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Tame the beast, ease the pain ▬ Sovahnn/Takuma

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Ecosse :: Logement de Sovahnn Lockwood et Tim Turner
Dim 18 Déc 2022 - 22:11


Lundi 17 Octobre, milieu de matinée

« J’espère que tu dors. Dans notre lit, pas l’front posé contre l’îlot de la cuisine. » Téléphone dans la main gauche, posé contre l’oreille du même côté, le sourire est fatigué. Lassé, triste aussi. Je sais que s'il dort c'est parce que l'épuisement l'aura emporté, que tant qu'il n'aura pas eu de nouvelles de Maxime ou de moi il ne relâchera pas la pression de l'angoisse. Moi ça me bouffe qu'on en soit arrivé là, parce que c'est pas ça qu'on veut pour les gens qu'on aime.

Sous la surface roule l’éclat de l’océan déchaîné, celui qui ne peut être contenu que temporairement. Chaque vague abîme un peu plus les entraves, qu’importe leur solidité elles céderont. Ça ne transparaît que peu dans la voix mais je sais qu’il entendra ce que je ne dis pas. Les craquements sourds du barrage qui ne demande qu’à être ouvert pour s’affranchir de ce flot puissant qui rue tel un fauve en cage. Le blocage, là, juste au dessus du larynx qui comprime un peu les mots, les rends difficiles à prononcer. Le pas est lourd, trop lent pour ne pas avoir l’air maîtrise. Le froid de la Norvège et ses premières traces de neige ont laissé place à l’humidité saisissante du Royaume-Unis, les semelles de mes chaussures bousculent la roche d’un chemin qui longe les côtes Écossaises.

L’humain contient, le Loup déchire, réclame le prix du sang. Pas le courage de lui dire que tout va bien parce que ça n’est pas le cas, pas la force de lui raconter, pas envie de lui mentir ni de parler à un répondeur. Pas ce matin, pas comme ça, pas après cette nuit qui s’est pourtant bien passé jusqu’à ce que la réalité vienne frapper brutalement. Les blessures de Benjamin, refermées mais présentes comme un membre fantôme. L’horreur, encore, l’ampleur. Les conséquences. J’en aurai presque encore mal aux mâchoires tant l’envie d’arracher la gorge de ce Lycan fait pulser les émotions dans mes veines. Si j’avais été là, peut être qu’à nous deux on aurait pu le mettre hors d’état de nuire. Ou peut être qu’on y serait passé tous les deux. Et là, dans le cœur comme dans les tripes, cette sensation d’être pris en tenailles. Entre la raison et la rage, entre l’amour qu’on porte aux siens et le besoin d’abandonner toute considération pour prendre les risques qu’on s’est interdit jusqu’ici « Appelle quand tu veux, j’passe chez Sova et Tim. Je t’aime. » Pas des plus tendres, pas de sourire dans la voix, ça n’est pas brusque pour autant mais là tout de suite c’est tout ce que je peux offrir. Huit heures de décalage horaire entre ici et là-bas, impossibilité de rentrer tout de suite, Asher à retourner chercher et ramener, la vérité c’est que je ne sais même pas où j’ai envie d’être en cet instant.

Il n’y a que ça qui tourne en boucle dans ma tête : L’appel du sang. Celui de la vengeance, de la haine, de la bestialité la plus primaire. Une justice à faire soi même qui propulse au plus loin de ce qu’on rejette, une partie de soi. Jusqu’à quand on autorisera ça ? Le chaos qui entraîne chaque fois un peu plus les Autres vers le pire. Traqués, enfermés, torturés et tués. D’un côté comme de l’autre aucune porte de sortie et se terrer n’est plus vivable.

L’épuisement cisaille mon corps, pensées parasites ne me quittent pas. Téléphone glissé dans la poche arrière j’ai l’esprit à trop d’endroit à la fois. Le bien, le mal, les autres, cette pleine lune qui pourtant avait bien commencé. Une illusion tant l’étau se resserre jusqu’à rendre la respiration si difficile. Ce mal qui s’étend comme la gangrène, qui nous guette, attend le moindre faux pas pour nous prendre en traître. Et si l’un tombe c’est toute la chaîne qui sombre avec, tous autant qu’on est.
Le cœur qui tape dans les tempes, s’en est assourdissant. Mélange de colère, de frustration, de peur. Cette peur d’être passé si près de le voir tomber, d’une manière ou d’une autre. Le danger de laisser entrer qui que ce soit dans sa sphère c’est ça, l’anticipation du pire, les sillons de douleur tracés dans l’âme quand ils s’évaporent. La peur de les perdre, d’une façon ou d’une autre. Et puis celle de ne plus savoir luter contre soi-même. L’appel de la violence, son goût si alléchant. Je me dis que c’est peut être pour ça que j’ai atterri là, à la recherche d’une normalité plus douce pour me rappeler pourquoi je ne dois pas flancher. Pas comme ça, pas maintenant, pas lorsque tout est à vif de cette façon. Nous comme la situation. On y viendra, n’est ce pas ? Pas le choix. Impossible de fermer les yeux, de regarder ailleurs, de ne pas ressentir cette pression qui s’intensifie. Dès l’instant où le soleil revient l’angoisse s’invite, inlassablement. Semaines après semaines mois après mois. C’est partout, sur les lèvres, dans les regards,  gravé à l’encre sur les parchemins. On terrorise pour mieux régner, ce truc ancestral dont on pensait naïvement pouvoir s’évader. Y échapper.

Ça gronde, gronde, gronde puis ça explose. La chair se déchire dans un cri de douleur étouffé, peau encore à vif, la mer déjà se retire mais la roche la capture par de infimes parcelles ici et là. L’odeur du sang et les doigts crispés dans les cheveux, paupières closes, phalanges abimées d’avoir rencontre la pierre râpeuse des falaises. Les tremblements sont autant signe de froid que de rage. Ça serait si facile de tout lâcher, plus d’attache, juste foncer. En finir. Face aux embruns et dans la grisaille de cette fin de matinée je ne sais plus quelle voie écouter.
La pluie fine roule sur les traits du visage, trempe les vêtement, glacé jusqu’au os. Un peu plus loin le feux crépite dans la cheminée de la petite maison. Les flammes dansent dans l’âtre comme elles ondulent à l’intérieur du corps. La fumée s'échappe du toit pour se mêler aux nuances de gris du ciel.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 19 Déc 2022 - 12:58
Elle n’a pas dormi de la nuit. La fille d’abord, la mère ensuite. Peut être la seconde a-t-elle influencé la première, peut être l’inverse. Parfois Sovahnn ne sait plus très bien. Elle se revoit cette nuit. Un message envoyé à Takuma qui balance au travers de quelques conneries la question fondamentale qui l’intéresse : est-ce que ça va ? Il n’avait pas paru bien durant la matinée, malgré ce qu’il cherchait visiblement à faire croire. Elle se souvient n’avoir eu aucune réponse, avoir lâché un souffle dépité en reposant le téléphone face vitrée sur la table, son front ne tardant pas à rejoindre la surface glacée. De toute la nuit, Liya n’avait jamais accepté de dormir. Quelques dizaines de minutes à peine, volées ici et là à Morphée. Pourtant à aucun moment la petite n’avait pleuré ou ne s’était énervée. Elle était éveillée, voilà tout. Comme sa mère, comme d’autres sans doute. Un truc plus ou moins vrai selon les pleines lunes. Un truc un peu con surtout, parce qu’en soit ça ne change rien, de dormir ou non. Pendant quelques heures, elle avait fait des allers retours dans la cuisine, la petite dans les bras en tentant de l’endormir, puis s’était échouée devant son ordinateur en y apercevant le petit cercle vert montrant un William toujours éveillé. Une courte conversation qui avait commencé en “c’est fou l’influence de la pleine lune sur le sommeil quand même !”, avait enchaîné à base de “la petite ne dort pas ?” avec vidéo muette à l’appuie de sa terreur sur ses genoux à cogner le clavier pour envoyer des messages à tonton Will que seules ses capacités en codage lui permettraient de décrypter. Elle s’était ensuite achevée par un “Bon, je vais essayer de dormir” mutuel.
Elle se souvenait des nuits à Poudlard, perchée sur les toits à observer la nuit. Aujourd’hui l’ombre ne lui renvoyait que le ronflement régulier des vagues, le chuintement du vent et les clapotis de l’eau sur les carreaux. En laissant la petite dans son parc, la jeune femme l’avait observée du coin de l’oeil le temps de faire une part de ménage qu’elle zappait en règle générale totalement, abandonnée à un Tim qui ferait sans doute mieux de la recadrer par moment. Trois tentatives d’endormissement de bébé plus tard, Sovahnn s’était échouée sur le canapé devant un film d’animation. Chat et bébé sur elle… puis chat uniquement. Liya sur le chemin de l’indépendance, en grand fanatisme du fait de frapper le sol de ses paumes et d’essayer de sillonner le salon en rampant. Pas vraiment une grande réussite, mais la volonté est là. Sovahnn avait mis en place des barrières sur les conseils de la grand mère de la petite. Malgré la non mobilité de la petite ; elles tenaient entre dix et trente minutes avant de finir en vrac sous le regard à la fois dépité et admiratif de sa mère.

“Je suis un pont pour toi ?” Avait-elle fait pendant la nuit quand le chat de Tim s’était décidé à passer de ses épaules à son ventre, puis ses cuisses et enfin ses tibias, dans un équilibre précaire. Bientôt, Sovahnn n’en doutait pas, la petite en serait à mettre en vrac tout ce qui traînait, parcourir le séjour et se redresser sur tous les appuis. Bref : la galère ne tarderait pas à arriver. Pour l’heure, elle faisait l’avion sur la couette étalée au sol, les jambes levées en arrière, son ventre rond comme bascule façon culbuto et les mains à frapper le coffre offert par Kezabel, manifestement intéressée par les histoires peintes de couleurs vives.

Pour l’heure pourtant, la clarté de la nuit se refuse à peser. Liya dans son berceau se retourne une nouvelle fois devant le regard désabusé et moqueur de sa mère. “Il faut absolument qu’elle dorme sur le dos Sovahnn, c’est important Sovahnn. Il faut y veiller Sovahnn.” Ses yeux se lèvent au ciel dans un petit rire. “J’fais quoi moi avec un truc pareil, franchement ?” En douceur, la jeune maman se laisse glisser le long des barreaux du lit, d’abord les avant bras sur la rambarde, puis les mains entre les barres et enfin les doigts contre les tissus dépassant du lit, écrasés sur le chambranle. D’un autre côté, elle même était proprement incapable de dormir sur le dos, il lui fallait être écrasée sur le ventre - un problème pendant la grossesse, oui - alors pourquoi cette enfant y arriverait-elle ? Je vous le demande. Le dos calé sur les lattes, les gazouillis de sa fille dans les oreilles, le martellement du petit loup en peluche déjà attrapé entre les doigts boudinés cognant sur les barreaux, Sovahnn se laisse glisser à observer le mur d’en face. Le meuble peint de beige semble bien rangé comme ça, la poussière a même été faite - un coup de Tim ça encore - mais l’intérieur est en foutoir, Sovahnn le sait. A chaque fois, qu’elle attrape un body, un autre vient avec et elle remet l’ensemble comme elle peut. Même chose pour le reste des vêtements. Une pensée bien inutile qui enchaîne avec une autre, puis une suivante. Ainsi sa conscience divague, la porte plus loin, retrace des souvenirs ou projette l’avenir. Et puis elle jette un coup d’oeil à son téléphone. Message de Takuma : “ça va tkt. Je rentre dans la matinée. J’étais avec un ami.” Une seconde, elle tique. Un ami ? Quel ami ? C’est con à dire mais le seul ami de Takuma est sans doute à l’heure actuelle en train de reprendre forme humaine. En tête les horaires, bien sûr. Ils sont tous comme ça, ils dealent avec les problématiques des uns et des autres, ne les laissent pas empiéter sur le quotidien mais les gardent en tête. “Ouh, monsieur fait des cachotteries !” Quelques minutes. “T’as pas idée !” pour réponse. En lâchant un petit rire, Sovahnn s’assoit en tailleurs, le dos rond, le téléphone entre les cuisses. “Ok, j’suis hyppée. C’est quoi l’histoire ?” “J’suis appelé, j’te laisse. A tt !” La vie c’est comme ça. Pas toujours bien câblé, parfois anarchique, foutue de milles couleurs, milles nuances.

Lorsque la jeune femme se relève, c’est tapotant de poings mal serrés les petits squelettes qui pendouillent du lustre au plafond comme un Rocky des bac-à-sable s’entraînerait. Une idée de Tim, pour Halloween. Un début de déco qui avait commencé de quelques touches un peu perdues dans la chambre de la petite et se répandrait sans doute à la maison elle-même. Faire une soirée le 31, voilà qui semblait une bonne idée.
De ses grands yeux, le chat la fixe depuis son perchoir. “Ah ben tu l’as rallumé toi..” Kiki la petite sorcière sur pause, honteusement relancé par l’animal. “Bah bravo..” Avec un petit sourire, la jeune femme se rend compte qu’elle se verrait bien à la place de l’héroïne, à survolé les petites maisons à flan de falaise d’une ville italienne. La mer en contrebas et un petit animal calé sur le bout du balais. De quoi comprendre pourquoi Tim l’appelait parfois Kiki. Ou Raiponce.
Laissant sa fille tenter de s’endormir, Sovahnn en avait fait de même. Mais chez elle, lorsque le mode énergie était activé, qu’importe l’heure, il lui était impossible d’en faire quoi que ce soit. De quoi terminer dans la salle de bain des préfets en plein milieu de la nuit quelques années plus tôt, ou fouiller le bureau de Walkers histoire de… va savoir. Ainsi voilà qu’elle se retrouve à se lever de nouveau. Un coup d’oeil dans la chambre : gamine en train de bouffer le nez du petit loup. Jusque là rien d’anormal, la môme est câblée comme la mère. D’un geste, elle rallume la télé, recharge le poêle, agite les braises, relance le feu. Lavage de mains, caresses au chat, légère valse dans le salon avant de se laisser retomber sur le canapé… de changer trois fois de position, de se faire engueuler par le chat et de se relever. C’était ainsi qu’elle en arrive à faire des cookies, couler le café. Coup d’œil à la petite. Le loup est baveux, la gamine éveillée.

Tim se lève, l’embrasse, s’inquiète, avale son petit dej’ et part à la fac. C’est là, après un quatrième film chill, une nouvelle bûche d’ajoutée dans les braises que le rappeltout change de couleur dans l’entrée. Une invention de Takuma. Sovahnn n’avait pas bien compris comment il avait fait ça mais quelques jours plus tôt, son ami s’y était attelé et à présent, à chaque fois qu’une personne franchis les sorts de protection, l’objet s’emplit de fumée ocre en dégageant un petit tintement léger.

En étouffant un bâillement, Sovahnn sort sa nouvelle tournée de cookies, éteint le four et relève le regard au travers de la fenêtre. Enzo est là. Pas besoin de plus d’information pour faire naître autant le soulagement que l’angoisse dans ses nerfs. Un coup d’oeil à Liya. Si la petite a fini par s’endormir dans la matinée, elle est de nouveau absorbée par sa peluche. Le dos contracté, les coudes plantés dans le matelas, elle lui fait les yeux doux. Passe et appuie son doigts sur les yeux de plastique en fronçant de ses sourcils perplexes. Ce qu’il se passe dans son petit crâne surmonté d’une crinière brunette ? Aucune idée. Sovahnn s’est déjà esquivée. Chaussures, première veste qui passe et la pluie la cueille en douceur.

Sans se précipiter, la jeune femme rejoint son meilleur ami. L’air est encore doux en octobre, pourtant ici et sous l’eau qui s’écoule presque en douceur, pour ne pas déranger, il vous marque la peau. Sans mot dire, sans même le dévisager, Sovahnn se place à ses côtés. Elle a vu, bien sûr, les marques sur ses phalanges, la posture crispée de son corps ; n’a pas besoin, donc, de croiser son regard. Elle le connaît. Sous la falaise, les vagues roulent et ronflent. Elles râpent la pierre et le sable, crissent sur les roches, roulent des galets. Ces détonations puent la mort et le sang, elles rongent les âmes et fatiguent les cœurs. Ça aussi ils le savent, tous. Ils encaissent, enterrent, attendent. Ils se dressent devant l’horreur, écoutent souffler les cris ou se jettent dans la mêlée. Et puis ils reviennent. Voient se lever une autre journée. Et parfois, ils ne savent simplement plus comment les aiguilles font pour toujours tourner. Bien des questions dans son esprit et le grondement sourd de l’inquiétude dans ses veines, c’est pourtant avec calme qu’elle laisse couler le regard sur son bras, y passe ses doigts jusqu’à les refermer sur sa main abîmée. Ça dure un instant avant qu’elle ne pivote pour lui faire face. Le roulement des vagues semble lugubre aujourd’hui. Il l’était aussi le jour de la mort de Zach. L’eau coule sur leur peau, délave le mal sans vraiment y parvenir. Son regard touche le sien plus qu’il y pénètre. D’une main levée, Sovahnn l’invite dans ses bras.

Ça prendra un moment, sous le crachin d’octobre, avant qu’elle ne lui glisse en douceur “Tu entres pour m’en parler ?”.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Ven 13 Jan 2023 - 12:30


Lundi 17 Octobre, milieu de matinée

Je suis une fleur qui fane et qui brillait auparavant
Je suis une flaque bien trop rouge, mélange d'eau et de sang

Lombre

Arrive ce stade où ce tonnerre, ces éclairs, je ne sais plus s’ils sont réels ou le fruit de mon imagination. L’éclat de la nature, des éléments, ou celui de mon être ? J’en ai les mains qui tremblent et l’esprit parasité par mile pensées ininterrompues. Au pied de la falaise le fracas des flots contre le grès, dans le cœur la violence de ces battements comme un écho assourdissant. Les embruns si souvent apaisants déposent leur sel sur la plaie, dans ma tête les voix s’entremêlent. Les signaux comme les messages sont contradictoires, l’enfant contre la bête, la raison contre l’instinct primaire. Eux contre moi.

La raison doit l’emporter, c’est ce qu’ils diraient.
Ne te mets pas en danger.

Pourtant c’est là, ça creuse, ça dessine un sillon dans l’âme. Cette violence psychologique ne peut nier les impacts sur le corps. Le ventre noué, la gorge et les poings serrés, le brouillard sous les paupières et la moiteur au sein des paumes. Les muscles tendus, les nerfs à vif, la peau souffre elle aussi. Vestiges de la Lune, certes, mais ça ne tient pas qu’à ça.

Personne n’a rêvé de ça pour moi mais c’est là, un truc qui résonne si fort que je n’ai plus la force de l’ignorer.

Le paradoxe de la légèreté de ses pas sur l’herbe puis le sentier, presque inaudibles à cause du vent, je ne sais pas quoi en faire. Pas plus que son regard ou sa main sur mon bras, sur mes plaies. Pas de mouvement de recul, pas d’accélération du myocarde, pas de sursaut non plus. Le silence, la compréhension muette, le vacarme des éléments tout autour et la pluie qui ne cesse pas de tomber. Plus franche, plus drue, plus froide. Un regard, puis une hésitation. Je ne cherche pas à cacher ce qui gronde à l’intérieur de moi, ce qui rend l’antre de mes yeux si sombres. Ça ne tient pas qu’à la couleur des nuages qui obscurcit le ciel et tous les alentours.
Qu’est-ce qu’elle lit dans la noirceur de ce regard ? Fenêtre sur l’âme, rien d’étranger pour elle n’est-ce pas ? La lutte est si brutale que cette douceur qu’elle m’offre je ne suis pas certain de la vouloir. En moi rien que le chaos, le tumulte de l’injustice, la vengeance réclamée. L’appel d’une mort lente et douloureuse. Le Loup flirte sous la surface pourtant c’est bien l’Humain qui tient les rênes.

Ça prend un temps qui me semble durer une éternité avant que mon échine se courbe, que ma colonne vertébrale s’enroule et que mes bras l’enserrent. Une reddition qui n’est qu’une pause, une fausse accalmie, mais entre ses bras les battements de mon cœur se tempèrent. Un hoquet de surprise secoue mon corps quand les émotions me prennent par surprise, le visage enfoui contre son cou qu’importe sa taille. Pas de larmes, juste la douleur d’une respiration comprimée, une envie de hurler coincée dans la gorge.

Celle d’un type qui se sent tiraillé.

« Tu entres pour m’en parler ? » Sa voie me surprend c’en est ridicule, j’essaie de me souvenirs des derniers mots prononcés. Peu, très peu, avant ceux laissés sur le répondeur de William ils n’ont été que si peu. J’ai écouté, ravalé, hoché la tête peut-être je ne sais même plus. Tout ça devient de plus en plus abstrait, lointain, à peine réel. C’est parfois si simple et si fluide de faire partie d’un tout, de n’être qu’un élément parmi d’autres, mais pas cette fois. Et c’est chaque fois plus compliqué.

Dans un soupir je me détache et hoche la tête, de mes cheveux trempés ruisselle l’humidité apporté par la pluie d’automne. Tout ça n’a aucun sens. Sa main dans la mienne je me laisse guider sans rien dire, le pas lourd, les épaules qui le sont d’autant plus, le poids des vêtements mouillés s’y ajoutant. De la terre et des arbres, de la roche et de l’océan, ce sont des myriades d’odeurs qui se dégagent et dont je tente de m’imprégner comme si ça pouvait me ramener à cet instant présent. C’est terminé, plus rien à faire, pourtant l’esprit et le corps se comportent encore comme si la guerre les attendait. Plutôt comme s’ils n’attendaient qu’elle.

Lorsque la porte de la maison s’ouvre d’autres odeurs s’entremêlent à celles de l’extérieur. La braise, la nourriture ou le café, le chat. Tim, Sovahnn et Liya. La vie, simplement. Dans tout ce qu’elle a de plus pur. Une pureté qui ne se fraie pas son chemin jusqu’à moi pourtant. La veste retirée et posée au travers du dossier d’une chaise, les doigts passés dans les cheveux, c’est presque comme si cet endroit, cet instant me semblait absurde tant il est en décalage avec ce qui serpente sous la surface.
Et le silence, lourd mais nécessaire, les yeux braqués sur les flammes qui dansent comme une façon de plonger dans l’hypnose. Des réflexions plus calmes qui s’invitent, les loups ont peur du feu mais il m’a toujours attiré de manière étrange. Pas comme quelque chose qui détruit, ça n’est pas comme ça que je le perçois.

« Si j’avais été là on aurait pu l’avoir. » Un son presque caverneux que je ne reconnais pas vraiment, le regard toujours rivé sur les flammes. C’est ce que je pense, au plus profond de moi. Si Benjamin n’avait pas été seul cette ordure n’aurait eu aucune chance. Dans ma gorge les mots roulent comme un éboulement de roches, en moi pas la moindre trace de douceur. C’est froid, fermé, rigide. Pas un instant je me dis qu’elle ne comprendra pas de qui je parle et même si je n’ai jamais eu ce type face à moi, que je ne sais pas à quoi il ressemble tant sous forme humaine qu’animale, sa fragrance n’a plus quitté ma mémoire olfactive depuis des mois « L’un de ceux qu’il a mordu a fait un carnage, c’était sa première transformation … Des dizaines de morts, au moins autant de blessés. » Des détails abstrait, parce que je n’étais pas là, mais des conséquences qui ne peuvent pas me laisser indifférent « Ils les ont quasiment tous embarqué. » Comment savoir ce qu’ils vont faire d’eux ? Futurs Lycans ou futurs cadavres.

Difficile d’être optimiste quand on sait de quoi ils sont capables. Quand son corps et son esprit en garde encore les marques.
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Enzo S. Ryans
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Ven 20 Jan 2023 - 18:12
On l’attends. On le sait. Un jour ça arrivera. C’est là depuis des années, on a grandit au centre de ce bourbier, on fait comme si tout allait bien, comme si on ne s’éclatait pas la gueule à coup de trop plein, de plaies ouvertes et d’angoisses latentes. On fait. Simplement parce que la vie continue et que si nous on n’a pas les épaules pour gérer notre quotidien, qui le fera pour nous ? Mais on sait ce qui gronde, on sait ce qui menace. C’est là. Ça marque de rouge nos portes, nous épie dans la roue, nous pointe du doigt. C’est là et ça finira par péter. On essaye pourtant putain. On s’éloigne, on sourit, on débouche une bouteille ou on tire sur un cône. On rit, on s’engueule, on parle trop fort et on s’y brûle la peau. Mais dans le fond c’est toujours là. Je le sais, tu le sais et ce regard j’le connais. Je sais qu’il reviendra. Il fonctionne au rythme des marrées. Tant qu’il y aurait quelque chose pour le soulever, il sera là. Et moi j’tremblerais. Car ça aussi je savais que ça arriverait. Le moment où ça sera trop. Celui où l’équilibre sera rompu et où il faudra retourner sur les champs de batailles qu’on a pourtant quitté. J’étais là, j’te connais. J’connaissais Zach aussi. Ça m’empêchera pas de trembler.

J’ai pas idée de la manière dont tu perçois le monde. Je vois pas la moitié de ce que tu captes. Pourtant je crois que je pourrais entendre tout ce qui tonne en toi, là tout de suite. Il y a des ouragans qui se fracasse à la surface de tes rétines. Ça tremble, ça vrombit, ça gueule dans ton mutisme, ça se crashe dans l’air et je crois que l’univers lui-même s’est joint à ce qui gronde en toi. Les bourrasques me fendent en deux mais je crois que même en voulant y prêter attention je n’y arriverais pas. Pourtant l’eau me dégueule sur le cou, trempe mes cheveux, s’insinue sous les tissus. Mais ya que ce truc qui compte. Que tes larges pupilles dilatées qui appellent au chaos. Tu sais qu’un jour je t’ai entendu dans la forêt interdite ? Je pense que t’avais les mêmes ce jour-là. La vague était là. Elle refluera. Puis elle défoncera tout. Un jour ça reviendra. Un jour le sang coulera. J’crois qu’on a face à nous des gens qui nous poussent au pire. J’crois, surtout, que j’ai peur de t’entendre desserrer les mâchoires. J’ai peur de savoir qui est mort. Pourquoi. Par qui. Ces foutues questions deviennent normales, elles appartiennent à notre quotidien et ça tu vois c’est dégueulasse. Alors je m’accroche à ce que je sais. J’m’accroche au message laissé par Takuma, à la discussion échangée avec Will, à ce que je sais. Mais un jour, il y en aura encore un d’entre nous à bouffer le parquet comme je l’ai fait il y a quelques mois. C’est là, j’y pense bien sûr. Mais t’as pas la gueule de quelqu’un qui vient annoncer une perte.

T’as la gueule de celui qui a décidé de rentrer en guerre.

Je crois que je sens ton cœur foudroyer tes côtes quand tu rejoins mes bras. Il bat fort dans ton pouce quand j’en prends la main. Quand je te ramène dans ce quotidien qui t’appartient aussi. L’eau grésille, chaque goutte semble chargée de la tension électrique qui englobe l’air et glisse le long de ma colonne vertébrale. Là, quand je referme la porte, tout est normal et pourtant le poids de l’air a changé. La petite bouge dans son sommeil, elle fait claquer ses lèvres l’une sur l’autre et je me surprends à la percevoir d’ici, de l’entrée quand je dégage mes chaussures d’un mouvement sans même m’en apercevoir. Peut être qu’on est comme ça quand tout devient à vif, peut être qu’on entends mieux ceux qu’on aime, parce qu’on a besoin de s’assurer qu’ils sont là et qu’ils vont bien. Toi tu te défaits de ta veste, moi je jette un coup d’œil vers le four. Éteint. J’étais pas sûre. Je ne suis sûre de rien là tout de suite. Si, j’suis sûre que je vous aime. Que j’ai peur. Que chaque minute qui passent me rapproche du vide à côté duquel t’es, et que j’irais, parce que la question se pose même pas. Je serais là tu le sais. Je bougerais pas de tes côtés même si j’ai pas les armes, du moins pas les tiennes. Je bougerais pas de là.

« Si j’avais été là on aurait pu l’avoir. » Combien de temps t’auras-t-il fallu pour parler ? Ça n’a pas la moindre importance. Je vois les flammes dans tes yeux avant de comprendre la portée de tes paroles. Alors seulement, je repense à cette nuit à Poudlard. Aux cris dans la nuit. Je repense à ces fois où tu m’as ramenée à moi, à ces conversations qu’on a eu. Il y a dans nos souvenirs bien des tâches de rouille, des cadavres et des silences. On les a comblés, parfois, mais on a surtout fait avec nos crevasses et celle-là je vois à quel point elle s’est élargie en toi depuis la dernière fois. C’est plus possible hein ? Tu peux plus continuer comme ça. Tu l’as dit à Will dit ? Ou tu l’as pas encore fait, parce qu’après la dernière fois, ces mots-là auraient une autre résonance ? J’sais pas. J’pense trop. J’ai peur. Je t’aime putain, t’as pas idée.
Il me semble qu’à mon tour le gris de mes yeux a pris une teinte plus sombre. Ça s’est tatoué sur ma peau. Les épaules se crispent, les doigts se ferment, les mâchoires se serrent. Moi je ne tremble pas, mais je déglutis difficilement, reste immobile, attend que le reste de la bourrasque ne souffle et emporte les fragments de notre normalité. Je sais, j’espère quand même pourtant. Ainsi seul le silence de la maison ne répond à tes mots. Là haut, le velux qu’on a posé teinte d’un martellement régulier, l’eau s’effondre, semble remplacée par la grêle. Les crépitements du feu répondent ; les forces de la nature s’accordent. Peut-être trouvent-elles les mots ? L’attitude. Peut être attendent-elles de cramer ce qui doit l’être. D’incendier les terres et de noyer les cendres.
Si tu dis ça c’est que tu le penses, et sans doute est-ce vrai. Mais tout égoïste que ce soit, je voudrais qu’on s’en foute. Qu’on continue comme ça. Que tu ne joignes pas les rangs, que tu ne participe pas aux affrontements. Je voudrais te savoir en sécurité, sauf que tu l’es pas. Et que si ça tremble comme ça, c’est que tu l’es de moins en moins.

« L’un de ceux qu’il a mordu a fait un carnage, c’était sa première transformation … Des dizaines de morts, au moins autant de blessés. » Les mots sonnent lointains. Atrocement concrets, il manquent de cohérence, ont du mal à se frayer un chemin. C’est si facile de fermer les yeux quand on n’y est pas. Je devrais savoir pourtant, j’ai vu les morts, j’ai vu les batailles, j’ai vu les gosses tomber quand j’en portais une. Pourtant j’y arrive pas, ça ne sonne pas réel, ça ne se peint d’aucune réalité. J’veux juste pas l’entendre. « Ils les ont quasiment tous embarqué. » Et ça, ça serait si facile de ne pas le comprendre. Pourtant derrière les mots, je sais ce qui se dit. Encore un moment le refus s’insinue puis l’imagination le rattrape en même temps que mon corps se rappelle de ses sens. Mon t-shirt me colle, mes cheveux gouttent sur ma peau, mes ongles se plantent dans ma paume mais la douleur ne parvient pas. Au lieu de ça un frisson prends place sous mon épiderme. Il devrait venir et partir, être l’une de ces vagues qui s’effacent bien vite. Pourtant il reste, s’installe et tends mes nerfs.

Dans l’âtre, une braise craque et Liya jette un petit gémissement au nez de son loup en peluche. Tout semble alors à la fois confus, lointain, et affreusement concret. Alors j’inspire doucement et rejoins mon meilleur ami dont la chaleur semble diffuser autant que l’insert. Il brûle d’un feu que je lui connais trop bien. Ça me fait inspirer encore, comme si l’enchaînement était naturel, avant de larguer un souffle plus long, rude dans ma gorge. Si sa voix ne semble plus tout à fait lui appartenir, comme mêlée à celle d’un autre, porté par la colère, mon souffle en fait de même, alourdi par d’autres émotions. La colère viendra. C’est une question de temps. Quand à ce truc qui ne lui ressemble pas ? On se connaît trop bien pour que ce soit vrai. Ça fait partie de lui, je l’aime pour ça aussi.

Le tissu tressé du canapé gris semble froid sous mes doigts lorsque j’y passe pour le contourner.

“Les autres ; ils sont en sécurité ?” Ma voix ne tremble pas, elle devrait pourtant.

Je sais sans chercher à creuser davantage. De la meute, de ses proches, de ce qui se tisse là dehors. Rien de précis mais largement assez. Ou peut-être n’est-ce que mon imagination qui fait des liens, projette mes peurs, suppose des actes. Mais ça, c’est le premier point. Qu’il s’agisse de sa meute, de ceux qui n’en font peut être pas partie, des blessés ou des mordus. De tous ceux dont la présence se creuse dans ses silences, dans le feu de ses yeux, dans la rage sous sa peau. Les mots m’ont semblé tomber des lèvres, comme la pluie qui couvre le carnage, là dehors. Est-ce qu’il pleut à Londres d’ailleurs ? Est-ce que c’était là-bas ? Ailleurs ? Qui a participé à tout ça ? Qui était sur place ? Il y aurait tant de choses à dire, tant de questions à poser mais c’est celle-là qui vient d’abord, le reste suivra. Les autres interrogations, d’ailleurs, se dressent comme des ombres derrière les mots que je prononce. Il entendra, je suppose, ce qui coule hors du silence.

Un premier pas donc. Une première étape pour faire surgir le reste et centrer ce qui compte avant d’entendre ce qui tonne.
Et soudainement, comme avec un retard, mon cœur s'emballe.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Jeu 26 Jan 2023 - 21:26

L'ignorance est moins mortelle que l'indifférence aux sanglots
Les Hommes sont des Hommes pour les Hommes et les loups ne sont que des chiots
Alors on agonise en silence dans un cri sans écho

Gael Faye

Je revois les barreaux des cages comme si c’était hier. L’odeur rance de la peur, celle du sang, des immondices. Les hurlements de terreur, les sanglots étranglés, ceux qui s’épuisent à se défendre, à luter, la chair qui se déchire entre les fers. On n’oublie pas. Ça reste là, parqué dans un recoin de l’esprit, dans les ombres bien à l’abris. Poudlard, Sherwood, ça se suit et ça se ressemble, ça ne s’arrête pas malgré ce qu’on pense. Ce qu’on espère. Je pourrais m’en foutre, me dire que ça ne me regarde pas, qu’ils ne sont rien pour moi parce que dans le fond c’est le cas. Seulement je ne suis pas fait comme ça, j’y arrive pas, et ça me cisaille de l’intérieur. Les défendre eux c’est me protéger moi, protéger ces autres loups qui comptent et dont la liste s’allonge au fil du temps. Plus de juste milieu possible quand tu laisses entrer les autres dans ta vie, dans ce que tu es au plus profond de toi. Un être empathique, à la sensibilité à vif. Tout ou rien, les flammes ou le mur de glace. Ça n’est pas une page qu’il faudrait tourner, c’est tout un livre à refermer.

J’suis pas un soldat, et j’suis fatigué d’me battre.

Des mots prononcés sur le pont d’un bateau il y a quelques mois de ça.

C’était plus simple quand j’étais seul.

Ceux-là un lendemain de Pleine Lune, il n’y a pas si longtemps.

Je fais quoi de tout ça ? De ces pensées qui m’échappent et m’étreignent le cœur, de ces contraires qui m’aspirent d’un côté ou d’un autre. Les paumes tendues vers l’âtre à la recherche de chaleur pour apaiser au moins ce corps qui n’aspire qu’au repos. L’oubli de soi, de tout, des autres. Du monde. De ce monde. Un monde ou faire un choix devient inévitable, un monde que je pensais loin mais qui me rattrape et m’étreint la gorge à en réveiller les démons qui rampent sous ma peau. Endormis, aujourd’hui plus vifs que jamais ils me griffent de l’intérieur.

« Les autres ; ils sont en sécurité ? » Les paupières closes mon esprit passe en revu chacun de leur visage, chacun de leur nom. L’odeur du sang de Ben n’a pas quitté mes sens, il râpe ma gorge, me fait baisser la tête comme si ça pouvait calmer l’orage qui gronde de nouveau plus proche « Un blessé. » Mais il y a des noms que je ne peux pas prononcer. Mon regard se pose sur elle un instant, les traits radoucis je crois, résignés, fatigués par le poids du secret « Mais ça ira. » Tout ce que je souhaite au fond de moi c’est que l’autre soit dans un état bien plus grave, qu’il souffre. Qu’il crève une bonne fois pour toute même si désormais ça n’endiguera plus la vague. Trop de mordus, la frustration est nette dès lors qu’on accepte ne pas pouvoir être partout. Ne pas pouvoir tous les trouver, les aider, ou bien éliminer la menace s’il n’y a pas d’autre alternatives. Angleterre, Ecosse, Etats-Unis ou Allemagne, même si on gagne du terrain, même si les connexions se font, ça n’est pas suffisant.

Nous ne sommes pas suffisants.

Vient l’instant où l’armure se disloque, le mur de glace s’écaille, le corps devient trop lourd à porter. Le regard quitte les flammes et se pose sur le plafond, il ne le voit pas vraiment. Elle fait mal cette humanité, qu’elle s’impose ou qu’elle éclate en vol « Je sais plus quoi faire Sova. » Cette fois la voix tremble, le masque tombe, quelques pas sont nécessaires pour rejoindre le canapé et s’y laisser tomber. Coudes sur les cuisses, mains dans les cheveux, les yeux rivés sur le sol sans le voir non plus. J’ai froid et mon organisme réclame ce qui lui fait défaut, cette énergie épuisée par les émotions et les transformations. L’implication, que ce soit auprès d’Asher ou des autres, de la réalité. Prendre du recul, comment on fait ça déjà ?

Cernes sous les yeux, un ongle entre les incisives, je cherche son regard comme si la réponse s’y trouvait. Tout retombe, tout redescend, ça me laisse sans armes face à mes angoisses et l’espoir se fait si abstrait. Je fais quoi, dis moi ? Je vais où ? J’y laisserai quoi si ce n’est une partie de moi ? J’y laisserai tout parce que je ne serai jamais entier sans vous « Si je m’implique plus j’ai peur de c’qui s’passera. » Pas étonnant que ces mots là je te les adresse à toi. Ça fait moins peur je crois, comme si égoïstement je savais que tu seras toujours là. T’as déjà tout vu, tu sais déjà tout. On a grandi ensemble, on s’est construit ensemble, t’as connu mes plus beaux hauts comme les pires de mes bas. Le sang sur les mains, sur les griffes et sur les crocs, celui que j’ai perdu, celui que j’ai voulu voir couler « J’veux pas perdre c’que j’ai. » La détresse s’étrangle quand la gorge se serre, ça rime à quoi de risquer tout ça ? Cette vie aux allures de paradis que je me suis battu pour obtenir. L’océan chaque matin, ses bras tous les soirs. Le bleu de son regard et les rires de mes potes, de cette famille qui n’a pas besoin des gènes pour exister et qui n’a rien à prouver à personne. Mes rêves de gosses accessibles, que j’ai cessé de toucher du bout des doigts, timidement, pour les attraper à pleines mains. Le soleil sur la peau, tout ce qu’il y a de plus beau dans une vie … Mais y a ce putain de vide parfois « Mais si j’continue comme ça c’est moi que j’perds. » Le souffle qui se bloque, parce que c’est dur d’admettre ça. C’est dur d’accepter que le choix m’appartient mais qu’il doit être fait. Quel qu’il soit. Pas de juste milieu ? Peut être que si mais là tout de suite j’ai pas les clés, pas la force, pour le distinguer.

« C’est là, j’le sens dans mes veines. » Et ça brûle. Ça craque de violence et de sang, de mort. C’est envahi d’obscurité. Pourquoi on devrait souffrir en silence sans riposter ? Pourquoi on ne se défendrait pas quand de toute part on se sait aculés ?

Si ce sont les fauves que vous voulez, ne venez pas pleurer quand ils sortiront de l’ombre pour vous déchirer.
Je sais, c’est pas la solution, pas le bon message à faire passer.

Difficile quand t’as l’âme qui flambe de ne pas avoir envie de tout cramer. J'suis fatigué de les laisser s'en tirer.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Dim 29 Jan 2023 - 17:08
C’est comme un battement régulier. Je l’entends, je fais comme si c’était pas le cas, mais crois moi je l’entends. Il frappe plus fort à chaque nuit de pleine lune. Il cogne violemment à chaque fois que quelqu’un s’en va, à chaque fois que les autres tremblent, à chaque fois que je vois passer cet éclat dans vos prunelles. Pas que tu sois le seul. Jordane, Layla, Riley. J’ai pas de doute, je sais que ça va péter. Je vous connais, je me connais, je sais par quoi on est passés, tous, assez bien pour savoir qui franchira le pas et qui ne le fera pas. Assez bien pour trembler, quand j’te vois comme ça. Je connais le refrains, je connais les tambours qu’il y a derrière.
Et je sais pas comment je survivrais si toi t’y passe.

« Un blessé. » Le cœur s’écrase, je sais c’est idiot, mais c’est là quand même. Qu’importe qui est cette personne, qu’importent les noms qu’il tait, je sais ce qu’ils représentent pour lui et ça, ça me suffit. « Mais ça ira. » Combien de fois on a dit ça hein ? Celle-là aussi de rengaine je la connais. Et le pire, c’est que j’y crois profondément. On fait tout, on donne tout, on rit plus fort qu’on nous en croirait capables mais je crois qu’au fond, il n’y a que ces trois mots qui dictent la suite : mais ça ira. Oui ça ira. J’te promets que ça ira Enzo, même si là tu me crois pas. Même si tu ne te crois pas toi-même. T’imagines ce qu’on a traversé ? Le chemin que t’as fait. Oui, ça ira. Ça ira parce qu’on peut pas se vautrer après tout ça. Ça n’a aucun sens, je sais ; mais on peut pas. On a assez mangé et tu mérites, plus que quiconque, le calme.

Sauf que je sais. Je sais que tu peux pas. Ça fait trop longtemps que tu luttes, que tu glisses, que tu y vas un orteil après l’autre parce que dans le fond, tu pourras rester immobile. C’est pas de ça dont t’es fait.
Alors je tiens. J’inspire profondément, en douceur. Je crois que je les tuerais moi-même, à main nues, si ça pouvait t’empêcher de prononcer ce qui vient. Si ça pouvait te protéger de ce qui tremble en ce moment chez toi aussi. Et il se crashe brutalement, ce cœur, dans ma poitrine, quand je te sens lâcher prise et disloquer les quelques digues qui te maintenaient encore debout. Il se crashe quand toi, tu perds les flammes de vue, tu lèves le regard comme s’il y avait quelque chose, quelque part, qui pouvait te donner la force d’encaisser tes propres émotions et les décisions à venir. Ya pas. Ya jamais. Et tu feras sans, comme toujours.

« Je sais plus quoi faire Sova. »  

Alors on recommence. Toi sur le canapé, moi qui te rejoins, qui pose mon cul sur la table, tes genoux près des miens, tes coudes sur les cuisses. On prends la même et on la refait. Tu crois qu’on vivra ça combien de fois ? Les mains dans les cheveux, le corps recroquevillé pour fixer le sol. Tu sembles moins imposant comme ça. T’en es pas moins toi-même. Si profondément toi. Vulnérable et ébranlable, je pense que t’en es d’autant plus fort, justement parce qu’aujourd’hui, t’y arrives plus, t’as perdu la voie. Moi je crois que c’est pas le cas, c’est juste qu’il y a des chemins plus escarpés que d’autres et toi comme moi on sait qu’on ne s’en sort pas indemnes quand on les empruntes. C’est bien ce qui m’inquiète plus que tout d’ailleurs, je sais ce qui suis, tout comme tu sais d’où tu viens. Donc je sais ce qui te fait peur.

« Si je m’implique plus j’ai peur de c’qui s’passera. » ça tremble là-dedans. J’ai pas peur de qui tu peux devenir, cette personne je la connais déjà. J’ai peur de ce qu’on peut te faire. J’ai peur de ce que tu peux perdre. J’ai peur de la suite, tout simplement. « J’veux pas perdre c’que j’ai. » ça se serre dans ma gorge, à tel point que je serais bien incapable de prononcer quoi que ce soit là tout de suite. Ma fille bouge au loin pourtant, j’en capte les mouvements presque sans y prendre gare tant je suis concentrée sur toi, tant je projette, moi aussi, ce que j’imagine qui te cravache la gueule là tout de suite. Les vagues du passé et de l’avenir roulent dans les rochers, délogent l’ordre bien établi. Je pense à nous, à eux, à tout ce qui s’est construit depuis des mois, essentiellement sans moi et pourtant j’y ai ma place. Alors je bloque mon souffle un instant, puise dans ce regard d’ocre et de feuilles mortes pour y déceler tout ce qui se cache derrière ces mots. Et putain, t’as pas idée d’à quel point je voudrais simplement te dire de pas le faire, de rester là, d’abandonner la lutte, de les laisser se démerder. J’voudrais te dire que c’est que des inconnus, qu’ils sont pas ta famille, que tu le mérites ce putain de bonheur Enzo. Tu le mérites. Et il mérite pas le moindre foutu coup qui viendra encore. Parce que tout ça c’est pas juste. Je m’en écorcherait la gorge à la gueuler cette injustice. Et pourtant je suis muette. Parce que je sais.

« Mais si j’continue comme ça c’est moi que j’perds. » Alors un petit sourire me tors les lèvres et il me semble que je loupe un battement de cœur ou deux. On fait comment, pour respirer déjà ? « C’est là, j’le sens dans mes veines. » Et c’est moi cette fois, qui baisse le regard quelques secondes. J’attrape ses mains au passage, les serre dans les miennes. C’est ridicule d’ailleurs, elles en font deux fois la taille. C’est que je suis petite. Je suis affreusement petite face à lui, face au monde, face à ces mots-là. Je crois qu’il y a de la brume dans le gris de mes yeux quand je pose de nouveau le regard sur lui. Quand je tiens plus fort ces mains qui me semblent froides aujourd’hui, comparées à la chaleur que tu dégages d’ordinaire. Alors j’inspire, je force ce qui racle si fort sous mes côtes. “Je sais.” Les mots tremblent. Pourtant tu sais que je sais.

Alors je laisse le silence aller un instant entre nous, et sur ta peau, je trace quelques volutes de mes pouces. Je te regarde, te détaille. J’y vois le gosse d’hier, l’adulte d’aujourd’hui. J’y vois celui qui a tenu le choc contre vents et marrées, celui qui tiendra le cap ensuite aussi. Mais j’y vois aussi celui qui ne peut plus rester à l’écart.

“Je vais me détester pour ce que j’vais dire.” Je cligne des paupières, repousse le sel qui me gêne, m’étonne de ne pas sentir de larmes couler. Mais tout comme elles ne coulent pas, ma voix ne tremble pas. Je sais pas pourquoi. Je sais pas comment. “Un jour tu m’as dit de rester en arrière. T’as dit que tu savais trop ce que c’était de vivre avec du sang sur les mains pour me laisser faire ça.” Je baisse pas le regard, je regarde tes ombres sans les nier. Elles sont là, elles font partie de toi. Mais j’ai un espèce de soubresaut qu’on pourrait prendre comme un rire. C’en est pas un. Je suppose que c’est juste du trop plein. “Très mature de ta part. Alors peut être que maintenant, si longtemps après et avec tout ce chemin qu’on a parcouru toi et moi.. Je vais avoir une réponse qui l'est beaucoup moins. Et pourtant tu sais à quel point elle me casse la gueule cette réponse…” Elle me casse la gueule parce qu’il y a quelques mois, j’enterrais mon avenir et celui de ma fille. Me force pas à revivre ça. Pitié Enzo. Tombes pas à ton tour je t’en supplies. Me fais pas ça.
Alors il y a un nouveau soubresaut, qui n’a plus rien à voir avec un rire. Ça se tord sous mes côtes.

On devrait pas avoir à être aussi forts. C’est pas juste. C’est putain de pas juste.
Alors une larme coule, et je la laisse-là.

“Quand il n’y avait plus que Zach, moi.. Et Jordane ; un jour où j’étais seule … ou du moins presque seule. Il y en a un qui m’a chopée et le coup est parti.” Droit vers mon ventre. Droit vers Liya. “Le mec est mort.” Cette fois, pas un tremblement. “Je sais pas comment j’ai fait, mais je l’ai tué sur le coup.” Pas une once de remord non plus. Les larmes brillaient, les flammes les ont remplacées. Alors je serres plus fort ses mains, parce que de ça, j’en avais pas parlé. “Je pense que les choses s’empirent. Et que s’ils ont le malheur de toucher à ma famille j’hésiterai pas une seule seconde. Et je sais que là, ils touchent aux tiens.” Ce n’est que sur la dernière phrase que ma voix déraille de nouveau. On sait tous les deux ce que ça implique. Alors l’eau m’embrume de nouveau le regard et je lâche d’une main les tiennes pour me rapprocher un peu plus, glisser mon corps ridiculement petit entre tes genoux et poser ma paume sur ta joue. “C’est à toi que tu dois être fidèle avant toute chose.” Une larme, une seconde. J’arrive pas à l’endiguer. Je voudrais être plus forte que ça tu sais. “Je sais que tu peux plus les laisser faire.” Le sourire est tendre, tordu, blessé, angoissé. Mais il est là. Parce que je t’aime et que c’est comme ça. Parce qu’on a toujours été là l’un pour l’autre, que c’est immuable et gravé dans le marbre. “Et je pense que tu sais déjà ce que tu vas faire. C’que tu sais pas c’est comment le faire en nous préservant, nous. Et donc toi par richochet.” Toi. Nous. Nous. Toi. D'une certaine façon, face à la violence, c'est la même chose. Alors ma main quittera pas la tienne.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Ven 10 Fév 2023 - 14:11
Il y a de la chaleur dans le creux des paumes de la jeune femme, le long de ses doigts, quand ils attrapent ses mains et les serrent en douceur. Il avait si froid jusqu’ici, même devant le feu pourtant brûlant, mais ce qui lui manquait était aussi ce qu’il fuyait. Ça, la chaleur humaine, la présence qui réchauffe les veines et en chasse le gel et les ombres « Je sais. » Elle plus que quiconque car ils en ont traversé des orages. Deux gamins livrés à eux même qui un jour ont décidé de façonner leur propre notion de famille. Deux oisillons poussés brutalement du nid qui ont appris à voler ensemble. Bien sûr qu’ils se sont mangé le sol parfois, bien sûr qu’ils y ont laissé des plumes, mais ils sont là. Vaillants ou pas ils sont debout malgré les rafales qui les malmènent.

« Je vais me détester pour ce que j’vais dire. » Ses paupières clignent bien trop rapidement pour ne pas trahir les émotions qu’elles tentent de contenir, lui a dans la poitrine un train qui prend de la vitesse. A chaque traverse ça tape plus fort parce qu’il devine, anticipe les mots et leur implication « Un jour tu m’as dit de rester en arrière. T’as dit que tu savais trop ce que c’était de vivre avec du sang sur les mains pour me laisser faire ça. » Et il le pensait. A cet instant précis il le pensait. Il avait en lui ce désir profond de la protéger, lui épargner ce par quoi lui était passé. La culpabilité vous ronge parfois jusqu’à l’os, personne de censé ne peut souhaiter une telle chose à ceux qu’il aime. Aujourd’hui sa vision a sans doute changé, ça vient lui effleurer l’âme alors qu’il garde son regard ancré dans celui de Sovahnn « Très mature de ta part. Alors peut être que maintenant, si longtemps après et avec tout ce chemin qu’on a parcouru toi et moi.. Je vais avoir une réponse qui l'est beaucoup moins. Et pourtant tu sais à quel point elle me casse la gueule cette réponse… » Oui, il sait. Il sait que depuis Zach il a encore moins le droit à l’erreur, il sait aussi que si Jude n’était pas mort William tremblerait différemment pour lui. Et ça pèse lourd parfois ce poids, cette responsabilité qu’il s’impose pour préserver ceux qui ont déjà trop perdu. Pas de sa faute si le père de Liya a pris la décision de continuer son combat jusqu’à y laisser sa vie, pas plus de la sienne si trois salopards ont décidé ce jour-là de « casser du pd » mais parce qu’il les aime si fort il sait. Tout comme il sait la douleur d’être celui qui reste « Quand il n’y avait plus que Zach, moi.. Et Jordane ; un jour où j’étais seule … ou du moins presque seule. Il y en a un qui m’a chopée et le coup est parti. » C’est tellement abstrait, presque brumeux, pourtant ça n’est pas si loin. Un an à peine. Ils ont échangé des courriers, autant qu’ils ont pu, mais jamais il ne s’est vraiment imaginé sa vie là-bas. Ensuite, ils en ont peu parlé. La vie a repris son cour et ils ont fait ce qu’ils savent faire de mieux : Avancer. Laisser le passé là où il doit être. Lui expérimentait ses propres méandres, elle était aux mains de ceux qui ont laissé des marques sur leur peau et leurs âmes. Il n’a pas oublié pourtant ce qu’il a ressenti sur cette plage le jour où sa silhouette s’est dessinée au-dessus des vagues : Du soulagement.

« Le mec est mort. » Et ça ne cille pas, ça ne tremble pas, ni son regard ni ses mains, pas plus que ses mots. Ils sont puissants pourtant ces mots, ils sont graves, mais lui non plus ne tremble pas. Pas de colère ni de peur à retardement, en lui plutôt une sorte de satisfaction pas vraiment assumée. Elle a fait ce qu’elle avait à faire et pas une once de pitié pour cet inconnu ne le traverse « Je sais pas comment j’ai fait, mais je l’ai tué sur le coup. » Pourquoi ne pas en avoir parlé ? Pour les mêmes raisons que lui ne le fait que rarement, peut-être. Il n’ira pas présumer de son choix ni ne se fustige de ne pas avoir été là. Bien sûr qu’il aurait préféré qu’elle n’en arrive jamais à ça, bien sûr qu’il se demande comment elle vit avec ce poids, mais il voit, il ressent. Ce ne sont pas des larmes qui font briller les yeux de la jeune femme.
Alors il ne dit rien, serre plus fort ses mains « Je pense que les choses s’empirent. Et que s’ils ont le malheur de toucher à ma famille j’hésiterai pas une seule seconde. Et je sais que là, ils touchent aux tiens. » Les siens. Là encore ça devient presque abstrait à mesure que le loup s’efface au profit de l’humain. Une dualité permanente qui s’estompe et s’accroit en fonction du cycle lunaire mais ne disparait jamais. Il a vu la terreur dans les yeux de Solas, la colère et la peine dans ceux de Jody, le contrôle dans ceux de Benjamin et Zari. Ceux qui s’impliquent sont en première ligne mais tous sont en danger, tous sont bafoués. Attaqués de tous les côtés ils ne savent même plus qui est l’ennemi, ni pourquoi, parfois l’envie d’abandonner le combat se manifeste mais la brûlure revient à chaque frappe. Traqués, surveillés, malmenés, ils le sont tous. Nous le sommes tous. Personne ne peut vivre sereinement en sachant ça et lorsque les frontières ne font plus office de protection que reste-t-il ?

On ne voulait pas être des soldats, toi comme moi, mais chaque fois on les prend ces putains d’armes lorsqu’ils viennent pour ce sang qu’on ne partage pas.

« C’est à toi que tu dois être fidèle avant toute chose. » Sa paume sur ma joue, son regard humide, son cœur à découvert. Ça me fait vriller d’émotions ces mots-là tu sais, ça vient me chercher au plus profond. J’en avais besoin, je les attendais sans l’admettre et tu me les offre. T’imagine pas le poids en moins, l’air qui circule mieux, le sentiment d’oppression qui s’estompe. L’humidité s’invite sous mes paupières, ma main sur la tienne « Je sais que tu peux plus les laisser faire. » Un sourire triste pour un autre, résignés. Ça fait toujours plus mal quand on aime, notre plus grande force devient parfois ce qui nous rend le plus fébrile « Et je pense que tu sais déjà ce que tu vas faire. C’que tu sais pas c’est comment le faire en nous préservant, nous. Et donc toi par richochet. » Non, j’sais pas comment faire ça. J’sais pas comment foncer dans le tas sans avoir à sécher vos larmes. J’sais pas comment empêcher tout ça, comment protéger ceux qui se réveillent sans savoir ni comprendre ce qui leur arrive. J’sais pas comment arrêter de me sentir responsable, concerné. J’sais pas comment faire pour qu’on arrête de saigner, de pleurer, de tomber. J’sais pas comment faire pour faire taire cette peur, cette impression de devoir choisir parce que ça va tenir. Ça pourra pas tenir. Pas comme ça, pas éternellement. Personne n’a envie d’avoir le cœur brisé et s’il y a un juste milieu pour l’instant je ne le vois pas.

Ça viendra. Au fil des heures, au fil des jours, quand la brûlure se sera atténuée, que la plaie aura cicatrisée. J’y verrai plus clair, plus sereinement, mais ça vient me prendre à la gorge je perds le contrôle de tout ce que je ressens.
Une seule certitude : Si pour stopper l’horreur je dois faire couler le sang je le ferai. Pas d’hésitation, pas de doute, sans doute pas de culpabilité non plus. Pas après tout ça.  

Il est mordant ce froid, étouffante la fatigue. Lentement la haine quitte mon système, elle m’abandonne. Mes sens encore à vif j’entends enfin la respiration de Liya, inspire l’odeur du chat et du bois qui craque dans l’âtre, celle de Tim qui flotte dans l’air. Mes bras atour de toi, ton corps contre le mien, je sais que rien ni personne ne nous enlèvera ça. Que quoi que je fasse, quoi tu fasses, on aura toujours ça.

HRP:
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Ven 17 Fév 2023 - 2:43
Je ne sais pas si on l’a vraiment cette force. Je pense qu’on fait semblant. Qu’on fait “comme si”. Qu’on fait avec, surtout. Je pense qu’il y a de la hargne chez nous, de la résilience et une putain de dose d’amour qu’ils ne nous prendront pas. Nos fondations se pètent la gueule, c’est pas nouveau. C’est qu’il est instable, le sol sur lequel on a bâti. Il est percé de cavées, meuble et mobile. Il se prend trois séismes par semestre et nous, on joue aux équilibristes je sais pas trop comment. C’est qu’on prends l’eau, parfois. Qu’on sait, aussi, qu’à un moment ça va se casser la gueule. Pourtant ensembles on le consolide notre joyeux bordel. On fout du scotch et des lianes, on colmate les fissures, on rattrape le coup. Je voudrais affirmer qu’on s’en sortira à la fin. Je voudrais dire qu’on a un avenir, que j’en suis sûre. Que tout ira bien. Mais si j’en chiale, là tout de suite, si j’ai envie de te serrer contre moi plus fort que mon corps n’en est seulement capable, c’est que ni toi ni moi ne sommes naïfs sur ce qui risque de se passer. Si c’était simple on gueulerait pas. On tremblerait pas.

Alors j’veux pas faire ça, parce qu’en vrai ça ne changera rien, et je le sais aussi bien que toi. J’peux pas te faire peser ce qui me fracasse la gueule là tout de suite. De toute manière tu le sais déjà. T’aurais même pas besoin de mon regard pour ça, et pourtant tu t’en défais pas. T’affronte. T’as toujours affronté. T’as dans les veines la fronde de ta maison je crois. Et tu trembles pas non plus d’ailleurs. Parce qu’en vrai je crois que toi comme moi, on peut pas faire ça, on peut pas juste trembloter quand ça s’effondre, parce qu’ils auraient un pouvoir qu’on ne leur accorde pas. On peut pas penser qu’on n’est que des mômes, que des Hommes. Que des gens face à un truc bien plus grand. On peut pas. Sinon ils auront gagné avant même qu’on tente quelque chose.
Bien sûr que ça finira mal. Bien sûr que j’ai envie de hurler mon angoisse. Bien sûr qu’j’ai envie de les tuer quand je ressens ça. J’sais pas ce que ça fait de nous tu sais ? Et pourtant ça tremble pas. Le doute n’existe pas. Il cravache ta chair mais abandonne la mienne. C’est un sablier constant entre nous. Quand l’un ne peut pas, l’autre tiendra et inversement. Même quand c’est pas possible. Même quand ça a pas de sens. Regarde-moi. Ça ira. J’y crois pas ; mais ça ira. T’as pas le choix. Je sais que c’est injuste. Pourtant regardes-moi. Ça ira. Tu t’en sortiras, je m’en sortirais, on s’en sortira et Liya grandira dans notre putain de famille foutue de brindilles.

Ça ira.
Ça ira forcément.
Et on les emmerde ces enfoirés.

A la fin, ils ne gagneront pas. Et on se tiendra là, on pansera nos blessures. Et là encore, on fera avec.

Je ne sais pas exactement quand les mains se sont séparées, quand la mienne a rejoint ton visage, quand la tienne a recouvert ma paume. On s’est laissés glissés l’un contre l’autre, d’abord comme deux quilles qui tombent en avant et restent en équilibre sans jamais toucher terre. C’est peut être ce qu’on est d’ailleurs. Et puis je ne sais pas. Le temps a passé, les larmes ont reflué et je me suis levée. J’ai pas lâché ta main, je me suis pas éloignée non plus, je me suis juste glissée par dessus ta jambe pour m’asseoir à tes côtés, passer mes bras autour de toi, mon visage sur tes cheveux. J’y ai coulé au fil du temps, jusqu’à atterrir dans ton cou et je plus m’en extraire.

Liya dort pas loin, j’entends sa respiration et le crépitement du feu. Impossible de percevoir encore l’odeur du four, seule la tienne me parvient. Les pensées vont et viennes, sont comme la marée. J’ai pas lâché ta main et je crois que j’en suis incapable. Parfois les larmes montent à nouveau, puis refluent. Je pense, parfois, que j’ai dans le fond simplement la lâcheté de ne pas faire face à certaines choses. A savoir que l’issue ne sera pas bonne pour certains, je sais que j’ai détourné les yeux après la mort de Zach. Je sais que je ne trouve pas la force d’affronter Jordane ou que je ne veut pas entendre parler d’Alec parce que malgré tout ce qui peut nous opposer, l’affection ne m’a pas quitté. C’est plus simple, je suppose, de perdre quelqu’un qu’on a déjà laissé partir.
Alors ce que je fais là, c’est pas juste. Sauf que le reste n’est pas une option. Alors je serre une nouvelle fois tes doigts, je laisse glisser mon souffle sur ton cou, le long de ton épaule et je me charge de la chaleur qui a doucement repris son cours dans ton organisme. Ça se réaligne en toi, je le sais sans y être. Du moins ça s’apaise un peu. Alors je me rends compte que mon pouce glisse sur ta peau. Ma pulpe semble fraîche tant le dos de ta main irradie de nouveau. On pourrait penser que ma chaleur a rallumé la flamme, qu’une sorte de transfert de chaleur a eu lieu mais en vérité, c’est seulement la normalité qui a repris sa place.

Il y a des moments, j’ai l’impression de cesser tout à fait de penser. De ne m’accrocher qu’à ça, à ce qu’offrent les sens, à l’acharnement organique de te sentir contre moi, juste pour me charger de ta présence. La rendre tangible. Ne pas l’oublier aussi peut être. Trouver, sans doute, la force de me détacher.
Un discret bruit de bulles qui éclatent dans un léger sifflement s’échappe de la chambre de la petite. Je souris. C’est con à dire et pourtant c’est important. Un souffle amusé moderne et discret qui s’échoue quelque part sur les muscles de ton cou que je suis certaine d’avoir senti se tendre de la même façon.
Il y a des choses qui se passent d’explications. Que le silence porte davantage que les mots. Alors on n’a rien dit, ni toi ni moi. Ni sur les paroles que j’ai eu, ni sur ces quelques aveux sur lesquels je n’ai de toute manière pas envie de revenir. Et encore moins sur ce qui, dehors, tonne d’un brouhaha mutique. Je crois qu’il était au mieux ce moment. Nécessaire, tant pour toi que pour moi. Inévitable, même, tandis qu’on a pourtant tout fait pour l’esquiver. Alors cette latence-là, elle est importante, rien que pour nous donner cet espace pourtant entremêlé, d’en accepter la teneur. De laisser les émotions retomber et le chaos se réaligner. Pas qu’on n’ait jamais été très ordonnés, l’un comme l’autre, cela dit. Mais ça s’accorde. Ça se répond. À notre façon on trouve nos places.

Même si parfois, ça fout le vertige.

Alors mon doigts glisse, c’est le seul point d’ancrage. Il ne s’arrête que lorsqu’un tintement se fait au loin, depuis l’orbe de la cuisine. Quelqu’un vient. Après sans doute une éternité à rester ainsi collés. Le silence, donc, s’apprête à s’évader à son tour.
Pourtant encore un instant, je reste là et ne redresse le visage qu’une fois que l’atmosphère chaude de l’insert ne vire de couleur et illumine l’espace de flammèches vertes. Takuma, brusquement, apparaît ; je le sais avant même de le voir ou de poser le regard sur lui. Un instant d’ailleurs, je ne l’ai pas fait, j’en suis certaine, j’ai simplement gardé une seconde de plus, à attraper l’éclat d’automne des prunelles de mon meilleur ami. Puis, enfin, j’ai posé les yeux sur celui qui nous a rejoint.

“On peut savoir pourquoi t’es habillé en pingouin ?” C’est tout ce qui est venu. Ça et un petit rire en coin qui m’a déformé les lèvres et frappé les côtes sans que je ne comprenne d’où il est sorti. Il faut dire que Takuma, notre grand échalas aux cheveux bleus, s’est pointé en costume trois pièces, gilet côtelé et chemise ouverte. Cette dernière ne l’était sans doute pas à l’origine car un tissu plus sombre dépasse de sa poche et a dû constituer je suppose, une cravate pour parfaire le tout. Ou qu’importe comment ce truc s’appelle - certains profs portaient ça à Poudlard. Les anciens, ceux qui n’ont pas tenu longtemps.
Je vois pourtant dans son regard passer l’angoisse que je me connais. Celle que je sais illuminer le regard clair de William lorsqu’il s’agit de ces sujets, dont je reconnais le timbre dans sa voix lorsqu’on échange rapidement, par vocal ou téléphone. Cette angoisse tout à fait légitime qui, je le sais, l’a poussé je ne sais où cette nuit et pas une autre. C’est pour ça, sans doute, qu’il se pointe avec l’air d’avoir vécu une autre vie. Et pourtant, con ou pas, mais j’ai juste envie de le tacler avec ça, d’un sourire tordu et d’un regard affectueux. Parce qu’il sait. On sait tous que ça pue le drame tout ça. Mais je crois que ce petit rire moqueur là, j’en avais besoin.
“Parce que j’suis plutôt beau gosse comme ça non ?” Qu’il fait ce crétin, à planter une main dans sa poche comme un mannequin et à se tourner de trois quarts. Ça fonctionnerait sans doute s’il ne s’était pas réceptionné à la hussarde en atterrissant dans mon salon par le réseau de cheminette et qu’il ne gardait pas quelques traces de suie sur sa pommette droite. “J’ai le droit de participer au câlin aussi avant qu’on m’explique la merde ?” On fait ”Comme si”. Encore et toujours. Comme si on avait les épaules. Comme si on ne voyait pas le stresse qui nous bouffe tous. Comme si on n’était pas que des gamins qui s’envoient des vannes pour décompresser et comme si cette main que tu pose sur l’épaule de ton pote avant de te pencher doucement sur lui, ça ne comptait pas plus que le reste. Je sais pas ce que t’as foutu cette nuit. Mais je sais que ce matin, tu passes derrière le comptoir, t’attrape des cookies comme si t’étais chez toi avant de passer près de la chambre de la petite en y jetant un coup d’œil - parce qu’apparemment, tout le monde veille sur toi ma puce - et tu viens te poser, toi aussi.
“Ceci est une offrande post-drame. Fait-en bon usage..” Un cookie posé en équilibre sur le genou d’Enzo, le bras de Takuma passe ensuite autour de ses épaules une seconde et vient presser la mienne un instant avant de se dégager. Position tailleur pour le nippon, face à nous un peu plus loin et le bas du dos contre le dossier du canapé d’angle planté au centre de la pièce. Son dos légèrement penché, il semble apte à gérer là où nous, on a juste l’air des deux qui ont frôlé l’apoplexie. On gère, on gère pas ; c’est un balai continu qui ne cessera pas.

En douceur, enfin, je consens à me détacher un peu de mon meilleur ami.

En fait on a l’air d’ados ainsi, assis de biais ou de face sur le canapé, en meute comme quand on était à Poudlard, à se rassembler comme le feraient n’importe quel groupe d’animaux sociaux. On apprend à faire front. A se soutenir. Qu’importe où on était cette nuit, qu’importe le drame, qu’importe la violence. L’important, il est là et maintenant. Il l'est aussi du moins. “Vous m’expliquez ?” Sa voix est pâle malgré son assurance. Comme si. Encore et toujours comme si.
“Uniquement si tu m’expliques pourquoi t’as des paillettes dans les cheveux…” De nouveau c’est un petit rire un peu pâle ; je crois que c’est nerveux. Je crois que ça fait du bien surtout.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Jeu 23 Fév 2023 - 21:58

Now the tide is rolling in
I don't wanna win
Let it take me

Labrinth ft Zendaya

Lâcher prise. Oublier, s’oublier, laisser tomber ces choses sur lesquelles on n’a pas d’emprise. Qu’est ce que je peux y changer là tout de suite ? Est ce que j’ai le moindre impact ? Est ce que je peux arranger les choses ? L’évidence de la réponse est telle qu’elle fait mal, apprendre à l’accepter n’a rien de simple mais le temps, qu’il soit minutes, heures ou jours, fait son œuvre. Les émotions ne sont plus si à vif, le calme revient après la tempête. Dans ses bras et contre elle, bercé par sa respiration et les battements de son cœur, je me laisse aller.
L’air quitte mes poumons dans un long et profond soupir, rien qu’un souffle d’air silencieux qui aide le corps à se relâcher. La fatigue s’enroule autour des épaules non plus comme une chape de plombe mais comme une couverture qu’on accepte. C’est tout ce dont le corps a réellement besoin, de sommeil, de chaleur, rien de plus que ce que réclame le cœur. On baisse les armes, non pas parce qu’on s’avoue vaincu mais parce que cette trêve est nécessaire. Il faut se l’accorder. Prendre du recul, inspirer, retrouver un rythme sinusal plus calme.

Une seconde, une minute, une heure. Ça devient abstrait ce temps qui passe et l’atmosphère se remplie à nouveau de douceur. Ta respiration, la mienne, celle de Liya juste à côté. C’est à ça que je m’accroche, à nous, à ce radeau pas toujours très stable mais qui ne prend jamais l’eau. Qui n’a jamais coulé. Qu’ils viennent les requins, j’ai appris à les apprivoiser. On en fera des amis, on partagera l’océan, on continuera de regarder droit devant. On fera comme on pourra mais on y arrivera. Et tu seras là chaque fois qu’il le faudra pour me le rappeler quand j’oublierai, quand je n’y croirais plus. Je serai là aussi quand ça sera dans tes yeux que la lueur d’espoir faibli, que la flammèche menace de s’éteindre. C’est rare, alors c’est d’autant plus intense quand ça se produit. D’ailleurs je crois qu’avant Zach je ne m’étais jamais dit que la flamme pouvait s’éteindre en toi. T’as ressenti quoi, dis moi, quand t’as su que ce type ne se relèverait pas ?

Pas même un sursaut quand ça s’agite dans la cheminée, on le sait qu’ici on ne risque rien, que le danger n’a aucune chance de débarquer. J’suis même pas étonné de voir débarquer Takuma et si on se détache un peu elle et moi le contact ne se défait pas totalement. J’ai ce sentiment de mettre un temps fou à revenir sur terre, à sortir de cette torpeur dans laquelle je me suis laissé glisser. Rien a disparu, ça c’est juste mis en pause. On a coupé le son pour ne plus entendre le hurlement de la bête aux aboies « On peut savoir pourquoi t’es habillé en pingouin ? » Yeux plissés, la gueule en biais, je dois avoir l’air du type qui se réveille alors que je me redresse et me réinstalle dans le canapé. Une main passée sur les yeux, les épaules qui roulent pour se dénouer, je cligne des paupières « Parce que j’suis plutôt beau gosse comme ça non ? » C’est con mais ça fait du bien. Ça, lui, sa gueule de bienheureux étranger à tout ce qui vient de se passer. Ses cheveux bleu électrique, ses sapes sorties dont ne sait où. Un sourire se dessine sur le coin de mes lèvres, le dos enfoncé dans le dossier et la main de Sovahnn toujours accrochée à la mienne « Vrai. » Son attirail là, sa posture, ça lui donne un côté presque chevaleresque. Mais putain, tu sors d’où ? « T’es mignon avec ta suie sur la joue. » Ça lui arrive aussi au Père Noël ? « J’ai le droit de participer au câlin aussi avant qu’on m’explique la merde ? » Parce que ça ne peut pas être autrement, n’est ce pas ? Pas quand j’ai une gueule d’avis de décès, pas quand elle est là contre moi et qu’elle ne me lâche pas. Mon regard part se perdre sur le feu et je perds le fil, ne le récupère que lorsqu’il dépose un cookie sur mon genou et capte mon regard « Ceci est une offrande post-drame. Fait-en bon usage.. » Un sourire, un souffle amusé, j’ai pas le cœur à te dire que j’ai pas faim. Que là, je le sais, rien ne passera. Pas même ça. Pas même alors que mon corps tout entier réclame de l’énergie. Son bras autour de mes épaules un instant, un regard pleine de gratitude de ma part, j’ai l’impression qu’on se retrouve dans une salle commune. Rouge, Bleue, Jaune, quelle importance. On a jamais aimé les clivages de toute façon, c’était pas fait pour nous même si la logique des répartitions était assez évidente « Vous m’expliquez ? » Je sais pas comment je me retrouve avec un coussin entre les bras, posé sur mon ventre, les jambes étalées devant moi. Il est lourd ce corps, elle est lourde cette tête « Uniquement si tu m’expliques pourquoi t’as des paillettes dans les cheveux… » Mais eux, ils rendent ça plus facile.

« C’est qui ? »

Frontal mais amusé, presque doux, le contraste pourrait être effrayant mais la vérité c’est qu’il fait du bien. Oui, ça fait du bien de se rappeler que le monde, la vie, ça n’est pas seulement des drames. C’est aussi un pote qui à l’air de rentrer de soirée avec le sourire tant dans le cœur que dans les yeux.
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Enzo S. Ryans
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Ven 24 Fév 2023 - 15:24
Est-ce qu’il faudrait paniquer ? Oui, sans doute. Mais s’il est là, si mon téléphone n’a pas sonné mille fois, c’est que le pire n’est pas advenu. On fini tous par avoir un rapport aux drames un peu étranges. Les crises passent, s’encaissent. On apprend à reconnaître les situations d’urgence et celles qui s’égrainent sur le long terme. Personne ne sursaute ici. Même pour moi, c’est un sanctuaire. Rien ne filtre, rien ne passe. Pas que les douleurs soient relégués sur le pas de la porte, simplement qu’elles sont aptes à être gérées ici, ensembles et au calme, sans que rien d’autre ne couve. Je sais pas comment elle a fait ça, mais elle l’a fait. Les lieux se construisent au fil du temps d’un peu de nous, de tous ceux qui y trouvent leur place et en font une sorte de QG évident. Ça fait du bien, même pour moi qui me la jouait solo et qui, finalement, termine régulièrement mes nuits ici. Je pourrais même - on pourrait même - débarquer comme ça en pleine nuit. Ils pourraient se lever le matin, je crois qu’il n’y a que Tim que ça perturberait. Et encore, moi sans doute davantage qu’Enzo. Il pourrait même sortir de sa piaule que personne n’y trouverait quoi que ce soit d’étrange. C’est comme ça. Ils définissent les règles.
Pourquoi sursauter alors, vu qu’il n’y a que des amis ici ? Que moi. Qui ait clairement loupé un wagon dans l’histoire. On ne dira pas ce qui a failli se passer hier soir, même s’il y en a un qui peut le deviner. On n’évoquera pas l’angoisse, ne fera pas peser sur d’autres ce qui en vérité ne nous appartiennent qu’à nous. On avancera et on fera les cons. Rien qu’un peu. Parce que là ça ne sert à rien de faire autrement. Parce que j’le vois à vos gueule, vous avez besoin de reprendre un autre souffle. Alors hey, pourquoi pas ? Après une nuit pareille, je suis pas tout à fait sûr que quoi que ce soit ait du sens alors il me faut un temps, à moi aussi, pour me re-calibrer. Le pantalon tombe bien, blaser et gilet côtelé, ‘truc dont j’avais jamais entendu parler d’ailleurs. La veste de costard. J’ai la gueule d’un type auquel je ne ressemble pas, mais comme ça, avec la chemise ouverte, les effluves de la boutique sur le tissu, il y a quelque chose de moi dans l’aspect de ce mec. Le mélange me plaît bien en vérité. Tout comme j’aimais bien être ce type qui s’éclate sur scène, le maquillage, les couleurs, les fringues ou les bijoux. Tous ces trucs qui ne me ressemblent pas, mais qui, assemblés, donnent une autre version d’un type qu’en vérité, je suis un peu. Peut être que je comprends Falmer d’une certaine manière. Peut être pas. Ça a simplement pas d’importance.
Ça ça en a. Pendant que j’fais le con, leurs quelques sourires qui apparaissent mine de rien. En vrai tout ça en a. Des angoisses du soir au bien être du réveil. Des chants échangés avec des inconnus aux râles qu’on partage avec ceux qui n’en sont plus. Leurs sourires sont pâles mais ils existent malgré tout. « Vrai. » Pourtant il y a sans doute de quoi criser pour une raison qui m’est inconnue. Il y a tout autant de raisons de s’interroger à mon sujet, j’en ai conscience. Moi j’ai arrêté. « T’es mignon avec ta suie sur la joue. » La suie ?
“Qu’est-ce que j’ferais pas pour te plaire…” Sovahnn ricane contre lui, le front qui touche un instant son épaule. Moi aussi je ricane d’ailleurs en me mettant en mouvement. Ça pourrait sonner différemment après cette nuit, c’est pas le cas. Ya rien qui change puisque ça ne remet rien en question.
Une main qui se serre sur son épaule, un passage derrière le comptoir, surtout pour m’occuper les mains et le cœur ; pour jeter un coup d’œil sur la petite, parce que c’est idiot et que c’est pas de ma responsabilité, mais je crois que c’est inscrit quelque part dans les habitudes de la maison.
Quelques instants avant de revenir vers eux, de passer un bras autour des épaules d’Enzo, le serrer un instant, poser la main sur le bras de Sovahnn, en faire de même, puis m’asseoir au bout du canapé non loin d’eux. Comme l’impression que certaines dynamiques se retrouvent. Qu’on est quelques années en arrière, dans une salle commune, que d’autres ne tarderont pas à débarquer et à s’étaler sur les tapis ou contre le canapé. Que ce qui merde aujourd’hui est encore loin devant. C’est con, car ce qui a merdé dans le passé serait bien là. Mais on est comme ça je crois. On garde ce qui marche.

« Uniquement si tu m’expliques pourquoi t’as des paillettes dans les cheveux… »

Ça, ça marche. T’as une gueule d’enterrement poto, pourtant ça se délaye un peu comme ça peut. Par un sourire, par un regard, par ces trucs qui nous lient sans qu’on en prenne vraiment conscience et qui, parfois, nous sautent à la gueule. C’est que ça fait du bien, en vérité, de se rendre compte que c’est là. C’est le cas hein ? Je suis pas le seul à le penser.

« C’est qui ? »

Alors j’en ris, parce que c’est pas nouveau, ils se liguent toujours ensembles ces deux-là. Ils pourraient même ne pas se regarder, ne pas se consulter, ça matcherait quand même.
Tellement doux et léger que ça dénote du cadre. Mais c’est qu’ils en ont besoin. Qu’il en a besoin. Et à vrai dire je crois que moi aussi. On le sait tous, si je devais savoir quelque chose, ils me le diraient. C’est que le pire n’est pas là. Alors on se concentre sur le mieux, pour ne pas s’asphyxier.

“La scène.” A la fois vraie et fausse comme réponse. De toute manière, ils savent déjà tous les deux, je les connais, il n’aura fallu qu’un coup d’œil. Un coup d’œil et de sens. Parce qu’il y en a un qui perçoit davantage que tous les autres et que de toute manière, tous les trois, on se connaît assez pour que rien ne nous échappe vraiment. Je sais, d’un coup d’œil à Enzo, échangé depuis plusieurs minutes maintenant, que Caitlyn est en sécurité. S’ils le sont tous les deux, alors moi ça me va. Ça peut attendre disons. On peut donner la priorité aux paillettes, on verra les larmes plus tard. “Je sais pas trop ce qui s’est passé cette nuit pour être honnête. L’appel des projos sans doute. J’ai assisté à un spectacle, fini avec une gratte, un micro et les fringues qui vont avec et direction les planches le temps de quelques morceaux. J’crois que j’ai plus ou moins décroché un job au passage. Et passé la nuit avec le danseur. Et une bonne partie de la matinée aussi, avant de venir…” ça sort sans filtre, avec une touche de douceur, d’humour et d’incrédulité, juste parce que si rien de tout ça n’est habituel, quelque part la conversation l’est. D’ailleurs je peux pas m’empêcher de lâcher un rire à la mimique qui se peint sur le visage de Sovahnn qui n’a qu’une envie, c’est que j’en dise plus. Mais parce que j’aime bien la faire râler, je me contente de retirer la veste - la redingote ? En fait j’utilise des termes que je ne connais pas… Le TRUC façon veston de costard - et la pose à côté de moi. “J’ai même fait des gaufres à ses parents.” Et j’hausse des épaules, histoire de dire que tout ça m’échappe, mais que c’était chouette.
“Putain c’est dégueulasse : pourquoi tu nous en fais jamais, des gaufres, à nous ?! Je préviens, t’es foutu, ce weekend tu fais des gaufres !”

Je les aime ces cons-là, putain vous avez pas idée.

Je sais que c’est pas facile. J’le vois, ça fait pas de doute. Pour aucun d’entre eux, sans doute même pas pour moi d’ailleurs. Et pourtant la conversation trouve sa place à sa manière, sans forcer ni s’imposer. Moi aussi j’en ai besoin de ce truc. En fait c’est stable ici. Pas qu’on le soit individuellement mais le tout qu’on forme l’est. Et quand je dis “ici”, c’est pas “ici, cette maison”, bien qu’il y est de ça. Ça peut être “ici”, chez les gars. Ici sur la plage. “Ici” dans n’importe quel lieu qui le devient, tant qu’on se retrouve.

“Il f’ra des gaufres.” D’un coup d’oeil, elle passe un regard sur Enzo et accroche son regard. Ça, ça veut dire qu’on fait une soirée, un aprem ou quelques heures passées ensembles. Si c’est pas réellement “ce weekend”, ça sera le prochain, un soir, une journée ou qu’importe. Mais le rendez-vous vient d’être pris.
Et apparemment je fais des gaufres.
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Lun 27 Fév 2023 - 20:07
« La scène. » Un mensonge qui n’en est pas vraiment un, plutôt un complément d’information jusqu’ici pas franchement verbalisée. Pas besoin, il sait que je sais ou plutôt que je sens, que par un regard ou un demi sourire Sovahnn aura compris aussi. C’est ce qui se passe quand vous devenez si proches des gens et que votre capacité à lire les autres s’en trouve décuplée. Une question de sensibilité je crois, on n’est pas tous câblé de la même façon mais avec eux je sais que c’est le cas. Que les mots ne sont pas toujours utiles ou que les phrases n’ont pas toujours besoin d’être terminées. Alors la scène et je vois dans le fond de son regard une lueur qui éclaire différemment. Un autre indice : Les battements de son cœur qui accélèrent « Je sais pas trop ce qui s’est passé cette nuit pour être honnête. L’appel des projos sans doute. J’ai assisté à un spectacle, fini avec une gratte, un micro et les fringues qui vont avec et direction les planches le temps de quelques morceaux. J’crois que j’ai plus ou moins décroché un job au passage. Et passé la nuit avec le danseur. Et une bonne partie de la matinée aussi, avant de venir… » Je perçois aussi celui de Sovahnn là contre moi, la légère pause avant une reprise plus rapide. L’envie de savoir, l’enthousiasme partagé, la curiosité qui s’éveille quand il s’agit de quelqu’un a qui on tient. On s’intéresse, c’est tout, et puis on cherche déjà la moindre faille pour se charrier. C’est comme ça qu’on est fait, c’est comme ça qu’on s’aime et qu’on l’exprime.
Moi je trace en silence dans mon esprit les traits qui forment une image de ce qu’à pu être sa nuit. C’est inconscient, une sorte de réflexe de mettre des dessins sur des mots. Je me dis aussi que j’aurai sans doute la même étincelle dans le regard si je parlais de surf ou de requins, du taf que j’ai chopé qui me rapproche toujours plus de mon rêve. Est ce que c’est le sien, de renouer avec la scène ? Aucune idée de si lui même le sait ou si c’est simplement le hasard qui a décidé que ça tournerait comme ça. Quant à ce danseur, bien sûr que l’étonnement est là l’espace d’une seconde mais il s’évade comme il est venu. Ce qu’il est n’est pas un sujet, qui il est voilà la seule chose qui importe.

Son bonheur agit comme un ricochet sur l’eau et ne transmet que des bonnes ondes, un truc qui réchauffe le cœur et éloigne les ombres accumulées au dessus de la tête comme un cumulonimbus. Et si je me surprends à regarder l’état de ses pupilles ça n’est pas par manque de confiance en lui mais bel et bien par instinct de protection. Il y a des confidences qu’on n’oublie pas, j’aurai sans doute eu ce même réflexe avec Caem. Juste … pour être sûr. Pour ne rien rater. Pas envie de justifier son éclat par autre chose que ce qu’il exprime mais on apprend à être attentif. Ça devient … oui, instinctif « J’ai même fait des gaufres à ses parents. » Le haussement d’épaules du mec qui ne cherche pas à comprendre, à analyser, face à la réaction immédiate de celle faussement outrée. Quoi que … « Putain c’est dégueulasse : pourquoi tu nous en fais jamais, des gaufres, à nous ?! Je préviens, t’es foutu, ce weekend tu fais des gaufres ! » L’éclat de rire n’est pas aussi franc qu’il pourrait l’être sans le poids des faits et de la fatigue mais il a le mérite d’exister. Et de ne pas être feint. Un instant de normalité dans l’apocalypse, une pause, un moment qu’on s’accorde en laissant le chaos à la porte. Je crois que le sommeil de Liya s’est tranquillisé, comme si elle aussi avait senti qu’on s’était tous apaisés « Il f’ra des gaufres. » Qu’il en soit ainsi. Le regard accroché, le sous texte capté de tout le monde, le rendez vous est pris « T’iras me chercher des myrtilles fraîches alors, tant qu’à faire. » A Takuma. Et on s’en fout si c’est pas la saison, c’est pas vraiment la question.

« Et c’est quoi ce job ? » Tu crois qu’on est pas capable de tenir en place ? Qu’on voit pas où est le problème d’accumuler les tafs ? Peut être parce qu’on a envie de tout faire et pas se brider, pas envie d’arrêter une chose au profit d’une autre. Comme un besoin de vivre à fond, tout bouffer sans se poser de question.
Alors on l’écoute nous parler de ce truc qu’il rajoute à la gestion du magasin qui lui est tombé dessus sans prévenir et sans lequel on serait plusieurs à être dans la merde aujourd’hui. Le hasard ou le destin ? Faut avouer que la question se pose vu le timing et si je m’en sors c’est parce que je ne vis pas ici. Pourtant je ne me leurre pas, si on continue de recueillir des nouveaux mordus tous les mois les calculs vont devenir plus compliqués. Ou plutôt mortellement simples. Sans Tue-Loup c’est l’enfermement ou le carnage.

Je ne sais pas trop comment on en vient à revenir sur le sujet, sans doute un silence, un regard, un signal qu’on capte tous et si la colère a quitté mon système la lassitude est évidente tant dans la posture que dans le son de ma voix. Coudes sur les cuisses, mains croisées entre les genoux, le buste un peu penché en avant « Y a eu une couille cette nuit. Un Lycan qu’on a pas réussi à retracer à temps s’est transformé dans un centre fermé. » Je ne tremble plus mais je sens la présence de Sovahnn contre moi « Des dizaines de morts dedans et dehors, beaucoup de blessés. Quasiment tous embarqués par le Ministère. Ils vont sans doute se débrouiller pour étouffer l’affaire ou tourner ça à leur avantage. » Pas d’émotion particulière, comme si je n’en avais plus la force, comme si après la rage et l’appel de la violence j’étais simplement résigné. Sans vraiment le voir je passe une main sur mon visage, renifle par réflexe plus qu’autre chose, un enchaînement de tics qui expriment la nervosité derrière le calme « Celui qu’on traque depuis des mois était là. » Ca se serre un peu dans ma gorge, je referme le poing droit puis le rouvre en fixant le sol « Sans doute pour admirer le spectacle qu’il a mis en scène. » Tu vois, je préfère la tienne de scène.

« J’étais pas sur place, j’aidais un des nouveaux en Norvège. » Un regard, un sourire, comme si ça pouvait atténuer l’horreur « Le seul qui était là-bas a été blessé mais ça ira. » Même si j’ai lu dans son regard la même rage qui devait faire onduler les abysses dans le fond du mien. Même si la peur de Solas, la colère de Jody et le silence de Zari m'ont percuté de plein fouet. Le détachement de Tristan, la concentration d'Ever et Caitlyn qui transparait dans les messages.

Un soupir, mon dos qui retrouve le dossier du canapé, mes doigts s’entremêlent et jouent les uns avec les autres. J’abandonne pas mais là tout de suite je ne peux rien faire, je sais aussi que mon corps ne me le permettrait pas. Il se passera quoi si j’essaie de me relever ? Ça sera long et laborieux, douloureux même sans doute maintenant que je me suis posé et que les nerfs se sont relâchés. Je sais que Sovahnn va me proposer de rester un peu là, je sais aussi ce que réclame mon être tout entier. Et puis Asher, que je dois retourner chercher en Norvège et ramener en Alabama.
Mais là tout de suite c’est pas la question non plus, comme la saison des myrtilles « Parler des gaufres que t’as fait pour tes beaux-parents c’est bien plus intéressant. » Sourire en coin, gentiment moqueur, j’essaie pas de foutre le reste sous le paillasson ils me connaissent suffisamment pour le savoir. Pour le comprendre.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 8 Mar 2023 - 19:02
Ils le savent. Ça se voit sur sa gueule, c’est ainsi que Sovahnn le chope, et d’une manière bien plus globale pour qu’Enzo attrape l’info. C’en est à se demander quel est ce niveau d’intimité lorsqu’on devine quand un pote a pris son pied la nuit passée, sans avoir à le lui faire verbaliser.
Si Sovahnn a pu avoir un doute, celui-ci a rapidement foutu le camp par un coup d’œil à Enzo. La complicité de ces deux-là n’aura jamais fait le moindre doute et sans un mot, ils se comprennent, voient l’éclat passer d’une pupille à l’autre. C’est con, ça pourrait en agacer certains, mais en vérité, ça plaisait au nippon. Si les deux meilleurs amis en ont clairement besoin pour faire redescendre la pression, lui en avait besoin pour retrouver cette sensation d’appartenir à quelque chose. Un groupe. Un truc qui fonctionne en vérité. Car oui, ils fonctionnent. Tous. Comme un ensemble qui possède sa propre inertie, son propre moteur.

La réalité revient, râpeuse. Elle se mêle avec celle de la nuit, rend les choses beaucoup plus concrètes. L’odeur de Falmer reste, se mêle à celle de l’herboristerie, persiste d’un parfum, d’une chaleur. Sa présence reste, jusque dans la texture des fringues ou leur simple existence. Elle dérive jusqu’au travers du regard des potes, s’affirme plutôt que de s’estomper comme un songe dont on aurait du mal à s’extraire. Il existe dorénavant, pas que dans cette petite bulle improbable dans laquelle ils se sont glissés durant la nuit. Falmer, la légèreté des ressentis, l’impression de se sortir heures après heures d’une gange insupportable, l’ensemble devient plus concret. Ça se concrétise même d’un regard balancé vers ses pupilles. Ça aussi, quelque part, c’est rassurant. C’est que ça ne sera pas balayé d’un revers de main, qu’il n’a pas halluciné tout ça, qu’il n’a pas merdé dans les grandes largeurs. Qu’il y a un mec, là-dehors, qui l’a rattrapé au vol sans même s’en rendre compte. Que lui-même s’est rattrapé au vol. Et que ce sentiment, s’il a pu exister, continuera d’être là, qu’importe ce qui se passe ensuite. La pensée a donc quelque chose d’apaisant. C’est un besoin profond de lâcher du lest, de faire des trucs un peu dingues comme de monter sur scène comme ça, avec des inconnus, sans l’avoir prévu. C’est une possibilité dans ses veines, plutôt que de les pourrir à coup d’acide.
Tout comme faire des foutues gaufres aux parents d’un gars avec qui on vient de s’envoyer en l’air; Si c’est une scène banale pour n’importe qui, c’est un inconfort pour Takuma, une situation dans laquelle il ne sait ni se positionner, ni anticiper ou comprendre les moves des uns et des autres. Et pourtant ça aussi, ça faisait partie des choses dont il a eu besoin la nuit passée. Ne pas chercher à comprendre, se laisser porter par le mouvement, embarquer dans l’univers d’un autre sans chercher à y résister. C’est essentiel parfois, aussi bêtement que ça. Ça l’est d’autant plus quand on se sent plonger. Qu’on n’arrive plus à se rattraper. Que certaines choses du quotidien prennent brusquement trop de place alors qu’on les géraient bien la veille. Que la peur, simplement, reprends le dessus. Que l’oubli semble plus simple. Alors oui, il n’y parait pas, mais Takuma aussi se raccroche à ce truc plus léger avant de plonger dans l’angoisse. Il cherche à se rattraper aux branches, à se rassurer. A s’assurer que si, Enzo va bien, Caitlyn aussi. Physiquement du moins ça va. C’est comme ça qu’on fonctionne, quand on connaît l’horreur et que chaque jour, on craint pour ses proches. Parfois on n’y songe pas, mais c’est toujours là en sous-texte. Et parfois, ça prend plus de place.

Aujourd’hui, ça prend de la place.
Aujourd’hui, on sait que ce n’est pas innocent.

Alors ça, ça compte. Ce petit morceau de quotidien qui brille plus fort, avec plus de hargne face aux ténèbres. Pas que le trio ne rie plus fort, loin de là même. Mais ça tonne malgré tout. Dans les veines, dans les coeurs. Dans la manière d’être, les uns avec les autres, sans jamais vraiment céder.
« T’iras me chercher des myrtilles fraîches alors, tant qu’à faire. »
“Mais bien sûr, qu’est-ce que j’ferais pas pour te plaire…” L’éclat d’un sourire dans le regard, la certitude qu’il est foutu d’effectivement ramener des gaufres ce weekend, puisque manifestement c’est ainsi que se prévoient les jours à venir. Un moyen, surtout, d’être ensembles.
Tous en ont besoin, lui y compris.

« Et c’est quoi ce job ? » Le Veaudelune, les quelques petites représentations le soir dans le bar d’Ashlyn, un soir par semaines, parfois deux, parfois une seule fois par mois. Juste un truc qui se met en place parce qu’il en a envie et que ça, ça fait sens dans son âme. Est-ce qu’il a vraiment le temps de prendre un job de plus ? Pas certain. Mais ça sera fait quand même, car de ça, il en a besoin, la nuit passée en est la preuve.


“Pour être honnête j’en sais rien. On n’a pas vraiment parlé.” Et Sovahnn qui pouffe, un coussin qui vole au dessus d’Enzo, manque de finir sur la blonde qui l’intercepte d’un coup de pied. “DE CA, on n’a pas vraiment parlé DE CA ! Sale gosse !!” Des frangins. “J’crois qu’on a plus parlé de la famille Adams que du boulot à vrai dire..! T’sais c’que c’est toi ? ” Enzo non, Sovahnn oui, rien de nouveau sous le soleil. “Mais du coup partager la scène je suppose. C’que j’ai fait ce soir mais en rémunéré et sur une soirée complète je pense.” Grand fou, ouais nan, cherchez pas tous les deux, il sait que vous y avez pensé. En temps normal la réplique et la vanne sur fond de possibilité de prostitution serait sans doute sortie. En cette fin de matinée, sans doute pas. “ J’ai assez hâte de parler de ça avec la troupe. On verra, j’y passerais dans la semaine. Déjà parce que je crois que mes fringues sont étalées aux quatre coins de Londres, entre chez lui et le cabaret.” Que Falmer soit un sorcier aurait pu lui permettre de tout remener via un sort. Tout comme il aurait pu transplaner. Mais d’un accord tacite et commun, les choses se sont faites autrement, ne serait-ce que pour trouver une excuse - comme s’ils en avaient besoin - de se revoir.

Il poursuit un instant, conclue, achève le moment plus léger. Ça se fait comme ça, d’une chose à l’autre, parce que tous se connaissent si bien qu’ils en viennent à intégrer les temps morts, les regards, les latences. Alors vient le moment de revenir à la merde. Tous le savent, donc personne n’est surpris lorsqu’Enzo enchaîne.
« Y a eu une couille cette nuit. Un Lycan qu’on a pas réussi à retracer à temps s’est transformé dans un centre fermé. » Sovahnn enroule l’ancien projectile entre ses bras et pose le menton sur le coussin sans adresser un regard à Takuma. Pas besoin, il sait déjà ce qu’elle en pense. Quant à lui, il accuse le coup, imagine ce qu’il a pu se passer, se glace à se dire que si c’est atroce, ce n’est “que ça”. Pas dans le sens où ce serait minime, mais son esprit trop fertile a eu le temps d’échafauder milles théories pires les unes que les autres au cours de la conversation. Assez pour se dire que tant que leurs proches sont en vie, intacts et libres… disons que c’est déjà pas si mal…

« Des dizaines de morts dedans et dehors, beaucoup de blessés. Quasiment tous embarqués par le Ministère. Ils vont sans doute se débrouiller pour étouffer l’affaire ou tourner ça à leur avantage. »

Et puis parce que le cerveau est comme ça, il commence par minimiser la chose avant d’entendre le réel, tente de se protéger encore, met un moment à engranger les informations avant qu’enfin, le timbre neutre d’un ami suffise à donner à ses paroles une teinte différente. Apparaît alors la vérité. Le ministère, les victimes, les gens qu’on fera taire et ceux qui ne se souviennent sans doute déjà plus de rien. Ceux qu’on capture, “au cas où”. Ceux qu’on ne reverra sans doute pas. Alors ses pensées fusent plus vite que son ami ne retrace les siennes et Takuma frémit sur son bout de canapé. Il en vient à se dire que ce coussin, il n’aurait pas dû le balancer car à son tour, il lui faudrait un truc à serrer contre lui. Parce qu’il projette, il imagine ; à la fois ce qu’il doit se passer dans les esprits de chacun, ce que l’avenir leur réserve, et ce qu’il se passe pour des tas d’anonymes.

« Celui qu’on traque depuis des mois était là. »

Il s’en doutait. Comme il se doute qu’il est toujours en vie.

« Sans doute pour admirer le spectacle qu’il a mis en scène. »

Les dents grincent dans la bouche du nippon qui se replace sur le sofa, défait un bouton de plus de sa chemise et inspire profondément en laissant apparaître une bonne partie de son torse. Comme s’il faisait chaud. C’est le cas. Ça flambe là-dessous d’une colère inerte. Inutile sans doute.

« J’étais pas sur place, j’aidais un des nouveaux en Norvège. »

Un regard, un sourire. T’essaye d’atténuer le truc. De nous protéger de ton propre trop-plein.

« Le seul qui était là-bas a été blessé mais ça ira. » Le seul des vôtres, comprend Takuma qui se surprend à regarder dans le vide comme si quelque chose en arrière de la table basse, du large tapis ou des jouets qui traînent pouvaient apporter des réponses à tout ce bordel. Ou le moindre soulagement. Un truc, n’importe quoi, pour aborder tout ça d’une manière plus apaisée. Mais il n’y a rien. Pire encore, la présence de ces jouets, de la petite, de la mère non loin, de tout ce qu’”on” risque chaque jour, rend les révélations plus atroces encore. Il songe, alors, à quelques visages qu’il a vu passer. Songe qu’il n’a rien à dire, ou du moins que ça reste bloqué quelque part dans sa gorge. Alors le silence les rattrapent tous trois. Sovahnn la tempe posée mollement sur le bras d’Enzo qui retrouve le dossier du canapé et tripote ses doigts dans un geste de réassurance. Et lui, qui reste en tailleur en laissant couler ses doigts dans un sillon du canapé. Sans doute le même type de gestes d’ailleurs. Ça dégluti, ça grince, ça se tait. Car quoi dire ?

T’as envie de le buter ce type.
Non, il le dira pas. Elle ne le fera pas plus. Car c’est de ça dont vous parliez hein ? De la nécessité d’avancer, de faire des choses, de ne plus pouvoir laisser tout ce bordel impuni. Qui agit putain ?! Qui fait quelque chose ?! Pourquoi c’est trois gosses dans un salon, pas loin d’une fournée de cookies et d’un nouveau né qui passe d’ordinaire de bras en bras qui semblent se préoccuper de totu ça ? Et quoi faire, quand on est face à une organisation gouvernementale intolérante qui fait de la merde et à quelques fous-furieux disséminés dans les deux camps qui font plus de merdes que ne devraient en être capables l’état rabougris de leurs putains de couilles ?

Pourquoi ?
Pourquoi tout ça putain ?
Quel foutu intérêt à tout ça à part… attiser la haine.

« Parler des gaufres que t’as fait pour tes beaux-parents c’est bien plus intéressant. »
Se faire une armée de lycans paumés et en colère ? Soulever les foules ?
“D’autant qu’elles étaient sacrément bonnes.” La voix répond, blanche, molle, sans véritable entrain qu’un truc qui râpe dans le fond de la gorge.
“Raison pour laquelle tu vas nous en faire” devrait répondre Sovahnn, qui ne le fait pas. “L’image valait le coup, rien que pour me voir galérer en futal à tenter de me débarrasser de la mère du mec sans savoir comment m’échapper de là..” Un petit sourire en coin, amusé à rebours de la situation. De sa part aussi, un rien pour alléger la conversation. Une option aussi, pour y revenir plus tard, si besoin.

“J’ai trouvé quelques spots d’aconit. J’en ai prélevé aussi. J’commence à avoir un peu d’avance côté stock.” ça va devenir de la contrebande tout ça. En vérité ça l’est déjà, mais Takuma se sent trop jeune, trop petit pour pouvoir songer véritablement et sérieusement à un truc pareil. “Tu sais que tu peux compter sur moi.” Pas son truc de prendre les armes. Toujours pacifiste dans chacune de ses décisions, il n’hésiterait pourtant pas pour un ami. Comme il n’a pas hésité à user de sortilèges interdit quand il s’agissait de Jillian, des années en arrière. “Vous avez des pistes pour le gars ? Ou vous savez si quelqu’un a des pistes ? ” Sovahnn garde le regard droit, ne lui en envoie qu’un unique, bref, un peu dur. Elle suivra. Elle veut pas, elle tremble de peur, elle craint la suite. Mais elle comprend. Tout le monde comprend, lui y compris.
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Ven 10 Mar 2023 - 16:13
« Pour être honnête j’en sais rien. On n’a pas vraiment parlé. » Le coussin vole, évidemment, en réponse au sourire que je devine étirer les lèvres de ma meilleure amie. J’ai pas la foi pour ça, le cœur n’y est pas, mais je sais qu’ils ne s’attendent pas à ce que j’exprime les choses comme je le ferai en temps normal. Ça ne veut pas dire que je m’en moque bien au contraire mais les émotions sont encore trop sombres et la fatigue de plus en plus envahissante pour y être comme il se doit. Est-ce que ça m’empêche d’être heureux pour mon ami ? Bien sûr que non. Loin de là « DE CA, on n’a pas vraiment parlé DE CA ! Sale gosse !! » Même s’il est mince le sourire est là et eux, ils me font du bien. Leur présence, leurs rires, ces éclats de vie qui mettent un peu de lumière pour percer les ombres « J’crois qu’on a plus parlé de la famille Adams que du boulot à vrai dire..! T’sais c’que c’est toi ? » Un regard vers Sovahnn par réflexe, je sais qu’il s’adresse à moi. Non, jamais entendu parler, ou peut-être mais j’ai dû oublier alors je réponds par une grimace vaguement désolée « Mais du coup partager la scène je suppose. C’que j’ai fait ce soir mais en rémunéré et sur une soirée complète je pense. » Retrouver la scène alors, dans un cadre qui m’échappe encore un peu mais ce détail n’est pas vraiment important. J’avance dans la brume mais j’essaie, vraiment. J’essaie d’être là, impliqué, pour ne pas laisser de côté ces choses importantes. Je sais que tout ça n’est pas rien pour lui, ça se voit dans l’éclat de son regard, ça s’entend dans les battements de son cœur. C’est abstrait pour l’instant mais elle comme moi on fera en sorte que ça ne le soit plus parce que oui, évidemment qu’on ira le voir « J’ai assez hâte de parler de ça avec la troupe. On verra, j’y passerais dans la semaine. Déjà parce que je crois que mes fringues sont étalées aux quatre coins de Londres, entre chez lui et le cabaret. » Un sourcil arqué, le sourire se fait un peu plus franc, presque comme si je m’éveillais un peu plus au fil des secondes et des mots.

Oui, on essaie, tous les trois, mais le silence et la lourdeur reviennent.
Ce que j’ai a raconter est beaucoup moins fun.

« D’autant qu’elles étaient sacrément bonnes. » Les gaufres.

Il n’y a pas d’entrain dans ce ton là et je m’en veux de casser son bonheur avec mes ombres. Pas juste les miennes mais je sais qu’à ses yeux, à leurs yeux, c’est l’impact direct que ça a sur moi qui compte le plus. Pas de réaction de Sovahnn non plus « L’image valait le coup, rien que pour me voir galérer en futal à tenter de me débarrasser de la mère du mec sans savoir comment m’échapper de là.. » L’image s’imprime dans la tête, la vision que je m’en fais en tout cas, et je ne sais pas si c’est parce qu’on évoque une maman mais ça met un peu de baume sur le cœur. Je ne pense pas à la mienne mais à celle de Will, ce genre de maman qui vous rappelle que la vie peut être douce et simple. Que vous êtes toujours un gosse, surtout, mais d’une belle façon. D’un regard elle comprend, elle ressent, et d’un geste elle réconforte « J’ai trouvé quelques spots d’aconit. J’en ai prélevé aussi. J’commence à avoir un peu d’avance côté stock. » Un regard vers lui, la tête qui opine sans un mot. La gratitude se fait silencieuse mais elle est là, d'autant plus en sachant les risques qu'il prend « Tu sais que tu peux compter sur moi. » Il doit avoir l’air triste ce sourire, presque las « Je sais. » C’est de lui-même qu’il a entrepris tout ça, nous on a géré les urgences comme on a pu sans voir que celle-ci en était une évidente pourtant. Il se passera quoi le jour où l’un de nous sera à sec ? « Merci. Avec leurs lois de merde et l’augmentation des contrôles ou du nombre de Lycans tu pourrais pas mieux nous aider. » On a tous une petite réserve, des contacts ailleurs, mais à force de voir notre nombre augmenter et les barrages de plus en plus nombreux le doute s’installe « Vous avez des pistes pour le gars ? Ou vous savez si quelqu’un a des pistes ? » Ce genre de réaction invisible à l’œil nu qui vient te prendre aux tripes … C’est là, ça se serre dans ta gorge et dans ton ventre, une pulsion, un éclat de rage à l’état brut. C’est ce qu’il se passe chaque fois que ce salopard est évoqué « On a que son odeur. » Le regard braqué devant moi je sens la tension émaner de Sovahnn, la retenue de Takuma. Ils avancent en douceur tous les deux, comme ils peuvent, avec leurs propres craintes « C’est léger mais ça peut être déterminant. » Il suffit d’une fois, une seconde, le bon endroit et le bon moment.

Je ne me rends pas compte que mes poings se sont serrés à nouveau, que les battements de cœur se font plus rapides, plus sourds dans mes tempes « Peut-être que c’est plus large qu’un seul connard qui agit dans son coin, sûrement même, mais si on … » L’instinct de les préserver d’un truc qu’ils savent pourtant, qu’ils devinent sans mal. Si ce type nous tombe entre les mains il est mort. A ce stade plus de pitié, pas après la provocation évidente, pas après les blessures de Ben. Ce retour en arrière est foireux et je n’ai jamais voulu ça mais je sais que je n’hésiterai pas et ils le savent aussi. Ils sont sans doute parmi les mieux placés pour ça. Je ne les prononcerai pourtant pas ces mots-là, non pas comme si j’avais peur qu’ils me brûlent la langue mais comme si je craignais qu’ils les atteignent eux plus frontalement. Un mirage, une chimère, une évidence tue.

L’inspiration est longue, profonde, le soupir qui libère l’air à nouveau l’est tout autant « Qu’il sorte du décor ça sera déjà ça. » L’emprisonner ? Le juger ? La meilleure chose à faire sans doute mais dans un système où les règles sont façonnées en fonction de ceux qui ont le pouvoir je n’ai plus confiance qu’en notre propre justice « Ça devient hors de contrôle. Toutes ces transformations c’est plus gérable. Ça doit s’arrêter. » Plus franc, plus déterminé, plus dur sans doute aussi. Jusqu’à entendre les pleurs de Liya à quelques mètres de là.

L’impact est immédiat, mes traits et ma posture s’adoucissent. C’est comme passer d’un monde à l’autre alors que je cherche le regard de ma meilleure amie « Je peux ? » Un sourire, un hochement de tête, mes genoux craquent quand je me relève alors que mon corps pèse si lourd. La transformation, la tension, la fatigue, rien n’a été fait pour l’épargner ce corps mais faire quelques pas le dénoue, le débloque, et la violence comme la dureté s’évadent pour laisser place à la douceur. Celle d’un regard, d’un sourire ou d’un geste. Penché au-dessus du berceau de la petite j’impose un mur entre nous et le reste du monde. Sa petite main attrape mon index que je lui tends tandis qu’elle gigote dans sa turbulette et soudain l’existence parait bien plus calme. Je reste un instant comme ça à la regarder, à lui parler, lui raconter des histoires qui ne sont rien qu’à nous avant de comprendre son impatience et de venir la chercher à bout de bras pour la ramener contre moi. Son petit cœur bat la chamade, son odeur vient effacer celle de la crasse du monde, ses mains agrippent déjà mes vêtements et le chat de Tim se faufile dans le couloir alors que je reviens dans le salon avec ma filleule dans les bras. Les gestes sont instinctifs, la position aussi, je la laisse jouer avec ma chaine et dépose un baiser sur son crâne. Si fin, si fragile, il n’y a encore pas si longtemps j’avais peur de la casser.

Je devine mes traits moins tirés lorsque mon regard croise celui de mes amis, un sourire à demi caché par le sommet du crâne de Liya que je garde précieusement contre moi « Tu passes à autre chose ? » Une question adressée à Takuma et je pense qu’il en devinera le sens.

Il n’y a pas si longtemps il me parlait de Dakota, des blessures qu’il a enfin pu refermer pour finalement rencontrer d’autres fêlures. Non, avoir des sentiments ne fait pas toujours du bien et c’est ainsi. Ici ça n’est pas à la Non-Magicienne que je fais référence mais à celle qui est aujourd’hui l’une de mes semblables. Celle qu’il a dans le cœur et dont l’indifférence involontaire creuse des stries à l’intérieur de ses côtes.
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Enzo S. Ryans
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Lun 20 Mar 2023 - 23:00
« Je sais. »

Et je sais que tu sais. Comme je sais que t’as besoin de l’entendre, là maintenant ; qu’on est derrière toi. Qu’on te lâche pas. Qu’on est derrière, quoi que tu fasses. Je sais que c’est plus facile pour moi de dire ça, parce que je traîne pas un deuil dans mes basques et que j’ai pas un enfant en bas âge et l’angoisse de ne pouvoir gérer son avenir. Mais je sais aussi que malgré tout, elle te l’a dit. Et que toi, tu t’en veux du poids que ça génère. Mais c’est là, tout autant que tu portes parfois ce qui nous broie, nous. Pas vraiment donnant donnant, c’est juste dans l’ordre naturel des choses.

« Merci. Avec leurs lois de merde et l’augmentation des contrôles ou du nombre de Lycans tu pourrais pas mieux nous aider. »  
Un petit sourire sur mes lèvres, un haussement d’épaules. J’ai pas l’impression d’en faire tant, mais je pense que c’est nécessaire. La merde, je crois que je l’ai plutôt bien vue venir et en vérité, ces mots font chaud au cœur. Ils donnent l’impression d’être utile, de ne pas avoir tapé à côté de la plaque. De servir un tant soit peu dans ce bordel qui me dépasse de très largement. Alors j’imagine même pas ce que c’est d’être à ta place. Je sais que tu fais de ton mieux, mais que le problème est trop grand pour toi. Il l’est pour la meute entière, même, sinon ce type ne ferait pas autant de dégâts et ça ne grossirait pas de mois en mois. J’imagine ce que tu tais, ce que c’est d’être sur le terrain, de percevoir ces odeurs autour de toi, de voir le problème devenir hors de contrôle, les gens tomber les uns après les autres dans un système fait pour les broyer. J’imagine. Je perçois ça de loin. Je projette seulement ce que ça doit être pour ceux que j’aime, de faire face à tout ça. Mais dans le fond, marché noir de l’aconit ou pas, j’suis qu’un type dans sa boutique moi. J’ai rien à gérer en frontal. Du moins ça n’afflue pas encore. Et quand c’est le cas, Caitlyn me devance donc pour l’heure… ouais, j’suis que le type de l’ombre qui n’a pas vraiment l’impression de tant en faire quand dehors, il y en a qui se battent. Donc ouais, la réflexion fait du bien. Je m’y attendais pas, mais c’est le cas. C’est peut être que moi aussi, il faut que je fasse quelque chose.
Alors mon regard attrape Sovahnn un instant, puis s’en écarte. Tu gères comment toi ? Tu te tais, c’est pas si souvent. Je crois que quelque part ça me fait flipper. Ça m’arrive de penser à Poudlard, aux crises qu’il y avait là-bas. C’est peut être idiot, parce que la sensation est illusoire, mais j’ai parfois l’impression qu’il y avait davantage de pare-feu là-bas. Peut être que c’est le fait qu’il y ait eu des “adultes” là-bas. Tu sais, des adultes plus adultes que ce qu’on est. Mais peut-être qu’en vérité, ils n’en avaient pas tant l’impression. Peut être qu’ils ne faisaient rien de plus que ce qu’on fait maintenant. Comme ils peuvent. Comme on peut. Juste une espèce de tentative un peu hasardeuse d’avancer à l’aveuglette en tentant de ne pas lâcher la main des autres en espérant ne pas se prendre un cratère qu’on n’aurait pas vu venir. Ou qu’il y ait quelqu’un pour nous en sortir. Je crois qu’on ne fait rien d’autre que ça. Et parfois on se casse la gueule. Tu te casses la gueule-là ? J’te proposerais bien de monter sur scène et de te faire un inconnu mais quelque chose me dit que c’est pas le plus adapté des plans.
Je vois, surtout, que tu te crispes à chaque fois que j’en parle. C’est une bonne chose ou pas ? D’avoir un vis à vis, de poser les choses ? Ou tu veux juste passer à autre chose ?
« On a que son odeur. »  
Toi tu regardes droit devant, moi je vois que le regard de Sovahnn devient plus mat. C’est bizarre, je la connais assez peu comme ça au final. Je ne doute pas de ce dont elle est capable si on touche aux siens, mais ça me fait drôle quand même.

« C’est léger mais ça peut être déterminant. » Ils sont combien de l’autre côté de la barrière ? Ta meute, les tiens, qu’importe le nom que t’y donnes ; vous êtes combien pour gérer ça ? Je sais que c’est pas mon monde, ça n’est pas celui de Sovahnn non plus, et on respecte ça, on ne cherche pas à forcer la main, à appartenir à un univers qui ne nous appartient pas. Pourtant bordel, je voudrais que tu me dises qu’il y a une force de frappe, que vous êtes nombreux, puissants. Qu’il y a des “adultes”, ceux qui sont plus adultes que nous, ceux derrière qui on voudrait peut être se planquer. Mais j’te connais, t’es pas derrière. J’le serais pas non plus. J’crois qu’on a tous passé ce stade même si en vérité, ça serait bien, hein ? De pouvoir se mettre à couvert. D’estimer que d’autres peuvent gérer. D’avoir d’autres personnes vers qui se tourner. C’était peut être ça le truc à Poudlard. Rien qu’avec le trio de tête, entre Ismaelle, Logan et Max, ils étaient là, ceux vers qui on se rabattait si besoin, quand on perdait pied. Ils géraient. T’en as toi là ? Je sais qu’ils sont pas si loin, ceux d’hier. Pourtant on est dispersés. C’est sans doute ça grandir. Réflexion con de la part d’un type qui n’a plus de parents depuis trop longtemps mais j’sais pas, j’avais l’impression que là-bas, on avait un filet de sécurité. Que t’en avais un.

« Peut-être que c’est plus large qu’un seul connard qui agit dans son coin, sûrement même, mais si on … »

D’un accord mutuel, on la ferme. Personne ne termine cette phrase que tu garde entre tes dents dans un grondement interne qu’on ne fait que deviner. Pourtant c’est là. J’le sais, on le sait tous. On sait ce qu’il y a derrière. On sait ce qu’il adviendra. Et j’crois qu’il y a rien à y faire. Alors je vois Sovahnn te prendre la main. Elle non plus ne commente pas. Quelque part c’est symbolique. Les mains tâchées de sang qui s’apprêtent à sentir le fer de nouveau, elle les prend dans les siennes. J’sais pas ce que c’est de vivre ce que tu vis. Je sais pas ce que c’est d’avoir pris la vie d’autrui, Sovahnn non plus, alors on est deux cons qui voudraient éviter ça mais qui, on le sait, n’avons pas notre mot à dire. Dans une autre situation, peut être. Peut être qu’on crève de te supplier de laisser ça à d’autres. Sauf qu’on te connaît, on connaît la situation.
Ses doigts s’emmêlent dans les tiens un instant et elle crispe les cuisses pour resserrer sa posture en tailleur. Moi je la ferme. C’est à une autre que je pense quelques instants et mon cœur s’emballe. Ya d’autres angoisses sous la surface. Vous me la ferez pas, je sais qu’il y a au moins un nom que je connais, dans cette meute qui est la vôtre. Je sais que j’ai pas que mon meilleur ami à risquer sa peau. Qu’est-ce que tu veux dire ? Hein ? J’me revois face au père de Dakota, baguette en main, à contrer chacune de ses attaques, à foutre Jordane à terre en comprenant qu’elle passerait cette limite, elle. A refuser, encore et encore, de franchir la ligne. A être soulagé, en vérité, lorsqu’Alec se pointe, et fracasse les bornes. Tue le père. Me laisse ma copine dans les bras, à pleurer un géniteur.
J’suis pas d’ceux-là, je le sais. J’aurais sans doute pas les épaules pour faire ce qui doit l’être. Toi je sais que tu le feras. On le sais tous les deux. On sais juste pas comment on te retrouvera.

« Qu’il sorte du décor ça sera déjà ça. »

Alors on acquiesce d’un même mouvement, comme si ça avait le moindre sens. Comme si on n’entendait pas l’évidence. Ça terminera pas en douceur. D’ailleurs plus le temps passe moins j’ai l’impression que la justice se résous jamais à coup de procédures véritablement légales ici. Ce monde magique, il m’échappe. J’crois que j’aurais pas aimé y grandir. Suivre ses règles.

« Ça devient hors de contrôle. Toutes ces transformations c’est plus gérable. Ça doit s’arrêter. »  
“Ouais..” C’est sa voix qui sort, étrangement. Comme si elle était plus prompte que moi à te soutenir alors que je sais qu’elle tremble plus fort encore. Et parce que je suis injuste, je pense encore à Caitlyn. Parce que je sais que tous deux sont des têtes brûlées et qu’une part dramatiquement pragmatique de moi a envie de jouer aux pronostics. Et que j’en aime pas les conclusions. Et dans tout ce bordel, je pourrais avoir un rôle, moi ? La question reste sous mes côtes, elle claque sur les os et vibre dans mes dents. Elle est conne, parce que j’ai plus la gueule d’un universitaire ou d’un toubib que d’un soldat. Mais elle est là quand même. Parce que je sais ce que je vaux avec une baguette à la main. Que j’apprends vite, que j’peux être bon. Que j’ai rien à foutre sur un champ de bataille. Mais regardez-nous putain. Est-ce qu’individuellement, on en verrait un seul vivre ce qu’on a vécu ? Sans doute Enzo, ouais, mais certainement pas à son arrivée à Poudlard. Et elle ? Le p’tit bout de femme. Dites moi que vous l’imaginez ? Moi c’est pas le cas. Pourtant je sais, même si elle n’en parle pas, qu’elle était bien au cœur de chacune des attaques, qu’elle a eu assez de sang froid pour décider de faire demi-tour la première fois, de fuir au bon moment, la seconde. Avec un bébé sous la peau. J’arrive pas à la voir, à m’y faire. Pourtant à voir son regard qui se redresse en même temps que celui d’Enzo, je sais que cette fille-là n’est jamais bien loin.

Ce qui passe, surtout, dans leurs organismes à tous deux, c’est une douceur immédiate. Cette petite chasse de quelques pleurs les ombres trop adultes qu’on aborde comme s’il s’agissait du quotidien. C’est que ça devient une normalité, au final, de combattre nos démons comme on le fait. Chacun les siens, ça ne se partage pas toujours au grand jour, mais c’est là malgré tout.

« Je peux ? »
Un sourire, un assentiment, pas même un mot de la petite blonde et déjà la carcasse d’Enzo craque pour rejoindre cette petite qui semble parfois nous rassembler. Là-bas, ça sera eux deux contre le reste du monde. J’le sais, elle le sait. Alors lorsqu’Enzo s’éloigne, nos regards se croisent et son sourire faiblit un instant. J’ouvre un bras quand de l’autre côté de la porte, la petite hoquette et lâche un petit cri plus aigu en découvrant celui qui vient la sortir des rêves.
C’est sa mère, ici, qui se lève et vient se lover contre moi. Elle qui inspire profondément et ferme les paupières un instant dans mes bras. Son hésitation à bouger n’aura duré qu’une seconde et à la sentir se serrer en silence, je l’enlace plus fermement. Elle referme une main quelque part sur mon genou, une autre sur mon poignet et dégluti. Quelques cycles de respirations, la peur qui reflue, le courage qui tremble un peu. Alors ma peau glisse sur la sienne. J’aurais pas les mots mais j’entrouvre quand même les lèvres, tente de former quelque chose de cohérent, y renonce et lâche un soupir dans ses cheveux.
On n’a pas le mode d’emploi, aucun de nous. Et on a peur putain, vous avez pas idée de ce que vous nous faites avec votre rage et vos injustices. On est là à se prendre tout dans la gueule, à tenter de dealer avec ça. Mais dans le fond on sait pas. Aussi solide qu’on soit parfois, on sait pas.
Alors elle se love entre moi et le canapé, jette un regard en arrière et ferme les yeux en écoutant le murmure d’Enzo dans la chambre d’à côté. Moi aussi je m’y fixe un moment, puis je lâche prise. Et peu à peu, elle se détend de nouveau. Ça vient par vagues, ça s’écrase avec violence, puis on fait face.

“Alors il est comment, celui qui est mieux que moi ?”

Sovahnn. Un mot et sans explication : juste Sovahnn. Qui se redresse, déloge son visage de mon cou et me sort cette réflexion au calme, comme s’il n’y avait pas un danger affreux dans le fond de nos pensées. Comme si elle ne m’avait pas envoyé trois messages cette nuit pour me demander si ça allait vraiment, elle qui, pourtant, ne sait rien de mes addictions.

“Brun.” Un mot pour me foutre d’elle, le regard balancé en biais et un bras passé autour de ses épaules je lâche surtout un grand rire lorsqu’elle me claque les côtes du revers de la main. Ça fait du bien et je sais que pour elle aussi.
“Moi qui pensais que c’était les blondes ton truc, j’aurais dû capter qu’il y a du changement !” Tu l’as déjà capté, ‘fait pas genre.
“Hey qu’est-ce que tu veux, j’peux pas oublier une p’tite blonde avec une autre petite blonde, c’est pas compatible !”

Et ça se marre, comme si je ne voyais pas la brume dans le regard qui reflue en douceur. Comme si tout ça n’était qu’un cauchemars qui doit laisser place à autre chose à présent. Ça viendra comme ça, de phases en phases, et on se retrouvera au final, histoire de retrouver cette stabilité qu’on s’accorde les uns les autres et qui nous est nécessaire.

“Tu sais qu’elle parle, d’ailleurs, ta p’tite blonde ?”
Alors je grimace, comprenant que Dakota lui a parlé de nos rapprochements au Tibet. Pas que je ne m’y attende pas, après tout, j’l’ai dit à Enzo. C’est naturel d’avoir besoin de se confier, je crois juste que j’amplifie un peu les réactions, pour lui rendre la ferveur de son sourire. Il s’adoucit, celui-là d’ailleurs, et elle passe ses jambes sur mes cuisses pour lâcher sa posture câline et laisser retomber son dos sur le dossier. Il restera des contacts, on fini par la connaître. Elle serait toujours contre Enzo si elle en avait la possibilité, alors le toucher, elle le trouve ailleurs.
“Elle va mieux. Vis à vis de ça. Elle est plus à l’aise.” Tu… attends, quoi ?!
“Attends, depuis combien de temps vous parlez de ça vous ?”
“Naïf petit homme que tu es…”
“Ok d’accord, donc tu connais la moitié de ma vie sexuelle, si je comprends bien ?”
“Hey, pourquoi j’suis venue te chercher à ton avis ?!” Sourire de diablesse, très fière de sa vanne. Vanne à laquelle je ne réponds que par un coup sur ses cuisses, du plat de la main, comme elle plus tôt. Un prêté pour un rendu, cette fois ça marche.

C’est là-dessus qu’Enzo nous rejoint. Les traits sont apaisés, la magie Liya a fait son office. Calée contre lui, les petites mains jouent avec sa chaîne, les jambes pliées sur son torse, ses cheveux bruns aplatis à droite forment un épis à gauche, comme si elle s’était pris un coup de vent trop violent. Impossible maintenant de douter qu’elle est la fille de Zach. Impossible de douter qu’elle est celle de Sovahnn, non plus. Elle aurait chopé cette coupe en volant trop haut à contre sens du vent que ça ne choquerait personne.
Si je ne fais que me retourner vers lui, Sovahnn pivote, me broyant les jambes au passage dans un râle faussement agacé. Les genoux plantés dans le dossier du canapé, le cul en l’air le temps de se redresser complètement, elle enroule ses bras autour des coussins du dossier pour observer un instant sa fille et son parrain. Parfois, l’ancienne Poufsouffle me semble terriblement adulte et mature, l’instant d’après on dirait une gosse un matin de Noël.
Lui aussi, il fait pas son âge, quand il dépose un baiser sur le front de la petite. C’est pas ma famille, c’est pas ma gosse, c’est rien de tout ça, et pourtant mon cœur se serre d’affection un instant pour ces deux grands crétins qui dealent avec l’horreur comme ils peuvent. Puis avec un temps de rebours, je me rajoute dans le lot. Je sais ce qu’a pensé Enzo, je sais pourquoi il a eu un regard vers mes yeux plus tôt. Je commenterai pas.
Cette fois il est pour moi, et en dehors de l’école, mon filet de sécurité.
C’est elles les tiennes hein ? Elles, Will, toute cette bulle que t’as construit alors même que t’avais pas tiré les bonnes cartes ces dernières années.

Si ce monstre fout ça en l’air. J’crois qu’on sera plusieurs à franchir la ligne.

« Tu passes à autre chose ? »  

Je cligne des yeux, peine à comprendre, raccroche avec un temps de latence.

“Si j’étais bon pour passer à autre chose ça se saurait je crois…” C’est avec un demi sourire d’autodérision que je prononce ces mots et que Sovahnn me renvoie un coup d’œil en arrière. Mes doigts lui pincent le talon pour la faire râler en réponse à ce regard entendu, et j’enchaîne tandis qu’Enzo nous rejoint et que la miss retrouve sa position initiale, les jambes sur moi, l’épaule contre son meilleur ami, une main sur sa fille. “Je vis autre chose, disons, déjà.” Disons que c’est une première étape nécessaire. “Il a une manière de vivre ou juste de dire les choses qui fait du bien. Ya juste rien de lourd dans sa façon de faire et j’crois que j’avais besoin de ça.” Vraiment, profondément. “Bon, ça nous a amené à aborder la possibilité - improbable d’après ses dires - qu’il se marie avec quelqu’un et que je partage leur petit dej, ce qui me jarte de la catégorie “coup d’un soir” et me fout quelque part entre “polyamour” et “amant”, je crois. Je suppose. Mais rien que la possibilité du truc me fait marrer, alors je… me laisse vivre disons.” J’ai aimé son tempo, et je m’y cale un peu, parce que j’y respirais mieux. “J’ui ai dit qu’il y avait une fille, et que j’ai plutôt tendance à être de la team monomaniaque des sentiments d..” Le regard que Sovahnn me jette en coin, d’un coup d’oeil à la fois moqueur et inquisiteur, j’y réponds d’une nouvelle tape sur ses cuisses, à laquelle elle réponds d’un rire franc. Ça va, on sait, je t’ai foutu un vent pour cette même cause. “J’vais en entendre parler pendant mille ans hein ?”
“T’as encore un doute ?” Et un grand sourire fier d’elle, cette couillonne ! C’est elle qui devrait être gênée d’un tel move foireux, et c’est moi qui m’en dépêtre comme je peux. Comme quoi c’est une question d’assurance, tout ça. D’être touché ou pas. Et elle, elle l’est pas. Pas pour ça, pas pour moi. C’est pour ça que ça nous affecte pas. Pour ça que c’est devenu bizarre entre Lyn et moi. A cette pensée, je reprends un peu de sérieux après la grimace que je n’ai pas manqué de lui renvoyer… et que j’ai empiré puisque mes mimiques de crétin ont attiré un instant l’attention de Liya, son rire cristallin… et son retour à la chaîne d’Enzo. Bien plus intéressante que mes conneries.
“Je crois que je chope surtout le courage d’affronter le truc en frontal avec Lyn, quitte à me prendre le râteau de ma vie.” Le premier qui me dit “t’en verra d’autre”, je lui en colle une, qu’on soit clairs.
“Tant que t’y vas pas en facial…”
Celle-là je l’avais pas vu venir, et évidemment, elle me fait rire. Sans doute parce qu’on est un peu bas du front par moments quand on est ensembles. Parce qu’il faut compenser, surtout. Que l’adolescence n’est pas si loin, et qu’elle se rappelle à nous. Qu’elle nous rappelle, surtout, qu’on n’en a pas eu, et que le monde est trop dur pour nous borner à être sérieux. Une manière de contrebalancer la merde, j’en ai conscience. On en a tous conscience.

Et les premiers mots que cette gamine dira risquent de finir sur un tableau gravé dans le salon, à ce rythme…

“ça vous semble con ?” La question est véritable, derrière les bêtises qu’on échange pour s’alléger l’esprit.
Sovahnn relève le regard, le pose sur Enzo, attend sa réponse avant de donner la sienne. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs.
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Ven 24 Mar 2023 - 14:45
De transition il n’y en a pas, je vois dans son regard, son attitude, que les wagons il ne les raccroche pas tout de suite mais dès l’instant où il percute quelque chose passe dans le fond de ses yeux. Pas de raté du cœur, juste une sorte de résignation las, de l’autodérision exprimée par les mots « Si j’étais bon pour passer à autre chose ça se saurait je crois… » Pas que j’oublie mes ombres en plongeant dans celles des autres parce que ça n’a rien à voir mais je ne peux pas nier le soulagement silencieux, à peine palpable, de passer à autre chose. Une pensée pour Dakota, bien sûr, comment faire autrement quand on compte le nombre de mois puis d’années qu’il a mis avant de réussir à avancer. Pas un jugement, juste un constat, la connaissance de lui-même il l’a. Pas de règles pré-écrites, chacun vit les choses à sa propre façon. Comme il peut surtout.
Quelque chose a changé dans ma démarche alors que je les rejoins et retrouve ma place initiale dans le canapé, toujours Liya dans les bras. Là, dans cette normalité douce et chaleureuse, simple, je renoue avec l’apaisement et ce qu’il y a de plus paisible dans l’existence. Une discussion au coin du feu avec des amis, l’attention toute particulière que ma filleule porte à ce bijou qu’elle triture comme un ingénieur chercherait à en percer les rouages. L’épaule de Sovahnn contre la mienne, ses jambes sur celle de Takuma, comme si on avait besoin de cette proximité pleine de chaleur humaine. C’est le cas.

« Je vis autre chose, disons, déjà. » Je crois que tu le vois, ce sourire qui étire le coin de mes lèvres. Simplement parce que je suis heureux pour toi, content d’entendre ça « Il a une manière de vivre ou juste de dire les choses qui fait du bien. Ya juste rien de lourd dans sa façon de faire et j’crois que j’avais besoin de ça. » J’ai les pensées qui dérivent une seconde vers Jo, ces quelques semaines qu’on a passé à s’amuser tous les deux sans se poser de question. Je sors volontairement Will du contexte pour des raisons évidentes mais cette légèreté on en avait besoin elle comme moi à ce moment-là et je crois que c’est sensiblement ce que Takuma expérimente ici. Un truc pas compliqué, qui fait du bien, pour lequel on ne se pose absolument aucune question.
On vit, c’est tout, sans se soucier de ce que ça peut bien vouloir signifier parce que ça n’a pas lieu d’être « Bon, ça nous a amené à aborder la possibilité - improbable d’après ses dires - qu’il se marie avec quelqu’un et que je partage leur petit dej, ce qui me jarte de la catégorie “coup d’un soir” et me fout quelque part entre “polyamour” et “amant”, je crois. Je suppose. Mais rien que la possibilité du truc me fait marrer, alors je… me laisse vivre disons. » Un rire secoue ma cage thoracique « Ah oui ok, quand même. » Liya sursaute, regarde autour d’elle sans lâcher ma chaine « Ça va vous êtes pas trop pressés en terme de prévision de vie. » Le visage tourné vers lui pour capter son regard c’est gentiment que je me moque, rien de sérieux là-dedans et il le sait « J’ui ai dit qu’il y avait une fille, et que j’ai plutôt tendance à être de la team monomaniaque des sentiments d.. » Ce qui se passe là est entre eux, moi ça me fait sourire alors que la petite attrape mon index entre ses doigts et le serre avec toute la force dont elle dispose. Le chat de Tim passe dans le couloir comme un fantôme curieux, disparait comme il est venu à nouveau, dans ma tête j’adhère en silence à la team monomaniaque des sentiments pendant qu’ils se cherchent puis se trouvent « J’vais en entendre parler pendant mille ans hein ? » Voir plus « T’as encore un doute ? » Evidemment que non.

On est de nouveau à Poudlard, à se taper dessus sans se faire mal, à rire de nos plans foireux, nos tentatives de mélanges improbables. Suffisamment proches et complices pour qu’il n’y ait aucun grain de sable dans les rouages. Pas de gêne, pas de stress, juste l’occasion en or pour se foutre de la gueule des uns et des autres.

« Je crois que je chope surtout le courage d’affronter le truc en frontal avec Lyn, quitte à me prendre le râteau de ma vie. » Il te fallait une nuit avec un inconnu pour ça ? C’est ce que transmet le regard rieur que je lui adresse. La vérité c’est que là encore je suis content pour lui et que la détermination qui émane de ses mots et sa posture me parait sereine. Ça prend du temps, ça prend du chemin, ça n’a rien de simple « Tant que t’y vas pas en facial… » Cette fois l’éclat de rire est bien plus franc, le corps entier en est agité et si je rejette la tête en arrière ça n’est pas sans garder mes mains précieusement occupée à garder Liya stable contre moi. Quelque chose a changé dans l’atmosphère, la normalité s’invite à nouveau lentement mais sûrement alors qu’on redevient des sales gosses « Pourtant c’est bon pour le teint. » L’air de rien, la main passée sur les joues le pouce d’un côté et les quatre autres doigts de l’autre en descendant jusqu’au menton. Un truc salace avec une gueule pas vraiment fraiche, l’humour ne vole pas haut mais on s’en fout.

Malgré ça on ne laisse pas de côté le sérieux, le besoin du cœur « Ça vous semble con ? » Un regard vers Sovahnn, message implicite, je retrouve celui de Takuma « Non, ça semble surtout sain. » Peut-être pas cool pour Jake et je serai sûrement le premier à pas être ravi qu’un autre type vienne faire sa déclaration à mon mec mais je crois que les choses ne sont pas comparables. Surtout j’ai la prétention de me dire que Will lui ferait comprendre que c’est pas possible, que c’est moi c’est tout. Par-dessus tout, j’ai beau chercher, j’vois pas une seule autre personne avec qui c’est ambigu de son côté « Autant de vivre autre chose que de mettre les pieds dans le plat. » Le corps un peu engourdis je roule des épaules et réajuste ma position en ramenant un peu plus Liya contre moi, juste de quoi me tourner un peu sur le côté pour les regarder tous les deux plus facilement « Personne n’a envie de se prendre un mur mais le point positif c’est qu’au moins une fois que c’est fait tu peux te relever, panser tes plaies et prendre un autre chemin. » Et ça, ça vient du mec qui s'est salement fait larguer par message du jour au lendemain. On connait tous la vérité aujourd'hui mais ça n'efface pas ce que j'ai ressenti.
Personne n’a dit que c’était simple, que ça ne fait pas mal, que ça ne dure pas des plombes. Personne n’a dit non plus que c’est une fatalité. Tout ce que je sais c'est que si ça arrive tu ne seras pas tout seul, qu'on te laissera pas tomber « Et puis surtout, de mur, y en aura peut-être pas. » C’est vrai, pourquoi partir perdant ? « Et y a un moment où faudra qu’elle regarde le truc en face elle aussi, soit dit en passant. » Parce que sérieusement … « Je l’adore mais faut vraiment pas avoir les yeux en face des trous pour pas capter que tu la bouffe du regard. » Un rire bref mais amusé soulève ma cage thoracique, j’ai enfin l’impression de respirer plus librement.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Dim 9 Avr 2023 - 23:51
Elle fait du bien cette conversation, aussi chaotique qu’elle soit, avec tous ses sujets abordés et les plaies à vif qui ne sont pas si loin derrière les sourires. Elle rue dans les brancards tandis que la bande de gosses se charrie avec la légèreté qui s’est invitée chez eux comme une véritable arme face au trop plein. Si l’une se fout de lui, le second en fait autant et rien n’a jamais été plus naturel que ça. Pourtant bien sûr qu’il y a derrière l’image du départ de Dakota, dont il ne s’est jamais tout à fait remis, qu’il y a ce tremblement qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis que sur la plage, Caitlyn lui a mis un stop magistral. C’est là, mais ça a moins de force ce matin. Ça ne perce pas tout à fait la sensation d’un corps sur le sien, de lèvres sur sa peau, la caresse accordée à une meute de lapins ou l’effet plus général que la musique engrange en lui lorsqu’elle est partagée. La communion des cœurs qui prennent le tempo, les valses partagées avec deux septuagénaires, les regards avec lesquels on joue. Et puis le calme. Cette sérénité étrange qui s’est infiltrée en douceur sous sa cage thoracique, à mesure que la soirée l’a dévoré. Emporté dans un monde qui n’est pas le sien, qui semble étrange, non pas factuellement, mais par cette sensation d’être en terre inconnue sans arrêt confronté à des choses inconnues. Comme la présence, pourtant bien banale, d’un couple de parents. Ou le fait encore plus basique, de se réveiller dans le lit de quelqu’un d’autre, d’échanger un moment au réveil ou la matinée complète. Ces choses qu’il envie à Enzo, qu’il est venu retrouver aussi, d’une certaine manière, en s’échouant chez lui puis chez Sovahnn pour laisser aux gars leur espace. Le genre de choses qu’il retrouve à présent. Comme en se retrouvant dans une salle commune ou une autre, posés dans les sofas de la salle de Serdaigle à observer le brasero central, ou emmitouflés dans les canapés de celle de Griffondor, face à la cheminée, ou sous les plantes de la salle des Poufsouffles. C’est que les règles et les normes, dans ce château, ils les ont envoyé paître pour en faire d’autres, à leur goût, à leurs manières. Après tout si une bande d’illuminés suprémacistes peuvent jouer à ce jeu, eux aussi le peuvent. Et pour ce que ça vaut… les leurs ont sacrément de la gueule.

Ils rient, donc, comme les cons qu’ils sont. Car c’est là toute leur force, soudés et solidaires, de se maintenir malgré les chocs et les coups durs. C’est donc comme un ado qu’il se marre à entendre ses amis se catalyser l’un l’autre sur des plaisanteries droit visées de sous la ceinture. Un rire franc et léger qui fait du bien sous les côtes autant qu’il le soulage de voir la connerie tatouée sur la gueule d’Enzo. Ça ne vole pas haut, c’est certain, mais c’est ce qui est drôle. Et là, sincèrement, qui a réellement besoin de quelque chose de plus élaboré ? Ces bêtises-là, elles suffisent et témoignent sans mal des liens qui les unissent. Et du besoin d’être ensembles.
Elles sont un tremplin vers quelques réflexions plus sérieuses, un moyen de se donner un peu d’espace, aussi, pour mieux respirer.

« Non, ça semble surtout sain. » Un petit sourire passe sur les lèvres des trois amis. Naturellement, Takuma se ramasse légèrement sur lui-même. Pas qu’il soit dans le rejet, simplement qu’il compense un peu moins et à son tour, ramène une jambe sous lui et passe un bras entre les gros coussins du canapé. « Autant de vivre autre chose que de mettre les pieds dans le plat. » Un instant, le souvenirs se mêlent, passent de Falmer dont il sent encore la présence sur son épiderme, à Dakota et à ce qui, jamais, ne disparaîtra complètement, et enfin à Caitlyn. Il y a bien des mirages qui miroitent dans ses pensées. Illusions, espoirs, réminiscences. Des couleurs chamarrées et des embardées du cœur.

Lorsqu’Enzo se re-positionne, Sovahnn en fait de même et ne loupe pas sa fille qui dans un bond - bien la fille de sa mère - se retourne vers elle et s’étend jusqu’à attraper une mèche de cheveux. Un moment entre elles, le temps d’un baiser, avant que déjà, la petite ne soit happée par l’éclat d’une gourmette et les attentions de son parrain.

« Personne n’a envie de se prendre un mur mais le point positif c’est qu’au moins une fois que c’est fait tu peux te relever, panser tes plaies et prendre un autre chemin. »

Il est clair que ça n’a jamais été chose aisée, pour lui, d’avancer. Ça ne l’a pas été lorsqu’il a fallu accepter le départ de Dakota, décider de se reconstruire, accepter, des mois plus tard, qu’elle ne reviendrait pas et que sa décision était la bonne. Avancer et valider la rupture. La digérer, aussi. Malgré tout, c’est justement cet échange, ces jours passées avec elle, dans leur bulle à eux, qui a permis une séparation finalement plus apaisée. Affronter, donc, frontalement et concrètement la vérité, pour avancer. Le courage d’agir ainsi vis à vis de Caitlin, ça fait des semaines que Takuma le cherche sans en trouver l’ombre. Pourtant, la résolution fait son chemin plus aisément à présent, comme si avec cette nuit passée à mieux respirer dans les bras d’un autre, une voie a été dégagée qui n’existait pas avant.
La perspective, elle, fait mal; alors le nippon acquiesce sans un mot, marmonne une onomatopée semblable à un “ouais” d’assentiment. Sans doute pas tout à fait apte à lâcher prise au point d’accepter de prendre un autre chemin, mais sur la bonne voie pour y arriver malgré tout.

« Et puis surtout, de mur, y en aura peut-être pas. »   Ces mots-là, ils percent. Non pas la carapace - car il n’y a dans son caractère, aucune véritable murailles - mais du moins la distance qu’il met lui-même entre sa conscience et ses émotions. Ça remue, donc, sous la surface. Oui, après tout, il n’y en aura peut-être pas. D’un sourire, pincé, Takuma envisage la possibilité sans véritablement y croire. Depuis quand est-ce le cas ? Depuis quand la légèreté et l’acceptation qu’il y mettait ont-il foutu le camp ?  « Et y a un moment où faudra qu’elle regarde le truc en face elle aussi, soit dit en passant…. Je l’adore mais faut vraiment pas avoir les yeux en face des trous pour pas capter que tu la bouffe du regard. » Cette fois, le rire le rattrape. Non tant des mots prononcés par Enzo que pour la grimace que fait Sovahnn. Les lèvres ramenées en cul de poule, l’acquiescement le regard dans le vide… et sa fille qui semble faire la même en fixant la gourmette du parrain.
“Moi qui me croyait discret…”
“Mais oui, personne n’a rien remarqué ici…” Son regard en coin grimpe vers celui du Serdaigle et un sourire s’étire sur ses lèvres après une seconde faussement inquisitrice.
Avec son petit air mutin, Sovahnn s’attend sans doute à ce qu’il rit à son tour mais le sourire se peint d’une forme de tristesse pourtant. “Je pense surtout qu’elle a remarqué..” A ces mots, le regard de Takuma s’attarde un instant dans celui d’Enzo. Il sait depuis quelques semaines qu’il est impossible - physiquement, anatomiquement parlant - qu’elle ait loupé les loupés de son myocarde, l’agitation dans ses veines, l’augmentation de température sous son épiderme. Peut être Sovahnn perçoit-elle ce regard, peut-être le comprend-elle. Peut-être fait-elle des liens, même. Dans tous les cas il n’en semble rien. “..Et esquive le truc pour une raison ou une autre.” Le sourire se pince plus encore. “Du genre que ça la met mal à l’aise et qu’elle préfère faire comme si ça n’existait pas plutôt que de risquer le malaise entre nous.”
Sovahnn, qui s’est mise à jouer du bout des doigts contre les flans de sa fille, s’amusant de voir la petite attraper son index un moment avant de s’enflammer et de tapoter le torse d’Enzo du plat de la main, se retourne vers lui et lui balance le coussin en retour. Pris de court et sans s’y attendre, ce dernier atteint Takuma droit au menton et lui coupe la chique dans une grimace ridée.

“Hey, t’évites de partir perdant ok ? T’en sais rien de c’qu’elle pense. Elle peut avoir peur de mal comprendre et de perdre deux personne qu’elle ….” Rien d’agressif dans ces mots, juste une fermeté teintée d’humour. Takuma relâche pourtant un souffle sec qui plisse ses traits un instant. Ce qui reste muet entre les lèvres de son amie fait mal malgré tout même si ce n’est ni factuel ni affirmé. Simplement la mise en forme d’une vérité pas si simple à affronter à présent. Mais souvent nécessaire à entendre. D’un bras, il enroule le coussin et le cale sur le haut de ses cuisses. Et Sovahnn grimace, jette un regard à Enzo, tente de choper de l’aide mais reprend malgré tout, histoire d'assumer jusqu'au bout. “Nan désolée, mais ce que je veux dire c’est que s’il n’y a pas de move de son côté, c’est peut être simplement dû à ça. Dans tous les cas, t’en sais rien : va pas supposer de c’qu’elle pense, tu vas te cramer les neurones à imaginer le pire et son contraire, c’est tout ce que tu vas faire.”
“Hm.” Bien connu pour ne pas se cramer les neurones cet enfant.. c’est certain…
Puis un soupir, avant de se redresser légèrement. “Ouais, vous avez raison..”
“T’en sais rien tant que t’as pas essayé” qu’elle ajoute, “Ecoute la voix de la raison - en jetant un pouce vers Enzo - y’aura p’t’être pas d’mur…”
“Ouais, ouais, j’ai entendu.”
“Ou alors tu retournes te faire ton danseur, c’est une option aussi.”
Un doigt se lève et la pointe dans un léger rire. “Ah ça tu vois, ça m’plait bien !”  
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Takuma Ishida Hayato
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Takuma Ishida Hayato
Ven 14 Avr 2023 - 14:22
« Moi qui me croyait discret… »
« Mais oui, personne n’a rien remarqué ici… »

Peut-être l’instinct ou bien son manque de discrétion. Peut être simplement l’habitude, la complicité, ce truc tissé au fil du temps qui fait en sorte qu’on sait se lire et que bien souvent les mots ne sont pas nécessaires.

« Je pense surtout qu’elle a remarqué.. » Et son regard qui s’attarde sur moi fait résonner la même question qu’un peu plus tôt. Dans le fond qu’importe la réponse puisque ça n’est pas le sujet ici et surtout, je n’aborderai pas frontalement le sujet avec lui. Ni avec elle. La maitrise du secret de Caitlyn lui appartient entièrement, à elle et uniquement à elle.
J’imagine simplement le sous-texte, qu’il soit réel ou imaginé. Oui c’est vrai elle a toutes les cartes en main pour entendre chaque accélération de son myocarde, pour percevoir les frissons sur sa peau ou l’augmentation de sa température corporelle, son souffle qui s’écourte et tout ce que son organisme dégage qui ne soit pas palpable ou visible. Intrusif mais incontrôlable, on apprend à tenter de s’en détacher pour respecter l’intimité de l’autre. Ou bien on en joue, dépendamment de la situation et de celui ou celle dont le cœur s’affole « Et esquive le truc pour une raison ou une autre. » Un truc qui fait apparaitre sur tes lèvres un sourire triste, l’interprétation que tu en fais en tout cas « Du genre que ça la met mal à l’aise et qu’elle préfère faire comme si ça n’existait pas plutôt que de risquer le malaise entre nous. » Le déni ? Pas son genre … Oui, c’est moqueur mais réaliste et j’ai beau compter l’ancienne Serdaigle parmi les personnes qui comptent le plus pour moi il faut savoir regarder les choses en face.
Pendant que je m’interroge sur ses raisons d’agir ainsi un coussin atterri en pleine face de Takuma, nous faisant sursauter tous les deux Liya et moi « Hey, t’évites de partir perdant ok ? T’en sais rien de c’qu’elle pense. Elle peut avoir peur de mal comprendre et de perdre deux personne qu’elle …. » Aime.

C’est ça que t’allais dire ? Deux personnes à qui elle tient, en tout cas. Trop frontal peut être, ce n’est pas la façon dont je gère les choses je crois et je ne peux pas m’empêcher de trouver la démarche égoïste si c’est le cas alors je ne dis rien. Parfois se taire est la meilleure des choses à faire « Nan désolée, mais ce que je veux dire c’est que s’il n’y a pas de move de son côté, c’est peut être simplement dû à ça. Dans tous les cas, t’en sais rien : va pas supposer de c’qu’elle pense, tu vas te cramer les neurones à imaginer le pire et son contraire, c’est tout ce que tu vas faire. » « Hm. » Un regard pour l’un, un regard pour l’autre, un haussement d’épaule comme pour acquiescer parce que je suis d’accord avec Sovahnn. Ne pas supposer de ce que l’autre pense peut vous éviter de rester chacun de son côté en imaginant que l’autre n’a pas envie de vous voir, par exemple. Oui c’est du vécu, même si j’avais mes propres raisons de rester à distance et réciproquement.

A chaque fois.

« Ouais, vous avez raison.. »
« T’en sais rien tant que t’as pas essayé. Ecoute la voix de la raison, y’aura p’t’être pas d’mur… »
« Ouais, ouais, j’ai entendu. »
« Ou alors tu retournes te faire ton danseur, c’est une option aussi. »
« Ah ça tu vois, ça m’plait bien ! »

Un rire passe entre nous trois, Liya s’esclaffe elle aussi sans comprendre la teneur de la discussion ni même les mots échangés. Enfin j’imagine, à vrai dire je n’ai aucune idée d’à partir de quel âge un bébé peut commencer à comprendre ce qu’il entend.
La fatigue est là, pesante, presque réconfortante à vrai dire. Ici les horreurs restent à la porte et je n’ai plus envie d’y penser, me concentrer sur les pensées confuses d’un de mes meilleurs amis m’offre une parenthèse de normalité dans laquelle je me laisse couler avec l’énergie que j’ai en stock « Dis-toi que même si elle a remarqué quelque chose elle ne peut pas non plus présumer de ce que tu penses donc … » Le visage tourné vers lui, les deux mains posées sur les flancs de la petite qui a l’air de penser que je suis un cheval sur lequel elle s’agite dans un semblant de maintien – qu’elle n’a pas encore.
Haussement d’épaules, les lèvres pincées sur le côté un instant comme pour remplacer par les gestes et les expressions les mots que je ne prononce pas pour terminer ma phrase. Avant d’enchainer sur une autre « Arrêtez de penser chacun de votre côté et parlez. Et si ça ne vient pas d’elle alors oui, amorce la discussion. Vous perdez du temps et de l’énergie pour rien tous les deux. » Ces mots-là sont prononcés sans sourciller, le regard posé sur le visage de Liya, jusqu’à ce que je réalise la façon un peu braque dont s’est sorti. Pas dans l’agression, pas non plus dans la colère, simplement de manière frontale. Et sans trop savoir pourquoi ça me fait sourire dans une nouvelle crispation de la mâchoire exprimant un oops informulé même si je pense chaque mot de ce que je viens de dire « Désolé. » Pour la forme, pas pour le fond, je pense qu’il le sait. Pas de leçon de morale parce qu’on sait tous ici que le temps est précieux et que ça serait dommage de le laisser filer quand on peut avoir un impact direct sur les choses qui peuvent embrouiller le cœur et l’esprit.

« Tu peux faire ça après t’être refait ton danseur. »

Une phrase balayée exagérément d’un geste de la main pour finir par un sourire en coin.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 17 Avr 2023 - 14:31
Il y a sacrément moyen de se casser la gueule n’est-ce pas ? Quand le cœur se fracasse sur les falaises de l’échec. Il pensait avoir le recul, gérer la distance. Il y a cru, véritablement ; d’être capable de se détacher de ces impacts que la déception peut creuser dans l’âme. La vérité, c’est que si l’amour l’a fait flancher une fois, Takuma se sait fragile et qu’il tremble parfois un peu trop face à cette histoire. Qu’il n’est pas apte, finalement, à accepter de laisser courir. Qu’il a besoin de réponses. Qu’il a besoin de courage.
Que ce courage, il n’y semble pas, mais c’est là qu’il le puise. Dans ces conversations entre amis, dans ces réalisations mutiques ou dans les bras d’un inconnu qui lui aura permis de mieux respirer. Ce courage, il le trouve où il peut, quand au matin des nuits de pleine lune, il attend comme les autres la mauvaise nouvelle. Qu’il fait “comme si”, qu’il vit sa vie en refusant de se laisser écraser. Comme les autres.
Mais quand le courage manque, ces moments deviennent essentiels. Ils re-calibrent les esprits, recentrent les émotions. Rappellent que, qu’importe la violence des questionnements, il y aura toujours quelqu’un pour les attendre, à la maison.

Alors il s’en amuse, de ces rires qui passent entre eux et de cette môme qui semble participer pleinement à la conversation alors même qu’elle n’en comprends sans doute rien. Ou peut être les noms. Va savoir.

« Dis-toi que même si elle a remarqué quelque chose elle ne peut pas non plus présumer de ce que tu penses donc … »
“Hm…” D’un léger mouvement de tête les lèvres pincées, Takuma lui accorde cette réflexion qu’il ne s’est en vérité jamais faite. L’air boudeur, il semble évacuer les propos mais n’en fait rien. Tout ça nécessite d’être engrangé. Ces mots traceront leur route à leur rythme. Il y songera davantage une fois qu’il ne sera plus groggy par sa nuit, l’adrénaline et les différentes choses avec lesquels ils doivent tous dealer ici. Enzo pince des lèvres, ne termine pas cette phrase que tous comprennent, et enchaîne sans quitter sa filleul du regard.  « Arrêtez de penser chacun de votre côté et parlez. Et si ça ne vient pas d’elle alors oui, amorce la discussion. Vous perdez du temps et de l’énergie pour rien tous les deux. »   Une forme de dépit amusé lui fait relever les lèvres et fixer un instant son ami qui réalise la manière frontale avec laquelle il vient de prononcer ces mots. Mieux encore, Sovahnn qui s’est figée de la même manière que lui, réalisant sans doute à quel point ils peuvent par moment agir avec une certaine simultanéité. Il se rend compte, se crispe, grimace, et si véridique soit la réflexion, Takuma ne peut s’empêcher un rire clair et joyeux tandis qu’Enzo s’excuse.

Si la vérité peut faire mal, elle passe toujours mieux quand elle est énoncée par des proches.

« Tu peux faire ça après t’être refait ton danseur. »
“Voilà, on en revient au même point !” Un doigt pointé en avant et quelques rires pour délier la décision d’aller affronter un possible mur.

Sovahnn laisse sa tempe se reposer un instant sur l’épaule d’Enzo et se laisse bercer par les quelques soubresauts de son rire. Un sourire doux sur les lèvres, elle passe un regard sur lui, puis sa fille, et enfin Takuma. Puis, voyant qu’aucun des deux ne renchérit, la petite blonde décida de changer de sujet. Tout ça méritait d’être décanté. “Ça veut dire que t’as fait de la scène avant ? Genre vraiment de la scène ?”
Un sourire en coin, le regard de Takuma passe du sien à celui d’Enzo et la jeune femme comprends le sous texte sans qu’il ne soit explicité. “Toi tu le savais ?!” Soudainement redressée contre lui, d’un air accusateur malgré ce sourire qu’elle ne sait véritablement retenir. Retour vers le Serdaigle. “Comment ça se fait qu’il le sait et pas moi lui ?!”
“J’l’aime plus que toi..”

Et comme prévu, c’est d’un pied dégainé que Sovahnn lui assène de faux coups au thorax dans un geignement de gamine vexée.

La normalité, donc, emprunte de rires et de chamailleries. Cette normalité qui durera encore un peu, chacun se nourrissant à sa manière du contact de l’autre de sorte à être un peu plus solide lorsqu’il faudra de nouveau affronter ce qui grince fort en dehors de ces murs.

- Fini pour moi -
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Takuma Ishida Hayato
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