'Til the quiet chaos driving me mad - Gary & Néo

Dim 6 Juin 2021 - 16:49

Quand tu veux

‘Rentre chez toi, Max.’

Le son parvenait à ses oreilles comme à travers un tuyau de métal, déformé, éraillé, éloigné de la voix réelle, humaine, qui avait sans doute prononcé ces mots la veille. Chez lui, oui. Et pourtant, ça n’était pas chez Fenella qu’il avait dirigé ses pas cette nuit-là. Bien au contraire, c’était contre le corps nu de Néolina qu’il s’était glissé au petit matin, épuisé de sa nuit. Il devait la rejoindre la veille, à la base, après le boulot. Mais une opportunité s’était ouverte à l’hôpital, lui permettant d’assister à une opération particulièrement fascinante qui l’avait occupé de dix huit heures à minuit, alors qu’il débriefait avec la vampire, reprenant les différents évènements. De retour sur les bancs de l’école, lors de son internat, Maxence se replongeait simplement dans ce qui le fascinait profondément. Alors les heures, il ne les avait pas compté, n’avait même pas noté quand, à force de parler, puis de reprendre certaines notions… et même de s’entraîner sur certains gestes techniques, ils avaient poussé jusqu’à trois heures du matin. Pour l’immortel, le rythme ne posait pas problème. Pour lui, sans doute un peu plus. Et pourtant, l’ancien infirmier de Poudlard n’en avait pas fini avec sa nuit. Si Maxence se savait avoir été appelé au sein de la Garde durant la nuit, sortant à présent des nimbes, il n’en connaissait plus le contexte. Tout ce qu’il savait, c’était que Néolina se glissait en dehors des draps, s’extrayant de ses bras le plus doucement possible et qu’il laissait glisser ses mains contre sa cuisse et son ventre, la sentant s’échapper au même instant où il replongeait dans le sommeil, happé par l’épuisement. Il était rentré vers cinq ou six heures, les souvenirs de la nuit s’échappant hors de lui alors qu’il se glissait contre celle qui partageait de nouveau sa vie, laissant l’épuisement l’emporter quasiment immédiatement, le happant dans les ombres du sommeil.

Plusieurs fois, Maxence avait cru émerger, restant un temps en surface, les pensées, les souvenirs et les rêves se mêlant dans la transe lourde de l’entre deux avant de l’emporter de nouveau, l’engloutissant dans l’épuisement salutaire de journées trop remplies. S’il avait bien ou mal dormi, l’ex militaire n’en savait rien, tout ce dont il était conscient, c’était qu’il ne travaillait pas ce jour-là et qu’il avait donc la possibilité de se laisser couler totalement, quitte à ne retrouver la surface qu’en plein milieu de l’après-midi. Alors il laissait la fatigue prendre le dessus, ne luttait pas, enfouis sous la couette épaisse, dans le grand lit de Néolina, jusqu’à finalement s’extraire tout à fait au sommeil.

Paupières soulevées, il restait là un moment, à goutter au calme des lieux, le bras passant un instant contre la fraicheur du matelas, attestant de l’absence prolongée de son amour d’enfance. Un moment, malgré la situation pesante, le deuil latent, l’angoisse sourde, il régnait en lui une sérénité tiède, une sensation de chaleur l’enveloppant un moment encore, avant qu’il se décide à se lever, repoussant la chouette sur ses jambes nues, passant ses doigts dans ses cheveux en broussaille.

Ses pieds ne tardaient alors plus à toucher le parquet dont il appréciait la fraicheur alors que Maxence posait un regard ensommeillé sur la pièce vide, attrapant son téléphone pour y découvrir l’heure… plutôt que de simplement regarder sur sa montre. Quatorze heure trente.

« Ah quand même…. »

Combien de sommeil en retard ? Combien de journées avait-il enchaîné avec ce rythme-là ?

Sa paume passant sur ses traits encore marqués de l’oreiller, Maxence se levait, passait sous-vêtement et jogging avant d’ouvrir la fenêtre, de ramener la couette sur le lit, de pousser ses quelques affaires sur celle-ci, et de sortir de la chambre, ne cessant d’ébouriffer ses cheveux déjà en vrac, comme si ce contact suffirait à lui faire retrouver le chemin de l’éveil.

La plante de ses pieds trouvait le chemin de la cuisine, le carrelage plus frais, et ses yeux en captaient la lumière sans vraiment réussir à s’y faire. La gueule enfarinée de sommeil, Maxence démarrait la cafetière tout en ouvrant la fenêtre, écrasant un bâillement sur son poing fermé. Ce n’était qu’à cet instant qu’il distinguait Gary.

« Hey.. salut. »

Peut être y avait-il une part de déni dans son acceptation de cette relation qu’il partageait avec Néolina, surtout en considérant le fait qu’il n’était jamais allé avec qui que ce soit, et qu’il gardait quelque chose de grinçant dans le fond de la poitrine quand il posait son regard sur Gary. Une jalousie mal placée qui avait pris naissance quand ils étaient tout jeunes, quand Néolina l’avait quitté la première…. Ou la seconde fois. Quand il avait compris que ses amis n’étaient pas que des amis et qu’il ne s’inscrivait pas dans cette mouvance. Alors que faisait-il à présent ? Il mimait ça pour la retrouver, cédait face au manque ? Ou il explorait simplement ce qu’il n’avait jusqu’alors jamais consenti à imaginer ? Dur à dire. Mais la difficulté restait là face à Gary. Sans raison, parce que dans le fond, personne n’y pouvait rien et certainement pas lui. Alors dire qu’il n’appréciait pas sa gueule, simplement parce qu’il était émotionnellement et physiquement trop proche de Néo ? Injuste. Immature. Maxence le savait. Mais dire qu’il était parfaitement zen face à ce mec… serait purement hypocrite.

Un souffle d’air entrait dans la pièce, aérant un peu son esprit brumeux.

« Désolé le réveil est difficile. Ça va ? »

Cessant de marcher au radar, raccrochant difficilement la réalité, Maxence allait attraper une tasse pour se servir un café plus que nécessaire.

« Il y a un truc à manger ? »

Salut, je m’invite, je n’habite pas ici.

Dim 6 Juin 2021 - 21:56

Dimanche 29 mai, en début d'après-midi

Depuis qu'il était revenu de sa petite escapade en Afrique, il était d'une humeur... plutôt bonne à vrai dire. Changer d'air pendant quelques jours lui avait fait du bien ainsi que de passer un peu de temps avec Esteban loin de toute la merde de Londres. Peut-être qu'elle était là la solution, se trouver des petits boulots dans les villes où bosserait Esteban au fil du temps... peut-être qu'elle était là la pire idée qui soit. Non ! Il avait conscience qu'il ne devait pas quitter tout ce qu'il avait construit, le peu de stabilité qu'il avait pour les beaux yeux de son prince charmant. Son lâche Prince ! Celui qui fuyait plus qu'autre chose, celui qui avait du mal à tenir des promesses ou des rendez-vous. Qu'est-ce qu'il pouvait l'insupporter parfois et pourtant la plupart des retrouvailles étaient vues comme une bénédiction pour Gatiss. Tant mieux, au moins en vivant loin de l'autre ça mettait un peu de piments dans leurs vies ! C'est comme qu'il avait vendu sa réponse à Hollens. Que c'était bien comme ils étaient, qu'ils pouvaient ainsi profiter de la vie... enfin profiter c'était un bien grand mot mais il était hors de question qu'il dise à l'autre à quel point il était encore accroc !

Il avait bossé une partie de la nuit et était revenu à minuit passé pour se coucher et s'endormir comme une masse. Il se réveilla à un peu plus de dix heures et se leva, la gueule enfarinée, pour passer directement à la douche. L'eau froide l'aider généralement à bien se réveiller notamment lorsqu'elle dégoulinait sur son imposante tignasse. Il finit de s'apprêter et se dirigea directement vers le salon pour allumer la console et continuer sa partie en solo, profitant de l'absence d'Esteban. Une heure plus tard, il décida enfin à lever son cul du canapé pour se faire un café, prendre un bout de brioche qui trainait pour manger le tout rapidement avant de se poser de nouveau sur le canap' mais cette fois avec son téléphone à la main. Combien de temps est-ce qu'il avait passé à regarder des vidéos débiles sur internet, des clips co, il ne savait pas mais il sursauta à un moment en attendant du bruit dans la cuisine. Bordel, c'était quoi encore ça ? Il vérifia qu'il avait sa baguette sur lui mais surtout alla prendre... un tisonnier comme arme au cas où ce soit vraiment un intrus. Il était encore un peu tôt pour que Neolina soit revenue et il n'avait absolument pas pensé que ça pouvait être donc Maxence qui était là. Arme à la main, il s'était donc dirigé jusqu'à la cuisine et en voyant la silhouette eut juste le temps de cacher le tisonnier derrière son dos tandis que Wargrave l'avait aperçu. Qui c'est qui a l'air con là de suite ? Et bien toi Gatiss ! Pas moyen de lâcher l'objet, le bruit en tombant au sol serait probablement encore pire.

« Hey.. salut. »
« B'jour Max'»

Comment ça, il ne pouvait pas l'appeler par un surnom ? Ca ne se faisait pas ? Franchement, Max c'était cool comme prénom ! Mais sa préoccupation principale c'était à présent d'arriver à poser le tisonnier l'air de rien sans que l'autre homme ne semble le remarquer... il ne se voyait pas expliquer sa paranoïa. A tous les coups l'autre allait croire qu'il risquait d'agresser Neolina... ce qui n'était pas vrai ! Jamais ! Bon, il n'avait pas l'air très réveillé le toubib, si bien qu'il allait peut-être arriver à faire quelque chose de discret... enfin discret façon Gary ce qui était quelque chose de relativement pas discret probablement.

« Désolé le réveil est difficile. Ça va ? »
« Ouais, et toi ? Boulot ou bringue pour avoir un réveil si difficile ?»

Probablement boulot, il le voyait vraiment trop comme un type sérieux pour aimer faire la fête. Il posa le tisonnier contre le mut pendant que l'aurre attraper une tasse. Ouh ! Avec un peu de chance il avait réussi sa mission !

« Il y a un truc à manger ? »
« Ouais Neo mais elle est partie.» dit-il un petit sourire amusé sur les lèvres. Déplacé ? Mais non ! C'était juste une petite blague. « Mais plus sérieusement tu demandes s'il y a à manger dans un lieu où vit Neolina ? Je crois que tu connais la réponse. Tu veux quoi exactement ?» ajouta-t-il en s'avançant vers l'autre homme. « Il reste de la brioche, on a aussi des cookies qu'elle a fait il y a quelques jours, et si t'es plus salé, ben les trucs habituels, bacon, œufs et compagnie !»

Bref, il y avait de quoi manger et à profusion !
Et devinez qui venait de tomber dans un fracas pas possible ? Et oui le tisonnier. Gary observa l'objet quelques instants en grimaçant légèrement avant de se retourner vers max en essayant d'avoir l'air « tout va bien c'est rien tout est normal ». Avec un peu de chance il n'y aurait pas de questions ainsi.

Mer 9 Juin 2021 - 8:49

Les effluves du café venaient chatouiller ses sens, l’éveillant en douceur quand la fraicheur de l’extérieur léchait la peau de son visage. Maxence se revoyait, la veille, se glisser contre celle qu’il n’avait jamais cessé d’aimer, l’un contre l’autre, ses lèvres glissant contre sa colonne vertébrale, la paume de sa main contre ses cotes, glissant jusqu’au creux de sa hanche, ses doigts posés contre le ventre relâché de la jeune femme endormie. Son bras s’y était enroulé et il s’était endormi là, le front dans ses cheveux, le nez contre sa nuque, les sens engourdis de sa présence, son odeur, sa chaleur. Et un petit sourire se dessinait sur ses lèvres tandis que l’eau percolait dans les grains de café, le liquide sombre coulant par gouttes dans la cafetière transparente.

Allez, on raccroche à la réalité Wargrave. Avec la présence de son colocataire ô combien apprécié de ton injuste personne.

« B'jour Max'»

Max ? Ah ouais, on en est là ?
Etrange cette relation, ce truc en sourdine dans sa poitrine et pourtant, le fait qu’ils se connaissaient plus ou moins, de loin, quinze ans plus tôt, n’aidait en rien. Pourtant d’un naturel amical, avenant, Maxence n’arrivait pas à aller vers lui, gardant sans cesse cette rancune, cette jalousie qui grinçait dans le fond de sa conscience. Celle du jeune homme blessé, sans doute, par une situation pour laquelle il n’y avait pourtant pas de coupables. Ils n’avaient pas la même vision de la vie, pas les mêmes besoins, il n’en avait jamais voulu à Néolina. Et pourtant, la douleur de ces ruptures s’était reportée sur ceux qu’elle fréquentait, qui restaient toujours autour d’elle. Ceux qui avaient finalement accès à ce qui lui était refusé, pas parce qu’il avait eu la faiblesse de l’aimer, mais simplement parce que la vie les faisait prendre des chemins différents. Alors non, cet agacement, cette jalousie, ils n’étaient pas justes. D’autant moins envers lui, à vrai dire, qui n’y pouvait pas grand-chose. Il faisait sa vie, elle en faisait partie, ce devrait être ok. Il était trop mature, trop adulte, trop réfléchi pour penser autrement.

Oui. Certes. Mais ça grinçait quand même.

Ainsi, ce que farfouillait Gatiss dans son dos, il ne l’avait pas intégré, encore un peu trop dans sa bulle ensommeillé pour ça. Ce qui n’avait d’ailleurs pas tardé à devenir le sujet.

« Ouais, et toi ? Boulot ou bringue pour avoir un réveil si difficile ?»

Ecrasant un nouveau bâillement, conscient d’être complètement décalé, Maxence faisait rouler son crâne et ses épaules, forçant la détente de ses muscles, comme si en se décontractant physiquement, il pouvait apaiser ce qui coinçait dans sa caboche. Nouvelle main dans les cheveux, un regard vers le café qui coulait toujours, une grimace endormie. Quelque part, il avait simplement l’air d’un gosse pas réveillé.

« Boulot. Quoi que la bringue, ça manque en ce moment. » Trop sérieux pour la situation. Beaucoup trop. Hey, il ne représentait plus l’état à présent ! Donc oui, ça manquait. « J’ai jamais fini mes études en médecine ni validé mon grade. Ça me manquait, donc une…. Amie ? Connaissance on va dire. Bref, elle est chirurgienne et me donne des cours à l’hosto. » Arrêtant un instant la cafetière pour se servir un fond de mug et boire une gorgée avant de remettre la cafetière. « Sauf que j’ai plus vingt ans je crois. »

Bien sûr, il ne parlerait pas de la Garde, c’était une évidence.
Plus pour entretenir la conversation, Maxence demandait ce qu’il y avait à manger, conscient que sans réponses… il ne se serait pas gêné pour plonger dans le frigo sans demander.

« Ouais Neo mais elle est partie.» Un rire amusé passait ses lèvres. Amusé…. Et un peu jaune tout de même. Un rire marqué, peut être un peu trop, qui se serait arrêté brusquement si Gary n’était pas là, d’ailleurs, bloqué dans une grimace agacée.

Arrête de faire l’enfant Maxence.
Non mais c’est drôle parce qu’il se l’ait faite et que je suis avec. Ha. Ha. Ha.
Tu manques d’humour parce que c’est lui ?
Oui. Lâche-moi, conscience de mes deux.
Ouh qu’il est mauvais !

« Mais plus sérieusement tu demandes s'il y a à manger dans un lieu où vit Neolina ? Je crois que tu connais la réponse. Tu veux quoi exactement ?» « Du manger. » Un petit rire, plus léger. L’air de dire ‘n’importe quoi, je boufferai ta mère si je pouvais. « Il reste de la brioche, on a aussi des cookies qu'elle a fait il y a quelques jours, et si t'es plus salé, ben les trucs habituels, bacon, œufs et compagnie !» « Sincèrement, j’ai pas mangé hier soir, la dernière fois que j’ai mangé c’était hier midi et un micro-sandwich de merde aux concombres. Qui fait ça ? Donc là j’ai envie de te dire : n’importe…. Quoi. »

Il s’était arrêté, le mug porté à ses lèvres, fronçant des sourcils en sursautant lorsque le tisonnier tombait dans un fracas brusque, violentant ses sens cotonneux.

« Ah put… » Tain.

Identifiant la source du problème, Maxence reposait sur Gatiss un regard sceptique, un sourcil relevé, un demi-sourire moqueur aux lèvres.

« J’t’ai fait peur peut-être ? »

Connaissant certains points du passé de son comparse, Maxence devinait aisément qu’il pouvait être sur ses gardes, tout comme il l’était lui-même… d’ailleurs brusquement plus éveillé.

« Question con… pourquoi pas la baguette ? »

Oui, non, parce que ton air de normalité feinte là, elle passe moyen, sache-le. Un coup d’œil à sa montre, Maxence enchaînait tout en cherchant ce qu’il pouvait manger dans le frigo (si frigo il y a, mais s’il y a une télé avec console, je suppose que oui). « Bon, il est quatorze heure, et j’ai la dalle. T’as mangé ? »

Déjà, il sortait un plat de lasagnes et allumait le four, plus détendu.

Sam 12 Juin 2021 - 19:48

Il se sentait franchement con d'avoir pu confondre Max avec un quelconque agresseur ; en plus en y réfléchissant qu'est-ce que ce mec aurait fait dans la cuisine (ou cette femme, après tout Azalea aurait pu venir lui faire un coucou même s'il doutait qu'elle franchirait la barrière magique) ? Certes, cela devait sentir bon les petits plats de Neolina mais quand même. Et du coup, voilà qu'il se trouvait face à l'homme avec qui son amie sortait et il se répétait d'être « gentil » ou du moins de ne pas dire de trop grosses conneries. Même s'il ne fraternisais pas forcément avec Wargrave, le but était qu'il y ait une entente cordiale et il n'était pas bien certain que ce soit le cas en ce moment. A vrai dire, il n'en savait trop rien, ils n'avaient jamais passé trop de temps en face à face tous les deux.
Il fallait peut-être profiter que le type soit à moitié endormi pour faire un peu plus connaissance, ceci dit, certains étaient tellement désagréables au réveil que ce n'était pas forcément une idée de génie ! Il avait donc décidé d'essayer de faire juste une conversation des plus basiques sans trop réfléchir plus que ça.

« Boulot. Quoi que la bringue, ça manque en ce moment. » Il aurait presque pu le parier. Dommage pour Neolina qui aurait sans doute bien aimer partager plus de moments festifs avec lui, ceci dit si elle s'épanouissait comme ça, il n'était personne pour juger, elle était grande, elle savait ce qu'elle faisait mais il était vraiment étonné du profil de Max. « J’ai jamais fini mes études en médecine ni validé mon grade. Ça me manquait, donc une…. Amie ? Connaissance on va dire. Bref, elle est chirurgienne et me donne des cours à l’hosto. » Gary avait un peu penché la tête sur le côté lorsqu'il avait entendu le mot amie puis connaissance, se demandant s'il ne voulait pas plutôt dire coup d'un soir et qu'il n'osait pas devant lui. On ne pouvait pas dire qu'il allait le juger sur ça, et Neo non plus. Peut-être était-ce juste une forme de timidité et ne pas vouloir dévoiler son/leur intimité ? Ah oui, on s'en fout au final, mais sa curiosité avait été piquée sur ce point-là. « Sauf que j’ai plus vingt ans je crois. »
« Tu étais allé jusqu'à quel niveau pour la médecine ? » demanda-t-il qui se voulait détacher mais au fond ressemblait plus à de la mélancolie qu'autre chose.

C'est probablement ce qu'il aurait été s'il n'y avait pas eu « tout ça » et aujourd'hui, même avec la meilleure volonté du monde, il ne se sentait pas de reprendre. Déjà par ce qu'un né-moldu là-bas pas sûr que les autres extrémistes apprécient, mais en plus il avait déjà du mal à se concentrer vraiment sur un jeu vidéo alors sur des cours... Peut-être qu'un jour son esprit serait plus apaisé, cicatrisé ça serait envisageable, mais là ça n'était pas possible. Il fallait aussi qu'il gagne un minimum d'argent, et puis allait droit vers un échec cuisant dans son état n'était pas quelque chose de très sain. Il en avait conscience et c'est bien pour ça qu'il avait pour l'instant abandonné cette idée. Il avait choisi une voie proche mais très simple d'accès pour lui.
Max voulait visiblement manger et il n'avait pas pu s'empêcher une blague douteuse qui était sortie plus vite qu'il ne l'aurait voulu. Faite qu'il ait un peu d'humour ce Wargrave, sinon, ça risquait vraiment de mal finir et il appréhendait un peu ça. On ne pouvait pas dire qu'il avait les limites « normales » ; et en plus sa notion de couple était également pas dans les normes sociétales si bien que les blagues n'étaient pas toujours très simples à sortir. Quelque chose qui aurait pu faire rire Esteban – et Klara- n'aurait pas le même impact sur Max qui semblait en plus beaucoup plus coincé que ses ex, ou même que Neolina, Margo & co. T'as merdé petit gars. L'autre homme avait eu un petit rire qu'il avait beaucoup de mal à définir, si bien qu'il avait essayé de vite reprendre plus « sérieusement » pour limiter la casse. Allez Gatis, on sort les rames !

« Du manger. » Cette réponse ne l'aidait pas beaucoup... il avait donc essayé d'aiguiller le garçon sur une réponse peut-être un peu plus précisé au moins savoir s'il avait plus envie de sucré ou de salé voire de sucré-salé.
« Sincèrement, j’ai pas mangé hier soir, la dernière fois que j’ai mangé c’était hier midi et un micro-sandwich de merde aux concombres. Qui fait ça ? Donc là j’ai envie de te dire : n’importe…. Quoi. »
Etonnant qu'elle ne t'ait pas trainé jusque dans la cuisine par l'oreille pour te faire manger quelque chose...

Ouais, par ce qu'elle l'avait déjà fait avec lui, ceci dit, on ne pouvait pas dire que Max était rachitique et il savait probablement mieux ce qu'il faisait que Gary qui parfois avait du mal à renouer avec certaines réalité suivant son état psychologique. Ceci dit, il avait quand même bien repris du poids. Il allait reprendre pour répondre un peu plus sérieusement lorsque soudain le tisonnier qu'il avait réussi à posé discrètement (oui un miracle) derrière lui était tombé (voilà pourquoi il avait réussi la première partie, il fallait bien que ça merde quelque part). Et si lui avait sursauté comme pas possible et essayait ensuite de feindre l’innocence, Wargrave avait eu une réaction beaucoup plus soft.

« Ah put… » Tu sais que es face à un adulte, tu peux aller jusqu'au bout du mot, ça ne choquera pas ses oreilles qui sont loin d'être chastes. Et voilà que l'autre aborrait un petit sourire en coin. « J’t’ai fait peur peut-être ? » Petit moue un peu contrarié, grimaçante. « Question con… pourquoi pas la baguette ? [….]Bon, il est quatorze heure, et j’ai la dalle. T’as mangé ? »» Sérieusement ? Ah oui, il ne savait peut-être pas tous les points de son passé et si pour lui c'était logique... ça ne l'était pas forcément pour tout le monde ; « La dernière fois que j'lai utilisé pour vraiment me défendre dans un combat j'ai tué cette personne involontairement. J'aimerai éviter que ça recommence même si ladite personne aurait peut-être voulu me faire la peau.» il haussa les épaules avant de continuer « Et je ne savais pas qui j'étais, ça aurait pu être aussi un ami qu'un ennemi, pas la peine d'avoir un geste malencontreux, ou un sort qui part par accident...»

Par ce que si Max, par exemple avait un geste brusque avant qu'il ne le reconnaisse qu'est-ce qu'il aurait pu faire avec sa baguette ? Il se serait probablement contrôlé, mais ce n'était pas sûr. Et il n'avait pas envie d'avoir de nouveau du sang sur ses mains. Surtout celui d'un innocent. Il avait déjà beaucoup de mal avec celle de Saïd qui était tout sauf innocent, alors quelqu'un comme Max ?! Non ! C'était impensable.

« Ouais, j'ai pris un peu de brioche tout à l'heure, mais je vais peut-être remangé un peu avec toi.»

Juste un peu. Il n'avait pas spécialement faim de toute manière, mais c'était juste pour trouver une excuse potable pour rester un peu avec Maxence. Donc... une conversation normale, voyons voir …

« Donc du coup, tu travailles beaucoup de nuit si j'ai bien compris ce que m'a dit Neolina la dernière fois ? Tu bosses aussi de jour ? Enfin tu vois, t'as des horaires qui changent ? »

Mer 23 Juin 2021 - 11:49

« Tu étais allé jusqu'à quel niveau pour la médecine ? »

La mélancolie qui perçait dans cette question griffait tout contre ses os, entrant en résonnance avec la sienne. Frustration contre frustration, sensation d’échec et d’abandon commune.

« J’avais quasiment fini. J’étais médicomage militaire. Mais continuer et valider mes grades, c’était approuver certaines décisions du gouvernement. Et je… ne pouvais pas faire ça. »

Il y avait dans ces mots, dans les faits abordés, une profonde tristesse, un manque évident. Et pourtant, s’il devait le refaire, il ferait sans doute ce choix bien plus tôt, ne serait pas aveuglé par les propos qu’on pouvait leur tenir à l’époque. Il avait à présent le recul nécessaire, connaissait la situation. Ça n’était pas le cas à l’époque. Alors s’il avait dit adieu à sa carrière, ça avait été par éthique, car ses valeurs étaient plus importantes pour lui qu’un papier validant ses connaissances et qu’une carrière au sein de la branche qui le définissait. Car oui, cette carrière le définissait. Elle le définissait toujours actuellement malgré tout. Et il ne s’en déferait pas. Médicomage, il l’était, par expérience plus que par validation officielle, mais il restait un homme qui centrait sa vie sur le fait de sauver des vies. Que ce soit au combat ou dans les plaies, il était et resterait cet homme, qu’importe ce que la vie lui adressait comme obstacles. Seulement par convictions. Et pourtant, cette blessure-là, elle restait vive. Tout autant que la culpabilité qui suintait des années après. Car les ordres du gouvernement, il les avait suivis trop longtemps déjà. Naïf, il avait écouté les justifications jusqu’à ce que sa limite soit atteinte et qu’il ne puisse plus continuer.

Qu’il choisisse, à vrai dire, consciemment, de tout stopper.

Pas vraiment un sujet particulièrement positif pour l’un comme pour l’autre, donc. Pas plus que la vie sexuelle de celle qu’il aimait depuis l’adolescence, d’ailleurs. Alors oui, Maxence calmait ce qui grinçait en lui, conscient qu’il n’était pas juste d’agir face à cet homme comme ses ressentis l’y poussaient. Il y avait là quelque chose de profondément ancré, une jalousie qui datait presque de l’enfance à présent, à ses yeux. Un truc dont les racines étaient profondes dans son âme. Injuste. Mais bien là. Alors il forçait la légèreté, conscient de l’hypocrisie dont il faisait preuve, espérant seulement qu’à force, ce truc arrêterait simplement de grincer. Il ne referait ni le passé, ni même les décisions actuelles. Néo ferait bien ce qu’elle voulait, et c’était ok. Pourtant, les ruptures passées semblaient toujours aussi vives face à l’un des hommes qu’elle avait favorisé à sa place bien des années auparavant.

Etonnant qu'elle ne t'ait pas trainé jusque dans la cuisine par l'oreille pour te faire manger quelque chose...
« Ah ça c’est clair. Mais le sommeil a gagné la partie cette nuit écoute. Pour elle comme pour moi. »

Il la sentait encore, s’agiter légèrement, s’éveillant à peine sous la couette quand il se glissait contre elle, l’entourait de ses bras, posant ses lèvres dans sa nuque. Ses paumes contre le grain de sa peau… Cette femme avait la capacité innée de le rendre dingue. Assez, sans doute, pour lui faire perdre son rationalisme légendaire. Conscient de ça, il allait à l’encontre de ses ressentis, se forçant à passer outre. Mais s’il était tendu, c’était le bruit d’un objet en métal qui l’avait finalement fait sursauter, le rendant à vif quelques secondes, réveillant définitivement son organisme fatigué.

Pour-quoi ?
Oui, Néolina lui avait raconté certaines choses, mais pas tout, quand ils s’étaient retrouvés pour la première fois au restaurant après des années d’absence. Cela dit, il n’avait pas toutes les informations pour faire les liens.
Et venait de se réveiller. Accessoirement.

« La dernière fois que j'lai utilisé pour vraiment me défendre dans un combat j'ai tué cette personne involontairement. J'aimerai éviter que ça recommence même si ladite personne aurait peut-être voulu me faire la peau.» Ah oui. Très bien. Voilà voilà. « Et je ne savais pas qui tu étais, ça aurait pu être aussi un ami qu'un ennemi, pas la peine d'avoir un geste malencontreux, ou un sort qui part par accident...»

Ou seulement ta colloc ou son mec. T’es trop stressé pour vivre en collocation mec.

« Et c’est tout à ton honneur de ne pas m’avoir latté pour un café. » Cafe late. Haha. « ça aurait été beaucoup trop violent pour un larcin aussi minime, sincèrement. » Le café en question, il en avalait quelques gorgées en se passant la main dans les cheveux qu’il ébouriffait de ses doigts plus qu’il ne les lissait. « Cette conversation est beaucoup trop sérieuse au réveil, je n’suis pas opé pour parler meurtres au réveil. » A vrai dire, tu as encore du sang sur la joue, chose que Gary n’a pas plus remarqué que toi d’ailleurs. Et vos vies sont beaucoup trop compliquées les gars, c’est phénoménal.

Pas qu’il s’en foutait, loin de là. Il adoptait seulement la même attitude nonchalante que son vis à vis. Et parce qu’en effet, l’esprit encore brumeux qu’il était n’avait pas grand-chose de pertinent à répondre à ça, alors autant ne pas s’engager dans cette discussion-là, si ?

« Ouais, j'ai pris un peu de brioche tout à l'heure, mais je vais peut-être remangé un peu avec toi.»

Voilà, personne n’a envie de s’embourber dans ce sujet. Très bien.

« ça marche ! »

Un plat de lasagne sorti et le four chauffait, donc. A vrai dire, il aurait bien augmenté sa température d’un coup de baguette mais celle-ci n’était pas tout près et il était pris d’une flemme locomotrice. Alors il se contentait de boire son café, espérant que la sensation de fatigue finisse par passer.

« Donc du coup, tu travailles beaucoup de nuit si j'ai bien compris ce que m'a dit Neolina la dernière fois ? Tu bosses aussi de jour ? Enfin tu vois, t'as des horaires qui changent ? »
« Hm, en fait pas tant que ça. Enfin pas au labo. Je fais souvent les quarts les moins prisés, donc je commence tôt ou je finis tard, mais plus ou moins toujours en journée. Par contre la médecine clandestine, là c’est plutôt la nuit. »Le fait d’avoir une enseignante vampire jouant légèrement là-dessus…

S’il avait prononcé le terme ‘clandestin’ avec humour, la réalité n’était pourtant pas si éloignée.

« Néo m’a dit que ça pourrait t’intéresser. Tu veux aller mater deux trois opérations ? Pour les cours, ça risque de ne pas être simple de la convaincre, vu le morceau, mais l’accès à l’observatoire, ça devrait se faire. La médecine me manque, la médicomagie encore plus, j’ai pas encore trouvé de parade, mais je sais que tu te destinais aux mêmes études, alors je me dis que ça peut te parler. Enfin à toi d’me dire ! »

Posant sa tasse, Maxence ouvrait le four et y plaçait son plat.

Dim 27 Juin 2021 - 9:00

« J’avais quasiment fini. J’étais médicomage militaire. Mais continuer et valider mes grades, c’était approuver certaines décisions du gouvernement. Et je… ne pouvais pas faire ça. »

Ah ouais. Au moins, lui avait pu presque aller jusqu'à la fin de ses études et c'était par « choix » qu'il avait arrêté. Choix qu'il ne pouvait que comprendre, et qu'il aurait peut-être fait dans la situation contraire. En attendant, lui s'était arrêté à peine à deux années d'études et la frustration était là. Bien présente, plus ou moins croissante suivant les moments, mais en même temps quel autre choix avait-il ? Ce n'est pas comme s'il pouvait recommencer quelque chose aujourd'hui. Environ dix années d'études, ça pique, déjà à 20 ans, mais à 30 encore plus. Et il y avait des capacités qu'il n'avait plus du tout, comme celle de vraiment arriver à se concentrer sur le long terme. Peut-être que dans quelques mois, dans quelques années lorsqu'il serait plus « stable », les choses seraient différentes, peut-être pas. Reprendre d'aussi imposantes études était donc quelque chose d'impossible pour ne pas dire d’inapproprié. Il n'empêche qu'il le regrettait amèrement.
Et il se rendit soudain compte qu'il n'avait absolument pas répondu à cela, un peu trop plongé, trop happé par ses propres démons.

« Je vois... C'est... courageux de ta part d'abandonner un rêve pour des convictions.»

Certains se seraient dit que ce n'était qu'un mauvais moment à passer. Qu'après tout irait mieux. Ou alors, les autres se foutaient des vies humaines. Tout était possible, mais c'était la seule phrase, aussi bateau qu'elle était qui lui venait en tête. Tu vois, lui, il a arrêté ses études pour une bonne raison, pas par ce qu'il a été assez con et maladroit pour envoyer un plafond sur la tronche de quelqu'un. Oui, c'était un accident. Un foutu et malencontreux accident qu'il regrettait encore aujourd'hui... mais quoi qu'en disent les hauts placés élitistes de ce pays, ça n'avait été que de la légitime défense. Comment ça, ce n'est pas le sujet ? Ah oui, on se concentre Gary. Maxence-Neolina. Focus sur la conversation. Il tenta donc de faire un peu d'humour par rapport à leur amie en commun qui avait cette idée de toujours bien vouloir nourrir les gens.

« Ah ça c’est clair. Mais le sommeil a gagné la partie cette nuit écoute. Pour elle comme pour moi. »
« Etonnant.»

Oui, il était étonné. Il se gratta un peu le menton songeur mais réussi à ne rien dire de plus qui aurait pu être mal interprété. Il devait savoir se tenir face à elle. Il devait absolument ne pas dire de trop grosse connerie ; il ne connaissait pas encore assez l'homme pour savoir quel était son humour ou même ses limites. C'est bien, il arrivait à se contenir parfois ce qui était déjà un grand progrès.
Et forcément, alors que ça se passait pas trop mal, il avait fallu que son tisonnier... tombe et qu'il se fasse ainsi repéré, qu'il soit obligé de lui fournir quelques... disons explications supplémentaires dont il n'était pas spécialement fier. Il savait que c'était con. Il savait que ça n'aurait probablement rien dû être. Mais le souvenir d'Azalea était un peu trop vif dans son esprit et c'était sans compter Aloysius qu'il ne sentait absolument pas, ou même la famille de Klara. Son ex petite amie avait très bien pu faire fuité où il habitait, ou avec qui. Le reste n'était que petite formalité.

« Et c’est tout à ton honneur de ne pas m’avoir latté pour un café. ça aurait été beaucoup trop violent pour un larcin aussi minime, sincèrement. » Pour seule réponse, Gatiss se passa une main gêné sur la nuque. « Cette conversation est beaucoup trop sérieuse au réveil, je n’suis pas opé pour parler meurtres au réveil. » Bref haussement d'épaules. C'était plutôt vrai tout ça. Il en avait conscience... mais déjà lui était loin du réveil et en plus il n'avait fait que répondre à la question posée, le pourquoi-du-comment. Néanmoins, il essaya de répliquer, joyeusement sur le ton de l'humour. « T'inquiètes, je t'aurais pas tué juste assommé... ou ptet pété un bras. Je sais pas trop.» Tu te serais surtout fais dégommer si ça avait été un ennemi, mon grand. Tu as conscience que c'est stupide ta réaction depuis tout à l'heure ? Oui. Parfait... et pourtant cela ne l'empêcherait probablement à recommencer à agir pareil une prochaine fois.

Du coup, on est vraiment en train de passer de la question du « meurtre » à la question de la bouffe ? Très bien. Parfait. Au moins, il n'est pas comme ça le seul à passer du coq à l'âne. Et puis la cuisine pour parler nourriture c'est, il est vrai, quand même le lieu idéal. Donc oui, il avait répondu tout naturellement dans une transition « normale » qu'il allait remangé avec son.... le copain de sa colloc.

« ça marche ! »

Il regarda Max mettre le plat à lasagne non oin d'eux tandis que le four chauffait. L'homme prenait son café.... tandis que lui cherchait ce qu'il pourrait bien réellement manger. Un café ? Ouais, c'était bien ça aussi ; même si c'était plus niveau hydratation qu'alimentation. Il s'était donc servi ledit café, un peu de brioche et avait recommencé à grignoter .
Bientôt, il avait posé des questions sur les horaires de Wargrave, ne sachant pas bien ce qu'il pourrait dire d'autres pour éviter un silence gênant.

« Hm, en fait pas tant que ça. Enfin pas au labo. Je fais souvent les quarts les moins prisés, donc je commence tôt ou je finis tard, mais plus ou moins toujours en journée. Par contre la médecine clandestine, là c’est plutôt la nuit. » Il pencha la tête sur le côté en se demandant comment il arrivait à faire son boulot plus un autre qui avait l'air tout aussi prenant. Il avait parfois déjà du mal à se concentrer toute une journée/demie journée suivant sa fatigue ; alors qu'il n'était pas à temps complet même si aujourd'hui ça allait quand même mieux qu'il y a quelques mois. Des mécanismes semblaient reprendre très doucement place. « Néo m’a dit que ça pourrait t’intéresser. Tu veux aller mater deux trois opérations ? Pour les cours, ça risque de ne pas être simple de la convaincre, vu le morceau, mais l’accès à l’observatoire, ça devrait se faire. La médecine me manque, la médicomagie encore plus, j’ai pas encore trouvé de parade, mais je sais que tu te destinais aux mêmes études, alors je me dis que ça peut te parler. Enfin à toi d’me dire ! »

Tandis que Maxence s'était levé pour mettre le plat au four, Gary lui avait buggué l'espace de quelques instants, tenant le bout de brioche juste au dessus de la tasse de café et il le regardait d'un air un peu ahuri. Vérifiant qu'il avait bien compris ce qu'il venait de dire. Hein ? C'était quoi cette proposition ? Est-ce que ça l'intéressait ? Bien sûr que oui... Est-ce qu'il se sentait capable d'enchaîner une double journée en quelque sorte, surtout avec ses horaires qui n'étaient jamais les mêmes, là c'était une autre question. La partie enthousiaste, lui soufflait qu'il devait foncer qu'il n'avait qu'une vie, la plus pragmatique lui disait qu'il valait mieux attendre d'être plus en forme ; qu'il avait déjà un « vrai » boulot et qu'il devait être en forme pour ce dernier, pas pour une lubie clandestine. Il se mordilla un peu la lèvre, luttant contre les deux parties, essayant de définir laquelle était la meilleure ? Laquelle devait-il écouter ? Finalement, c'est un sourire plus triste qu'autre chose qu'il avait fini par tiré, sincèrement touché par la proposition.

« Effectivement, je crois que ça me plairait beaucoup. Néanmoins, pour l'instant j'ai déjà du mal parfois à enquiller mes journées de boulot, je ne suis pas sûr de pouvoir être vraiment capable de pouvoir faire autre chose après. Après si un jour ça tombe sur un jour de repos, et que c'est possible, juste comme ça assez ponctuellement, ouais. Merci.» Mec, il t'a dit juste avant que de toute manière ça ne serait pas simple de la convaincre... donc que ça serait pour toi juste voir deux-trois opérations, pourquoi tu lui réponds ça ? « Enfin, ce que je veux dire ; c'est que ce n'est pas la peine d'essayer de la convaincre, cette personne, pour les cours ; même si ça serait très chouette. Je doute être encore en mesure de bien les suivre.»

Lun 5 Juil 2021 - 18:25

« Je vois... C'est... courageux de ta part d'abandonner un rêve pour des convictions.»
« Ouais, sans doute.. »

Il y avait de la lassitude dans cette réponse. Son métier lui manquait, bien sûr. Il avait cherché à compenser très vite, trouvant d’autres façons d’exercer ce qui était devenu sa vie depuis la seconde rupture avec Néolina. Perdre ce pour quoi on a dédié l’intégralité de sa vie n’est pas une mince affaire. Alors oui, il dépassait ça, agissait avec tout le détachement dont il était capable. L’après abandon n’avait pas été simple, mais Maxence avait toujours été homme à prendre du recul sur les choses, à développer le positif et à mettre le négatif de côté. Rompu à l’exercice, il n’en éprouvait pas moins une déception et une frustration violente. Au sortir de Poudlard, il lui semblait avoir simplement perdu tout ce qui comptait pour lui. De ses proches à la carrière à laquelle il avait dédié sa vie. Les chutes successives s’étaient terminées par un impact dévastateur. Et pourtant si la lassitude et la douleur perçaient le fond de ses prunelles, celles-ci ne cessaient de briller de malice. Comme un réflexe, une habitude de l’enfance, retracée au front puis à Poudlard. Et enfin ici. La perte de ses parents - les trois – la disparition de son frère, la fin d’un poste dans lequel il s’était finalement épanouis, l’accumulation des décès de jeunes dont il avait eu la charge et ses propres sensations d’échec… oh comme il y avait de pincements dans ces quelques mots. Des grincements. Non, des coups de lame. La fatigue était évidente, pourtant bientôt repoussée, envoyée au loin par sa manière de faire face : trouver un autre moyen d’avancer, de donner un sens au présent. Quitte à se changer lui-même, se remettre en question. Quitte à trouver son équilibre là où il ne l’aurait jamais imaginé. Alors oui, il était trop vieux pour ça. Des études de médecine clandestines à trente piges passées, mais quelle idée ! Mais voilà, ça, ça avait un sens. Bien plus que ses analyses à la con dans des machines qui faisaient tout le boulot. La Garde, ça avait un sens. Etre là, agir dans l’ombre, comme il l’avait toujours fait depuis ses premiers pas à Poudlard, ça avait un sens. Sa relation avec Néo, bien qu’étrange selon sa conception, ça avait un sens. Et il s’y accrochait clairement, presqu’avide de cette stabilité. Besoin de ses proches, besoin de son boulot. Alors non, il n’était pas collant, ne l’avait jamais été, d’autant moins qu’il était absorbé par ses activités. Pour autant, sa relation (re-)naissante avec Néolina était essentielle à son équilibre en cet instant. Comme d’autres, d’ailleurs, parfois sorties de nulle part. Fenella, Sanae. Des amitiés – parfois ambigües, ok – qui redonnaient de la normalité à son existence. Niall aussi d’ailleurs, contact essentiel via la Garde qu’il appréciait de part sa façon d’être et de travailler.

Et lui ? Ennemi non assumé de sa jeunesse. Sa souffrance, il la percevait, bien sûr. A propos de la médicomagie autant que de ce qui l’avait amené à devoir tirer un trait sur ses rêves. Que répondre à ça ? Exposer sa propre expérience, l’encourager, le rassurer ? Très égoïstement, il n’avait pas envie de s’engager là-dedans, de creuser une situation douloureuse auprès d’un type qui restait majoritairement un inconnu pour lui. Bien sûr, ils avaient parlé quelques fois autrefois, quelques fois à présent. Mais jamais plus que ça, une certaine distance imposée par la situation sans doute. Ou, pour être plus honnête, par une froideur jalouse de la part de Maxence. C’était toujours là, comme un bruit parasite dans sa tête, un truc qui empêcherait le monde de tourner rond. Pourtant, il passait outre, faisait du mieux qu’il pouvait, cherchait à s’intéresser à cet homme qui, jadis, avait été l’un des symboles de ce qui le blessait le plus.

Ridicule, au vue des plaies d’aujourd’hui. Et pourtant, c’était toujours là.

« Etonnant.»

Pourquoi, avec toi elle se réveillait pour manger autre chose ?
Ta gueule. Tu saoules.

Pensées parasites, je vous dis. Le pire étant qu’il ne s’agissait pas de son ressenti réel. Comme si l’ancien lui reprenait vie par moment et se faisait entendre. Alors que, même à l’époque, il savait que ces pensées n’étaient absolument pas justes ou acceptables. Pour autant, pas moyen de les faire taire. Alors on enchaîne, on fait comme si. On oublie. On enterre.

« T'inquiètes, je t'aurais pas tué juste assommé... ou ptet pété un bras. Je sais pas trop.»

Et on rit, réellement, sincèrement. Parce que c’est vraiment drôle et que, bordel, ces histoires n’ont aucun sens.
Parce qu’en réalité, Maxence était peiné de ce qu’il avait pu vivre, bien entendu. L’empathie était simplement … disons, un peu moins totale que d’ordinaire. Plus difficile à mettre en œuvre, également, à exprimer. Dépasser le passé, le mettre à terre pour s’en défaire.

« Oh, grand seigneur ! »

Tout en riant, Maxence s’inclinait bas, dans une révérence grotesque avant de l’inviter à partager son repas, notant son assentiment, et sortant le plat de lasagne pour le mettre au four qui chauffait. Ainsi, ils discutaient de son boulot actuel, dans une conversation d’une banalité étrangement rassurante.
Ayant toujours en tête ce que Néolina lui avait dit concernant Gary, Maxence en profitait pour glisser son invitation… et l’assumer, du coup ! Et tout en parlant, il observait d’un air sceptique son vis-à-vis se servir de brioche et la tremper dans son café.

« Effectivement, je crois que ça me plairait beaucoup. Néanmoins, pour l'instant j'ai déjà du mal parfois à enquiller mes journées de boulot, je ne suis pas sûr de pouvoir être vraiment capable de pouvoir faire autre chose après. Après si un jour ça tombe sur un jour de repos, et que c'est possible, juste comme ça assez ponctuellement, ouais. Merci.»

Considérant qu’il a essentiellement parlé de deux trois opérations à aller voir, oui ça serait ponctuel, oui…
Mais Gary reprenait avant que Maxence n’ait eu le temps de répondre.

« Enfin, ce que je veux dire ; c'est que ce n'est pas la peine d'essayer de la convaincre, cette personne, pour les cours ; même si ça serait très chouette. Je doute être encore en mesure de bien les suivre.»

Haussant les épaules avec légèreté, Maxence reprenait à sa suite.

« Je galère aussi si ça peut te rassurer. Mes neurones vieillissent, et elle, elle ne déconne pas côté attentes. Comme tu préfères, l’offre est posée, elle n’est pas à durée limitée, donc ça reste ouvert. » Et puis, il y mettait des nuances : « Enfin, si, c’est à durée limitée dans le sens où si madame ma prof décide de me lâcher, je ne risque plus de pouvoir proposer quoi que ce soit. A part mes propres modestes connaissances quoi. Tu me diras quels jours tu ne bosses pas et on verra pour s’organiser ça si ça te tente. Ça se passe bien le boulot d’ailleurs ? »

Terminant sa tasse, Maxence s’en servait une seconde tout en fixant Gary et sa brioche, puis le four, puis de nouveau Gary.

« Bon… du coup, t’es pas intéressé par les lasagnes finalement ? »

Il est plus de quatorze heures trente, tu me dis que tu as mangé quelques bouts de brioches ce matin. Je te propose de manger avec moi. Tu me dis oui. Je mets un plat au four…. Et tu sors des trucs à grignoter dans ton coin.
Je ne capte pas ce mec. Damnation.

Dim 11 Juil 2021 - 14:40

Il avait l'impression qu'encore une fois, il avait mis un peu les pieds dans le plats en lui montrant que c'était courageux d'abandonner un rêve... la réponse de Max le laissa un peu perplexe, dans un certain sens probablement un peu triste, par ce que l'autre semblait autant las que lui à ce sujet-là, pour ne pas dire en manque. Alors, ils pouvaient se comprendre, au moins un peu vu qu'ils n'étaient pas dans la même situation, lui n'avait fait qu'effleurer le début de ses études tandis que l'autre homme était allé bien plus loin. Non, ce n'était pas la peine de continuer à d'effleurer le sujet, si bien qu'il avait préféré ne pas répondre, tout simplement. Clore tout ça. Espérer que la déception, la lassitude qui avaient pris ses tripes allait bientôt s'arrêter tout en continuant à parler avec Maxence, à essayer de tenir une discussion tous les deux. Ce n'était pas bien difficile, mais disons qu'il trouvait l'autre garçon un peu trop sérieux et qu'il n'avait l'habitude et, ça avait tendance à le mettre mal à l'aise. Peut-être que là-dedans c'était aussi par ce qu'il sentait comme une retenue de l'autre type envers lui ? Mais pourquoi ? Peut-être tout simplement par ce qu'ils ne se connaissaient pas et qu'ils étaient si différents qu'ils avaient un peu, tous les deux l'impression de marcher sur des œufs. Oui, ça devait être tout simplement ça. Pour l'instant, il était loin d'imaginer que c'était plus à cause d'une jalousie sous-jacente qui prenait beaucoup d'ampleur. Gary était plus en mode, qu'il fallait apprendre à se connaître et que bientôt ça coulerait beaucoup plus de source, c'était normal au début de ne pas se sentir à l'aise face à des inconnus qui étaient importants pour quelqu'un à qui l'on tenait. Si l'on merdait cela pouvait avoir beaucoup plus de répercussion que s'il s'agissait d'un inconnu quelconque.

Et bientôt, Gary d'expliquer que même avec son arme, le but n'aurait pas été de le tuer, juste de l'assommer ou de lui casser quelque chose pour pouvoir le neutraliser. Il n'avait pas envie de tuer quelqu'un d'autre, il ne se rappelait que trop bien de la sensation de culpabilité, l'incompréhension d'abord de ce qui s'était passé sur un coup de pas de bol, puis la panique totale. Si les Supérieurs, les extrémistes s'en foutaient des vies humaines, lui non. Même s'il fallait l'avouer, la vie de ces connards lui importait peu, il préférait autant que possible ne pas commettre l'irréparable une deuxième fois. Le rire de Max éclata dans la pièce, il pencha dans la tête, mais ne le prit pas mal et se contenta d'un petit sourire amusé.

« Oh, grand seigneur ! »

Il ne s'était pas imaginé être si drôle en disant cette connerie – réelle-, pas au point de tirer un rire ou même la révérence que venait de lui faire l'autre homme.

«Fais attention, avec ce genre de gestes, je risque d'y prendre goût, si tu le fais à chaque fois que je sors une connerie. » plaisanta-t-il.

Bientôt Max l'avait invité à prendre un bout de repas avec lui, ce qu'il avait accepté et tandis que le plus âgé avait mis un plat de lasagnes au four, il s'était ressorti de la brioche et ils avaient embrayé avec le sujet du « boulot », si on peut dire ça comme ça. C'est à peine s'il avait remarqué sin air septique, son cerveau était déjà parti loin et réfléchissait à tout ça, s'imaginait mille et une choses et il dut se concentrer fortement pour arriver à répondre quelque chose qui se voulait pas trop enthousiaste, quelque chose de réaliste avec la vie de tous les jours, même si cela l'emmerdait profondément de se couper les ailes de cette manière, si on peut dire ça comme ça. Et si au début il s'était un poil emporté, il avait réussi très vite à se rattraper à être plis réaliste.

« Je galère aussi si ça peut te rassurer. Mes neurones vieillissent, et elle, elle ne déconne pas côté attentes. Comme tu préfères, l’offre est posée, elle n’est pas à durée limitée, donc ça reste ouvert. Enfin, si, c’est à durée limitée dans le sens où si madame ma prof décide de me lâcher, je ne risque plus de pouvoir proposer quoi que ce soit. A part mes propres modestes connaissances quoi. Tu me diras quels jours tu ne bosses pas et on verra pour s’organiser ça si ça te tente. Ça se passe bien le boulot d’ailleurs ? »

Il avait eu un petit rire lorsque l'autre lui avait dit que ses neurones vieillissaient. Oui, ils s'en rendaient probablement tous compte. Et effectivement, pour le reste il comprenait un peu plus pourquoi Max semblait « pressé » d'avoir une réponse. C'était par ce qu'il n'était pas certain de pouvoir pérenniser cette offre bien longtemps vu que ça ne dépendait pas de lui.

« Je suis sûr que malgré tes neurones vieillissant et plus âgé de quoi ? Un an ou deux de plus que les miens ; les tiens sont bien plus nombreux et performant.» dit-il d'un ton plus joyeux qu'il ne l'aurait du. Il préférait en plaisanter, après tout, on ne pourrait pas changer ce qu'il avait perdu pendant ces dernières années à Azkaban, alors bon ! « J'ai tous mes horaires sur un papier et sur mon téléphone aussi, on pourra essayer de regarder ça ! Ca sera sûrement le plus simple comme ça.» Il se tut quelques instants prêt à répondre sur son boulot « Ca se passe plutôt bien ! Ce n'est pas simple tous les jours mais disons que ça me plait bien !» ca restait quand même loin de ses ambitions premières, mais au moins, il avait trouvé quelque chose qui l'intéressait un minimum, c'était déjà mieux que rien. C'était même probablement beaucoup plus que beaucoup de gens.
« Bon… du coup, t’es pas intéressé par les lasagnes finalement ? »
« Ben si ?! J'avais juste plus envie de brioche pour commencer. Et quand ça sera chaud je prendrais juste un peu de lasagnes avec toi, mais pas beaucoup.»

Il était où le souci ? Surtout que l'autre ne lui avait-il pas juste demandé s'il avait mangé et qu'il avait répondu qu'il allait manger un peu avec lui, sans en dire plus. La politesse ou la logique voulait probablement que ce soit effectivement des lasagnes dont il causait ; mais pour lui c'était plus s'asseoir et que chacun mange ce qu'il voulait. Bref partager un moment ensemble, un repas. Combien de fois est-ce qu'il avait pris un repas « normal », tandis que Esteban prenait par exemple un petit déjeuner, ou bien l'inverse ; ou alors que les deux mangeaient des plats juste différents.

« Je pensais que le but c'était que l'on mange ensemble de base, pas forcément la même chose.» il haussa un peu les épaules avant de lui faire un bref sourire. « J'suis plus sucré que salé, du coup j'ai toujours plus eu tendance à grignoter ça.» tenta-t-il d'expliquer en se rendant compte que Max semblait peut-être un peu démuni par son comportement qui pour lui était juste un peu logique à ce moment-là. Bravo, même en bouffant il arrivait à gaffer. Bravo Gatiss.
Raclement de gorge. Changer de sujet, trouver quelque chose à dire, d'autres... N'importe quoi. « Bon et sinon... tu fais quoi ton reste de temps libre ?» et soudain, il lui sembla avoir déjà posé la question, sans en être certain et surtout sans se rappeler de la réponse. Pas le moindre embryon. Tu vas lui faire super bonne impression mon gars, t'as du failler à chacun des moments de votre entrevue.

Mer 4 Aoû 2021 - 12:43

Oui, il y avait de la lassitude dans ces mots, un fond de tristesse évident qu’ils partageaient tous deux. Un point commun, un rien de quelque chose de semblable qui les unissait à travers une banalité crasse : une carrière balancée aux oubliettes. Malheureusement pour chacun d’entre eux, la vie les avait amenés sur une voie qu’ils ne pouvaient contrer et la situation les empêchait de retrouver le chemin de ce métier qui les avait tant passionné. Un point commun qui n’avait rien à voir avec celle qui avait partagé leur lit et qui devrait les rapprocher, les amener vers une certaine compréhension mutuelle. Oui, certes, il y avait de la jalousie dans la caboche de l’ancien soldat, c’était un fait dont il n’arrivait pas à se défaire tout à fait. Il passait outre, mais c’était là, à continuer de grésiller comme un vieux néon. D’un naturel avenant, amical, sans aucun problème pour se lier aux autres, il fallait avouer qu’il bloquait auprès de ce type qu’il avait pas mal évité lorsqu’ils s’étaient croisés, des années auparavant. Il était l’un de ceux vers qui Néo avait décidé de se diriger. C’était comme ça, ça n’avait pas de caractère d’importance et voilà que pourtant, les vieilles querelles internes de jeune adulte surgissaient de nouveau. Ils s’étaient quittés en bon terme, comprenant tous deux que cette relation ne pouvait se poursuivre. Ils s’aimaient, certes, mais ça n’amènerait à rien puisque chacun avait des projets de vie différents et qu’ils étaient incompatibles. Tout avait semblé fluide à l’époque. Tout aurait dû être fluide. Ils étaient jeunes, certes, trop sans doute, mais avaient réagi en bonne intelligence, avec recul et maturité. Il n’y avait jamais eu de crise de jalousie et il n’y en aurait pas plus à présent. Mais peut-être avaient-ils été… trop mesurés justement. Peut-être avait-il trop bien accepté. Accepté de la voir se construire autrement, avec d’autres. Voir se construire la complicité, deviner ce qu’elle engendrait, voir les relations se nouer, se défaire, se refaire comme un vieux disque rayé. Et il était parti. Il avait déserté sa propre vie pour arriver au front. Un comble non ? S’il se penchait sur sa vie de l’époque, Maxence se rendait compte que la majorité de celle-ci tournait autour de Néolina, du moins tout ce qui ne concernait pas sa carrière. Ses amis, ses rêves, ses projets, son quotidien. Ça n’allait pas, avec le recul, il s’en rendait bien sûr compte. Alors il y avait eu dans cette rupture la sensation qu’il perdait autre chose… et surtout qu’il gagnait quelque chose d’affreux : la sensation que tous ceux qui gravitaient autour d’eux se mettaient à impacter sa vie d’une manière qu’il ne pouvait véritablement comprendre. Leurs amis en commun, il les avait perdus au fur et à mesure, si bien que son quotidien s’était peu à peu chargé d’étrangeté. Ça n’était la faute de personne et s’il fallait réellement pointer du doigt quelqu’un, Maxence savait parfaitement qu’il n’était pas exempt d’erreurs. C’était ainsi, jeunes gens, ils avaient essayé de faire les choses au mieux, s’en étaient bien sortis sur certains points, permettant de se séparer d’un commun accord sans ressentiments… mais sur d’autres, bien sûr, ils avaient fait des erreurs, comme n’importe qui. C’était bien là ce qui l’agaçait. Wargrave n’avait plus rien de l’homme de l’époque – ou si peu – et il s’étonnait de voir comme une part de lui restait accrochée à ses anciens ressentis, aussi peu légitimes soient-ils.

Alors il faisait ‘comme si’. Comme s’il n’y avait rien à grogner dans le fond de sa poitrine. Comme s’il était un être parfaitement sensé, jamais influencé par des émotions illusoires, utopistes ou aberrantes. Mais il était seulement humain, et oui, parfois il pouvait être irrationnel, comme n’importe qui. Alors l’ancien soldat faisait de son mieux pour passer outre, trop conscient que ça n’avait aucun sens. A force de feinter, il finirait par se lier à cet homme et les choses découleraient alors plus aisément. Une mauvaise étape à passer, voilà tout ce que c’était.

Et quand elle voudra aller avec quelqu’un d’autre, comment réagiras-tu ? L’opinion que tu affiches avec certitude n’est-elle qu’une simple publicité mensongère ? Ou l’as-tu acquise ?

Pour être honnête, Maxence n’aurait su trancher. Il faudrait attendre, voir, raisonner sans se voiler la face. Au moment opportun, il saurait. Mais en attendant, il n’en pouvait plus de cette façon de vivre, si étrangement déconnecté du présent. Il avait déjà trop perdu pour envisager de rester dans cette dynamique délétère. Ça grognait ? Et alors ?

«Fais attention, avec ce genre de gestes, je risque d'y prendre goût, si tu le fais à chaque fois que je sors une connerie. »

Un rire amusé passait de nouveau ses lèvres. Créer du lien. Retrouver la normalité et la légèreté qui étaient pourtant les siennes, y compris après le front. Parfois, dans la vie, il faut se contenter de ça pour se rappeler à quel point ces petites choses, si simples soient-elles sont importantes. Et pour créer du lien, il proposait à l’autre de l’accompagner pour observer quelques opérations une fois de temps en temps. Après tout, ils partageaient les mêmes passions et pouvaient se retrouver sur le sujet. Il suffisait de se donner une chance, voilà tout.

« Je suis sûr que malgré tes neurones vieillissant et plus âgé de quoi ? Un an ou deux de plus que les miens ; les tiens sont bien plus nombreux et performant.»
« Ouais, il me semblait qu’on avait plus ou moins le même âge oui. » C’était du moins ce qu’il avait déduis de la façon dont lui et Néo s’étaient rencontrés, du contexte général et des informations qu’il avait capté ci et là. Parfois, il lui semblait que Gary oubliait qu’ils s’étaient déjà croisés plusieurs fois, comme s’il oubliait sa présence. Pas assez remarquable le garçon ? Un indice évident de ce qu’il vivait à l’époque. Lui, le joyeux luron, le comique de la bande lors de l’enfance… s’était manifestement mis en retrait vis-à-vis de Néolina et de ses proches à la rupture, perdant au fur et à mesure contact avec cette vie dans laquelle il ne trouvait plus de place. Direction le front, sa carrière… et l’échec annoncé qu’elle était devenue.

Enfin bref : est-ce qu’il avait des capacités intellectuelles supérieures à celles de Gary ? Il n’avait pas passé plusieurs années à dépérir dans une cellule, gardant bien au contraire l’intellect actif. Urgemment actif, même. Alors oui, cette activité devait faciliter les choses et il n’irait pas remettre en question la légitimité de telles réflexions… car il se doutait qu’il y avait en amont une souffrance sourde que Gary n’exprimait qu’à peine.

« J'ai tous mes horaires sur un papier et sur mon téléphone aussi, on pourra essayer de regarder ça ! Ca sera sûrement le plus simple comme ça.»
« Ouais, totalement ! J’envisageais même presque de te proposer ça ce soir à vrai dire. Mais t’es sans doute pas libre. » Il lui semblait au vu de ses nombreuses questions qu’il n’était pas si doué que ça pour déclencher les choses au débotté. « On regardera ça tout à l’heure si tu veux, histoire de se caler une date. » Il l’avait vu, cet éclat dans ses yeux, bien rapidement effacé par une certaine dose de pragmatisme : Gary avait envie de ces expériences, de renouer avec ses anciennes passions. Mais le pas n’était pas si simple, trop engloutis par son quotidien et ses barrières.
« Ca se passe plutôt bien ! Ce n'est pas simple tous les jours mais disons que ça me plait bien !»
« C’est top ! Tu reçois les appels d’urgence et réagit en conséquence de la situation, c’est bien ça ? » Car non, ils ne parlaient pas tous les jours de Gary avec Néolina.

Préparant le repas, Maxence était resté con à voir Gary se mettre à table sans l’attendre, décidant manifestement qu’il n’avait plus tant envie de partager un plat avec Maxence qui l’observa un instant en silence, adossé au plan de travail… avant de lui faire la remarque d’un ton léger et surpris. Décontenancé.

« Ben si ?! J'avais juste plus envie de brioche pour commencer. Et quand ça sera chaud je prendrais juste un peu de lasagnes avec toi, mais pas beaucoup.»
« Okay. Comme tu veux. »

Si ça te fait plaisir, mec. Etrange, mais ok. Oulah, pas le genre à se prendre la tête pour un truc aussi con, le Max… pour autant, ce genre de comportements lui échappait.

« Je pensais que le but c'était que l'on mange ensemble de base, pas forcément la même chose.» C’est donc tout à fait logiquement que je t’ai proposé ça en te désignant le plat de lasagne et que tu te mets à manger alors que je ne manges pas. Hm. Ouais. Ok. On se comprend pas, on ne vit pas avec les mêmes codes, ça n’a rien de grave. Gary haussait des épaules avec un petit sourire avant de continuer. « J'suis plus sucré que salé, du coup j'ai toujours plus eu tendance à grignoter ça.»
Lâchant un léger rire un peu gêné, Maxence posait sa tasse de café devant Gary avant de répliquer : « C’est bon, pas besoin de te justifier pendant cent sept ans, ça n’a rien de grave, ça m’a surpris c’est tout. Kiffe ta brioche je t’en prie. »

Gary se raclait la gorge, avalant une nouvelle bouchée, avant de rajouter, changeant radicalement de sujet.

« Bon et sinon... tu fais quoi ton reste de temps libre ?»

On a déjà parlé de ça non ?
Se sortant un verre d’eau, Maxence se laissait tomber sur sa chaise - face à son comparse du jour - avant de boire une gorgée puis de prendre de nouveau sa tasse de café entre ses mains.
« Oh tu sais pas grand-chose. Entre le boulot, la médecine en douce à l’hôpital ou à la fac selon les moments, le temps passé avec ma colloc et celui avec Néo… mes journées sont déjà bien remplies. Mes nuits aussi cela dit. C’est pas extensible ces bêtes-là. Cela dit j’envisage de me remettre à faire d’autres activités, du type moins intellectuelles pour une fois, histoire de retrouver mes habitudes. Et toi, tes journées ? »

Et on ne parlera pas des activités auprès de la Garde, évidemment. Et s’il parlait de la médecine clandestine, c’était aussi une excuse pour justifier son emploi du temps chargé, évidemment.
Et pitié, Néo, rentre, on tourne en rond…

Dim 8 Aoû 2021 - 8:50

Il essayait de trouver un sens à la conversation mais ce n'était pas quelque chose de simple. Il avait l'impression que ce racontait aussi l'un que l'autre – à part le moment sur la médecine- était vide et sans intérêt comme s'il y avait un énorme fossé entre les deux qui avait dû se creuser au fur et à mesure du temps. Mais bon, ils finiraient par trouver un semblant de point commun ou même de quoi discuter de façon plus fluide, la première fois, surtout que Wargrave devait encore avoir la tête dans le cul, ce n'était jamais très simple.

« Ouais, il me semblait qu’on avait plus ou moins le même âge oui. »
« C'est ça, à quelque chose près, à vrai dire ce n'est jamais le truc qui m'intéresse vraiment, c'est juste un nombre qui ne veut pas dire quelque chose.» Il haussa un peu les épaules avant de reprendre «Mais bon certains gamins sont bien plus mûrs que des adultes, ce n'est pas un truc que je juge de très fiable. C'est juste pour définir combien d'années on a au compteur et que chaque année, on puisse le fêter.»

Gary, on ne t'a pas demandé de développer cette idée totalement inintéressante dont on se fout totalement. Heureusement, il s'était rendu compte qu'il devait s'arrêter là, sinon il aurait été capable de continuer à parler de ça pour encore au moins quelques phrases qui auraient en plus était plus ou moins redondantes. Et s'il continuait de jouer avec certaines certitudes en disant ça du ton de l'humour, c'était bien plus compliqué que ça. Mais il devait essayer de ne pas transformer chaque phrase en drame, il essayait la technique de tout dédramatiser un maximum tout, de se dire que ce n'était que le passé et qu'il avait quand même la chance d'avoir un foutu ; que même s'il avait beaucoup perdu : il était toujours en vie, il avait toujours des amis. Certes, son métier rêvé était juste derrière lui, sans compter son petit couple... mais il pouvait encore faire des choses... Pas grand chose vu l'état de sa mémoire et de cette impression qu'il avait perdu certaines capacités qui avant étaient plus fortement développés : en même temps entre l'enfermement de six ans, puis actuellement les cachetons qu'il avalait pour l'aider à reprendre le dessus sur la dépression et compagnie c'était normal. Il en avait totalement conscience, mais il n'empêchait pas que cela faisait gronder de frustration, de mal-être quelque chose en lui. Il devait aussi faire le deuil sur ça, mais tout comme pour certaines choses, il avait du mal et essayait de s'accrocher encore et encore. Si sa carrière de médecine, il avait pu la lâcher ; se dire qu'il oubliait en permanence de petites choses, sans savoir quoi avait le don de l'agacer... mais là encore ce n'était pas le sujet. C'était à lui, et à lui seul, de trouver les solutions. Et il voulait s'en sortir. Il le ferait, juste dans un temps qui serait plus long que ce qu'il aurait voulu. Patience, patience.

Alors oui, quand Max avait proposé tout ça, pour aller voir comment ça se passait son « boulot », il avait été ravi, mais il devait se mettre des barrières aussi. Outre le fait qu'il fallait trouver un créneau de libre, est-ce qu'il ne fallait pas aussi qu'il fasse attention à ce que cela pouvait remonter ? Hey mec, c'était juste regarder ça comme ça. Rien de plus. Peut-être qu'il y aurait de l'envie, mais qu'est-ce qu'il pouvait il y avoir d'autres ? Main dans les cheveux pour secouer un peu sa touffe. « Ouais, j'vais aller le chercher. » Le portable, pour voir quels horaires il avait ce mois-ci, c'était un peu son sésame, sa deuxième mémoire pour les rendez-vous et choses importantes. Quant à son propre boulot ...
« C’est top ! Tu reçois les appels d’urgence et réagit en conséquence de la situation, c’est bien ça ? »
« Ouais, c'est ça et on l'envoie au service concerné ; parfois on conseille la personne au bout du fil le temps que les secours arrivent, ou suivant la conversation, ce qui se passe. Comme elles sont enregistrées... en cas d'agression ou autres, ça peut permettre à la victime d'avoir une preuve, pour nous de pouvoir aiguiller secours ou police sur ce qui se passe, et comme dit si la personne peut parler, avoir le téléphone sur l'oreille. Rassurer et conseiller ; Mais ce n'est pas ce qu'on fait le plus non plus. C'est beaucoup plus des choses routinières, plus.... je peux pas dire calme non plus. Plus basiques, peut-être.»

Il haussa un peu les épaules avant de lui faire un sourire et la conversation qui suivit, l'avait un peu surpris. Tout comme l'était visiblement Max qui avait proposé de manger un bout ensemble. Gatiss essaya donc de s'expliquer rapidement.

« C’est bon, pas besoin de te justifier pendant cent sept ans, ça n’a rien de grave, ça m’a surpris c’est tout. Kiffe ta brioche je t’en prie. »

C'est bien ce qu'il comptait faire et d'ailleurs il avait continué à la grignoter, avant d'essayer une nouvelle question. Il ne savait plus trop où ils en étaient de la conversation, mais il avait entendu parler beaucoup de boulot -qui avaient l'air plus ou moins officiels- et pas de loisir, il tenta donc une question, sans être certain qu'il ne l'avait pas déjà tentée.

« Oh tu sais pas grand-chose. Entre le boulot, la médecine en douce à l’hôpital ou à la fac selon les moments, le temps passé avec ma colloc et celui avec Néo… mes journées sont déjà bien remplies. Mes nuits aussi cela dit. C’est pas extensible ces bêtes-là. Cela dit j’envisage de me remettre à faire d’autres activités, du type moins intellectuelles pour une fois, histoire de retrouver mes habitudes. Et toi, tes journées ? »
« Quel genre d'activités ?» Oui, Monsieur était curieux et essayait de s'intéressait. « Sincèrement ? Je glande pas mal. Je... joue un peu à des jeux, notamment avec Esteban lorsqu'on arrive à se capter des tranches horaires communes. Un peu de lecture, et j'essaye de sortir régulièrement ; seul ou avec des amis.»

Bon, bon, bon. Il avait posé toutes ses questions en stock, et il n'y avait plus qu'à espérer que Neolina arrive ou que Max arrive rebondir sur quelque chose. C'était fou, ça quand même pourquoi est-ce qu'ils n'arrivaient à dialoguer correctement ?Même si avec Sanae par exemple, il ne se posait pas ce genre de questions, pour prendre quelqu'un qu'il connaissait moins que Margo ou même que Neo. Il hésita un peu avant finalement se décider.

« Je fais un truc mal ? J'veux dire dans la conversation qu'elle soit si peu fluide ?»

C'était une réelle question, où il se remettait en question, sans se rendre compte que Max pouvait aussi se sentir totalement visé et qu'il y avait peut-être là quelque chose d'un peu blessant. Après tout, s'ils devaient se croiser souvent, il voulait que les choses se passent au mieux et s'il avait des conseils pour mieux l'aborder et tout, ça ne serait pas de refus.
C'est à ce moment-là que Neo choisit de revenir ! Miracle ! Son sourire s'agrandit lorsqu'il vit son amie arriver vers eux. Elle les salua avant d'aller embrasser Max. Il hésita quelques instants à se lever pour les laisser en tête à tête, il n'était pas sûr que l'homme comprendrait alors qu'il avait dit oui manger ensemble... Hampton s'était ensuite dirigée lui pour lui passer amicalement une main dans les cheveux le décoiffant encore plus qu'il n'était.

«Bon alors vous faisiez quoi avant que j'arrive ? » elle s'était tournée vers Max avant de lui souffler. « T'as réussi à récupérer un peu, t'as l'air encore HS ?»

Lun 23 Aoû 2021 - 12:46

« C'est ça, à quelque chose près, à vrai dire ce n'est jamais le truc qui m'intéresse vraiment, c'est juste un nombre qui ne veut pas dire quelque chose…. Mais bon certains gamins sont bien plus mûrs que des adultes, ce n'est pas un truc que je juge de très fiable. C'est juste pour définir combien d'années on a au compteur et que chaque année, on puisse le fêter.»

Hein hein… cool. Je t’ai pas demandé de dissert’ sur le sujet mais cool…
Pourquoi faisait-il ça ? Se retrancher derrière des sujets qu’il évoquait lui-même, envisageant un traité philosophique sur une chose que personne n’avait soulevé, dans lesquels il s’engageait seul comme pour avoir une bonne raison de s’entendre parler ? Oh comme Maxence sentait que l’acidité de leur passé rendait plus âpre ses pensées et ses ressentis. Il aurait dû laisser couler, noter l’étrangeté tout au plus ; passer au dessus, plus probablement. L’ex soldat aurait aimé qu’il largue seulement sa satanée brioche et qu’ils aillent s’occuper de leur passion commune, là tout de suite. Qu’il ne cherche pas à planifier quarante trucs, à contrôler ce qu’il proposait, qu’il arrête de refuser la seule part d’eux qui pouvait les rapprocher, l’aider à passer outre ces images glaçantes qu’il cultivait depuis dix ans. Il aurait aimé qu’il ne repousse pas ses tentatives, qu’ils puissent se plonger avec facilité dans une conversation qui aurait pu les fasciner tous deux. Après tout, il y avait dans leur passé des meurtrissures communes qui auraient dû les aider à se comprendre, à s’entendre. Ils auraient pu partager cette chose simple qui défini une passion. Il n’y avait dans cette main tendue aucune idée de le plonger dans des études ou une quelconque envie de montrer qu’il avait plus de capacités cognitives que lui… seulement un moyen de créer du lien, de la proximité. D’enterrer le passé et de se retrouver sur autre chose. Un truc qui n’impliquerait pas Néolina. Ça lui ferait plaisir, avait-elle dit… et pourtant, ça n’était pas ce qu’il avait perçu chez Gary, bien au contraire. Il semblait l’avoir blessé, frustré, meurtri peut-être. Dans tous les cas, ça n’avait fait qu’amener de hautes réflexions sur ce qu’il avait perdu, ce qu’il pouvait ou ne pouvait pas faire… et rien d’autre. Conversation de la gêne bonjour. Alors oui, il se rabattait sur des sujets à la con, creusant un peu au hasard ce qu’il pouvait bien développer, espérant trouver une aspérité à laquelle se raccrocher pour développer un échange plus fluide. Mais rien n’y faisait, tout était forcé.

« Ouais, c'est ça et on l'envoie au service concerné ; parfois on conseille la personne au bout du fil le temps que les secours arrivent, ou suivant la conversation, ce qui se passe. Comme elles sont enregistrées... en cas d'agression ou autres, ça peut permettre à la victime d'avoir une preuve, pour nous de pouvoir aiguiller secours ou police sur ce qui se passe, et comme dit si la personne peut parler, avoir le téléphone sur l'oreille. Rassurer et conseiller ; Mais ce n'est pas ce qu'on fait le plus non plus. C'est beaucoup plus des choses routinières, plus.... je ‘peux pas dire calme non plus. Plus basiques, peut-être.»
« Cool ! Ça semble intéressant comme taff. Pas simple de gérer avec les émotions des gens dans l’urgence quand c’est bien le cas. » Voilà voilà.
La vérité ? Il imaginait bien, oui, étant du milieu et relativement conscient des autres métiers environnant ce domaine. « C’est peut-être ce que je devrais faire, plutôt que de m’emmerder à faire des tests à la con en labo.. » Un petit sourire amusé, une tentative de relier ce qui semblait ne pas vouloir accrocher. La réalité, c’était que l’un comme l’autre, ces métiers l’épuisaient d’avance. Maxence était un homme de terrain, avait besoin de ses shoots d’adrénaline, aimait être au cœur de la crise.
Bon, hein, voilà. La suite ? Allez, nouveau sujet creux au possible, et avec le sourire les gars !

« Quel genre d'activités ? » « Oh tu sais, j’étais dans l’armée pendant un temps. J’ai passé des phases un peu merdiques ces derniers temps, donc me remettre à bouger, ça devrait me faire du bien. J’en sais rien, du cross-fit, ce genre de trucs. Faut encore que je fouille le sujet et que je vois ce qu’il y a dans le coin. » Qu’il trouve le temps, également. Car la réalité, c’était qu’il courrait déjà, mais entre différents métiers plus ou moins officiels.
« ... Sincèrement ? Je glande pas mal. Je... joue un peu à des jeux, notamment avec Esteban lorsqu'on arrive à se capter des tranches horaires communes. Un peu de lecture, et j'essaye de sortir régulièrement ; seul ou avec des amis.» Mon dieu que c’est bateau, tirez-moi une balle…
« Rien de mieux que le classique, donc. Esteban, c’est ton ex c’est bien ça ? »

Celui avec qui ça a merdé sévère…. Es-tu sûr de vouloir poser cette question et de prendre le risque évident d’entrer dans la zone de la dissertation psychiatrique d’une vie déglinguée ? Non parce qu’il pouvait jouer à ce jeu-là lui aussi.
Oh bordel, mec, fais un effort !

« Je fais un truc mal ? J'veux dire dans la conversation qu'elle soit si peu fluide ?»

Eh merde.

La question avait tonné dans l’air comme un éclair étouffé qui le prenait pourtant de cours alors qu’il sortait le plat de lasagnes, manquant de le faire tomber. Lâchant un juron tout en se rattrapant, l’ancien infirmier de Poudlard avait réussi à le déposer sur la table en lâchant un petit soupir de soulagement.. avant de redresser le regard sur celui qui mettait clairement les pieds dans le plat.

« Euh, nan, je.. »

Trop tard. Un bruit à sa droite ; la porte s’ouvrait pour laisser passer Néolina qui se débarrassait de sa veste avant de les rejoindre un grand sourire aux lèvres. Voyait-elle que celui qui se dessinait sur celles des deux garçons avait quelque de profondément soulagé ? Les saluant tous deux, elle le rejoignait pour déposer un baiser sur ses lèvres. Glissant ses doigts sur sa nuque, il la retenait une seconde, savourait ce contact simple, d’une normalité nécessaire. Ou peut-être la retenait-il de peur qu’elle aille vers lui ?
Chose qui n’avait pas tardé à arriver, glissant une main dans ses cheveux pour les ébouriffer. Et oui, sa respiration se fit plus profonde l’espace d’une fraction de seconde, s’arrêtant presque avant de reprendre, tout naturellement.

Il faut que tu te débarrasse de ça, vraiment. Sale impression. Injuste et lourde qui n’a rien à foutre là et vous bouffe tous sans raison.

«Bon alors vous faisiez quoi avant que j'arrive ? »
« On discutait. » Un petit sourire vers elle, un regard vers Gary. Du moins on essayait.
« T'as réussi à récupérer un peu, t'as l'air encore HS ?»
« Ouais, j’ai dormi, mais sans doute pas assez. J’suis un peu décalqué. »

Il avait toujours décelé son envie de liberté, d’aller vers d’autres, de se sentir libre et non enchaînée à qui ou quoi que ce soit, au point qu’il ne l’imaginait pas trouver d’emploi fixe l’amenant à rester dans une région spécifique. Au Ministère, elle pouvait être amenée à voyager, à changer de postes, sans doute était-ce le minimum dont elle avait besoin pour sentir ses besoins respectés. Et sans doute était-ce ce qui provoquait cette jalousie déplacée à présent. Autrefois, il s’attendait à la voir s’enfuir loin de lui, et c’était ce qu’elle avait fait. Pas de tromperie, de mensonges, mais l’inquiétude restait. Pourtant en acceptant qu’elle le puisse, qu’il y ait ce nouvel équilibre entre eux, il pensait pallier à ces anciennes craintes… mais la rancœur restait là comme un sale arrière goût dans le fond de sa gorge.

Or leur couple ne pourrait survivre face à cette merde qu’il combattait pourtant réellement. Ce truc illogique quand il se sentait pourtant bien plus apaisé quand à d’autres personnes plus actuelles. Sans doute parce qu’elles étaient encore hypothétiques… ou seulement parce qu’il s’était blindé, refusant de projeter des illusions qui étaient les siennes, trop éloignées de la réalité pour correspondre à Néolina. Trop éloigné de sa réalité, autant que celle de la jeune femme. Ces sensations idiotes et amères n’existaient pas tant que Gary ou d’autres figures du passé n’étaient plus dans le coin, preuves s’il en fallait que le problème venait du passé et non des promesses du présent.

Idiot. Va falloir dépasser ça. Vraiment.

Sa main se posait un instant sur son avant-bras pour attirer son attention autant que parce que le contact chaud de sa peau lui manquait et que, soudainement fatigué de la journée de la veille et de cette conversation, Maxence n’avait qu’une envie : s’y réfugier et cesser de penser.

« T’as mangé ? On envisageait les lasagnes… enfin envisager, elles sont déjà chaudes, donc c’est un peu tard pour changer d’option quoi. »

Ses doigts ripaient encore un instant sur son épiderme avant de s’en détourner, lui servant un verre d’eau. Besoin de bouger, le Max. Devait-il répondre à Gary à présent ? Clairement pas, sous peine de déclencher une débâcle qu’il n’avait aucune envie d’affronter : ça devrait attendre. Demain. La semaine prochaine. Dans dix ans, le temps qu’il encaisse et arrête de jouer au con, peut être.

« Alors ta journée ? »

Le ton résolument plus léger que les pensées.

Mer 25 Aoû 2021 - 16:53

Ils avaient quand même fini par faire une discussion qui ressemblait plus ou moins à quelque chose, c'était très laborieux pour Gary qui d'habitude n'avait pas ce mal et il se demandait vraiment comment ça se faisait. Pourtant Maxence était un bon gars, ça se voyait aussi bien sur sa tête que dans son comportement mais peut-être qu'il voyait quelqu'un de trop coincé. Qu'il avait un à priori à ce sujet-là – faux, peut-être-, et qu'il n'osait pas se lâcher... Ou alors peut-être aussi que c'était dû à son lien avec Neolina. Il y avait aussi le fait qu'il se sentait un peu moins à l'aise qu'avant avec toutes ces conventions sociales, comment bien faire les discussions.

Voilà donc un Gary qui essayait d'expliquer son métier, en quoi ça pouvait être aussi passionnant que vaste, compliqué aussi... c'était loin d'être un métier rêvé, mais au moins il se sentait utile, assez bien dans cet univers qui lui plaisait.

« Cool ! Ça semble intéressant comme taff. Pas simple de gérer avec les émotions des gens dans l’urgence quand c’est bien le cas. » Ouais, c'était ça, et surtout arriver à différencier la vérité de ce qu'ils pouvaient inventer ou croire. Des hypothèses qu'ils pouvaient formuler par la peur. « C’est peut-être ce que je devrais faire, plutôt que de m’emmerder à faire des tests à la con en labo.. »

Cette fois Gary eut un sourire sincèrement amusé. Possible que ça lui plaise. De toute façon les deux métiers n'avaient pas des horaires franchement simples, ils étaient épuisants alors bon !

« Si t'es intéressé, tu peux toujours postuler, avec ton CV tu arriveras avec une haie d'honneur j'suis sûr. Après... j'le vends comme ça, par ce que je le vois comme ça, certains de mes collègues ne seraient pas forcément d'accord avec moi. Je ne voudrai pas que tu penses à t'embarquer là-dedans par ce que j'ai une vision spécifique.» On se calme Gatiss ! Il n'avait pas dit qu'il allait le faire, mais que ça pourrait être sympa. « Mais tu serais mieux sur le terrain, non ? Tu veux pas tenter d'être secouriste ou pompier ? J'pense qu'avec ton cursus, ça ne poserait pas de souci pour le premier ; puis pour le second... tu sais déjà gérer des situations extrêmes....»

Oui, il voyait Max comme quelqu'un allant sur le terrain, peut-être par ce que c'était un ancien soldat, peut-être par ce qu'il dégageait quelque chose dans ce sens. Difficile à dire exactement. Et de nouveau la conversation avait été compliquée, parlant à présent de leurs activités hors boulot. Ouais, donc Wargrave avait la bougeotte. Encore heureux, il ne lui avait pas proposé de venir faire du cross-fit avec lui, par ce que là Gatiss était certain qu'il serait revenu à moitié mort en toussant ses poumons. Il avait retrouvé un peu de tonicité, mais ce n'était pas encore ça.

« Je pense que dans un mois ou deux avec la rentrée tout ça, on devrait avoir pas mal de brochures... mais bon ça te fait attendre quand même un bon moment.»

Sa vie à lui était encore moins intéressante... c'est pour dire !

« Rien de mieux que le classique, donc. Esteban, c’est ton ex c’est bien ça ? »
« C'est surtout mon meilleur ami, mais oui, c'est lui également !»

Voilà, c'est bien comme ça, pas trop de précisions, ça ne servait à rien, ce n'était probablement pas quelque chose qui intéressait réellement son interlocuteur alors il devait se calmer sur le sujet. Quelques mots simples pour ne pas en dire trop. De toute façon, possible que Neolina ait dépeint Esteban et leur relation en long en large et en travers... alors bon, il n'allait pas lui imposer de nouveau ça.
Le plat avait été déposé sur la table par Max tandis que l'autre avait essayé une nouvelle question... encore une fois spéciale. Ce n'était pas le genre que l'on disait en temps habituel mais il n'avait pas pu s'en empêcher.

« Euh, nan, je.. »

Bruit de porte. Bon ben, il n'aurait pas la réponse... pourtant elle aurait été intéressante, il aurait bien voulu comprendre pour essayer de s'améliorer et que ça se passe de façon beaucoup plus fluide avec Max. La tornade Neolina était arrivée.... et il allait essayer de faire plus petit voire de partir en catimini pour laisser un peu de place au couple.

HRP : Post Neolina à venir =D

Mer 25 Aoû 2021 - 17:27

Elle avait pu rentrer plus tôt que prévu et espérait que Maxence serait toujours à la maison... et s'il était là-bas que tout se passait bien avec Gary. Ce n'était pas qu'elle n'avait pas confiance en son ami, mais elle avait conscience qu'il était souvent un peu lourd et spécial même lorsqu'il faisait des efforts, si elle, cela l'amusait généralement beaucoup et qu'elle avait l'habitude, qu'elle savait comment le prendre, ce n'était pas du tout le cas pour son petit ami. Elle ne voulait pas qu'il y ait trop de gêne entre les deux, même s'il allait falloir qu'ils s'apprivoisent un petit peu. Elle était directement allée embrassée Maxence et pour emmerder un de ses meilleurs amis était allée ensuite décoiffer un peu Gatiss qui grogne doucement en faisant une petite moue qu'elle prit pour un rictus amusé. Oui mon grand ce n'est pas par ce que le Max est là que je vais te zapper, qu'elle semblait vouloir lui dire par là. Et fort heureusement, elle était loin de se douter de comment ledit petit ami pouvait percevoir la situation. Pour elle, c'était juste un geste amical, tendre envers quelqu'un à qui elle tenait énormément. L'ambiance entre les deux garçons ne semblaient pas folle, mais ils n'avaient pas l'air sur les nerfs ou avec l'envie de s'entre-tuer... c'était déjà ça dira-nous. Par ce que Gatiss avait cette fâcheuse tendance à dire ce qu'il ne fallait pas parfois ce qui donnait l'envie parfois quelques envies de le réduire au silence. Point positif donc. Elle s'inséra donc dans tout ça, l'air de rien.

« Ouais, j’ai dormi, mais sans doute pas assez. J’suis un peu décalqué. »

Elle lui caressa doucement la joue.

«Tu travailles à quelle heure aujourd'hui ? Il faudrait peut-être que tu fasses une sieste, par ce que tu as vraiment mauvaise mine.»

Elle lui pinça ensuite toujours la même joue, avant de lui dédier son plus beau sourire. Elle était vraiment inquiète pour lui, et se demandait s'il n'en faisait pas trop mais elle n'avait pas envie de soulever le sujet pour l'instant. Il était un grand garçon qui savait très bien se gérer, il n'avait pas besoin d'une baby-sitter en prime qui lui conseille des choses sur... et bien sur des choses qu'elle ne comprenait pas forcément. Les emplois du temps décalés et compagnie ce n'était pas son fort. Ce qui fallait ou autres pour bien se reposer, il savait tout mieux qu'elle.
Lorsqu'il posa une main sur son avant-bras, elle lui dédia un tendre sourire

« T’as mangé ? On envisageait les lasagnes… enfin envisager, elles sont déjà chaudes, donc c’est un peu tard pour changer d’option quoi. »
« Tu sais que j'ai toujours faim... mais ce n'était pas mon meilleur plat.»

Elle jeta un coup d'oeil rapide à Gary tandis que Max lui servait un verre d'eau et qu'elle le remerciait. Son ami était étrangement silencieux. S'il y avait eu Margo à la place de Maxence, il était certain qu'on entendrait un peu plus sa voix. Est-ce qu'il était juste gêné ? Fatigué ? Ou alors est-ce que les voir ensemble le rendait jaloux, qu'ils aient ce que lui ne pouvait pas avoir avec ses deux yeux ? Est-ce que ça n'appuyait pas sur des plaies ouvertes mais qu'il n'osait pas s'en aller ? Elle n'en savait rien et ce n'était pas non plus le moment de poser la question.

« Alors ta journée ? »
« Longue et insipide, il ne me tardait qu'une chose, revenir ici.» pour savoir si vous vous ne vous étripiez pas. « Je suis contente de voir que tubes toujours là, j'avais un peu peur de te rater.» Nouveau doux sourire, avant de tenter quelque chose « Vous avez pu faire un peu connaissance, tous les deux ?» Oui c'était probablement mettre les pieds dans le plat et c'est bien pour cela qu'elle tenta une note un peu plus légère. « Vous allez l'air entier tout les deux et vous avez le même air crevé. Je vais finir par croire que la literie est mauvaise.» Sourire en coin.
Alors les garçons qui se lance ? Personne probablement...

Ven 3 Sep 2021 - 18:19

« Si t'es intéressé, tu peux toujours postuler, avec ton CV tu arriveras avec une haie d'honneur j'suis sûr. Après... j'le vends comme ça, par ce que je le vois comme ça, certains de mes collègues ne seraient pas forcément d'accord avec moi. Je ne voudrai pas que tu penses à t'embarquer là-dedans par ce que j'ai une vision spécifique.»
« Ouais, sans doute. »

Serait-il véritablement accueilli avec les honneurs au vu de ses états de service ? Maxence en doutait fortement… mais ça n’était pas la raison principale qui l’amenait à douter de ce type de projet de carrière. S’il ne doutait pas d’être qualifié, il n’était pas certain d’avoir encore sa place au sein d’une institution reliée à l’état. Ainsi là où Gary voyait des atouts, Maxence était conscient des limites de son propre passé. Et des siennes, surtout. Voulait-il réellement envisager de servir de nouveau un pays qu’il ne pouvait suivre pour des raisons éthiques ? Entrer dans le système tout en sachant qu’il serait en première ligne.

Pour le bon comme le pire.

« Mais tu serais mieux sur le terrain, non ? Tu veux pas tenter d'être secouriste ou pompier ? J'pense qu'avec ton cursus, ça ne poserait pas de souci pour le premier ; puis pour le second... tu sais déjà gérer des situations extrêmes....»
« Ouais… c’est une idée ouais.. » Il y a moyen d’être un peu plus enjoué de cette conversation ou pas du tout ? Pas du tout. Ces mots le blessaient. S’il ne développait pas réellement le propos pour Gary, c’était parce qu’il savait comme la vie pouvait faire mal par moment, entraver les rêves et lier les esprits. « Mais oui je serais mieux sur le terrain... J’ai toujours été mieux sur le terrain. »Et le terrain lui manquait. Être sur tous les fronts comme il l’était lui permettait de retrouver cette flamme professionnelle qui l’avait toujours animé. Il palliait, tout simplement, à ce qui lui manquait. Pour autant, oui, Maxence savait qu’il se sentait mieux lorsqu’il travaillait avec la Garde. En revenant ici durant la nuit, l’ancien soldat avait perdu bien des souvenirs, incapable de dire ce qu’il y avait fait exactement, auprès de qui, à quel endroit… et pourtant il savait que là, ça avait un sens. Savoir sans savoir, toute l’absurdité de sa situation.
Réveilles-toi. T’étais en train de parler. Et t’es pas le plus aimable qui soit là. « Mais au final tu as complètement raison ! Ces métiers me conviendraient mieux. Pompier ça me plait assez en fait comme idée. » Il lui adressait un petit sourire, conscient que le colocataire de Néo lui tendait la main, faisant un pas vers lui dans l’idée de l’aider. Sans doute un mec bien dans le fond, maladroit brusque et impulsif mais avec un bon fond. Bien sûr, Néo voyait ça en lui, Maxence s’en doutait. La candeur un peu enfantine, la brusquerie de l’adolescence et la fatigue de l’âge adulte réunies en un seul homme.

« Je pense que dans un mois ou deux avec la rentrée tout ça, on devrait avoir pas mal de brochures... mais bon ça te fait attendre quand même un bon moment.»
« Ouais nan mais c’est une idée. Je pourrais envisager de reprendre quelque chose. Je suis un peu vieux pour ça mais après tout, pourquoi pas hein ! »

Pas tout à fait convaincu, sans doute, mais il fallait que l’idée fasse son chemin.

« C'est surtout mon meilleur ami, mais oui, c'est lui également !»
« Ok ! Cool ! » Merci de cette intervention. « C’est bien que vous soyez restés si proches. »

Sans doute. Lui-même était resté en bons termes avec Néolina à leur seconde rupture, prenant sur lui de la voir proche… eh ben. De types comme lui.

Alors pourquoi ça ne passait pas ? Parce que ce sujet tournait en boucle dans son crâne, revenant sans cesse comme un réflexe passe. Une difficulté du passé qui lui revenait en pleine gueule à chaque fois qu’il était en présence de Gary, comme s’il cristallisait les anciennes blessures sur celui qui avait le malheur d’être là, face à lui. De partager la vie de Néolina. Plus que lui. Alors oui, ça cognait et il n’en était pas fier. Alors il hésitait, soupirait, allait parler… et se retournait vers la porte qui s’ouvrait sur Néo.

Déjà dans la pièce, la belle métamorphomage en prenait l’espace, rayonnant vers eux comme à son habitude. Elle posait ses affaires, les rejoignait tandis que Maxence renonçait parfaitement à répondre à la question de Gary, l’observant faire sans vraiment y penser. Ou plutôt, si, il y pensait. Il pensait à sa capacité ridicule à se tendre quand celle qu’il aimait passait ses doigts dans les cheveux de son ami. Pensées parasites indéfectibles.
Déjà, elle revenait vers lui, l’observant d’un air soupçonneux, non pas pour faire face à la jalousie qui l’étreignait mais seulement à sa fatigue. Car oui, Max avait les traits tirés, marqué par le manque d’heures de sommeil, les gardes, la formation, le boulot. Trop de choses, sans doute, mais des choses qui le maintenaient en éveil et lui permettaient de trouver un sens à son existence. Des choses qui lui permettaient, surtout, de penser que son frère n’avait toujours pas été retrouvé. Des choses qui mettaient donc des entraves aux scenarii qui perturbaient son esprit inquiet.

En douceur, elle passait une main sur sa joue, déclenchant presque par réflexe un petit sourire sur ses lèvres ; un élan de tendresse immédiat.

«Tu travailles à quelle heure aujourd'hui ? Il faudrait peut-être que tu fasses une sieste, par ce que tu as vraiment mauvaise mine.»
« Ah ben merci ! Toujours plaisant à entendre ! » Il se moquait d’elle, bien sûr, ses yeux rieurs posant dans les siens une chaleur humaine qui lui avait toujours été propre et qui trouvait dans les siens un échos reposant.
Pour toute réponse, elle lui pinçait la joue, déclenchant une grimace fort exagérée quand ses prunelles se chargeaient pourtant de douceur, conscient qu’elle s’en faisait pour lui.

Bon ! Manger ! Ne parlons pas de choses qui fâchent. Ni de Gary, donc, ni de son frère – ni du sien, d’ailleurs – ni de son temps de boulot. Ne serait-ce pas des sujets vieux comme le monde venant troubler un couple ? La jalousie et le temps de travail. Serait-il devenu un cliché de lui-même ? Réponse dans le prochain épisode.

« Tu sais que j'ai toujours faim... mais ce n'était pas mon meilleur plat.»
« Et quel est ton meilleur plat, dame chef-cuisto, je vous prie ? … Que je sache dans quoi taper quand je fais le pique assiette au réveil ! » Un regard en coin vers elle tandis qu’il sortait des couverts en plus, laissant une main traîner un instant sur sa hanche. « Pour la science bien sûr. » Naturellement, trouvant une porte de sortie au malaise qui l’étreignait depuis son réveil et ses débuts difficiles de conversation avec Gary, Maxence se détendait.

…. Ce qui n’était pas le cas de Gary qui se trouvait soudainement relativement mutique. Etonnant comparé à ses habitudes.

Ta journée ?

« Longue et insipide, il ne me tardait qu'une chose, revenir ici.» Dans un sourire en coin, Maxence lui jetait un petit regard, posant le ROND POINT – dessous de plat pour les non intimes – sur la table. « Je suis contente de voir que tubes toujours là, j'avais un peu peur de te rater.» Un ado. Un ado dont le cœur fondait à ce sourire chaque fois qu’elle posait les yeux sur lui. Un ado qui se reprenait à chaque fois, surtout, conscient que cette histoire était loin d’être gagnée. « Je suis là. » Il accrochait son regard un instant, lui adressait à son tour un sourire chargé de douceur et ne s’en détachait qu’en l’entendant reprendre. « Vous avez pu faire un peu connaissance, tous les deux ?» Ah… ça.

Les deux hommes se croisaient du regard, décelant la gêne dans les prunelles de chacun.

« Ouais.. on essaye. » On fait le tour en quelques minutes et ensuite on reste bloqués comme des cons en boucle sans vraiment savoir quoi se raconter. En soit… c’est loin d’être ce que tu voudrais.
Car oui, il savait comme elle aimerait que tout se passe bien, qu’ils s’entendent et s’apprécient. Qu’il intègre sa vie car oui, là, c’était Maxence l’étranger. Lui qui s’était éloigné, lui qui n’appartenait plus tant que ça à son monde. Et lui qui se demandait si, s’il n’y rentrait pas aisément… y serait-il toujours aussi bien accueilli ?

« Vous allez l'air entier tout les deux et vous avez le même air crevé. Je vais finir par croire que la literie est mauvaise.»

Un petit sourire sur les lèvres, Maxence terminait de servir le repas, versait de l’eau dans son verre et s’ébrouait de nouveau les cheveux.

« Merde alors, ça fait trois fois que t’y fais allusion, j’ai à ce point une gueule à faire peur ? » Puis il se retournait vers Gary. « Elle abuse, t’as pas l’air crevé. J’ai l’air crevé ? »

Tentative de complicité, oui.

Et Maxence passait sa paume sur son avant bras – à Néo, hein – dans un geste rassurant.

« ça va, ne t’en fais pas. Un peu décalé après cette nuit mais ça va se remettre dans l’ordre. J’ai un rendez-vous à l’hôpital dans la nuit mais sinon je suis tranquille deux jours. » Elle s’en doutait sans doute, ça n’était pas tout à fait vrai puisqu’il pouvait être appelé pour la Garde mais ce détail ne serait évidemment pas évoqué. Pas plus qu’elle ne parlait de ses propres actions.

Mar 7 Sep 2021 - 12:10

Est-ce que Maxence avait besoin de conseils ou même d'orienté ? Non, il ne le pensait pas spécialement, c'était un grand garçon qui savait très bien où aller.. mais quelque part c'était le seul moyen qu'il avait de communiquer, de parler de ça, essayer sincèrement de l'aider. Tout simplement, peut-être que l'homme n'avait pas envisagé certaines possibilités et vu qu'il lui semblait qu'il s'emmerdait un peu dans son métier c'était peut-être aussi l'occasion de changer, de faire quelque chose qui serait plus en adéquation avec sa vision des choses.

« Ouais, sans doute. »

Autrement dit, il ne l'avait absolument pas convaincu pour ne pas dire autre chose. Bon, ben, il allait falloir repasser... Pourtant un Wargrave en uniforme chez les secouristes, les pompiers, sur le terrain à gérer des situations d'urgences c'était quelque chose qu'il le voyait très bien faire. Effectivement, après, il ne le connaissait pas tant que ça, il se trompait sûrement lourdement sur certaines choses.

« Ouais… c’est une idée ouais.. »

Il lui aurait probablement annoncé qu'il serait réeincarné en scrout à petard que l'autre aurait eu la même voix enjouée ! Enfin, ceci dit, on ne pouvait pas lui reprocher au moins de faire semblant. Bon.. bon, bon. Sujet à abandonner, donc ? Qu'est-ce qu'il avait pouvoir dire après ça, il n'en savait rien, au loin niveau boulot c'était quelque chose où il savait qu'il ne pourrait pas faire trop de gaffes, ou rien de dramatique en général.

« Mais oui je serais mieux sur le terrain... J’ai toujours été mieux sur le terrain. »

Bon on peut avouer que dire cette phrase à haute voix c'était déjà un pas en avant, par ce que même s'il le savait déjà ça, Max, ça faisait parfois réaliser un eu plus les chos,s ça les concrétisait d'une certaine manière.

« Mais au final tu as complètement raison ! Ces métiers me conviendraient mieux. Pompier ça me plait assez en fait comme idée. »
« En plus tu serais super sexy en uniforme !» dit-il en lui faisant un petit clin d’œil, plus pour rigoler qu'autre chose. « Mais, ouais j'te vois bien dans ce métier. Ca serait peut-être plus palpitant et moins train-train quotidien pour toi ! Bon après les horaires c'pas toujours une partie de plaisir, mais si tu.. prends du plaisir à aller en caserne et tout c'est déjà un énorme point positif. »

Hey ! Comme quoi, il ne dit pas que des conneries et que parfois il peut avoir un discours honnête, franc logique – ou à peu près-, sans paraître pour un con, un connard ou autre. Ce n'était pas par ce que la conversation était parfois un peu laborieuse qu'il ne pouvait pas continuer d'essayer de faire en sorte que ça ne se passe pas trop mal, que Neolina ait au moins un peu l'impression qu'ils aient conversé et que ça passe à peu près entre eux le courant.
Voilà les choses banales de la vie, c'était pas mal... comme le sport par exemple.

« Ouais nan mais c’est une idée. Je pourrais envisager de reprendre quelque chose. Je suis un peu vieux pour ça mais après tout, pourquoi pas hein ! »
« Boh, pourquoi tu dis ça ? C'est vrai qu'on est plus super jeunes, mais quand même...»

Et Esteban ? Outch. Ca pique plus déjà.

« Ok ! Cool ! » Heu ? Ok ? « C’est bien que vous soyez restés si proches. »

Ouais on peut dire ça comme ça, même si c'était franchement beaucoup plus compliqué, mais il n'allait pas l'ennuyer avec tout ça, n'est-ce pas ? Non, ça ne servait à rien. Il allait encore passer pour un gars super bizarre alors ne pas aller dans les détails c'était certainement une meilleure chose.

Et soudain, il eut la merveilleuse apparition de Neolina. Parfait, ça allait les empêcher de nouveau dans quelque chose qui allait être gênant comme conversation... même s'il sentait qu'il allait probablement être de toute manière pas super à l'aise face au couple. Il n'y avait pas forcément de vraie raison de dire ou penser cela, mais l'attitude de Wargrave n'aidait pas franchement depuis le début. Pourtant, pour l'instant, il était toujours là et ne savait plus trop comment réagir si ce n'est les écouter tous les deux.

Hey, le boulot tu peux pas appeler pour une urgences ? Ou même Esteban qu'il puisse s'éloigner pour une raison de cette pièce ? Allez le destin, arrête d'être vache un peu ! Parti dans ses pensées, il ne les écoutait plus qu'à moitié et se senti donc un peu con, lorsqu'il se rendit compte que l'on s'adressait à lui, heureusement, il avait capté l'essentiel de la conversation et n'aurait donc aucun mal à répondre quelque chose qui paraissait plausible.

« Ouais, ouais un peu crevé aussi... et ouais, t'as vraiment une sale tronche... ce mati.. après-midi. Je suis d'accord avec Neolina. Je suis toujours d'accord avec Neolina, elle me fait bien plus peur que toi d'ailleurs. » tenta-t-il de plaisanter histoire de... et bien de dire quelque chose de pas trop gênant et de cacher son malaise à ce moment-là. La seule raison qui faisait qu'il n'avait pas trouvé une excuse était le fait qu'il avait dit à Max qu'il mangerait un peu avec eux... mais le Miracle sembla enfin se faire, son téléphone sonna « Ne m'attendez pas surtout !» Le numéro était inconnu, c'était même probablement un démarchage téléphonique ou quelque chose dans le genre, mais il s'en fichait c'était l(occasion rêvée pour s(éloigner. Il alla donc décrocher dans la pièce voisine avant d'aller encore plus loin, remontant dans sa chambre... en espérant que la supercherie passerait pas trop mal.

NB : post Neo à venir plus tard 'Til the quiet chaos driving me mad - Gary & Néo 725126

Mar 7 Sep 2021 - 13:05

A peine arrivée, elle se renseignait déjà sur l'horaire de travail de Maxence, inquiète d'une part de voir qu'il avait si mauvaise mine et d'autre part par ce qu'elle voulait voir combien de temps est-ce qu'ils avaient ensemble avant qu'il ne reparte.

« Ah ben merci ! Toujours plaisant à entendre ! »

Elle se contenta de lui faire un charmant sourire comme si ça allait pouvoir faire passer la pilule d'une quelconque façon. Bien sûr ce n'était pas quelque chose de plaisant à entendre, mais sous son fond de plaisanterie, il y avait une part de vérité. D'ailleurs, elle lui avait pincé un peu la joue. Juste comme ça. Le sujet avait vite dérivé sur la bouffe ! Parfait, même si de suite elle trouvait que ce n'était pas son plat le plus réussi.

« Et quel est ton meilleur plat, dame chef-cuisto, je vous prie ? … Que je sache dans quoi taper quand je fais le pique assiette au réveil ! Pour la science bien sûr.»
« Tout dépend des goûts ? Mais si tu veux la prochaine fois j'te laisse une choucroute au grigo et comme ça tu testes ta capacité de manger ça au réveil !» Sourire idiot sur le visage avant qu'elle ne s'empresse de rajouter « Tu me diras plutôt ce qui passe le mieux pour toi... ca sera quand même beaucoup plus simple et ça m'enlèvera peut-être l'envie de te faire rester des nouveautés ou des choses étranges, tu sais le goût du risques, tout ça.» Silence, nouveau sourire taquin avant qu'elle ne rajoute « Pour la science bien sûr.»

Elle aussi pouvait sortir cette phrase et même la mettre dans un super contexte. Et sa journée, à elle donc, qui n'avait pas dormi jusque dans le début d'après-midi ? Banale à souhait, pour ne pas dire juste chiante et ennuyante. Et oui, elle pouvait avouer sans honte qu'elle était heureuse qu'il soit encore là – elle n'irait pas jusqu'à avouer qu'elle s'était plus bouger le train que d'habitude pour rentrer en espérant au moins le croiser. « Je suis là. » Et elle l'eut, ce bref rire joyeux, simple, heureux sans aucune once de moquerie, surtout quand elle croisait son regard. Elle finit par lui enfoncer doucement un doigt dans les cotes. « Ouais t'es bien là, en chair et en os, pas qu'une illusion.» Stupide ? Stupide, et alors ? On avait jamais dit qu'ils devaient avoir des conversations culturelles tout le long. Bientôt, elle avait repris avec quelque chose de plus... tendu, elle le savait, surtout en voyant que Gary était ailleurs, même si elle avait pu apercevoir qu'ils s'étaient jetés un instant un regard un peu gêné. Elle lui reposerait la question un peu plus tard... quand ils seraient seuls et qu'il serait plus à son aise.

« Ouais.. on essaye. »

En espérant que vous étiez un peu plus loquace tous les deux, par ce que là, on ne peut pas dire que c'est vraiment quelque chose de mirobolant. Mais bon, elle avait en même temps conscience que ce n'était pas simple vu la différence des deux garçons. Gary demeurait muet, et elle essayait quelque chose pour le faire parler de nouveau.tandis que Max finiassait de servir de repas. Elle s'installa à côté de lui tandis qu'il répondait et que Gatiss était toujours... dans ses pensées.
« Merde alors, ça fait trois fois que t’y fais allusion, j’ai à ce point une gueule à faire peur ? »
« Jamais deux sans rtrois, normalement, ça devrait le faire à présent, j'me dis que tu as bien intégré la notion.»
Puis il se retournait vers Gary. « Elle abuse, t’as pas l’air crevé. J’ai l’air crevé ? »
« Ouais, ouais un peu crevé aussi... et ouais, t'as vraiment une sale tronche... ce mati.. après-midi. Je suis d'accord avec Neolina. Je suis toujours d'accord avec Neolina, elle me fait bien plus peur que toi d'ailleurs. »
Oh il parle ! Miracle.
« Ah tu vois ! Je suis terrifiante... Bon il reste là donc je suppose pas tant que ça.» Elle avait failli rajouter que non, en fait c'était plus par qu'il devait aimer ça, mais devant Wargrave, elle se dit que finalement ce n'était pas forcément une très bonne idée. Bon au moins, cela prouvait qu'ils pouvaient causer sans s'entretuer ce qui était pas mal.

« ça va, ne t’en fais pas. Un peu décalé après cette nuit mais ça va se remettre dans l’ordre. J’ai un rendez-vous à l’hôpital dans la nuit mais sinon je suis tranquille deux jours. »

Elle répondre quelque chose, mais le téléphone de Gatiss sonna, elle peut l'entendre distinctement et ce dernier parti rapidement, très rapidement en s'excusant et en leur faisant comprendre qu'il mangerait après.

« Je crois qu'il voulait nous laisser en tête à tête. Ou alors il a vraiment pas aimé le plat d'aubergine.» dit-elle pour détendre l'atmosphère. Elle soupira ensuite un peu, ce n'était pas encore gagné... mais bon. « Tu disais donc ? Tu ne bosses que cette nuit et après tu es libre pendant deux jours c'est bien ça ? »

Et au lieu de se servir dans son assiette, elle préféra en chiper un petit peu dans celle de Max. Après tout, c'est toujours meilleur dans celle de l'autre.

« Tu veux faire quelque chose cette après-midi ?»

Dormir était une réponse qui lui semblait très bonne mais quelque chose lui disait que ce n'était pas celle qu'il allait lui fournir.

Jeu 23 Sep 2021 - 2:09

« Jamais deux sans trois, normalement, ça devrait le faire à présent, j'me dis que tu as bien intégré la notion.»

Maxence levait les yeux au ciel dans une grimace profondément exagérée pour se charger d’humour avant de poser le regard sur Gary, l’incluant clairement contre son gré à une conversation pour laquelle il ne se sentait pas concerné. Une volonté de l’inclure, clairement, de créer du lien sans se jeter sur l’arrivée de Néolina comme d’une prophète providentielle qui lui permettrait d’échapper à cette situation gênante. Ils devraient s’y faire de toute façon ; lui en premier, bien sûr, mais Gary également. Gary et son détachement étrange, ses façon d’être un peu ailleurs, toujours un peu à côté, centré sur ses méfaits, ses travers et ses échecs à venir. Gary qui se taisait, sentait la gêne sans sembler en comprendre l’origine.

« Ouais, ouais un peu crevé aussi... et ouais, t'as vraiment une sale tronche » Merci, trop aimable. « ... ce mati.. après-midi. Je suis d'accord avec Neolina. Je suis toujours d'accord avec Neolina, elle me fait bien plus peur que toi d'ailleurs. »

Echec de connivence. La porte refermée lui claquait à la gueule quand Gary se rabattait vers Néolina comme une évidence. Il en aurait soupiré, de cette manière de s’esquiver sans partager l’humour de la perche tendue, la main proposée, l’alliance évoquée. Mais rien de tout ça ne passait entre eux, tout ce que Maxence proposait était fermé systématiquement, rabattu vers celle qui les liait à contrecœur.

« Ah tu vois ! Je suis terrifiante... Bon il reste là donc je suppose pas tant que ça.»
« Apparemment, t’as encore des efforts à faire ouais.. Faut croire qu’il aime ça. »

Un peu de lassitude, oui, de se foiré dans un art qu’il maîtrisait pourtant d’ordinaire. Mais il fallait croire qu’ils agissaient toujours en décalé, incapables de se mettre en phase pour vraiment communiquer. L’un se mettait à poser des questions qui fatiguait l’autre. Puis celui-ci s’agaçait des silences, les remplissant sans réponses réelle de l’autre. Et finalement les propositions échouaient les unes après les autres se terminant en queue de poisson, écrasées au sol et agonisantes. Des culs de sacs. Voilà tout ce qu’il empruntait en ce qui concernait Gary. Sans doute jamais ne seraient-ils aptes à se mettre au diapason. Alors s’il n’avait pas vu sa volonté de l’inclure, le rejetant ensuite à son tour, à présent, l’ami de Néolina s’esquivait d’un coup de téléphone douter.

« Je crois qu'il voulait nous laisser en tête à tête. Ou alors il a vraiment pas aimé le plat d'aubergine.»

C’est son aubergine que j’aurais aimé mettre à plat moi.
Ahem. On ne dit pas ça. HUMOUR. Oh !
Ça va là.

« Surtout que c’est des lasagnes. »

Très pertinent, bravo.

Elle soupirait, Maxence aussi avant de lui jeter un petit coup d’œil en coin, à la fois dépité et amusé - pas gagné non... - mais surtout désolé. Désolé que ça ne se passe pas avec la fluidité que ça devrait avoir. Désolé de n’être qu’un inconnu dans sa vie, auprès de ses proches. Désolé d’avoir l’impression que les mécanismes grinçaient alors comme s’il y avait un grain de sable dans les rouages. Que tout se grippait par moment, tressautait, sautait un peu.

« Tu disais donc ? Tu ne bosses que cette nuit et après tu es libre pendant deux jours c'est bien ça ? »
« Ouais c’est ça, ça parait dingue mais ça me donne l’impression d’avoir des vacances. Deux jours complets… mais quelle idée.. » D’un petit sourire en coin, il accrochait son regard, se moquait de ses propres horaires un peu épileptiques et retrouvait plus de naturel dans ses propos. Du bout de la fourchette, il prenait une bouchée, feignant d’être outré à voir Néolina piquer dans son assiette.

« Tu veux faire quelque chose cette après-midi ?»

D’un geste faussement belliqueux, Maxence tapait sa fourchette du bout de la sienne, grimaçant la menace d’un geste avant d’esquisser un petit rire. « Protéger ma pitance sera mon job de la journée, ça te va comme programme ? »

En réalité, chacun d’eux savait qu’ils pouvaient toujours recevoir un appel de la Garde. Qu’importe ce qu’il se passait de son côté puisqu’il en oubliait tout, ils se savaient embarqués dans le même bateau. Alors mieux valait faire ça non ? Se battre à coup de fourchette comme des gosses sans songer aux épreuves du lendemain. Il repoussait pourtant son assiette vers elle pour la mettre au centre, lui facilitant son accès.

« Et de ton côté, ça se présente comment ? »

Quelques nouvelles bouchées et ils continuaient de parler jusqu’à ce que Maxence ne se décide à se relever, allant chercher un verre dans lequel il versait de l’eau avant de revenir avec celui-ci porté à ses lèvres. Quelques gorgées et il posait celui-ci sur la petite table de la cuisine sans pour autant s’assoir. Bien au contraire, il se penchait sur Néolina pour l’embrasser, glissant une main dans sa nuque, l’attirant doucement à lui jusqu’à passer la seconde contre son bassin qu’il ramenait au sien en douceur. Ces lèvres, il les capturait tout autant qu’elle, profitant de cet instant rien qu’à eux, sans regard ni gêne, pour la retrouver un instant, se charger de sa chaleur comme on se laisserait vaguer au soleil.
Doucement, leurs lèvres se séparaient sans vraiment se quitter, épiderme contre épiderme, d’une caresse du bout du nez, il posait son front sur le sien dans un instant de silence nécessaire avant de se redresser légèrement. Le regard dans le sien, il laissait courir quelques secondes son pouce sur sa joue en lui adressant un petit sourire. Juste un petit temps rien qu’à eux avant de laisser la préoccupation du moment s’introduire entre eux. Ne pas la refuser ou l’esquiver, simplement la différer un instant qu’il acceptait d’achever.

« Je suis désolé pour Gary, j’espérais que ce soit plus fluide. »

C’est l’amour à contre temps.
L’amour sans un repère.
S’aimer, follement.

Jeu 23 Sep 2021 - 19:25

Bon, c'était un raté le plus total. Il fallait bien l'avouer, les deux garçons n'étaient pas du tout sur la même longueur d'onde. Pourtant, elle voyait bien que chacun essayait de plaisanter à sa façon, de faire un effort qui restait assez vain tant ils semblaient venus d'une planète totalement différente. Pas bien grave en soi, ils avaient probablement chacun de s'apprivoiser, de mieux se connaître. Voilà, comme elle voyait les choses, il n'y avait rien de dramatique là-dedans les choses se feraient petit à petit si elles se faisaient, et elle avait bon espoir que même s'ils ne devenaient pas meilleurs potes ils arrivent quand même à s'entendre sans s'engueuler toutes les deux minutes, sans haine ni rien d'autre. Ce qui était déjà pas mal.

« Apparemment, t’as encore des efforts à faire ouais.. Faut croire qu’il aime ça. »

Elle eut un rire clair à ce moment-là. Oui, c'est vrai qu'elle n'était pas effrayante mais généralement une fois qu'elle avait poussé une gueulante et qu'elle s'était bien énervée, les gens n'avaient plus trop envie de la voir dans cet état-là. C'était si rare et inattendu pour beaucoup – sauf quand on touchait des sujets sensibles- que la plupart, la première fois bugaient totalement. Elle lui sortit donc son plus beau sourire avant de répliquer

« T'inquiètes pas, je le mène à la baguette !»

Elle avait failli dire, je le travaille au corps pour qu'il soit bien sage et compagnie, mais elle craignait que ce ne soit pas la formulation idéale pour Maxence, effectivement cela pouvait trop être pris comme quelque chose de sexuel alors que pas du tout. Certes, ils avaient eu quelques antécédents – exceptionnels- tous les deux, mais toujours entre amis. En toute amitié. Et puis ce n'était pas comme s'ils avaient un peu la même manière de voir les choses au niveau du couple, oui, il y avait quelques petits points où ils se comprenaient.
Et soudain, Gary s'était eclipsé avec un prétexte à la con. Note à elle-même, lui apprendre à mentir un peu mieux et à trouver des raisons qui semblaient beaucoup plus valables par ce que là c'était un peu risible... mais ça partait un poil d'une bonne intention quand même – et aussi de la gêne qu'il devait ressentir de les voir comme ça-.

« Surtout que c’est des lasagnes. »
Elle eut un petit amusé. « On chipote sur les termes Monsieur Wargrave ? Normalement c'est moi qui fait ça, quand ça concerne la bouffe.»

Mais ça lui permettait aussi de savoir qu'il n'était pas non plus à l'aise avec la situation. Peut-être devrait-elle lui préciser que Gary semblait quand même l'apprécier un peu ? Sinon, il n'aurait jamais réagi de cette manière. Certes, c'était un peu bizarre pour qui ne le pratiquait pas et même elle des fois se sentait un peu désemparée par certaines de ses façons de faire qui ne ressemblait à la personne qu'il était avant. Et elle se rappelait que six ans, enfermé, ça devait être aussi compliqué de toujours réussir à refaire surface, surtout avec les Détraqueurs non loin de lui. Et forcément, ayant un comportement pas toujours des plus appropriés en société, ses interlocuteurs ne pouvaient pas le suivre, le comprendre et ça mettait des tensions.
Elle préférait dés lors passer à un sujet un peu plus joyeux pour y revenir un peu plus tard. Ca ne servait à rien qu'ils se prennent tous la tête sur ça.

« Ouais c’est ça, ça parait dingue mais ça me donne l’impression d’avoir des vacances. Deux jours complets… mais quelle idée.. »
« Quelles énormes vacances, c'est sûr, on va pouvoir faire tellement de choses en deux jours.» ne put-elle s'empêcher de répliquer en rigolant. Et bientôt, elle avait piqué un peu de nourriture dans l'assiette de Max. Note importante : mieux vaut éviter de faire ça dans sa propre assiette, suivant qui c'est, elle risque de beaucoup moins apprécier. « Bon, il va falloir qu'on optimise au mieux ces quarante huit heures alors, tu aurais envie de faire quelque chose ?»

Par ce que pendant qu'il bossait ce soir, elle pouvait voir ce qui était faisable, faire l'organisation et tout ça. Peut-être ceci dit qu'il préférerait qu'ils restent à la maison à ne pas glander grand chose. Et maison, voulait aussi dire principalement dans la chambre, ce qui était un programme réjouissant ! Mais, encore fallait-il qu'il n'y ait pas d'imprévus avec la Garde. Et tandis qu'elle lui posait une nouvelle question en essayant de chopper un autre bout de lasagne, Max tapa de sa fourchtte du bout de la sienne. Pour réponse elle essaya de prendre un air outré.

« Protéger ma pitance sera mon job de la journée, ça te va comme programme ? »
« Là, tu vois, j'essaye d'examiner le risque pour ma main, si au lieu de la fourchette j'essaye avec les doigts.»Malgré tout, il repoussait son assiette au centre de la table. « T'es un ange .»

Oui, au moins... tout ça juste par ce qu'il partageait son assiette.

« Et de ton côté, ça se présente comment ? »
«Cet aprem ou les jours suivants ? Je suis libre pour l'instant, les autres jours je bosse, mais je peux y aller plus tôt qu'on ait un max de temps ensemble l'après-midi. » Elle se tut quelques instants avant de rajouter de son air le plus innocent « Ce qui veut dire, pas se coucher trop tard, Monsieur Wargrave.»

Comment ça, en réalité, elle s'en fichait d'aller fatiguée au boulot pour une fois ? Ok, c'était vrai. Au pire pendant un jour ou deux, elle serait un poil moins productive. Elle dirait juste qu'elle n'a pas trop dormi ! Aussi simple que ça ! Et encore, elle n'était pas du genre à se faire porter pâle, même si là elle avait vraiment envie de le faire. Elle se raisonna : il y aurait d'autres occasions.

« Tu le sais combien de temps à l'avance, tes jours de congés, la prochaine fois je peux essayer d'en prendre aussi si j'le sais assez à l'avance, enfin quelques jours devraient suffire. »

Après qu'il se soit hydraté il revint vers elle, se penchant pour l'embrasser et en quelques instants il s'étaient retrouvés corps contre corps. Léger sourire de sa part tandis qu'elle prolongeait tendrement le baiser, laissant ses mains vagabonder dans son dos musclé, profitant de la chaleur qu'il pouvait bien dégager.
Juste de la douceur, dans ce monde de brut. Juste de l'amour l'un envers l'autre. Parfois complexe mais pourtant ils continuer d'avancer.

« Je suis désolé pour Gary, j’espérais que ce soit plus fluide. »
« Roh, t'en fais pas ! Il va me dire la même chose, possible qu'il te le dise aussi en texto. Alors si c'est tourné bizarrement, c'est quand même des excuses.» Elle eut un petit sourire avant de continuer « Il t'aime bien quand même, tu sais ? On dirait pas, je sais. Mais il t'aime bien, sinon il ne nous aurait pas laissé en paix probablement.» Elle soupira. « Je crois que la réadaptation et compagnie sera plus longue et compliquée qu'on ne le pensait au départ... mais il a toujours eu des réactions parfois étranges, un peu de chien fou. Ca ira peut-être mieux la prochaine fois ! »

Lun 27 Sep 2021 - 16:43

Il était bon pour ça hein ? Sortir des vannes plus joyeusement qu’il ne les pensait ? Néo entendait l’humour seul lorsque celui-ci cachait une certaine dose d’amertume.

« T'inquiètes pas, je le mène à la baguette !»
« ça j’en doute pas. » C’était sorti un peu trop vite. Parlaient-ils de la même baguette ? Il en doutait.

Et l’autre s’esquivait, les laissant seuls avec cette impression douteuse d’être celui qui posait problème ici. Mais Maxence repoussait cette sensation, s’acharnant à garder du recul sur la situation, à songer qu’ils avaient tous vécu des choses compliquées ces derniers temps et que cette évidence jouait sur leurs ressentis. Gary était toujours très affecté par sa détention et ses histoires avec ses ex. Ex dont il n’avait qu’eux dans le crâne. Pas Néo. Donc oui, le problème, c’était bien lui. Mais uniquement parce qu’il ne savait se défaire de cette jalousie de merde qui n’avait rien à faire ici. Elle appartenait au passé et il fallait à présent la dépasser, être le type mature et posé qu’il était sans cesse. Pas ce crétin qui s’accrochait à des choses qui avaient eu lieu sans que ça ne le concerne le moins du monde. Si ça s’était passé bien après, s’il s’agissait d’une autre histoire, l’ex soldat n’aurait sans doute pas vécu les choses de cette façon là. Mais lorsque Néo était arrivée à la conclusion que l’avenir qui se profilait entre eux n’était pas celui qu’elle envisageait pour elle… c’était vers Gary et d’autres qu’elle s’était tournée. Et ces visages qu’il côtoyait un peu à l’époque avaient hanté cette sensation de manque et d’abandon qui lui avait tranché le cœur. C’était vieux, ils s’étaient quittés en bon terme, d’un commun accord… et pourtant la sensation de ne pouvoir lutter contre ces gens, ces visages inconnus qui tournaient autour d’elle tout sourire quand il s’éloignait jour après jours vers un quotidien criblé de balles… ouais, elle restait.

« Quelles énormes vacances, c'est sûr, on va pouvoir faire tellement de choses en deux jours.»
« Hey, tu te moques mais c’est pas si courant ! »
« Bon, il va falloir qu'on optimise au mieux ces quarante huit heures alors, tu aurais envie de faire quelque chose ?»

On.
Petit mot qui faisait naître un sourire en coin sur ses lèvres.

« Tu veux dire que je t’aurai pour moi pendant quarante huit heures complètes ? »
« Là, tu vois, j'essaye d'examiner le risque pour ma main, si au lieu de la fourchette j'essaye avec les doigts.»
« Elevé. » Répondait-il sur le même ton avant de capituler et de repousser l’assiette entre eux.
« T'es un ange .»
« Bien plus que ça.. » Une réflexion quasi réflexe d’accroche sociale qui ne réclamait pas de réponse. Son regard agrippait alors le sien dans un petit sourire à la fois piquant et tendre.

«Cet aprem ou les jours suivants ? Je suis libre pour l'instant, les autres jours je bosse, mais je peux y aller plus tôt qu'on ait un max de temps ensemble l'après-midi. »
« Hm, ça se négocie ! » A vrai dire, vu le regard qu’il posait sur elle, Maxence était déjà conquis.
« Ce qui veut dire, pas se coucher trop tard, Monsieur Wargrave.»
« Ah, c’est moins plaisant d’un coup. Tu crois vraiment que j’en suis capable maintenant ? » Un petit sourire aux lèvres. Il se pliait surtout aux appels de la Garde, s’apprêtant toujours à disparaitre dans l’instant si le numéro « inconnu » de Niall s’affichait à l’écran.

« Tu le sais combien de temps à l'avance, tes jours de congés, la prochaine fois je peux essayer d'en prendre aussi si j'le sais assez à l'avance, enfin quelques jours devraient suffire. »

Un regard par-dessus sa fourchette.

« J’ai mes weekend pour les trois semaines à venir là. Pour le reste.. à voir. » Parce qu’elle savait qu’il ne pouvait prévoir les besoins de la Garde, encore moins les drames à venir… et que Suniva le menait à la baguette, pour reprendre son expression. En se levant, il reprit, allant se servir un verre d’eau. « Après je peux toujours demander à ma tortionnaire de chirurgienne du temps. Mais elle me prend déjà pour un, je cite ‘faible dégénéré de sorcier un peu moins con que la moyenne’. Et il, je cite encore ‘faudrait voir à ne pas fonder les espoirs que j’ai en toi que tu sois un peu moins décérébré que la moyenne’. …. » Son verre à la main, il faisait un signe vers Néolina. « Donc elle est folle de moi. J’peux demander ce que je veux, aucun risque qu’elle me lâche ! » Le geste de la main soulignait l’évidente ironie de ses propos.

Revenant vers elle, il l’attirait contre lui, les mains glissant sur ses hanches pour prendre ses lèvres, accompagnant son mouvement tandis qu’elle se levait pour demeurer contre lui.

Non, ça n’était pas toujours simple et ils devaient encore s’ajuster, c’était certain. Mais ça viendrait. Chacun avait sa vie, ses plaies, et leur passif rendait les choses à la fois délicates et faciles. La variable d’ajustement était là, méritait d’être rééquilibrée, c’était vrai. Mais ce qu’il y avait entre eux méritait qu’on prenne le temps de panser les vieilles blessures et de laisser à la balance le temps d’arrêter d’osciller.

« Je suis désolé pour Gary, j’espérais que ce soit plus fluide. »
« Roh, t'en fais pas ! Il va me dire la même chose, possible qu'il te le dise aussi en texto. Alors si c'est tourné bizarrement, c'est quand même des excuses.» Le petit sourire se muait en léger souffle amusé, s’écrasant quelque part sur la mâchoire de celle qu’il n’avait jamais vraiment cessé d’aimer. « Il t'aime bien quand même, tu sais ? On dirait pas, je sais. Mais il t'aime bien, sinon il ne nous aurait pas laissé en paix probablement.» « Ah ? » La syllabe se teintait d’étonnement. « C’est en effet pas tout à fait mon impression première. » Tout comme il ne devait pas être le plus avenant des deux, pour être honnête. « Je crois que la réadaptation et compagnie sera plus longue et compliquée qu'on ne le pensait au départ... mais il a toujours eu des réactions parfois étranges, un peu de chien fou. Ca ira peut-être mieux la prochaine fois ! »
« Sans doute oui. » Il n’imaginait pas, bien sûr, ce qu’Azkaban pouvait donner sur l’esprit agité d’un prisonnier. Les années d’enfermement, la guerre et les deuils, oui, il voyait. La culpabilité aussi. Mais le reste lui était d’une brume d’incompréhension qu’il jugeait ne simplement pas pouvoir éclaircir. Ça lui appartenait, à Gary. La profondeur de ses tourments, bien sûr, il ne pouvait la percevoir. Et il ne la jugeait pas. Pour être honnête, il n’était pas le plus ouvert qui soit avec lui et il était clair que son propre comportement jouait sur la façon dont ils se percevaient tous les deux. « J’ai pas eu un succès dingue avec mon invitation pour les opérations. Mais je tenterai de nouveau plus tard. » A vrai dire, lui ne pensait rien du tout. Maxence était bien placé pour savoir comme le retour à la vie civile pouvait être étrange. Comme on se sentait en décalage avec tout ce qui pouvait nous entourer, comme si la normalité des uns avait des allures de songes pour ceux qui avaient vécu les horreurs de la guerre. Lui-même ne disait rien, n’en parlait pas, comme s’il avait simplement pris le pli de ces allers-retours entre front et vie ‘normale’, voyant finalement les deux pans de son existence se lier entre elles. Y mêlant celle qu’il aimait, faisant peser sur ce doux visage les dangers d’une disparition prochaine. Non, il ne disait rien. Ils ne diraient rien. Acceptaient leur quotidien, simplement, conscient que tout pouvait s’arrêter à tout moment. Le monde pouvait basculer de nouveau.

Emporter quelqu’un d’autre.

Lorsque ses lèvres reprenaient les siennes, c’était dans un baiser plus marqué, l’attirant plus proche contre lui, plaquant ses hanches contre les siennes quand sa main glissait un peu plus haut jusqu’à se perdre sur sa nuque, appuyant plus encore ce baiser plus tout à fait si innocent.

Mar 28 Sep 2021 - 17:53

« Ça j’en doute pas. »

Elle fronça, l'ombre d'un instant les sourcils comme si elle essayait de comprendre s'il plaisantait ou pas, le réel ton. C'était sorti tellement vite, qu'elle avait un petit doute, qu'elle ne tarda pas à mettre loin derrière. Ils pourraient y revenir plus tard, ou même jamais, mais pour l'instant cela ne semblait pas bien important dans tous les cas.

Et il avait donc fallu changer de sujet... et c'était donc bientôt passé aux vacances.. enfin non c'était un mot bien exagéré pour deux jours de repos, où elle, elle bossait... cela leur laisserait quand même beaucoup de temps.

« Hey, tu te moques mais c’est pas si courant ! »

Et elle s'était contentée d'un grand sourire, toujours un peu moqueur, avant qu'elle ne reprenne la parole pour lui expliquer qu'il allait falloir qu'ils optimisent ce rare temps. Après une légère dérive comprenant de la bouffe, des fourchettes et des doigts, ils étaient repartis de plus belle sur le sujet initial.

« Ah, c’est moins plaisant d’un coup. Tu crois vraiment que j’en suis capable maintenant ? »
« Ah, ça je ne sais pas, mais c'est pas mon problème.» répliqua-t-elle avec un grand sourire aux lèvres... Enfin si, ça pouvait quand même être un peu son problème... mais elle préférait faire si ça ne l'était pas !
« J’ai mes weekend pour les trois semaines à venir là. Pour le reste.. à voir. » Nouveau grand sourire de sa part, ça c'était une bonne chose, elle aussi normalement, sauf s'ils étaient appelés l'un ou l'autre par la garde. Voire même les deux, au moins ça leur ferait passer un moment ensemble ceci dit ! Après je peux toujours demander à ma tortionnaire de chirurgienne du temps. Mais elle me prend déjà pour un, je cite ‘faible dégénéré de sorcier un peu moins con que la moyenne’. Et il, je cite encore ‘faudrait voir à ne pas fonder les espoirs que j’ai en toi que tu sois un peu moins décérébré que la moyenne’. …. »
« J'espère ne pas avoir à la rencontrer par ce que si elle dit ça devant elle va se prendre un taquet. Tu n'es absolument pas comme ça. T'es loin d'être faible, bien au contraire, c'est juste de la méconnaissance de ta personne.»
« Donc elle est folle de moi. J’peux demander ce que je veux, aucun risque qu’elle me lâche ! »
« Hmhm.»

Comprend le comme tu veux.. par ce que malgré tout, ce sourire ancré aux lèvres.
Doux baiser. Un moment de calme parmi toutes les tempêtes environnantes. Juste être sereine, se sentir à l'abri, voilà ce qu'elle ressentait à ce moment-là... jusqu'à ce qu'il se remette à parler de Gary... et elle essaya de le détendre à ce sujet-là, lui faisant entendre son ami était souvent un peu spécial mais en gros que tout était ok.

« Ah ? C’est en effet pas tout à fait mon impression première. »

Bah tu vois, tout va bien alors ! Pas de souci à se faire. Elle avait continué en lui expliquant une ou deux autres choses, que c'était long, la réadaptation mais en même temps qui était-ils pour juger ça ? Ils ne pouvaient, tous, qu'imaginer ce que pouvait faire les Détraqueurs au long terme, conjugué à l'enfermement. Alors, elle essayait de ne pas trop s'en faire, de lui laisser le temps, de le laisser libre mais de l'aiguiller quand elle le jugeait nécessaire. Il avait besoin de faire ses propres erreurs, de réapprendre par lui-même et pour beaucoup de choses, elle savait qu'elle ne pouvait de toute manière rien.

[color=tomato] « J’ai pas eu un succès dingue avec mon invitation pour les opérations. Mais je tenterai de nouveau plus tard. »[/colot]
« Il l'aura au moins entendu et c'est déjà beaucoup, j'en suis sûre... à moins que je me sois totalement plantée à ce sujet-là, mais je ne pense pas.»

Mais après tout, elle n'était pas dans sa tête, elle ne pouvait pas savoir ce que ça remuait exactement. Et pour l'instant, ce n'était pas sa priorité première. Gatiss allait « bien », il n'était pas fâché, ou vexé, il leur avait fait place nette, autant en profiter.
Alors, elle se laissa emporté par ce rapprochement, déposant un doux baiser dans le cou de son homme. Profitant largement de son odeur, de sa chaleur. Eclat de joie dans les yeux, de bonne humeur. Le bonheur le plus mais le meilleur, celui que l'on voudrait qui dure éternellement. Paix du cœur et de l'esprit.