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Stick your head in the « wolf’s » den

 :: Londres :: Centre de Londres :: ─ Westminster :: • Buckingham Palace & Ministère de la Magie.
Jeu 3 Fév 2022 - 23:45
Lundi 11 Juillet





Département de la justice magique






    Un groupe d’enquêteurs s’était réuni avant le lever du jour, afin d’assembler les dernières preuves du puzzle, de ce sujet épineux qu’étaient les Lycanthropes et les précédentes attaques non élucidées, menées sur des sorciers depuis plusieurs mois. Il y avait probablement eu des attaques sur des moldus, mais ce n’était pas la principale préoccupation de la direction du département de la justice, qui avait justement ordonné à ce groupe d’enquêter tout particulièrement sur le cas des attaques Lycanthropes. Des mois après la première attaque non élucidée, les enquêteurs avaient finalement déduit que tout cela était lié aux Lycans. Le gouvernement avait réagi en conséquence, les directeurs des départements concernés et liés avaient été convoqués pour l’exposition des dernières recommandations et lois ordonnées par le Ministère. Étonnamment, celles-ci avaient émergé pour la plupart du ministre des relations au monde moldu, suite à l’inefficacité des milices déployées par le département de la justice magique les nuits de pleine lune, ce qui n’avait pas manqué d’agacer les principaux dirigeants du département. À commencer par sa sous-directrice. Les réactions ne se firent guère attendre, dès le lendemain, le Ministère annonça sa série de mesures pour tenter de contenir la problématique Lycan. Une épine de plus plantée dans le pied du gouvernement et de ses fidèles suiveurs Supérieurs.
    Ce lundi matin, donc, la sous-directrice de la justice magique était venue superviser cette enquête spécifique, comme si elle n’en avait pas d’autres à gérer. Mais, bien qu’ils y travaillaient depuis plusieurs heures maintenant, le dossier n’avançait pas, ce qui avait le don d’énerver d’avantage Ana Oliveira, qui finit par faire claquer sur le carrelage le talon de son escarpin, tout en tapant du poing sur la table, penchée en avant et offrant ainsi une vue sur son décolleté plongeant.

    « Espèces d’incapables, pourquoi n’avancez-vous donc pas ? »

    Le responsable du groupe d’enquêteurs, proche d’Ana, prit la parole pour se justifier et tenter de calmer l’impatience de la Dame, mais c’était peine perdue.

    « Calme-toi, Ana. Tout sera fait en temps et en heure...mais nous ne pouvons pas non plus tirer de conclusion hâtive, trop peu d’interrogatoires de lycanthropes ont été menés jusqu’à présent. »

    La brune devait justement se rendre au département de contrôle et régulation des créatures magiques et arborer son plus beau sourire hypocrite, afin de déterminer avec les responsables où en étaient ces fameux interrogatoires et qu’elles étaient les informations dont ils disposaient à ce jour. Mais avant cela, il était important que la sous-directrice de la justice passe ses nerfs sur quelqu’un.

    « Ça tombe bien, Mr Rivers m’a demandée d’aller au département de contrôle et régulation des créatures magiques. Tâchez de conclure ce dossier pour midi, pour qu’il puisse être validé par Rivers et passer en commission. »

    Ana s’était alors redressée et soupira longuement, tentant de retrouver contenance alors que son sang chaud bouillait de rage en elle, contre ces immondes créatures erreurs de la nature qui mettaient en danger la communauté sang-pure.
    En silence, les enquêteurs avançaient sur le dossier, tandis que la brésilienne, impatiente, faisait les cents pas dans le bureau, se passant de temps à autre la main dans les cheveux. Jusqu’à ce que le responsable du groupe reprit la parole et s’adressa à elle.

    « Le Gouvernement, c’est une chose, mais...Comment penses-tu que la Cause réagira ? »

    Ils faisaient tous partis des Supérieurs ici, ils n’avaient pas à cacher leurs idées. Ana s’arrêta et se tourna vers les enquêteurs, elle avait retrouvé le sourire. Un sourire narquois, une lueur malfaisante crépitant dans ses pupilles brunes.

    « À voir. Éradiquer cette sale race jusqu’au dernier, peut-être ? Enfin, si j’avais été élue Cheffe, j’aurais jugé bon de les capturer et de les torturer pour les asservir, afin de les lâcher sur les résistants de Myrdinn et les moldus. D’une pierre...Trois coups. »

    Avec un peu de chance, l’un de ces lèches-bottes irait répéter ces mots et souffler cette idée à leurs généraux ou même à leur nouveau Chef qui avait volé l’élection à la sulfureuse brésilienne.





Département de contrôle de de régulation des créatures magiques




    Suite à cette brève supervision de ses enquêteurs, la sous-directrice se recoiffa succinctement et réajusta sa veste blazer sur ses épaules et sa taille. Un dossier avec de quoi prendre des notes sous le bras, et elle quitta les bureaux de son département pour se rendre au niveau 4, afin de s’entretenir avec un responsable du contrôle et régulation des créatures magiques. Il était bien rare que l’ascenseur magique du Ministère dépose Ana au niveau 4, c’était un département qu’elle n’avait pas l’habitude de côtoyer, quand bien même elle y avait quelques collègues Supérieurs, certes moins nombreux qu’à son département, mais tout de même.

    En tant que sous-directrice du plus grand et important Département du Ministère, la brésilienne se devait de se montrer et de se pavaner fièrement afin d’asseoir son autorité et sa prestance, telle la grande Dame qu’elle était.

    Les talons de ses escarpins claquant sur le sol, Ana signalait sa présence en avançant le long du couloir du niveau 4. Elle se présenta devant la première porte ouverte sur son chemin et se manifesta en faisant semblant de toussoter pour que quelqu’un vienne l’accueillir. La brune soupira légèrement, vexée de n’avoir croisé personne jusqu’à présent, alors que le département avait dû être mis au courant de sa visite. Étant donné que tous les autres Départements, hormis celui des Mystères, étaient liés à celui de la Justice, Ana méritait bien des honneurs en venant ici. Enfin quelqu’un vint jusqu’à elle, une femme qu’elle toisa du haut de ses escarpins. Fière et arrogante, elle se présenta directement :

    « Ana Sophia Oliveira, directrice adjointe du département de la justice. » Directrice adjointe sonnait tout de même mieux que sous-directrice, elle n’avait jamais apprécié ce « sous ». Mais un jour, elle n’aurait plus à le porter...  « Je cherche à m’entretenir avec un responsable de la Commission d’examen des Lycanthropes. C’est urgent. »

    En d’autres termes, Ana n’avait pas que ça à faire et souhaitait être reçue rapidement...





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Ana S. Oliveira
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Ana S. Oliveira
Jeu 10 Fév 2022 - 17:49
« J’ai Amalia cette semaine, tu viens diner à la maison vendredi soir ? Elle réclame sa marraine. Oh, est ce que ton ami va mieux ? »

Oreillette en place, téléphone coincé dans le brassard qui entoure son bras gauche, Jane est en pleine position du Triangle. Renforcement de la ceinture abdominale, éveil musculaire, discussion matinale avec Margo. Quelques interférences dans la communication, cela se produit de temps en temps depuis que le Ministère a durcit les lois sur l’utilisation des objets et réseaux moldus.
Voilà comment l’Anglaise commence toutes ces journées ou presque, par une séance de Yoga. Sur la table de la cuisine un jus de fruit frais l’attend ainsi qu’un petit déjeuner complet et un mug rempli d’une infusion aux plantes qu’elle emportera avec elle au Ministère. La joie de récupérer sa fille ce soir à la sortie de l’école étire un sourire sur ses lèvres, son cœur battant la chamade en son sein. Par Morgane qu’elle lui manque et si Kendrick a souhaité la garder une soirée de plus, qu’elle n’y a vu aucun inconvénient, même sa peau semble réclamer ce petit bout d’elle-même. Comme si elle vibrait du manque.

Lorsque Jane quitte son domicile elle transplane directement dans la rue aux abords du Ministère. Apprêtée comme tous les jours, tout objet moldu laissé à son appartement, elle fait claquer ses talons sur le pavé londonien en affichant un large sourire et en saluant chaque personne qu’elle croise. A cette heure-ci, à cet endroit précis, il s’agit de collègues plus ou moins directs. Son allure ne change pas quand elle arpente les couloirs de cet endroit grouillant de vie où elle a chaque jour un peu plus l’impression d’évoluer dans la bouche de l’Enfer. Sa motivation et son engagement ne faiblissent pas, pas plus que son efficience au travail. Son trench est accroché au porte manteau, Wilson file dans son bureau non sans déposer un petit quelque chose sur celui d’une de ses collègues. Une petite attention, comme souvent.

¥

« Alerte rouge, L’Eruptif du DJM arrive. »

Là où les rires pourraient résonner c’est malheureusement la terreur qui fait briller le regard affolé de celui qui s’enferme dans l’un des bureaux sans demander son reste. Jane n’a eu le temps que de le voir passer devant sa propre porte avant d’entendre claquer la sienne, nul besoin de préciser de qui parlait l’homme. Certaines personnes ont une réputation qui n’est plus à faire, Oliveira en fait partie et si ce qualificatif n’est pas reluisant … Il est pourtant assez proche de la réalité. Combien sont-ils à claquer des genoux sur son passage dans tout le Ministère ? Si Jane ne fait pas partie de ceux-là elle reconnait certaines qualités à cette femme : L’ambition, son allure, sa stature. Etre une femme qui en impose et qui s’impose n’a pas à être une chose qu’on dénigre ou qu’on rejette par principe et si bien sûr elle ne défendra pas cette dernière étant donné ses méthodes le féminisme qui coule en elle parle de lui-même.

Là où d’autres choisissent de se planquer Jane prend les devants, se lève et va à la rencontre de l’autre femme. Le menton haut, les talons qui claquent sur le sol, le mépris dans le regard, un soupçon d’arrogance et d’élégance – voilà comment elle la perçoit. Maquillage impeccable, escarpins brillants, vêtements probablement sur mesure. Une belle femme, la puissance dans le fond du regard, on ne lui reprochera pas d’être là par hasard.

« Ana Sophia Oliveira, directrice adjointe du département de la justice. »

Jane ne peut nier le frisson qui lui parcoure l’échine. Elle n’a pas peur de cette femme en tant qu’individu mais la simple évocation de ce département la fait frémir. Pour ce qu’il représente dans la plus sombre de ces facettes. Ici on ne traite plus l’humain comme il se doit, les purges sont camouflées pour faire bonne presse mais la réalité laisse du sang sur les pavés et des entailles dans le cœur de ceux qui restent.

« Je cherche à m’entretenir avec un responsable de la Commission d’examen des Lycanthropes. C’est urgent. »
« Vous l’avez devant vous, Jane Wilson. »

Le ton est factuel, le sourire avenant sans trop en faire. Jane tend la main à l’autre femme sans s’écraser mais en marquant néanmoins le juste détail lui permettant d’exposer la différence de hiérarchie entre elles deux. Car l’Anglaise n’est pas au même échelon que la Brésilienne, chose qui ne la fait absolument pas rougir au demeurant.

« Monsieur Hartford est actuellement en réunion à l’extérieur. »

Son homologue, celui à qui elle aurait probablement voulu s’adresser. Jane est son bras droit, position gagnée par les années, le labeur et la confiance instaurée.

« En quoi pouvons-nous vous être utiles Madame Oliveira ? »

La lionne ne transparait pas derrière l’antilope mais pourtant elle est bien là, tapis dans les hautes herbes, à l’affut des faits et gestes de cet autre prédateur ayant posé une patte sur son territoire.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Mer 23 Fév 2022 - 4:00
Lundi 11 Juillet





Département de contrôle et de régulation des créatures magiques







    Créatures magiques, lycanthropie, ces deux termes suffisaient à la répugner tant cela impliquait de nouvelles victimes et enquêtes à venir. Comme si le département de la justice n’était pas assez débordé comme cela. Entre magouilles, dissimulations, communications masquées avec les journaux et les enquêtes officielles, les cadres responsables dont Ana faisait partie, n’avaient que peu de temps libre désormais. Sans compter que le déploiement de leurs milices ne s’était pas avéré si utile que cela finalement, ces agressions à répétition par les créatures noctambules en étaient bien l’une des preuves flagrantes. Et ces dossiers qui n’avançaient pas. Autant d’événements qui n’arrangeaient en rien l’humeur, déjà si changeante habituellement, de la sous-directrice du département.
    Pourtant, il fut un temps où l’amour de la nature et des créatures magiques faisaient partis de son quotidien, voire même était primordial pour son développement personnel et scolaire. Mais hélas la vie d’Ana s’était forgée d’une toute autre façon, et présentement, elle n’était capable d’aucune compassion à l’égard de ces sales bêtes assoiffées de sang. La situation promettait de devenir très complexe si les choses n’étaient pas rapidement prises en main, aussi le directeur du département de la justice magique avait explicitement demandé une descente au niveau 4 pour recueillir des informations, dont se chargerait Ana.

    Elle était donc arrivée au niveau 4 où cela ne courait pas le couloir pour venir l’accueillir, la plupart des bureaux étaient fermés. Pourtant, la brune n’avait pas omis de manifester sa présence de part sa démarche bruyante et sa prestance. Elle était vexée, mais après tout, peut-être que ces inutiles avaient tout simplement peur d’elle, ce qui ne serait guère étonnant. Ana appréciait particulièrement ce sentiment de supériorité lorsqu’elle se rendait dans un département quelconque. Des lâches, voilà ce qu’ils étaient.
    Toutefois, elle avait tout de même réussi à trouver une porte ouverte et s’y était présentée, exigeant s’entretenir avec le responsable de la commission d’examens des lycanthropes, elle pensait qu’il s’agirait d’un certain Hartford, mais la brune resta légèrement surprise lorsque la femme en face d’elle le remplaçait pendant son déplacement. Elle tendit ensuite la main à Ana, qui haussa un sourcil en baissant le regard sur la dite main, cette Wilson ignorait sûrement que la brésilienne ne serrait pas la main aux personnes de rangs inférieurs, encore moins de sang impur, qui plus est. Hautaine, elle toisa Jane de haut, détaillant son allure générale sans toutefois trop s’y attarder non plus. Elle s’éclaircit la gorge légèrement, et répondit, un brin déçue par le fait que ça ne soit pas Hartford, ne se privant pas pour le montrer.

    « Ah...Je vois. »

    Un bref soupire pour accompagner sa déception, et Ana fit comprendre à son interlocutrice qu’elle souhaitait entrer dans le bureau derrière elle, et qu’il fallait donc que Wilson se pousse et l’invite à entrer, ainsi elles seraient plus enclin à avoir cette conversation. Avant toute chose, la brune haussa légèrement les épaules.

    « Je ne m’attendais pas à devoir m’entretenir avec vous, mais cela fera l’affaire. »

    Enfin, Ana emboîta le pas et s’invita dans le bureau où travaillait Wilson. Elle avait tout de même la politesse et la décence de ne pas s’asseoir à sa place, et déposa donc le dossier qu’elle avait sous le bras, sur le fauteuil en face du bureau de la remplaçante d’Hartford. La brésilienne autoritaire se tourna alors vers elle et s’adossa au dossier de cette chaise. Le ton méprisant était quelque peu retombé, maintenant il fallait qu’elles parlent.

    « C’est vous qui êtes chargée des contrôles des Lycanthropes ? »

    Réthorique pure et simple, Ana avait seulement besoin d’un signe de tête pour confirmer sa question, nul besoin d’une réponse. Elle ne lâchait pas Wilson du regard. Grande, métisse, silhouette élancée, pas désagréable à regarder ce qui facilitait grandement la tâche, mais hélas bien trop sang-mêlée au goût de la sous-directrice du département de la justice, ainsi Jane n’aurait pas toute sa considération. D’ailleurs, elle n’en avait pas réellement sans cela, Ana la considérait comme une employée de terrain, mais elle espérait qu’elle soit plus docile et facile à faire parler que son supérieur Hartford. Et puis, elle n’aura qu’à lui faire un compte rendu plus tard. Peut-être même qu’il avait fait exprès d’être en déplacement pour ne pas avoir à faire à la sulfureuse brune, désireuse d’asseoir d’avantage son autorité sur ce sous-département. Après tout, le sien était le plus imposant et tous les autres étaient reliés à lui, ce qui en disait long sur la notoriété des responsables dont faisait partie Ana. Il était également le symbole au Ministère de la suprématie Supérieure. La jeune femme en était fière et ne rougissait pas de sa place, n’avait pas peur d’assumer ses positions.
    Mais face à Jane, tout de même, elle devait faire preuve de contenance. La diplomatie en revanche n’était pas vraiment son fort. Ainsi, elle continua :

    « Vous êtes bien évidemment au courant, c’est une affaire qui commence à ébranler l’entièreté de notre communauté, de plus en plus d’attaques de créatures noctambules ont été relevées ces derniers mois. »

    Rapide rappel des faits, Wilson était au courant, mais sait-on jamais. Ana reprit :

    « Je suis donc venue vous demander un compte rendu détaillé sur vos derniers contrôles, afin que mon département puisse procéder aux interrogatoires, et faire avancer l’enquête. »

    Elle planta son regard dans celui de Jane, insistante. Elle avait plutôt intérêt d’avoir les informations qu’Ana attendait, ou elle en connaissait certains qui se feraient taper sur les doigts.

    « Alors ? Ont-ils été effectué ? Comprenez qu’il en va de la sécurité de tous... »




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Ana S. Oliveira
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Ana S. Oliveira
Ven 4 Mar 2022 - 11:36
Le mépris personnifié, c’est d’un regard tout à fait hautain que Jane se fait analyser. Elle ne bronche pas, son regard posé sur le visage de Oliveira, sa main destinée à pendre dans le vide car l’autre ne saurait s’abaisser à la toucher. Un problème de rang, de classe sociale sans doute aussi, de couleur peut être bien. L’humain ne nourrit pas toujours les émotions les plus belles et la tolérance, l’ouverture d’esprit, ne sont pas des qualités intrinsèques à l’espèce.

« Ah...Je vois. »

Tout en elle transpire le dégoût qu’elle éprouve pour les autres, ceux qu’elle juge sans doute à même hauteur qu’une bande d’insectes rampants. Jane a l’habitude des personnes de ce genre, elle en côtoie tous les jours ici et de plus en plus. Elle prend sur elle, son caractère aidant bien sûr mais parfois rugit en elle ce désir presque ardant de leur exposer son véritable visage. Lorsqu’elle regarde cette femme rien en elle ne tremble, elle n’effleure pas une seule seconde le moindre complexe d’infériorité. Pourquoi serait-ce le cas ? ils n’envisagent probablement pas qu’une bureaucrate de si bas niveau puisse en réalité être une sorcière puissante et sur bien des aspects.
Ici elle se contente de jouer le jeu, de lire les messages et s’écarter ainsi pour laisser la Supérieure entrer dans son bureau

« Je ne m’attendais pas à devoir m’entretenir avec vous, mais cela fera l’affaire. »

Son visage reste de marbre, il n’y flotte qu’un sourire poli aux allures vagues de soumissions tacites et implicites. A l’intérieur elle rit cette fois, elle rit de ce besoin d’avoir ainsi le dessus sur l’autre. Parfois il lui arrive de se demander ce que ces êtres peuvent cacher au plus profond d’eux-même. Oh elle n’est pas naïve, elle sait que pour une partie d’entre eux il ne s’agit rien de plus que d’un trait de personnalité, une éducation, une simple façon d’être naturelle. Ça n’est pas de la pitié qu’elle éprouve, rien de plus que de la curiosité.

« C’est vous qui êtes chargée des contrôles des Lycanthropes ? »

Oliveira est désormais assise dans un fauteuil avec toute la prestance des gens de son rang. Regard incisif et franc porté sur Jane, cette dernière ne répondant pas à cette question qu’elle devine rhétorique. L’Anglaise contourne son bureau et s’assoie à son tour, sourire avenant et mains croisées devant elle sur le bois. La Brésilienne est ici en terrain conquis, forte de sa position auprès des plus hauts placés. Pour Jane, elle n’est qu’une arriviste qui tôt ou tard tombera de ce piédestal sur lequel elle est bien installée. Elles ne se souviennent pas l’une de l’autre, pourtant ce sont les mêmes couloirs qu’elles ont arpentés étant plus jeune, lorsque Poudlard était leur maison.

« Vous êtes bien évidemment au courant, c’est une affaire qui commence à ébranler l’entièreté de notre communauté, de plus en plus d’attaques de créatures noctambules ont été relevées ces derniers mois. »

Créatures noctambules. Voilà ainsi la manière – politiquement correcte, à peu près – dont elle perçoit ces êtres humains dont la vie a pris un virage à 90°. Encore une fois Jane est loin d’être naïve, elle sait que parmi ceux qui doivent vivre avec la même particularité de son frère tous ne sont pas des anges. Il y a parmi ces hommes et ces femmes des êtres qui ne valent pas mieux que ceux arpentant les couloirs de ce Ministère désormais rongé par la gangrène. Mais ils restent des êtres humains, des pairs, non pas des animaux comme trop les perçoivent encore maintenant.

« Je suis donc venue vous demander un compte rendu détaillé sur vos derniers contrôles, afin que mon département puisse procéder aux interrogatoires, et faire avancer l’enquête. »

D’ici elle pourrait presque entre les genoux de son collègue claquer l’un contre l’autre. Lui comme tant d’autres n’auraient pas tenu bien longtemps face à Oliveira mais Jane n’a pas peur d’elle. Elle est là, bien droite, sans perdre son sourire, traçant son chemin sur une ligne qu’elle maitrise à la perfection. Ni trop sûre d’elle, ni trop soumise, juste ce qu’il faut pour ne laisser aucune faille dans cet entre-deux.

« Alors ? Ont-ils été effectué ? Comprenez qu’il en va de la sécurité de tous... »

L’hypocrisie personnifiée, cette femme étant le produit exemplaire que l’on place dans la meilleure vitrine. Belle femme, inspirant tant le désir que la peur, sans doute efficace dans son travail.
Jane se retient de lui rire au visage lorsqu’elle évoque la sécurité de tous, comme s’ils en avaient quoi que ce soit à foutre. La politique a ce côté gerbant qui consiste à récupérer chaque drame pour en faire une publicité, de quoi charmer les citoyens, les endormir. Ce qu’elle voit brûler dans les prunelles de la brune est tout autre chose. Une soif de pouvoir, une envie de destruction, le mépris qui lui ferait prendre les armes pour traquer les lycans jusqu’au dernier dans le seul but de s’en faire un manteau de fourrure pour se pavaner avec. D’un naturel calme, Jane pourrait tuer pour défendre son frère et en cette seconde les images qui lui passent par l’esprit font flamber l’incendie en elle.

« Nos concitoyens déclarés ayant été visités ont tous été conciliants, à une exception. »

Une manière de la contrer par les mots, de replacer le statut de ces êtres dans une perspective plus juste. Une autre chose qu’elle contient : Son envie de lui rappeler qu’elle n’a pas de compte à lui rendre.

« Nous avons pu attester des installations à leur disposition pour ne pas représenter le moindre danger et ils ont accepté de se soumettre à un nouveau contrôle le soir même de la prochaine Lune. Quant à la personne s’étant montrée récalcitrante, elle est depuis surveillée. De près. »

Rien d’autre que la vérité, voilà ce que Jane offre à Oliveira. A quoi bon mentir lorsque les registres sont à la portée d’une femme comme elle ? Des registres bien peu remplie, sans trop de surprise. L’Anglaise béni ce reflexe qu’elle a eu presque immédiatement lorsque Leroy a été mordu : Celui de ne pas l’avoir déclaré.

« Le rapport officiel a été enregistré et mis à disposition selon les règles établies. Je suis certaine que vos équipes ont dû vous en informer dans les temps. »

Un moyen de détourner l’attention du service où elle travaille sur celui que co-dirige la brune ? En partie mais là encore rien de plus que les faits. Bien sûr il y a des choses que Jane ne dit pas, bien sûr qu’elle tente à chaque fois de protéger ceux qui en ont besoin puisque leur Gouvernement n’est pas capable de le faire – pire encore, il les enfonce.
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Jane I. Wilson
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Jane I. Wilson
Ven 11 Mar 2022 - 4:48
Lundi 11 Juillet





Département de contrôle et de régulation des créatures magiques







    Ana était rentrée et s’était installée dans le bureau de Wilson, sans aucun scrupule à lui témoigner autant de mépris que possible, comme elle avait l’habitude de le faire avec tous les employés moins bien placés qu’elle et surtout, dans les autres départements. Car celui qu’elle dirige en partie est le plus imposant, tous les autres dépendent de lui, et il inspire la crainte, tout comme les Supérieurs qui le représentent. Ana ne s’en cache pas. Jusqu’à maintenant personne n’a osé se dresser contre elle, sa réputation la précédant, ce fut aux côtés d’Anthony Walters qu’elle accéda à la notoriété chez les Supérieurs, étendue à bien d’autres au Ministère.
    Faute de ne pas avoir pu évoluer au sein de l’organisation, leur ancien Chef n’avait pas manqué de placer stratégiquement la brésilienne au département de la justice. Il savait qu’elle y développerait des compétences suffisantes pour y évoluer, et c’était un pari réussi. Ana avait forgé sa réputation au fil des années. Séductrice et autoritaire, officiellement, pour les non-Supérieurs. Vicieuse et meurtrière, pour ses collaborateurs. Elle menait son département à la baguette. Et si un jour elle réussissait à prendre la place de Rivers, rien ne pourrait l’arrêter, les vices seraient bien plus resserrés. Et cette femme, telle que Wilson, montrerait peut-être plus de crainte.

    Ana, assise sur le fauteuil face à son bureau, ne lâchait pas son interlocutrice du regard, désireuse de faire monter la pression. Mais si sa prestance ni son autorité naturelle ne semblaient avoir d’effet sur Jane, qui, avec droiture, répondait à chaque question qui lui était posée. Bien que la sous-directrice n’était pas légilimens, elle serait sûrement ravie d’apprendre que la colère et la haine emplissait le cœur de Wilson en cet instant, à l’égard d’Ana et de tout ce qu’elle représentait, à savoir la corruption d’un régime dictatorial et l’hypocrisie poussée au plus haut point.

    Le regard de la brunette lâcha celui de Jane pour s’attarder sur les décorations du bureau. Bien évidemment il n’avait rien à voir avec le sien. Il était déjà, sans surprise, bien plus petit et beaucoup moins luxueux. La différence de rang était marquée, sans aucun doute. Ana allait jusqu’à même mépriser le choix décoratif de son interlocutrice, regardant les masques africains d’un air dédaigneux. Puis, sur le bureau, des dessins rudimentaires et laids, une photo de fillette. Rien d’étonnant à cela, tous ceux qui avaient une progéniture ne pouvaient s’empêcher de les avoir en photo sur leurs lieux de travail. Dans le même temps, la brésilienne écoutait les réponses de Wilson. Effectivement, ce qu’elle disait correspondait aux informations que possédait le département de la justice. La sous-directrice cacha sa déception, elle se fichait bien de cette sale race, ils pouvaient même dévorer des moldus et des sang-de-bourbe, aucune importance. La sécurité des concitoyens officiellement, le désir d’avoir la main mise sur l’espèce et tout contrôler, officieusement. Ce qui importait réellement Ana, c’était de traquer les non déclarés pour « garantir la sécurité ». Maintenant que Jane avait terminé, la brune reporta son intention sur elle. Elle acquiesça d’un signe de tête, un sourire narquois sur les lèvres.

    « En effet. Mais ce qui a déjà été établi ne m’intéresse pas. »

    Elle voulait plus.

    Ceci dit, elle ne pouvait qu’apprécier l’effort fourni pour surveiller de près ce lycanthrope qui avait refusé de coopérer. Un récalcitrant, donc ? Voilà bien un comportement qu’Ana ne tolérait pas, et elle espérait que le département de régulation des créatures magiques ne soit pas trop laxiste avec ce genre d’individus. Hélas, elle ne se faisait pas d’illusions. Elle pensait même, que Wilson ne lui disait pas tout. Pour l’heure, elle n’avait aucun moyen de le savoir, alors elle ajouta simplement :

    « Tâchez de garder cette créature à l’œil. » Ana insistait sur le terme créature, tandis que la responsable des contrôles de lycans les avait qualifiés de concitoyens. Quelle plaisanterie. « En cas de débordement, le Magenmagot tiendra votre Département comme responsable. Si nous pouvions éviter une enquête en interne… »

    Une menace derrière ces paroles, ou une simple recommandation pour le bien de tous, Jane prendrait cela comme elle le voudrait. La brésilienne préférait ne pas passer par Quatre Chemins pour annoncer la couleur. Sans jeu de mot sur la teinte de peau de Wilson !

    Elle n’en avait pas fini avec cet entretien. Bras et jambes croisées, Ana toisa son interlocutrice du regard, de nouveau.

    « Comme vous pouvez vous en douter, nous savons que beaucoup d’entre eux ne sont pas déclarés, et il est de notre devoir de les protéger autant que nos concitoyens. » La brune se pencha alors sur le bureau et parla plus doucement. « Certains ne sont peut-être pas tout à fait… stabilisés. »

    Enfin, elle reprit avec un timbre de voix normal.

    « Je compte sur la coopération de votre département pour trouver ces individus et les mettre sous surveillance également. Une simple précaution, afin de garantir la sécurité de tous. »

    Alors que la sous-directrice termina son discours, son sourire narquois flottait toujours sur ses lèvres. Plus large encore, même, avec toute l’hypocrisie possible et inimaginable pour l’accompagner. Elle se fichait pas mal des lycanthropes, mais si ces créatures pouvaient être utiles à la Cause, et bien, pourquoi pas ? Encore une fois, Jane prendrait la dernière réflexion de la brune comme elle le voudrait, cette dernière espérait qu’elle lui révèle quelques noms de loup-garou non déclarés. Elle comptait bien sur la coopération du département où elle se trouvait en ce moment-mème. En espérant qu’ils ne dissimulaient pas d’informations.
    Ana ne s’arrêta pas là, et poussa le vice et la photo de la fillette, l’effleurant du bout des doigts avant de relever les yeux vers Jane.

    « C’est votre fille ? Elle est mignonne… »

    Mignonne, oui. Elle reposa doucement la photo. Les employés comme Wilson facilitaient grandement la tâche des Supérieurs à laisser traîner des photos de leurs enfants, ou de leur femme, leur mari…Ainsi, Ana et ses collaborateurs n’avaient pas à se fatiguer à trouver des moyens de pression. C’était presque trop facile.






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Ana S. Oliveira
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Ana S. Oliveira
Mer 23 Mar 2022 - 19:25
« En effet. Mais ce qui a déjà été établi ne m’intéresse pas. »

Bien sûr. N’est-ce pas du sang qu’elle veut ? Ce que lui apporte Jane ici n’est rien d’autre qu’un récit d’une banalité affligeante sans doute. Une façon d’arrondir les angles, un moyen de protéger ceux qui en ont besoin de cet Empire qui s’étend toujours plus. Ils ne veulent pas les aider, ils veulent les piéger. Foutre en cage des innocents, démontrer par A+B que de telles abominations ne devraient pas exister. Ou bien les utiliser, pourquoi pas, mais quoi qu’il en soit faire de ces êtres humains des cibles.

« Tâchez de garder cette créature à l’œil. »

Le mépris n’est même pas caché et si Jane a toujours su garder son sang-froid elle sent les barrières de son être frémir sous les assauts incessants de ce monde qui lui donne la nausée. Une créature, non pas un être humain. L’image de Leroy s’impose à elle, la violence rue dans ses veines un instant comme un cheval sauvage se cabrerait. Il est un homme, un fils, un frère, peut-être un jour un père, un ami, un amant, un être à part entière. Pas une créature. Aucun d’eux n’est rien de plus, rien de moins, qu’un être humain. Une chose qu’elle a parfois l’envie brutale de leur hurler au visage.

« En cas de débordement, le Magenmagot tiendra votre Département comme responsable. Si nous pouvions éviter une enquête en interne… »

Et là encore, des menaces.

A peine dissimulées derrière un sourire qui a pour habitude de faire frémir nombre de personnes au sein du Ministère. Les accointances des uns et des autres ne sont pas vraiment des secrets, Oliveira a les bons liens et son arrogance s’en nourrit très certainement. Se sent elle intouchable ? La tentation de donner un coup dans le piédestal sur lequel elle se tient est là, sous la peau, elle brûle.

« Ce serait fâcheux, effectivement. »

Sourire de convenance, l’Anglaise garde le buste droit et ne baisse ni le regard ni sa garde. Le masque et le costume qu’elles portent chaque jour dès l’instant où elle met un pied au Ministère devient bien lourd. Lorsqu’on a des convictions, lorsqu’on les vit avec passion, le poids se trouve décuplé.
Là, face à elle, une sœur. Féministe dans l’âme elle aime à croire qu’elles le sont toutes et pourtant … Par Morgane qu’il est difficile parfois de se dire qu’on partage le même genre avec de telles personnes. Ne pas tomber aussi bas qu’eux, qu’elle, donc ne pas la juger serait la chose à faire. Essayer de la comprendre, peut être aussi, mais que c’est compliqué à faire quand on vous regarde de cette manière. Quand on tient de tel propos. Quand une telle réputation précède la personne en question. Elle en a fait claquer des genoux et pleurer des litres de larmes, qu’elle soit une femme ne la préserve pas d’être une garce dans tout les aspects négatifs du terme.

« Comme vous pouvez vous en douter, nous savons que beaucoup d’entre eux ne sont pas déclarés, et il est de notre devoir de les protéger autant que nos concitoyens. »

Elle manque de lâcher un rire sec devant tant d’hypocrisie à peine dissimulée. Les protéger ? Vraiment ? Est ce que parmi eux certains le pensent réellement ? Agir pour le bien commun, l’Enfer étant pavé de bonnes intentions – on y revient toujours.
Dans le couloirs la vie reprend son cour, une porte claque à cause d’un courant d’air, des bruits de pas résonnent contre les murs. Jane fronce les sourcils une seconde lorsque Oliveira se penche vers elle et murmure quelques mots.

« Certains ne sont peut-être pas tout à fait… stabilisés. »

Et ça, Jane ne peut pas le nier. Elle ne peut pas nier que l’un d’eux ou peut être même plusieurs détruisent des vies chaque mois ou presque depuis le début de l’année. Elle ne peut pas non plus nier que sans l’aide d’une personne qualifiée Leroy n’aurait sans doute pas embrassé sa double nature si rapidement. Certains sont un danger, pour eux, pour les autres, dans le lots il y a fort à parier que d’autres s’en servent à mauvais escient. Tout n’est jamais tout noir ou tout blanc, le penser serait une erreur et l’Anglaise n’hésiterait pas à mettre hors état de nuire l’un d’eux s’il le fallait. Encore faudrait il le ou les prendre sur le fait, il y a une différence entre se hasarder dans les rues de Londres une nuit de pleine lune et aider ceux qui sont perdus, jetés à la rue, ostracisés de la société.

« Je compte sur la coopération de votre département pour trouver ces individus et les mettre sous surveillance également. Une simple précaution, afin de garantir la sécurité de tous. »

Un combat qui passe bien vite au second plan tandis que le sang de Jane se glace. Puis bouillonne. Sous ses yeux de mère les doigts d’Oliveira effleurent la photo d’Amalia en évidence sur le bureau. Une erreur ? Non, un geste calculé que de l’afficher ici. A quoi bon la cacher et leur donner l’impression qu’elle cherche a protéger les siens ? Son instinct s’éveille comme celui d’un fauve prêt à bondir sur sa proie et elle le sent au plus profond d’elle, elle pourrait tuer sans ciller pour préserver ce qu’elle a de plus précieux. Des émotions qu’elle tient en laisse encore une fois pour n’afficher qu’un sourire derrière lequel se cache un océan déchaîné, un océan de lave prêt à tout détruire sur son passage.

« C’est votre fille ? Elle est mignonne… »

Un simple cadre et pourtant, c’est sa fille qu’elle voit entre les griffes d’Oliveira. Son sourire sadique, la satisfaction d’avoir trouvé un point faible. Les battements du coeur de Jane accélèrent, la chaleur envahit ses veines, son souffle reste maîtrisé mais malmené. Elle contient ses mots, contrôle ses gestes, croise ses mains au dessus du bureau en se penchant légèrement par dessus le bois. Juste à peine.

« N’est-ce pas ? »

Afficher la naïveté encore et toujours, ne pas plonger dans ce gouffre d’obscurité. Ou presque. Ses doigts fins viennent à leur tour attraper le petit cadre et l’effort pour ne pas trembler lui demande une énergie qu’elle sait perdue pour le reste de la journée. Son regard va du visage d’Amalia où elle puise la paix vers celui de la brune.

« Elle est une source d’inspiration, à cet âge-là on regarde encore le monde avec une innocence réconfortante. »

Sous ses airs candides un sous entendu qui glisse jusqu’à peut être laisser flotter le doute chez la Supérieure. Un jeu dangereux, elle en a conscience, mais en rien une preuve de quoi que ce soit.

« Avez vous des enfants Miss Oliveira ? »

Cherche-t-elle une faille ? Pas l’ombre, jamais Jane n’utiliserait un enfant de cette façon. Pas dans les actes, en tout cas.
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Jane I. Wilson
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Mer 30 Mar 2022 - 1:52
Lundi 11 Juillet





Département de contrôle et de régulation des créatures magiques






    Si Ana n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, elle ne pouvait en dire autant de son interlocutrice, qui s’écrasait tout simplement devant la prestance et les menaces à peine dissimulées de la presque directrice du département que tout le monde ici redoutait et préférait fuir comme la peste. Une position bien supérieure à cette Wilson, qui par rapport à l’impressionnante brune, semblait vouloir faire pâle figure. Sa réaction aux propos de la brésilienne fut brève, cette dernière eut même l’impression d’y déceler un soupçon d’ironie. Elle décida de ne pas relever, pour le moment Ana n’avait pas suffisamment de matière pour lui en faire réellement baver. En premier lieu, elle laissait à Jane l’occasion de remplir ses obligations vis à vis du département de la justice, et mener à bien, avec ses collègues, les interrogatoires des créatures nocturnes déclarées, ainsi que la traque de ceux qui ne l’étaient pas. Wilson avait tout intérêt à accéder à la requête d’Ana si elle voulait éviter que son département s’en mêle, dont les méthodes risquaient de ne pas plaire à celui de contrôle des créatures magiques. En d’autres termes, le supérieur de Jane et elle-même devraient assurer en cas d’échec.

    L’arrogante brune ne répondit pas par autre chose que son habituel sourire sarcastique et menaçant. Celle d’un rang inférieur pouvait bien ironiser tant qu’elle le souhaitait. Même si contrairement à bon nombre des collègues de son interlocutrice, Ana ne semblait pas la faire trembler et l’impressionner, elle n’en restait pas moins sure d’elle et était convaincue que ses propos et menaces déguisées avaient bien leur petit effet. La peur, ou la colère, voire la haine, étaient les principales émotions que la sous-directrice du département de la justice magique, suscitaient envers la plupart de ses interlocuteurs en général.

    Ana avait à présent dit tout ce qu’elle avait à dire, et inutile de préciser qu’elle restait assez déçue de la réaction de Wilson, qui n’avait même pas cherché à satisfaire la requête de celle disposant d’un rang supérieur, un simple « Bien, Madame Oliveira. » aurait suffit, la sous-directrice s’en serait contentée. Mais il n’en était rien, sûrement à cause de sa réflexion sur la jolie petite fille de couleur dont la photo encadrée trônait fièrement sur le bureau de Jane, bien en évidence. Sans aucune gêne, Ana avait prit le cadre entre ses mains, détaillant la fillette du regard.
    La brune n’avait pas besoin de lever les yeux, elle sentait d’ors et déjà la crispation de Wilson, qui n’appréciait sans doute pas le geste. En effet, Ana avait une toute autre idée derrière la tête en soulignant les traits de la mignonnette. Telles étaient les méthodes de leur gouvernement dictatorial afin d’obtenir le respect et l’obéissance de leurs sous-fifres, repérer leurs points faibles et les utiliser contre eux pour obtenir ce qu’ils voulaient. La brésilienne n’avait aucun scrupule à utiliser un enfant si il le fallait.

    Enfin elle releva les yeux vers Jane, qui encore une fois ne laissait rien paraître. Ana était impressionnée par une telle contenance, elle adorait ça, que l’on s’écrase face à elle. La responsable des contrôles des Lycanthropes acquiesça la réflexion de la brune, puis lui dit que sa fillette était une source d’inspiration pour elle, qu’à son âge le monde était contemplé avec innocence…Et bla et bla. La sous-directrice haussa un sourcil et lâcha le cadre du regard pour le planter dans celui de Jane. Ana ignorait à quel genre de jeu elle jouait, elle lui demanda aussitôt après si elle-même avait des enfants. La brune laissa échapper un rire. Mettre au monde un être et devoir l’abandonner était loin de faire d’elle une mère. Et tant mieux. Elle était bien trop égoïste et n’avait pas le temps de s’occuper de quelqu’un d’autre que d’elle-même.

    « Non, je n’en ai pas. »

    Large sourire sur les lèvres, Ana revendiquait son célibat sans enfant, avec beaucoup de fierté. Quand bien même elle ignorait ce que c’était d’être mère, elle imaginait très bien que Jane, comme tant d’autres, pouvaient être émotionnellement reliées à leur progéniture, et seraient prêtes à tout pour qu’il ne leur arrive rien.
    Qu’à cela ne tienne, Wilson n’aurait qu’à répondre docilement aux requêtes du département de la justice, et il n’arrivera rien à la prunelle de ses yeux. Toutefois, Ana ne put s’empêcher de rajouter son grain de sel.

    « Mais vous savez, vous devriez éviter de la préserver trop longtemps. »

    Sous-entendu, prépare-la au pire, explique-lui de quoi est fait leur monde. Car la jeune femme, privée d’une adolescence paisible, avait vite été plongée dans la réalité de l’existence. La vie avait été cruelle, mais maintenant elle était puissante, crainte, et haut placée au Ministère. Les fillettes trop innocentes seraient faibles et inutiles, piégées dans une bulle d’une vie fausse.

    « J’imagine qu’avec tout ce qu’il se passe, entre les attaques des moldus, puis des créatures nocturnes sur notre peuple, vous vous inquiétez encore plus pour elle. »

    Ana avait donc lâché la photo encadrée de la fillette de Jane, et s’était recalée au fond du fauteuil. L’entrevue touchait certainement à sa fin, même si la brune était un peu déçue de ne pas avoir pu s’entretenir avec le supérieur de Wilson.

    « Si mon département est satisfait de votre travail et de votre collaboration, vous pourrez compter sur notre protection. »

    Sous-entendant que dans le cas contraire, les proches de l’anglaise et de ses collègues ne seraient plus autant en sécurité. Menaçante, mais calme, Ana posa ses mains sur son genou, sans lâcher son interlocutrice du regard.

    « Puis-je compter sur vous pour transmettre mes requêtes à votre supérieur Hartford ? Afin de résoudre cette affaire rapidement et d’écarter tous les dangers que représentent ces bêtes pour notre communauté. »

    Elle esquissa un nouveau sourire sarcastique.







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Ana S. Oliveira
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Ana S. Oliveira
Ven 8 Avr 2022 - 16:33
Ce rire ferait trembler de terreur une cohorte d’enfants, certains adultes aussi sans doute, Jane ne nierait pas elle-même ressentir un frisson lui traverser le corps de part en part. Du dédain pour la vie, voilà ce qu’elle perçoit dans cette réaction qui ne s’est pas faite attendre. L’Anglaise n’est pas de ceux qui prône à tout prix la maternité, pas plus qu’elle ne la sacralise. Il y a celles qui ne veulent pas, ceux qui ne peuvent pas, à chacun son parcours et ses choix s’il y a bien une chose qu’elle estime ne pas avoir le droit de juger c’est celle-ci. Oliveira c’est autre chose, un autre débat qui s’étend bien plus loin que ça et son mépris pour les autres brillent plus fort encore que les rayons du soleil de midi en plein été.

« Non, je n’en ai pas. »

Qu’il aurait été triste pour un enfant de naitre entre de tels bras, voilà la pensée qui traverse l’esprit de Jane alors qu’elle se reprend intérieurement. Son raisonnement s’applique également aux personnes telles que la Supérieure, ce n’est pas la femme qu’elle déprécie mais l’être humain qu’elle est malgré tout.
Et qu’il a le don de faire flamber la colère ce sourire, celui plein de provocation que lui offre la brune face à elle. Jane met beaucoup d’énergie à se contenir, bien plus qu’elle n’en a l’habitude, à croire qu’elle a trouvé la limite à son seuil de tolérance. La présence, l’attitude et les mots de cette femme alimentent en elle un grésillement insupportable. Quelque chose qui tape sur les nerfs jusqu’à les échauffer, les faire vibrer sous la tension.

« Mais vous savez, vous devriez éviter de la préserver trop longtemps. »

Elles flambent désormais les flammes, le regard braqué dans celui d’Oliveira et un sourire mince sur les lèvres. Elles flambent et elles brûlent d’une envie intense de la remettre à sa place. Qui est-elle pour donner son avis ? Un tel avis ? Considérer ne serait-ce que l’existence d’Amalia, la faire sienne un instant, est un affront que Jane a du mal à gérer comme elle le fait d’ordinaire. Jusqu’au bout elle se battra pour préserver la chair de sa chair de ce monde rempli de noirceur. Parce qu’il n’est pas que ça, par Morgane non qu’il ne l’est pas. Il y a tant de belles choses à vivre, à voir, à découvrir. Tant de beaux êtres avec qui partager toutes ces choses. Jamais ces hommes et ces femmes ne lui enlèveront ça, c’est une promesse qu’elle s’est faite voilà longtemps déjà. Elle ne laissera pas sa fille tomber aux mains du cynisme qui entoure les personnes comme cette femme face à elle.

« J’imagine qu’avec tout ce qu’il se passe, entre les attaques des moldus, puis des créatures nocturnes sur notre peuple, vous vous inquiétez encore plus pour elle. »
« Les monstres sous le lit peuvent prendre bien des formes. »

La froideur peut se lire dans le fond de son regard, dans la façon de prononcer ces quelques mots sans attendre, mais le sourire lui se fait toujours présent. Elle se retient de serrer les poings, de joindre trop durement ses doigts les uns aux autres, ses yeux sombres plongés dans ceux de l’autre femme sans ciller.

« Si mon département est satisfait de votre travail et de votre collaboration, vous pourrez compter sur notre protection. »

Oliveira ne sait pas qu’elle est en train d’être marquée au fer rouge. L’esprit de Jane et son être tout entier verrouille cette femme comme une cible à abattre. Si elle chute, si elle craque, si un jour le poids du silence se fait trop lourd la brune sera la première à tomber. Les menaces à peine dissimulées qu’elle évoque alimentent cette volonté, cette flamme à l’intérieur, cette promesse silencieuse. Qu’elle s’approche de son enfant, qu’elle lui prote préjudice, même la mort lui paraitra d’une douceur incroyable. Calme, tranquille, pacifiste, voilà de quoi est fait Jane mais chaque pièce dispose de deux faces et la haine galope dans ses veines comme elle l’a rarement fait. D’extérieur elle reste statique pourtant, remettant tout juste en place le petit cadre à l’emplacement exact où il se trouvait.

« Puis-je compter sur vous pour transmettre mes requêtes à votre supérieur Hartford ? Afin de résoudre cette affaire rapidement et d’écarter tous les dangers que représentent ces bêtes pour notre communauté. »

Elle la regarde avec insistance, son sourire s’élargit, la gorge un peu serrée elle force sur les mots pour leur permettre de s’exprimer.

« Bien sûr Mlle Oliveira, nous travaillons tous dans le même but après tout. »

Jane dénoue ses muscles quelques peu et repose son dos contre le dossier de son siège, ses mains croisées moins fermement sur le bureau devant elle.

« Protéger les citoyens. »

Pour le bien commun l’humain est parfois persuadé d’agir de la meilleure des façons, au fond d’elle Jane est persuadée qu’une partie d’entre eux le pense dur comme fer. Oliveira, c’est autre chose. Elle s’imagine presque une vipère circuler dans ses veines à la place du sang. Et ça n’est pas rendre justice au reptile.

« Il y a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous ? »

Insupportablement aimable.
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Jane I. Wilson
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Mer 20 Avr 2022 - 5:16
Lundi 11 Juillet





Département de contrôle et de régulation des créatures magiques





    L’entrevue était sur le point de se terminer, Ana n’était pas venue pour une conversation futile avec une simple employée, mais bien pour transmettre les consignes de son département à celui de la régulation des créatures magiques, vis à vis des Lycanthropes. Bien que si elle était tombée sur Hartford comme elle le pensait en venant ici en premier lieu, la conversation aurait peut-être pris une autre tournure, plus étendue ou manipulatrice. Mais là, il ne s’agissait que de Wilson, une simple employée à qui Ana ne témoignait aucun intérêt si ce n’est celui d’asseoir son pouvoir. Pourtant, derrière sa menace déguisée, elle avait donné à Jane l’opportunité de ne pas s’attirer d’ennuis si le travail était fait en temps et en heure, mieux que ça même, elle lui offrait le gage de leur protection, à Wilson et sa famille. Et la brunette autoritaire était bien satisfaite de ne pas avoir manqué ce cadre photo de sa fille, qu’il était cependant difficile de rater, car les enfants étaient toujours un moyen de pression plus efficace que les conjoints ou parents.

    Ana était certes sévère, mais juste. Si tout était fait comme elle l’ordonnait, elle n’avait aucune raison de lancer des représailles. En d’autres termes, si Jane menait à bien les interrogatoires et lui fournissait les identités de quelques Lycanthropes non déclarés qui tentaient de se cacher, tout se passerait pour le mieux entre elles. Malgré toute la haine qu’Ana sentait couler dans les veines de son interlocutrice, cette dernière resta correcte et à sa place. La sous-directrice appréciait grandement ce genre de comportement, s’écraser devant elle était de toute manière le plus évident à faire si Wilson voulait éviter les ennuis.

    La brune ne prêta pas attention à sa remarque du monstre sous le lit, bien trop satisfaite que cette employée de gestion des créatures noctambules se montre si courtoise et compréhensive, voire mielleuse en prétendant que toutes deux travailleraient dans un but commun. Ana afficha un magnifique sourire, illustrant dans un camp comme de l’autre, l’hypocrisie ambiante. Jane s’était peut-être écrasée devant la brésilienne, mais cela n’empêchait guère cette dernière de ne pas lui faire confiance. Elle était sûrement l’une de ces exaltées de défense des créatures magiques, prônant leur droit de respirer sur Terre au lieu de la prise en compte de leur dangerosité. Que de bien-pensance qui lui donnait la nausée, à la Supérieure. Mais elle n’en fit rien paraître jusqu’à présent, elle se leva simplement, lentement du fauteuil et prit dans ses bras les dossiers qu’elle avait emmenés avec elle. Finalement, nul besoin de prendre des notes. L’entrevue était terminée. Sans pour autant lui tendre la main, Ana ne décrochait pas son sourire, elle remercia son interlocutrice d’une manière bien aimable, sans chercher à dissimuler toute l’hypocrisie dont elle faisait preuve.

    « Ce sera tout pour moi. Je suis ravie que nous soyons sur la même longueur d’onde. »

    Bien qu’Ana n’y croyait pas une seule seconde, à ce petit manège. Elle salua Jane d’un signe de tête et se dirigea vers la sortie de son bureau. Du moins, si l’on pouvait appeler ça un bureau. Petit, bas de gamme, décoré à la manière africaine…Celui d’Ana n’avait rien à voir. Deux fois plus grand, plus luxueux, tout y illustrait la suprématie des sorciers au sang-pur anglais. En revanche, rien ne rappelait le Brésil, ce pays maudit qui l’avait vue naître. La sulfureuse brune avait gagné sa place ici, dans cette société, au Ministère, chez les Supérieurs…Maintenant qu’Anthony était mort, rien ne pouvait l’arrêter.

    « Je vous souhaite une excellente fin de journée. » Ana s’apprêta à quitter le bureau, mais elle se retourna une dernière fois vers Wilson, sans sourciller ni quitter ce même sourire. « Et n’oubliez pas. Les comptes-rendus, en temps et en heure. Nous ne tolèrerons aucun retard, sous aucun prétexte. Mais ne vous inquiétez pas, si vous faites correctement votre travail, il n’arrivera rien à votre charmante petite fille. »

    La menace était finalement exprimée, sortie toute seule, faussement lâchée sans le faire exprès alors que c’était volontaire et délibéré.

    « Enfin je veux dire, elle sera en sécurité. »

    Sur ces paroles « bienveillantes », Ana quitta définitivement le bureau de Jane pour retourner au département de la justice. L’expression sur son visage changea du tout au tout, elle avait retrouvé son air froid et autoritaire qui lui collait si bien à la peau. Les couloirs du département de régulation des créatures magiques étaient silencieux, quelques employés curieux étaient sortis de leurs bureaux respectifs furtivement, par curiosité. Ils se cachaient plutôt, ces lâches. Tant mieux, Ana se plaisait toujours autant à semer la peur partout où elle passait.

    « Retournez au travail. Misérables. »

    Avait-elle lancé sèchement, avant de quitter le département définitivement.



















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Mer 20 Avr 2022 - 12:34
Le visage figé dans une neutralité polie Jane observe sa vis à vis se relever. Elle ne dit rien, ne prononce plus un mot, se contente de dessiner du regard les contours de cette femme comme pour en chercher les failles. Elle n’en voit pas, l’adversaire est à sa taille et ses propres protection à elle semble se fissurer. Son masque tombe, dévoile peu à peu sa véritable nature qu’elle n’ai plus si sûre à conserver.

« Ce sera tout pour moi. Je suis ravie que nous soyons sur la même longueur d’onde. »

Elles sont là, l’une face à l’autre, elles se jaugent mais aucune des deux n’est dupe. Le sourire de Jane s’affaisse dès l’instant où l’autre lui tourne le dos et elle regarde son corps se mouvoir à mesure qu’elle s’éloigne. Des courbes généreuses, dont elle sait user avec brio. L’Anglaise n’est pas en reste et sait tout aussi bien s’en servir lorsqu’elle le souhaite mais les circonstances sont bien différentes. A ses yeux en tout cas. L’assurance de la brune fait frémir le féminisme en elle, elle serait la premier à lever le poing en l’air pour la féliciter si elle n’était pas … elle. A double tranchant, après tout elle est une femme qui a su gagner le pouvoir non ? Faire la part des choses n’est pas si simple.

« Je vous souhaite une excellente fin de journée. »

Mais rien que le son de sa voix fait naître en elle une sauvagerie qu’elle ne côtoie que rarement. Face à ce sourire que l’autre lui offre Jane retrouve le sien, le regard porté haut sans trop en faire. Ses doigts entremêlés les uns aux autres, bien trop crispés pour ne pas ressentir une pointe de douleur dans ses phalanges.

« Et n’oubliez pas. Les comptes-rendus, en temps et en heure. Nous ne tolèrerons aucun retard, sous aucun prétexte. Mais ne vous inquiétez pas, si vous faites correctement votre travail, il n’arrivera rien à votre charmante petite fille. »

Le sang de la Lionne se fige, devient glace, la menace s’insinuant au plus profond de son être sans qu’elle ne quitte l’autre femme du regard.
Elle pourrait presque entendre la voix de Grace murmurer à son oreille, des conseils pour s’apaiser, l’invective de décrocher. Parce que ce que voit l’Anglaise au travers ses yeux grands ouverts flirte avec un incendie dans les flammes duquel brûlerait Oliveira. Elle la voit se débattre, hurler, se consumer seconde après seconde alors que sa peau meurtris de vient amas de chair carbonisé.

« Enfin je veux dire, elle sera en sécurité. »

Jane ne la quitte pas des yeux et son sourire ne disparaît pas mais prend une autre apparence. A l’intérieur de sa cage thoracique son cœur s’emballe et une brutale envie de hurler se coince dans sa gorge. Elle a soudain cette envie de retourner son bureau, comme une vague de rage viendrait la déchaîner.
C’est pourtant dans un geste lent, trop lent, que ses doigts viennent se saisir du petit cadre dans lequel Amalia exprime l’innocence d’une enfant de son âge. Jane y cherche le réconfort mais c’est la peur qui passe dans son regard, la haine qui l’étouffe. Aujourd’hui elle a joué avec le jeu bien plus qu’elle n’aurait dû le faire et la culpabilité vient lui griffer les os autant que les nerfs. Ses muscles sont tendus, plus de trace de sourire sur son visage et le monde n’existe plus vraiment. Le regard rivé dans celui de sa fille, rieur sur la photo, elle n’entend pas l’un de ses collègues frapper deux coups contre la porte en bois. Puis deux autres. Elle n’y prête pas plus attention alors qu’il ouvre la porte et passe la tête prudemment.

« Tout va bien Jane ? »

Elle papillonne des paupières et revient lentement sur terre, de nouveau consciente de son environnement direct. Dans ses tempes son sang cogne et résonne, la nausée vient soulever son cœur mais c’est un large sourire qu’elle lui adresse.

« Je vais prendre ma pause. »

Besoin de sortir d’ici, de respirer l’air frais là dehors et se concentrer sur ces méthodes qu’elle a apprise pour toujours choisir le calme plutôt que la tempête. Les leçons d’Occlumencie avec Grace lui ont appris bien plus que la résistance à l’intrusion dans son esprit, ainsi c’est les mains dans les poches que l’Anglaise fait face à la Tamise quelques instants plus tard. Concentrée sur sa respiration, le regard posé sur les flots, elle se nourri autant d’elle que de ce qui l’entoure pour retrouver la paix intérieure. Par Morgane qu’elle aimerait sentir la chair de sa chair contre elle en cette seconde.

▬ FINI POUR MOI ▬
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