Intel & Friendship ▬ Warren

Lundi 28 Novembre 2016
Cardiff, Pays de Galles
Vers 21h

Ventura, la veille au soir
Heure locale

Les bruits de fond sont nombreux, habituels, apaisant dans leur régularité pour la plus part. L’océan, en bas, qui va et vient inlassablement comme un métronome ou une berceuse. La respiration lente et profonde des chiens couchés l’un contre l’autre dans leur coin préféré du salon. Le ronronnement de Lune sur mes genoux et la voix étouffée dans la télé branchée sur un documentaire animalier. Le frigo qui se met en marche de temps à autre, les doigts de Liam qui claquent sur le clavier de son ordinateur là haut à l’étage. Le vent dans les feuilles des arbres, le cri percent d’un oiseau nocturne qui traverse le ciel au dessus de la maison ou du jardin. Les propres battements de mon cœur, calmes, toujours plus rapides et irréguliers que ceux d’un humain qui ne partagerait pas son sang avec une autre partie de lui-même.
Assis dans le canapé, pieds nus croisés au niveau des chevilles sur la table basse et une main dans le pelage immaculé de Lune j’ai les yeux clos. L’attention ici et là, pas vraiment focalisée sur quoi que ce soit, les sens occupés à capter toutes ces choses qui forment mon quotidien. Les sons, les odeurs. Lorsque mes paupières s’entrouvrent à peine je devine un zèbre traqué par un groupe de lionnes dans a savane, là, face à moi. Ça ne réveille pas le prédateur, ça ne réveille pas plus l’humain, même si mes pensées vont et viennent elles ne se braquent ni sur Solàs ni sur le piège dans lequel on s’est naïvement et stupidement engouffré la veille. Il va bien, c’est tout ce qui compte, ça et le fait que mon esprit pragmatique et blindé de sang froid y voit un pas de plus vers celui qui nous fait tourner en rond depuis des mois. Son attitude a changé, lui aussi prend des risques, j’ai dans les veines cette sensation que le dénouement n’est pas si loin.

Le vent pousse de sa caresse quelques morceaux de papiers jusqu’à les faire tomber au sol dans un froissement qui n’a rien d’agressif, pourtant c’est en sursaut que je retrouve l’intégralité de ma conscience. Le rythme cardiaque accélère un instant, ça ne dure qu’à peine, Wax s’étire tout en restant couché sur le flanc. Lune et Einstein n’ont qu’à peine bougé une oreille. Dans l’écran le zèbre n’a pas survécu mais sa mort permet à une famille entière de lions de se nourrir, leurs crocs et leurs museaux tâchés de sang feraient frémir de peur n’importe qui.

23h30. Je suis claqué, à peine éveillé, on a passé une bonne journée. Lune râle pour la forme quand je l’attrape sous les côtes pour la soulever, elle se rendort sitôt déposée sur l’assise du canapé. Non sans avoir décalé son corps de quelques centimètres pour s’installer à ma place pour profiter de la chaleur que mon corps y a laissé. Wax lève la tête, suit mes mouvements sans bouger, pas vraiment intrigué simplement attentif. Einstein ronfle, le sourire qui étire mes lèvres est amusé. Ma main droite glisse sur le dessus de l’ilot de la cuisine, mes pieds traînent sur le sol, je lance un truc chaud avant de partir faire le tour de la maison une dernière fois. Pour les chiens, ou peut être juste pour regarder l’eau de la piscine ondoyer sous les raies de lumières, ma confiance en la sécurité des lieux ne me pousse pas à vérifier quoi que ce soit.
Le mug est chaud entre mes doigts quand je monte les escaliers, les chiens sont couchés. La lumière perce par l’entrebâillement de la porte, l’odeur de la clope n’en sort pas grâce à un sortilège. A l’intérieur de cette pièce il fait ce qu’il veut, c’est son espace, j’y entre sans frapper et dépose la tasse à côté de son clavier. Un sourire sur ses lèvres, ma main qui entoure son cou, mon pouce qui glisse contre sa nuque « J’vais m’coucher. » Sa tête penchée en arrière, ma main gauche sur son front pour dégager ses boucles trop longues j’y dépose un baiser « J’finis juste un truc. » Sa main attrape la mienne, nos doigts s’entremêlent un instant « Fais c'que t’as à faire. » Un dernier sourire qu’il ne voit pas mais devine, ses lèvres qui embrasse ma paume, nos doigts glissent les uns contre les autres jusqu’à ce que je sois trop loin pour qu’on puisse encore se toucher. La douceur du quotidien, des gestes anodins, la suite n’est qu’un enchaînement habituel, répétitif. Presque un rituel. La montre et la chaîne sont posées sur la table de nuit, je regarde mon reflet dans le miroir sans vraiment le voir alors que je me brosse les dents et passe de l’eau sur mon visage. Puis la serviette. Les volets se ferment d’un moulinet du poignet, la baguette est posée juste à côté de la petite lampe – à portée de main. Porte fermée, vêtements posés sur le dossier d’un fauteuil ou dans le bac à linge sale, le corps glissé sous les draps frais. Tête sur l’oreiller, côté gauche, aucune pensée parasite quand je ferme les yeux.

Aucune notion de l’heure quand je sens sa peau contre la mienne. Son torse contre mon dos, sa main qui passe de ma hanche à mon ventre puis mon bras jusqu’à ce que nos doigts s’entremêlent. Un baiser sur mon épaule, un autre sur ma nuque, Morphée s'invite à nouveau.

Ω

Pourquoi cette ville ? Pourquoi ce pub ? Je n’y ai foutu les pieds qu’une fois, avec Jo, en début d’année quand tout foutait le camp autour de nous. Pas que ça ne soit plus le cas mais ça n’est plus pour les mêmes raisons. Alors je ne sais pas pourquoi ici, sans doute parce que le lieu m’a inspiré la sécurité, un truc suffisamment loin de la Capitale sans être trop compliqué à rejoindre. Au moins pour Warren qui n’a pas à traverser l’océan cette fois, ni la largeur du continent Nord Américain. Chacun son tour.
Mains dans les poches, la baguette et le portable jamais bien loin, je marche sous la pluie sans m’arrêter devant l’un des statues en forme de loup que j’avais repéré déjà la dernière fois. Sur le mur d’enceinte du château. Il fait nuit, froid, humide, je ne rabats ma capuche qu’une fois à l’intérieur et laisse mes sens, mon instinct, analyser les lieux avant d’aller m’installer sur une banquette où on vient me demander ce que je veux boire. Cours ce matin, cours cet après midi, si ici c’est le soir ma journée Californienne n’en n’est qu’à la moitié mais c’est une bière ambrée qu’on dépose devant moi au bout de quelques minutes. Manteau accroché à l’extrémité de la banquette, portable entre les mains, en attendant Warren je m’occupe comme la majorité de ceux de ma génération : En répondant à des messages ou en checkant des trucs pour la plus part inutiles sur internet.

Lundi 28 Novembre, le soir.


Inspirer. Expirer. Tout allait bien se passer. Il ne savait pas si c’était l’adrénaline qui prédominait, l’envie d’y retourner ou de rester auprès de sa famille dans un quotidien loin d’être parfait, mais où il risquait moins sa vie. Il allait bientôt faire comme certains de ses petits camarades et aller en Roumanie, dans les Balkans. En plein cœur d’une guerre, comme si ici, ils n’en avaient déjà pas assez. Il avait essayé de se renseigner au maximum sur ce qui se passait vraiment là-bas pour ne pas qu’écouter les rumeurs, les bruits, les « réalités » débitées par certains. Avoir un point de vue c’est bien, en avoir plusieurs qui n'étaient pas forcément dans le même camp c’était encore mieux. Quelque part, l’idée d’aller sur le terrain lui plaisait, d’autres part il craignait aussi certaines rencontres. Et s’il voyait Kezabel, ou un autre de ses amis qui était dans le camps adverse, comment est-ce qu’il pourrait agir ? A quel point est-ce qu’il serait surveillé par les Supérieurs pour vérifier qu’il était droit dans ses bottes ? Il ne se voyait pas blesser d’anciens camarades et pourtant, c’était logique, il en rencontrerait certainement si la Garde était là-bas – et elle y serait-. Il soupira fortement et ferma les yeux quelques instants, il ne voulait pas penser à cette option mais lorsque celle-ci semblait à peu près s’évaporer, une autre venait à son esprit : s’il crevait là-bas, par ce que c’était une option là aussi qui était plus que possible, qu’est-ce que deviendrait Nicholas ? Bien sûr, l’enfant ne manquerait de rien, il le savait Mily, leurs familles ferait tout pour lui… mais c’est plus ma façon de l’élever qui lui brûlait les tripes. S’il disparaissait, il n’y aurait plus de garde-fou, plus personne pour essayer de limiter l’impact de leurs propres éducation. Mily essayerait certainement au début, mais elle se laisserait finalement prendre dans le tango infernal de leurs familles, et Nicky finirait comme eux. Et ça, c’était encore plus insupportable que de risquer de blesser un ami. Après tout, blesser, il pouvait se débrouiller pour que ce ne soit pas grave, faire croire qu’il avait juste mal tiré – sous le coup de l’émotion-, ou une autre connerie dans ce genre, trouver un juste milieu pour ne pas trop se compromettre mais pour ne pas faire du mal à ses camarades. Et c’était bien là le plus compliqué, il ne savait combien de temps est-ce qu’il allait encore pouvoir tenir comme ça, tiraillé. Combien de temps avant que quelqu’un ne comprenne ? Il donnait tout, aussi bien au travail qu’avec les Supérieurs, pour ne pas trop se faire repérer. Il détestait ce qu’il faisait la plupart du temps, loin de son idée de la Police, et c’était sans compter la plupart des missions. Mais, se disait-il, au moins, il était au centre des choses et pouvait aider plus ou moins ses amis. Comme avec Alec, comme peut-être avec Enzo aujourd’hui… il l’espérait du moins – et il avait oublié totalement l’épisode Emma-.

Se mordillant un peu la lèvre, pensif, il regardait ses affaires pour savoir ce qu’il pourrait bien prendre pour la Roumanie. « Il fait plus froid là-bas non ?» demanda-t-il à un Mily qui venait d’entrer dans leur chambre, elle haussa les épaules d’un air un peu contrit visiblement elle aussi peu satisfaite à l’idée qu’il parte… Plus par peur qu’il ne revienne pas ou par ce qu’elle n’avait pas envie de gérer leur fils plusieurs jours de suite entièrement seule ? Il déposa un baiser sur les lèvres de sa femme avant de rajouter « Allez va te reposer, je vais coucher Nicky et après je file avant d’être en retard.  Je rentre pas trop tard.» Il fronça les sourcils avant de se rappeler quelque chose et alla chercher son sac et en sortit un livre « Ce que tu m’avais demandé ! Bonne lecture !»

Un petit moment plus tard, l’enfant endormi, la femme en pleine lecture il avait pu sortir pour aller rejoindre Enzo. Il avait quand même pris le soin de transplaner plusieurs fois pour être certain qu’on ne le suivrait pas. Il avait juste dis qu’il sortait avec des « potes » boire un coup à Mily et elle n’avait pas semblé chercher à en savoir plus, certainement trop fatiguée par ses journées et sachant que lui aussi avait besoin de décompresser. Enfin, les quartiers Moldus, il jeta un coup d’œil à sa montre, il était à l’heure - ou presque-, il n’aurait de quelques légères minutes de retard, à peine 5 s’il se dépêchait ce qui n’était pas trop mal. Il trouva sans mal l’endroit où se trouvait Enzo et lui dédia un sourire chaleureux sincèrement heureux de voir une vraie tête amie, amicale, qu’il appréciait sincèrement. Il n’en restait pas moins qu’il restait un peu nerveux sur le sujet, sur ce qu’Enzo avait à lui demander, il espérait pouvoir lui dire oui. « Hey Ryans ! Comment tu vas ?» et beaucoup plus bas qu’il soit le seul à l’entendre « T’as bonne mine pour quelqu’un qui a autant de décalage horaire !» Petit clin d’œil avant de s’installer en face de lui et de regarder quelques instants la carte.

L’attente n’est pas longue, je n’ai qu’à peine le temps de répondre à une connerie envoyée par mon mec que l’instinct me fait relever les yeux pour croiser ceux de Warren. Ça me fait toujours un truc, quelque chose qui s’estompe rapidement pour laisser place à la simple joie de le revoir mais qui je ne peux pas occulter. Comme s’il avait un halo d’obscurité autour de lui, associé à son sort, sa vie, que je ne comprendrais jamais vraiment. Les barreaux fictifs de sa cage dorée. Ça ne se perçoit pas dans mon attitude, pas le temps puisque ça disparait en un éclair pour laisser place à un sourire alors que je recule le haut de mon corps jusqu’à ce que mon dos se pose contre la banquette.

« Hey Ryans ! Comment tu vas ? » Premier réflexe : Regarder autour de nous pour vérifier que personne ne se retourne en entendant mon nom. Paranoïa ou présomption, peu importe, je ne tiens pas à prendre le moindre risque.
Alors oui, je t’en veux pas mon pote mais si tu pouvais éviter de brailler mon nom à qui veut l’entendre je me porterai un peu mieux. Paumé au milieu de Cardiff en plein quartier Moldu, peu de chance, mais ça n’est pas comme si les Sorciers étaient le seul danger pour les gens comme moi. Et pour moi directement. Un truc que j’ai tendance à oublier alors ma vigilance est sans doute rappelée à l’ordre ce qui n’est peut-être pas plus mal « T’as bonne mine pour quelqu’un qui a autant de décalage horaire ! » Un clin d’œil de sa part, comme souvent, il s’installe en face de moi « C’est l’amour ça. » La faciale, la fameuse.

J’ai sur le coin des lèvres un sourire presque sournois, tout ça n’est rien de plus que de l’humour évidemment même si mon quotidien aujourd’hui a dû effacer les signes de fatigue au fil du temps. La maison, le taf, je m’y épanouie suffisamment pour être capable de laisser le reste de côté y compris ce qui m’amène ici ce soir. Au-delà d’avoir envie de revoir un ami, bien sûr, même si nos situations respectives rendent ce genre de moments compliqués et presque contre nature d’un certain point de vue. On porte des œillères pour ne pas se confronter à la réalité, à se parler de nos vies comme si tout était normal « Ça va c’est gérable, t’es ma pause du midi. » Qui me rappelle d’ailleurs que j’ai la dalle et c’est comme si les odeurs de bouffe qui flottent dans le pub avaient attendues ce moment précis pour venir envahir mes sens.
Fish’n’Chips, ragouts, burger et j’en passe, je peux identifier un large panel de plat ou d’ingrédients parmi les volutes d’alcool et plus spécifiquement de bière. Blondes, blanches, brunes, ambrées et aromatisées. La friture couvre à peine la sueur, certains ont abusé du parfum … Ou n’en ont pas mis assez. Ça parle de rugby, de femmes, de boulot … Un brouhaha qui pourrait m’agresser mais duquel je me détache pour me concentrer uniquement sur Warren.

Je le regarde et Poudlard me parait bien loin, la relation qu’on avait à l’époque était un peu différente je crois. J’étais plus jeune, il avait cet instinct protecteur vis-à-vis de moi qu’il a peut-être toujours mais qui ne s’exprime plus de la même manière maintenant que notre différence d’âge semble moins importante. Pas dans les chiffres bien sûr mais en terme d’expérience de vie, de maturité, quelque chose dans ce genre-là.

« J’vais bien, et toi ? »

Parce que non je ne suis pas venu uniquement pour essayer de choper des informations.

Je sais qu’il est capable de me mentir en me regardant droit dans les yeux en me disant que tout va bien, de se mentir à lui-même sans doute aussi, ou bien alors je suis moi-même naïf et surtout dans le rejet quant au fait qu’il puisse réellement être heureux. Je sais, c’est injuste, mais je crois qu’une partie de moi ne pourra jamais accepter de le voir dans ce monde-là.

Rester calme ou du moins essayer un maximum même s’il avait beaucoup trop de choses en tête, même s’il se posait beaucoup de questions sur ce que voulait Enzo. Et cela l’inquiétait un peu pour son ami. Est-ce qu’il avait des soucis ? Beaucoup de choses sans réponse, mais il allait certainement en savoir une bonne partie assez rapidement. Il avait donc salué son ami, un peu trop enthousiaste et ne réalisa son erreur que lorsqu’il vit la tête que faisait Enzo, il fronça les sourcils, un instant avant d’arborer une mine désolée. Il ne pensait pas que ça poserait souci dans un coin aussi paumé, il avait essayé de plaisanter un peu comme si cela pouvait détendre l’atmosphère.  « C’est l’amour ça. » Il eut un léger rire amusé. « Ah ouais. Ça te va si bien, alors !» Silence de quelques instants, avant qu’il ne prenne la peine de souffler à peine perceptible un petit « Désolé.» pour sa petite introduction maladroite.

Alors, comment est-ce qu’ils devaient se comporter aujourd’hui, les deux amis ? Qu’est-ce qui leur était permis ou pas vu la situation dans laquelle ils se trouvaient, Warren n’avait pas vraiment envie de répondre à cette question et préférait donc seulement faire passer le positif. Après tout, n’étaient ils pas simplement de jeunes gens à la vue parfois un peu compliqués mais avant tout des amis. Et les amis, ça se raconte leur vie, ça prend des nouvelles, il avait donc préféré commencer à cette option. Tout en sortant toujours quelques conneries ci et là, oui, ça serait parfait et surtout ça le changerait un peu, il pouvait être enfin lui-même ! « Ça va c’est gérable, t’es ma pause du midi. » Il eut un léger rire et ne put s’empêcher de répliquer « Heureusement que le décalage est grand, sinon un jour tu vas finir par me dire que je suis ta pause de 5 à 7h, et je ne voudrai pas à avoir à repousser tes avances et risquer de te briser le cœur... au moins ça, ouais.» Trop de bêtises et de plaisanteries dans la même phrase mais c’était aussi sa manière de décompresser. Pour oublier, ce qu’il pouvait voir à longueur de journée et qui lui donnait bien souvent la nausée. Pour juste passer un bon moment, loin de toutes ses merdes Londoniennes. « J’vais bien, et toi ? » Vaste question, hein ? Difficile à y répondre en plus, par ce que lui-même pouvait difficilement le qualifier. On ne pouvait pas dire que ça allait, pas dans le sens où les autres l’entendaient même si au final ça allait par rapport à ce que ça pourrait être. Il se sentait toujours lui-même, il arrivait toujours à surnager, même si parfois il avait l’impression de couler à pic, de se débattre pour rien. Qu’il finirait pas y laisser sa peau, d’une manière ou d’une autre. Et il ne voulait pas être comme ces connards de Supérieurs, les vrais, les Durs, les étroits d’esprit. Ceux qui répandaient le mal dans ce monde, ceux qu’il voulait combattre de l’intérieur. Alors, il est vrai que la réponse de Tveit ne fut pas spontanée, comme s’il réfléchissait sincèrement à la réponse apportée. Il y avait des débats qu’il ne voulait pas  en plus mettre sur la table. « Humm… Et  bien je crois que pouvoir dire vu la situation, ça va pas trop mal ! » Il ne pouvait pas être plus sincère, mais clairement la précision du « vu la situation » montrait clairement que ce n’était pas non plus un vrai « ça va ». « Tu passeras le bonjour à ton Jules, d’ailleurs !» Quelques instants de silence, avant qu’il ne reprenne la parole « On regarde ce qu’on peut bouffer, si t’as faim et…. Et tu me dis ce qui t’emmènes ?» Tout pour ne pas trop parler de sa situation quitte à passer pour quelqu’un de rustre et d’indélicat. Ce n’était pas bien grave. Tout était mieux que de parler vraiment de lui, même être un connard.

« Heureusement que le décalage est grand, sinon un jour tu vas finir par me dire que je suis ta pause de 5 à 7h, et je ne voudrai pas à avoir à repousser tes avances et risquer de te briser le cœur... au moins ça, ouais. » Ben voyons « Un jour à force de faire le malin comme ça c’est moi qui vais te briser le cœur espèce de couillon. » T’en fais pas pour le mien, il est bien accroché « Et sois pas si sûr de toi. Si j’essayais vraiment de te choper j’suis pas certain que tu résisterais. » L’assurance dans un regard et l’index droit pointé vers lui, tout ça n’a rien de sérieux on le sait très bien tous les deux. Pas que je ne puisse pas le faire craquer, j’ai suffisamment confiance en moi pour admettre que j’ai quelques atouts, mais que l’un de nous tente quoi que ce soit.
Mon avant bras retrouve la table, j’entoure le verre de mes doigts et retrouve un semblant de sérieux « J’vais bien, et toi ? » Est ce que je vais vraiment bien ? Je crois que j’ai pris le pli de compartimenter et c’est ce qui me permet de ne pas me laisser trop embarquer dans les émotions que me provoquent la situation pour les Lycans. Je dis pas qu’il n’y a jamais de loupé parce que c’est faux mais dans l’ensemble j’arrive à faire la part des choses. Comme si j’avais deux vies, un truc que je fais depuis un moment maintenant en réalité. Est ce que ça n’est finalement pas un peu logique quand la dualité fait partie de son quotidien ?

Mais Warren ? Peut être que lui aussi en est arrivé à ce stade là et à vrai dire c’est tout le mal que je lui souhaite. Je vois qu’il prend le temps de la réflexion, je ne sais pas trop ce que ça veut dire mais je le lui laisse ce temps. J’imagine que c’est important, qu’il en a peut être besoin lui même pour y voir clair car on ne se pose pas toujours la question. Rarement en réalité.

« Humm… Et  bien je crois que pouvoir dire vu la situation, ça va pas trop mal ! » Un entre deux, une sorte de juste milieu, c’est un peu ce que j’en déduis. Un truc sincère pour le moins, comme il dit, vu la situation « Tu passeras le bonjour à ton Jules, d’ailleurs ! » Juste un signe de tête de ma part pour acquiescer, un sourire, je ne me vois pas vraiment lui dire de saluer sa femme pour moi. De toute façon même si j’en avais l’intention il ne pourrait pas, pas après avoir dû lui inventer je ne sais trop quelle excuse pour s’évader ce soir sans qu’elle ne sache où ni avec qui. Dangereux pour lui, dangereux pour moi « On regarde ce qu’on peut bouffer, si t’as faim et…. Et tu me dis ce qui t’emmènes ? » Entrer dans le vif du sujet, ne pas tourner autour du pot, j’ai joué carte sur table avec lui dans mon message. Pas envie de le prendre en traître ni de l’utiliser « Ça m’va. » La paume à plat sur la table je la glisse jusqu’à la carte pour l’ouvrir et jeter un œil à ce qui se fait ici. J’ai ma p’tite idée, olfactivement j’ai déjà repéré deux ou trois trucs mais je me lance dans le classique burger alors qu’on vient prendre notre commande.

Le téléphone rangé dans une poche j’en profite pour passer mes doigts contre ma baguette et lancer autour de nous, en toute discrétion, un sortilège d’Assurdiato. Une question de sécurité évidente, tout comme la proximité immédiate de ma baguette si je dois disparaître et toutes les issues de secours que j’ai repéré dès l’instant où j’ai mis les pieds dans ce pub. Une gorgée de bière, je repose mes coudes sur la table et croise mes mains sur le bois en penchant légèrement le buste vers lui « J’vais pas y aller par quatre chemins, tu sais que j’suis impliqué dans tout ce qui se passe pour les Lycans. Que ça me tient à cœur. » A ma façon, avec les armes dont je dispose, même si je sais que ça me met en danger et que ça bouscule mon quotidien et celui de mes proches je ne peux pas laisser tomber « Le mois dernier le Gouvernement a embarqué des dizaines de personnes ayant été mordus et dans le communiqué qu’ils ont dévoilé ce mois ci après la Pleine Lune ils ont dit qu’il n’y avait aucun survivant. » Mon regard est calé dans celui de Warren, le ton est sérieux sans être trop grave. Tout ce que j’expose ce sont simplement des faits, des infos qu’il a forcément déjà puisqu’elles ont été dévoilées à tous ceux qui voulaient bien les entendre. Simplement parce que ces pourritures se posent en sauveurs de la population « Statistiquement ça me paraît impossible, à moins qu’ils les aient liquidé eux même. » Sur la quantité de personnes embarquées et même si survivre à une Morsure est loin d’être garantis, ils n’ont pas pu tous ne pas passer au travers. Je ne peux pas y croire.

« Je sais que t’es pas sur ces affaires là mais on sait jamais, un bruit de couloir, un collègue trop bavard ... » Une phrase qui reste en suspens alors que je bouge les mains sans réellement m’en rendre compte. Une façon supplémentaire de m’exprimer, d’illustrer mes paroles, les renforcer ou les rendre plus claires. Rien qu’une façon de communiquer « Est ce que d’après toi il y a des survivants ? » Toi qui les côtoie au quotidien, qui les vois manœuvrer, qui adopte leurs codes et leurs façons de procéder « Et si c’est le cas qu’est ce qu’ils ont l’intention de faire d’eux ? » Je ne m’attends pas à un miracle mais j’aurai au moins essayé.

Oui, il était vraiment content de voir Enzo, il n’y avait aucun doute, c’est bien pour ça qu’il faisait aussi quelques petites blagues. C’était une façon comme une autre de lui faire comprendre qu’il l’appréciait sincèrement au cas où son camarade ait le moindre doute. Lorsqu’Enzo reprit la parole, il pencha un peu la tête sur le côté, plus amusé qu’autre chose. « Un jour à force de faire le malin comme ça c’est moi qui vais te briser le cœur espèce de couillon. » Possible ? Non… quoique, même si son cœur était accroché à lui aussi, des fois, il ne le comprenait pas spécialement son myocarde, alors tout était peut-être possible. « Et sois pas si sûr de toi. Si j’essayais vraiment de te choper j’suis pas certain que tu résisterais. » Il eut un léger rire amusé. « Qui c’est ? T’imagines, tu pourrais dire que tu m’as dévergondé.» Les mecs, ce n’était de toute manière pas son truc à Warren, et ils le savaient tous les deux, mais il n’avait jamais été fermé à tenté une expérience un jour. Ce jour n’était juste pas encore arrivé… alors dans la théorie, C’est Ryans qui avait plutôt raison.

Et puis, malheureusement pour lui, même s’il fallait s’y attendre, il y avait eu la question qui fâche un peu. Ou du moins, celle qui n’était pas vraiment simple à répondre. Il avait déjà connu pire, bien pire que ça, mais dire qu’il allait vraiment bien/qu’il était heureux serait faux. Heureusement, qu’il arrivait encore à voir ses amis et qu’il y avait son fils pour égayer un peu sa vie et pour ne pas le faire totalement sombrer. Il n’avait pas spécialement envie de lui mentir, ni d’aller trop dans les détails, et encore moins risquer de l’inquiéter, il avait donc tenté la méthode « ça va vu la situation ». Ce qui restait assez proche de la vérité, Enzo ne pourrait pas vraiment détecter de mensonges là-dessous, juste peut-être que c’était plus compliqué d’ailleurs. Est-ce que c’était la peur de devoir plus rentrer dans les détails qui l’avait fait un peu partir dans tous les sens ? Possible, mais il avait essayé de détourner un poil -oui un poil- l’attention en rentrant dans le vif du sujet. Déjà, par ce que ça le stressait et qu’il espérait pouvoir aider son ami et qu’il craignait au final d’être encore une fois totalement inutile. Un grand connard tout juste bon à obéir aux ordres des Supérieurs, mais les mains liées lorsqu’il s’agissait d’aider ses potes. Voilà, comme il se voyait, même si la situation était en réalité beaucoup plus nuancée que ça, il faisait toujours son possible pour frôler les limites lorsqu’il y avait certaines choses injustes. Comme avec Andromeda où il était resté dans son rôle et où il avait galéré à essayer de lui faire comprendre certaines choses. L’air de rien, Tveit regardait aussi son menu, bien conscient qu’Enzo devait percevoir son stress, le plus âgé ne savait pas encore trop ce qui se jouait, mais par contre la dangerosité était bien là pour tous les deux. Peut-être encore plus pour Warren lorsqu’Enzo aurait fini de parler. « J’vais pas y aller par quatre chemins, tu sais que j’suis impliqué dans tout ce qui se passe pour les Lycans. Que ça me tient à cœur. » Il opina un peu, le Tveit.  « Le mois dernier le Gouvernement a embarqué des dizaines de personnes ayant été mordus et dans le communiqué qu’ils ont dévoilé ce mois ci après la Pleine Lune ils ont dit qu’il n’y avait aucun survivant. » Cette fois, il fronça un peu les sourcils, il essaya de se remémorer s’il y avait quelque chose qu’il avait pu entendre là-dedans, mais forcément, on le tenait bien à l’écart de ce genre d’informations, à savoir les vraies informations. « Statistiquement ça me paraît impossible, à moins qu’ils les aient liquidé eux même. » Ou qu’ils soient retenus quelque part pour X ou Y raison ? La plupart des morts s’étant trouvés en monde Moldus peut-être voulaient-ils avoir des informations….Mais ça ce n’était pas le plus à avoir avec la magie. S’ils étaient toujours en en vie, il y aurait toujours quelque chose d’autre. « Je sais que t’es pas sur ces affaires là mais on sait jamais, un bruit de couloir, un collègue trop bavard ... » Il opina doucement. Ouais, un petit verre avec certains collègues pourraient l’aider à en faire parler, l’air de rien.  « Est ce que d’après toi il y a des survivants ? Et si c’est le cas qu’est ce qu’ils ont l’intention de faire d’eux ? »» Warren se gratta un peu la joue, l’air pensif, mais plus par ce qu’il essayait de mettre de l’ordre dans ses idées qu’autre chose. Est-ce que dans son Ministère, il pourrait trouver des informations où alors est-ce qu’il devrait aller auprès d’autres collègues. Il eut une pensée amère pour Ana, elle devait peut-être savoir des choses, la grognasse… mais d’elle, il n’obtiendrait certainement pas grand-chose. « La prochaine pleine lune est quand ?» dit-il en braquant enfin totalement son regard sur  Enzo « Ils seront peut-être un peu plus sur les dents, juste avant. Stressés par ce qui peut arriver, leur sécurité et compagnie.» Il laissa passer quelques instants « Je vais voir ce que je peux faire, Enzo, mais j’te promets rien. On se méfie déjà de moi en temps normal… alors pour ce genre d’affaires, je crains que ce soit pire… mais, j’irai boire un coup avec quelques anciens camarades de Poudlard.» Silence, avant qu’il hausse les épaules « Je ne sais juste pas qui serait exactement au courant, mais j’apprendrais peut-être quelque chose d’intéressant.» Bien sûr, il y aurait eu d’autres options… Jessen ? Mais s’était se tirer une balle dans le pied d’essayer quelque chose. Blackblood ? Erf. Flippant et dangereux. Les « anciens » de Poudlard avec qui il buvait parfois des coups, lui semblait quelque chose de plus raisonnable pour remonter petit à petit le filon.   « Mais, effectivement, ça me semble bizarre qu’ils soient tous morts. Ces… prisonniers étaient plus moldus, sorciers ? Si tu sais quelque chose c’est une information qui pourrait m’être utile.» il se mordilla un peu la lèvre, il pensait toujours qu’ils seraient plus Moldus… ce qui pourrait expliquer leur exécution et qu’ils soient déclarés comme morts. «Je pense, que je ne vais trop rien t’apprendre en disant que beaucoup des attaques ont eu lieu dans le monde Moldu. Je suppose qu’ils vont vouloir en savoir plus. Essayer de trouver la source de départ. Peut-être que les Moldus ont été exécutés, mais les sorciers, je n’en suis pas si sûr que ça. J’avoue que leurs décisions me paraissent parfois sans queue ni tête… mais, j’sais pas, peut-être qu’ils veulent aussi en faire des armes. Avec un Impero, beaucoup de choses sont possibles… Ils peuvent aussi vouloir s’en servir pour… remonter certaines filières qui veulent protéger les loup-garous. Voir qui est impliqué dans ces aides. Pourquoi pas se dire que la garde est liée à tout ça. Tu vois, j’ai beaucoup d’idées mais je ne sais pas si l’une ou plusieurs d’entre elles sont vraies. » il eut une petite moue qui signifiait clairement qu’il était désolé de ne pas pouvoir l’aider plus à l’heure actuelle, même s’il comptait bien investir réellement.

« La prochaine pleine lune est quand ? » Tic tac l’horloge interne, plutôt au calme pour le moment « Dans 16 jours. » Précis et sans hésitation, le calendrier lunaire devient aussi imprimé et automatique que l’était le calcul des fuseaux horaires à l’époque où je passais mon temps à sauter des uns aux autres « Ils seront peut-être un peu plus sur les dents, juste avant. Stressés par ce qui peut arriver, leur sécurité et compagnie. » Les images qui me viennent sont sombres, vestiges de souvenirs mêlés à une imagination trop précise quand je les imagine continuer à s’amuser comme ils le faisaient à Poudlard.
D’expérimentation en torture le panel est bien trop large et les geôles bien trop solides pour que ces tordus s’inquiètent réellement. J’essaie de me tempérer, d’y voir un peu de positif en me disant que dans le lot il y en a peut être des plus humains que d’autres mais je crois qu’il y a trop longtemps que j’ai perdu foi en cette partie de l’humanité. Trop vu, trop subi, ça me serre autant le cœur que les tripes d’imaginer ce que ces femmes et ces hommes, ces Lycans, subissent et vont continuer à subir s’ils sont effectivement toujours en vie.

Est ce que l’envie de foncer dans le tas et de fracasser des portes se manifestent parfois ? Étrangement pas tant que ça, peut être parce que j’arrive à garder une certaine distance du fait qu’il s’agit d’inconnu, mais il y a ce truc dont je suis certain : Il n’y aura pas d’hésitation si je me retrouve face à l’un d’eux. Leur vie n’a pas de valeur à mes yeux, pas alors qu’ils détruisent et méprisent celles de temps de personnes.

« Je vais voir ce que je peux faire, Enzo, mais j’te promets rien. On se méfie déjà de moi en temps normal… alors pour ce genre d’affaires, je crains que ce soit pire… mais, j’irai boire un coup avec quelques anciens camarades de Poudlard. »

C’est nous tes anciens camarades de Poudlard. C’est ce qui me traverse l’esprit alors que j’acquiesce sans rien dire, sans rien exprimer de particulier par le langage corporel non plus. A l’intérieur de l’école il y avait encore un statut plus ou moins égal, on était tous des élèves malgré les allégeances de certaines. Aujourd’hui c’est différents, les camps sont clairs et définis, l’ennemi matérialisé parfois en la personne d’un type ou d’une nana avec qui t’as partagé les mêmes cours ou la même maison. Une génération entière divisée et poussée une moitié contre l’autre, c’est putain de triste non ? « Je ne sais juste pas qui serait exactement au courant, mais j’apprendrais peut-être quelque chose d’intéressant. » Un autre hochement de tête, une gorgée de bière puis deux, c’est comme si l’air du Royaume Unis m’oppressait déjà. Pas chez moi, ça ne l’a jamais été, ça ne le sera jamais « Mais, effectivement, ça me semble bizarre qu’ils soient tous morts. Ces… prisonniers étaient plus moldus, sorciers ? Si tu sais quelque chose c’est une information qui pourrait m’être utile. » Entre mes deux sourcils la ride du lion s’invite, signe de concentration alors que je recule mon dos jusqu’à ce qu’il touche la banquette derrière mois « Ils viennent tous d’une petite ville de Non-Magiciens donc à priori la grande majorité doit l’être. Peut être quelques sorciers dans le lot j’en sais trop rien mais apparemment personne n’est intervenu avec de la Magie. » Avant de Niall et Benjamin débarquent, surtout avant que les chiens du Ministère débarquent. Et puis celui dont tout est parti n’était pas sorcier non plus « Je pense, que je ne vais trop rien t’apprendre en disant que beaucoup des attaques ont eu lieu dans le monde Moldu. Je suppose qu’ils vont vouloir en savoir plus. Essayer de trouver la source de départ. Peut-être que les Moldus ont été exécutés, mais les sorciers, je n’en suis pas si sûr que ça. J’avoue que leurs décisions me paraissent parfois sans queue ni tête… mais, j’sais pas, peut-être qu’ils veulent aussi en faire des armes. Avec un Impero, beaucoup de choses sont possibles… Ils peuvent aussi vouloir s’en servir pour… remonter certaines filières qui veulent protéger les loup-garous. Voir qui est impliqué dans ces aides. Pourquoi pas se dire que la garde est liée à tout ça. Tu vois, j’ai beaucoup d’idées mais je ne sais pas si l’une ou plusieurs d’entre elles sont vraies. » J’encaisse, j’engrange, s’il y a des possibilités auxquelles j’ai déjà pensé d’autres sont nouvelles et n’ont rien pour me rassurer à vrai dire. L’ongle du pouce gauche coincé entre les incisives je regarde le vide entre nous deux sans réagir tout de suite, juste quelques secondes de silence avant de me pencher de nouveau vers la table.

Dans tout ça quel est le pire des scenarii ? Le plus dangereux ? Le plus immoral ? Ils le sont tous sans exception et je n’ose pas imaginer ce qu’il se passerait s’ils décidaient de se créer leur petite armée.
Et si tout ça venait d’eux, depuis le départ ? Encore un moyen de se faire passer pour les gentils alors qu’ils créent eux même le chaos sans se soucier une seconde des conséquences sur des êtres humains qu’ils broient comme s’ils n’étaient rien.

« Tout ce que je sais c’est qu’ils sont capables de tout. » Surtout du pire « Prends pas de risques inutiles, te lance pas dans un truc qui pourrait te retomber dessus. » Le sourire est mince mais il est là, parce que c’est un ami que j’ai face à moi et je ne me le pardonnerai que difficilement s’il devait lui arriver quelque chose parce qu’il aura franchi une limite dangereuse dans le but de m’aider « Mais tes idées sont très plausibles. » Il se passera quoi s’ils essaient de remonter jusqu’à nous ? Ça ne sera pas beau à voir.

« Personne ne se manifeste côté sorcier ? Pour les familles qui ont un Lycan parmi eux j’veux dire. » Coude droit posé sur la table j’attrape un dessous de verre qui traîne et le fait tourner entre mon pouce et mon index.

C’était le genre de situation, où il fallait quand même être un minimum pragmatique s’ils voulaient agir vite et bien. Il acquiesça doucement à l’annonce de la date de la prochaine pleine lune. Ca lui laissait quand même quelques jours pour tenter de s’organiser un peu. Pour l’instant, il ne voyait pas bien comment est-ce qu’il allait pouvoir faire pour avoir des informations vraiment utiles sans que ce soit trop flag. Il aurait moins au le temps de murir tout cela. Il espérait pouvoir trouver un « maillon » faible avec qui il pourrait parler de tout et de rien, aborder rapidement le sujet comme si c’était une chose des plus normales avant de braquer vite le projecteur sur autre chose. Vraiment un sujet banal auquel il ne s’intéressait pas plus que ça. Oui… ca pourrait peut-être le faire. Dommage que Melvin ne soit pas dans le secteur, il aurait pu faire parler son cousin facilement vu comme il était con comme une pigne. Des Melvin, il devait il y en avoir de toute manière quelqu’uns autres. Il suffisait de chercher au bon endroit, et de les faire un peu trop boire. Simple dans la théorie, pour délier les langues, dans la pratique c’était quand même d’un autre niveau. Pour Enzo, pour les lycans, il ferait quand même tout son possible. Néanmoins, il ne voulait pas faire de fausses promesses à son ami, il essaya donc de rester le plus terre à terre possible en lui expliquant en deux-trois mots son idée. D’autres élèves de Poudlard qui avaient plus ou moins grandi dans le même cercle que lui, et/ou qui bossaient à présent pour le Ministère, ça ne semblerait pas forcément des plus suspects ; il le faisait de temps en temps, même si ce n’était pas forcément les gens avec qui il avait envie de passer du temps, c’était toujours mieux que rien et surtout ça donnait une impression qu’il entrait un peu plus dans le rang. Et si possible, il avait besoin d’informations complémentaires pour tenter d’orienter ses recherches au mieux , alors lycans ou moldus, voire peut-être les deux ?

« Ils viennent tous d’une petite ville de Non-Magiciens donc à priori la grande majorité doit l’être. Peut être quelques sorciers dans le lot j’en sais trop rien mais apparemment personne n’est intervenu avec de la Magie. »
« J’essayerai de voir si je trouve des rapports plus détaillés.»

Il opina doucement. S’il n’y avait que des Moldus, leur survie était certainement encore plus comptée… mais ça pouvait peut-être aussi une opportunité pour trouver LA source, le point de départ, ce qu’il essaya d’expliquer à son ami. Certes, il n’avait pas beaucoup d’informations, mais, il en savait tout juste assez pour arriver à coller quelques morceaux, faire des suppositions. Difficile d’être plus précis quand il ne comprenait pas son Gouvernement et que les décisions que celui-ci prenait lui donnait plus envie de vomir qu’autre chose. Malgré tout, il avait déjà pensé à tout cela, c’était plus fort que lui, peut-être pas peur qu’Enzo se fasse un jour avoir… et qu’il puisse tenter d’agir au mieux, le plus rapidement pour son ami. Peut-être par ce que c’était de l’injustice et qu’il aurait vraiment voulu pouvoir aider plus. Il savait qu’il n’était pas très diplomate dans ses dires, qu’il aurait pu essayer d’y aller avec plus de douceur, mais si le temps était compté, il n’en avait pas vraiment l’occasion d’autant plus que Ryans savait exactement de quoi ces pourritures étaient capables. Pas besoin d’embellir le tableau, d’essayer d’être optimiste. Ça serait plus contre-productif qu’autre chose.

« Tout ce que je sais c’est qu’ils sont capables de tout. Prends pas de risques inutiles, te lance pas dans un truc qui pourrait te retomber dessus. » Même s’il acquiesça, même s’il ferait attention, en l’aidant Tveit prendrait toujours un certain bon nombre de risques, et il se connaissait s’il était sur une piste qui pouvait vraiment aider, faire avancer les choses qui sait comment est-ce qu’il pouvait réagir ? Il avait parfois l’envie de plus agir et de moins réfléchir. S’il n’y avait pas eu Nicholas, le risque aurait encore été plus grand, mais depuis que son fils était né, il essayait vraiment de ne plus agir sur un coup de tête même si c’était bien souvent compliqué. « Mais tes idées sont très plausibles. »
« Malheureusement oui, c’est plus que plausible, c’bien le souci… Et ne t’inquiètes pas, je compte voir mon fils grandir alors je vais essayer de ne pas trop faire le con sur ce coup-ci. Mais, des risques il y en aura toujours, surtout sur un sujet qui divise autant et sur lequel on ne veut visiblement pas trop me mettre. Je ferai mon possible. L’avantage, c’est que je ne sais rien, ton nom ils le connaissent déjà, ils savent qu’on est amis. Dans le pire des cas, ils ne pourront pas remonter bien loin à cause de moi.»

Même nulle part. Et s’il avait essayé de dire ça d’un long léger comme pour montrer que dans le pire des cas, ils pourraient continuer sans lui, il y avait une part de vérité et de sincérité là-dedans. Surtout, il ne voulait pas en savoir plus, par ce que ça serait beaucoup trop dangereux pour ses camarades, pour ceux qui se battaient pour la cause Lycane. Comme il essayait de penser à tout ce qui pouvait se passer, il se disait réellement que ça ne freinerait pas trop ce « groupe », si groupe il y avait.

« Personne ne se manifeste côté sorcier ? Pour les familles qui ont un Lycan parmi eux j’veux dire. »
« Il y a bien sûr des gens mécontents, notamment avec les nouvelles mesures pour l’achat des potions.» il n’avait pas pu s’empêcher de lever les yeux au ciel, un peu excédé par cette connerie « Après, j’ai entendu des gens qui râlaient qui posaient des questions… mais pour l’instant pas plus que cela niveau sorcier. Ca viendra certainement bientôt, ou alors ils étouffent même au sein du Ministère ce genre d’informations. Si ça se trouve, ils m’ont même supprimé des souvenirs.»

Il haussa un peu les épaules, désolé de n’avoir que ces réponses là à lui fournir. Petite moue confuse avant qu’il ne prenne, enfin, quelques gorgées de sa boisson.

« Malheureusement oui, c’est plus que plausible, c’bien le souci… Et ne t’inquiètes pas, je compte voir mon fils grandir alors je vais essayer de ne pas trop faire le con sur ce coup-ci. Mais, des risques il y en aura toujours, surtout sur un sujet qui divise autant et sur lequel on ne veut visiblement pas trop me mettre. Je ferai mon possible. L’avantage, c’est que je ne sais rien, ton nom ils le connaissent déjà, ils savent qu’on est amis. Dans le pire des cas, ils ne pourront pas remonter bien loin à cause de moi. » Un flot de mots, d’informations dont certaines me font grimacer intérieurement. La désinvolture avec laquelle il balance qu’il compte bien voir grandir son fils fait grimper mon taux de culpabilité de 100 % et je me demande ce que je fous ici. Des risques il en prend quoi qu’il arrive et j’essaie de ne pas tout ramener à moi parce que je sais, je vois, que derrière sa capacité à s’adapter à cette vie il est toujours le même. Un type peut être paumé mais qui  n’a pas oublié ses amis qu’importe leur statut ou le camp qu’ils ont choisi. Je n’ai pas choisi la Garde, je me suis choisi moi, j’ai choisi les Lycans qui se font marquer au fer rouge depuis des mois. J’ai choisi la tolérance, l’humanité, jusqu’à me sentir supérieurs à eux je n’ai pas honte de le dire.
Et puis il y a ça : Ton nom ils le connaissent déjà. Le frisson que je ressens lorsqu’il prononce ces mots là est teinté de deux ressentis. D’abord la peur, je n’en suis pas immunisé. Ensuite c’est autre chose de plus sournois, presque une sorte de satisfaction de les avoir marqué comme je l’ai déjà fait. A la limite de l’envie de recommencer. Un truc qui s’estompe dès l’instant où il mentionne l’impossibilité de remonter très loin. C’est vrai qu’il ne sait pas où je vis, pas plus que je ne sais où se trouve sa baraque, mais avec ces ordures et tout ce que peut faire la Magie je ne parierai jamais là dessus. Si la vigilance n’est pas maladive elle est constante et si ça me fait frémir une seconde c’est parce que ça n’implique pas que moi. Les autres Lycans bien sûr mais également ma famille et par là je n’entends pas celle du sang. J’ai appris par la violence qu’ils savent frapper là où ça fait le plus mal pour vous atteindre, en s’en prenant à ceux que vous aimez. J’oublie pas non plus que lorsque je prends des risques ils tremblent pour moi et trouver un juste milieu, un équilibre pour les préserver sans aller contre moi même, ça n’a rien de simple.

« Personne ne se manifeste côté sorcier ? Pour les familles qui ont un Lycan parmi eux j’veux dire. »
« Il y a bien sûr des gens mécontents, notamment avec les nouvelles mesures pour l’achat des potions. » 

Là est tout l’enjeu, celui de réussir à garder le réseau secret tout en faisant profiter un maximum de concernés de ces alternatives. C’est le risque de mêler à ça ceux qui sont déclarés, heureusement ils … On est très peu dans cette situation. Le dossier confidentiel de Ben a été effacé, le mien aussi même si ça ne change pas grand-chose, je ne crois pas connaître d’autres Lycans déclarés et tant mieux. Je trouve ça triste, parfois j’aimerai qu’on puisse le prôner haut et fort sans avoir à trembler ni ressentir la moindre honte mais ce jour là n’est clairement pas près d’arriver « Après, j’ai entendu des gens qui râlaient qui posaient des questions… mais pour l’instant pas plus que cela niveau sorcier. Ça viendra certainement bientôt, ou alors ils étouffent même au sein du Ministère ce genre d’informations. Si ça se trouve, ils m’ont même supprimé des souvenirs. » Ma main droite joue avec la salière, sur mon visage passe un tic nerveux qui fait tressauter ma lèvre supérieur tandis que je regarde dans le vide entre nous deux.
Tout pour que ça aille dans leur sens et pendant ce temps là des gens crèvent dans leurs geôles. Je ne me voile pas la face, s’il ne s’agissait pas de Lycans je ne me sentirait pas directement concerné et parce qu’il ne s’agit pas de personnes dont je me sens proche je garde de la distance. De l’empathie j’en ai, parfois plus qu’il en faudrait à mon bien être d’ailleurs et c’est pour ça que je suis obligé de prendre du recul sur la situation et les autres mais m’en détacher totalement ? Impossible. Je n’en ai de toute façon pas la volonté, je crois qu’on a tous besoin d’une cause à défendre. Un truc qui nous tient à cœur. Pour moi il y a ça puis l’océan, principalement les requins c’est vrai et je pourrais presque encore entendre ce mot résonner dans ma tête. Samaritain. A vouloir se battre pour les causes non pas perdues mais celles qui n’ont pas tellement l’attention et l’affection du grand public. Quoi que ça puise vouloir dire d’ailleurs.

Un soupir délasse mes trapèzes, je passe mes lèvres l’une sur l’autre et pince la bouche sur le côté une seconde avant de retrouver le regard de Warren. A mon tour de hausser les épaules parce que je ne sais pas quoi lui dire de plus. Le peu qu’il peut m’apprendre je prends, la suite … On fera comme on pourra en tachant de pas se faire happer par la mécanique en marche.

« Parfois j’ai l’impression qu’on se bat contre un rouleau compresseur. » Un rire sec secoue mon thorax, il est amer « Ils auront l’air bien con quand ils auront supprimés tout le monde et qu’ils n’auront plus qu’à se taper dessus sous peine de crever d’ennui. » Peut être qu’ils se rendront alors compte qu’ils finiront quoi qu’il arrive par se retourner les uns contre les autres parce que c’est dans leur nature mais j’espère qu’on en arrivera pas là parce que ça voudrait dire qu’on aura tous disparu. Non, ça n’arrivera pas, si on arrête d’y croire ça ne sert plus à rien et je sais qu’on est beaucoup trop nombreux à défendre de bonnes valeurs pour en arriver là.
Dans tout ça j’ai pas envie de blesser Warren évidemment mais j’admets ne pas prendre de pincettes avec ce monde qui est aujourd’hui le sien. J’aurai pu être à sa place, marié à Elizabeth et des marmots dans la foulé si tant est qu’on se soit assuré que je ne transmette pas ma tare … Parfois, souvent en réalité, je me dis que c’est une implosion qui changera les choses. Quand eux mêmes, ceux qui sont à l’intérieur et se taisent, décideront enfin de foutre le feu.

« Comment va Nicholas ? Il grandi bien ? »

Le sourire revient, plus chaleureux, surtout il est sincère. A quoi bon continuer à parler de choses qu’on ne peut pas changer dans l’immédiat ? J’suis pas venu ici juste pour ça.

Oui, il le savait, il parlait certainement avec beaucoup trop de désinvolture de sujets aussi grave que… et bien sa vie. Oui, bien sûr, il ferait attention à lui, il n’avait pas encore de pensés suicidaires. Il pèserait tous les risques qu’il prendrait Warren, mais il ferait aussi son possible pour apporter un maximum d’informations à son ami. Il devait juste trouver les bonnes personnes à qui s’adresser, arriver à faire une conversation basique et… ce genre de choses, ce n’était pas simple mais il pourrit y arriver, en espérant qu’il tomberait sur au moins une ou deux personnes qui n’étaient pas les couteaux les plus aiguisés du service… cela lui faciliterait beaucoup les choses. Plus les gens étaient intelligents, plus ils risquaient de le voir venir arriver lui et ses gros souliers, ses demandes. Attention donc. Ce n’était pas le moment de gâcher des mois et des mois où il s’était tenu à carreaux.
Oui, il le savait, il aurait certainement dû être plus diplomatique sur certaines choses, mais ce n’était pas le moment de prendre trop de temps à dire les choses, le résultat était le même. Et toutes ces choses-là, de toute manière Ryans – dans l’esprit de l’autre sorcier- le savait. Non, pas besoin de prendre des gants.

Quant au fait si les sorciers étaient mécontents ou pas… c’était… pas forcément compliqué à dire par ce que la réponse était logique et que lui-même était en colère. Mais sa réponse restait floue par ce qu’en réalité il ne savait pas tout, pas jusqu’à quel point les gens pouvaient être mécontents… Cette histoire de potions était une véritable aberration et le pire c’est que cela semblait rassurer pas mal de sorciers qui ne connaissaient/côtoyaient pas de lycans. Blablabla. Le gouvernement gère, il fait tout pour nous protéger. Blablabla. Il ne tarda pas à lui avouer que même s’il avait sû quelque chose à un moment donné, il l’avait peut-être oublié – vive les oubliettes-. Parfois, il se demandait même combien de choses est-ce qu’il avait pu oublier exactement. Aussi bien avec ses camarades – pour les protéger- et où il était consentant… que pour tout le reste. C’était surtout tout « ce reste » qui l’inquiétait un peu plus… mais on n’y pouvait rien. Et il était navré de ne pas pouvoir en apprendre plus à son camarade, il se sentait toujours un peu inutile. Pourtant, il était au cœur du Ministère…

Il soupira doucement, continuant d’essayer de trouver une solution à ce dont ils parlaient un peu plus tôt. Il se gratta la joue quelques instants, avant de grignoter un peu tandis qu’Enzo reprenait la parole « Parfois j’ai l’impression qu’on se bat contre un rouleau compresseur. » Ouais, c’était un peu ça « Ils auront l’air bien con quand ils auront supprimés tout le monde et qu’ils n’auront plus qu’à se taper dessus sous peine de crever d’ennui. » Il planta un peu son regard dans celui d’Enzo, avec un léger mi-amusé mi-sarcastique tant cette situation était vraiment débile à ses yeux. « C’est déjà le cas, crois-moi, certains se tirent un peu dans les pattes. Même parmi Eux, ils ne sont pas tous d’accord.» même si ça allait peut-être mieux que depuis que Walters n'était plus à la tête de tout cela. Et oui, il comptait bien s’en servir un jour ou l’autre de cette merde au sein même du groupe, avec son cousin, d’ailleurs ils s’en étaient déjà servi de ces mésententes, de ces grognes comme Walters, mais là était un autre sujet. Il fallait juste qu’il s’arme de patience – de beaucoup de patience- et qu’il continue de faire ses preuves pour avoir les mains moins liées, mais cela non plus il ne l’avouerait pas à son ami. Pour ne pas l’inquiéter. Par ce qu’il ne voulait pas le dire à voix haute, ça lui paraissait si saugrenu au final. Mais prendre les choses de l’intérieur pourrait effectivement mieux marcher… ou pas.
La confiance. Trouver les bons alliés. Le bon moment. Les bons arguments. Laissez les graines prendre puis faire leur petit chemin.

« Comment va Nicholas ? Il grandi bien ? » Et le sourire de Tveit s’agrandit tout naturellement lorsqu’Enzo se mit à parler de son fils, même s’il avait toujours peur pour lui, pour son avenir… même si dans un certain sens c’était à cause de lui qu’il était aussi pieds et mains liés, tout ce que lui apportait son fils valait tous les sacrifices du monde. « Il grandit bien, un peu trop vite à mon goût et je crois qu’il va avoir le goût de la connerie de son papa… on va en chier. Et c’est un charmeur aussi, avec ses petits sourires et sa petit bouille si adorable.»

Oui, c’était toujours le plus beau des bébés aux yeux de son papa ; il en était totalement gaga et d’ailleurs il dégaina son téléphone avant de regarder Enzo… à la fois perplexe, gêné, amusé.

« J’allais recommencer c’est ça ? J’suis donc ce type de père, à pendre plein de photos de son gamin et à les montrer à ses potes. C’est affreux. Mon moi d’avant est sacrément en train de se foutre de ma gueule.»

Il avait essayé de prendre un ton pseudo-dramatique, vraiment, Warren, tout le monde ne veut pas le voir en photo ton gamin alors on se calme. Il s’était d’ailleurs raclé un peu la gorge pour se donner un peu de contenance, dans sa main, il tenait toujours son téléphone, luttant fermement contre l’envie d’ouvrir l’appareil ne serait-ce que pour voir son fond d’écran.

« C’est déjà le cas, crois-moi, certains se tirent un peu dans les pattes. Même parmi Eux, ils ne sont pas tous d’accord. » Et si elle était là, la faille la plus exploitable ? C’est très certainement le cas et je doute que la Garde ne le sache pas. N’en use pas.
Qu’ils implosent, qu’ils s’explosent les uns contre les autres jusqu’à ne plus être qu’un ramassis de petits groupes incapables d’avoir la moindre influence sur qui que ce soit. Qu’ils disparaissent et cessent de noircir le monde de leurs idées archaïques et meurtrières pour qu’enfin on ne tremble plus. D’être soi, d’être différents de leur schéma, d’être un panel de couleurs qu’ils ne tolèrent pas

Et parce que j’ai plus envie de penser à eux, de parler d’eux, je lance un sujet qui je le sais fera réagir Warren : Son fils.

C’est instantané, son sourire gagne en largeur et l’éclat dans son regard change. Son rythme cardiaque s’accélère, sa position se modifie, c’est comme s’il s’ouvrait un peu plus sur le monde en l’espace d’un battement de cœur ou de paupières.
Sans pousser trop loin la réflexion je me perds juste un instant à constater la différence de réaction d’un parent à l’autre. Chez Ismaelle, ou Leiv, c’est plus posé, moins fougueux, pour autant l’éclat est là et la fierté comme l’amour brillent dans un mélange de pudeur et de discrétion. Chez Sovahnn c’est encore différent, il y a une sorte de légèreté qui tient presque de la dérision ou la nonchalance mais n’importe qui un peu attentif pourrait capter le lien indéfectible qu’il existe entre elle et sa fille. A mes yeux elles sont comme deux guerrières lancées à toute vitesse dans une course effrénée avec la vie.

Marcia, Liya, deux petites étoiles qui sont venus embellir l’existence de leurs parents mais pas seulement. J’peux pas dire que je comprends entièrement et je m’amuse de la réaction de Warren c’est vrai mais je trouve ça beau de me dire que ces trois-là, Nicholas, Marcia et Liya, ont la chance d’être nés auprès de personnes qui feront toujours en sorte qu’ils ne manquent de rien.

Et surtout pas du plus important.
Exactement la même chance que j’ai eu.

« Il grandit bien, un peu trop vite à mon goût et je crois qu’il va avoir le goût de la connerie de son papa… on va en chier. Et c’est un charmeur aussi, avec ses petits sourires et sa petit bouille si adorable. » Ça brûle de fierté par tous les pores de sa peau. Forcément qu’il est le plus beau, le plus drôle, le plus … Plus. On s’en fout si c’est le cas ou pas, l’important c’est qu’il – qu’ils – le pense et le transmette à sa progéniture. Y a trop de gamins, surtout dans le monde des Sang-Purs, qui ne reçoivent pas ce genre d’attention et d’encouragement « J’allais recommencer c’est ça ? » Le sourire qui étire le coin de mes lèvres est le reflet de ce qui se passe dans mon regard, je me moque – gentiment – de son geste avorté alors qu’il s’apprêtait à sortir son téléphone. Pas besoin d’être Einstein – le génie, pas notre chien – pour savoir ce qu’il comptait faire « J’suis donc ce type de père, à pendre plein de photos de son gamin et à les montrer à ses potes. C’est affreux. Mon moi d’avant est sacrément en train de se foutre de ma gueule. » Je pianote des doigts sur la table en lui lançant un regard moqueur « Et il aurait pas tort. » Le rire auquel je me laisse aller est franc mais ça ne m’empêche pas de lui tendre la main en réclamant le téléphone « Aller fais voir, t’en meurs d’envie. » Le bébé de n’importe qui d’autre, soyons honnête, j’en aurai pas grand-chose à faire. A l’exception de Marcia et Liya, c’est toujours pareil, mais en toute franchise qui a besoin de voir plus de deux photos du même môme ? La majeure partie du temps on fait plaisir aux parents, ils le savent, tout le monde est content.

Est-ce que je m’en désintéresse complètement pour autant ? Non, les photos qu’il me montre je les regarde avec l’intérêt qu’on porte à l’enfant d’un ami et surtout je l’écoute me les décrire en laissant kiffer son moment « C’est vrai qu’il grandi bien. » Et ça me fait sourire de découvrir certaines ressemblances entre le p’tit et lui « Il est super mignon. » Wait a minute « Heureusement qu’il a tout pris de sa mère. » Et là encore l’éclat de rire est franc, il n’est pas arrivé le jour où j’arrêterai de faire chier les gens que j’aime. Qu’importe si on se voit peu, si nos univers sont diamétralement opposés, Warren est un ami.

Et parce que je me laisse embarquer par la connerie je me vois en train de sortir mon téléphone et lui choper une photo des chiens avant de lui coller l’écran sous les yeux « Regarde, mes bébés à moi aussi ils grandissent. » Si c’est écrit en gros sur ma gueule que tout ça c’est du 12ème degré j’peux pas non plus nier l’attachement énorme que j’ai pour ces poilus. Ils font partie de la famille, ni plus ni moins. Ce sont des membres à part entière de notre foyer et vivre avec eux au quotidien est un putain de bonheur pour pleins de raisons.
D’un glissement de doigts je fais apparaitre une autre photo où cette fois se trouve Wax, Einstein mais aussi Lune perchée sur l’ilot de la cuisine « 1 an et demi, 1 an et l’ainée, bientôt 4 ans. » Mes gosses. Ma connerie. Mon homme de dos en arrière-plan. Ma vie.

Et c’est une petite claque que je me prends en réalisant que Lune va avoir 4 ans en début d’année.

Est-ce qu’il venait de donner une information « confidentielle » ? Possible, mais il s’en fichait bien. Après tout, d’autres personnes au sein du Ministère avaient pu certainement observer tous ces schémas, ces désaccords et au final mais le monde politique cela n’était pas si étrange que cela, au contraire, cela devait même être quelque chose d’assez fréquent. Il avait, en plus dit cela, comme il disait beaucoup de choses comme un simple fait en quelque sorte. Il ne dirait pas tout haut son envie de tout faire péter lui-même de l’intérieur. Long, compliqué, avec juste une faible chance de réussite. Un mince espoir, mais c’était tout ce dont il avait besoin, Warren, pour continuer à se battre.

Le sujet avait bientôt changé pour tourner sur quelque chose de plus personnel à savoir son fils. Et là, il savait qu’il devait une nouvelle fois se contenir et cette fois, ce n’était pas pour les mêmes raisons, il n’avait juste pas envie d’ennuyer son ami avec son long monologue sur son fils, d’autant qu’il le faisait certainement plus par gentillesse qu’autre chose. Tveit avait donc tenté de refreiner un peu sa joie et résuma en deux trois phrase – pas trop longues- la situation, l’évolution du bambin dont il était si fier. Son cœur débordait d’amour pour l’enfant, même s’il se doutait que dans quelques mois ou quelques années, il allait bien en chier si le petit avait pris de son caractère un rebelle et troll… sans compter le si bon caractère de Mily – ironie si forte-, mais pour l’instant il offrait à ses parents juste de grands sourires que Warren voyait comme charmeur, comme si l’enfant avait déjà compris avec sa petite bouille et un ou deux sourires, il pourrait obtenir beaucoup de ses parents – et pas que-. Bien sûr, ce n'était certainement pas la vérité, mais il aimait quand même raconter ça de la sorte, par ce ça avait toujours été son truc à lui. Il s’était stoppé, tout juste à temps se rendant compte qu’il avait parlé avec peut-être un peu trop d’enthousiasme. Nouvelle question, plus dans l’auto-dérision, et vu le sourire d’Enzo la réponse était déjà toute faite. Ouais, ok, il avait recommencé ! Pourtant, promis, il essayait – comme il l’expliqua juste après- de ne pas faire de ces « papas gateaux » avec leurs gosses. Tveit se moqua une nouvelle fois de lui-même, par ce que franchement, c’était mérité.

« Et il aurait pas tort. » ouais, c’est ça, fous-toi de sa gueule Ryans ! Par ce qu’il le voyait bien le regard moqueur et le petit rire était perceptible. Normal, mérité on a dit ! « Aller fais voir, t’en meurs d’envie. » est-ce que le regard de Warren s‘illumina l’ombre d’un instant ? Possible. Au fond de lui, il se promit de ne pas trop en montrer, trois ou quatre, juste pour montrer l’évolution suffiraient. Il inspira un bref coup, comme pour arriver à se canaliser, avant de montrer lesdites photos à son camarade, arrivant quand même à bien se restreindre sur le nombre… par contre il est vrai que peut-être il aurait pu abréger un peu certaines descriptions. Désolé Enzo ! « C’est vrai qu’il grandi bien. Il est super mignon. » ouais, ça il le savait ! Tout le monde lui disait, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être fier de l’entendre… alors qu’en même temps qui oserait dire « ton gamin il est moche ? » Personne ne le ferait, par ce que ce n’était pas des choses qui se faisaient. Enfin, disons plutôt que dans un monde civilisé cela ne se faisait pas… chez les sang-purs-il avait déjà entendu ce genre de commentaire. Les apparences, toujours aussi fortes. minute « Heureusement qu’il a tout pris de sa mère. » Et alors que son camarade ricanait, pour toute réponse en temps qu’adulte responsable, il lui tira la langue. DUH ! En soi, ce n’était pas totalement faux, il avait certainement plus pris de sa mère que de lui, mais ça lui allait bien. L’instant d’après il se retrouva avec une photo des animaux de son ami devant la tronche « Regarde, mes bébés à moi aussi ils grandissent. » Warren essaya de garder son sérieux mais ce n’était pas le plus simple, heureusement il avait bien compris que Ryans plaisantait et donc qu’il pouvait se permettre un plus large champs de réplique. « 1 an et demi, 1 an et l’ainée, bientôt 4 ans. » Il fronça un peu les sourcils en attendant ans pour Lune. Ah oui, quand même ! Ca ne les rajeunissait quand même pas tout ça ! Tveit prit son air le plus innocent mais qui annonçait généralement qu’une connerie allait suivre et qu’il fallait s’y préparer. « J’suis désolé de te dire ça, mais ils ne te ressemblent pas du tout, même niveau pilosité… » Grand sourire, petit clin d’œil. «… Le prochain, j’suppose que ça ne sera toujours pas de la même mère ? » Pourquoi est-ce qu’il avait dit ça ? Même lui ne savait pas, ou plutôt c’était par ce que les animaux ne se ressemblaient pas du tout – super logique ne serait-ce qu’avec un chien et un chat !, Thanks Captain Obvious-… mais… [b « … tu sais il y a des phrases qui sonnent super bien dans ta tête et une fois que tu l’entends à voix haute, tu te dis « vraiment c’est nul ce que tu racontes-là ». C’est encore une fois ce qui viens de m’arriver !»[/b] Silence, pendant quelques instants. « Ca leur fait combien en âge… heu humain ou de chat ? J’sais pas comment dire, tu sais quand tu multiplie par 6 ou 7 … à moins que ce soit 8 ? » Juste par curiosité et par ce qu’il ne se souvenait absolument pas du calcul ! Il lui aurait bien fait une blague sur l’adolescence des animaux… mais il voulait être certain de son coup, ce qui le cassait quand même en grande partie la blague. T’as déjà été meilleur, Tveit !

Je le connais cet air innocent, ce truc qui pue la connerie jusqu’au plus profond de son regard et qui annonce une déferlante de son humour plein de lourdeur. Réflexion purement amicale et non dans le jugement, je ne fais qu’exprimer un fait même si tout ça est sans doute subjectif - Il en a conscience « J’suis désolé de te dire ça, mais ils ne te ressemblent pas du tout, même niveau pilosité… » Et voilà.

Une vanne sur ma lycanthropie ? Comme c’est original ! Je pourrais avoir l’air soulé ou de mal le prendre mais c’est pas le cas, je m’en prends plein la gueule depuis qu’ils savent et c’est le jeu. Dépend de qui ça vient, comment c’est formulé, mais venant de Warren je sais qu’il n’y a aucune mauvaise intention derrière. J’en fais sûrement autant avec lui mais pour autre chose, en attendant je lève les yeux au ciel de manière exagérée alors qu’il ricane et me fait un clin d’œil « … Le prochain, j’suppose que ça ne sera toujours pas de la même mère ? » Un sourcil arqué, presque étonné, je récupère mon téléphone sans faire attention au geste « A priori ça sera plutôt le même père. » Pas de lézard, là encore je ne prends pas tout ça au sérieux – on parle quand même de paternité et d’animaux – mais il y a cette envie, presque un réflexe, de remettre malgré tout les choses en perspective.
Ma vie est comme ça, gosse ou pas y a pas de mère dans le décor mais un autre homme avec qui je partage ma vie. Lune et Wax sont à moi, Einstein à lui, aujourd’hui on est arrivés à un stade où même si chaque lien est particulier on se considère comme une famille « … tu sais il y a des phrases qui sonnent super bien dans ta tête et une fois que tu l’entends à voix haute, tu te dis « vraiment c’est nul ce que tu racontes-là ». C’est encore une fois ce qui viens de m’arriver ! » Cette fois c’est moi qui ricane et lui balance une cacahuète chopée dans le petit récipient que l’employé du bar a apporté avec ma pinte de bière un peu plus tôt « J’étais à deux doigts d’appeler SOS Homophobie ordinaire. » Celle qui pousse les gens non pas à la violence mais à l’ignorance volontaire. Si on n’en parle pas ça n’existe pas … Comme font les ¾ de ma famille y compris mon frangin. Ça peut paraitre anodin, ça ne l’est pas.

Ça ne devrait pas l’être.

« Ça leur fait combien en âge… heu humain ou de chat ? J’sais pas comment dire, tu sais quand tu multiplie par 6 ou 7 … à moins que ce soit 8 ? »

Et voilà, encore une fois du grand Warren qui se montre lui totalement sérieux dans sa réflexion. Y a que lui pour me faire un truc comme ça, pour décrocher de la connerie pour se poser une question 100% premier degré ou presque. Je le vois dans son regard comme dans l’expression de son visage ou son attitude et tout ce que j’éprouve pour ce grand couillon c’est de l’affection. Il y a un côté de lui qui parvient à conserver une part d’innocence, d’insouciance et sincèrement je trouve ça … Enfin ça tient presque du soulagement. Ça veut dire qu’ils n’ont pas réussi à le changer, à détruire l’intégralité de ce qui fait de lui la personne qu’il est au plus profond de lui-même.

« J’crois que ça diffère en fonction de l’espèce et c’est pas un chiffre exact … » J’ai bien envie de dire qu’on s’en fout mais je suis qui pour juger de ça ? Moi je m’en fous, en toute honnêteté, mais c’est pas son cas même s’il va sans doute passer de Sombral à l’Hippogriffe en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
Puis il y a cette pensée qui vient me traverser l’esprit, un truc qui me pousse à regarder autour de nous par réflexe comme pour m’assurer une fois encore qu’on ne nous observe pas. Camoufler le son c’est une chose, lire sur les lèvres en est une autre et oui c’est triste d’en arriver à ce stade de méfiance.

« T’as des nouvelles d’Alec ? » De nouveau mes doigts pianotent sur la table sans que je n’y prête vraiment attention.
Ils sont dans la même barque tous les deux, celles dont j’ai sauté en marche pour disparaitre à l’autre bout du monde. La pression n’a jamais été la même mais sans trop savoir pourquoi depuis quelques temps j’ai l’impression de me sentir plus proches d’eux. Comme si je me rappelais plus franchement d'où je viens, où j'aurai pu être. J'ai fait des choix que je ne regretterai jamais mais je n'ai pas envie de nier l'intégralité de cette partie de mon histoire pour autant. C'est là, inscrit dans mon capital génétique et une partie de mon éducation, un truc qui ressort presque physiquement quand j'évolue avec certaines personnes de ma famille « Quitte à parler de chien … » Mon sourire s’étire de manière plus narquoise cette fois, pour une fois que la vanne vient de moi. Est-ce que Warren a idée de la tournure qu’ont pris les choses entre Rivers et moi ? Aucune idée. Ça va probablement se voir directement sur son visage.

Oui, il était lourd, il le savait bien, même s’il essayait de faire des efforts souvent c’était plus fort que lui, surtout que ces moments où il pouvait être lui-même étaient quand même assez rares, alors il voulait en profiter un maximum et surtout, désolé Enzo, il se lâchait beaucoup trop. Mais Ryans savait pertinemment que c’était bon enfant, il n’y avait rien de méchant là-dedans, il l’acceptait totalement comme il était et au contraire s’il pouvait l’aider plus, lui et les autres lycans, il le ferait avec le plus grand des plaisirs. Et, il se disait que cette vanne là passerait, qu’elle ne blesserait pas son ami par ce que ce n’était pas du tout le doute. Il avait vite enchainé avec autre chose sans même se rendre compte de sa bourde. « A priori ça sera plutôt le même père. » Un instant de perplexité devant les propos avant d’enfin comprendre l’impair commis, un instant son visage se teinta d’une moue navrée, mais il repris rapidement du poil de la bête – sans mauvais jeu de mots- « Oui, désolé.» Par ce que c’était la moindre des choses de s’excuser… il ne voulait pas être un gros con qui disait à chaque fois des choses blessantes, il essayait de faire au mieux mais il avait encore pas mal à apprendre, il en avait conscience. Tout n’était pas encore gagné de ce côté-là – du moins côté vanne à faire ou pas-, par ce qu’il n’avait jamais vraiment de souci avec la sexualité d’Enzo, voire même de Mattie pour ne citer qu’eux. Un instant son esprit pensa à Connor, à ce qu’il lui avait raconté de ce qui s’était passé avec Dorian, mais il le chassa l’instant d’après ; parce qu’il n’avait jamais vraiment compris son cousin sur ces questions sentimentales. L’autre Tveit semblait plutôt fermer à tout et il n’arrivait pas à définir si ça avait été juste pour essayer ou de réels sentiments envers McKiddle qu’il préférait garder enfouis pour ne pas se faire jeter par leur famille. Et ses questions s’étaient retrouvées sans réponse face à un Connor qui était devenu muet. Signal du « on en parle plus. Jamais plus ». Il lui avait juste fait savoir qu’il serait là pour lui, s’il avait besoin/envie d’en parler. Mais jusqu'en début de mois ce qui l'avait inquiété le plus, c’était de savoir qu’il était marié avec Maggie, et ça, c’était beaucoup plus flippant que le reste. Il ne l'avait jamais vraiment sentie malgré cette beauté envoutante, mais au moins ils en étaient débarrassés et sans se salir les mains.  Pour cacher un quelconque trouble, il avait enchainé de nouveau avec une nouvelle connerie, heureusement Enzo ricanait et lui envoya une cacahuète dessus ! Tveit lui tira la langue, comme un grand gamin. « J’étais à deux doigts d’appeler SOS Homophobie ordinaire. » Cette fois son visage s’était clairement décomposé et ne savait pas trop quoi répondre à cela ; la seule chose qu’il avait voulu dire, à la base c’est comme aucun des chats ne se ressemblaient, la mère génétique ne devait pas être la même… ce qui était stupide de toute façon comme blague. Il ne l’avait pas vu comme quelque chose où il invisibilisait William. Réponse, Tveit, on dit quelque chose ! Il ouvrit la bouche avant de la refermer une nouvelle fois, se passa une main dans les cheveux, toujours gêné. « Tu aurais peut-être dû. Ils ont certainement pas mal de choses à m’apprendre» tenta-t-il le prendre de manière plus… philosophique. Pourtant, il essayait vraiment de bien faire.

Bientôt, il avait repris sur un sujet totalement différent. Comment son esprit était passé de l’un à l’autre ? Simplement en repensant aux âges des animaux… il n’était pas du tout callé là-dedans et même si c’était une information futile, quelque part, elle l’intéressait. Il aimait toujours apprendre de nouvelles choses ; même si à vrai dire c’était plutôt une vanne pour détendre un peu le truc, pour continuer la conversation dans la bonne humeur. « J’crois que ça diffère en fonction de l’espèce et c’est pas un chiffre exact … » Il opina doucement « Ouais, il me semblait que c’était suivant la taille de l’animal aussi… Je pensais que tu aurais des chiffres plus ou moins « vérifiés » on va dire en tête !» il haussa un petit peu les épaules, signe qu’au final cela n’avait pas de réelle importance.

« T’as des nouvelles d’Alec ? » Warren avait froncé cette fois les sourcils, un peu étonné à son tour du changement de sujet. « Quitte à parler de chien … » Cette fois Tveit eu un rire plus franc ! Elle était plutôt bonne celle-là, il faut bien l’avouer. Par contre, il ne savait pas trop les informations dont disposait Enzo, jusqu’où il pouvait répondre, d’autant plus qu’il ne s’était pas du tout attendu à ce genre de questions. Qu’est-ce que Rivers voudrait bien qu’il réponde ? Quelque chose en lui appelait la prudence sur ce qu’il allait bien pouvoir répliquer. « Ouais, ouais bien sûr que j’en ai…» Il lui aurait bien dit qu’il l’avait comme stagiaire mais… mais voilà, c’est quelque chose qu’il préférait garder pour lui pour ne pas mettre Alec en pote à faux qu’une quelconque manière. « … et disons qu’il est toujours égal à lui-même, à foutre la merde partout où il passe et à faire de multiples pieds de nez aux gens.» Hey ! A la fois vague et pas. Autant dire, « ça va, ne t’inquiètes pas pour lui », si jamais Enzo s’inquiétait pour son meilleur ami. La vérité n’était pas là, mais l’un comme l’autre, avaient l’habitude de dire que ça allait même quand ce n'était pas vrai, Tveit avait donc essayé de choisir la meilleure réponse pour amuser son camarade, tout en lui répondant, le rassurant, sans pour autant donner des informations primordiales. «Tu ne l’as pas vu depuis quand ? » Histoire de mieux pouvoir se situer…

Vanne validée.

Ça aurait pu ne pas être le cas même si avec Warren je ne prenais pas trop de risque. Quand bien même il aurait voulu défendre son pote il me connaît tout autant et a bien dû se rendre compte que l’animosité entre Alec et moi était restée à Poudlard. Surtout, cette vanne je l’aurai lâché face à Rivers de la même exacte façon et j’ai pas trop de doute sur le fait qu’il aurait eu la même réaction « Ouais, ouais bien sûr que j’en ai… » J’imagine mais dans le fond j’en sais rien, on vit chacun nos vies de notre côté « … et disons qu’il est toujours égal à lui-même, à foutre la merde partout où il passe et à faire de multiples pieds de nez aux gens. » J’en saurai sans doute pas plus et c’est pas grave, je vois bien que Warren se sent bloqué parce qu’il peut lâcher ou non comme info alors j’insiste pas, me contente de lâcher un rire bref face à ses réflexions sur son pote. Tant mieux s’ils se protègent l’un et l’autre, tant mieux s’ils sont là pour se soutenir dans ce monde de tarés qui les a fait prisonnier. J’peux pas dire que je comprends à 100 % ce qu’ils vivent mais j’en ai eu des aperçu alors la compassion est là.

« Ça va, ne t’inquiètes pas pour lui » C’est pas le cas, pas vraiment. Pas plus qu’il ne doit « s’inquiéter » pour moi et je me dis qu’on finira par se recroiser pour une raison ou une autre. Ou simplement sans raison d’ailleurs « Tu ne l’as pas vu depuis quand ? » Les yeux braqué sur le vide et la bouche pincée sur le côté je prends une seconde ou deux pour réfléchir sans réellement parvenir à caler tout ça dans le temps « Je sais plus trop, cet été je crois. » Dans un bled d’Irlande où j’ai pris un peu trop de plaisir à foutre à terre celui qui était en charge de lui coller au train « On a parlé de tes exploits en surf. » C’est dit avec un sourire de branleur sur le coin des lèvres, évidemment. Warren avait débarqué à Los Angeles un mois ou deux plus tôt et m’avait demandé de lui apprendre à surfer, le moins qu’on puisse dire c’est qu’on s’est bien marré. Surtout moi, mea culpa.

Oui, on a parlé de ça mais pas seulement. Les sujets qu’on a abordé ce jour là ne sont pas du genre qu’on oublie mais pour une raison évidente je ne les aborderai pas avec qui que ce soit d’autre que le principal concerné. L’un d’entre eux pour le moins.
Will, mon frère, ma cousine, le panel était large de mon côté et beaucoup moins sombre si on fait abstraction de tout ce qui concerne l’aspect traque des lycans. Avec le recul je me rends compte qu’on n’a même pas abordé le sujet pour lequel on s’était donné rendez vous à savoir Hailey mais pour avoir croisé la Vampire récemment je sais qu’elle n’a pas besoin de moi.

« De ce qu’il m’a dit ils lui collent au cul en permanence. »

Ils. Toujours ce « ils » un peu abstrait parce que je n’y mets pas vraiment de visage aujourd’hui.

« Mais t’inquiètes, je comprends que tu sois pas à l’aise d’en parler et puis je demandais juste comme ça. J’finirai bien par le recroiser sur une plage à l’autre bout du monde de toute façon. »

Le rire que je lâche est amusé, pas sûr que Warren soit au courant de cette histoire mais ça n’a pas tellement d’importance.

Toujours compliqué de parler d’Alec, d’autant avec Enzo.. il ne lui semblait pas qu’ils s’entendaient comme culs et chemises et il ne savait pas trop ce que le plus jeune pouvait savoir sur les « récents » déboires de Rivers, qu’est-ce qu’il pouvait raconter ? Qu’est-ce qu’il devait taire ? Des questions un peu trop compliquées au vu de la situation et il ne voulait pas mettre à mal Alec d’une quelconque manière, son meilleur ami en chiait déjà assez comme ça. Il avait confiance en Ryans, ce n’était pas du tout le souci, mais il n’en restait pas moins que certaines choses faisaient parfois mieux de rester secrètes. Il s’en voulait de ne pas pouvoir répondre comme il le souhaitait à Enzo, mais fit son possible pour trouver un juste milieu : pour répondre à son ami assis en face de lui sans risquer de donner des informations compromettantes ou qu’Alec voulait garder secrètes. Il se connaissait, s’il se mettait à trop parler, comme il avait confiance en Enzo … il risquait peut-être de déraper un petit peu. Il essaya de dépeindre un portrait plutôt positif, restant dans le léger alors que leurs situations – à l’un et à l’autre- étaient tout sauf légères.

Il avait même fini par ajouter qu’il allait bien, qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter et pourtant c’était un peu tout le contraire, même si Alec s’en « sortait bien », il y avait de quoi s’inquiéter fortement pour lui. Comme pour Warren. Mais ce n’était pas la peine de dramatiser et d’inquiéter Enzo, il avait déjà assez à faire et à penser sans se demander en plus s’ils allaient bien. Tveit se disait qu’ils s’en sortiraient tous les deux. Ils étaient deux petits cons, deux vermines coriaces, deux trolls. Ils s’en sortiraient en leur faisant à cette bande de cons en plus d’énormes pieds de nez. C’était ça aussi qui le faisait tenir, savoir qu’il n’était pas seul et qu’avec Alec, il leur était possible d’arriver à leurs fins… avec beaucoup de temps, beaucoup de patientes. « Je sais plus trop, cet été je crois. » Beaucoup de choses avaient changé depuis. « On a parlé de tes exploits en surf. » Il pouffa un peu avant de prendre un air qui se voulait supérieur et de répliquer le plus sérieusement possible  ce qui était difficile. « Je sais que ma classe internationale t’en as bouché un coin Ryans. C’est tout moi ça, gracile même au milieu des vagues.» il arriva quand même à ne pas rire à la suite de cette immense connerie. Il savait qu’il était nul et ridicule, mais c’était juste ça qui était drôle. Et s’il fallait recommencer, il le ferait sans aucune hésitation. « Tu as pu l’initier, lui aussi ? Non, j’demande ça mais c’est pour un ami..» Nouveau sourire de petit con.

« De ce qu’il m’a dit ils lui collent au cul en permanence. Mais t’inquiètes, je comprends que tu sois pas à l’aise d’en parler et puis je demandais juste comme ça. J’finirai bien par le recroiser sur une plage à l’autre bout du monde de toute façon. Il le regarda un instant. « C’est ce que font les chiens entre eux, il se le sentent en permanence.» désolé Alec, mais il fallait vraiment qu’une connerie du genre sorte à un moment donné. « C’est compliqué, oui, cette impression d’avoir toujours l’impression que quelqu’un t’épie et qu’au moindre faux pas… et bien, les répercussions ne seront pas minimes. Mais, malheureusement, c’est comme ça. Il… On essaye de voir  … hum… disons plus loin que ça.» il n’en dirait pas plus, cela pouvait vouloir dire beaucoup de choses. Mais la lueur farouche et de colère pouvait en dire long, Enzo comprendrait peut-être – ou pas - certaines intentions.  Petite gorgée de sa boisson avant qu’un nouveau sourire de petit con s’affiche sur son visage. « Par contre, e veux bien tous les détails, surtout les plus croustillants sur cette histoire de plage.» Et s’il pouvait emmerder Alec avec ça après, ça serait encore mieux, le petit sourire qu’il avait sur le coin du visage le faisait bien comprendre.

« C’est ce que font les chiens entre eux, il se le sentent en permanence. » Le rire sort dans un souffle, paupières fermées et tête baissée un instant. C’est putain de triste cette capacité qu’on a tous développé de faire passer le pire dans l’humour mais est ce que ça n’est pas en partie ce qui nous sauve ? Heureusement qu’il reste ça, qu’ils n’ont pas réussi à tout éteindre et surtout pas ça « C’est compliqué, oui, cette impression d’avoir toujours l’impression que quelqu’un t’épie et qu’au moindre faux pas… et bien, les répercussions ne seront pas minimes. Mais, malheureusement, c’est comme ça. Il… On essaye de voir  … hum… disons plus loin que ça. » C’est loin, ou presque, mais bien sûr que ça me parle. C’est ce qu’ils ont fait avec moi quand ils ont débarqué à Poudlard, de loin d’abord puis de plus en plus près jusqu’à me broyer pour me faire céder ou me punir. Aujourd’hui je continue de regarder par dessus mon épaules, le cœur serré d’angoisse, quand j’ai le malheur d’arpenter les rues de Londres. Pas mon quotidien, plus mon quotidien, mais je crois que je peux affirmer comprendre et la curiosité vient me piquer quand Warren évoque ce « plus loin » auquel je ne réagis pourtant pas.
Ça peut être quelque chose de précis comme simplement l’espoir de le voir exister, ce « plus loin ». Se dire que ça va se tasser, ça va passer, on va s’en tirer. D’une façon ou d’une autre. Ils vont s’en tirer.

« Par contre, e veux bien tous les détails, surtout les plus croustillants sur cette histoire de plage. »

L’éclat de rire est franc cette fois encore.

« Tu vas être déçu, c’est juste l’histoire de deux mecs qui en ont ras le bol de leur vie et qui se retrouvent par hasard sur une plage à l’autre bout du monde. »

Les probabilités étaient faibles, bien plus que ça même, pourtant on s’est retrouvés comme deux cons sur la même plage à l’autre bout du monde. Lui pour fuir ces connards qui le marquent au caleçon, moi parce que j’ai pas hyper bien vécu la vérité concernant cette rupture qui m’a vrillé le cœur et les mensonges qui allaient avec. Pas envie d’en reparler, de revenir là dessus, tout s’est arrangé depuis y compris et surtout avec les principaux concernés.

« On a parlé de se lancer dans le business du tourisme mais ça c’est pas fait finalement. »

La coke, les putes … La base.

En attendant ça fait simplement plaisir de passer un peu de temps avec un ami. A refaire le monde et se rappeler de bons souvenirs en mangeant un morceau dans un endroit et plus largement une ville où personne ne nous connaît. Pas de Magie dans l’air, juste deux mecs qui vivent une soirée normale sans avoir à trop s’inquiéter de ce qui pourrait se passer.

▬ FINI POUR MOI ▬

HRP:

Il n’avait pas pu s’empêcher de sortir une petite vanne sur Alec histoire de détendre un peu l’atmosphère pourtant la situation était très loin d’être drôle, il le savait bien ! Comme il n’allait pas pleurer pour cela il préférait en rire et tout tourner en dérision comme il le faisait bien trop souvent. Une façon comme une autre de se protéger de toute manière ! Il avait néanmoins bientôt repris son sérieux et avait tenté d’expliquer vaguement un peu plus les choses. Il ne voulait pas être fataliste – pas trop du moins – et essayait encore une fois de montrer, enfin de dire, le positif. Et Tveit avait fini par faire un virage à 200°C pour reprendre cette histoire d’Alec à la plage ! Hey, une occasion pareille, il n’allait quand même pas la rater. Il fallait bien que lui aussi ait un petit dossier sur son meilleur pote pour pouvoir le charrier sur de nouvelles choses. C’est bien la nouveauté, non ? Et en prime, cela faisait rire Enzo ce qui rendait Warren heureux, il aimait entendre ses éclats de rire, il n’y en avait plus assez de nos jours – du moins dans son monde-.

« Tu vas être déçu, c’est juste l’histoire de deux mecs qui en ont ras le bol de leur vie et qui se retrouvent par hasard sur une plage à l’autre bout du monde. » Warren haussa un sourcil, ça c’était de la coïncidence quand même, mais au final c’étai assez drôle. Improbable mais c’était certainement ça qui était beau, et vu qu’ils avaient l’air tous les deux en vie et en bonne santé c’est que le dialogue n’avait pas été trop violent ; une bonne chose donc ! « On a parlé de se lancer dans le business du tourisme mais ça c’est pas fait finalement. » A son tour warren eut un bref rire. « Alec et le tourisme… effectivement ça lui irait super bien. Etre aimable, serviable et souriant avec ces Dames… ca lui colle à la peau.» Non, il n’avait pas vraiment changé sur ça, il faut bien l’avouer le Rivers. Warren eut bientôt un nouveau sourire avant de reprendre « Et vous avez tous les deux pas mal de bagouts, et toi tu es beaucoup plus empathique tu saurais vachement bien résoudre les soucis. Une team complémentaire. J’adhère. Moi j’achète direct un billet là où… là où vous faites votre tourisme. Et j’boirai un verre à votre santé pendant que vous trimerez.» ajouta-t-il tout sourire. « Comme un bon gros fainéant… et je parierai sur le temps qu’il resterait avant que vous vous étripiez… ou alors que vous me le fassiez. Hum . » il s’étira longuement d’ailleurs comme si ce qu’il venait de dire était la chose la plus banale ; mais il savait que lui il pouvait être rapidement fatiguant et qu’Enzo et Alec avaient probablement des façons de voir les choses tellement différentes que cela pourrait vite partir sur une baston. En attendant, il se disait que des vacances en famille pourrait faire du bien, il nota cette idée dans un coin de son esprit tandis que le reste de la soirée de passait joyeusement.