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Lun 3 Mai 2021 - 16:14
15 Mai 2016

Allongée sur le canapé, les jambes en ciseaux, la petite étalée sur son ventre, la bouille entre ses seins, la jeune femme reproduisait des postures qu’elle avait eues enceinte, comme s’il n’y avait finalement pas tant de changements que ça. Ses doigts jouaient en silence dans le dos de l’enfant, remontant jusque dans ses cheveux qu’elle emmêlait, lissait, jusqu’à laisser couler son majeur et son annulaire sur son front, jusque sur le bout de son nez. Le souffle calme, elle observait la petite monter et descendre en fonction des mouvements de sa poitrine, l’esprit englouti de questionnements et de réflexions. Vous laissez un fruit pourri dans une corbeille, elle infecte les uns après les autres jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’autre à faire que de jeter le tout. Il lui semblait que c’était ce que faisaient les Supérieurs. Ils répandaient leur souillure au travers les Hommes, sans distinctions, comme des réseaux de réactions en chaîne qui ne s’arrêtaient plus. La peur de Tim des sorciers prenait racine dans sa famille mais avait explosé à cause de leurs actions et sans eux, jamais le jeune homme n’aurait été aussi fragile. Vulnérable, il avait fait une cible parfaite. Le terreau de la haine.

Ça la rendait dingue. Seul en sortant de Poudlard, il s’était totalement enfoncé. A quel moment avait-il commencé à comprendre qu’il faisait le mauvais choix ? A quel moment cette bascule s’était effectuée, à Poudlard, quand il la repoussait, l’envoyait chier. Ce regard, elle l’avait brassé durant des nuits, des jours. Elle s’était pris la boue de la haine ce jour-là. Et cette boue, elle l’avait compris. Quelques jours plus tôt, elle se revoyait avec Enzo, ses mains sur ses épaules, ne tardant pas à prendre ses bras, son regard captant le sien, sa voix douce, l’apaisant quand les murs autour d’eux vibraient, grinçaient, menaçaient de s’effondrer. Alors le rejet de Tim, elle l’avait compris, n’en avait pas parlé.

Elle avait oublié. Elle avait laissé coulé.

Inspirant plus brusquement, sa poitrine se soulevait sèchement sans que sa fille ne réagisse le moins du monde, trop bien recroquevillée là contre sa mère.

Un terrain fertile, oui. Et elle avait participé à ça. En un sens, ils participaient tous quand ils fermaient les yeux. Mais alors comment fait-on pour prouver sa bonne foi ? Sa mère, elle dirait quoi, si elle apprenait ?

Et ce type, là, Ruben….

Une bouffée de rage montait à l’instant même où sa fesse droite vibrait, la faisant sursauter au passage. Retour sur Terre, touche le sol mon enfant, Enzo est dispo. Et a du réseau, accessoirement.

Une main sur la petite pour que celle-ci ne bascule pas, le bassin arqué, la jeune femme fouillait sous elle en râlant pour attraper son téléphone qui ne tardait pas à glisser entre les coussins.

« Laisse-tomber ma fille, lèves-toi… » lâchait-elle d’un souffle las à voix basse.

Position debout, petite puce qui grognasse et maman qui attrape le téléphone. La petite dans les bras, Sovahnn jetait un coup d’œil dans la chambre où Tim s’était apparemment écroulé. Après un petit sourire tendre, elle ne tarda pas à sortir sur le pallier, Liyana coincée dans l’écharpe de portage, une main sous elle, le regard suspicieux, le téléphone coincé sur l’oreille.

« Tu lâches pas hein ? »

Enzo avait déjà décroché alors qu’elle s’adressait encore au tissu.

« Merde, désolée j’me parlais à moi-même. J’ai callé Liya sur moi avec l’écharpe de portage, mais je suis pas complètement sûre que ça tienne mon truc. Ça va vous ? Will n’a pas déclaré un mal de mer soudain ? »

Ça serait con. Oui, je gagne du temps.

« Tim s’est endormi. »
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Sovahnn Dawn Lockwood
Ven 7 Mai 2021 - 16:16

Lundi 16 Mai 2016
Dans la nuit, vers 2h du matin

Un genou plié en dehors du drap, une main sur le ventre et l’autre posé contre son dos dans un contact infime mais instinctif, sans doute nécessaire, je fixe le plafond sans vraiment le voir. Mes sens sont focalisés sur mon environnement : Les battements de son cœur, sa respiration, le ressac. Le grain de sa peau contre le revers de mes doigts, le mien sous ma paume. Son odeur, celle de l’océan.
Le calme plat, une immobilité quasi parfaite, dans la pièce d’à côté mon frangin dort sans doute à point fermé. Lune doit être en train de chasser dans les dunes, Einstein et Wax sont probablement endormis l’un contre l’autre en bas sur un tapis – ou le canapé.
En apparence rien d’autre que de la quiétude, au fond les ombres vont et viennent. Le temps passe, m’éloigne de l’impulsivité des premières réactions mais me rapproche de la Pleine Lune. Le cerveau ne se repose pas, rejoue le fil de tout ce qu’il connait déjà, entre colère et compréhension, entre fatigue et saturation.
La lumière émise par mon téléphone attire mon attention, mes yeux s’acclimatent, les mots défilent et j’éteins l’écran pour ne pas réveiller l’homme qui dort à poings fermés près de moi. Juste un baiser sur son épaule, une légère réaction de son corps à ce contact, je me lève sans bruit et enfile un bas de survêtement, un sweat à capuche. Quelques secondes plus tard la porte fenêtre se referme derrière moi, je transplane sur la plage en contre-bas et marche sans prêter attention à ma destination. La Lune montante éclaire le sable et les vagues, vient faire crisser mes nerfs, je réponds au message de Sovahnn qui me rappelle dans la minute qui suit.

« Tu lâches pas hein ? »

Une main dans une poche, les sourcils qui se froncent, pas le temps de réagir ni me pose plus de question. Je sens mon cœur battre sourdement, capte toutes les inflexions que je peux dans sa voix pour trouver des indices. Oui, elle est avec Tim mais elle est avec l’un des leurs. Il y a des choses que mon esprit a besoin d’entendre et d’intégrer avant d’être tranquillisé. Le soulagement de l’entendre est bien là quoi qu’il en soit, impossible à ignorer tant il me colle presque un vertige l’espace d’une seconde.

« Merde, désolée j’me parlais à moi-même. J’ai callé Liya sur moi avec l’écharpe de portage, mais je suis pas complètement sûre que ça tienne mon truc. Ça va vous ? Will n’a pas déclaré un mal de mer soudain ? »

Trop de mots, trop vite pour mes pensées engourdis malgré l’absence de Morphée. Ça me prend une seconde, peut-être deux, pour répondre. Non sans me passer la main sur le visage et dans les cheveux, comme si ça pouvait m’ancrer un peu plus au présent.

« On n’est pas encore partis. Demain. Enfin tout à l’heure. Ça va. »

La voix se fait rauque, pas des plus ouvertes et sans sourire. Est-ce que ça va vraiment ? Comme ça peut. Lui comme moi.
Comme un type qui vient d’apprendre que son cousin fait partie d’un groupe qui l’a kidnappé et pris pour un putain de cobaye. Comme un type qui se demande s’il a risqué sa peau en allant chez lui il n’y a pas si longtemps, qui se demande s’il a mis en danger sa meilleure amie. Est-ce que ça va s’arrêter un jour ? Est-ce qu’on va finir par avoir la paix ?

« Tim s’est endormi. »
« Qu’est-ce qu’il t’a dit exactement ? »

Je m’en voudrai sûrement plus tard, la dernière chose que je souhaite c’est me montrer froid avec elle même si je sais qu’elle n’y verra rien de personnel. Je veux juste savoir où je fous les pieds, où lui les a mis. Je veux juste savoir ce qu’elle sait avant de lui balancer ce qu’elle ne sait peut-être pas.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Sam 8 Mai 2021 - 1:41
Elle n’avait pas réfléchi en envoyant le message, pourtant habituée des décalages horaires, la jeune mère s’était fait engloutir par la situation autant que par ses émotions. Combien de fois l’avait-elle réveillé en pleine nuit ? Combien de fois l’avait-il fait en retour ? Un corps qui se glisse contre un autre dans l’atmosphère glaciale d’un dortoir en plein mois de février, un mot, une alerte. Combien de nuits blanches passées ensembles, de retrouvailles dans les ombres et le silence d’un couvre feu qu’ils n’avaient jamais respectés ni l’un ni l’autre ? Les souvenirs laissaient place au présent, aux textos, aux coups de téléphone, à ce qui devrait constituer une normalité plus évidente pour la jeune femme, finalement. C’était le cas ; plus ou moins. Pourtant qu’y avait-il de normalité actuellement ?

Ça. Ce contact, malgré la distance, malgré les chocs et les ravages. Malgré les manques et les angoisses. Cette voix au bout du fil, c’était ça, sa normalité. Et pourtant, il n’y avait rien de normal dans le ton qu’elle captait au travers de l’océan.

« On n’est pas encore partis. Demain. Enfin tout à l’heure. Ça va. »
« Merde, j’croyais que c’était le cas, excuses-moi… »

Oui, la voix était fatiguée, rauque, mais il n’y avait pas que ça. Bien sûr, l’inquiétude, elle ne la quittait jamais vraiment, attentive, Sovahnn captait les inflexions de la voix, s’accrochait aux non dits. La fatigue, oui, mais certainement pas due à un réveil nocturne. La lassitude des jours passés à coup d’uppercut dans le plexus, voilà d’où venait cette voix éraillée. L’inquiétude, peut-être, de ce qui pourrait se dire à présent. Elle était légère pour deux, et pourtant quelque chose la rattrapait également, la prenait aux trippes à entendre ce timbre dur.

« Sûr ? »

Pas qu’il soit sûr d’aller bien, ils n’allaient pas bien, ni l’un ni l’autre et elle n’avait pas besoin de l’entendre pour le savoir. Ils faisaient face, comme ils pouvaient. Ils se retrouvaient, s’éloignaient de tout ça, et voilà qu’elle venait en remettre une couche. Un instant, la jeune femme eu envie de mentir, d’oublier, de repousser. Mais Enzo n’avait pas besoin d’être tenu à l’écart des secrets, loin de là et lui faire ça ne lui venait pas à l’esprit. Pas après les dernières semaines.
Non, ce que cette question sous-entendait, c’était s’il y avait quelque chose de plus, une fatigue brutale, des dégâts entre eux, en eux, quelque chose dont il veule parler avant qu’ils n’abordent ce qu’elle avait à dire elle aussi.

« Qu’est-ce qu’il t’a dit exactement ? »

Le ton l’alerte. Pas comme quelqu’un qui lui en veut. De quoi, de toute manière ? L’avoir réveillé ? Il l’était sans doute déjà pour avoir répondu si vite. Alors l’évidence, elle lui écorchait les nerfs, gonflait sa gorge, la faisait lever les yeux au ciel un instant. Pas d’agacement, mais de lassitude. Voilà ce qui expliquait ce qui griffait sa voix emplie de fatigue.

« Vu ta voix, tu sais déjà.. »Une main passait sur son visage en larguant un soupir, mimétisme inconscient des gestes de son meilleur ami quelques secondes à peine plus tôt. « Et je vois pas comment ça se fait … » L’esprit refuse sans doute de faire le lien, se protège à sa façon. La normalité n’a pas sa place ici et pourtant il lui semble être de retour dans sa salle commune. Referendum de crise, le regard sombre, les mâchoires serrées.

Ensemble, faire face aux coups.

Un instant, elle faisait face, l’autre, elle ne savait plus comment exprimer tout ce bordel. Alors la jeune femme marchait jusqu’aux falaises, le visage fouetté par le vent, le regard posé sur l’eau qui s’écrasait un peu plus bas, restant à distance pour ne pas risquer la moindre glissade. Face aux flots, comme Enzo sans doute. Aux tréfonds de sa poitrine, l’inquiétude violentait ses poumons, l’impression sourde d’être passée à côté de quelque chose lui enserrant la gorge.

« Il m’a avoué qu’il faisait… fait, bref, partie d’un groupe d’anti-sorciers. Il les pensait pacifistes, c’était pas le cas. C’est eux, l’attentat au ministère. » Dit comme ça, la situation semblait si violemment énorme. Mais dit comme ça, c’était sans compter le côté humain. C’était en oubliant le regard de son ami, son désespoir, son passif. «  Ecoute, je sais que dit comme ça, ça fait énorme mais… C’est un gosse paumé et seul qui a fait une énorme connerie et qui n’a trouvé qu’une putain de bande de raclures comme seuls interlocuteurs. J’peux pas… je ne veux pas croire que mon plus vieil ami d’enfance pense ça, nous veut du mal, me veut du mal…. Je sais qu’on a passé neuf ans sans vraiment se voir et que tout le monde peut changer. Mais je sais quand il ment, et crois moi il ‘pourrait pas me regarder droit dans les yeux, avoir un discours complet et me mentir sur ses intensions. » Il sait. Enzo sait. Comment ? « Concrètement… Il s’est fait embrigadé et je sais par qui. Je pense savoir qui l’a fait plonger comme ça, et d’ailleurs j’espère qu’il ne lui a rien fait. » Le regard noir, la jeune femme le posait autour d’elle, vérifiait que Tim n’était pas sorti de la maison isolée, mais elles étaient bien seules en haut de leur pic rocheux. « Il m’avait dit qu’il crushait sur son prof. Ce mec… j’le sens pas. Je sais pas s’il y a eu quelque chose, mais clairement il abuse de sa position, ça m’avait déjà alerté quand il m’en avait parlé, mais en prime c’était son boss dans l’organisation… » Le reste, elle ne le prononçait pas, sa voix s’étant chargée de colère au fur et à mesure de ses paroles. Contre Tim, oui, mais surtout contre le reste. Contre ces enculés. Contre la situation. Contre la trahison, le fait que le danger venait de l’intérieur. Contre elle, aussi. Contre ce putain de monde qui compliquait toujours tout, comme s’il n’y avait simplement pas l’option d’être tranquilles deux minutes sans qu’une nouvelle merde ne leur tombe sur la gueule. Alors ça vibrait dans l’air, claquait dans le vent, et elle baissait la voix, sentant la petite bouger contre elle, inspirait profondément, reprenait. « Peut être que je fais une grosse connerie et peut être que j’me plante complètement. Auquel cas je … sais pas dans quoi je m’engage. Mais j’le connais. Et c’est pas son genre de penser comme ces enflures. Il a morflé, c’est clair, c’était une cible facile et ils en ont profité. Mais jamais il ne se serait engagé là-dedans s’il avait su qu’ils voulaient éliminer … littéralement la seule et dernière personne de sa famille à laquelle il ait pu se raccrocher toutes ces années. » Sa mère. Et au vu de la terreur qui flottait dans ce regard autrefois rieur, elle ne doutait pas qu’il soit mort de trouille et totalement désemparé face à la situation.

Un nouveau soupir et elle jetait un coup d’œil vers la maison silencieuse, soutenant toujours d’une main le nouveau né qui, avec l’écharpe, semblait avoir repris sa place en son sein. Et comme si elle pouvait poser son regard sur son ami, elle attendait sa réaction en fixant de nouveau l’étendue scintillante qui se brisait en écume furieuse contre les bords abrupts de la falaise.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Sovahnn Dawn Lockwood
Lun 10 Mai 2021 - 18:15
« Vu ta voix, tu sais déjà.. Et je vois pas comment ça se fait … » 

Je baisse la tête, les pieds désormais dans l’eau sans avoir vraiment compris quand j’ai atterri si près du bord. Ma lèvre supérieure se soulève dans un rictus aussi vif qu’il trahis la colère. Elle gronde, grimpe, gagne en froideur et en puissance. La crasse de trop ? La vérité de trop, possiblement. Et parce que je ne décroche pas les mâchoires Sovahnn reprend.

« Il m’a avoué qu’il faisait… fait, bref, partie d’un groupe d’anti-sorciers. Il les pensait pacifistes, c’était pas le cas. C’est eux, l’attentat au ministère. » 

Ça vient claquer contre mon plexus, qu’importe si je le savais déjà où pas. Elle, elle reste calme et loquace pour deux alors que je me ferme à mesure que les secondes et les mots passent. Je commence à tourner en rond, revenir sur mes pas, la nervosité me fait serrer les points et les mâchoires, envoie des chocs électriques dans le bout de mes doigts.

« Écoute, je sais que dit comme ça, ça fait énorme mais… C’est un gosse paumé et seul qui a fait une énorme connerie et qui n’a trouvé qu’une putain de bande de raclures comme seuls interlocuteurs. J’peux pas… je ne veux pas croire que mon plus vieil ami d’enfance pense ça, nous veut du mal, me veut du mal…. Je sais qu’on a passé neuf ans sans vraiment se voir et que tout le monde peut changer. Mais je sais quand il ment, et crois moi il ‘pourrait pas me regarder droit dans les yeux, avoir un discours complet et me mentir sur ses intentions. » 

Des mots que je peux entendre, que je pourrais comprendre, mais c’est sans doute trop tôt. Aveuglé par mes ressentis ou pas, c’est trop tôt. Trop tôt pour lui trouver des excuses alors que deux de mes potes auraient pu y passer dans ce putain d’attentat, alors qu’ils ont fait de l’homme que j’aime un cobaye en lui insufflant au passage un traumatisme dont il ne se débarrassera pas de si tôt malgré tous les efforts possibles. Ils l’ont arraché à sa vie, l’ont fait chanter, l’ont isolé, l’ont pris pour un putain de rat de laboratoires et toute la haine que j’ai pu canaliser tant bien que mal jusqu’ici remonte. L’animalité cavale dans mes veines, la bestialité se mêle à l’humanité noircie par les ombres. Broyer, détruire, faire payer. Tous. Tim ? En cette seconde, il est l’un des leurs. Il n’a rien fait pour en sortir.

« Concrètement… Il s’est fait embrigadé et je sais par qui. Je pense savoir qui l’a fait plonger comme ça, et d’ailleurs j’espère qu’il ne lui a rien fait. » 

Là encore pas de pitié, je peux pas, c’est au dessus de mes forces. Pourtant ce gosse paumé, embrigadé, je l’ai presque été. J’ai de leçon a donner à personne quand on sait ce que j’ai fait mais la corde sensible a été trop malmenée, directement touchée. Arrachée.

« Il m’avait dit qu’il crushait sur son prof. Ce mec… j’le sens pas. Je sais pas s’il y a eu quelque chose, mais clairement il abuse de sa position, ça m’avait déjà alerté quand il m’en avait parlé, mais en prime c’était son boss dans l’organisation… » 

Des souvenirs qui remontent, que j’enterre, Tim n’en devient pas plus innocent à mes yeux pour autant et la rage se coince dans ma gorge serrée.

« Peut être que je fais une grosse connerie et peut être que j’me plante complètement. Auquel cas je … sais pas dans quoi je m’engage. Mais j’le connais. Et c’est pas son genre de penser comme ces enflures. Il a morflé, c’est clair, c’était une cible facile et ils en ont profité. Mais jamais il ne se serait engagé là-dedans s’il avait su qu’ils voulaient éliminer … littéralement la seule et dernière personne de sa famille à laquelle il ait pu se raccrocher toutes ces années. » 
« Plutôt ironique quand on sait qu’ils s’en sont justement pris à un membre de sa famille. »

Les mots sortent d’une traite, précédés d’un rire sec et rempli d’amertume. Je m’en veux parce qu’elle est la dernière personne a qui j’ai envie de parler de cette façon mais c’est au dessus de mes forces. Trop de jours, de semaines, de mois même à prendre sur moi. Trop d’émotions enterrées, mises sous clé et la lune vient faire vibrer chaque parcelle de peau qu’elle peut toucher par ses rayons. Mes bras à nu, ma nuque dévoilée alors qu’un coup de vent a rabattu ma capuche.
Une inspiration, je bloque l’air en me pinçant l’arrête du nez le temps de calmer ces émotions qui viennent m’enrouler comme un serpent et exercent une pression sur ma cage thoracique. Immobile, les yeux clos, j’expire longuement avant relever les yeux vers le ciel sans vraiment le voir.

« Il t’a parlé de son cousin ? »

Mon cœur bat sourdement, fait pulser le sang plus vite, plus violemment, jusqu’à l’entendre cogner dans mes tempes. Mon esprit dessine les contours du visage de cet homme qui dort actuellement dans mon lit et j’essaie de m’accrocher à cette vision, à cette réalité. Il est là, en sécurité, il ne va pas bien mais il est là.

En vie.

« Je sais pas comment on a fait pour passer à côté de ça mais on l’a fait et ce cousin en question c’est Will. »

Tu vas me dire qu’il ne savait pas, qu’il ne pouvait pas savoir, mais là tout de suite ça ne penche pas dans la balance.

« Mateo a failli crever dans ce putain d’attentat, il en a fait des cauchemars pendant des semaines après. »

Pas envie d’évoquer Warren, pas maintenant. Pas le moment.

« Il t’a mis toi en danger, il a mis Liya en danger. »

S’ils l’avaient suivi ? D’ailleurs qu’est ce qui prouve qu’ils ne l’ont pas fait ? Est ce qu’ils ont vraiment chopé Liam par l’intermédiaire de Riley ? Comment est ce qu’ils ont repéré Riley si ça n’est pas quelqu’un qui la connaît qui a balancé ? Des anciens de Poudlard, ça reste vague mais relativement restreint.

« Il m’a mis moi en danger parce que putain j’étais chez lui y a pas un mois et n’importe quel connard parmi ses p’tit copains aurait pu me choper là-bas pour me foutre moi aussi dans une cage. »

Me brancher à des fils, me drainer de mon sang, m’exposer comme une bête de foire. Est ce que c’est comme ça que je vais finir ? Est ce qu’il y a dans leur rang certains qui n’attendent qu’une chose : Se venger ? Ma propre culpabilité se rajoute au reste, s’y mêle, fait encore une fois remonter un passé que j’ai mis trop de temps à mettre de côté.

« Alors pardonne moi mais j’en suis pas au même stade de tolérance que toi pour l’instant. »
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Ven 14 Mai 2021 - 17:21
Le silence se faisait sourd, de l’autre côté du téléphone, comme une tempête en approche, la lourdeur de l’atmosphère chargé d’orage. Peut-être aurait-elle dû s’interroger, s’en faire comme Tim s’inquiétait, persuadé qu’elle risquait sa place auprès de ceux qu’elle considérait comme une famille. Peut-être aurait-elle dû envisager la possibilité de se prendre le tonnerre, elle qui protégeait celui vers qui la foudre était dirigée. Peut être cela arriverait-il. Sans doute ferait-elle face à une colère qui ne la concernait pas directement, affrontant les uns à la suite des autres, faisant barrage à l’intolérance, expliquant, maintenant ses positions. Peut-être les coups feraient-ils plus mal que prévu. Peut-être ne serait-elle pas à la hauteur. Peut-être avait-elle tort. Mais au creux de l’orage, elle savait surtout pouvoir avoir confiance en ses amis. Tim au même titre que les autres. Car elle savait ce qu’ils avaient traversé, comme ils n’étaient pas tous d’accords, comme certains en avaient blessé d’autres, parfois violemment, comme ils s’étaient parfois tenus de part et d’autre d’une limite autrefois infranchissable. Elle avait vu les erreurs, les remords et les regrets. Elle avait vu le temps et la communication aplanir les angles. Elle avait vu des humains faire avec, ensembles, accepter les défauts, comprendre, interagir et chérir. Elle avait vu des êtres foncièrement bons et intelligents. Des êtres qu’elle aimait profondément et pour qui elle s’inquiétait sincèrement. Des êtres pour qui elle ferait tout. Mais en cet instant, la jeune femme se trouvait à la croisée des chemins, au centre du tonnerre, face à la cible et devant elle, que des amis. Que des proches, blessés, opposés, fondamentalement ennemis. Et elle au centre, à mi-distance entre chacun, le cœur se serrant un peu plus à chaque mot prononcé, comprenant à quel point les mots haineux prononcés plus tôt n’avaient plus de sens quand elle faisait face à la réalité. A quel point elle ne pouvait prendre position, trop tiraillée de tous sens, blessée des erreurs d’autrui, elle-même dans la ligne de mire, tremblante pour ceux qu’elle aimait de toute son âme.

Alors le tonnerre grondait au dessus d’elle, vibrant fort dans sa poitrine quand chaque mot d’Enzo devenait des maux entaillant son cœur de milles anguilles.

« Plutôt ironique quand on sait qu’ils s’en sont justement pris à un membre de sa famille. »

Le premier grondement sec, le coup en pleine gorge quand, déjà, avant même qu’il ne prononce la suite, elle tremblait, incapable d’accepter ce qui venait. Non, elle ne savait pas, n’avait jamais su que Will et Tim étaient de la même famille, qu’elle avait peut être croisé le mec de son meilleur ami des années auparavant, au détour d’une fête d’anniversaire, quand tout n’était encore que rires et larmes futiles. Elle ne savait pas. Et pourtant, Sovahnn avait toutes les clefs pour comprendre, pour faire les liens. Mais le cerveau refusait, attendant que son meilleur ami les prononce pour elle, comme une réalité trop dure à accepter, deux oppositions qui s’affrontaient froidement dans son esprit, incohérentes, injustifiables, inconciliables.

Ce souffle qui avait précédé le reste de ces mots, il résonnait comme le tonnerre au loin, vibrait dans les ombres, accrochait le vent autour d’elle pour soulever poussière et embruns.

« Il t’a parlé de son cousin ? »

Et une seconde, elle eu envie de raccrocher, de balancer l’appareil, de ne surtout pas entendre la suite.

« Me dit pas… »

Elle ne terminait pas, sa voix devenue rauque à son tour, chargée d’un flot d’émotions qu’elle ne contrôlait que trop mal. Sovahnn ne terminait pas, le son s’était même à peine élevé de cette gorge serrée. Will, elle l’aimait profondément, depuis le début, simplement parce qu’Enzo l’aimait ainsi et que l’attachement en était donc évident, naturel. Elle tremblait pour lui, prenait de ses nouvelles tous les jours, parfois en silence, parfois sans détours. Elle était de son côté, indubitablement, de toute ses forces, de toute sa rage, haïssant profondément ceux qui lui avait fait ça. Qui leur avait fait ça. Ceux qui avaient mis son meilleur ami dans cet état de dévastation dont il ne sortirait pas si facilement.

C’est moins simple, hein, quand il faut faire face aux victimes, de défendre les coupables.

« Je sais pas comment on a fait pour passer à côté de ça mais on l’a fait et ce cousin en question c’est Will. »

Pas de réponses, elle se contentait de déglutir l’immonde réalité, d’avaler la boule de lave qui lui cramait la gorge, manquait de la faire se refermer et brouillait sa vue un instant du sel de larmes trop longtemps ignorées.

« Mateo a failli crever dans ce putain d’attentat, il en a fait des cauchemars pendant des semaines après. »

Double coup à l’estomac et cette fois-ci, c’était le visage de Riley qui se dessinait devant elle quand une larme coulait, juste avant qu’une seconde ne soit emportée par le vent.

« Il t’a mis toi en danger, il a mis Liya en danger. »

Je sais..
Ça, oui, elle savait. C’était littéralement la première chose qu’elle avait compris de la situation, la première balance qu’elle avait fait joué, en cherchant l’équilibre, le sens. Alors, lui ou elle ? Le petit frère abandonné des années auparavant, ou l’enfant récemment arrivée ?
Instinctivement, la jeune maman se repliait sur elle-même, faiblissait sous le poids des mots.

« Il m’a mis moi en danger parce que putain j’étais chez lui y a pas un mois et n’importe quel connard parmi ses p’tit copains aurait pu me choper là-bas pour me foutre moi aussi dans une cage. » Ce dernier mot l’achevait et elle touchait terre, la paume de la main dans les gravas sans vraiment les sentir, elle s’asseyant face à l’eau sans la voir, refermait ses genoux contre sa fille, l’encadrant de son corps, se serrant contre elle, d’autres larmes griffant ses joues.

La colère, elle la prenait de plein fouet, consciente de certaines choses, tombant de haut pour d’autres. La colère, elle lui écorchait la gueule, car elle résonnait de concert avec ses propres angoisses, les reproches qui enserraient déjà sa poitrine et risquaient par moment d’éclater. La colère, Tim l’avait vue, mais elle n’avait pas tardé à laisser place à autre chose. Et cet autre chose, là, semblait illégitime, infect même.

« Alors pardonne moi mais j’en suis pas au même stade de tolérance que toi pour l’instant. »

La bile. Ça t’éclate la gorge, te fout au sol, te couple le souffle. Un instant, elle restait là, le téléphone à l’oreille, le son du vent sifflant à ses oreilles, passant entre ses bras repliés, enfermée dans les ténèbres de son corps recroquevillé, bouffant la colère de pleine gueule. Un instant, à l’entendre, il n’y avait plus eu que ça, que leurs souffrances, à tous, noyant ses pensées, écorchant ses nerfs à vif, raclant dans ses poumons le vent de la trahison. Un moment sans rien dire, à seulement encaisser le poids des sentiments. Le nez contre son enfant dont les petits cheveux rebelles chatouillaient son épiderme. Comme si cette odeur douçâtre pouvait la calmer, l’aider à affronter le moment, à dénouer les vagues qui s’écrasaient dans ses neurones.

Au centre. Entourée de ceux qu’elle aimait profondément, un filin tendu entre elle et son cœur mis au martyr et les filins s’agitaient sous la fureur de la tempête, écorchant son myocarde à chaque instant un peu plus, les uns frappant les autres, s’agitant, tirant sur les filins qui entaillaient plus avant. Au centre. Sans avoir d’idée réelle sur ce qu’elle devait ressentir, sur quelles opinions avoir, quelles personnes défendre. Tous. Sans distinction. Et pourtant l’évidence s’opposait à elle-même. Encore un moment à s’enterrer dans le silence, à encaisser l’aigreur et les informations, à percuter la colère, à entendre la sienne gronder bien autant que l’amour, les deux émotions se percutant l’une et l’autre sur chaque nom qui flottait dans son esprit. Les bras autour elle, bercée par la respiration calme de sa fille, concentrée sur ce son rassurant, elle reprenait contrôle.

La colère d’Enzo, si elle était en première loge pour la recevoir, Sovahnn savait qu’elle ne lui était pas adressée et ce, même s’il ne comprenait pas. Même si, peut-être, il mettait un moment à comprendre. Car ça viendrait, elle le savait. Tout comme elle savait que jamais il ne lui en voudrait d’avoir fait le choix de la tolérance, aussi douloureux soit-il, il n’était pas contre lui, ne le serait jamais. Et jamais elle n’opposerait les ressentis des uns et des autres. La situation était merdique, profondément, et il fallait la gérer. Pour autant, elle ne choisirait personne au détriment d’une autre, cette évidence n’avait même pas à être énoncée. Alors il comprendrait. Elle ne risquait pas de le perdre. Sans cette assurance, sans doute n’aurait-elle pas réussi à reprendre la parole, sans doute se serait-elle écrasée, niant valeurs et passé. Mais pas une seconde, elle n’avait douté de lui. Pas un instant, elle ne douterait de leur amitié et de la solidité de ce lien en lequel elle avait profondément confiance. Assez pour affronter sa fureur.

Assez pour affronter cette position de merde, qu’elle se devait de tenir par amour.

« Et t’as toutes les raisons du monde d’être en colère. » La voix, elle était un ton plus rauque malgré tout le contrôle qu’elle pouvait y apposer. Ça vibrait jusque dans ce souffle qu’elle maintenait pourtant du mieux possible car si la colère devait exploser, qu’elle le fasse, elle l’entendrait. « Qu’on soit clairs, j’le suis aussi…. Profondément. »  S’il n’y avait pas eu Liyana contre elle, les mots auraient sans doute été plus secs, chargés d’une rage qui portait le nom de ses amis blessés, des risques pris dans leur dos, des débordements évités. La rage, elle était faite de plaies passées et présentes, des larmes de ses proches, des visages déformés de Riley, d’Enzo, de Will. D’une croix portée sur une tombe, d’autres qui auraient pu être creusées. Et pourtant, elle sonnait étrangement, cette voix éraillée, apaisée par la présence de la petite qu’elle protégeait par réflexe, portant dans son timbre toute la douceur d’une mère poussée dans ses retranchements.

Oui, elle se savait hypocrite, car elle n’imaginait pas pour autant virer Tim d’ici. Et pourtant, une part d’elle s’était mise à le hurler, à le rejeter, à réagir du tréfonds des affections qu’elle ne nierait pour rien au monde. L’angoisse, elle était là, de faire erreur, de se tromper et d’en emporter dans sa perte, de faire des choix délétères, d’apporter le danger droit sur ses proches, droit sur sa fille.

Serait-ce ça, être mère ? Porter en elle la Peur comme une compagne et l’amour comme étendard ?

« Je sais pas si j’essaye d’accepter l’impardonnable, d’ailleurs, ça sera pas le cas. T’as raison, je savais pas, ni pour Will, ni pour Matéo. Ou j’ai pas voulu faire les liens, j’en sais rien. » Les larmes avaient cessé de couler, mais elle n’en fixait pas moins les ombres, ses lèvres se refermant l’une sur l’autre, se pinçant, se déliant pour se fermer de nouveau, sans vraiment savoir quoi faire du bordel qui déversait dans ses neurones. « Je défends pas ses erreurs, je défends l’homme. Le gosse, plutôt, sans doute. » Elle inspirait profondément, bloquait sa respiration, comme appris à l’accouchement, la relâchait doucement. « Putain ça s’arrêtera jamais hein… » Toujours une merde après l’autre, les tenants et les aboutissants de chaque crise, chaque choc et les hématomes qui vont avec. « Ecoute, Tim c’est un crackmol. Ça veut dire que quand j’étais gosse et que je me doutais pas de ce qui se réveillait en moi, lui attendait ce qui ne viendrait pas. Ça veut dire que depuis qu’il est gosse, sa famille lui fait la misère et que j’en avais aucune idée. Parce qu’ils sont sorciers et qu’il ne l’est pas. Et j’ai pas été là, parce que j’me suis pris un putain de camion. J’ai pas été là, parce que quand je l’aurais pu, j’ai accepté son rejet comme une garce trop lâche pour encaisser les coups et lui montrer mon soutien. Il y a été enfermé deux ans. Et quand on était ensembles, qu’on se soutenait, nous, il a été seul pour gérer ça. Presque, il y avait un ami qui n’en a jamais reparlé depuis. Il n’en a pas parlé à sa mère, n’a eu personne pour affronter deux ans de détention et savoir comment on gère ça. D’ailleurs j’ai pas plus la solution que lui, mais moi quand je m’écroule, ya toujours quelqu’un pour le voir. Tim, c’était celui chez qui j’étais toujours fourrée jusqu’à mes douze ans. C’était un peu le petit frère que j’avais pas eu. Et ça fait quasiment dix ans que je l’ai lâché. Je dis pas qu’il n’avait pas le choix ni qu’il a fait au mieux parce que c’est pas vrai. Je dis qu’il était seul, et qu’il a cherché quelqu’un pour affronter ce qu’il a vécu, et que ça j’peux le comprendre. Je dis que je ne lui pardonnerai pas de vous avoir mis en danger, de nous avoir mis en danger, de ne pas avoir appelé à l’aide, de ne pas avoir dénoncé ce qu’il se passait, de ne pas en avoir parlé. Que je suis en colère, et blessée qu’il ne l’ait pas fait, parce que ça aurait peut être pu éviter certains drames. Qu’il a été lâche. Mais qu’il avait pas non plus toutes les cartes pour savoir prendre les meilleures décisions. »

Sa voix vibrait, d’amour d’angoisses et de douleurs. Et la petite s’agitait contre elle, alors Sovahnn inspirait de nouveau, la contrôlait, forçait l’apaisement.

« Quand il me dit qu’il a essayé d’arrêter l’attentat et qu’on l’a enfermé dès qu’ils ont compris qu’il y serait opposé, je le crois. Quand il me dit qu’il ne savait pas.. pour Will, je le crois aussi. Et je crois profondément que s’il avait su, il aurait bougé. Je sais qu’il est coupable… » Qu’il a des plaies sur les mains, du sang aussi sans doute. Mais tu sais quoi ? Nous aussi. « …Mais pas responsable. C’est un gosse, ok. Un gosse seul et délaissé qui n’avait pas les clefs pour gérer ce qu’il a affronté et qui a fait des énormes putains d’erreurs qui ont des conséquences que j’accepte pas. Mais un gosse manipulable qui est tombé sur une bande de salopards qui se sont servis de lui et de ses faiblesses. Il lui aurait pas fait ça, Enzo. Il aurait pas fait ça à Will, il m’aurait pas fait ça à moi et il aurait pas fait ça à sa mère, j’te demande pas de me croire, juste de l’entendre. » Contre son torse vibrant d’émotions qu’elle contenait difficilement, la petite commençait à s’agiter, frottant sa bouille contre la poitrine de sa mère, émettant quelques sons, grognant en douceur quand la jeune femme marchant au bord des falaises, ne se souvenant plus vraiment quand elle s’était redressée, terrassée par son besoin de mouvements. « J’étais là à Poudlard. J’étais celle qui aurait dû le protéger, j’ai pas esquissé un mouvement pour lui, j’en ai eu trop peur. De ces raclures autant que de son rejet, pour plein de raisons et pas que des bonnes. J’étais là, quelques mois trop tard, mais dehors, après qu’il les ait rejoint. Il m’a  parlé de ses sœurs et de ce qu’elles lui ont fait. Et j’ai changé de sujet. J’étais là, putain, quand il m’a parlé de cette putain de raclure de merde, j’ai entendu le danger, j’ai compris qu’ils passaient des moments ensembles, privilégiés, j’ai eu peur pour lui, je l’ai imaginé aux prises d’un putain de pédophile narcissique manipulateur qui a un ascendant sur lui de par son âge, son statut, sa position d’enseignant mais aussi, en fait, de mentor. Je l’ai entendu, Enzo. Et - je - n'ai  - pas – réagi. Je dis pas que c’est de ma faute. Je dis qu’il était seul, et que franchement, il a pas été aidé. Que tout ce ramassis de merdes est là parce qu’on est tous des putains d’humains avec des faiblesses à la con et que parfois on fait les mauvais choix. »

Sa voix, elle vibrait, crachait d’amour et de douleur ces mots perdus dans le vent, envolés ailleurs, balayés d’un souffle. Et pourtant ils ondulaient dans sa gorge, tendaient ses muscles, tordaient son esprit d’un flot d’émotions qu’elle ne savait gérer. Pour Will, pour Enzo, pour Matéo, pour Riley, pour Zach et pour Liya, pour Charleen et pour Tim. Oui, aussi pour Tim. Car non, elle ne s’en détournerait pas.

« Je serais pas absente une fois de plus. Je le laisserai pas seul, pas parce que je pardonne ou que je trouve que quoi que ce soit de tout ce foutoir est acceptable, et certainement pas parce que je prends partie. Seulement parce que je pense que la solitude et l’incompréhension, ça ne mène qu’à la haine et qu’on a été assez bercés à coup de fureur comme ça. Parce que j’ai envie de parié sur l’humain plutôt que sur le traitre et parce que j’le laisserai pas se foutre en l’air et nous avec. Et je sais que tu le comprendras, parce que j’aurais fait le même choix pour toi, et que je le referais si ça venait à arriver. Parce que je vous aime, tous, profondément, et que je ne ferais pas de choix entre vous, et que le rejet, c’est pas une option. Y compris pour lui. Donc j’comprends que tu sois en colère Enzo, et j’te demande pas de ressentir autre chose. Mais j’abandonne personne à la peur et la rage. Parce que c’est comme ça qu’on empirera les choses. »

Et je vous fais confiance pour l’entendre. Peut être pas tout de suite, peut être cela prendrait-il quelques mois pour certains d’entre eux. Mais ça viendrait. Ça ferait son chemin. Car c’était en l’humain qu’elle plaçait sa confiance.

Parce qu’une nouvelle fois, elle ne ferait pas le choix des armes.

Contre elle, la petite s’était mise à pleurer, impactée par les émotions contrastées de sa mère.

Seulement à cet instant, la jeune femme comprenait à quel point elle avait pu s’emporter, balançant dans les airs une véritable diatribe, un pamphlet à l’humanité, à l’amitié. Inspirant profondément, elle lâchait un « ..désolée » vibrant, aussi bien destiné à son ami qu’à sa fille qu’elle berçait de nouveau, sa voix cherchant l’apaisement, calmant l’enfant sans doute autant que les adultes perdus. Car les gosses qu’ils étaient avaient beau feindre la maturité, par moment, eux aussi auraient aimé que quelqu’un prenne le relais. Mais il n’y avait personne aux alentours, et ils feraient le taf. Mal, peut-être, mais ils le feraient.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Sovahnn Dawn Lockwood
Ven 21 Mai 2021 - 13:57
« Et t’as toutes les raisons du monde d’être en colère. »

Pourtant elle s’est estompé cette colère. Là, pendant ces quelques secondes de silence, à deviner les larmes sur ses joues. C’est la culpabilité qui vient m’étreindre parce qu’elle est bien la dernière personne que j’ai envie de mettre dans cet état.
Mais j’y peux rien, j’peux pas renier ce que je ressens, j’en ai pas envie non plus. Ces connards ont failli m’enlever au moins deux des personnes qui comptent le plus pour moi aujourd’hui alors non, j’en ai pas envie.

« Qu’on soit clairs, j’le suis aussi…. Profondément. Je sais pas si j’essaye d’accepter l’impardonnable, d’ailleurs, ça sera pas le cas. T’as raison, je savais pas, ni pour Will, ni pour Matéo. Ou j’ai pas voulu faire les liens, j’en sais rien. Je défends pas ses erreurs, je défends l’homme. Le gosse, plutôt, sans doute. »

Un soupir de son côté, un autre du mien. Les yeux clos, l’arête du nez pincée entre les doigts, je cherche un semblant de paix à l’intérieur de moi alors que les flots viennent cogner contre mes tibias. La vérité c’est que j’aurai sans doute eu besoin de rester dans ma bulle, dans notre bulle, de ne pas aborder tout ça maintenant.

« Putain ça s’arrêtera jamais hein… »

Je ne réponds pas, pas vraiment certain d’avoir réellement entendu de toute façon. J’entends les réactions de son corps en revanche, les devine, je parviens sans aucun mal à visualiser ses postures, la petite contre elle que j’entends parfois, l’environnement aussi. Une façon sans doute de m’accrocher à elle pour ne pas refermer la porte entre nous deux. Sensation détestable, pas totalement assumée, pourtant bien présente.

« Ecoute, Tim c’est un crackmol. Ça veut dire que quand j’étais gosse et que je me doutais pas de ce qui se réveillait en moi, lui attendait ce qui ne viendrait pas. Ça veut dire que depuis qu’il est gosse, sa famille lui fait la misère et que j’en avais aucune idée. Parce qu’ils sont sorciers et qu’il ne l’est pas. Et j’ai pas été là, parce que j’me suis pris un putain de camion. J’ai pas été là, parce que quand je l’aurais pu, j’ai accepté son rejet comme une garce trop lâche pour encaisser les coups et lui montrer mon soutien. Il y a été enfermé deux ans. Et quand on était ensembles, qu’on se soutenait, nous, il a été seul pour gérer ça. Presque, il y avait un ami qui n’en a jamais reparlé depuis. Il n’en a pas parlé à sa mère, n’a eu personne pour affronter deux ans de détention et savoir comment on gère ça. D’ailleurs j’ai pas plus la solution que lui, mais moi quand je m’écroule, ya toujours quelqu’un pour le voir. Tim, c’était celui chez qui j’étais toujours fourrée jusqu’à mes douze ans. C’était un peu le petit frère que j’avais pas eu. Et ça fait quasiment dix ans que je l’ai lâché. Je dis pas qu’il n’avait pas le choix ni qu’il a fait au mieux parce que c’est pas vrai. Je dis qu’il était seul, et qu’il a cherché quelqu’un pour affronter ce qu’il a vécu, et que ça j’peux le comprendre. Je dis que je ne lui pardonnerai pas de vous avoir mis en danger, de nous avoir mis en danger, de ne pas avoir appelé à l’aide, de ne pas avoir dénoncé ce qu’il se passait, de ne pas en avoir parlé. Que je suis en colère, et blessée qu’il ne l’ait pas fait, parce que ça aurait peut être pu éviter certains drames. Qu’il a été lâche. Mais qu’il avait pas non plus toutes les cartes pour savoir prendre les meilleures décisions. »

Est-ce que j’ai envie d’entendre ça maintenant ? La réponse est claire, nette, presque brutale : Non.

« Quand il me dit qu’il a essayé d’arrêter l’attentat et qu’on l’a enfermé dès qu’ils ont compris qu’il y serait opposé, je le crois. Quand il me dit qu’il ne savait pas.. pour Will, je le crois aussi. Et je crois profondément que s’il avait su, il aurait bougé. Je sais qu’il est coupable… Mais pas responsable. C’est un gosse, ok. Un gosse seul et délaissé qui n’avait pas les clefs pour gérer ce qu’il a affronté et qui a fait des énormes putains d’erreurs qui ont des conséquences que j’accepte pas. Mais un gosse manipulable qui est tombé sur une bande de salopards qui se sont servis de lui et de ses faiblesses. Il lui aurait pas fait ça, Enzo. Il aurait pas fait ça à Will, il m’aurait pas fait ça à moi et il aurait pas fait ça à sa mère, j’te demande pas de me croire, juste de l’entendre. »

Cette réaction, je dois l’admettre, je ne la comprends pas. Tous ces mots qui explosent, la culpabilité évidente qu’elle ressent, ce besoin de me convaincre d’une chose à laquelle je n’ai même pas pris le temps de penser réellement. Pourquoi vouloir le défendre si fort alors que je ne l’ai qu’à peine incriminé ? Rien que quelques phrases sous le coup de la colère mais pas une seule menace. Des faits, rien de plus.
Tu me connais pourtant, non ? Bien sûr que si tu me connais. Tu sais que je ne juge pas les gens si facilement, que je pardonne, que je comprends bien des choses et bien des situations. Que j’ai simplement besoin d’encaisser, de laisser passer l’orage, pour voir les choses plus clairement. Plus posément. M’en prendre à Tim ? Ça ne m’a pas effleuré l’esprit un seul instant et pourtant j’ai la sensation de me retrouver sur le banc des accusés. Tu penses que je vais t’en vouloir d’être là pour lui ? Tu me connais mieux que ça, sincèrement.

« J’étais là à Poudlard. J’étais celle qui aurait dû le protéger, j’ai pas esquissé un mouvement pour lui, j’en ai eu trop peur. De ces raclures autant que de son rejet, pour plein de raisons et pas que des bonnes. J’étais là, quelques mois trop tard, mais dehors, après qu’il les ait rejoint. Il m’a  parlé de ses sœurs et de ce qu’elles lui ont fait. Et j’ai changé de sujet. J’étais là, putain, quand il m’a parlé de cette putain de raclure de merde, j’ai entendu le danger, j’ai compris qu’ils passaient des moments ensembles, privilégiés, j’ai eu peur pour lui, je l’ai imaginé aux prises d’un putain de pédophile narcissique manipulateur qui a un ascendant sur lui de par son âge, son statut, sa position d’enseignant mais aussi, en fait, de mentor. Je l’ai entendu, Enzo. Et - je - n'ai  - pas – réagi. Je dis pas que c’est de ma faute. Je dis qu’il était seul, et que franchement, il a pas été aidé. Que tout ce ramassis de merdes est là parce qu’on est tous des putains d’humains avec des faiblesses à la con et que parfois on fait les mauvais choix. »

Est-ce que tu as conscience qu’il ne s’agit pas de toi ? De ce que tu as fait ou non, de ta présence ou ta défection. Moi aussi j’étais là tu sais, et j’ai vu, vécu, traversé cet enfer comme on l’a tous fait. Sorciers ou pas. Comme on a pu. Avec notre lot de décisions de merde. De la survie, ni plus ni moins, mais des choix qu’on a fait et sur lesquels on ne pourra pas revenir. Qu’on doit assumer, avec lesquels on devra vivre toute notre foutue existence.

« Je serais pas absente une fois de plus. Je le laisserai pas seul, pas parce que je pardonne ou que je trouve que quoi que ce soit de tout ce foutoir est acceptable, et certainement pas parce que je prends partie. Seulement parce que je pense que la solitude et l’incompréhension, ça ne mène qu’à la haine et qu’on a été assez bercés à coup de fureur comme ça. Parce que j’ai envie de parié sur l’humain plutôt que sur le traitre et parce que j’le laisserai pas se foutre en l’air et nous avec. Et je sais que tu le comprendras, parce que j’aurais fait le même choix pour toi, et que je le referais si ça venait à arriver. Parce que je vous aime, tous, profondément, et que je ne ferais pas de choix entre vous, et que le rejet, c’est pas une option. Y compris pour lui. Donc j’comprends que tu sois en colère Enzo, et j’te demande pas de ressentir autre chose. Mais j’abandonne personne à la peur et la rage. Parce que c’est comme ça qu’on empirera les choses. »

Est-ce que tu as non seulement conscience de la pression que tu te mets sur les épaules ? Moi j’ai conscience de mon cœur qui se fissure quand j’entends la petite pleurer tout en sachant que ce sont sur tes joues que roulent les larmes. Assis sur le sable je n’ai même pas imprimé le moment où je suis sorti de l’eau pour remonter de quelques mètres sur la plage.

« ..désolée »

Il y a l’envie d’être là, de la prendre dans mes bras, de lui dire que ça ira. Mais il y a la volonté farouche de rester près de l’homme que j’aime, ne pas quitter cette bulle dont on a besoin tous les deux pour continuer à se reconstruire. Encore une fois. Puis rester seul aussi, un peu, ne pas quitter mes repères. Simplement rester là où j’ai envie et besoin d’être.
Faire un choix, là encore, un choix qui déchire et qu’il faut assumer. Pas la force, pas le courage, pas forcément l’envie non plus de porter les émotions des autres en plus des miennes et de celle de mon petit ami qui dans cette histoire est l’une des victimes principales. Ce sentiment de trahison venant de sa propre famille, bien sûr qu’il fait de la casse et la culpabilité qu’il ressent, la même qu’expérimente Sovahnn, elle fait sans doute autant de dégâts si ce n’est plus.

De mon côté la colère retombe et laisse place à une profonde lassitude, à une fatigue évidente. Je garde le silence quelques instants, un coude appuyé sur l’un de mes genoux, le téléphone en haut-parleur dans la main, le regard rivé sur l’océan qui danse sous les rayons de la lune. Celle qui m’électrisait quelques minutes plus tôt à présent me caresse de sa présence et m’enveloppe de velours. Un instinct de préservation qui me pousse à éteindre quelque peu mes émotions et ne pas me laisser envahir par celles des autres.

« J’te demande rien tu sais. »

Mes doigts jouent avec le sable, je les y perds, fait rouler les grains dans ma paume sans y prendre garde. Le ton est calme, il n’est pas froid. Résigné, las, mais pas froid.
J’te demande pas de choisir un camp, jamais je ferai ça et tu le sais alors pourquoi cette panique, cette pression ?

De nouveau, un soupir.

« J’le comprends déjà Sova. »

Le ventre se serre à l’idée de reprendre ce chemin une nouvelle fois, celui du passé. Un passé pavé de souvenirs douloureux, de culpabilité, de sang, de cris et de larmes. Un passé qui m’oppresse quand il remonte à la surface, comprime ma cage thoracique. Il me rend cynique parfois, en cet instant il n’est qu’une chape de fatigue de plus sur mes épaules. Nouées, lourdes. Pourquoi Morphée n’est pas venu me chercher ? J’ai pourtant tellement besoin de toi tu sais.

« Ce gosse paumé qui prend les mauvaises décisions, suit les mauvaises personnes, fait des choix de merde avec des conséquences désastreuses je l’ai été. Et Tim le sait sans doute d’ailleurs mieux que beaucoup de personnes. »

Peut-être même plus que toi parce que tu ne m’as connu qu’après tout ça. Lui, il a été aux premières loges. Pourquoi est-ce que tu crois qu’il a si peur de moi ? Parce que j’ai été le monstre caché sous son lit, celui de ses cauchemars. Parce que j’étais la Mort. L’ombre planante de menaces. Le Danger. L’arme autant que le pantin. Ils sont deux innocents à avoir péri sous mes crocs, les autres en garderont un traumatisme probablement toute leur vie s’ils ont réussi à s’extirper de là-bas. D’autres encore sont morts, sans doute une partie par ma faute même si indirectement, parce que j’étais ce gamin paumé et en souffrance qui a fait un mauvais choix et a suivi les mauvaises personnes.
Le choix du désespoir, quand tu te raccroches à la dernière personne qui semble te rester tout en sachant qu’elle est nocive pour toi. Derek m’a sans doute fait plus de tort que n’importe qui d’autre, pourtant je n’imagine pas ma vie sans lui. Mon esprit dérive un instant vers un fantôme du passé, une ombre aux long cheveux noir et aux griffes acérées. Un clignement de paupière et elle n'est plus là ... Rien n’est simple, rien n’est entièrement blanc ou totalement noir. C’est sans doute cette nuance qui nous épuise autant, d’ailleurs. La vie a l’air tellement plus simple pour ceux qui perçoivent les choses de manière binaire.

« Mais j’peux pas faire ça maintenant. »

La voix se fait rauque, le nœud dans la gorge évident.

« Entendre tout ça … M’inquiéter de son sort, écouter la liste des raisons expliquant qu’il n’a pas eu la vie facile. Personne n’a eu la vie facile. J’pense qu’on est bien placés pour le savoir tous les deux. »

Rien de tout ça n’est une accusation envers elle, pas même vraiment envers lui.

« J’suis pas une menace pour lui si c’est ça qui t’inquiète. Et il n’est pas une menace pour nous, pour toi et moi. Mais pour le moment j’ai pas de place ni d’énergie pour ça. Pour lui. »

Pour les raisons qui l’ont poussé à prendre les décisions qu’il a pris. Prends sa défense si c’est important pour toi, je sais que tu en aurais fait autant pour moi sans ciller mais là tout de suite, non, il ne s’agit pas de nous. Il s’agit d’être là pour ceux qu’on aime et qui en ont besoin.

« Il t’a toi, il a sa mère, il n’est pas seul. »

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Enzo S. Ryans
Mer 2 Juin 2021 - 8:17
Rien qu’une information de plus, un nouveau coup dans le plexus, comme si les mauvaises nouvelles, les données avec lesquelles il fallait seulement faire avec ne pouvait s’arrêter. Des mois ainsi, des semaines d’infos parfois trop lourdes pour de jeunes gens comme eux. La situation ne faisait que muer dans sa tête, prendre de nouvelles couleurs, toujours plus vives, qu’elle comprenait de nouveau sous un jour nouveau, un angle qui faisait sacrément mal. Peut-on se couper avec un angle métaphorique ? Il y avait de quoi se poser la question. Alors cette conversation, elle aurait aimé ne pas l’avoir, s’arrêter là immédiatement, ne surtout pas affronter la réalité. Ne pas entendre ce qu’elle percevait à travers le téléphone, oublier les tensions, oublier les douleurs réciproques, oublier le passé et faire table rase du présent. Seulement en revenir à leur normalité. Mais bien sûr, ça n’était pas une option. Alors oui, la goutte d’eau qui faisait déborder le vase était là, faisant ressortir tout ce qu’elle n’aurait peut-être pas dit en temps normal, globalement plus mesurée et intelligente que ça. C’était tout, juste ça. Un trop plein. Une accumulation de sensations qui s’empilaient, et le tout avait débordé. Alors pourquoi agir ainsi ? A aucun moment pour le remettre en question, lui. Pour justifier, sans doute, poser certains faits, se rappeler, aussi, à elle-même, pourquoi elle était là, avec Tim, et qu’elle ne le dégagerait pas plus à présent que quelques heures plus tôt. Est-ce qu’elle s’attendait à ce qu’Enzo s’en prenne à Tim ? Pas le moins du monde. Qu’il l’écarte ou la renie ? Non plus. Elle ne l’aurait pas défendu auprès de son ami d’enfance si ça n’avait pas été le cas et la jeune femme ne quittait pas ses positions. Elle maintenait : ses proches étaient plus intelligents que ça, que ce que Tim pouvait supposer, manifestement. Et si lui ne faisait pas confiance en l’humain, elle savait à quoi s’en tenir avec ceux qui partageaient sa vie. Sa confiance, ils l’avaient et elle n’en démordrait pas. Tout comme elle savait ce qu’Enzo avait traversé, amenant sur ses lèvres un petit sourire cynique quand Tim pouvait lui affirmer qu’elle risquait de perdre ses proches, sous-entendait que personne ne comprendrait. Mais c’était faux et la jeune femme savait parfaitement comme ses amis étaient loin d’être toujours restés en dehors des conflits, éloignés des souffrances. Tim n’en savait rien, bien sûr, et elle n’irait évidemment pas balancer les secrets et le passif des uns et des autres. Encore moins maintenant, cela dit en passant. Alors non, il n’y avait pas la moindre trace de doute en elle.

Elle savait que la colère n’était pas dirigée contre elle, qu’il n’y avait pas moyen que cette situation remette en cause ce qu’il y avait entre eux, que dans le fond, tout ça ne les concernait pas directement. Ils étaient seulement les spectateurs endoloris d’une situation infâme. Les victimes collatérales qui devaient se positionner comme ils le pouvaient, évitant de prendre partie, d’opposer les uns aux autres, de rentrer dans le concept éculé de clans. Non, ils avaient dépassés ça depuis longtemps, appris dès leur jeune âge à ne pas tomber dans ces facilités très adolescentes. A Poudlard, combien de proches s’opposaient ? Les sujets étaient légers au début, des histoires de tensions internes, de délit de sale gueule, de trahisons infantiles. Et puis les trahisons étaient devenues véritables drames, crimes ou délits. Leur réalité tâchée de sang, leur quotidien fourbu de dangers évidents. Pour autant, ils étaient restés soudés. Bien sûr, il y avait eu des passages à vide, des moments où les uns et les autres avaient besoin de temps. Alors oui, elle savait qu’il ne s’agissait que de ça, le temps comme nécessité, comme obligation pour lui permettre de digérer. Elle n’en avait jamais douté. Mais voilà, l’information était la goutte d’eau pour elle aussi. Une nouvelle violence de plus et l’impression d’être le cul entre deux chaises, que chacune de ses émotions était falsifiée, la colère pour les uns devenant compréhension et inversement, l’ensemble se muant en un fouillis ingérable. Pourtant, cette impression de ne pas avoir le droit de ressentir ces contradictions, elle venait d’elle uniquement, de l’opposition entre ses positions plus ou moins arrêtées passées, si violemment remises en question. Alors si elle s’excusait, c’était parfaitement consciente qu’elle s’était laissée emportée, comme lancée dans un argumentaire qui parfois… n’était simplement pas pertinent. Hors propos, oui, trop surtout. Un trop qui témoignait du brouhaha de son esprit, du débordement des vagues qui finissaient par éclater un peu à travers ses lèvres. Une façon de gérer la nouvelle, seulement. Une façon de faire avec et de ne pas se laisser engloutir, de poser les mots sur ce qui lui importait, sur ce qu’elle ne devait pas perdre de vue… comme l’impossibilité d’admettre ou de penser que l’homme qui avait fini par s’écrouler là, dans une des chambres de sa maison était un parfait inconnu qui avait voulu leur faire du mal. Lui faire du mal, à elle et par extension, à sa fille. Elle s’accrochait à ses connaissances, ses ressentis, refusait de penser qu’il ne lui était familier que par une vue de l’esprit, une idiotie de sa part. Que par naïveté. Mais refuser la trahison était-ce une façon de s’enfoncer plus avant dans la tromperie ? Elle voyait les erreurs, ne les acceptait pas et lui en voulait d’avoir été si bête, si atrocement refermé sur lui-même. Mais elle savait aussi qu’il n’y avait là qu’une réaction profondément humaine et désespérée. Du moins c’était ce à quoi elle voulait se raccrocher. Affirmer qu’elle le connaissait, qu’elle ne se trompait pas. Comme des faits qu’on énonce un peu trop fort pour leur donner du poids, pour se rassurer. Car en quelques mots d’Enzo, un éclairage sur la situation, tout l’amour, la souffrance, l’inquiétude et le soutien qu’elle avait eu pour lui et Will… sonnaient faux, terriblement hypocrites. En quelques mots, elle s’était simplement sentie coupable de ses doubles prises de position. Pas tant par peur du regard de l’autre, car elle connaissait trop son ami pour ça. Mais il est des regards plus incisifs que ceux des autres.

« J’te demande rien tu sais. »
« Je sais. »

Rien de plus que deux mots soufflés dans la brise, le corps ondulant de gauche à droite, les lèvres posées sur le front de la petite, les paupières fermées sur l’humidité de ses yeux clos. La lassitude dans sa voix lui étreignait la poitrine bien autant que la colère un peu plus tôt. Pour tous les coups qu’il encaissait, elle sentait tant de fatigue dans cette voix, dans cet être qu’elle aurait voulu serrer contre elle. Tant qu’elle entourait un peu plus sa fille comme si par ce geste, c’était lui qu’elle pouvait étreindre. Et l’enfant, doucement, se calmait.

« J’le comprends déjà Sova. »

Ça aussi je sais.
Ce qui est parfaitement contradictoire avec tes dires, jeune fille.

Pourtant, oui, elle savait. Parce qu’elle n’avait pas attendu ces mots pour faire le rapprochement, quelques heures plus tôt.

« Ce gosse paumé qui prend les mauvaises décisions, suit les mauvaises personnes, fait des choix de merde avec des conséquences désastreuses je l’ai été. Et Tim le sait sans doute d’ailleurs mieux que beaucoup de personnes. »

A la première phrase, elle ouvrait les lèvres, s’apprêtait à répondre que, oui, elle le savait, qu’il n’avait pas besoin de se justifier, de rouvrir de vieilles blessures, de parler de ce qu’elle savait si bien pourtant. Alors pourquoi avoir parlé de tout ça, Sovahnn, alors même que tu n’as aucun doute ?  Pourquoi rappeler ce qu’il vit ?
Mais à la seconde, elle se taisait, l’esprit basculant un instant, les sons bourdonnant dans un flash derrière ses paupières. Brusquement, elle se redressait, mordait sa lèvre inférieure, cessant un instant ses gestes apaisés avant de les reprendre avec une hésitation saccadée. Le regard posé sur l’océan, braqué sur le roulis des vagues, la fureur calme de l’écume contre les rochers. Cette phrase, si elle avait coupé le son dans sa gorge, elle agitait les souvenirs muets, comprenant comme un coup de plus ce qu’il voulait dire. Un aveu à mi-mot, un choc de plus. Sans doute avait-elle laissé échapper un simple souffle, comme si le coup avait été réel, physique.

T’en as encore beaucoup, de bonnes nouvelles comme ça ? Non parce que c’est le moment.

Pas de colère pourtant, pas d’angoisse. Juste une vague, une onde indéfinissable qui griffait ses nerfs en imaginant ce qui aurait pu se produire. En d’autres temps, d’autres lieux. Le passé est ainsi, on ne peut revenir dessus. Elle avait déjà accepté le sien depuis longtemps, ne reviendrait pas là-dessus malgré ça, consciente qu’elle savait déjà qu’il s’agissait d’une possibilité. Tout comme Alec ou d’autres. Pas de diarrhée verbale face à cette nouvelle goutte, juste un choc, une lassitude qu’elle partageait, dans la conscience affreuse de cette réalité qu’ils partageaient tous : que des gosses en train de gérer l’horreur comme ils le pouvaient. Et un instant, il lui avait semblé n’être que ça. Une gosse face à un monde trop grand, trop vaste, trop violent. Une gosse qui n’était toujours pas prête à tout ça. Et pourtant, la réaction était très différente. Pas de volonté de fuir, pas de peur, pas de sensation de culpabilité quant à ses propres pensées ou ressentis. Peut-être parce que la situation était déjà entendue, déjà digérée – du moins en partie – par les deux parts concernées. Parce que ça ne la regardait pas, et que cette fois, c’était plus clair et évident à ses yeux. Peut-être juste car, dans le fond, c’était la réaction de Will, qu’elle craignait plus que tout dans l’histoire, bien plus que celle d’Enzo. Ou de Riley. De Matéo. De ceux qu’elle n’avait pas intégrés dans ses réflexions initiales. Peut être juste parce que le passé d’Enzo était simplement déjà clair pour chacun d’eux et qu’il n’y avait rien qui puisse remettre en question l’acceptation autant que l’affection qu’elle éprouvait pour lui. Face à ça, il n’y avait pas d’inconnue, pas de sensation d’étrangeté ou de peur de se tromper. Ça ne remettait rien en question. Elle ne doutait pas. Contrairement à Tim.
Le silence n’était donc là que pour intégrer ce qu’il venait de dire, sans la moindre forme de rejet, en attente simple de la suite, car elle savait qu’il n’avait pas fini.

« Mais j’peux pas faire ça maintenant. »

Le timbre de sa voix lui brisait bien plus violemment le cœur que la teneur de ses propos. Bien sûr qu’il ne pouvait pas faire ça. Comment l’aurait-il pu ? L’intégralité de tout ce qu’il affrontait était déjà trop et elle le savait parfaitement. Elle l’avait assez vu pour en avoir conscience. C’était bien sûr l’inquiétude qui reprenait le dessus en silence, attendant la suite.

« Entendre tout ça … M’inquiéter de son sort, écouter la liste des raisons expliquant qu’il n’a pas eu la vie facile. Personne n’a eu la vie facile. J’pense qu’on est bien placés pour le savoir tous les deux. »

Une nouvelle fois, Sovahnn ne le prenait pas pour elle, pinçait seulement des lèvres en comprenant ce qu’il avait supposé, interprété de ses dires. Si elle s’était excusée, ça n’était pas pour rien. Consciente du trop, des réflexions hors propos, comme un truc qui lui avait échappé, une façon de vider l’écluse. Or il n’avait pas besoin de ça….

« J’suis pas une menace pour lui si c’est ça qui t’inquiète. Et il n’est pas une menace pour nous, pour toi et moi. Mais pour le moment j’ai pas de place ni d’énergie pour ça. Pour lui. »

Pas la moindre trace de soulagement en elle.

… Et certainement pas de penser qu’elle ait pu l’imaginer violent envers lui. Bien sûr, il pouvait l’être. Bien sûr, il pouvait perdre le contrôle, se perdre lui-même, elle le savait parfaitement, tout comme elle gardait en tête le cycle lunaire. Pour autant, ça ne lui avait pas traversé l’esprit une seconde.

« Il t’a toi, il a sa mère, il n’est pas seul. »

Deux personnes qui n’ont pas vus, n’ont pas sus. Oui.

Un moment, elle avait laissé le silence reprendre le dessus, lointainement consciente que sa fille était de nouveau apaisée contre elle, écoutant les battements de ce cœur qui avait cessé de marteler sa poitrine sous la violence des nouvelles encaissées. Ses hanches balançaient toujours face à l’eau, le regard posé au loin, étrangement calme avant de lâcher un petit soupir où résonnait presque un rire. Fugace, soufflé. Sans doute nerveux et fatigué, ironique et auto-moqueur, mais un rire quand même.

« J’crois que c’est moi que j’essaye de convaincre, tu sais. »

Pas toi.

Pas en attente de validation de ses dires, pas en attente d’assentiment. Juste parce que ses doutes et ses émotions débordaient. Parce qu’elle aimait profondément tous ceux qui étaient impliqués, et que sa façon de répondre habituelle, défendant bec et ongle ses proches, dans un rejet de leurs agresseurs se trouvait sacrément mise à mal en cet instant. Une remise en question évidente, pas toujours simple à gérer. Un nouvel instant de silence, apaisant ses maux.

« Je te demande rien, ne t’en fais pas. Je sais que c’est trop tout ça. Qu’il faut du temps… et d’ailleurs que je trouble ce qui aurait dû être un moment rien qu’à vous. C’est pas le but. Je me voyais juste pas ne pas en parler… encore moins maintenant du coup. » Les non dits, les mensonges, les conversations repoussées, elle savait comme elles avaient le don d’être un terrain fertile au mal-être. Et parce qu’il était son confident autant que le sien, oui, elle avait appelé. Erreur ou non, ça n’était même pas une question pertinente. Cette conversation, ils devaient l’avoir, sans doute bien plus qu’elle l’avait pensé à l’origine. Un truc qui se devait d’être fait, voilà tout. « Je me suis emportée, c’est tout. » Un soupir et elle passait une main dans ses cheveux rendus broussailleux par le vent de la côte. « J’ai juste du mal à encaisser et j’essaye de me raccrocher à ce que je peux je crois. J’ai jamais eu peur que tu puisses t’en prendre à lui, ou que ça puisse changer quoi que ce soit entre nous, t’en fais pas. »

Je te connais trop bien pour ça.

Se remettant doucement à marcher, la jeune femme longeait la falaise sans vraiment regarder la maison d’où elle s’éloignait, restant dans le cadre des sorts qui avaient été déposés autour des lieux, notamment par Enzo.

« Vous allez vous isoler de tout ce bordel et simplement vous retrouver. Le reste attendra. »

Construire une bulle loin de tout.
Le sujet Tim était clos. Elle le déportait sur ce qui l’inquiétait tout autant.

« Comment vous allez ? »

Lui, toi, vous deux ensembles. L’un envers l’autre. Et si elle sentait qu’Enzo n’avait pas envie de parler, il lui fallait poser la question tout de même. Libre à lui de développer ou pas le propos.
Car cette question l'inquiétait d'autant plus qu'ils avaient vécu un choc de plus, un coup supplémentaire qu'il fallait dépasser ensemble. Un dégât collatéral de plus pour son ami.
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Sovahnn Dawn Lockwood
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Sovahnn Dawn Lockwood
Mer 16 Juin 2021 - 22:07
Le silence seulement bercé par les vagues, par ce va et vient incessant dans lequel l’espace d’un instant je rêve de me noyer. Tout oublier. Inspirer, bloquer l’air, me figer les poumons pleins d’air sans avoir me soucier du reste, du moment où il faudra expulser cet oxygène pour recommencer. Encore et encore, inlassablement. Vivre, parfois, c’est fatiguant. Respirer, souvent, c’est indifférent. Pourquoi est ce qu’on est foutu comme ça, automatique ? Parce qu’on oublierait trop souvent de reprendre notre respiration ? Pas les seuls, non, mais si un jour tout s’arrête ça peut être par choix.
Le soupir que je laisse échapper c’est la vie que j’accepte, avec tout ce qu’elle apporte. Ses hauts, ses bas, ses épreuves, ses cris et ses larmes, ses incompréhensions. La fatigue sur les épaules, dans le cœur, le regard rivé sur le reflet des rayons de lune pendant l’eau va, s’éloigne puis revient.

Comme une respiration.
Est ce qu’elle respire, la mer ?
Et si t’arrête d’y penser, tout s’arrête ?

L’esprit dérive, lâche prise, se laisse happer puis revient.

Comme l’Océan sur le sable.
Comme l’air dans les poumons.

Inlassablement.

« J’crois que c’est moi que j’essaye de convaincre, tu sais. »

Personne n’aime ça. Personne n’aime se sentir si las, si fatigué, que les ressentis des autres deviennent filin dans le vent qu’on ne perçoit qu’à peine. Si j’avais encore la force de me sentir coupable c’est ce qui rongerait mes os, grignoterait mon cœur. Pas insensible, pas indifférent, non jamais. Elle le sait. Ils le savent. Ceux qui comptent.

« Je te demande rien, ne t’en fais pas. Je sais que c’est trop tout ça. Qu’il faut du temps… et d’ailleurs que je trouble ce qui aurait dû être un moment rien qu’à vous. C’est pas le but. Je me voyais juste pas ne pas en parler… encore moins maintenant du coup. » 

Et moi j’ai fait quoi ? J’ai gardé le silence. J’ai attendu. J’ai ressenti ce secret ronger mes sangs parce que ça n’était pas à moi de te le dire. C’était à lui, à personne d’autre. Mais ça aussi ça pèse. Ça pèse la déception dans le cœur des gens qu’on aime, l’incompréhension. Lui, toi, un nouveau nœud qui vient nous étreindre et bloquer l’air dans nos cages thoraciques.

« Je me suis emportée, c’est tout. » 

Je sais.
Je comprends.

« J’ai juste du mal à encaisser et j’essaye de me raccrocher à ce que je peux je crois. J’ai jamais eu peur que tu puisses t’en prendre à lui, ou que ça puisse changer quoi que ce soit entre nous, t’en fais pas. »

Étranger d’une histoire qui n’est pas la mienne. Les liens ils viennent de toi, de lui, de cet homme qui dort dans mon lit épuisé lui aussi. Ils m’enroulent ses liens, me ramènent à chacun d’entre vous d’une manière ou d’une autre. Ils serrent, relâchent, serrent encore. Le passé se mêle au présent quand le futur se fait abstrait.
Je voudrai pouvoir te dire que tout ira bien, qu’on passera encore une fois au travers de tout ça, mais ce soir tu vois je n’en ai pas la force. Je ne l’ai plus. Je voudrai te prendre dans mes bras, embrasser ton front, celui de Liya, vous sourire à toutes les deux en te disant par un regard qu’on y arrivera mais les pieds ancrés dans le sable je ne peux pas. Je ne peux pas m’éloigner de lui, de ça, de nous. Plus la force pour ça. Un besoin viscérale, presque vital, de rester prêt de lui. Qu’on s’en aille, enfin, qu’on se coupe de ce monde qui rend la respiration si difficile.

« Vous allez vous isoler de tout ce bordel et simplement vous retrouver. Le reste attendra. »

Le monde attendra. Il attendra que l’inspiration redevienne plus facile, plus profonde. Il attendra que les épaules et le cœur soient moins lourds. Il attendra que le sourire revienne, qu’il soit un réflexe, une attitude à  laquelle on ne réfléchit même pas.

Ça ira.
Juste du temps.

« Comment vous allez ? »
« Ça va. »

La réponse ne souffre d’aucune hésitation malgré les lames de fond qu’on a encore percuté, qu’on percutera peut être encore. Parfois je me demande comment on fait pour tenir, tous autant qu’on est. Sans doute parce que malgré tout ce qui peut se passer on continue de trouver la force de se battre, d’être là les uns pour les autres.

Mais ce soir, cette nuit, je n'ai pas la force d'épiloguer. Plus la force des mots.

« J’vais aller le rejoindre. »

Une boule dans la gorge à l’idée de lui fermer la porte au nez de cette façon mais ça n’a rien de personnel. Ça fera mal, sans doute, mais je sais qu’elle comprend. Elle comprend que ce dont j’ai besoin c’est son corps à lui contre le mien, sa main dans la mienne. Combien de fois séparés comme ça ? Deux. Deux putains de fois. Trop de fois, en trop peu de temps, avec trop de marques laissées sur la peau et sur l’âme.

Ce soir, hier, demain ... Il est le pansement dont j’ai besoin, la caresse qui me tranquillise. Je suis le baume qui apaise ses douleurs, chasse ses peurs.

« Je t’appelle quand on rentre, d’accord ? »

La voix se fait plus douce, laissant passer un « je t’aime » informulé qu’elle entendra j’en suis certain.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 30 Juin 2021 - 21:08
« Ça va. »

Qu’il est lourd ce silence, qu’il est chargé d’embruns, de sel et de brumes. Il devient dense, l’a toujours été, forme une barrière outre Atlantique, un barrage aux émotions autant qu’aux paroles.  Rien qu’une porte fermée, quelques mots pour couper le contact.

« J’vais aller le rejoindre. »
« D’accord… »

Quelques mots pour mettre un stop, pour fermer la conversation, oui, ça pourrait. Et pourtant le contact, lui, ne se brise pas. Qu’importe la densité de la brume, il perce la mer et s’étend à travers l’océan. Oh, quelle est grande, l’étendue des flots. Pourtant la distance n’est pas sourde. Au contraire, elle est bruyante, attentive, à l’écoute du vide et des mots. Elle lie, cette distance, malgré le sel. Et si l’une lie, l’autre lit. Il aurait été aisé de se prendre le rejet de plein fouet, de vivre avec angoisse la distance que le silence pouvait contenir. Pourtant ça n’était pas ce qu’y voyait Sovahnn. Sans doute parce qu’elle le connaissait, parce qu’elle lui faisait trop confiance pour ça, parce qu’elle croyait trop en leur relation pour y voir le rejet froid et puissant que ces quelques mots auraient pu receler. Non, elle, elle voyait le lien dans les brumes, peut être malmené, mais toujours là, tendu au dessus des flots, imperméable aux affres des embruns. Il y a des choses que le sel marin ne peut éroder. Cette confiance, acquise, puissante et sereine, en fait partie. Alors le ton ne se faisait pas accusateur, blessé ou déçu entre ses lèvres. Las, oui, fatigué, sans doute, mais toujours doux. Il fallait croire qu’elle avait encore ça en elle, la force viscérale de croire en l’autre, d’être là pour lui, de le voir sans se laisser déborder par ses propres angoisses, ses plaies, ses tors. Elle refusait au présent le droit de tordre le passé et d’abolir le futur. Oui, les nouvelles l’ébranlaient, elle aussi, elle frissonnait sous ses coups, serrait les dents et perdait le souffle, mais pas l’amour ni la confiance en ceux qui, peut-être, oui, avaient fait des erreurs. L’humain fait des erreurs, c’est dans sa nature. L’important est de voir ce qu’il en fait ensuite. Et l’humain a parfois besoin de temps et d’espace. La distance ne signifie pas toujours le vide, et Sovahnn le connaissait trop pour lui prêter des intentions d’éjections là où il n’y avait que ça : de la distance et du temps. Sa présence à Lui, souveraine en ces temps de souffrance et d’instabilité et le besoin, pour eux deux, de se protéger un peu et de se retrouver. Il aurait pu raccrocher, là, maintenant, qu’elle n’en aurait pas démordu, refusant les angoisses que Tim lui assenait un peu plus tôt, affirmant encore et encore trop connaître ses proches pour penser qu’ils la rejetteraient comme il semblait le penser. Chacun avait seulement besoin de temps pour digérer l’ensemble et s’il ne la souhaitait pas à ses côtés pour l’aider à faire face, même si ça faisait affreusement mal, c’était son droit le plus légitime. Car tout ça était trop. Trop à gérer, trop à vivre, trop à encaisser. Tout était trop, et il avait besoin de prendre les choses par petits morceaux. Et oui, là le morceau qui comptait le plus, c’était son couple, voilà tout. C’était la première étape, le premier pas, la première réparation à laquelle se concentrer. Car eux iraient bien. Car c’était de lui dont il avait besoin en cet instant et si elle n’y avait pas sa place, soit. Douloureux, bien sûr, ça n’est jamais agréable d’appréhender la distance ou de savoir qu’on n’est pas la personne souhaitée. Simplement voilà, ça arrive, ça fait mal, mais ça n’a rien de grave en soit.  

« Je t’appelle quand on rentre, d’accord ? »

La voix était plus douce, écrivant dans les nuées des mots qu’il ne prononçait pas.

« Bien évidemment, oui. » Elle, si. « Enzo ? Je t’aime. Je sais que c’est dur et que tout ce bordel fait mal, mais ça finira par se lisser. T’as le droit à la déconnexion, alors prenez le temps tous les deux. Embrasse-le pour moi. Bonne nuit les garçons. »

Est-ce qu’elle regrettait de lui avoir envoyé ce message ? Non. La conversation faisait mal, elle n’était pas encore persuadée d’avoir fait le bon choix, mais dans le fond du problème, elle ne se serait pas vue lui cacher une telle information après les semaines passées dans l’ignorance qui l’avaient si violemment écrasé un peu plus tôt. Alors non, elle ne regrettait pas. Ainsi, avec douceur, elle raccrochait, ne cherchant pas dans ces mots à le forcer à y répondre, ça n’était pas nécessaire.

Elle pouvait, elle faisait.
Il ne pouvait pas, il ne faisait pas.
Pourquoi chercher plus loin ?

Bien sûr, la douleur grésillait en raccrochant, serrant la petite fille contre elle, y déposant un baiser sur le front. Car la situation complète, dans sa complexité, était insupportable et que oui, elle en était ébranlée, bien entendu. Pour autant, il n’y avait ni inquiétude en elle, ni ressentiments, juste ce truc qui lui griffait la poitrine et se demandait quand toutes ces merdes allaient arrêter de pleuvoir comme une foutue mousson en plein mois de mai.

Mais il était des Hommes en qui elle ne cessait de croire, et ça n’était pas quelques gouttes qui la feraient changer d’avis car en ces moments où tout semblait s’effondrer, il n’y avait que ça qui eu du sens.

- Topic Fini je pense -
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Sovahnn Dawn Lockwood
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