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L’ambition individuelle est une passion enfantine - Ana

 :: Londres :: Centre de Londres :: ─ Westminster :: • Buckingham Palace & Ministère de la Magie.
Lun 19 Déc 2022 - 18:41
28 Octobre 2016

“Arrête d’insister, Alec, tu as ma réponse.” La voix tonnait dans le grand salon, ricochait sur les murs peints et les cadres des dignitaires Rivers s’agitaient pour suivre la conversation qui, depuis de longues minutes, montait en tension.
“Non, tu m’envoies chier sans m’écouter, c’est tout ce que j’ai ! C’qui change pas trop de d’habitude !” Le visage crispé, les deux hommes se faisaient face
“Parce que je te CONNAIS, Alec ! Tu as quelque chose derrière la tête et c’est généralement mauvais signe. Est-ce que tu te rends seulement compte de la situation dans laquelle tu nous mets ?!”
“Oh PARDON de VOUS mettre dans une situation merdique. J’vous prête Carraway pour le weekend peut être histoire de remettre les pendules à l’heure ou ça va aller ?!” Le coup le prit sans prévenir. Quelques années auparavant, il l’aurait envoyé au tapis. Quelques mois plus tôt, il l’aurait simplement sonné. Alec aurait aimé affirmer qu’une fois adulte, après toutes les épreuves qu’il avait pu traverser, ces simples chocs n’étaient pour lui qu’une broutille. Il les avait subis toute son enfance et ce, dans le meilleur des cas. Le père violent perdant souvent tout contrôle pour passer à une brutalité bien plus cruelle. Sans compter celle d’une mère qui au mieux, se montrait louvoyante et perverse, toujours apte à manipuler son prochain. Au pire sadique. Pourtant l’adulte s’immobilisa sous l’impact, un brouillard dans les neurones.
“Cette situation, tu t’es mis dedans tout seul, mon fils. Il serait temps d’apprendre à grandir et d’assumer tes actes.” La pique lui fit l’effet d’un coup de fouet, ramenant sa conscience dans son corps avec force. Brusquement tendu, son bassin pivotait, ses muscles se bandaient, son épaule s’armait. Pour la première fois en vingt-quatre ans, le fils frappait le père.

***


Les deux mains dans les poches, un regard noir posé sur les sorciers allant et venant dans le ministère de la Justice. Son cousin lui collait au train mais en arrivant dans ces lieux qui bourdonnaient d’activité, Ian avait croisé son frère auror, Daël. Ainsi les deux frères de Logan s’étaient retrouvés, délaissant Alec qui s’était assis un moment à échanger quelques mots avec Warren. Son regard allait et venait dans les lieux, échangeant de quelques rires secs avec son pote. Ici, des types arrêtés attendaient qu’on se charge d’elles. Là, c’était un groupe de nanas qui, mutiques, jetait des regards mauvais alentours. Pas un pour lui, un pour Warren. Peut être avait-il participé à l’arrestation, peut être l’origine de cette attention était ailleurs.
 Puis captant le regard de son père, le directeur ici échappé avant de retourner auprès des magistrats, il s’était brusquement relevé. La chaise eut un mouvement de recul lorsqu’il avait sauté sur ses deux pieds, déjà envolé à la poursuite de son père. “J’ai pas l’temps pour tes conneries Alec.” Tient, une rengaine qui lui était familière. Le ministère de la Justice était séparé sur deux étages ; la flicaille d’un côté, les jugements de l’autre. Alec eut beau le suivre, Leeroy Rivers disparu dans son bureau, un dossier sous la main, la mine grave. Côté juridique, parmi les magistrats et les juges. A le connaître, Alec le voyait pourtant très largement comme appartenant à l’autre monde. Celui des flicards toujours prêts à battre le pavés, partageant avec ceux qu’ils traquaient une part de noirceur aussi utile que dangereuse. Pourtant l’homme était là, juge parmi les juges, roi des rois au monde du péremptoire. Il n’y eut qu’une porte close pour répondre à sa présence et Alec enfin débarrassé de ses baby-sitter fut pris durant un moment d’une envie brusque de s’esquiver, gratter quelques minutes de liberté dans son enfer personnel. Pourtant cette fois, le sujet dépassait son petit confort. Besoin de faire quelque chose de sa vie, de construire, de donner un sens à ce bordel qui lui étreignait la gorge tous les matins.

En se laissant retomber, le dos contre le mur face au bureau du directeur, Alec resta là un moment. Comme plus tôt, c’est l’environnement qui attira sa curiosité. Les hauts murs séparaient dans un recoin l’espace favorisé de l’administration, le couloir des bureaux formait une mezzanine carrée au dessus d’un espace ouvert où différentes personnes s’affairaient. Plus loin, hors de vue, un couloir séparait les différentes salles de jugement dont une plus large était réservée aux affaires les plus lourdes. Quelques hommes circulaient à cet étage ; la sécurité, toujours prête à intervenir. D’autant plus vrai vu ce qu’il s’était passé quelques semaines plus tôt. Alec en avait entendu parler ces dernières heures en traînant dans les lieux. Détachant son dos du mur, il ne pris pas gare à ses muscles crissant d’immobilité. Besoin de bouger, d’évacuer la tension. La salle lui manquait autant que les amis, les soirées, les beuveries. Pas comme s’il n’en faisait pas bien sûr, mais elles n’avaient qu’un goût bien fade. En se penchant sur l’espace du dessous, le jeune homme aperçu dans le fond un homme qui pénétrait dans le couloir amenant aux jugements. Le nom lui échappait, le prénom à sa suite. Et pourtant le jeune Rivers savait parfaitement qui était le type. Azalea l’avait attrapé avec lui quelques jours plus tôt. Un pauvre mec qui n’avait rien à foutre là mais sur qui certaines accusations tomberaient sans véritable raison. Mauvais endroit, mauvais moment, mauvaise personne à agacer. Son genre, donc.
En silence, il pinça ses lèvres, inspira, s’adossa à la rambarde. Là seulement, son regard attrapa celui d’Ana Oliviera qui approchait, sans doute pour se rendre dans son bureau. Là, l’idée revint. Idiote et suicidaire, très probablement, éculée et détestable.

“On peut parler ?” Aucun doute qu’il s’adressa à elle, son regard droit dirigé dans ces prunelles où pouvait régner une violence qu’il devinait sans mal. “Quitte à ne pas me bouffer mon paternel, peut être que j’aurais plus de chance avec son ambitieuse sous-fifre…”
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
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Alec Kaleb Rivers
Mar 3 Jan 2023 - 15:10
Vendredi 28 Octobre 2016






Département de la justice magique







    « Alerte rouge ! »

    Telle était le nom de code que certains employés du département de la justice magique avaient choisi pour se prévenir du passage de leur sous-directrice non loin de là, afin de cesser toute activité ou discussion qui n’avaient aucun rapport avec les dossiers et affaires en cours. Ces naïfs pensaient sans doute qu’Ana ne s’en était pas rendue compte depuis le temps, malgré qu’elle les laissait plutôt tranquilles en ce moment. Inutile de se demander ce qui encombrait l’esprit de la brune autoritaire depuis plusieurs semaines. Même si elle pouvait se féliciter d’avoir éliminé l’ancien directeur un peu trop progressiste du département de régulation des créatures magiques, et l’ancien directeur d’Azkaban qui travaillait en réalité pour la Garde, Ana ne pouvait s’empêcher de penser à Wilson et à sa fuite du Ministère, alors qu’elle devrait croupir en cellule à l’heure qu’il était. Depuis deux mois bientôt, l’autre garce demeurait toujours introuvable, et occupait ainsi l’esprit de la brésilienne, tout autant qu’Azirenko. Elle avait ces deux individus en ligne de mire, aussi rancunière et entêtée qu’elle l’était, elle s’était fait la promesse d’en découdre, peu importe le temps que cela prendrait.
    Voilà pourquoi l’alerte rouge de ses employés lui importait peu, au moins elle n’avait pas besoin de faire irruption dans leur espace de travail pour leur sommer de retourner au travail. Et pour cause, lors du passage d’Ana, l’espace était silencieux et studieux. Elle s’y arrêta brièvement, scrutant un à un les employés. Aucun n’osa lever les yeux. Sans doute sentaient-ils que leur patronne était encore plus à cran qu’à l’accoutumée, même si il était difficile de voir une quelconque différence, à moins d’avoir à faire à elle en face à face, comme Warren Tveit l’avant veille.

    La sous-directrice poursuivit son chemin jusqu’au couloir de l’administration où se trouvait son bureau, ainsi que ceux des plus hauts cadres dirigeants du département. Les talons aiguilles de ses escarpins résonnaient sur le sol, tandis que son regard croisa certains dirigeants, en particulier celui de la personne qui était directement au-dessus d’elle, Leeroy Rivers, en d’autres termes l’homme dont elle convoitait la place depuis qu’elle avait accédé à la sous-direction d’une département, cette place qui ne lui avait jamais suffit tant son ambition était demeurée. Leurs regards s’étaient donc brièvement croisés avant que Rivers ne disparaisse dans son propre bureau après avoir échangé quelques mots avec son erreur de fils, qu’Ana n’avait pas entendus. Elle n’y prêta pas attention, elle décida de ne pas se rendre à son bureau dans l’immédiat, afin d’attendre qu’Alec s’en aille. À la place, elle bifurqua pour aller faire sa cour et baver des derniers potins au service administratif du Magenmagot, dans l’attente de l’audience de cette fin d’après-midi à laquelle Leeroy et elle-même assisteraient.
    Elle y resta un moment avant de repartir à son bureau, malheureusement Alec était toujours là, adossé contre le mur. Il était bien le fils du patron pour avoir le droit de rester planté là à attendre on-ne-savait-quoi. Sinon, il y aurait eu bien longtemps que la brésilienne l’aurait dégagé d’un coup de baguette bien placé. D’autant plus qu’il venait de capter son regard, la brune s’attendait donc à une méchanceté gratuite crachée au visage sans aucun but précis. Et bien pour une fois, elle s’était trompée. Alec lui demanda si ils pouvaient parler.

    Elle soupira intérieurement. Sous-fifre… Évidemment. Son regard noir trahissait sans mal une animosité non dissimulée envers le fils Rivers. Néanmoins, Ana était curieuse de savoir ce qu’il lui voulait. En fait, c’était bien la première fois qu’il demandait à lui parler, même si il ne pouvait s’empêcher d’accompagner sa requête d’un sarcasme bien placé. Sans le lâcher des yeux, la brune autoritaire passa devant lui et lui ouvrit la porte de son bureau, puis l’invita à entrer d’un signe de tête.

    « Entrez. »

    La bienséance était de rigueur si jamais son père ou un autre haut représentant décidait de passer non loin de là à ce moment précis. Le ton était tout de même loin d’être chaleureux, mais rien n’obligeait la sous-directrice à l’être. Il se contenterait de cordialité, jusqu’à présent. Elle alla s’asseoir dans son imposant fauteuil de cuir noir aux coutures cuivre, elle n’eut guère besoin d’indiquer à Alec où se mettre, il pouvait aussi bien rester debout que cela lui importait peu. Le bureau sombre mais luxueux d’Ana avait retrouvé fière allure depuis que Wilson l’avait mis sens dessus dessous.

    « Ça tombe bien, j’avais justement envie de gâcher ma journée. »

    Bras et jambes croisés, elle toisa le jeune Rivers de haut, après avoir esquissé un léger sourire en lui balançant son sarcasme, elle redevint aussi froide qu’une cellule d’Azkaban.

    « Qu’est-ce que tu veux, l’erreur ? » Au diable la bienséance maintenant que dans cet imposant bureau, personne ne pouvait les entendre. « Sois bref, je n’ai pas que ça à faire. »






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Ana S. Oliveira
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Ana S. Oliveira
Ven 6 Jan 2023 - 15:43
Elle était d’une beauté froide, sévère. Perchée sur ses talons et armée d’un regard de glace. Le pendant parfait à son père. A vrai dire, il y avait dans ses sourcils durs, ses lèvres pincées et ses pommettes hautes quelque chose qui pouvait évoquer Lydia, sa mère. Tout le mépris du monde, la fermeture rigide, la poitrine haute et le menton fier. Un ton mielleux trop aisé à se coudre sur ses lèvres, à chasser la rigueur de son comportement. Manipulatrice et femme violente, Alec n’en doutait pas. Sans doute en avait-il trop côtoyé pour les ignorer. Peut être reconnaissait-il seulement la brutalité qui lui était semblable. Qu’importe.

« Entrez. »

Pas un mot chez le jeune Rivers. L’aversion froide qu’elle lui réservait ne lui était pas inconnue, pas plus que la morsure acide qu’il lui adressait en retour. Alec se savait sur la sellette, sans cesse et sans compromis. Les coups de semonce avaient été tirés depuis longtemps, il n’était qu’un mort en sursis, rien de plus. Venir jouer avec le feu comme il le faisait avec cette femme à qui il embrayait le pas n’était sans doute pas la chose la plus intelligente qui soit. De son pas fluide mais dur, Oliviera avait contourné le grand bureau, s’asseyant dans le fauteuil de cuir, bras et jambes croisés. Refermant la porte derrière lui, Alec suivit jusqu’à la surface lisse sur laquelle une plaque de cuir était installée ainsi que quelques dossiers. De la décoration aussi sans doute. A peine y prêtait-il attention, seulement centré sur les expression de cette femme dont le mépris et la haine dégueulait de ses prunelles d’ambre.

« Ça tombe bien, j’avais justement envie de gâcher ma journée. »

Le sourire ne dura pas, supportant seulement le sarcasme. Cette femme l’aurait tué si elle l’avait pu, c’était certain. Comme pour beaucoup d’ailleurs. Seul son statut d’héritier Rivers le protégeait encore, détenteur de fortune et de positions sociales, sans compter les nombreux avantages de sa famille au sein de l’aristocratie. Étonnamment, ce qui le sauvait était aussi ce qu’il exécrait le plus. A jamais condamné à être ce qu’il abhorrait.

« Qu’est-ce que tu veux, l’erreur ? » Le vouvoiement avait disparu loin du velours des soirées aristocratiques. Tout ici puait alors le pouvoir, jusqu’à le ton qu’elle employait envers lui. « Sois bref, je n’ai pas que ça à faire. »
“Charmante.” Cynique.

Un souffle amusé lui tordit les lèvres à l’instant où il s’échouait dans l’atmosphère électrique.
Retirant les mains de ses poches, il était venu jusqu’à appuyer ses cuisses contre la surface de bois lustrée. Comment aborder ça ? Etait-ce seulement une bonne décision ? “L’échange dont tu parlais m’intéresse, finalement.” Le sourire qu’elle ne manquerait pas de lui adresser lui sciait déjà les os par avance. “Toujours à tenter d’approcher mon père pour lui soutirer son poste ? Et toujours rien en vue je suppose ?” La question n’était là que pour faire bonne mesure, poser les choses, jouer ses cartes. Dans le fond, Alec savait parfaitement que son père ne ferait pas d’écart comme ça. Son opinion à l’égard de son libertin de fils était bien assez tranchée pour qu’il connaisse le fond de sa pensée. “ Il a une certaine droiture que je ne possède pas…” A ces mots, le jeune homme eut un sourire en coin.
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Alec Kaleb Rivers
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Mar 17 Jan 2023 - 11:46

Vendredi 28 Octobre 2016






Département de la justice magique








    En apercevant le jeune Rivers faire le pied de grue devant son bureau, Ana avait tout de suite grincé des dents, exaspérée par sa présence. Mais en y repensant, Alec n’était probablement pas venu pour se payer sa tête, voilà un jeu dangereux qu’il vaudrait mieux éviter pour préserver sa santé et son intégrité physique. Le motif était donc tout autre, et quelqu’il soit, cela avait dû demander au jeune homme un effort non négligeable pour venir jusqu’ici. Rien que pour cela, Ana avait décidé de le faire entrer et de l’écouter, lui faisant tout de même clairement comprendre qu’elle n’avait pas non plus que ça à faire. C’était sarcastique, mais également on ne peut plus vrai, les dossiers des affaires encore non élucidées ou au sujet des Lycanthropes croulaient sur tous les bureaux de l’administration du département.

    Néanmoins, la sous-directrice de ce dit département brûlait de curiosité. Elle ne prêta donc aucune attention à la petite pique ironique au sujet de son charme, et attendit patiemment la suite. Rivers junior évoqua alors le fameux échange dont il avait été question lors d’une réception mondaine entre sang-purs, au manoir Andrews, au mois de juin. Ana haussa alors un sourcil. Elle n’avait guère oublié la réaction et les répliques de ce petit merdeux ce jour-là. Pourquoi venait-il la voir maintenant, plusieurs mois plus tard ? En tout cas, la brésilienne ne s’était pas trompée, il avait donc bien fallu à Alec une tasse de courage et un sacré ravalement d’ego pour oser revenir lui parler de ça. Intéressant, en revanche.

    Bien sûr, il n’allait pas non plus s’écraser face à son aînée, il ne fallait pas trop compter là-dessus. Ce ton sarcastique qu’il employait, Ana utilisait le même, et cela ne changerait certainement jamais entre eux. Elle ne put s’empêcher de grincer de nouveau des dents lorsque le jeune homme évoqua son échec. Alec avait raison, hélas, aussi sulfureuse et aguicheuse qu’elle pouvait être, la brune n’avait jamais réussi à faire sortir son supérieur hiérarchique du droit chemin. Et ce, malgré les regards en coin lancés de temps à autre. Ou bien peut-être qu’Ana se trompait, auquel cas elle ne lâcherait pas l’affaire pour autant. Puis, elle leva les yeux au ciel à la dernière réflexion d’Alec. À vrai dire, elle ne s’intéressait absolument pas à sa vie. Elle eut à son tour un petit sourire, elle non plus n’était pas un modèle de droiture, mais ce n’était pas un secret d’état au Ministère et elle l’assumait amplement. Vicieuse et meurtrière, deux qualificatifs qui lui allaient comme un gant.

    « Nous avons donc un point commun, n’est-ce pas merveilleux. »

    Un petit rire sarcastique vint accompagner sa propre réflexion. Puis Ana reprit aussitôt son sérieux.

    « A vrai dire, je me fiche bien de ce que tu fais de ta vie. »

    Mais, elle se fichait beaucoup moins de ses paroles précédentes, et cette partie l’intéressait bien plus. Elle se pencha légèrement, les coudes sur son bureau et les mains entrelacées.

    « C’est vrai, je n’ai toujours pas réussi à approcher ton père. Et je n’ai pas eu le temps de m’en occuper plus que ça…Mais je n’aime pas qu’on me résiste, alors je finirais bien par y arriver. »

    Non seulement Ana n’aimait pas qu’on lui résiste, mais l’envie d’accéder au plus haut rang du département de la justice magique la motivait bien d’avantage qu’une simple partie de jambes en l’air avec Leeroy, qui n’était pas non plus le play-boy du siècle. Mais si il fallait en passer par là, qu’à cela ne tienne, la brésilienne avait déjà fait bien pire.

    « Je suppose que tu t’es décidé à honorer l’accord proposé la dernière fois. »

    Pourquoi venir, sinon ? Ces deux-là n’avaient absolument aucune raison de se côtoyer juste pour le plaisir. Elle se souvenait avoir demandé à Alec, lors de cette réception de juin, ce qu’elle pouvait bien lui offrir en échange. Alors, c’était le moment pour lui reposer la question. Rien n’était gratuit, elle était bien placée pour le savoir.

    « Alors, qu’attends-tu de moi ? »

    La brune autoritaire n’avait pas l’intention de passer par Quatre Chemins. Elle attendait de savoir ce que celui qu’elle surnommait l’erreur pouvait bien vouloir d’elle en échange, avant d’honorer définitivement un quelconque accord ou élaborer un quelconque plan…







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Ana S. Oliveira
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Dim 22 Jan 2023 - 0:05
« Nous avons donc un point commun, n’est-ce pas merveilleux. »

Un léger souffle d’amusement passa les narines du jeune homme à l’entendre énoncer cette sarcastique ressemblance. Alec aurait aimé se dire qu’ils ne sortaient pas du droit chemin pour les mêmes raisons mais à vrai dire, ses mains étaient couvertes de sang au même titre que celle dont il devinait un quotidien plus que troublé. Aucun désir d’en faire partie et pourtant Alec savait qu’il risquait gros à être ici… Et qu’il s’agissait sans doute de la pire idée du monde.

« A vrai dire, je me fiche bien de ce que tu fais de ta vie. »

C’était tout de même fascinant cette propension qu’ils avaient tous à à la fois se foutre de ce qu’il pouvait faire de son existence et pour autant lui coller au train pour le forcer à rejoindre les rangs sangs purs pour l’avoir sous la main. Alec ravalait donc la remarque acerbe qui voulait qu’on lui lâche la grappe et le laisse vivre son existence loin de tout ça si leur bande de guignols se foutaient ainsi de lui. Mais il se tu. Contre-productif.

« C’est vrai, je n’ai toujours pas réussi à approcher ton père. Et je n’ai pas eu le temps de m’en occuper plus que ça…Mais je n’aime pas qu’on me résiste, alors je finirais bien par y arriver. »

Oh ça il se doutait bien que la sous-directrice était du genre à ne pas aimer qu’on lui résiste et à faire des pieds et des mains pour obtenir ce qu’elle pouvait bien souhaiter. Sans sous-entendus. Quoi que si ; avec sous-entendus.

« Je suppose que tu t’es décidé à honorer l’accord proposé la dernière fois. »

La réflexion le fit frissonner d’un dégoût qu’il gardait loin sous la surface. Oui. Et l’évocation de coucheries en parallèle de ce fait donnait à l’ensemble un aspect plus glauque encore. Ni certain de ses décisions, ni véritablement certain de s’engager sur une pente qu’il souhaitait franchir, Alec ne broncha pas, ravalant l’envie de lui faire bouffer ses petits airs de connasse supérieure. Pas la bonne position pour ça.

« Alors, qu’attends-tu de moi ? »
“Un poste.” La réponse claire, sans s’engluer dans des fioritures inutiles. Alec plantait sur elle son regard droit, le visage de marbre. Il y avait dans sa posture des airs de son père. Le corps droit, le menton haut, les yeux de givre et les mâchoires solides, Alec était bien le fils Rivers, aucun doute là-dessus. Dès qu’il sortait de son rôle d’adolescent mal-embouché apparaissait en filigrane les attitudes de cette lignée qu’il nommait lui-même “la mafia Rivers”. Bien des capacités, des contacts, des soutiens dans le monde magique. Une famille implantée d’où sortaient directeurs, ministres, hauts cadres et dignitaires. Des dirigeants, tous autant qu’ils étaient. Ainsi lui-même était-il promis à une carrière de politicien, d’avocat ou d’entrepreneur.

“Je veux intégrer la protection des mineurs. En échange, je t’aide avec mon père.”

La gueule dans la merde, pas tout à fait le genre de postes qu’un type comme lui est censé convoiter. Effectivement pas le genre auxquels il se destinait à l’origine. Loin d’Ana, Alec n’y serait pas dans ses pattes, à peine pourraient ils se croiser à l’occasion. Pas de raisons de le lui refuser donc, pourtant l’idée de l’avoir pour supérieure hiérarchique, si lointaine soit-elle, l’emmerdait profondément.
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Alec Kaleb Rivers
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Dim 29 Jan 2023 - 15:18
Vendredi 28 Octobre 2016






Département de la justice magique







    Que pouvait donc bien vouloir d’Ana ce jeune gosse de riche agaçant au sang-pur ? Alec se montrait sarcastique la plupart du temps, un vrai petit con, beaucoup le qualifiait ainsi. Pourtant la sous-directrice du département de la justice magique avait l’impression d’avoir aujourd’hui en face d’elle un autre Rivers, ou plus exactement une toute nouvelle facette de sa personnalité, même si elle n’en connaissait pas vraiment d’autre.
    Un poste. Rien que ça. La brésilienne pensa en premier lieu à une plaisanterie, mais étant donné qu’Alec avait l’air on-ne-peut plus sérieux, cela expliquait pourquoi il avait pris la peine de faire le pied de grue aussi longtemps devant le bureau d’Ana tout à l’heure. Celle-ci réagît alors immédiatement, en laissant échapper un rire moqueur non dissimulé. Sourire aux lèvres, elle répondit aussitôt la même chose que ce qui lui était venue à l’esprit :

    « Un poste ? Rien que ça… »

    Par Merlin, la brunette détestait au plus haut point les gosses de riches sang-purs pistonnés. Malgré les pots de vin et corruptions, elle s’était toujours sentie bien plus méritante que ces tocards, pour être arrivée à ce poste. Maintenant, elle allait très certainement accéder à la requête du jeune Rivers, car un plus haut poste encore était en jeu. Elle n’était pas à une corruption près, et cela faisait bien longtemps qu’elle s’était assise sur ses principes.

    La protection des mineurs. Un rire moqueur suivi d’un haussement de sourcil de la part d’Oliveira, qui se demandait bien pourquoi Alec désirait rejoindre le service de protection des mineurs, qu’est-ce qui pouvait bien l’intéresser là-bas ? Bien évidemment Ana comptait bien lui poser la question, puisqu’elle eut l’idée de faire passer au jeune Rivers un bref interrogatoire qui servirait d’entretien d’embauche. Elle aurait aussi bien pu refuser, mais après tout c’était elle qui était venue à la rencontre d’Alec pour qu’il l’aide à corrompre son paternel. Certes cela remontait à plusieurs mois maintenant, mais jamais la sous-directrice ne s’était enlevé cela de la tête.

    « Intéressant… »

    Elle se recula un tantinet de son bureau pour attraper un dossier dans l’un des tiroirs. Elle le déposa devant elle, sans l’ouvrir et posa une main dessus. Sous les doigts fins de la brésilienne, l’on pouvait lire « service de protection des mineurs », mais elle n’avait pas l’intention de le tendre si facilement à Alec. Et elle ne voulait pas non plus perdre du temps à réfléchir sur l’offre de son jeune interlocuteur, alors elle répondit simplement, le même sourire aux lèvres.

    « Je ne suis pas certaine que tu aies les qualités requises pour y travailler. » À vrai dire, Ana ne le connaissait pas tant que ça. Peut-être qu’il ne s’agissait juste pas d’un coup de tête et qu’Alec préparait ce jour depuis longtemps.

    « Je ne compte pas non plus te faire passer un entretien en bonne et due forme. » Le sourire s’effaça, laissant place à cet air plus sévère que tous connaissaient si bien, Alec inclus. Elle se rapprocha alors du bureau et se pencha vers le jeune homme, le regard dur.

    « Pourquoi vouloir intégrer ce service et à quel poste penses-tu accéder si j’accepte ton marché ? »

    Avant de lui laisser le temps de répondre, Ana enchaîna avec une dernière question, enfin cela n’en était pas vraiment une, mais la tournure de phrase attendait une réponse…

    « C’est étonnant que tu préfères passer par moi plutôt que par ton père… »

    En réalité ce n’était pas si étonnant que cela, il n’était pas rare que la brunette entende Leeroy se plaindre de son fils, ainsi que d’autres Supérieurs. Et encore, se plaindre était une manière polie de dire qu’ils voulaient simplement sa peau. Leurs tentatives pour extirper des informations étaient jusqu’à présent restées veines. Alec avait la tête dure, il survivrait probablement au département de la justice magique. Il devait être très motivé pour s’attendre à avoir Ana comme patronne…





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Ana S. Oliveira
Jeu 2 Fév 2023 - 19:05
« Un poste ? Rien que ça… »

Elle ne serait pas dans ses pattes, appartiendrait à un sous-service de sous-service, si loin d’elle. Elle n’aurait pas à se taper sa présence. Argument non négligeable vu la manière dont ils se comportaient l’un l’autre lorsqu’ils se trouvaient dans le même espace. Antipathie commune et sans manières. Alors pourquoi pas ? Pas son genre, sans doute, de sembler s’intéresser à un plan de carrière. Non, lui était connu pour se perdre dans les beuveries et entre les cuisses des jolies femmes. Alec avait conscience de sa réputation, conscience de ce qui se disait de lui, de ses nuits, de ses rapports aux autres. Tout ça, il l’avait cherché et n’avait d’autre choix que de l’assumer, d’autant que cette image de jeune crétin volage et impulsif servait sa cause. Pour autant Alec n’était pas que ça. Il ne pourrait être que ça. Pourtant cette part de lui, bien réelle, se crispait d’agacement à la réaction de la sous directrice. Se rabaisser à être ici pour accepter ses demandes merdiques était assez insupportable comme ça. Pourtant, si une légère crispation lui prit les muscles, Alec ne dit rien. Regard droit dans le sien, planté contre son bureau, épaules solides. Plus qu’il ne l’était en vérité. Étonnamment, ça l’emmerdait de trahir son père ainsi. Alec l’avait toujours exécré, n’ayant en tête que de retourner sa violence contre lui, de lui faire ravaler son petit air supérieur. De le réduire en miette, physiquement, moralement, publiquement. Leeroy était et serait toujours un homme dur, pédant aux yeux de son fils, implacable. Jamais, lui semblait-il, cet homme n’avait pris son parti. Alors pourquoi cette sensation dans sa chair ?

« Intéressant… »

Quoi ? Le choix du poste et du service ou son aptitude à, finalement, après ses éclats de grande gueule, venir ramper près d’elle ? Car ni l’un ni l’autre ne lui plaisaient. Le premier, parce qu’il disait de lui des choses qu’il aurait voulu garder loin de toute considération. Le second pour des raisons évidentes.

« Je ne suis pas certaine que tu aies les qualités requises pour y travailler. »

Toujours ce sourire aux lèvres. Bordel, il le lui aurait fait bouffer. Ce qui était très certainement le miroir exact de la haine qu’elle ressentait quand, à son tour, il souriait ainsi. Sauf qu’il n’avait jamais été en position de force et venir négocier aujourd’hui bouffait le peu d’avance qu’il pouvait avoir. Mais ça ? La réflexion le piqua au vif comme un tison. Dans ses prunelles, un éclat de givre. Sur sa mâchoire, une crispation. Sous ses côtes, le fracas d’un cœur qui s’emballe. Combien de temps avait-il mis avant de se décider ? Ça n’aurait pas dû compter, dans ce cas, si ? Pourtant à l’idée qu’elle puisse l’envoyer chier - idée à laquelle il se pensait pourtant préparé - lui martela la poitrine. En un battement de paupières, Alec comprenait que cette possibilité était l’une des seules qui le faisait tenir. Une option d’avenir, un moyen de s’ancrer dans quelque chose de concret. De faire quelque chose de lui-même. De rééquilibrer l’horreur qu’Azalea lui imposait.
S’écraser face à une seconde tarée n’était-il pas suffisant ?
Ferme ton égo Alec. Encaisse.

« Je ne compte pas non plus te faire passer un entretien en bonne et due forme. » C’était bien son espoir. Qu’elle refuse de perdre du temps avec lui tout en prenant ce qu’il lui offrait. Qu’elle lui file le poste, accepte le marché, et qu’ils ne se croisent qu’au minimum. C’en était presque une supplique dans son esprit à vif d’avoir à gérer une autre psychopathe en puissance. Car Alec savait. Alec se souvenait de ce qu’il avait entendu sur elle. Putain de famille de mafieux, un pied dans toutes les merdes de l’état, le second dans toutes les embrouilles. Jamais Ana ne passerait au dessus de Leeroy. Mais décaler les pouvoirs, ça, ça pouvait se faire. Quant à faire imploser le noyau Rivers ? Briser ce couple ignoble que formaient Lydia et Leeroy ? Oh, rien n’aurait pu davantage amuser Alec.

« Pourquoi vouloir intégrer ce service et à quel poste penses-tu accéder si j’accepte ton marché ? »
“ça t’importe vraiment ?” L’air pincé, un rictus au bord des lèvres en souleva le coin gauche. Non pas concernant le poste, mais les raisons de ses décisions. Pourquoi s’y intéresser après tout ? Elle l’exécrait, ne semblait là que pour le pouvoir que lui apportait sa position, alors cherchait-elle à savoir s’il pouvait effectivement être bon à ce poste ou à simplement l’humilier davantage à le forcer sur des terrains glissants ?

« C’est étonnant que tu préfères passer par moi plutôt que par ton père… »

Un léger rire, cynique, lui passa la gorge. Inutile lui semblait-il, de répondre à cette réflexion. Elle savait parfaitement pourquoi il ne passait pas par Leeroy. Père et fils étaient en conflit depuis des années, ce n’était un secret pour personne. Pour autant, si Alec le pensait systématiquement virulent à son encontre et que le père ne manquait rarement de se plaindre de son fils, tout en colère qu’il était, il ne laissait pourtant jamais rien passer en sa présence. Du moins tant qu’Alec ne le voyait pas. Un mot déplacé sur son héritier et Leeroy frappait, durement et sans sommation. Étrange capacité des grands à refuser qu’un autre ne frappe le quart de ce qu’ils infligeaient à leur progéniture. Question d’appartenance, sans doute. De contrôle.

L’espace d’une seconde pour détourner le regard et y revenir, desserrer les mâchoires, retrouver sa voix. Ne pas lui cracher au visage ; aussi.

“Je suis neveu de ministre. Fils du type qui dicte la justice dans ce putain de pays. Les connards comme moi finissent juges suprêmes ou politiques de mes couilles. Et j’ai clairement aucune envie de te demander quoi que ce soit. Donc si j’suis là, c’est que je déconne pas.” Dans une lenteur rigide, Alec posa ses mains sur le bureau, plantant dans ses prunelles les lames de givre que devenaient ses iris. “J’me fous du salaire. J’me fous du poste. Mais je veux que chacun de ces enculés qui violent ou cognent leur mômes sachent que je me pointerai à leur porte un jour ou un autre et qu’ils s’en sortiront pas parce qu’ils font copain copain avec les bonnes personnes.” Pas comme les Rivers, donc. Ce milieu était vérolé, Alec n’avait pas besoin d’y appartenir pour le savoir. Or toutes ces putains de familles trop puissantes pour qu’on les effleure lui filaient la gerbe. Trop de copinages, trop d’avantages, trop de pots de vin. “J’sais pas qui t’es. J’sais pas à quel point t’es là pour ton poste ou si ça t’importes un tant sois peu.” Rien à foutre des luttes de pouvoir, rien à foutre des Supérieurs et de leurs guerres à la manque, rien à foutre de ces nids de vipères. Oui, très naïvement et très sincèrement, c’était bien pour faire le taff et être là pour les gamins qu’Alec se décidait à demander ce poste. “J’vous emmerderai pas dans vos guéguerres, j’suis pas là pour ça. Tout ce qui m’intéresse c’est de protéger les mômes. Très littéralement.” Depuis quand était-il ce mec-là ? “Et j’pense que tu sais que j’ai exactement les compétences pour ce poste.” Les nerfs solides, aucune hésitation à se salir les mains, des motivations qui puaient la sincérité et une attitude de fouille merde capable de sortir les vieux dossiers et de faire plier les enflures. Quant aux gosses… ça il n’en savait rien. Ce qu’il savait, c’était qu’on attendait d’un type comme lui qu’il monte dans les grades. Lui-même se savait ainsi. Et pourtant Alec demandait bien d’écumer la boue, de fouler le pavé, de torcher des dossiers, de se taper les portes à portes et les interrogatoires.

“J’te demande pas d’être magistrat d’accord. J’veux être sur le terrain. Enquêter.” Pas vraiment dans ses plans de devenir flic et pourtant c’était bien ce qu’il demandait.
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Mer 15 Fév 2023 - 15:02
Vendredi 28 Octobre 2016






Département de la justice magique







Étonné qu’Ana puisse lui demander ses motivations pour intégrer le service intégré, par cette seule petite question, Alec réussit à l’exaspérer, une fois de plus. Mais la presque directrice contenait toute envie de lui coller une paire de claques, serrant légèrement le poing sur le bureau, les lèvres tout aussi crispées que les traits du visage de son jeune interlocuteur. Entre ces deux-là se jouait un drôle de jeu, l’un et l’autre se retenait de toute insulte à cracher au visage de l’autre, car suite à cette entrevue, ils avaient tous les deux quelque chose à y gagner, loin d’être négligeable. Ils jouaient tous les deux une carrière, en quelque sorte. Et puis Ana n’était en rien responsable du manque d’éducation donné par Leeroy sur sa progéniture. Ce gosse ne donnait pas envie d’avoir des enfants, c’était certain. Elle n’avait pas eu d’éducation à donner, elle, et s’en portait bien. À l’exaspérante question d’Alec, la brune avait soupiré, et lui avait répondu d’une voix tranchante :

    « C’est pour la forme. Je ne suis pas du genre à tolérer le piston en faveur des sales gosses de riches comme toi. »


Finalement, le fond de sa pensée avait fini par s’exprimer, de manière plus soft qu’elle ne l’aurait cru. En réalité, Ana se fichait de pistonner quelqu’un, mais pas lorsqu’il s’agissait d’un petit con gosse de riche comme elle le disait. Voilà pourquoi elle demandait au jeune Rivers ses motivations. Même si elle n’en avait pas vraiment le choix, pour obtenir une aide d’Alec. Cette pensée la dégoûtait un peu, mais c’était ainsi. Il avait d’ailleurs plutôt intérêt à avoir un plan d’attaque à lui proposer.
Mais pour le moment, Alec s’était tout de même décidé à répondre. Et ce ne fut pas son langage châtié qui avait surpris Ana, c’était cette détermination. Il n’avait pas tort lorsqu’il disait qu’un enfant de ministre aurait eu droit à une meilleure place, plus haut gradée. Pourtant Rivers junior ne demandait rien de plus qu’un simple poste, même au bas de l’échelle, juste pour avoir l’opportunité de travailler dans la protection des mineurs. Il ne choisissait pas ce service par hasard, il devait y avoir un sens caché dans ses motivations qui échappait à la brésilienne. Mais qu’importe, là n’était pas la question. Elle l’écoutait cracher sa haine, plus déterminé que jamais. Aussi, il avait l’air sincère et ne plaisantait pas. Finalement, elle put lui reconnaître ces qualités, et elle eut même la sensation de se reconnaître dans une partie de ce qu’Alec disait.
Le regard d’Ana dévia légèrement de celui de Rivers, l’air légèrement absente pendant un cours instant. Une pensée lui traversa l’esprit, que sans Anthony elle n’aurait pas eu de place ici, qu’elle n’aurait pas bénéficié des pots de vin et de la sur-protection de cette caste. Mais elle revint vite à son interlocuteur, refusant de laisser ressurgir des souvenirs ancrés trop profondément.

Le pire dans tout ça, c’est qu’Alec n’aurait même pas eu besoin de préciser qu’il ne souhaitait pas interférer dans les affaires des Supérieurs, elle l’aurait engagé malgré tout. Si Ana pouvait faire preuve d’une grande sévérité à l’égard des employés, elle savait aussi être juste, dans certaines circonstances. Lorsque le jeune Rivers termina, elle hocha simplement la tête.

    « Très bien. »


Quelques minutes de silence ensuite, pendant lesquelles la sous-directrice griffonna quelques notes pour un dossier, celui d’Alec Kaleb Rivers. Puis, elle referma le dossier et le plaça sur le bureau à côté d’elle, et enfin elle finit par envoyer une note de service.
Son regard vint alors retrouver celui de son interlocuteur. Pas de sourire, mais pas de crispation ou d’exaspération sur son visage non plus. En toute neutralité, elle déclara :

    « Tu commences lundi. Deux semaines à l’essai. Une semaine dans les bureaux, une semaine sur le terrain. »
Elle marqua une courte pause, cette fois un léger sourire apparut au coin de ses lèvres.
    « Nous verrons bien ce que tu as dans le ventre… »


Aussi, il fallait qu’elle lui désigne une sorte de tuteur pour le guider pendant son essai. Un nom lui vint aussitôt à l’esprit, un jeune employé de la brigade de police et qui devait être à peu près du même âge, ferait certainement l’affaire. Ainsi, elle pourrait les avoir à l’œil.

    « Durant cette période, tu seras sous la responsabilité de Warren Tveit. En partant, tu passeras au bureau des admissions pour compléter ton dossier. »
Elle lui tendit donc le dit dossier qu’elle avait préparé juste avant, tandis qu’elle parlait.

    « Je ne tolérerais aucun manquement au règlement pendant ta période d’essai. Si tu suis correctement les ordres, alors tu pourras espérer obtenir officiellement un poste, d’ici quelques semaines. »


Maintenant que l’entrevue était terminée et qu’Alec allait bientôt partir pour finaliser son admission, il restait tout de même à Ana une dernière question à poser. Elle enchaîna donc directement avant que le jeune Rivers ne se lève.

    « Et donc, ton plan ? »


Elle n’allait pas le laisser partir avant de connaître sa stratégie, quand bien même il n’avait pas eu le temps encore d’y réfléchir, il ne partirait pas sans cela…




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Dim 19 Fév 2023 - 10:54
Il avait toujours haïs ces gens. Tous ces gens. De leurs grands sourires aux regards acerbes, des jugements à la fausse bienveillance en passant par l’intégralité des relations qui se tissaient au quotidien entre les membres des familles, les amis, les collègues. Le pire étant sans doute pour certains l’aspect marital. Chaque dynamique régissant le monde sang pur dégueulait l’hypocrisie et le contrôle. Tout était sous chape, comme organisé en haut lieu et seule les années d’expériences et les liens sociaux pouvaient permettre de tirer son épingle du jeu. S’extraire, aussi sans doute, des filets tendus par les générations précédentes. S’appuyer, aussi, sur les acquis du passé, il fallait l’admettre. Alec était - et il en avait conscience - parfaitement hypocrite à cracher ainsi sur les relations de pouvoir mis en place dans l’aristocratie anglaise tant sa propre existence serait déjà arrivée à son terme s’il n’y avait pas derrière lui les épaules Rivers pour encaisser les chocs. Leeroy, son père, avait déjà dissimulé nombre de ses conneries et sans doute son dossier serait-il bien davantage à charge s’il n’était pas là. Quant à Jethro… personne n’attaque Jethro. Le ministre de l’économie, véritable parrain de la mafia légale, n’avait rien à envier à quelque gros bonnet de la pègre. S’il n’y avait que ça, bien sûr, Alec ne serait pas aussi bien protégé. Le réseau étendu des Rivers sillonnait le pays et se tissait comme une toile au sein du ministère, des grandes administrations, des services publiques et des hauts dignitaires anglais. Sans doute les Rivers finançaient-ils une grande partie de la Cause Supérieure et il y avait de grandes probabilités pour que Jethro, le frère de son père, n’ait plus qu’un pied d’ancré dans la Cause. Alec doutait même qu’il soit le seul en cause. Ainsi qui était Ana au cœur de tout ça ? L’ancien Serpentard savait qu’il avançait à vue, incapable de savoir exactement quels étaient ses ennemis, et inapte à obtenir ne serait-ce que le quart d’une vision globale et éclairée. Pourtant il avançait, parce qu’il n’y avait que ça à faire. Et, sans doute, son père et son oncle hors course, il n’aurait plus le même statut, et donc la même protection. Mais pour l’heure, il ne cherchait à faire tomber ni l’un ni l’autre. Oliviera cherchait un poste, c’était tout. Si cela pouvait affecter l’un des piliers Rivers, il n’y avait pas de raisons que l’ensemble ne s’écroule. Il faudrait donc la jouer serrée, sans risquer sa propre peau.
Ce serait donc si simple de ne simplement pas bouger. De rester dans la position actuelle, déjà si violemment compromise, et d’attendre que tout passe. Mais il n’en avait plus la capacité. Ça n’avait pris que quelques mois pour en arriver là mais sa simple condition d’héritier Rivers et de prisonnier de famille et d’Azalea l’insupportait au plus haut point. Il était le pion, le chien, le servile. Et rien que cette idée lui foutait une nausée qu’il ne saurait exprimer. Mais rien n’était comparable à l’horreur que Carraway lui faisait vivre au quotidien. Elle déformait chacune de ses valeurs, tordait sa morale, brusquait le bon sens. C’était sans doute ce qu’il cherchait à compenser aujourd’hui. Ce qui, surtout, devenait une évidence à force de faire face à l’enfer de son enfance.
Alec savait qu’il devrait affronter un jour ou l’autre la figure de son oncle maternel, tout comme il se faisait force d’affronter son père et son oncle paternel chaque jours pour l’un, chaque fois qu’il y était forcé pour l’autre. De même pour sa mère, la plus manipulatrice et changeante du lot mais certainement pas la moins dangereuse. Ainsi ce qui l’avait toujours pesé lui fracassait la gueule depuis des mois. Il fallait, avant de se laisser couler dans les limbes du renoncement, se retrouver soi. Faire quelque chose qui compte.

Les mômes, donc. Et la seule flamme de ses prunelles de glace, le seul ton rocailleux de sa voix indiquait à quel point il était sérieux dans cette affaire. Sans doute la seule chose qui importe pour lui, à hauteur de ce qu’Ana pouvait savoir sur son compte.
Ainsi qu’importe qu’il aboutisse au bas de l’échelle et qu’importe qu’il n’ait pas un poste haut placé avec de beaux revenus, le bureau et la reconnaissance qui va avec. Bien au contraire, Alec n’en voulait pas. La rançon du pouvoir lui était déjà bien assez coûteuse. Naturellement pourtant le connaissant on pouvait s’imaginer qu’il ne puisse se contenter d’un poste de grouillot véritablement longtemps. Sans doute l’entreprise qu’il convoitait, qu’importe ce qu’elle serait, finirait par se mettre en branle et il grimperait en grade. Pour l’heure pourtant, c’était la sobriété qui primait. Le besoin d’aider était réel et véritable sans être tout à fait désintéressé.

Et puis, si un Lannister paye toujours ses dettes… un Rivers obtient toujours ce qu’il veut.

Tôt.
Ou tard.

« Tu commences lundi. Deux semaines à l’essai. Une semaine dans les bureaux, une semaine sur le terrain. »

Pas de sourire de satisfaction mais une tension évacuée dans la crispation de ses muscles. Toujours debout, les jambes solides et le dos tendu, Alec se sentit se relâcher d’un cran en l’entendant prononcer ces mots. Redressant légèrement le buste jusqu’à lâcher le bureau sur lequel il avait les paumes à plat, le jeune homme laissa ses bras retomber le long de son corps et acquiesça en silence. Les traits tirés et les lèvres pincées ne forgeaient sur son visage plus la même expression déterminée mais une forme de reconnaissance formelle.

« Nous verrons bien ce que tu as dans le ventre… »

Un léger sourire cette fois, en réponse à celui de cette femme qui, brusquement, était devenue sa supérieure. Il aurait pu être vexé des sous-entendus ou de n’être pas reconnu comme assez solide pour pouvoir faire le taff. En réalité, il y avait quelque chose dans l’échange qui lui plaisait. Dans l’exigence sous-tendue par ses paroles. Il la voyait jusque là comme carriériste, or sa manière d’agir supposait un certain intérêt pour ce qui se passait dans ses rangs et les résultats auxquels elle pourrait aboutir. Ça, ça lui convenait. Dans le silence du jeune homme, se gagnait doucement une forme encore légère d’un respect loin d’être gagné.

« Durant cette période, tu seras sous la responsabilité de Warren Tveit. En partant, tu passeras au bureau des admissions pour compléter ton dossier. »

La surprise d’entendre prononcé le nom de son meilleur ami passa dans ses prunelles sans s’exprimer davantage. Warren n’était pas dans ce service, mais l’idée était sans doute de voir son comportement dans un autre secteur, probablement en collaboration avec cette brigade. Sans la remettre en doute, Alec acquiesça et prit le dossier qu’on lui tendait. « Je ne tolérerais aucun manquement au règlement pendant ta période d’essai. Si tu suis correctement les ordres, alors tu pourras espérer obtenir officiellement un poste, d’ici quelques semaines. »

De nouveau, un acquiescement sobre. “Merci.” Chez lui, le respect ça s’acquiert. Sommaire, donc, mais c’était sans doute là la première fois qu’il ne dégageait aucune hostilité envers elle. Pas de justification ni de ricanement, pas d’insolence ou d’arrogance mal placée. Pas d’obséquiosité hypocrite ni de platitudes. Il ferait, oui. Mieux encore, s’il n’y avait chez lui aucune vocation à être à jamais irréprochable, il était clair qu’il donnerait son possible pour satisfaire les besoins du poste. Voire les dépasser.
Juste un acquiescement sérieux, donc, laissant entrevoir l’homme et non plus l’adolescent.
Il n’aurait pas cherché plus loin et serait reparti avec son dossier sous la main si elle ne l’avait pas arrêté à la seconde même où son corps pivotait vers la sortie.

« Et donc, ton plan ? »

Bien sûr. Comment aurait-il pu y échapper ? En se détournant, Alec s’immobilisa, coulant calmement son regard vers elle. “’Commencer par éliminer ma mère de la partie. Et lui rappeler qu’il déteste cette femme.” Une évidence dont il n’avait jamais douté, qu’importe le mépris qu’il éprouva pour chacun de ses géniteurs. “Je vais les forcer à passer du temps ensembles, on va commencer par là. Et toi tu vas te montrer insupportablement attirante et accessible.” Un coup d’œil vers elle, un haussement d’épaules. “Il craquera pas facilement mais il craquera.” Nouveau haussement d’épaules. “Moi j’craquerai.” Factuel. Assez honnête également. “Après t’auras ton moyen de pression.” Oh bien sûr, Alec avait milles autres façons de faire tomber son père. Mais toutes risquaient de mettre à mal un équilibre dont il avait lui même besoin. Et puis, admettons-le, l’idée de faire valser ce duo qui lui avait fait vivre l’enfer tant d’années l’amusait profondément.
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Malgré l’engouement du jeune Rivers pour le poste au sein de la protection des mineurs, la sous-directrice n’était pas sûre de pouvoir lui faire réellement confiance. Pour les responsabilités que cela lui incombaient bien sûr, car en dehors de ce nouveau cadre professionnel, Alec n’était clairement pas digne de confiance. Mais il avait réussi malgré tout, sans aucune prestance particulière, à la convaincre. Simplement avec une dose de sincérité et de conviction. Ana ne savait pas vraiment ce qu’il l’attendait avec cette erreur congénitale dans son département, mais si ce dernier voulait un poste à temps plein et à durée indéterminée, il avait plutôt intérêt à bien travailler. Elle l’avait donc placé à l’essai en compagnie de Warren, étant donné que les deux services étaient amenés à collaborer. Si Alec validait sans problème cette période, alors seulement là il pourrait accéder à l’essai à la protection des mineurs. Encore une fois, au bureau, puis sur le terrain. Également, Ana comptait bien interroger le jeune récemment arrivé au sein de la brigade afin de savoir comment est-ce que le Rivers se comportait sur le terrain. Deux fils de sang-pur plus ou moins du même âge, elle se doutait bien qu’ils devaient se connaître, mais ignorait les détails des relations qu’ils entretenaient, et cela lui était complètement égal, d’ailleurs. Tout ce qui importait à la brésilienne, c’était de ne pas avoir commis de grossière erreur en échange d’un plan dont elle ignorait tout, simplement pour monter en grade.

Mais elle prit le risque. Bien entendu, elle n’allait pas laisser Alec partir avec son dossier d’embauche sous le bras, sans rien cracher en échange. Ana n’avait pas manqué de le lui rappeler, car c’était l’unique raison pour laquelle elle avait accepté cet entretien, aussi bref soit-il. Même si elle ne l’avouerait probablement jamais, elle et le jeune Rivers avaient tout de point commun, l’ambition d’obtenir ce qu’ils voulaient, peu importaient les moyens mis en œuvre. Pourtant, ils ne se connaissaient pas vraiment. La brune autoritaire, malgré sa petite taille, en faisait claquer des dents plus d’un ici, menant le département de la justice à la baguette et imposant le respect à travers sa réputation. Instaurer l’ordre par la peur, voilà ce qui lui plaisait. Telle une dictateure, Ana plaçait ses pions sur son échiquier, et prenait de plus en plus de place dans cette aristocratie dont elle n’était même pas issue. Alec à l’inverse, voulait s’en défaire. Sur ce point par contre, ils étaient diamétralement opposés.
Mais peu importe, la brésilienne attendait le fameux plan. Il ne s’agissait pas d’éliminer au sens propre du terme la mère Rivers, mais de rappeler au père les tensions au sein du couple. Évidemment, cela paraissait évident à présent. Encore un mariage forcé ? Pratique archaïque, mais encore courante dans le milieu. Bon nombre se demandaient sûrement pourquoi Ana n’avait jamais été mariée à son âge. Mais rappeler à un homme pourquoi il détestait sa femme, serait un jeu d’enfant, en particulier si de l’autre côté, leur insupportable fils les forçait à passer du temps ensemble. La brune n’avait plus qu’à sortir la bonne tenue au bon moment, et à adopter le comportement le plus séducteur, afin de se rendre honteusement accessible. Un sourire apparut au coin de ses lèvres, elle imaginait que Leeroy ne résisterait pas bien longtemps, comme bien des hommes qu’elle avait eu pour objectif de séduire. D’ailleurs un certain Général était le prochain sur la liste. Cependant elle devait bien reconnaître que Rivers père était un plus gros poisson, car jusqu’à présent les tentatives d’Ana étaient restées vaines. Cette fois, elle devrait mettre les bouchées doubles. Son sourire s’accompagna même d’un petit rire, à la réflexion du fils. Mais elle préféra ne faire aucun commentaire. Elle acquiesça, simplement.

« Très bien… »

Avoir un moyen de pression pour que Leeroy lui cède sa place, la presque directrice voyait tout cela en grand…En fait, elle se voyait Ministre, tout simplement. Et elle ne serait plus obligée de se farcir les tâches déléguées des plus hauts cadres.
Suite à cette entrevue, Ana griffonna quelques notes de plus sur le dossier qu’elle avait en main, celui de la « candidature » d’Alec. Elle referma ensuite le tout et le glissa sous un bras. Son regard autoritaire vint trouver celui de la nouvelle jeune recrue.

« Suis-moi. »

Suivie de Rivers fils, donc, la brune quitta son bureau. Elle ne le fit pas la suivre pendant très longtemps, à peine quelques pas pour arriver au bout du couloir et ils étaient devant le bureau des admissions. Ana entra machinalement dans la pièce et déposa le dossier de candidature devant la secrétaire chargée de la paperasserie administrative à ce sujet. Une petite binoclarde, tout aussi aimable qu’une porte de prison, mais qui s’était toutefois légèrement tendue lorsque la sous-directrice était entrée. Suivie du fils du Ministre, en plus. De quoi claquer des dents, effectivement. La voix grave et autoritaire, la brésilienne lui fit un rapide débriefing.

« Mr Rivers commencera à travailler lundi. Pour le moment, il fera un essai de deux semaines à la brigade de police, sous la responsabilité de Mr Tveit. Préparez les formalités. »

Un ordre froid donné, sans aucun mot factuel de plus. Ana se tourna vers Alec.

« Je vous laisse. »

Le vouvoiement était de retour, en présence de la Miss des ressources sorcières qui s’occupaient des dossiers d’embauche. Autrement dit, la sous-directrice avait d’autres chats à fouetter maintenant. Elle tourna les talons et se dirigea d’un pas déterminé vers la sortie, toutefois avant de rejoindre son bureau, elle s’adressa une dernière fois à Alec.

« Hé, Rivers Junior. » Bien entendu, il s’était retourné vers elle. « Ne me faites pas regretter mon choix… »

Un simple avertissement de routine…




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Mar 7 Mar 2023 - 13:06
C’était tout. Un rire, un acquiescement et le pacte était scellé. Une fois de plus, Alec frayait avec le diable sans daigner reculer. Une fois de plus, il acquiesçait, conscient de s’engager dans une voie qui ne lui plairait pas. Pourtant, le sentiment lui était bien moins violent face à Oliviera que face à Azalea. Non pas qu’il s’en méfia moins, mais simplement que le contrat ne l’engageait pas sur une pente aussi glissante que celui signé avec Carraway. Ce n’était pas tant son âme qu’il mettait en jeu que sa famille. Un facteur qu’il se sentait bien plus à l’aise de parier. Et pourtant pas tant que ça. Il était clair qu’au final, sans les Rivers, Alec serait déjà hors du paysage. Il serait donc essentiel de la jouer fine. La place de Leeory à la tête de la Justice Magique, et celle de son frère, aux finances du pays, sans compter les nombreux Rivers disséminés dans l’intégralité du gouvernement et de son fonctionnement, lui conféraient une certaine sécurité, c’était certain. Mais combien de temps durerait-elle, si jamais l’un d’eux tombait ? Serait-ce un château de carte ou d’autres prendraient leur place, refusant de céder la main mise qu’avaient les Rivers sur l’Angleterre depuis des années ?

Ana parapha un dossier, suspendant le mouvement de son nouvel employé. La porte entrouverte, Alec demeura donc entre le bureau et le couloir, comprenant que les choses n’étaient pas tout à fait terminées. Elle glissa les documents sous son bras, se leva, lui indiqua de la suivre. Les attitudes d’adolescent s’étaient envolées sous la contrainte. Le dos droit, le menton haut, les lèvres closes, Alec acquiesça d’un simple signe de tête et sortit avant d’attendre la sous-directrice et de suivre le mouvement. Il ne fit pas de commentaire, ni sur le chemin, ni une fois face à la secrétaire aussi aimable qu’une porte de prison. Ne souligna pas plus le changement du tutoiement au vouvoiement, ne fit preuve d’aucune insubordination. Il n’y eut qu’un assentiment sobre du regard lorsqu’Oliviera se retourna pour lui adresser une dernière fois la parole et le prévenir à mi-mot de ne pas lui faire regretter de l’avoir engagé. Seul un salut de deux doigts envoyé à la volée vint alléger l’apparence de parfaite rigueur qu’il arborait.

- Topic terminé -
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Alec Kaleb Rivers
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