OS - Can't adult now

Assise en tailleur, les lèvres rassemblées en cercle, le talon de ses paumes planté dans ses cuisses, Sovahnn observait son téléphone avec l’air un peu idiot de celle qui réfléchit trop.

« Il me propose un weekend en forêt. » Sur son visage, l’air buté, les sourcils froncés, les lèvres pincées. Relevant vivement le visage, la jeune femme fixait avec insistance sa fille qui, allongée sur le ventre, frappait le tapis d’éveil de ses petits pieds nus, s’acharnant de même avec ses poignets en relevant la bouille vers elle. « Avec toi. T’y crois ça ?! » Dans un gémissement à peine contenu qui attira plus encore l’attention de sa fille, Sovahnn laissa ses jambes s’étirer d’un côté et de l’autre, entraînant à droite le tapis coloré que la petite ne manqua pas de tenter d’agripper. Mal coordonnée, son menton manqua de partir vers l’avant, crispant la mère attentive, mais aucun choc en vue : Liya redressait déjà le regard en contractant son petit dos. « Hey bien joué ma puce. Faut pousser avec les bras. Comme ça. » Et voilà qu’elle se penchait en avant pour une démonstration, les adducteurs tirant salement en cet après midi mal réveillée. Réaction mitigée. « T’en dis quoi toi ? Ça craint non ? » Le tout penchée en avant, les jambes écartées, le menton pointé sur sa fille qui faisait le bateau avec son ventre. « Comment tu fais ça toi ?! » Ou comment finir allongée à tenter d’imiter son bébé au lieu de l’inverse.  « Arg mais c’est hard ta connerie là. » Connerie sera le second premier mot de Liya. Après « Putain ». On est bons.
Les muscles du dos brûlants d’être contractés ainsi, Sovahnn se laissa couler à plat ventre avant de se faire rouler sur le dos aux côtés de sa fille dont les petits ongles lui griffèrent bientôt le bras. « Il a perdu sa fille. Parle de moi à sa sœur pendant des plombes et moi je… rah quelle couille. » Le regard planté sur le plafond, sa gorge se serra un instant, laissant monter quelques larmes au coin de ses paupières.

 « T’as beau avancer, t’auras toujours des fantômes au cul. » souffla-t-elle en se tournant doucement vers la petite qui tentait de ramper pour l’attraper, le cul en l’air, les genoux plantés à y glisser sans succès à rythme régulier. Sovahnn ne distinguait pas son visage pourtant un petit sourire lui glissa immédiatement sur les lèvres. « Ton parrain va se foutre de ma gueule, mais modèle géant, je préviens d’avance. » Pliant en douceur les jambes, elle fit glisser son mollet droit sur le genou gauche, une main effleurant le dos de sa fille avant d’esquiver un petit poing armé d’un cube de bois. « Hey ! Liya, attention, fait tout doux avec ça ! » Le bois claquait pourtant au sol, à peine étouffé par le tapis de jeu. « Tu te souviens quand j’ai dit que t’aurais des trucs naturels et pas du plastique ? Bah je sens que c’était une idée de merde. » Un euro pour chaque parent ayant abandonné ce concept en cours de route.

Lâchant un soupir, la jeune femme relu le message, le téléphone au dessus d’elle, en bout de bras, bientôt posé de nouveau sur son ventre qu’une petite fille grattait de ses petits doigts potelés. « ça veut dire quoi « deux chambres », à ton avis ? Qu’on dort chacun de notre côté après avoir fait des gommettes sur la peau de bête devant la cheminée ? » Une grimace à l’image de la peau de bête avant de rire seule comme une idiote de l’idée globale, profondément clichée. Au fur et à mesure, le rire en appelait un second et les tintements réguliers d’un appel vocal ne tardèrent pas à se mêler à son hilarité.

« A ton avis, sur l’échelle « ça va trop vite pour moi, je déboule dans une relation d’adultes », l’option weekend dans les bois avec la gamine dans les pattes, ça se situe où ? »

De l’autre côté du téléphone le rire de son meilleur ami, déjà, se mêlait au sien tandis qu’elle jetait un regard vers les jambes de sa fille que le chat de Tim sniffait avec attention.