perdre un sens est une chose horrible en soi. Le monde ne vous apparaît plus tel qu’il devrait. D’hostile, il devient monstrueux. Tout est danger. Et de fait, ce jour-là, tout l’était bien.
Mais en perdre deux ? Il n’y a rien de plus atroce. C’est particulièrement ironique quand on sait à quel point je méprise cette malédiction qui m’a fait monstre parmi les hommes. Malgré tout, en cet instant, une panique ronde m’a saisi. Je n’étais plus ni monstre, ni homme, ni sorcier. Je n’étais même plus un gosse. J’étais une cible. Un animal acculé, misérable, exposé au vent et aux sorts. Cerné par le vide et ce rire fou que le type crachait dans un hoquet de fureur. A peine ais-je eu conscience de ce qui s’était dit alors mais j’en saisissait l’essentiel : il fallait que l’agression soit crédible. Il fallait que je sois crédible dans mon rôle de victime complaisante d’un crime de haine. Ou d’un simple vol, qu’importe. Mais la haine, ah ! Voilà qui me convenait bien. Voilà qui convenait bien à ce que le monde percevait de moi.

La haine, donc, se serait.
Et la haine se fut.

Je ne saurais dire combien de fois je mordis la poussière, tenant fébrilement ma baguette comme si je pouvais en faire quoi que ce soit. L’autre en riait bien, m’assénant sorts et coups jusqu’à faire craquer mes os et crisser les graviers sous mon poids. Je me souviens des ronces auxquelles je me suis agrippé, des cris qui m’ont échappé, de la sensation poisseuse du sang s’écoulant hors de mes veines et d’un talon percutant ma tempe. Je sais chaque silex entaillant mes genoux, chaque gargouillis surprenant ma gorge. Je sais la peur.
Alors j’ai lancé ce que j’avais sous la main. Des potions. Des flacons. Des livres. Une pitoyable tentative désespérée pour… pour quoi d’ailleurs ? Mes bras tremblaient, mes coudes pulsaient, mes yeux me semblaient révulsés dans mes orbites et je suis persuadé qu’il y avait dans ma bouche une sensation de taillade qui ne me semblait pas anatomiquement cohérente. La peur, donc. Encore.

Déjà.

Et l’autre qui riait. Pire encore ! “Je suis navré mon garçon. Mais il faut avouer que le spectacle est saisissant.” Le bâtard Rivers en proie à la panique, étalé, tremblant, réduit à jeter piteusement quelques pierres et quelques fioles.
Et ce, jusqu’à ce qu’une semelle ne crisse entre le verre et la roche.
Que je connaisse sa position.

Si près de moi que j’aurais dû sentir son souffle.

Le sort s’est éructé hors de ma gorge, il a vrombit dans mes veines, a formé une saccade dans ma baguette. J’avais quinze ans. Il me faudra bien des années avant de retrouver cette sensation et d’en saisir l’essence.
Il est amusant de penser que ce jour-là, j’ai confondu deux sorts. La magie noire a ce défaut d’être obscure. Ironiquement. Surtout pour un adolescent l’étudiant sans l’accord ni de ses enseignants, ni de sa famille, ni même de la loi. Mais cette dernière n’avait déjà plus corps sur moi depuis que mon père avait intercédé auprès de son sous directeur de frère pour que la trace me soit enlevé. Leeroy était en passe de monter au poste le plus élevé de la justice magique, le nom Rivers étant ce qu’il est, tout ça n’était qu’une formalité. Et puis, comment mon père aurait-il pu m’utiliser, si j’étais limité dans mes aptitudes ? Alec a peut être raison de nommer cette famille une mafia, après tout.

Pendant un instant - un long et intenable instant - j’ai cru l’avoir loupé. Seul le vent sifflant dans les frênes répondait aux battements affolés qui fracassaient alors mes côtes.
Et puis la vue m’est revenue, la douleur avec elle. Je n’ai pas mis longtemps avant de me lever et de rejoindre le corps. L’espace m’agressait. La lumière, les bruits, le silence et ce vrombissement incessant qui me bourdonnait aux tympans. J’avais mal. Comme si mes globes oculaires s’apprêtaient à exploser sous le poids d’une tension inconnus. Un sort, peut être.
Je n’ai compris qu’après.
Quand en rejoignant l’homme geignard au sol, je l’ai retourné pour lui faire face. Que mon esprit s’y est enfoncé comme un chien de chasse enfin lâché face à sa proie.

J’ai pas compris. Véritablement. Pas durant les deux premières secondes du moins. C’est énorme, deux secondes, lorsqu’on vous fait subir l’horreur ou qu’on vous taillade l’âme, croyez-moi, il n’y a pas mieux placé que moi pour le comprendre. Mais après ces deux secondes, il y en a eu deux autres, puis deux suivantes, lors desquelles j’ai aimé ça plus qu’aucune chose. Mon esprit n’était plus que marrée fracassée sur les rochers. Il engloutissait chaque fente, chaque faille, se déversait de toute la rage, toute la peur, tout le mal qui battait dans mes os.
Quatre secondes durant lesquelles j’ai voulu le réduire à néant.
Quatre secondes.

Puis j’ai réagit, fermé les yeux, me suis basculé en arrière et ait bredouillé quelques sorts qui ne sont pas venus. Il a fallu cinq tentatives pour qu’enfin, l’homme soit immobilisé.
Et bien deux heures avant que je retrouve le contrôle de mes émotions ; donc de mon don.
La nuit était tombée alors. Entre les frênes et les monts, pré-au-lard perçait la nuit de quelques tâches éparses.

Les bras autour du corps, j’ai fini par battre des paupières et me suis levé. Autour de moi, livres et débris faisaient peine à voir et j’ai voulu ramasser l’ensemble de mes affaires. Ce n’est qu’à cet instant, en rejoignant le corps entrelacé de liens, que j’ai compris.

Landen Buckner n’était plus là. Pas qu’il soit si mal en point, mais pour un légilimen, un esprit fracturé n’est rien de plus qu’une tâche de couleur sur une toile blanche. Même sans mon don, l’évidence ne m’aurait échappé. Landen contemplaient le vide, les lèvres entrouvertes, ne déglutissant à rythme anarchique. Ses iris avaient pâlis mais le plus marquant demeurait ses pupilles. Dilatées. Deux tâches noires. Aussi visible pour moi que pour n’importe quel autre.
Fixe.
Dramatiquement fixes.

J’ai anéantis cet homme. Je ne l’ai pas voulu. A peine ais-je compris comment je m’y étais pris.
Je ne l’ai pas regretté. Et pour être honnête, j’ai aimé ça.

Landen Buckner est resté dans les monts pendant deux jours. Le temps pour moi de me remettre - le type pouvait attendre - et préparer l’incursion que j’ai eu l’arrogance de prévoir en ville. Au final, c’est lui qui m’a convoqué, Jonathan Humblelily. Lui qui m’a accueilli, si l’on peut dire. Lui qui a pensé diriger l’entretien.

Mais j’ai posé une montre à gousset ensanglantée sur le bureau et clarifié les choses. Landen ne serait pas le dernier qu’on m’enverrait, je l’avais compris depuis longtemps. Depuis mes deux heures à méditer face aux collines.
Alors j’ai joué la meilleure carte à ma disposition : mon nom. Non pour ma propre existence, car celle-ci, j’en ai toujours eu une pragmatique et atroce conscience, n’a pas grand poids dans la balance. Mais celle de mon frère aîné. Austin n’a jamais été un allié pour moi, mais il faut avouer qu’il m’a ce jour rendu un fier service.
J’ai dit que le tueur l’avait attaqué au même titre que moi. Non qu’il ait été blessé, le pauvre ère aurait été assommé au début de la débâcle.
J’ai dit lui avoir cadenassé la mémoire.
J’ai dit que cette dernière lui reviendrait si malheur m’arrivait.
J’ai dit bien des choses avec un aplomb glacial et le pire des sourires que cette situation m’inspirait.

La peur, oui, me ceignait les veines. Mais l’excitation, surtout, les brûlait plus fort encore.

Alors nous avons aboutit à un accord. Chacun d’entre nous resterions en retraits, muets comme des tombes jusqu’à ce que celles-ci ne s’abattent finalement sur nos peaux blafardes. Je le tenais. Qu’importent les termes du contrat, je tenais la famille Humblelily au creux de ma paume.
Mais on n’abat pas ses cartes avant de savoir jouer, n’est-ce pas ? Alors j’ai attendu.
Bien sûr j’admets avoir usé de cet atout quelques fois au cours de ces dernières années. Je ne suis pas Woods. Je ne m’écrase pas.

La chose amusante, quand on y repense, c’est que Jonathan a dû avoir durant ces dernières années bien des espoirs que ma tombe ne voit le jour avant la sienne. Les Supérieurs, les attaques, l’emprisonnement.Les emprisonnements. Tout portait à croire que je serais le premier à rejoindre les vers.
Mais le premier ne fut ni moi, ni Jonathan. Mais Austin.
Tombé par ma main.

Pour Aileen, j’ai tranché ma propre gorge.
Je sais parfaitement que rien n’empêche Humblelily de reprendre ses macabres promesses. Qu’il vienne. L’adolescent n’est plus. Ses tueurs seront bien reçus.

Rien, donc, ne me retient plus de croiser le bâtard aux reflets si élégamment harmonieux.

Honorable, légitime et méritant. Le sale privilégié et décent petit bâtard dont la simple existence m’aurait valu la potence.  
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M. Logan Rivers
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