AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Abandon myself daily - Enzo

 :: Autour du monde :: Autres Continents :: — Australie
Ven 26 Fév 2021 - 23:50
12 mai

« Hey non, qu’est-ce que tu fais debout ? Adam, vient là mon cœur. »

Mon… mon quoi ?
Ton cœur, tu sais Jordane, celui qui déborde tellement fort, qui se tord à en crever et vomit de trop aimer. Celui qui s’écrase plus qu’il ne cogne dans ta poitrine à l’instant où tu rejoins le petit et qu’il referme ses bras autour de toi quand tu le soulèves.

Les petits doigts s’accrochaient à ses cheveux, se mêlant entre les mèches tandis que de l’autre main, il griffait le haut de sa nuque, son visage s’y enfouissant déjà, les bouclettes lui chatouillant le menton quand Jordane raffermissant sa prise, le callant contre elle pour l’emporter loin de la porte fermée de Dorofei.

« Hey viens là bonhomme, laisse papa dormir, il en a besoin. »

Papa a été enlevé par une bande de tarés et s’il peut dormir un peu, ça ne fera pas de mal. Et tu sais ce qu’ils lui ont fait ? Eh ben moi non plus. Sinon c’est ceux qui ont arraché l’œil de papa. Voilà. Allez bonne nuit gamin…

Elle semblait douce et tendre avec le petit, et pourtant à l’intérieur, c’était l’ébullition. Pourtant sa voix était posée, son regard apaisant, ses gestes affectueux. Une main dans son dos, elle longeait le mur, lorgnant la porte close jusqu’à ce qu’elle emporte l’enfant dans sa chambre à lui.

« Allez viens là.. » Doucement, elles s’asseyait en tailleur dans le lit du petit qui se blottissait contre elle tandis qu’elle échangeait quelques mots. Tu n’arrives pas  à dormir ? Tu sais ce que je disais à ma petite sœur quand elle avait fait un cauchemar ?
Et l’enfant ne voulait pas dormir, alors il posait le visage contre sa cuisses, elle laissait courir une main dans son dos tout en allumant la petite lampe de chevet, attrapait un livre et le lui lisait, d’une voix douce. La grande sœur reprenait du service jours après jours. Elle était là, l’interceptait pour alléger au mieux le poids des derniers évènements, pour faire tampon, tout simplement. Oui, elle était là pour ce petit gamin qui s’endormait tout callé contre elle et qui faisait bondir son cœur d’un amour qu’elle n’était pas prête à gérer.

Ni pour elle, ni pour son père qui dormait à côté, ni pour celle qui s’écroulait dans la nuit. Ni pour personne à vrai dire.

S’extirpant doucement des draps, elle accompagnait la petite tête bouclée sur son oreiller, y déposait un baiser avant de sortir sans faire de bruit. Et sans faire de bruit, c’était la chambre de Dorofei qu’elle ne tardait pas à ouvrir à son tour. Endormi également.

Alors elle refermait doucement les deux battants, vérifiait les sortilèges de protection, et attendait une seconde. Un instant perdu dans le vide, sans qu’il n’ait vraiment de but. Un instant durant lequel elle se sentait chuter, prête à se laisser tomber contre le mur et jusqu’au sol hurler toute la bile qui lui entaillait le cœur.

Elle était là.
Elle était là pour ces deux là. Elle était là au QG. Elle était là pour Keza. Oui, elle était là.

Il fallait tenir, encaisser les deuils, encaisser les manques, ne pas fuir, ne pas trahir. Car c’était bien de ça qu’il s’agissait : de trahison. Ils traversaient tous des crises qu’elle ne pouvait se permettre d’ignorer. Il n’aurait pas été compliqué pourtant de fermer les yeux, d’ignorer, de ne pas admettre la violence de ces moments.

Pourtant le chaos dans les prunelles de Kezabel l’emportait toujours à présent, hantait ses nuits, battait dans ses veines. Elle y était restée, sans faiblir, sans faillir, parce qu’elle lui devait bien ça, parce qu’elle crevait de la voir ainsi… et parce que si elle était sortie, sans doute aurait-ce été pour brandir les armes. Si la jeune femme avait demandé à Margo de l’éloigner du terrain pour l’instant, c’était qu’elle sentait battre la soif de sang jusque dans sa gorge. Ses mains tremblaient depuis, les mots lui manquaient, la rage se faisait seule maîtresse à bord, comme la compagne d’une vie, seule amie capable de l’aider à tenir le cap, à ne pas prendre le large, à ne pas couler.

Il fallait bien lui laisser de l’espace, pourtant. Laisser Sanae, d’abord, prendre sa place auprès d’elle au QG. Puis Riley chez elles. Passer la main, laisser sa place à celles qui en étaient bien plus légitime. Alors elle s’échouait ici où elle trouvait son utilité. Rapidement, la jeune femme était allée s’occuper de l’enfant, l’amener à ses grands parents, les rassurer sans jamais rien leur révéler, puis le rechercher, le ramener ici, là où Dorofei agissait comme si de rien n’était. Et pourtant, elle le voyait flancher, comme si l’ombre des traumas de Kezabel se plaquait dans son dos sans qu’il ne le voie. Comme si elle devinait les hurlements de son amie à travers la gorge muette du second.

Elle les tuerait pour ça.
Elle les tuerait pour elle.
Elle les tuerait pour cette impression de chaos complet qui enserrait sa poitrine et manquait de déborder comme l’essence putride des émotions qu’elle n’arrivait même plus à nommer.

Et là derrière, il y avait le reste. Il y avait Lex, qui semblait passer bien invisible, inutile dans tout ce tumulte. Il y avait l’absence de Zach, comme une aiguille qui resserrait chaque alvéole de ses poumons les unes sur les autres.

Et puis il y avait Enzo. Son absence à elle semblait être passée pour ce qu’elle n’était pas, à savoir une coïncidence bienheureuse. Et pourtant… pourtant ça lui avait traversé l’esprit : l’appeler, baiser, en profiter une dernière fois avant qu’il n’apprenne pour Will. Et depuis ? Depuis ils avaient envoyé quelques messages sans grand intérêt, puis il s’était muré dans le silence. Et il y avait eu ce message, une bouteille lancée à la mer pour ne pas perdre un ami… et l’impression de n’avoir faire que balancer une enclume dans l’océan.

Elle était mal, oui, pour des tas de raisons. Mais Enzo n’aurait pas dû en faire partie. Pourtant l’acide était bien là, la sensation de perdre quelque chose de plus, qu’elle ne pouvait gérer ces pertes, qu’elle ne pouvait gérer cette sensation d’avoir donné et de sentir les autres s’échapper loin d’elle sans qu’elle ne puisse rien y faire.  

Ce putain de trou, elle y faisait face, encore et encore.
Bien sûr qu’elle faisait le parallèle, qui ne l’aurait pas fait ?
Bien sûr qu’elle savait qu’elle n’avait pas été à la hauteur la première fois.
Qui l’aurait été ?

Un instant, son dos touchait le mur et elle passait ses doigts tremblants contre la peau de son visage, l’envie de vomir sa rage là,  au sol. L’envie de partir, arme au poing, dénicher tous ceux qui pouvaient avoir été impliqués de prêt ou de loin dans tout ça. Tous ceux qui œuvraient pour les faire tomber les uns après les autres.
Et elle revoyait Lilian, la folie dans ses prunelles, puis la surprise et enfin la douleur.
Oh cette douleur, elle voulait la fouler de nouveau, la prendre, la distribuer. Elle voulait la faire sienne, le briser entièrement parcelle après parcelle. Lui et les autres.

Tu fermes ta boite à malheurs et tu vas voir les baleines.

Le message était encourageant malgré ses propres maladresses. Pas toujours très fine la demoiselle ? Sans blague.. Loin d’être douée pour maintenir une relation sur le long terme, quelle qu’elle soit, elle avait tendance à la flamber puis la perdre de vue, volontairement ou non. Et raccrocher… ça elle ne savait pas le faire. Alors elle tentait avec de l’humour, comme si rien ne la touchait. Comme si rien de tout ce foutoir ne l’impactait.

Non, rien ne l’impactait.

Les mains dans les poches, en short et débardeur en pleine nuit dans les nuits de Londres, elle s’approchait de Kezabel sans y retourner, comme si sa légitimité à être près d’elle à des heures indues avait pris fin dès que son amie avait osé sortir du QG.

Jordane sortait son téléphone, faisait défiler le répertoire, s’arrêtait sur son nom, puis celui de Riley, retournait sur celui d’Enzo, bloquait sur le numéro jamais effacé de Zach.

« T’es conne bordel. »  

Et elle s’esquivait dans la nuit, remontait les allées, dépassait des groupes de gars éméchés, disparaissait au détour d’une rue déserte.

Et voilà que seule, elle parcourait le monde, s’arrêtait par-ci par-là, comme pour goutter la saveur de la liberté retrouvée. Pourtant, cette-fois, celle-ci possédait un gout bien terne. Comme bouffée par la grisaille.  

Pourtant, les pieds dans le sable, les chaussures à la main, le cœur de la jeune femme semblait ici moins lourd à dévisager les vagues comme si elles pouvaient l’emporter au loin.

Loin d’elle-même, avant d’être loin des autres.
Loin de cette qui n’avait qu’une envie : fuir ce qui pouvait l’importait si fort.
Le téléphone sorti, elle envoyait un message pour dire qu’elle s’était arrivée, se laissant tomber dans le sable, jouant du bout des pieds avec celui-ci.

La première fois qu’elle était venue, elle ne le connaissait pas et pourtant le contact semblait tellement plus simple. Quand rien n’avait d’importance. Quand elle ne s’en faisait pas pour eux tous. Quand elle ne sentait pas si fort ses démons lui marteler les reins de disparaitre au loin.

Coupable jusqu'au bout des ongles d'être ainsi.

Brune, à défaut d’être blonde, elle se laissait capter par le calme des vagues.
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2265
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Mar 9 Mar 2021 - 13:53

12 Mai 2016, début de matinée

« Je l’aime pas, mais pour toi je le ferai. »

Pour seul réponse de ma part un sourire, la tête basse, les yeux rivés sur le sol sans même le voir. Faire quoi ? Traquer ces fils de chiens qui ont enlevé Liam et les détruire. Un par un. Je sais le feu qui brûle dans les veines de mon frère, je sais aussi que j’ai exactement le même, tout comme je sais qu’il m’a déjà consumé. Tout ça pour quoi ? Je n’y ai absolument rien gagné mais je sais qu’il ne comprend pas.

« C’est vraiment pas ce que tu veux ? »

Soupir. Long et profond soupir. Ma jambe droite s’agite, mon pied claque contre le bois des escaliers de la terrasse où on est installés tous les deux. Ce matin j’ai pas les nerfs aussi calme que les jours précédents, je peux sentir l’ombre courir sous la surface, la deviner dans le fond de mon regard quand je croise un miroir. L’animal, l’homme, qu’importe puisque je ne céderai pas mais ça ne veut pas dire que c’est simple pour autant. Et l’approche de la Pleine Lune me rend méfiant, à l’écoute de chaque battement de cœur, chaque moment où je pars dans mes pensées sans vraiment le réaliser. Je le sais, je peux compter sur Ben si jamais je sens que la pente devient trop glissante et quelque part ça me rassure.

Là, dans le fond de ma gorge, c’est un grondement sourd que je contiens.

« Je voudrai les voir mort jusqu’au dernier Derek, je rêve de les tuer moi même. C’est ça que tu veux entendre ? »

Le ton est calme, la gorge légèrement serrée malgré tout. Je tourne la tête et plonge mon regard dans le sien sans ciller. Une partie de moi voudrait abandonner la lutte, laisser parler la violence, mais elle n’est pas la plus forte. La partie, pour le moment, c’est la lumière qui la maîtrise. Pour eux, pour d’autres.

« Mais j’peux pas. J’veux pas. »

Céder, plonger à corps perdu dans ce qui sera la perte de tout ce qui me rend vivant aujourd’hui. Encore une fois je n’ai pas fait tout ce chemin, tout ce travail, pour en arriver là et risquer de tout gâcher. Et puis l’espace d’un instant je ressens l’envie de lui parler de ce qui m’est arrivé l’année dernière mais m’abstiens. Pas le bon moment, et puis surtout lui non plus je ne veux pas le perdre.
C’est donc le silence qui s’installe, l’un de ces moments où on se pose tous les deux sans qu’il ne se passe rien de spécial, après s’être entraînés sur la plage pendant une petite heure. Un moyen de laisser redescendre l’adrénaline et la Magie qui bouillonnent dans les veines, d’encaisser la fatigue aussi sans doute, de reprendre son souffle. Un moment où les pensées peuvent se faire silencieuses ou bien trop bruyantes parfois il est vrai. Un moment qui se termine naturellement quand je jette un coup d’œil à mon téléphone qui vient de vibrer.

« J’y vais. »
« Ok. »

#

Je pourrais me sentir mal à l’aise, stressé, pourtant c’est pas le cas. J’ai pas tellement idée de comment ça va se passer, de comment sont les choses de son côté, je me dis simplement qu’on verra quand on y sera. Tout ce que je vois c’est que ça me fait plaisir de la revoir parce qu’au delà de ce qu’on a partagé ces dernières semaines elle est une personne que j’apprécie. Une amie, tout simplement, que ce soit réciproque ou pas.
C’est tranquillement que je marche dans le sable, le jean retroussé jusqu’aux chevilles et les pompes dans une main, l’autre dans une poche. Wax cavale devant, court après quelques oiseaux de mer, la silhouette de Jordane se dessine de plus en plus clairement et la première chose qui me saute aux yeux est la plus évidente. Sur mon visage un sourire amusé alors que comme à son habitude Wax passe en premier pour dire bonjour.

« Fallait m'dire que le thème c’était de changer de couleur de cheveux, j’t’aurai piqué le blond. »

Hey, et pourquoi pas.
Non, je sais. Z’êtes pas drôles, vraiment.

« Ça te va bien. »

Un simple compliment, le ton n’est plus le même pour des raisons évidentes.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22459
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Sam 13 Mar 2021 - 20:35
La dernière fois, à la mort de Zach, elle avait bouffé la rage, s’était plantée en plein milieu du chemin de traverse, comme une façon de défier les regards inconnus, de chercher ceux des ordures qu’elle connaissait, comme quelques mois plus tôt, quand elle était sur le toit de Poudlard et qu’elle les faisait tomber les uns après les autres. Elle n’en avait tué qu’un ce jour-là, de ses mains. Pourquoi n’avait-elle pas frappé plus violemment ? Elle les avait marqués, il aurait suffit d’accrocher un nouveau sort, de les faire brûler, de les briser. Chaque coup donné par Alec lors des semaines précédentes lui permettait de mieux comprendre leur façon de penser, si éloignée de la sienne. Mais en cet instant, elle faisait taire ces sentiments, les enterrait, tous, si violents soient-ils. Elle les murait, s’emmurait elle-même pour être à la hauteur de la situation. Ne lâcher personne. Être là pour ceux qui en avaient besoin était devenu son seul leigh motiv, consciente qu’elle ne pouvait lâcher du lest sous peine de s’écrouler totalement. Il fallait être là pour Kezabel, être là pour Dorofei, être là pour Adam. Être là pour Enzo ? Ne surtout pas jouer l’égoïste. Alors, comme des années auparavant, elle observait le trou de la tombe, s’en détournait, y laissait une partie d’elle-même et s’occupait, parfaite petite ménagère devenue même parents de substitution sans vraiment comprendre comment. Alors elle goutait le sel des vagues, l’air marin qui résonnait différemment contre son épiderme ici.

S’il n’était pas stressé, elle l’était. Comme si elle avait commis une faute, sans doute, la colère et la frustration gravées quelque part sous la surface alors qu’il lui semblait qu’on lui prenait quelque chose. Coupable, encore, de penser ainsi. Ça n’avait rien de rationnel et Jordane le savait parfaitement. Donc encore une fois, elle enterrait, taisait, emmurait. Et elle observait les vagues, comme s’il pouvait y avoir quelque part dans l’azur une certaine forme de rédemption. Ou de fuite.

Disparaitre dans les flots, là, abandonner tout le monde, ne plus exister, ne plus être personne. Recommencer à zéro lui semblait si tentant. Pourtant, ce n’était pas en étant ici qu’elle agissait ainsi, allant à l’encontre de ses propres intuitions depuis des jours.

C’était le chien qui avait pointé le bout de son museau le premier, venant la cueillir, joyeux, la sortant de ses propres ombres alors qu’elle laissait glisser le sable entre ses doigts pour venir les glisser dans le poil granuleux, comme s’il s’était pris un coup de vent chargé des grains de quartz. Se fendant d’un sourire, elle ramenait une jambe sous elle, déplaçant le sable qu’elle accumulait contre sa cuisse, entrant dans le short où il glissait comme une digue qui cède.

« Hey, salut toi. » Pour le chien, plus facilement que pour l’homme sur qui elle peinait un instant à poser le regard.

Tu n’as pas à être gênée avait-il dit. Je t’en foutrais moi.

« Fallait m'dire que le thème c’était de changer de couleur de cheveux, j’t’aurai piqué le blond. »

Un rire léger, bien qu’un peu nerveux passait ses lèvres alors qu’elle posait son regard sur lui. Les cheveux, elle les avait presqu’oubliés tant elle avait changé de couleur en ces quelques jours. Comme un besoin de ne pas être soi, d’être différente, de fuir son existence par petites touches quand, dans la réalité, elle affrontait sans mot dire.

« ça c’est une idée ! J’te vois bien façon boys band. » Est-ce qu’elle se retenait de faire une vanne largement moins chaste sur ces derniers mots ? Oui, totalement.

« Ça te va bien. »

Un pincement au cœur, il fallait l’admettre, de ce ton bien différent, et elle baissait le regard sur le pelage de Wax.

« Merci. Besoin de changements en ce moment. »

Pour oublier ce qui n’est plus, fuir le naturel, fermer les yeux sur les blessures, oublier l’horreur qui se cache dans le quotidien.

« Tu crois que j’peux m’amuser à te les éclaircir ? » Les cheveux.

Bouffer la distance, refuser la gêne, écraser l’hésitation, arrêter avec cette impression d’étrangeté dont elle n’arrivait pourtant pas à se défaire.

« Laisse-moi me lever toi ! » Un ton doux pour s’adresser à l’animal qu’elle repoussait pour avoir l’espace de se redresser pour faire face à Enzo qu’elle prenait dans ses bras. Agir à l’instinct, malgré les muscles un peu mous, pas sûrs d’eux, l’esprit trop inquiet de perdre un ami pour avoir des gestes aussi tranchés qu’à l’habitude. Corps inaccessible, la distance amicale apposée entre eux sonnait étrange dans ce geste pourtant affectif et déni de toute recherche plus sulfureuse.

« Comment tu vas ? »

Parce que t’en chie, et parce que j’en chie j’hésite, je teste, je trouve une nouvelle posture, pas forcément évidente sur l’instant.

Elle se dégageait de lui, enfouissant le malaise.
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2265
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Dim 21 Mar 2021 - 20:29
C’est plus pareil, hein ? Depuis quand tu baisses le regard quand le mien se pose sur toi ? Depuis quand c’est plus là, ce truc sorti de nulle part ? Reparti comme c’est venu. Avant l’aveu ? Avant la réalité. Des semaines sans se parler et ce sentiment d’être devenus des étrangers laisse un goût amer dans l’œsophage. Est ce que la complicité s’est envolée dès l’instant où nos deux corps ont perdu le droit de se trouver ?

« Merci. Besoin de changements en ce moment. »

C’est ce qui me frappe le plus je crois, cette étincelle dans ses yeux que je ne retrouve pas. Disparue, masquée par les ombres, une fébrilité que je ne lui connais pas. Mais qu’est ce que je connais de toi ? Je connais ton rire, des bribes de ton passé, quelques éclats de ton présent. Je connais ta liberté, découvre les grilles qui t’enferment dans cette vulnérabilité que je ne sais pas encore comment appréhender. De la gêne évidente, des raisons que je devine, si les rôles étaient inversés j’en serai certainement au même stade mais voilà, ils ne le sont pas. Je ne suis pas celui qui porte le poids de la culpabilité sur ses épaules, pas de cette façon là en tout cas et je sais, je sens, que c’est ça qui pèse. N’est ce pas ? Au moins en partie.

« Tu crois que j’peux m’amuser à te les éclaircir ? »

Ma langue vient claquer contre mon palais, un rire bref m’échappe, quelques semaines plus tôt j’aurai sans doute dit oui sans la moindre trace d’hésitation. Je fonçais, ne me posais pas de question et qu’on ne s’y méprenne pas ce ne sont pas des regrets. J’ai retrouvé l’homme que j’aime, les choses reprennent doucement leur rythme et leur naturel, je n’échangerai ça pour rien au monde. Pour autant je ne dénigrerai pas ce que j’ai vécu, expérimenté, ni les personnes avec qui j’ai partagé tout ça. Il y a eu des visages sans nom, des corps sans importance, quelques exceptions. Deux, en réalité. Jody, parce qu’elle est ce qu’aucun humain ne sera jamais. Jordane, parce qu’au delà du sexe une réelle complicité s’est créé. S’était créé ? Je ne passerai pas des heures à me morfondre si tout doit s’arrêter là, je sais que les choses seront différentes et ce pour des raisons évidentes, mais perdre une amie? J’en ai pas envie.

« Laisse-moi me lever toi ! »

Wax comme bouée de sauvetage, une diversion toute trouvée comme pour reprendre un souffle écourté. Une pause, avant d’affronter la réalité.
Les gestes ne sont pas très assurés, un peu intimidés, mais l’étreinte est sincère. Je ne nierai pas les souvenirs du corps, cette bulle de chaleur, cette crispation dans le creux du ventre quand il se rappelle sa peau contre la mienne et ses soupirs, mais ça n’est pas une lute qui s’installe. L’esprit et le cœur sont à la bonne place. Le corps, lui, a retrouvé son ancrage.

« Comment tu vas ? »

Elle s’écarte et j’en fais autant, sourire aux lèvres, les mains occupées à caresser l’encolure de Wax alors que je m’accroupis un instant sans la quitter du regard. Je sais pas si les choses sont plus simples pour moi que pour elle, si elles sont plus claires. Je ne sais pas ce qui se passe exactement dans sa tête, je sais simplement que la vie nous fait suffisamment de crasses pour qu’on perde notre temps à ne plus savoir comment être les uns avec les autres.

« T’en dis quoi qu’on laisse de côté la politesse et qu’on mette les pieds dans le plat tout de suite ? »

Rien que de la douceur, dans les mots, dans la voix, dans l’attitude. Sans trop en faire. Parce que ça nous ressemble pas tout ça, je crois. Marcher sur des œufs, pas savoir comment se regarder, comment se parler. Les choses sont différentes aujourd’hui, elles ne redeviendront pas comme elles l’étaient, est ce que ça veut dire que tout est terminé ? Simples spectateurs, on ne pourra sans doute pas tout maîtriser.

« Il sait qu’on s’voit, et il est pas planqué derrière une dune pour vérifier que tes mains comme les miennes restent bien dans nos poches. »

...

« Chacun les siennes j’entends. »

Sourcil arqué, sourire qui s’élargit.

« Trop tôt pour en rire ? »

Encore une fois je ne dénigre rien, personne. Même si c’était juste comme ça, ça a compté pour moi, elle a compté. Elle compte encore. Quant à Liam, je sais que tout ça lui a fait du mal, qu’il mettra sans doute du temps à le digérer, mais on sait tous les deux qu’il n’y a pas de coupable dans cette histoire. Simplement des humains qui ont fait ce qu’ils pouvaient pour survivre, s’accrocher aux branches qui n’avaient pas encore cédé.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22459
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Mar 23 Mar 2021 - 14:35
C’est moi qui ai commencé, qui ai lancé cette dynamique. Et j’aurais relancé le truc même en sachant où était William, je le sais, j’aurais été cette pute-là.

Non, Jordane n’était pas à l’aise avec la situation. Ni avec le rôle qu’elle avait joué, ni avec la posture qu’elle était censée adopter à présent, ne sachant même pas pourquoi elle s’était tapé le culot de le contacter. D’ordinaire, elle n’aurait rien fait, aurait laissé les choses s’éteindre d’elles-mêmes, consciente de n’être qu’une personne de passage sans grande importance. Et pourtant, le texto avait été envoyé. Sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment retenir les uns et les autres. Sans savoir, à vrai dire, comment se retenir elle-même.  

Il aura vraiment suffit de ça pour forcer l’effondrement ? Est-ce qu’elle ne désignait ce qui s’était construit entre eux qu’à travers les envies de corps en fusions ? Est-ce qu’elle ne se définissait qu’à travers ça, le désir qu’elle pouvait provoquer, engendrer ou ressentir ? Hier, elle était sur son terrain, sa zone de confort. Hier, rien n’avait d’importance et elle prenait, sans véritablement s’interroger.

Et aujourd’hui ? Aujourd’hui il restait l’affection. Le truc qu’elle fuyait avec tant de violence qu’elle avait fini par en perdre le mode d’emploi. Hors de sa zone de confiance, si Jordane souriait, répondait, blaguait, ses muscles se tendaient pourtant, son cœur s’affolait, sa gorge se serrait, l’envie de se barrer loin de la difficulté lui crachait dans la gueule toute la violence de ses inaptitudes. Pourtant, elle était là parce qu’elle aimait. Enfermée dans le schéma même qu’elle esquivait depuis des années.

Là dans une chambre d’hôpital. Là, auprès d’un enfant. Là, sur les pans escarpés d’une falaise où les éléments hurlaient plus fort qu’elle. Là, sur une simple plage. Quand le quotidien devient la pire des épreuves.

Comment Sovahnn avait-elle fait ? Si Jordane n’avait pas eu cet exemple,  sans doute n’aurait-elle-même pas cherché. Pourtant c’était bien ainsi que leur histoire avait commencé. Mais elle n’était pas Sovahnn. Elle n’avait pas cette facilité à aller vers les autres, à développer l’affection, à la laisser transparaitre. Jordane ne savait simplement pas faire. Et pourtant, elle était bien là, révélé par sa simple présence, par ces gestes malhabiles, par ses tentatives d’humour, ses palpitations stressées. Oui, elle culpabilisait. Oui, elle se sentait déposséder de quelque chose…. Chose qui était non seulement ridicule mais surtout affreusement égoïste.  Non, elle n’était pas Sovahnn. Elle n’arrivait pas à balancer des choses légères, à énoncer ses émotions, à énoncer l’évidence. Sovahnn, elle n’avait même pas encore répondu à son message, n’était pas venue la voir après son accouchement, parce que la violence de sa réaction la bloquait toujours et qu’elle n’était plus en mesure d’encaisser la sensation de rejet. Et parce qu’à la culpabilité et à la colère, elle ne savait pas toujours répondre correctement. L’enfant angoissée se révélait à travers ses décisions, ses incertitudes. Celle qui ne savait gérer l’amour et la distance, qui s’attendait à ce qu’on l’oublie et ne savait que faire de ceux qui s’y refusaient.

Celle qui s’acharnait, pourtant, pour être présente quand elle pensait que c’était nécessaire, allant en contre-sens total de ses propres anxiétés. Les failles apparaissaient chez la jeune femme trop sûre d’elle qu’Enzo avait connu plus tôt. Et pourtant, elle les masquait comme elle le pouvait, les faisait taire sous un masque souriant bien qu’hésitant, sous des gestes d’une proximité qu’elle n’assumait pourtant pas, tant l’appel des corps se rappelait à ses souvenirs. Chaque tracé, chaque souffle, la brutalité du désir dans son bas ventre quand il s’imposait par des gestes sûrs de lui. Est-ce que ce regard lui manquait ?  Oui. Un problème ?

Mais comme lui, c’était la facilité des gestes, des rires, de la relation mise en place dont le manque vrillait ses nerfs.

Il te suffirait d’être à l’aise.
Ta gueule.
Tout le monde n’est pas aussi névrosé que toi sur l’affect tu sais.
Ferme-la.
Et l’attirance qu’on te porte ne réside pas nécessairement sur le sexe.
Merde ! Là.


Elle le lâchait, le laissait s’éloigner, s’accroupir auprès de Wax sans la lâcher du regard.

C’est drôle non ? Qu’elle demeure stable, froide, sûre d’elle devant la violence, l’envie, le défi, qu’un regard meurtrier ne la fasse pas plus fuir que l’envie dévastatrice… mais que l’affection simple d’un ami manque de la faire flancher si facilement. Où est passée l’assurance, la facilité, le contact simple, naturel, facile ? Ça lui donnait envie de se foutre le crâne contre un mur, de se noyer dans la flotte non loin. Pourtant, non, il ne se résumait pas aux envies qu’il avait provoqué sans même qu’elle le voit venir. Et c’était bien pour ça que la reprise, le passage à l’après était compliquée.

« T’en dis quoi qu’on laisse de côté la politesse et qu’on mette les pieds dans le plat tout de suite ? »

Un petit sourire, gêné. « Vu la situation, mon « ça va » était assez éloigné d’une simple formule de politesse, je t’avoue. »

La poitrine se serrait d’être si mal à l’aise, comme si quelque chose était détruit, essentiellement par sa faute, plus encore que par les sales coups du destin. Non, ça n’avait rien à voir avec William et ce, malgré la frustration qui serrait sa gorge. Ça avait à voir avec elle. Seulement elle. Comme quand elle restait hésitante auprès de sa sœur à présent alors qu’elle avait noué une relation forte pendant quelques mois après la mort de leur mère et que celle-ci s’était étiolée aussi brusquement qu’elle était apparue.

Le problème vient de toi Jordane. Le problème est toujours venu de toi, c’est pas nouveau.

« Il sait qu’on s’voit, et il est pas planqué derrière une dune pour vérifier que tes mains comme les miennes restent bien dans nos poches. »

Un sourcil arqué, un petit sourire aux lèvres. T’es sûr de ça ? Parce que je peux mettre mes mains dans tes poches hein, c’est possible ça ? Ça rentre dans le contrat ?

« Chacun les siennes j’entends. »

Un rire clair et léger, bien qu’éraillé, passait ses lèvres, immédiatement touché par les réflexions idiotes qui les traversaient au même moment.

« Trop tôt pour en rire ? »

Elle riait, pourtant, un quelque chose de tendresse dans le regard qu’elle maintenait un instant, avant de papillonner, s’enfermant dans l’humour pour masquer ses fêlures émotionnelles. «  Oh non, c’est jamais trop tôt d’en rire ! » Bien au contraire, il facilitait les choses, lui qui en était pourtant au centre et Jordane en avait parfaitement conscience.

« C’est quand même con, j’étais à ça de trouver une faille dans le contrat de base. La précision du propriétaire des poches, c’est pourtant élémentaire… »

D’un geste, elle désignait un espace réduit entre deux de ses doigts.

« C’est pas possible ça, il me laisse aucune marge de manœuvre ton mec ! ‘Sont ingérables ces gens fidèles là ! »

Ça se voit qu’elle essaye là ? Parce qu’elle essaye.

Un jour, il y a plusieurs années, j’ai compris que j’étais de trop. Alors je suis partie, pour ne pas voler la place des autres, pour m’effacer, pour ne pas me confronter à la difficulté et à mes propres aveux de vulnérabilités. Depuis, je n’ai cessé de disparaitre dès que la situation devenait similaire à cet abandon. Alors dis-moi… qu’est-ce que je fous là ?

Sur les trois personnes qu’elle s’efforçait de ne pas fuir…. Combien seraient encore là dans quelques mois ?

« Laisse-moi deviner, ça se voit que je suis meilleure au jeu du ‘j’me barre avant que l’autre ne le fasse’ qu’à celui du ‘j’accepte le renouveau d’une relation’ ? »

Oui, ça se voit. Tout comme on voit qui des deux est le plus mature pour ce qui est des relations sociales.

« Enfin pas qu’on ait une relation… » Enfonce-toi. «  Enfin, bref. J’me comprends. »

Et c’est pas toi ma biche…

Elle se moquait d’elle-même, bien sûr, consciente de ses travers, consciente de ses hésitations, de ses fêlures, elle qui nageait dans son élément, l’attirant à elle, quelques jours plus tôt, encore.

Ça se voit, aussi, que t’es aussi épuisée que lui, comme quelques semaines plus tôt, quand vous enchaîniez les nuits blanches, souvent pour les mêmes raisons, souvent ensembles. Pas simple d’avancer, pas simple de se prendre la tourmente des autres. Pas simple de se construire malgré tout.

« T’es sûr qu’il est pas planqué derrière les dunes ? Merde, c’est impressionnant la confiance. »

Oui, parce que dans le fond rien n’a changé entre eux. Et que toi tu es toujours aussi réfractaire à la notion même de couple, comme un concept qui t’échapperait. Mais ouais, elle est belle leur confiance. Vraiment.

Et je sais pas comment ils font.
Enzo, Will.
Sovahnn, Enzo.

Comment vous faites pour accepter et avancer par la suite ?

Dorofei, Kezabel, en êtes vous capables ?
Et moi ?
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2265
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Ven 26 Mar 2021 - 21:37
«  Oh non, c’est jamais trop tôt d’en rire ! »

Mais tu le sais, n’est ce pas, qu’il y a des choses que mes sens captent et qu’on ne peut pas me cacher. Que je vois ce qui se passe derrière ce rire, que j’en devine les contours en tout cas parce que quelque chose là dans le fond de ton regard, dans ton attitude, reste un mystère pour moi.

« C’est quand même con, j’étais à ça de trouver une faille dans le contrat de base. La précision du propriétaire des poches, c’est pourtant élémentaire… »

Sur mes lèvres un sourire, et mon regard suit ses gestes, observe ses doigts mimer un espace infime.

« C’est pas possible ça, il me laisse aucune marge de manœuvre ton mec ! ‘Sont ingérables ces gens fidèles là ! »

Je ne saurai pas expliquer pourquoi, je crois que j’ai le cœur qui se serre un peu. Pas parce que je la prends en pitié, c’est pas mon genre, mais parce que je vois bien qu’elle se débat, qu’elle a l’air paumée. J’y suis pour rien c’est un fait, les choses pour moi sont limpides, mais si les rôles étaient inversés … Je sais pas. Je sais pas vraiment ce qui se passe dans sa tête et sans aller jusqu’à me perturber ça me questionne. C’était simple, ça ne l’es plus vraiment n’est ce pas ? Les repères qu’on avait créé ensemble n’existent plus.

« Laisse-moi deviner, ça se voit que je suis meilleure au jeu du ‘j’me barre avant que l’autre ne le fasse’ qu’à celui du ‘j’accepte le renouveau d’une relation’ ? Enfin pas qu’on ait une relation… Enfin, bref. J’me comprends. »

Le sourire cette fois se fait plus tendre, sans en faire trop, juste parce que j’ai devant les yeux une personne à qui je tiens. Une personne dont je ne sais pas grand-chose mais qui me donne l’impression de se montrer aujourd’hui plus qu’elle ne l’a jamais fait. Peut être que je me plante mais ça me touche, sincèrement.

« T’es sûr qu’il est pas planqué derrière les dunes ? Merde, c’est impressionnant la confiance. »
« J’le sentirai si c’était le cas. Enfin ça dépend du sens du vent tu m’diras. »

Encore une connerie, pour détendre l’atmosphère, mais la vérité est telle : Oui, la confiance est là. Elle l’a toujours été. Pour autant j’ai pas l’intention de m’étaler sur la question, d’une part par pudeur mais aussi parce que ce qui se trame ici c’est entre elle et moi. Et que lui éclater mon histoire avec Liam au visage ne me semble pas la chose à faire.

Alors j’agis autrement, attrape Wax dans mes bras et lui tend la main.

« Viens, on va être en retard. »

Mon regard dans le sien j’y plonge sans crainte, l’attrape au vol sans trop lui laisser le temps de réfléchir. Quelques secondes plus tard on atterri au bout d’un ponton, à l’abri des regards indiscrets mais pas de celui de l’homme qui vient à notre rencontre dès que je repose mon chien sur le sol.

« Pile à l’heure. »
« Salut Herman. »

La cinquantaine, tout l’attirail d’un vieux loup de mer, et dans l’accolade qui s’en suit je retrouve une part de mon enfance. A chaque fois. Son bateau balade des touristes depuis des décennies, aujourd’hui il en aura deux de plus à bord.

« J’te présente Jordane, une amie. Jo c’est Herman, un ami de mes parents qui m’emmène voir les baleines depuis ... »
« Depuis qu’il a poussé son premier cri. »

Haussement d’épaules, sourire en coin et paumes écartées je lâche un rire avant d’emboîter le bas au Capitaine et de grimper à bord où je fais signe à Jordane de me suivre. Wax sur les talons, direction l’étage du bateau et surtout à l’avant. Rapidement accoudé à la rambarde. La mise en route fait trembler l’embarcation, les premiers miles se font dans le silence. Là, sur l’eau, c’est toujours la même chose. Un profond sentiment de paix vient s’installer dans mes veines et si je garde les yeux braqués droit devant au départ ils finissent par se poser sur Jordane. Posée à côté de moi je la vois se perdre elle aussi vers l’horizon, observer l’océan … Tu te sens libre toi aussi ? Pourtant j'ai l'impression d'apercevoir des chaines tout autour de toi.

« Il se passe quoi là d’dans ? »

Derrière ce regard fatigué, dans ce crane dont je pourrais presque voir les rouages s’actionner sans cesse. Est ce que tu vas esquiver encore cette fois ? C'est ton droit mais regarde moi, j'ai pas l'intention de me barrer.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22459
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Ven 9 Avr 2021 - 16:34
Elle se noyait, et ça se voyait. Ça crevait les yeux, et cette évidence la rendait plus mal à l’aise encore. Comme avec Naveen, Jordane savait que ses artifices ne passaient pas. L’un parce qu’il avait accès à certaines choses qui émanaient d’elle. Ces émotions qui hier étaient un atout et aujourd’hui une enclume. Comment faire ? Comment fuir ? Parce que c’était ce qui cognait le plus fort en elle. Lâcher prise, laisser tomber, ne pas affronter ça, ce truc qui grondait dans l’air et la menaçait. Naveen l’avait connue plus jeune, il avait des informations que les autres n’avaient pas. Pourtant elle n’avait jamais parlé d’elle, ne lui avait jamais rien dit. Etrangement, de détails en détails, elle avait peut être lâché plus d’informations face à Enzo. Mais il avait le contexte, il avait des données qu’il mettait les unes à côté des autres, les alignait pour tracer les bords du puzzle. Alors que ce soit le weekend précédent après s’être fait démonter par Dorofei ou aujourd’hui, la même menace pesait : celle d’être démasquée.

Alors oui, elle se noyait entre le besoin de se protéger et celui de ne pas perdre ceux qu’elle aimait trop pour ça. Et ce simple constat venait rajouter dans la balance de celle qui ne savait gérer l’affection. Pas si évident, hein, quand on la voit comme ça, de loin ? Mais de près, les fêlures apparaissent, deviennent crevasses. Elle est bien plus abimée, bien moins mature, bien moins à l’aise avec les autres qu’elle n’y parait. Quand elle se livre toute entière, l’autre intimité, celle émotionnelle, reste un véritable capharnaüm,  un brouhaha qu’elle fuit, qui l’agresse, qui la noie. Et pourtant.

Ouais. « Et pourtant. »

Et pourtant, pourquoi serait-elle là si ça n’était pas par amour ? Beaucoup entraient dans la catégorie qui lui posait si brutalement problème actuellement. Pourquoi se nier si furieusement ? Pourquoi encaisser, faire face aux ombres, déceler les démons, rester. Pourquoi rester dans une chambre étroite, chercher à être là, à faire face, à être présente quand une amie s’effondre si ça n’était pas une preuve d’affection profonde ? Surtout quand celle-ci la mettait regard après regard face à des angoisses qu’elle gérait mal. Pourquoi encaisser les coups, prendre les chocs, bouffer son sang, manquer de souffle sous les poings d’un homme si ça n’était pas par affection, par loyauté ? Pourquoi rechercher la protection de celui qui était là hier s’il n’y avait pas là de la conscience ? Pourquoi venir ici, essayer de réinventer une relation si ça n’était pas par affection là aussi. Pourquoi souffrir de l’absence d’une amie qu’on ne sait comment rattraper ? De plusieurs amies à vrai dire.

Pourquoi admettre que tous ont de l’importance semble si difficile ?

Et pourtant, cette simple constatation faisait trembler en elle des fondations bien fragiles.

« J’le sentirai si c’était le cas. Enfin ça dépend du sens du vent tu m’diras. »
« Evidemment, j’avais tout à fait pousser ma thèse sur ton odorat truffier jusque là. »

Bien sûr.
Tu peux en trouver ? Des truffes ?

Enzo ne réagissait pas à ce qu’elle avait dit. Ou plus exactement pas autrement qu’avec un petit sourire où il lui semblait déceler une certaine douceur, voire une tendresse qui la mettait plus mal à l’aise encore.

Merde, à quel moment ça a chié à ce point pour que tu sois cabossée à ce point Jordane ? C’est pas normal ça, j’te jure.

Alors oui, la vanne qui avait suivi, elle lui avait redonné de l’oxygène, lui permettant de mieux aborder la suite, de forcer ses muscles à se détendre. Eux qui restaient bien endoloris de ses non eploits du weekend.

Merde. Et ça… Il peut le sentir ?
Une réflexion qui venait, brusque, brutale même dans son esprit. Si les marques avaient pour la plupart disparu sur son visage (grâce à la magie du maquillage et... bah... et de la magie), il en restait quelques unes sur ses côtes… mais à priori cette fois, il n’y avait pas de raisons que son regard se pose là. Pour autant, certaines douleurs régnaient toujours dans son corps malmené. Un corps qu’elle n’avait pas mis au repos pour autant, loin de là puisqu’elle avait immédiatement recherché les entraînements, comme par instinct de survie. Alors oui, la question était passée, furtive.

A quel point tu peux déceler ce qui couve sous la surface ?

Et avant qu’elle ne s’en interroge plus - avant qu’elle ne panique, à vrai dire – il emportait le chien dans ses bras et lui tendait une main.

« Viens, on va être en retard. »

Pour ?
Les baleines, Jo, suis deux minute je te prie sinon on ne va pas s’en sortir !


Parce que c’était bien ça qu’il faisait, en cet instant. Il la sortait du sable. A l’emporter, ainsi, elle sortait de là où elle s’était embourbée seule, suivant le mouvement sans vraiment se poser de questions. Le suivre. Au lieu de fuir.

Tout un symbole.

« J’te présente Jordane, une amie. Jo c’est Herman, un ami de mes parents qui m’emmène voir les baleines depuis ... »
« Depuis qu’il a poussé son premier cri. »

Ça aussi, pour elle, c’est tout un symbole. Un truc qu’elle ne ferait pas naturellement, accepter de dévoiler les bordures de l’enfance. De voir l’autre entrer dans quelque chose de particulièrement personnel sans savoir ce qui pouvait en ressortir, totalement prise au piège.
Aimable et souriante, d’apparence détendue, elle répondait, riait. Mais dans le fond, elle s’interrogeait sur la capacité de ces gens à partager ce qui relevait de l’intime à ses yeux. Un ami des parents, ça ne semblait rien. Et pourtant, à ses yeux, c’était déjà énorme.

Alors oui, elle souriait, suivait les autres. Mais son esprit partait ailleurs. Il s’accrochait à une demande, auprès d’un homme qui commençait à ce moment à faire chavirer ses certitudes. Et l’envie de l’amener là-bas, sur les falaises de son enfance sans réellement savoir pourquoi. Ils n’y étaient pas allés.

Par contre, Kezabel avait rencontré son coach. Pas un ami de la famille, non, mais sans doute un substitut paternel ou fraternel pour elle. Bien sûr, elle avait fuit rapidement, évitant de trop développer le sujet et l’esquivant au plus possible. Et c’était passé. Comme s’il n’y avait là rien de bien dingue. Or pour elle, ça l’était. Profondément. Alors pourquoi avec elle, ce jour-là, c’était passé ? Pourquoi, déjà, l’avoir amenée là-bas précisément ?

Mais ça n’était pas le seul décroché à son plan de route habituel. Elle aurait pu choisir n’importe quelle destination. Elle aurait pu l’emmener dans n’importe quel bar… et ils auraient pu s’échouer dans les draps de n’importe quelle nana. Et pourtant, c’était bien elle qui avait fait ces choix. Et si l’image des corps en fusion la ramenait en arrière, c’était surtout la réalisation qui flambait ses cellules.

Le seul à qui elle avait révélé un tant soit peu de choses, c’était Zach. Et depuis sa mort, c’était comme si elle se révélait morceaux par morceaux, comme un papier qu’on brûle et dont les cendres s’envolent l’une après l’autre.

Le regard planté sur les flots, ses pensées défilaient comme autant de vagues franchies, les yeux accrochant l’écume qui disparaissait tour à tour.

« Il se passe quoi là d’dans ? »

Elle aurait presque sursauté tant son esprit semblait avoir quitté le présent. Et tant la question perçait ses défenses. Pourtant, là, dans ce regard où hier, résonnait le désir, il y avait une douceur engageante.
Un instant, elle le fixait, la lèvre coincée entre ses dents qui la faisait rouler, comme un vieux réflexe de la gamine jadis trop concentrée sur les pages de ses livres… puis elle lâchait son regard, re-posait le sien sur les flots.

« Rien, je repensais à une certaine serveuse. »

Est-ce qu’elle l’avait rappelée ? Non. Pour être honnête, elle n’y avait pas réellement re-pensé jusqu’ici. Bien trop de noms parasitaient déjà ses neurones. Lex, Zach, Kezabel,  Dorofei, Enzo, Riley, Sovahnn, Naveen, Ethan, quelque part dans le fond de son crâne. Oui, trop de liens, trop de perte, trop de fils tendus et de cordes raides.
Là où sa lèvre avait été fendue quelques jours plus tôt, une légère douleur irradiait quand elle y passait le bout de la langue sans y prêter gare.

Coups de poings, coups de cœur matraquent mon âme.

Et puis, elle baissait le visage, ses cheveux bruns retombant un instant sur ses traits avant d’être renvoyés en arrière par le vent. Un petit sourire aux lèvres.

« T’es quand même conscient que je t’ai posé deux fois la question de ‘comment, toi, tu vas’ et tu me renvois la balle ? Tu sais que c’est pas très fair-play comme coup bas ? »

Tu me diras, c’est le principe d’un coup bas.

Ses bras se dépliaient, quittant la barre sur laquelle elle était posée pour la saisir de ses mains, bras tendus. Une façon de s’éloigner de ce qu’elle pouvait dire, de se placer en position moins ramassée, plus dure, plus solide. Tout en elle n’en avait pas fini de se battre, en témoignait sans doute encore les douleurs dans ses os, les hématomes masqués par la magie et le maquillage.

« J’ai juste un peu l’impression de me prendre toutes les balles perdues en ce moment. »

Je suis un dégât collatéral. C’est tout. Je ne suis rien d’autre.

Et elle ne savait pas comment faire.
Elle ne savait pas comment être avec Kezabel, pas quoi éprouver. Sujet fuit si instinctivement que ça l’inquiétait d’autant plus.
Pas comment rattraper Riley au vol, elle auprès de qui elle avait commencé à se livrer.
Pas comment vivre la trahison de Lex et le grondement interne que provoquaient ses émotions corrompues, violées.
Pas comment gérer Dorofei, la loyauté qu’il y avait derrière ses gestes, la peur que provoquaient ses gestes brusques, l’affection qui se cachait derrière ses actes.
Pas comment encaisser ses tors auprès des autres quand elle n’agissait pas comme il le fallait. Quand elle allait voir Kezabel malgré les injonctions. Qu’elle provoquait Dorofei et manquait de se faire tuer. Quand elle s’interrogeait sur la disparition de membres de sa famille. Quand elle se sentait finalement être la dernière des merdes, incapable de réussir quoi que ce soit. Comme quoi Niall avait raison.
Pas comment accepter le départ d’Aileen, celui de Jayden à venir et, pire, celui d’Alec, ou même celui de Takuma sans recevoir de nouvelles, le rejet de Sovahnn.
Pas comment accepter la mort de la personne qui lui apparaissait rétrospectivement comme celui qui avait le plus d’importance dans sa vie. ça faisait un mois lundi. Et ma perception du temps déconne complètement.
Pas comment… juste accepter la fin d’une période, le renouveau d’une relation, les demandes de communications d’un ami.

Tellement de liens tendus, si violemment tendus, auxquelles elle se sentait s’accrocher de plus en plus avec une violence qui rappelait celle d’une enfant en larmes qui cherchait à se rattraper à tout ce qui passait. Et ils tiraient. Ils tiraient fort, ces liens.

Ils lui échappaient, lui glissant entre les doigts.

« J’suis pas Sovahnn… je sais pas… voir l’éclat de bonheur dans les ténèbres et m’y accrocher. J’vois pas la beauté dans les situations ou les gens. Moi j’en vois la globalité… et ça fait quelques années qu’elle craint sacrément. Je sais pas rendre les choses simples. »

J'sais pas quoi dire pour aider.

J’sais pas comment faire.
J’sais pas comment faire avec vous tous.
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2265
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Lun 12 Avr 2021 - 0:01

« Rien, je repensais à une certaine serveuse. »

Ma langue vient claquer contre mon palais, le sourire que j’affiche est amusé mais je ne peux pas renier la pointe de chaleur qui vient se promener entre mes côtes et me nouer le ventre une seconde. Non, bien sûr que non ça ne disparaîtra pas comme ça. Parce que je suis un putain d’être humain et qu’on a partagé un truc qui laisse des traces. L’attirance est toujours là, c’est pas comme si c’était un truc qu’on efface d’un claquement de doigts, simplement je me fais confiance. J’aime trop Liam pour faire quoi que ce soit qui pourrait lui faire du mal et mettre à mal notre relation.

« T’es quand même conscient que je t’ai posé deux fois la question de ‘comment, toi, tu vas’ et tu me renvois la balle ? Tu sais que c’est pas très fair-play comme coup bas ? »
« T’imagine pas les années d’entraînement pour en arriver à un tel niveau. »

J’me moque pas, ou alors je le fais gentiment, c’est surtout que je n’avais pas vraiment réalisé tout ça. Le Samaritain est de retour ? C’est pas celui là que j’ai envie d’être avec elle.

« J’ai juste un peu l’impression de me prendre toutes les balles perdues en ce moment. »

Les balles tirées sur les autres, qui atteignent leur cible mais passent au travers et continuent de faire des dégâts. J’me lancerai pas dans une liste elle serait beaucoup trop longues et si je ne sais sans doute pas le quart de la vie de cette nana je peux déjà me représenter quelques exemples relativement flagrant. Le regard rivé sur les flots je pense à Sovahnn, à Liya, puis à Zach. Mes pensées dérivent jusqu’à Kezabel, s’arrêtent à la frontière, comme si je ne me sentais pas la légitimité d’aller plus loin. On en revient toujours au même : Plus on s’aime, plus on saigne. Alors on fait quoi ? On arrête les frais, on se détache, on s’en va crever chacun tout seul dans son coin ? Moi je sais pas faire ça, je ne sais plus le faire. J’ai plus envie de le faire.

« J’suis pas Sovahnn… je sais pas… voir l’éclat de bonheur dans les ténèbres et m’y accrocher. J’vois pas la beauté dans les situations ou les gens. Moi j’en vois la globalité… et ça fait quelques années qu’elle craint sacrément. Je sais pas rendre les choses simples. »

Une question de tempérament, de vécu peut être aussi j’en sais trop rien, c’est ce que je me dis alors que je tourne mon visage d’un quart et pose de nouveau mes yeux sur elle. Sans rien dire, sans en faire trop, sans m’imposer. Une main dans le pelage de Wax assis à mes pieds.

Puis un sourire.

« Tes amis seraient sûrement ravis de savoir que tu les trouves moches. Perso j’suis hyper vexé. »

Parce que oui, je me compte dedans.
A tort ou à raison.

« Et si tu te mettais trop la pression ? »

Et si. Une hypothèse, pas une accusation. Non seulement je ne me permettrai pas mais surtout j’ai pas envie de remettre en cause la façon dont elle ressent et vit les choses.

« J’crois que personne n’attends de toi que tu sois Sovahnn, et puis dans le genre balle perdue je pense qu’elle en a pris des belles aussi récemment. »

Le soleil a cessé de briller pendant trop longtemps avant de retrouver des couleurs, un peu de chaleur. J’étais là en première ligne, à m’évader avec toi parfois quand ma propre ombre prenait trop de place. On aurait eu l’air con tous les deux dans le noir, elle et moi, alors je sortais rallumer la lumière à ma façon et bien souvent t’étais là.
J’vais pas te dire que tout ça, ça s’apprend. J’ai pas envie d’être celui qui te dit comment tu dois appréhender les choses, la vie, ta vie. Ça, ça n’appartient qu’à toi, tout comme les choix que tu feras.

« Tu veux savoir comment je vais ? »

Y a peut être un voile qui passe dans le fond de mon regard, un spectre qui le traverse dans le lointain, mais les yeux braqués droit devant moi tu ne le vois pas. Un soupir, las.

« J’me réveille chaque matin en pensant aux connards qui ont enlevé et séquestré mon mec, ça me rappelle le connard qui m’a enlevé et séquestré et puis je pense au fait qu’ils sont probablement encore tous en train de se balader pénard dans la nature pendant que nous on se tape des cauchemars et des angoisses à répétition. »

Les mots sortent sans buter, sans hésitation, de manière relativement calme parce que l’orage gronde mais reste canalisé. Pour combien de temps ? J’en sais foutrement rien.

« J’pense à mon putain de nom dans les registres, à mon secret qu’en est plus un depuis des plombes parce que d’autres connards ont décidé de le dévoiler à qui voulait l’entendre et que parmi ces gens là, certains font partie de cette bande de malades qui ont kidnappé Will. »

Et que je m’en voudrais sans doute toute ma vie de pas avoir été plus prudent dans les messages que j’ai pu envoyé avec ce putain de téléphone. Je sais ce qu'ils lui ont fait, j'me fais pas d'illusions sur ce qu'ils me feraient si je tombais entre leur mains.

« J’ai le choix, les extrémistes Sang Pur ou les extrémistes Non Magique. J’hésite, franchement mon cœur balance. Et dans tout ça plus ça va plus j’me dis que je vais devoir couper les ponts avec les autres loups que je côtoie parce que je vais finir par être un putain de danger pour eux. »

Et que plus ça va, plus l’évidence s’impose, plus ça me rend malade. J’avais arrêté de faire ça, de fuir les gens que j’aime parce que je pensais les protéger en faisant ça, mais cette fois l’enjeu est différent. Plus complexe d’une certaine façon. Ce qu’on m’a fait je ne veux pas qu’ils le vivent, surtout pas par ma faute.
Un instant de silence, pour faire taire la lassitude, endiguer la colère naissante qui pourtant reste à l’état de flammèche, revenir dans l’instant présent en retrouvant son regard.

Tout ce que je veux c'est vivre, pas simplement survivre.

« J’sais pas plus comment me comporter avec toi que l’inverse, tu sais. Et j’ai pas l’intention d’aller sonder ton inconscient, j’veux juste que tu saches que même si ce qu’on avait peut plus exister de cette façon là ça veut pas dire que tu vas cesser d’exister pour moi. A toi d’en faire ce que tu veux, si c’est prendre la tangente je comprendrais. »

Sincèrement.
Ce choix là t’appartient.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22459
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Mar 13 Avr 2021 - 3:21
L’attirance est là, oui, la complicité aussi, même si elle devient brouillonne, entachée d’hésitations, d’anomalies. Ce qui s’est passé ne disparaitra pas, peut être évoqué à priori, sans être renié. Sans doute pas devant d’autres, mais ici, là, maintenant, apparemment, c’est autorisé. On n’a pas idée d’être aussi bloquée par quelque chose d’aussi bête que ça. Sans doute, s’il n’y avait pas eu tout ce contexte annexe, tous ces vécus, Jordane n’aurait pas cherché, se serait esquivée. Pourtant c’était bien elle qui relançait, elle qui le cherchait. Elle qui n’attendait que de fuir pourtant. La réalité, c’était que dans sa tête, c’était une cavalcade qui dévalait au galop depuis des semaines. Des mois à vrai dire, chaque jour plus rapide, plus brutale, plus violente. La réalité, c’était qu’elle risquait de basculer, de craquer, d’hurler et de tout détruire à tout moment. C’est trop violent par moment, la vie. Alors c’est plus simple de tout lâcher, d’effacer et de recommencer. Mais le point commun de toutes ces vies, c’est elle. Elle qui n’effacera véritablement rien. Rien des tourments de l’enfance, de la violence de l’abandon. Rien des chocs de l’adolescence, de la brutalité de la trahison, de l’excitation de l’inconnu, de la liberté de la fuite incendiant ses poumons. Elle n’effacera rien des batailles, des coups, des plaies, des bleus. Elle n’effacera rien de la spontanéité des liens tissés, des existences mêlées, des rires échangés, des corps entrelacés.

La vérité, c’est que rien ne s’efface vraiment, si loin qu’on puisse fuir. Et il ne lui reste plus tant de cachettes que ça. Et trop à abandonner.

« T’imagine pas les années d’entraînement pour en arriver à un tel niveau. »
« Ben j’ai une vague idée, mais tant d’efforts, ça me laisse sans voix… »

La vérité, c’est qu’à force de tout balancer pour reprendre de zéro, apprendre à recoller les morceaux, ça ne se fait pas si facilement que ça.

Alors les mots, ils sortent, après un silence dans lequel se noie le bruit des vagues et les discussions des touristes. Les mots, ils ternissent le soleil qui s’invite, sonnent bien étrange dans ce contexte, ici où rien ne semble tout à fait réel. C’est pourtant bien le genre d’endroit où elle se perd habituellement, l’immature des sentiments. Et son regard, son sourire, elle les évite jusqu’à ce que l’humour la raccroche plus facilement que toute la douceur du monde.

« Tes amis seraient sûrement ravis de savoir que tu les trouves moches. Perso j’suis hyper vexé. »
« Ah mais tu l’es pourtant ! » Du tac-au-tac, s’y raccrochant comme on s’accroche aux branches. « Affreux ! Absolument pas attirant. Franchement ya rien à sauver. D’ailleurs ce dos mérite une chirurgie esthétique. Et les bras, j’ten ai parlé des bras ? Franchement ya rien qui va ! » Ces bras ? Dans lesquels je n’aimerai pas du tout de nouveau y planter mes ongles en me cassant la voix. Du tout. M’y perdre sans me soucier de l’impact de tout ça. Impact que je me prends pourtant en pleine gueule à l’heure actuelle.

Vas-y, balance moi un tacle dans l’épaule, marre-toi à mes conneries et on oublie ce que j’ai dit, on passe à un sujet moins chiant et on largue le reste.

Mais non. Parce qu’il serait bien que tu affrontes les difficultés autant qu’il serait bien que tu apprennes à prendre du recul pour cesser de te noyer dans ce qui est et risque d’être autant que dans ce que tu perds comme une finalité stricte, un blocage ultime.

« Et si tu te mettais trop la pression ? »

Elle ne répondait pas, détournait le regard. La réflexion, elle puait le passé. Elle résonnait comme le souvenir d’une grande sœur qui se mettait à prendre à sa charge tous les rôles, ne s’écartait jamais du droit chemin et ce, jusqu’à ce qu’elle explose en vol. Et qu’elle disparaisse.
La grande sœur ne serait-elle pas justement de retour, à bordel un enfant qui n’est pas le sien, à accompagner des proches dans des ténèbres d’où elle ne sait pas elle-même se sortir. Et si t’avais pas les clefs, Jordane, serais-ce si terrible ?

« J’crois que personne n’attends de toi que tu sois Sovahnn, et puis dans le genre balle perdue je pense qu’elle en a pris des belles aussi récemment. »

Et elle gère, il parait. Je suppose, je ne l’ai revue qu’une fois depuis la mort de Zach, quelques jours après l’accouchement, le sourire aux lèvres, la baraque propre, les gestes assurés.

Comment c’est possible dis-moi ? Elle est où la nana qui s’effondrait dans les chiottes quand elle a appris qu’elle aurait bientôt cette charge.
Elle gère. Alors que sa peine est mille fois plus légitime que la mienne et qu’elle a une raison de trois kilos neuf largement assez suffisante pour se fissurer de partout. Mais elle gère. Et ces gens me rendent dingue.


« Je sais. »

Rien de plus. Ni jalousie, ni développement. Thèse antithèse synthèse envoyée aux oubliettes, juste deux mots qui ne veulent pas dire grand-chose.

« Tu veux savoir comment je vais ? »

De nouveau, cependant, elle posait son regard sur lui, accrochait ses yeux noisette.

« J’me réveille chaque matin en pensant aux connards qui ont enlevé et séquestré mon mec, ça me rappelle le connard qui m’a enlevé et séquestré et puis je pense au fait qu’ils sont probablement encore tous en train de se balader pénard dans la nature pendant que nous on se tape des cauchemars et des angoisses à répétition. »

Et ça, ça provoque un truc, comme un ‘pop’ sourd dans ses neurones à elle, une envie de tout dévaster, de cramer leurs chairs et d’y enfoncer ses poings. Comme une envie de péter des os plutôt que de subir encore l’injustice d’être ceux qui se prennent la peur dans la gueule quand celle-ci devrait changer de camp, quand ils devraient se taire, se terrer et cacher leurs idées putrides. Quand l’ignominie est-elle devenue souveraine au juste, qu’on m’explique ?
Et ces mots, ils sortent des tripes, balancés sans hésitation car ancrés dans ses nerfs comme une réalité qu’il a été forcé de faire sienne, d’encaisser à chaque seconde mais qui ne disparaitra jamais. Qui brûle, elle aussi, sous son épiderme.

Comment on fait pour gérer ça ? Comment t’as fait pour gérer ça ? Comment tu fais, là maintenant, pour être serein face à l’océan quand il y a cette lave qui brûle sous la surface ?

« J’pense à mon putain de nom dans les registres, à mon secret qu’en est plus un depuis des plombes parce que d’autres connards ont décidé de le dévoiler à qui voulait l’entendre et que parmi ces gens là, certains font partie de cette bande de malades qui ont kidnappé Will. »

Chaque mot tonne, jusque dans son cœur à elle, crisse dans ses os, bouillonne dans son sang. L’empathie.

« J’ai le choix, les extrémistes Sang Pur ou les extrémistes Non Magique. J’hésite, franchement mon cœur balance. Et dans tout ça plus ça va plus j’me dis que je vais devoir couper les ponts avec les autres loups que je côtoie parce que je vais finir par être un putain de danger pour eux. »
Jordane ne sait pas ce dont il parle, n’en comprends pas la portée ni les douleurs sous-jacentes. Mais l’idée générale, elle la capte. La culpabilité, la peur, les décisions. L’angoisse d’être un danger pour ceux qui comptent, elle la comprend tant. Trop pour en parler bien sûr. Trop pour évoquer ceux qui tombent, déjà, aujourd’hui, hier. Bien sûr, elle ne dira pas que sa tante est sans doute enterrée quelque part, que l’enquête est en passe d’être classée sans suite et que le doute est là, brûlant sous la surface. Elle ne dira pas qu’elle aurait dû être là, avec Zach ce jour-là, même si ça n’est pas vrai, que cette certitude, elle lui flingue les os à tous moments. On est entrés ensembles, on aurait dû tomber ensembles. Elle ne dira pas qu’elle voit les ombres, tous les jours, dans ceux qui portent comme elle la marque, ceux dont l’existence est gravée bien plus profondément que sur son épiderme, tatouant jusqu’à son myocarde et qu’à tout instant, l’idée d’appartenir à ce truc-là est la dernière chose qui lui permet de tenir le choc à l’heure actuelle. Que si on lui retirait sa meute, à elle, celle qu’elle rejette pourtant avec tant de force semble-t-il, elle ne pourrait sans doute pas survivre.

Alors le regard qui se pose sur lui, il ne comprend pas. Et pourtant il comprend.  Et elle aurait aimé faire un geste, dire quelque chose, trouver la porte d’entrée pour l’apaiser, ne serais-ce qu’un peu. Sauf que tout lui semble inaccessible, inutile, idiot. Alors elle reste muette. Profondément désolée et affectée, pourtant, par ces paroles d’une honnêteté vive.

Un séisme résulte de l’accumulation de tensions sous la surface jusqu’au moment où l’ensemble lâche dans une libération brutale d’énergie.
Enzo, aujourd’hui, est le séisme. Avec ces quelques nouveaux mots prononcés après un instant de silence qu’elle ne réussissait à combler.

« J’sais pas plus comment me comporter avec toi que l’inverse, tu sais. Et j’ai pas l’intention d’aller sonder ton inconscient, j’veux juste que tu saches que même si ce qu’on avait peut plus exister de cette façon là ça veut pas dire que tu vas cesser d’exister pour moi. A toi d’en faire ce que tu veux, si c’est prendre la tangente je comprendrais. »

Et les traits se tendent, se tordent, se contractent comme si elle venait de se prendre un poing en pleine gueule. Un autre, entendons-nous. C’était brusque, instinctif, son visage se détournait, ses paupières se fermaient. Un pas, deux pas, s’éloigner, ne pas faire face quand le sel venait brûler ses yeux, inonder sa gorge, alourdir sa poitrine. Elle se détournait, fuyait, disparaissait derrière d’autres gens, rien que pour masquer ces larmes qui montaient, si violemment qu’elle ne l’avait pas senti venir. Quelques paroles à fendre l’âme, une bienveillance qu’elle ne gérait pas, qu’elle ne savait pas comment recevoir.

C’est une gosse, la plus âgée des deux. La moins stable sans doute.

Tu m’as déjà vu chialer ? Avait-elle asséné à Alec.

Bah tu vois, finalement, ça arrive.

Pourtant, de larmes il n’y en avait pas en tant que telles, muselées, mises sous cape. Mis il n’avait pas besoin de voir ses yeux briller pour comprendre le déluge qui dévastait sa poitrine. C’était cette certitude qui la poussait à s’éloigner. Ses émotions relevaient de l’intime, de ce qui n’avait pas à être partagé. Ou peut être que c’était là bien ce qu’elle faisait : prendre la tangente. Il ne serait pas compliqué de s’esquiver, de transplaner dans les toilettes du bateau et de simplement disparaitre. Et pourtant, isolée, ailleurs, elle s’était calmée, avait repris contenance et n’avait pas disparu sans laisser de trace. C’était ce qui cramait ses nerfs depuis des jours, ce que l’intégralité de son organisme lui hurlait de faire. Fuir. Tout recommencer. Oublier.

Mais elle ne voulait pas oublier. Elle ne voulait pas renier et elle ne voulait pas effacer.

Alors un moment plus tard, elle réapparaissait à côté de lui, les avant bras sur la rambarde, le regard sur les flots sans poser le regard sur lui. Un instant de silence, ses doigts entrelacés au dessus de l’eau qui s’écrasait sur la coque du bateau.

« J’ai une théorie… » La voix un peu trop rauque qui n’arrive pas parfaitement à cacher toutes les émotions contradictoires qui violentes ses poumons depuis des jours et se cristallisent en cet instant. « Je pense qu’en fait tu es un vampire qui ment sur son âge. Ce qui me dédouanerait vachement cela dit au passage. »

Vu la chaleur de ta peau, donnée parfaitement vérifiée par ma personne, ma théorie a potentiellement un léger mini contre-argument, j’en suis consciente.

Le regard qui l’accroche, il est complice, légèrement désolé, ironique surtout.

Je m’en vais pas. Je sais pas comment le gérer mais je m’en vais pas.

« Je baisais avec l’un d’eux. »

Cette fois, c’est la colère qui fait baisser son ton d’une octave. Une information crachée comme ça, sans filtre. « Et je crois que je commençais à avoir des sentiments pour lui. Chose qui ne me ressemble pas. » Pas de filtre non plus. Il aura fallu plus d’un mois avant de commencer à évoquer le sujet avec Riley. Deux semaine pour que cela s’effondre et qu’elle se contente d’un simple message sans plus jamais aborder le sujet ou avouer son nom. Un second mois pour qu’elle en parle à Kezabel, qu’elle commence à poser les mots sur les maux. Et enfin, un dernier pour que les sentiments soient évoqués. Il aura fallu tout ça. Et pourtant au tout début, elle l’avait évoqué avec Enzo. Pourquoi, comment, elle n’aurait su le dire. Peut-être parce qu’il traversait les mêmes débâcles que lui, peut-être parce qu’elle était épuisée, abîmée par la mort de Zach, désinhibée par l’alcool. Ou peut-être que ça n’avait rien à voir et que ça lui avait seulement échappé. Toujours était-il qu’avec chacune de ces personnes, elle faisait des pas en avant, elle se dévoilait doucement et tout ça lui foutait une peur bleue.

Alors quoi ? Tu veux parler du reste ? Tu veux parler de Kezabel ?
Même pas en rêve.


Pas un regard, pas un geste, juste le néant des flots. Et ce truc qui se rajoute, se superpose à l’histoire d’Enzo.

« Le jour où je l’ai… quitté, disons ça. Enfin, la veille, un des tarés sangs purs m’avait enfermée dans sa cave. »

On parle de séquestration ? Il fallait l’avouer, il y avait comme un parallèle à faire. Et les mots se perdaient dans les flots. Elle n’évoquerait ni Zach, ni sa famille, ni évidemment la Garde ou quoi que ce soit qui s’y raccroche, y compris Dorofei. Et certainement pas Kezabel. Avec un souffle, elle s’était retournée, la bordure de métal blanche callée dans le dos et, seulement, elle reposait son regard sur lui.

« Et j’suis en train de faire un concours de bite avec quelqu’un qui remporte à priori le jeu haut la main. Je sais j’ai vérifié. »

Ces évènements datent de plus de deux mois. Le temps qu’il y ait assez prescription pour les évoquer, sans doute.

« Moi aussi mon cœur balance. » …. « Entre les extrémistes hein, pas pour ta bite. »

Un petit sourire ironique sur les lèvres. Elle tente, celle dont le cœur crève de ne savoir aimer correctement. C’est fébrile, hésitant, mais  c’est ça. Avec lui, avec elle, avec d’autres.  Et dans sa poitrine, c’est un désastre d’angoisses.

Elle tente. Et c’est pas simple.

« Je suis désolée de ce qui vous est arrivé. »

Maintenant, dans le passé. A vrai dire, je suis triste de ce qu’est notre réalité. Triste que la violence, la rage, elles couvent si brutalement sous la surface. L’envie de sang, de leur faire payer ce qu’ils ont fait, elle est là, décuplée à chaque fois qu’elle y pense, qu’on l’évoque. Elle tonne sous la surface, contenue, mise sous cape. Un jour, sans doute, ça explosera. Ce qu’elle ne sait pas, ne voit pas, c’est que le tonnerre gronde en miroir sous l’épiderme où elle s’est déjà perdue maintes fois.

« Comment est-ce qu’ils pourraient remonter jusqu’à eux ?»Les Loups. «  Couper les ponts, c’est peut être pas nécessaire si vous trouvez un moyen de communiquer et de vous retrouver ailleurs, loin, sans que ça soit traçable, non ? Que tu perdes pas ce que tu as. »

Pas de questions sur ce qu’elle a loupé, c’est trop dur à gérer, ça rameute trop d’incertitude et de culpabilité. Simplement des faits, du concret, du palpable.

Parce que je vois que ça compte pour toi. Comment, pourquoi, j’en sais rien et je m’en fous. Ça compte, c’est tout ce qui importe. Vouloir appartenir à quelque chose, c’est quelque chose que je comprends.
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2265
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Ven 16 Avr 2021 - 16:02

Souffrance.

C’est ce que je lis sur ses traits, dans ses gestes, partout dans ce qu’elle dégage. Les nerfs qui se tendent, le visage qui se crispe, les yeux qui deviennent plus brillants qu’ils ne devraient l’être malgré le vent du large. Puis la fuite. Pas une seconde je ne cherche à la retenir, pas une seconde je ne fais de supposition. J’ai tapé là où ça fait mal, je le sais bien, et parce qu’on n’est pas fait pareil je ne peux pas dire que je comprends ce qui se passe dans sa tête mais je le respecte. Un instant je la regarde s’éloigner, le suivant Wax capture mon attention en lâchant un gémissement. Je ne suis pas le seul ici à capter certaines choses et si les réactions de Jordane ne sont pas le centre de son attention les miennes si. Alors je m’accroupis quelques secondes face à lui et affiche un léger sourire tout en lui grattant l’encolure et le sommet du crâne.

« Je sais, c’est pas bien de faire pleurer les filles. »

Même quand on leur dit ou qu’on leur fait comprendre qu’on tient à elle et qu’on est là, qu’on ne bouge pas. Est-ce que je m’en veux ? Non. Est-ce que j’ai peur qu’elle se tire ? La peur n’entre pas vraiment en jeu ici, je me dis simplement que c’est une possibilité et que c’est son droit.
Un soupir et je me redresse, ne la cherche pas du regard, accepte les faits comme ils sont sans spéculer dessus et laisse mon esprit dériver comme il l’entend. Bras croisés contre la rambarde, les yeux posés sur l’océan qui lentement devient le seul horizon, l’ouïe qui se perd vers d’autres conversations sans réellement les entendre. Jusqu’à ce qu’elle revienne, ses deux bras tendus et ses mains posées sur la rambarde à nouveau là près de moi. Elle ne me regarde pas, moi si, mais je ne cherche pas à analyser son langage corporel.

C’est plus si simple, je sais, tout comme je ne sais pas trop quoi faire de tout ça.
Mais content que tu sois encore là.

« J’ai une théorie… »

Un sourcil arqué, un sourire naissant sur le coin des lèvres, je me tourne d’un quart et penche la tête sur le côté.
Vas-y, je t’écoute. J’écoute ta voix enrouée par les émotions mais ne m’y arrête pas, n’en ferais pas de cas. J’ai bien compris que t’es pas tellement de celle qu’on prend dans ses bras en disant que ça ira, que tu sais pas faire ça, que je suis probablement de toute façon pas celui qu’il faut pour ça.

« Je pense qu’en fait tu es un vampire qui ment sur son âge. Ce qui me dédouanerait vachement cela dit au passage. »

Son regard se pose dans le mien, qui dévie une seconde le temps de lâcher un rire spontané. Et amusé. Elle est là notre normalité, cette complicité apprivoisée. Plus tout à fait la même, quelques options en moins, je suppose que c’est une sorte d’équilibre à retrouver. Si c’est comme ça que ça doit se passer.

« M’insulte pas s’il te plait. Tu sais pas c’que tu fais là, malheureuse. »

On joue sur la pseudo guéguerre Vampires/Lycans ? Oui, on joue là-dessus et l’espace d’une seconde je revois certains visages. Certains noms aussi. Quelques Vampires croisés au hasard, jamais vraiment d’ennemi dans le lot.

« Et en fait je t’ai menti, j’ai 14 ans. »

Parce que vraiment, tu fais un sacré blocage là-dessus. Surtout ça va devenir et c’est déjà devenu, une private joke. Un truc à nous, en quelque sorte.
Puis les sourires s’estompent, laissent place à autre chose. De plus sombre, de plus grave, de plus sérieux. Mes sourcils se froncent un peu, simplement parce que je suis concentré.

« Je baisais avec l’un d’eux. »

Sans préambule, mais avec colère.
Celle de la trahison, c’est ça ?

« Et je crois que je commençais à avoir des sentiments pour lui. Chose qui ne me ressemble pas. »

Lex. L’un des leurs, alors. Et cette décharge de rage qui explose dans ma poitrine l’espace d’une seconde quand je mets un nom, un visage, sur l’un de ceux qui s’en sont pris à l’homme que j’aime. Cette envie fugace de traverser le globe, le retrouver, lui faire payer ce que les siens ont fait sans chercher à savoir s’il à la moindre trace de responsabilité. Le poing qui se serre, les pupilles qui s’étrécissent une seconde, le museau de Wax qui vient se caler sous ma main. La vague passe, ne se reforme pas.

J'suis désolé pour toi.

« Le jour où je l’ai… quitté, disons ça. Enfin, la veille, un des tarés sangs purs m’avait enfermée dans sa cave. »

De l’empathie, oui, mais pas à outrance. Parce que ça n’est pas mon histoire, pas mes douleurs, mais néanmoins des choses que je peux comprendre et appréhender. Ce que je vois surtout c’est la façon dont elle s’ouvre à moi, la confiance qu’elle m’accorde. Et une preuve de plus qu’on a tous les deux pieds dedans quoi qu’on fasse. On n’est peut-être plus enfermés à Poudlard mais ça ne nous lâche pas pour autant. ils ne nous lâchent pas pour autant. Le monde n’a pas l’air décidé à nous foutre la paix, pourtant c’est pas faute d’essayer de l’avoir cette paix. En ce qui me concerne en tout cas.

« Et j’suis en train de faire un concours de bite avec quelqu’un qui remporte à priori le jeu haut la main. Je sais j’ai vérifié. »

Et de nouveau un rire amusé, un truc qui tranche de légèreté avec la lourdeur de ces confidences. Une pause, pour souffler, casser l’horreur, se rappeler qu’on arrive toujours à le faire.

« Rassure toi c’est pas vraiment un concours. C’est même une grosse arnaque parce que y a rien à gagner. »

Pas même la queue du Mickey.
Si, le droit de rejouer visiblement alors qu’on a rien demandé.

« Moi aussi mon cœur balance. »

Nouveau sourire en coin, de nouveau le sourcil arqué, parce que je la sens venir la connerie. Grosse comme une maison, j’hésite entre celle de ma grand-mère ou celle de mon grand-père. A votre avis, qui a la plus grosse ? Désolé le Vieux mais j’pense qu’Olivia remporte la palme de la plus couillu entre vous deux.

« Entre les extrémistes hein, pas pour ta bite. »
« J’me doute. Y a pas vraiment d’enjeu en même temps, les dés sont pipés. »

Et qui gagne alors ?
Je vous laisse en faire la déduction qui vous arrange.

« Je suis désolée de ce qui vous est arrivé. »

Un silence qui veut dire merci, qui apprécie l’empathie, et cette phrase fugace qui me traverse l’esprit : Jamais deux sans trois. J’suis pas d’un naturel pessimiste, vraiment pas, alors cette pensée j’ai envie de l’éclater en un milliard de petits morceaux parce que non, y aura pas de troisième fois. Pour pleins de raisons. Difficile pourtant de ne pas avoir une pensée pour Kyle, pour cette foutue mascarade qui nous a tenu éloigné l’un de l’autre pendant des mois, pour la descente aux Enfers qui a suivi sa « mort » et a fait de moi celui que je n’aurai jamais voulu être. Du passé, tout ça n’est rien que du passé et cette fois j’ai été plus fort que ça n’est-ce pas ? Les circonstances sont différentes, ça ne sert à rien de rouvrir de vieilles plaies, elles sont de toute façon trop bien cicatrisées pour ça.

Et puis si tu commences à faire un concours de bite contre toi-même ça risque d’être compliqué mon garçon, t’en sortiras pas.

« Comment est-ce qu’ils pourraient remonter jusqu’à eux ? Couper les ponts, c’est peut-être pas nécessaire si vous trouvez un moyen de communiquer et de vous retrouver ailleurs, loin, sans que ça soit traçable, non ? Que tu perdes pas ce que tu as. »

Un soupir et les deux bras de nouveau contre la rambarde, le regard sur l’océan sans chercher à fuir le sien. C’est juste comme ça. Quelques instants de silence pour remettre un peu d’ordre dans tout ça, sans vraiment parvenir à y voir clair.

« La technologie c’est encore un truc qui me dépasse, j’sais pas ce qu’on peut faire avec tout ça mais j’sais qu’ils ont utilisé le téléphone de Riley pour appâter Liam. Qu’ils ont réussi à craquer le sien pour avoir toutes les infos dont ils avaient besoin. Qu’avec ces merdes on peut te traquer n’importe où et foutre le nez dans ta vie de manière bien trop intime. »

Et que j’ai fait l’erreur de ne pas me méfier assez parce que là-bas, tout ça, c’est comme d’une arme qu’ils s’en sont servis contre lui.

« Sauf qu’on va pas se mentir, c’est quand même légèrement plus rapide qu’un hibou ou un Patronus pour communiquer. »

Rire bref. Regarde le, le p’tit sang pur qui s’éclate et s’épanouit bien plus dans le monde dénué de Magie qu’il a commencé à vraiment découvrir y a deux ans à peine. Inutile de préciser que depuis tout a été blindé de sortilèges pour brouiller et protéger.

« Et la Magie j’en parle pas. Dans le genre intrusif j’crois qu’on peut difficilement faire pire. »

N’importe quel legilimens pourrait entrer dans ma tête comme dans du beurre et prendre toutes les infos dont il a besoin. et ça foutrait un paquet de monde en danger, Lycan ou pas, mais si je commence à penser à ça je me fous en l’air. Ou je crève d’un arrêt cardiaque, au choix.

« Bref, ouais y aura toujours des moyens pour s’arranger mais j’leur imposerai pas ça. Ça sera leur décision et si cette décision c’est de couper les ponts j’la respecterai. »

Ça n’arrivera pas, je le serai, mais si l’un d’eux tombe à cause de moi j’suis pas certain que je m’en remettrai.

Les bras tendus une seconde, la tête qui passe entre les épaules et je regarde le sol sans le voir tout en m’étirant le dos parfois bien trop noués par tout ce qui nous tombe en permanence sur le coin de la gueule. Heureusement des bons moments il y en a, des tas même, mais le corps et l’esprit sont pas fait pour supporter autant de stress et de coups durs.

« J’suis pas un soldat, et j’suis fatigué d’me battre. »

Mais je continuerai de le faire, maintenant plus encore que jamais, encore une fois pour des tas de raisons. Des tas de gens surtout. En espérant réussir enfin à trouver la paix un jour sinon à quoi bon se lever le matin ? J’ai tout ce qu’il faut ici pour l’être après tout, ma vie est plutôt du genre long fleuve tranquille à l’autre bout de la planète. Personne ne viendra me chercher jusqu’ici et même si c’est le cas, ils ne me trouveront pas. Ils ne nous trouveront pas, pas plus Derek que moi.

« Foutu monde de cinglés. »

D’un geste je me redresse, mes paumes viennent claquer sur la rambarde sans prévenir.

« Putain qu’c’était bien plus simple de boire à l’œil et se taper une serveuse sans penser aux conséquences. »

Un rire m’échappe, il permet de relâcher la pression mais qu’on  ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit évidemment. Pour autant je ne dénigrerai pas ce qu’on a partagé ni le bien que ça m’a fait dans un moment où c’est probablement une des choses qui m’a le plus permis de me maintenir à flot.

« J’te rappelle d’ailleurs qu’on a toujours des fausses cartes d’identités à faire et Alec m’a donné pleins d’idées pour la sienne. »

Le mec se tire une balle dans le pied de lui-même.

Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22459
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Mar 20 Avr 2021 - 1:47
Ouais. C’est pas bien de faire pleurer les filles. Une réflexion que les jeunes garçons apprennent bien tôt. Après tout, une fille, c’est fragile, il ne faut pas la malmener. Mais c’est fille-là, elle l’est depuis longtemps, malmenée. Cette fille-là, elle cherche les dommages. Elle cherche les coups, provoque les combats, n’esquive pas les attaques. Cette fille-là, elle a l’habitude d’avoir le souffle coupé, d’encaisser les blessures, de bouffer les impacts. Cette fille-là, elle ne s’est pas écroulée sous les chocs successifs, n’a pas craqué quand ses os ont été cassés sous la force d’un ami devenu ennemi. Elle ne flanche pas, cette fille-là, se le refuse toujours. Elle n’a pas appris à être faible, à accepter ses fêlures.

Et pourtant, cette fille-là, c’est face à la bienveillance qu’elle s’effondre.

Quand on vit dans la peur du rejet, la violence des abandons successifs, quand on fuit sans cesse de peur de voir disparaitre l’autre et qu’on décide de rester, soudainement, sans savoir comment gérer les émotions et les sentiments, c’est une violence soudaine que la douceur. Une violence brusque qu’elle n’a pas vu venir, encore moins qu’il anticipe ses angoisses et pose un doigt dessus, comme ça, sans vraiment en sembler affecter, comme si ce qui la faisait trembler n’était qu’une habitude pour lui. Plus mature qu’elle d’un point de vue sentimental, Enzo assumait ce qui menaçait de la faire s’effondrer. Comme s’il n’en était rien. Et il lui semblait un instant n’être qu’une gamine si fragile dont l’âme se faisait emporter par les flots salés pour un rien. La réalité, pourtant, c’était qu’elle ne faisait qu’accumuler, qu’elle enfouissait sans cesse, tant les douleurs que ses propres angoisses, ses peines et ses peurs maculés au cœur. Elle restait droite, elle restait fière la guerrière. Sauf que face à lui, les torrents qui déferlaient en elle, cachés à la vue des autres, ils s’écrasaient sur ses sens. Et quand hier, c’était le désir qui venait l’étreindre, aujourd’hui c’était la peur. Peut-être l’épuisement ou le désespoir. La fatigue, la lassitude, la rage qui délie les chaînes. Bien sûr, il les entends peut être gronder, le tonnerre et la lave, qui hurlent aussi fort qu’en lui.

Et pourtant, c’était ni la peine, ni la rage ni la fatigue qui motivaient son choix. Car il s’agissait bien là de choix. Partir ou rester. A la croisée des chemins, elle avait effectivement pris une décision, celle de revenir à ses côtés. Et s’il ne s’agissait ni de peine ni de rage ni d’épuisement, c’était qu’il s’agissait bien d’amour. Pas celui que pouvait craindre Will, hein, rassurons-nous. Simplement, oui, il s’agissait d’amour quand elle revenait vers Dorofei, qu’elle bordait Adam le soir, qu’elle restait au bord du lit de Kezabel à lutter contre le vide ou qu’elle revenait ici, contre cette rambarde pour prononcer quelques mots.

Pour saisir une main tendue sans trop savoir qu’en faire.

« M’insulte pas s’il te plait. Tu sais pas c’que tu fais là, malheureuse. »

Un petit rire s’accrochait à ses lèvres, posant un regard amusé sur Enzo. Oui, ça tremblait encore violemment en elle, c’était loin d’être assuré, mais s’il y avait bien une chose qui puisse la rassurer, c’était bien l’humour. Terrain connu en plein massacre de sa zone de confort.
Ouais ; peut être que tu te mets trop la pression.

« Et en fait je t’ai menti, j’ai 14 ans. »

Cette fois, le rire claque avec la réflexion sortie de nulle part quand elle lui décoche un coup du dos de la main sur le pectoral. Et le regard qui va avec, mi amusé, mi outré s’accroche un instant avant de se détourner.

Ce qui suivait écrasait l’amusement, pourtant. Comme une vague de colère qui déborde soudainement, maîtrisée pourtant. Le truc vous prend à la gorge, fait pulser l’acide dans les veines et cogner les tambours de la poitrine. Elle était là, son énième trahison. L’impression de s’être fait avoir comme une véritable gosse, une bleue des relations amoureuses. Pourtant, elle savait. Elle n’avait jamais été avec qui que ce soit, mais elle savait ce que ça faisait que de voir quelqu’un vous piétiner le cœur. Et c’était très exactement ce qu’il avait fait. Par son empressement d’abord, par ses négations de ses besoins, par la violence de ses dénis. Et puis par son ignorance, son aveuglement. Et enfin sa traitrise. Mise elle-même au banc des accusés, Jordane s’empalait sur sa propre bêtise. Comment estimer qu’il aurait pu en être autrement ? Et pourtant, tout ce qui avait fait trembler les fondations de cette petite âme si peu habituée aux contacts humains, c’était bien réel, profondément authentique et tangible. Tout autant que l’était le manque et la haine à présent. Tout autant que l’amitié profonde qui la liait à Zach. Alors la sensation de solitude, elle n’en avait pas fini de salir ses veines quand, pourtant, d’autres choses les noyait dans le même temps. Alors l’affection, elle fait mal. Elle fait hésiter, elle pousse à fuir. Ce qu’elle allume, dans le fond des artères, c’est autant une force qu’un séisme qui fait trembler bien des murailles.

Et pourtant, elle parlait. Quelques mots, quelques faits, pas réellement d’émotions non plus car tout ça est cloisonné. Enfermé. Et pourtant, elle s’ouvrait. Comme à reculons, les paupières fermées à s’en fendre les yeux, déjà prête à se prendre une balle perdue au passage. Mais les craintes, elle leur étranglait le cou, les enterrait encore. Comme un besoin de faire confiance, d’essayer quelque chose, de faire un pas en avant. Peut-être était-ce simplement un moyen de tisser de nouveau un lien. Un autre, avec d’autres fils, d’autres organes, d’autres vaisseaux sanguins. Un truc qu’elle savait si malléable et facile à trancher mais qu’elle avait envie de tenter. Peut-être qu’ainsi, de proches en proches, elle finirait simplement par apprendre comment les autres font. Comment lui, il fait.

« Rassure toi c’est pas vraiment un concours. C’est même une grosse arnaque parce que y a rien à gagner. »

Un souffle amusé, court, sifflant de ses narines sans qu’elle ne pose encore de nouveau de regard franc sur lui.

« J’me disais bien que je m’étais fait avoir. »

Elle avait failli dire ‘niquer’. Mais bon, oui, en effet il en maîtrisait le concept. Alors oui, ça parle de bite, parce que c’est quand même bien plus simple que d’évoquer les sentiments bafoués, la confiance martelée et les tentatives de séquestration.

« J’me doute. Y a pas vraiment d’enjeu en même temps, les dés sont pipés. »
« ‘Pipé ?’ T’es sûr que tu veux partir sur ce terrain-là ? »

Ça, c’était clairement sorti hors de son contrôle, sans qu’elle ne le réfléchisse, s’engageant elle-même sur le terrain glissant, ne pouvant s’empêcher d’en rire en accrochant de nouveau son regard. Trop tôt pour en rire ? Manifestement non. Moins d’un mois plus tôt, c’était lui que sa langue s’amusait à faire perdre perd. C’est comme ça, la vie change, les relations évoluent. Et pour celle qui a toujours mis dans le sexe ce que d’autres y extraient… eh bien il va simplement falloir apprendre à s’en détacher pour remettre l’affection à sa place, tout simplement. Pas la chose la plus instinctive pour elle.
Pas la plus impossible non plus.

Alors en attendant, elle riait un instant sur cette facilité là, sur cette connivence qui ne se perdait pas véritablement, bien tâtonnante encore, mais pas abolie. Ce truc que sa conscience essayait d’emmagasiner, d’accepter.

Et puis, doucement, ils se calmaient et elle posait ces quelques mots sur ses malheurs. L’empathie, elle est là, ne sait pas s’exprimer autrement que par une phrase toute simple. Et elle, elle avait entendu la sienne, plus muette encore. Mais ne pas mettre ni de mots ni de réponses à ses aveux, ça l’arrangeait bien. La difficulté avait été affrontée, elle avait parlé d’elle-même. Cinq phrases, moins de cinquante mots. Et c’était déjà bien assez. Qu’il parle de lui, qu’il ne rebondisse pas sur ce qu’elle lui confiait, sans vraiment intellectualiser ça, Jordane se rendait surtout compte qu’il comprenait qu’elle était déjà arrivée à son maximum, le dépassant depuis longtemps, lui épargnant la difficulté de développer plus encore. Alors, naturellement, la conversation se tournait vers lui, rebondissant su ce qu’il avait pu dire plus tôt.

« La technologie c’est encore un truc qui me dépasse, j’sais pas ce qu’on peut faire avec tout ça mais j’sais qu’ils ont utilisé le téléphone de Riley pour appâter Liam. Qu’ils ont réussi à craquer le sien pour avoir toutes les infos dont ils avaient besoin. Qu’avec ces merdes on peut te traquer n’importe où et foutre le nez dans ta vie de manière bien trop intime. »
« Hm, pas faux. »

Elle ne l’arrêtait pas, répondait seulement à ses paroles par l’affirmative sans pour autant couper ce qui venait.

« Sauf qu’on va pas se mentir, c’est quand même légèrement plus rapide qu’un hibou ou un Patronus pour communiquer. »

De nouveau, elle répondait par un rire bref, comme en miroir du sien. Il n’avait pas tort. La magie fournissait bien des moyens de communication qu’elle n’utilisait jamais, ne serait-ce qu’à travers les patronus ou les appels dans les flammes. Mais face à tout ça, ses bons vieux textos ou, mieux, les messageries instantanées lui semblaient bien plus rapides et efficaces.

« Et la Magie j’en parle pas. Dans le genre intrusif j’crois qu’on peut difficilement faire pire. »

Cette fois, c’était une légère grimace qui tordait ses traits. Bien sûr, la jeune femme en avait conscience et c’était bien ce qui l’inquiétait. Les messages, elle les effaçait, avait protégé son téléphone de façon magique et moldue, consciente qu’il y avait peut-être encore mieux à faire. Mais pour ce qui était d’entrer dans son esprit… là elle n’avait pas de moyen de contrer un quelconque agresseur. Ce qu’il y avait d’amusant là-dedans, c’était qu’elle en avait pris conscience à l’aide du légimen qu’ils avaient en commun : Logan.

« Bref, ouais y aura toujours des moyens pour s’arranger mais j’leur imposerai pas ça. Ça sera leur décision et si cette décision c’est de couper les ponts j’la respecterai. »

En silence, elle acquiesçait. A vrai dire, il y avait une chose qui la rassurait dans ses paroles. Enzo exprimait que si cette décision était prise par… la … meute ? Bref, les autres loups, il la respecterait. Cela signifiait qu’il n’était pas en train d’envisager de couper de lui-même les ponts immédiatement et sans possibilité de rétablir les liens. Et ça, ça la rassurait pour lui. Bien entendu, Jordane n’avait aucune idée de l’importance que ces contacts pouvaient avoir pour Enzo, elle ne savait même pas grand-chose de sa lycanthropie et n’avait jamais posé de questions. Mais voilà, c’était essentiel pour lui, elle le déchiffrait dans chaque inflexion de sa voix, dans la façon avec laquelle son regard changeait de texture et de couleur. Elle le savait, c’était tout. Parce que c’était évident.

« Vous ferez au mieux. »

Pour tout le monde.

Il se retournait, face à la rambarde qu’il prenait à son tour au bout de ses bras tendus, comme un miroir inversé. A présent, elle l’avait dans son dos et lui prenait la position qu’elle avait quelques minutes plus tôt.

« J’suis pas un soldat, et j’suis fatigué d’me battre. »

Le mot lui sautait étrangement à la gueule. Soldat. Etait-ce ce qu’elle devenait, à s’engager comme elle le faisait auprès de la Garde ? Zach était mort, Kezabel était tombée et si elle était elle-même en pause, les entraînements s’enchaînaient, comme un besoin vital. Elle le savait, elle ne tarderait pas à demander de repartir en mission. Parce qu’elle en avait besoin. Parce que l’inactivité la rendait dingue mais qu’elle se savait à l’heure actuelle trop instable pour passer le cap de nouveau. Et pourtant, quelque chose était vital en elle actuellement : répondre.
Un instant, elle voyait de nouveau les coups pleuvoir, la rage de Dorofei dans ses yeux déconnectés de la réalité. Un instant, elle aussi était fatiguée. Et l’instant passait car la rage demeurait.

Pourtant, s’ils ne répondaient pas de la même façon, n’avaient pas le même vécu, elle était désolée pour lui, pour eux. Parce que ce qui les foutait au sol, là tout de suite, ça n’était pas le choix de se battre ou pas et les coups reçu dans ce cadre-ci précisément. Peut-être seraient-ils plus faciles à encaisser, ces chocs-là d’ailleurs. Mais là, ils mangeaient ceux des autres, sur des sentiers dans lesquels ils ne s’étaient pas engagés. Voilà en quoi elle se rapprochait d’Enzo à l’heure actuelle. Fauchés de plein fouet par les plaies d’autrui. Et oui, on y revenait, par l’amour. Un thème constant quand le cœur saigne pour l’autre.

Brusquement, il se redressait, ses paumes venant claquer la rambarde, quelque chose crissant dans les muscles de la jeune femme sans qu’elle ne semble pourtant réagir. Mais il y avait là une partie de son cerveau qui se mettait en alerte, prête à esquiver ou à rendre les coups. Une partie qu’elle apaisait immédiatement comme pour masquer un secret.

« Foutu monde de cinglés. »
« Ouais.. »

Le regard posé sur lui est plein d’empathie mais pas de pitié, désolé sans céder à l’outrance. C’est le cas, foutu monde de cinglé. Sauf que c’est le notre, ce monde de cinglés et qu’on est bien bloqués, forcés de faire avec.

« Putain qu’c’était bien plus simple de boire à l’œil et se taper une serveuse sans penser aux conséquences. »

De nouveau, la réflexion autant que son rire venaient la prendre par les trippes autant que par surprise, déclenchant l’hilarité chez la jeune femme.

« ça j’te confirme ! » Est-ce que les images s’imposent et filent un coup de chaud passager ? Oui. Un problème ? Non, merde, salut. « J’devrais peut-être la rappeler tient. » Une réflexion dans le vide à laquelle elle ne donnerait sans doute pas suite.

« J’te rappelle d’ailleurs qu’on a toujours des fausses cartes d’identités à faire et Alec m’a donné pleins d’idées pour la sienne. »
« Ah j’avoue ! Faut qu’on fasse ça après ! Ça doit se faire ça dans le coin. Sinon j’ai deux trois adresses en Irlande. » Non, tu as deux trois adresses en France, en Angleterre, en Irlande, en Ecosse, en Pologne et ainsi jusqu’au Japon, la Russie ou la Suède. Mais bon, ça, ça serait trop en dire.

« Mais au fait… A quel moment vous avez parlé de ça vous ? On est d’accords que la dernière fois que je t’ai amené chez lui, c’était pas non plus la grande copinerie entre vous non ? Ou j’ai encore loupé une étape moi ? » « Ou plus exactement, la grande question c’est COMMENT je fais pour toujours louper la moitié de ce qui se passe dans vos vies ?! Va falloir arrêter de tout faire à mille à l’heure hein, je suis pas. Alors vas-y reprends. Pis après tu m’expliqueras comment il fait, ton pote, pour les trouver les baleines, parce qu’en attendant j’ai toujours pas vu d’aileron moi ! »

… On dit aileron ?

« AH et SURTOUT… il a donné quoi comme exemples ce couillon ?! »

C’est ça qu’on fait, on se rapproche dans l’illégalité ?
Hey, après la polygamie d’un soir c’est pas mal comme concept je trouve. Et c’est pas beau de juger j’vous signale !
Dit celle qui a embarqué Kezabel dans un gymnase pour y entrer par infraction à la première sortie et l’a fait frauder à la seconde.
Hey, les voyages forgent la jeunesse ! Les conneries aussi.
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2265
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Ven 23 Avr 2021 - 23:02
« Ah j’avoue ! Faut qu’on fasse ça après ! Ça doit se faire ça dans le coin. Sinon j’ai deux trois adresses en Irlande. »

Rien qu’un sourire sur le coin des lèvres, de nouveau un flash de cette soirée passée là-bas, un souvenir qui part comme il est venu. Et puis oui, ça se fait dans le coin, en atteste la fausse carte que je trimbale avec moi depuis quelques mois. Je ne compte pas devenir un expert en la matière, simplement ça dépanne.

« Mais au fait… A quel moment vous avez parlé de ça vous ? On est d’accords que la dernière fois que je t’ai amené chez lui, c’était pas non plus la grande copinerie entre vous non ? Ou j’ai encore loupé une étape moi ? »

Cette fois le sourire s’élargit, nul besoin de la regarder pour deviner l’expression qui prend place sur son visage. Est ce que j’envisage de laisser planer un peu le suspens ? Peut être bien.

« Ou plus exactement, la grande question c’est COMMENT je fais pour toujours louper la moitié de ce qui se passe dans vos vies ?! Va falloir arrêter de tout faire à mille à l’heure hein, je suis pas. Alors vas-y reprends. Pis après tu m’expliqueras comment il fait, ton pote, pour les trouver les baleines, parce qu’en attendant j’ai toujours pas vu d’aileron moi ! AH et SURTOUT… il a donné quoi comme exemples ce couillon ?! »

L’éclat de rire qui m’échappe n’a rien de plus spontané, résultat de tout ce qui grimpe depuis quelques secondes alors qu’elle s’essouffle dans un monologue responsable de cette hilarité. Ça et ce truc qui surprend toujours les gens : Qu’on puisse s’entendre lui et moi. Parce que oui, c’est le cas. Peut être pas de manière définitive, d’ailleurs la possibilité qu’on ne se recroise jamais n’est pas à exclure, mais quelque chose s’est débloqué de son côté comme du mien. La maturité, sans doute … Surtout un gros ras-le-bol généralisé commun et le fait de se comprendre parce qu’on vient du même milieu. J’aurai pas cru que ça puisse jouer un jour et puis finalement je pense à Warren, c’est sans doute en partie ce qui fait que je le comprends de cette façon lui aussi.

« Sincèrement ? J’me souviens même plus trop. »

Pour les exemples.

« Et tu peux toujours attendre pour voir les ailerons, celle-là n’en ont pas. »

Est ce que je commence à te sortir ma science sur le sujet en t’expliquant toutes les subtilités de chaque espèce ? Non, le but c’est pas de t’assommer. Mais ouais, t’attends pas à voir des ailerons, dans le meilleur de cas c’est une caudale que tu verras. Plusieurs si on a de la chance. Des dauphins pour passer le temps, probablement.

« Des trucs du genre … Ouais, j’crois qu’y avait Jean Merde dans le lot. Des trucs à propos d’aller nikétamer aussi. Bref, que des trucs poétiques. »

Étrangement le genre de conneries bien lourdes dont on avait tous les deux besoin à ce moment, je crois. Et ça fait trop de fois « truc » dans une seule phrase.

« On s’est tapé un fou rire sur une plage à l’autre bout du monde y a genre deux semaines, comme deux paumés qu’avaient besoin de fuir la réalité et le quotidien. »

C’est dit le regard braqué devant moi sans réellement voir l’océan qui se dégage à perte de vue, sans émotion particulière non plus. Un instant je me demande ce qui les lie tous les deux, m’interroge sur ce truc qui nous rapproche des mêmes nanas pour des raisons relativement nébuleuses, avant de me dire que je m’en fous et que ça n’a pas la moindre importance.
Mes raisons pour foutre le camp comme ça du jour au lendemain je pense qu’elle les déduira d’elle-même, et ça n’a pas tellement plus d’importance.

« Complet hasard qu’on tombe l’un sur l’autre, ou alors il me stalke et il veut pas l’avouer. »

Un regard vers elle et pas une seule once de sérieux dans le fond des yeux. Un jeu dangereux avec Alec, je l’ai intégré, mais avec elle j’peux me le permettre. Le monde est petit, c’est tout, suffisamment pour qu’on atterrisse sur la même plage dans le fin fond du Mexique et au même moment.

« Le truc hautement improbable. Au final on a passé quelques heures à discuter, se marrer … et manger. Tout ça sans avoir envie de se taper sur la gueule. Ce monde n’a plus le moindre foutu sens. »

En réalité si, il en retrouve un au fil des jours. Pour certaines choses en tout cas. Il éclate des évidences contre les parois de l’infini, fait battre le cœur de nouveau correctement, remet de l’ordre dans le chaos. Respirer redevient plus instinctif, malgré quelques ombres au tableau.

« T’as des nouvelles de Keza ? »

Cette question, il y a quelques semaines, je l’aurai posé avec une toute autre expression sur le visage. Amusé, curieux sans doute, probablement avec un fond d’agitation dans les sens autant ne pas le nier. Aujourd’hui rien de tout ça et sans en faire trop, sans ombre dans le regard, elle n’y verra que du sérieux.
Puis il suffit d’un souffle reconnaissable pour me faire tourner la tête de nouveau droit devant, les yeux légèrement baissés vers l’eau cassée par la proue. Le sourire revient, le cœur crépite d’adrénaline même si rien ne transparaît.

« Tiens, regarde. »

Un signe de tête vers l’avant du bateau, pour lui désigner les silhouettes furtives et argentées qui surfent dans les vagues provoquées par la vitesse. Violeurs et tueurs d’enfants, oui, mais ils sont doués pour foutre des étoiles dans les yeux de n’importe qui ces salopards.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22459
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Dim 25 Avr 2021 - 14:54
Elle le voyait, ce sourire grandir en douceur, comme une accumulation de vagues, la houle qui monte, gonfle, se tord, jusqu’à ce que l’eau se crashe finalement, que les gouttelettes déferlent, que les embruns percutent l’épiderme. Oui, il grandissait, ce grand rire clair, à la limite du fou-rire, et de le voir grimper, elle s’enfonçait encore plus dans sa connerie, les lèvres frémissant par moment de l’hilarité qui la guettait, directement déversée en miroir de part Enzo. Comment c’était arrivé au juste ? Elle n’en savait rien. Comme un besoin de se raccrocher à ce qui était plus simple, sans doute. Il y avait probablement quelque chose de totalement absurde à s’accrocher à l’amusement d’une situation pourtant particulière et désespérée, reliée à des problèmes d’ascendance de sang purs dont Enzo subissait aussi la pression. Et pourtant… pourtant c’était bien là-dessus qu’ils tablaient. Plus simple, propice au rire, Alec faisait une cible parfaite. D’autant qu’elle avait du mal à capter ce qui s’était passé entre eux. Non ? C’était elle qui déconnait complètement ? Sovahnn lui avait bien dit qu’il y avait des tensions entre eux non ? Ou peut-être avait-elle rêvé. Dans tous les cas, l’hilarité générée par son trouble, elle, elle ne l’avait pas rêvée. Alors elle lui décochait un coup dans l’épaule, faussement vexée.
Plus simple, plus évidente cette situation. Certaines choses revenaient.

« Sincèrement ? J’me souviens même plus trop. »
« Ah non, t’as pas le droit d’faire ça ! Je refuse ton amnésie ! »
« Et tu peux toujours attendre pour voir les ailerons, celle-là n’en ont pas. »
« Ah ? Merde. »

Mais si tu le dis je te crois hein. Sans vraiment y sembler, la jeune femme réfléchissait à la représentation qu’elle se faisait d’une baleine dans son intégralité, soudainement troublée par le fait qu’elle se trompait manifestement sur leur anatomie. Le genre de questions qu’elle ne s’était pas posé depuis une éternité : dessine-moi une baleine. Bref, donc… ces pseudos ?

« Des trucs du genre … Ouais, j’crois qu’y avait Jean Merde dans le lot. Des trucs à propos d’aller nikétamer aussi. Bref, que des trucs poétiques. »
« Ah oui c’est lyrique ! »

Un sourire aux lèvres, la hanche posée sur la rambarde de métal blanc, la jeune femme se tournait vers lui, posant une main sur le fer chauffé par le soleil mais rafraichit par le vent et les embruns.

« On s’est tapé un fou rire sur une plage à l’autre bout du monde y a genre deux semaines, comme deux paumés qu’avaient besoin de fuir la réalité et le quotidien. »

La surprise, évidente dans ses yeux, elle ne la cachait pas quand elle posait son regard sur celui qui fixait posément les vagues. Ce qui les avait amenés à fuir leur réalité ? Jordane n’avait pas besoin qu’on le lui explique pour le comprendre. Que ce soit la position d’Alec ou celle d’Enzo, elle en savait trop de chaque côté. Pour l’un, ça s’était limité à des déductions suivies d’aveux douloureux… pour l’autre, elle était au courant avant lui et si, à présent, les choses étaient en passes de se remettre dans le bon sens, elle n’irait pas s’engager sur ce terrain-là.

« Complet hasard qu’on tombe l’un sur l’autre, ou alors il me stalke et il veut pas l’avouer. »
Un regard vers elle auquel elle répondait en souriant plus avec les yeux que les lèvres.
« Il est fou amoureux de toi, j’en suis intimement persuadée. D’ailleurs t’es pas monté à l’étage, mais ya une pièce blindée de photos de toi. »

Pas plus de sérieux dans son regard que dans celui de son ami.

Oui, un jeu dangereux avec Alec, elle en avait tout autant conscience… raison pour laquelle elle se foutait d’autant plus de lui sur le sujet. Etrangement, ça passait beaucoup mieux de la part d’une femme, une évidence à laquelle elle n’arrivait pas à trouver de logiques. Comme si ça n’était pas de remettre en question sa sexualité ou sa virilité qui posait fondamentalement problème, mais autre chose.

« Le truc hautement improbable. Au final on a passé quelques heures à discuter, se marrer … et manger. Tout ça sans avoir envie de se taper sur la gueule. Ce monde n’a plus le moindre foutu sens. »
« Aaaah ouais en effet c’est fort. Et je crois que je ne me rends pas compte d’à quel point c’est fort d’ailleurs. » Elle le sentait dans sa façon d’être, dans ce qu’elle avait compris des dires de Sovahnn, de leur dynamique quand elle les avait vus ensembles. Comme quoi, les choses changent malgré tout. « C’était tendu à ce point entre vous ? »

Non, mais qu’elle comprenne à quel point la matrice pouvait être buguée !

« T’as des nouvelles de Keza ? »

A ce point là. Au point qu’il y ait un truc à grésiller dans sa poitrine quand il l’évoquait. A crisser de douleur.

Hey, le Mexique c’est pas mal aussi non ?

Un instant, Jordane entre-ouvrait les lèvres, s’interrogeant sur ce qu’il savait, ce qu’elle était censée savoir, dire ou faire. Et puis, avant qu’elle ne parle, Enzo s’était retourné pour apercevoir des formes argentées qui perçaient la surface, son regard attirant  le sien avant même qu’il ne parle.

« Tiens, regarde. »

Alors elle aussi, elle perçait les flots, atteinte par cette vision toute simple de ces mammifères jouant avec les vagues, appelant chez elle des émotions d’enfant. Elle se revoyait courir sur la jetée pour aller voir les phoques, bouffer la joie simple qui claquait dans ses muscles lorsque l’air salé de la côte se mêlait aux rires d’une amie. C’est étonnant, non, ce qu’on met dans une vision aussi simple que ces animaux glissant sur les vagues ? Comme si nous leur attribuions une simplicité et une pureté dont ils étaient pourtant dénués. Mais voilà, l’image persiste, apaise, injecte une joie absurde dans les veines de chacun.

Un petit sourire timide aux lèvres, Jordane se laissait retomber sur la rambarde, les avant bras plantés dans le métal, le regard noyé dans les jeux des animaux qui fendaient les flots.

« Eux, du coup c’est quoi ? Aileron ou… nageoire caudale ? » Il y avait eu un instant de doute, de trouble linguistique, Jordane n’étant que rarement à court de mots, elle se rendait compte n’avoir pas… souvent parler anatomie marine ces dernières années. Un instant, c’était une autre langue qui était arrivée à ses neurones, ses connaissances acquises dans bien des pays se mêlant parfois pour donner un imbroglio complet de termes hachés issus des uns et des autres.

« Je l’ai vue oui. » Kezabel, bien sûr. Et si son regard s’accrochait à ces animaux, certaines joies simples affrontaient des choses plus troubles et complexes dans le fond de sa poitrine. « C’est compliqué. Ça fait vraiment beaucoup tout ça pour elle je pense. » Une réflexion qu’elle pouvait également avoir pour Dorofei, mais puisqu’en dehors de la Garde, personne ne savait quel place il occupait ni même qu’elle habitait chez lui, elle ne l’évoquerait évidemment pas. « Je sais pas trop quoi faire pour l’aider. » Vérité vraie, simple, honnête. La jeune femme était impuissante autant face aux souffrances de son amie qu’à l’impact de celles-ci sur elle. Une réalité dont elle cherchait à se détacher sans véritablement y arriver. « De sécurité tu m’diras. » On en a tous besoin je suppose.

« T’as déjà emmené Sovahnn ici ? » Un petit sourire, rien qu’un peu faux. « Elle serait une vraie gosse face à ce spectacle. » Une gosse qui a une gosse, comment est-ce qu’un truc pareil pourrait marcher ? « Elle s’en sort avec sa gamine ? J’ai pas encore eu le temps d’y aller. » Faux. « Oui bon, ok, j’ai pas encore pris le temps d’y aller, ça serait plus honnête. » Il fallait dire que depuis la gifle magistrale qu’elle y avait pris, Jordane n’était pas particulièrement à l’aise avec l’idée d’y retourner. Est-ce un changement de sujet d’une discrétion de… baleine ? Oui.
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2265
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Ven 30 Avr 2021 - 15:03
Je sais pas si je suis du genre à voir des signes, à les interpréter, ou si je concède simplement que le hasard fait parfois bien les choses. Un truc léger vient en chasser un plus lourd, le mettre de côté un instant pour le moins, comme si quelque chose dans l’air sentait qu’on a besoin d’une pause. De reprendre notre souffle avant d’affronter. C’est un peu comme ça que je vois l’arrivée des dauphins dans le sillage du bateau, comme une pause, un truc qui colle des rêves pleins les yeux et fait retomber vers cette enfance qui parait si loin parfois. Il y a moins de cinq ans j’avais l’impression que je grandirai jamais, que je ne sortirai jamais cette bulle parce que j’y étais trop bien et qu’autre chose ne pouvait pas exister … Puis elle a éclaté cette bulle. J’en ai été éjecté comme j’ai été éjecté de la voiture qui dégringolait dans le ravin.
Alors ces instants-là ils sont là pour ça, pour te rappeler que peu importe ton âge et ton histoire il est toujours là planqué quelque part et n’attend que de pouvoir sortir ce gosse que t’as été. Ton innocence avec … Enfin si tu tiens pas compte de la violence dont sont capables ces enfoirés de dauphins évidemment.

« Eux, du coup c’est quoi ? Aileron ou… nageoire caudale ? »
« Les deux. L’aileron c’est la nageoire dorsale, la caudale c’est pour la queue et t’as aussi les pectorales. »

J’écarte les bras une seconde comme pour illustrer la place de ces dernières avant de me reposer contre la rambarde tout en gardant les yeux sur les silhouettes argentées qui s’éclatent dans les vagues.

« Je l’ai vue oui. »

Et ça fait accélérer ton rythme cardiaque.

« C’est compliqué. Ça fait vraiment beaucoup tout ça pour elle je pense. »

Un vague hochement de tête et je baisse les yeux, prend une profonde inspiration avant de relâcher tout l’air dans un soupir long et lent. Lassé, blessé, paumé sans doute un peu. Jamais j’aurai pensé ressentir ce que j’ai ressenti face à elle, jamais. Pourtant c’était là, ça l’est toujours d’une certaine façon. Le sentiment de trahison que j’ai pris en plein plexus a mis du temps à s’estomper. J’avais besoin d’une amie, pas d’un membre de la Garde. J’avais besoin qu’elle ne me laisse pas dans l’ignorance pendant tout ce temps, quitte à briser le secret. J’avais besoin qu’elle me choisisse moi et pas eux. La colère est passée, elle ne reviendra pas, ce qu’il s’est passé ensuite n’a pas effacé ces ombres là mais les a mises de côté. Tout ce que je souhaite c’est qu’elle aille bien, qu’elle aille mieux, et peut être qu’un jour on aura l’occasion de se retrouver pour éclater les rancœurs.

« Je sais pas trop quoi faire pour l’aider. »

Moi non plus, si ce n’est rester en retrait.
Pour le moment en tout cas.

« De sécurité tu m’diras. »

Probablement. Un truc qu’ils peuvent lui offrir ? J’en sais rien. Ça me fait mal mais c’est comme si on n’était plus dans le même monde. Temporairement je l’espère parce que je tiens à elle et je n’ai aucune envie de la voir sortir de ma vie.

« T’as déjà emmené Sovahnn ici ? Elle serait une vraie gosse face à ce spectacle. »

Ces virages à 90° je commence à les connaitre et n’en fais pas de cas, après tout j’ai pas la moindre idée de ce qui peut réellement les relier toutes les deux alors si c’est délicat soit, on passe à autre chose. J’suis pas là pour faire souffrir qui que ce soit.

« Elle s’en sort avec sa gamine ? J’ai pas encore eu le temps d’y aller. »



« Oui bon, ok, j’ai pas encore pris le temps d’y aller, ça serait plus honnête. »
« Ça fait que deux jours, t’as le temps t’inquiète pas. »

Et je crois que j’ai jamais vu quelqu’un aussi stressé par les relations humaines quelles qu’elles soient. Je sais que le rejet de Sova a été dur pour toi, je l’ai bien vu sans trop me pencher sur le pourquoi du comment mais le temps passe, les orages avec.

« D’ailleurs profite en parce qu’elle est en mode licorne, bisounours et pétales de rose depuis que Liya est là. »

Je me moque, évidemment que je me moque, mais rien ne pourrait me faire plus plaisir que de la voir comme ça. Epanouie, heureuse, comme si elle avait retrouvé l’évidence de son existence, sa force de vivre et de se battre. Le soleil a recommencé à briller.

« On n’a pas encore fait ça non, mais c’est sur la liste. D’abord, elle vole. Le reste on verra après sinon on va la perdre et elle va nous perdre surtout. »

Me perdre. Tu m’épuises. Je t’aime mais t’es épuisante.

« Elle s’en sort comme une chef à vrai dire, elle m’impressionne. J’crois qu’à sa place je serai en PLS dans un coin sans savoir quoi faire d’un si p’tit truc – Pardon Liya – mais elle … Ouais, j’sais pas, elle gère. Comme si c’était une évidence. »

Tu m’épuises mais je suis fière de toi, t’as pas idée. T’arrive à trouver la force d’être là pour tes potes qui s’écroulent, qui doutent, qui flippent tout en prenant soin de ta fille, de toi. Je sais qu’il y aura des moments plus compliqués que d’autres mais j’ai le sentiment que tout ira bien quoi qu’il arrive. Et que ce p’tit bout de vie ne manquera jamais de rien, surtout.

« Donc ouais, vol, dauphins pourquoi pas et ma vie dès qu’elle peut grosse murge parce que j’aimerai bien m’éclater le foie avec ma meilleure amie bordel de merde. Ça fait beaucoup trop longtemps. »

A quand ça remonte ? Sincèrement je ne m’en souviens même plus. L’été dernier peut être, et encore, même pas sûr.

« D’ailleurs j’suis sobre depuis que j’ai arrêté de trainer avec toi, preuve que t’avais vraiment une mauvaise influence. »

Et naturellement c’est balancé l’air de rien, sans la regarder, le demi sourire qui se pointe sur le coin des lèvres à peine retenu. C’est surtout un gros mytho parce que j’étais complètement arraché y a pas une semaine.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22459
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Lun 3 Mai 2021 - 12:08
« Eux, du coup c’est quoi ? Aileron ou… nageoire caudale ? »
« Les deux. L’aileron c’est la nageoire dorsale, la caudale c’est pour la queue et t’as aussi les pectorales. »
« Ah merde putain, oui ça semble logique ! » Et puis, se rappelant qu’il savait déjà pour ses origines françaises, la jeune femme ajoutait : « On va mettre ça sur le compte de la linguistique. J’ai pas si souvent parlé nageoires cette dernière dizaine d’années. »

Un peu moins en réalité, surtout si l’on comptait le temps passé dans d’autres pays à moins utiliser la langue. Moins, car l’anglais lui avait toujours servi finalement. Par contre ses compétences langagières ne risquaient pas de l’aider à répondre à la question concernant Kezabel. Tellement de sujets délicats avec ce simple prénom. Que ce soit la Garde qui restait en toile de fond, le risque de glissade vers ce qu’elle savait que Kezabel savait avant Enzo parce qu’elle le savait aussi puisque la jeune femme lui avait dit…. Glissant. Très glissant. Trop glissant. Noyez-moi. Sans compter ce qui grésillait quelque part, ce cœur trop serré, ces poumons qui manquaient d’air de la voir si violemment éteinte, de voir la souffrance se peindre sur ses traits, ses larmes couler comme autant d’éclats brisés…. Non, Jordane ne savait que faire pour l’aider. Un instant, elle avait envisagé de le demander à Enzo de façon plus claire, plus frontale. Mais sans doute ne le savait-il pas mieux qu’elle. Et non, elle ne poserait pas les choses façon ‘hey, toi t’as vécu un sacré paquet de traumatismes, tu as fait comment pour les encaisser ?’. Oh, mieux ! ‘Comment fait Will ?’ Nope. No way. Salut, bye. Virage à quatre-vingt-dix. BAM ! Merci bonsoir.

« Ça fait que deux jours, t’as le temps t’inquiète pas. »

Trois et quelques heures, à vrai dire mais le décalage horaire fout la merde dans les perceptions. Elle rentre chez elle aujourd’hui. Pas le moment, sans doute. Pas le courage, surtout.

Oui, Jordane était une flippette des relations humaines, trauma non réglé, elle ne savait pas plus aborder Sovahnn qu’elle n’avait su le faire pour Enzo. De nouveau, elle n’irait pas parler de la Garde ou des suspicions que la jeune femme pouvait avoir, connaissant manifestement trop bien le besoin de rébellion en elle, de réponse. Elle l’avait vue faire, l’avait vue prendre part en douce. Pas dans la résistance, les chansons et autres conneries, mais bien armes à la main. Elle n’avait pas vu le sang, mais avait vu les hématomes, elle avait croisé son regard au travers du feu des sortilèges quand elle éloignait Zach des décombres. Et si elle avait fait demi-tour plutôt que de partir de Poudlard, Sovahnn savait bien que le choix de Jordane d’y rester était issues des mêmes motivations que leur ami commun. Devinait-elle qu’à la baby shower, il y avait dans la pièce quatre membres de la Garde ? La majorité des invités, donc. Quatre sœurs et frères d’armes. Elle et Layla étaient-elles les dernières réellement encore debout ?
Non, Keza se relèverait. Bien sûr qu’elle le ferait. Il fallait qu’elle aille mieux, non pas pour la Garde, bien sûr, mais pour elle-même. L’usure ne lui va bien.

Nous ne sommes pas des soldats, avait dit Riley.

Pourtant, quand elle voyait Kezabel, il y avait bien de ça. Un soldat abîmé par la guerre. Et elle-même ? La gueule fracassée par Dorofei, elle agissait bien avec la rudesse d’un Homme d’arme.

Ouais… Bon. Sovahnn, donc ?

« D’ailleurs profite en parce qu’elle est en mode licorne, bisounours et pétales de rose depuis que Liya est là. »

Le rire s’accrochait immédiatement. Derrière la moquerie, il y avait tout de même quelque chose de très rassurant : la jeune femme allait mieux. Jordane ne l’avait pas vraiment vue depuis la mort de Zach et la violence de ses réactions, mais elle savait que pour réagir ainsi, c’était que son amie perdait sacrément pied. Et si la brune avait été là lorsqu’elle avait compris pour sa grossesse, cette fois-ci, il fallait l’admettre, Jordane avait été aux abonnées absente. Alors oui, derrière la moquerie, il y avait un soulagement évident. Elle redevenait elle-même. Pas de baby blues donc ? Dépression post-partum ? Cette femme est une warrior.

Des soldats ? Pff. Allez voir la petite blonde oui ! C’est plus un soldat à ce stade, c’est wonder woman, mode berserk activé !

« Bon je vais prendre mon courage à deux mains et y aller pendant qu’elle est encore en mode licorne alors. D’ailleurs elle a envoyé des messages à Kezabel, j’en déduis qu’en effet, elle s’apaise avec un peu tout le monde. »

Un rapport avec le fait que leur amie commune s’était fait démontée ? Probable.
Peut être aurait-elle dû profiter des coups de Dorofei pour y aller tient. Putain d’humour noir. En réalité, si Sovahnn acceptait Kezabel qui était clairement identifiée comme de la Garde, peut être l’accepterait-elle, elle. Alec ? Encore une autre histoire. Cela dit, Jordane comprenait ces rejets, elle avait une enfant à protéger et avait déjà perdu le père à cause des guerres intestines, sa réaction était plus que légitime. Douloureuse, mais légitime.

« On n’a pas encore fait ça non, mais c’est sur la liste. D’abord, elle vole. Le reste on verra après sinon on va la perdre et elle va nous perdre surtout. »
« Ah Sovahnn et le vol… sincèrement ça m’étonne qu’elle soit toujours sur  la terre ferme. J’suis sûre qu’elle lustre ton balai et lui chante des berceuses tous les soirs en attendant de pouvoir l’utiliser à nouveau. » …. « Et j’ai une image parasite en tête que je vais essayer d’oublier tout de suite ! »

Lustrer le balai hein. T’as l’esprit trop mal placé meuf.

« Elle s’en sort comme une chef à vrai dire, elle m’impressionne. J’crois qu’à sa place je serai en PLS dans un coin sans savoir quoi faire d’un si p’tit truc – Pardon Liya – mais elle … Ouais, j’sais pas, elle gère. Comme si c’était une évidence. »

Un air profondément respectueux et passablement impressionné se peignait sur les traits de la jeune femme.

« Donc ouais, vol, dauphins pourquoi pas et ma vie dès qu’elle peut grosse murge parce que j’aimerai bien m’éclater le foie avec ma meilleure amie bordel de merde. Ça fait beaucoup trop longtemps. »

A nouveau, elle éclatait d’un rire clair.

« Tu m’étonnes ! »
« D’ailleurs j’suis sobre depuis que j’ai arrêté de trainer avec toi, preuve que t’avais vraiment une mauvaise influence. »
« Oh tout de suite ! C’est vrai c’mensonge ? Mais j’ai une mauvaise influence sur tout le monde enfin, c’est le but de mon existence ! Je suis sur terre pour dévergonder les pauvres gens. Il semble clair que t’étais un moine avant moi…. Quoi qu’ils ‘sont souvent portés sur la boisson, ça colle pas mon truc. Un amish ? Très crédible. J’te vois tout à fait avec le petit chapeau et la barbe. Enfin pour ça il faudrait qu’elle pousse quoi…. »

Grand sourire de couillonne.

« Elle a flippé quand elle a appris le truc, t’as pas idée… mais c’était évident qu’elle gèrerait. D’ailleurs tu sais que la potion, c’était moi qui lui avait filé ? J’me suis fait avoir par un type qui m’a vendu l’un des ingrédients de mauvaise qualité. Conclusion j’ai foutu une trouille de dingue à Zach. Deux bébés pour le prix d’un, ça aurait été pas mal pour Noel. » Avec un petit rire, elle revoyait la chute de tension de son ami quand elle crisait complètement à côté de lui. « Bon, avec moi il aurait clairement fini au congel le truc, donc c’était pas un bon plan. Mais le flippe était drôle. ».. Et putain, j’ai envie de boire maintenant ! Tu fais chier l’amish ! »

Avec mon meilleur ami aussi, si possible, mais bon.
Oui, il fallait plus d’un mois pour qu’elle semble apte à évoquer de nouveau le sujet et semble prendre en compte le fait qu’il a fait partie de sa vie, un problème ?

« Tu sais quand vous pourrez vous la prendre, cette fameuse murge ? … ‘Compte pas sur moi pour garder la môme, demande à Takuma ! »

Elle reposait le regard sur les animaux qui jouaient dans les flots, esquissait un petit sourire à les voir ainsi. Bizarre l’effet que ça fait ces bestioles. Sortant un élastique de sa poche, la jeune femme accrochait ses cheveux, agacée de se les prendre toutes les deux minutes à présent que le vent avait changé de direction. Ou le bateau. Ou les deux.

« Je vais cramer moi. »

Grande réflexion. Le truc qui sortait surtout de son ordinaire à elle, qui accrochait une sorte de normalité presque étrange. Regarder des dauphins à l’autre bout du monde et se dire que sa peau diaphane ne le resterait pas longtemps.

« T’as pas un chapeau non ? » En paille. Avec la barbe. Non ? Quoi ? Comment ça j’suis lourde ?
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2265
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Jeu 6 Mai 2021 - 14:50
« Bon je vais prendre mon courage à deux mains et y aller pendant qu’elle est encore en mode licorne alors. D’ailleurs elle a envoyé des messages à Kezabel, j’en déduis qu’en effet, elle s’apaise avec un peu tout le monde. »

Est-ce qu’un lien se fait dans mon esprit, est ce que des questions s’installent ? Oui. Est-ce que je compte m’y attarder, trop y réfléchir ? Non. Pas besoin de prendre le risque d’en rajouter même si le nœud qui se forme l’espace d’une seconde dans ma gorge est bien réel, de même que la sensation de mon ventre qui se serre une seconde.
Comme des cases qui s’imbriquent, des choses qui sonnent presque comme des évidences quand on les met tout bout à bout. A commencer par leur lien, à Kezabel et elle, mais qui je suis pour tirer des conclusions ? Personne. Juste un mec fatigué qui n’a pas envie de soulever un peu plus de merde. Alors on ferme les yeux, on tourne la page sans en lire le contenu. A quoi ça servirait de toute façon ? On avale les couleuvres et les épines et on garde le sourire, on se concentre sur ce qui lui permet de rester.

A savoir Sovahnn.

« Ah Sovahnn et le vol… sincèrement ça m’étonne qu’elle soit toujours sur  la terre ferme. J’suis sûre qu’elle lustre ton balai et lui chante des berceuses tous les soirs en attendant de pouvoir l’utiliser à nouveau … Et j’ai une image parasite en tête que je vais essayer d’oublier tout de suite ! »

Le sourire a un peu de mal à revenir, autant ne pas le nier, mais d’extérieur ça ne se voit pas. Se laisser happer par l’image, par le rire, par les souvenirs aussi.

« Ouais, oublie ça c’est mieux. »

Même pour moi.

Pas parce que je renie la façon dont notre relation a commencé mais parce qu’aujourd’hui j’en suis à un stade où imaginer ce genre de choses relèverait presque de l’inceste … Et on a dit non, pas la famille ! C’est dégueulasse. Mauvais Sang-Pur que je suis, jusqu’au bout.

Quant à mon alcoolisme …

« Oh tout de suite ! C’est vrai c’mensonge ? Mais j’ai une mauvaise influence sur tout le monde enfin, c’est le but de mon existence ! Je suis sur terre pour dévergonder les pauvres gens. Il semble clair que t’étais un moine avant moi…. Quoi qu’ils ‘sont souvent portés sur la boisson, ça colle pas mon truc. Un amish ? Très crédible. J’te vois tout à fait avec le petit chapeau et la barbe. Enfin pour ça il faudrait qu’elle pousse quoi…. »

Piqué au vif le garçon, cette fois la réaction est plus spontanée et le sourire aussi. Le corps se redresse, à bout de bras contre la rambarde, une étincelle qui chasse les ombres dans le fond du regard.

« Hey dis donc la Cougar là, prends pas trop la confiance. »

Puis de revenir m’appuyer, les yeux de nouveau rivé sur l’avant sans trop le voir, secouant la tête de droite à gauche, de gauche à droite.

« Tu m’as pas vu y a 10 jours toi ça s’voit. J’faisais peur aux gamins avec ma tête d’ours. »

Sans doute même aux parents.

« Elle a flippé quand elle a appris le truc, t’as pas idée… mais c’était évident qu’elle gèrerait. D’ailleurs tu sais que la potion, c’était moi qui lui avait filé ? J’me suis fait avoir par un type qui m’a vendu l’un des ingrédients de mauvaise qualité. Conclusion j’ai foutu une trouille de dingue à Zach. Deux bébés pour le prix d’un, ça aurait été pas mal pour Noel. »

Pas mal de visages se baladent dans mes pensées en écoutant Jordane parler et me raconter ce que je n’ai pas pu voir ni entendre. Sovahnn, Zach, Mateo aussi puis Riley parce qu’il leur ai arrivé un truc similaire. Puis Kezabel. Combien de personne sont au courant ? Est-ce que Jordane est au courant ? Aucune idée et je n’aborderai évidemment pas le sujet. Est-ce que j’aurai été capable de trouver les bons mots pour rassurer Sova ? J’aurai aimé être là pour elle, je le suis maintenant c’est tout ce qui compte. Et entendre Jo parler de Zach de cette façon me fait sourire, un sourire presque tendre au moins à l’intérieur, histoire qu’elle ne fasse pas trois pas en arrière. Ça serait dommage.

« Bon, avec moi il aurait clairement fini au congel le truc, donc c’était pas un bon plan. Mais le flippe était drôle. »

Un sourcil arqué, un léger mouvement de recul quasiment imperceptible, je ne m’attendais pas à des termes aussi crus sans pour autant les juger. Ni la juger elle. Non l’avortement ne me chope pas et ne disposant pas moi-même d’un utérus j’estime ne pas avoir la légitimité pour avoir un point de vue de toute façon mais de là à rester de marbre quand on parle de congel, hey, j’suis un grand sensible moi faut pas croire. Surtout j’ai pas avec elle les codes que je pourrais avoir avec certains autres de mes potes. Pas pour l'instant en tout cas.

« Et putain, j’ai envie de boire maintenant ! Tu fais chier l’amish ! »
« Sorry not sorry. »
« Tu sais quand vous pourrez vous la prendre, cette fameuse murge ? … ‘Compte pas sur moi pour garder la môme, demande à Takuma ! »
« En fait on a prévu de sortir entre couilles et vous laisser gérer le babysitting, désolé. Les femmes à la maison, tout ça … »

Est-ce que je la regarde en disant ça ? Non. Est-ce que j’ai l’air on ne peut plus sérieux ? Oui. Est-ce que je cherche à me faire frapper encore une fois ? Probablement.
En attendant je la regarde du coin de l’œil, devine ses gestes puis laisse mon regard s’attarder sur les dauphins en contre-bas avant de fermer les yeux comme pour mieux profiter du calme, du soleil et du vent.

« Je vais cramer moi. T’as pas un chapeau non ? »
« Tu veux pas 100 balles et un mars non plus ? »

Le tout prononcé en riant, désormais de biais, un coude posé contre la rambarde. Un faux soupir agacé avant d’afficher un faux air blasé.

« T’es vraiment une touriste en carton. Bouge pas. »

Et je pars sans prévenir, descend les escaliers et rejoins la cabine où je le sais trône un vieux chapeau à fleurs abandonné depuis des années. Sur le visage du Capitaine, déjà un sourire.

« Herman, j’peux t’emprunter ça ? »

Rien qu’un signe de tête, je décroche l’objet sans dire un mot de plus et rejoins Jordane sur le pont supérieur. Lunette de soleil sur les yeux, Wax dans les pattes, je pose le chapeau sur sa tête et la contourne pour serrer le lien sous son menton en peinant à retenir le fou rire qui me guette de la voir avec ce truc immonde sur la tête. La paille est décharnée, ça pourrait donner un style s’il n’y avait pas ces énormes fleurs en plastique d’un rose pétant mais délavé pour le recouvrir.

« Voilà, t’es magnifique comme ça. »

Non.

« Tu te serais ramenée comme ça la première fois j’crois que je tombais à tes pieds direct. Sous le charme. »


Cette fois le fou rire éclate, j’y arrive plus.
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22459
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Jeu 13 Mai 2021 - 22:40
Kezabel. Sans doute ce sujet ébranlait-il certaines barrières de son esprit. Sans doute était-elle moins attentive, moins précise quand la conversation s’attardaient sur ce prénom. Probablement happée par ce qu’elle ne contrôlait pas, qu’elle ne comprenait pas, de ces regards à ces caresses qui lui cramaient l’épiderme et déchiraient son âme de l’angoisse de perdre son amie. Car là était toute la problématique de contempler ces prunelles ternies par les récents évènements : voir celle qu’elle y avait vu briller disparaitre, s’éteindre à petit feu sans avoir la moindre idée de comment la sorti r de là, comment l’aider, comment alléger cette phase immonde sans qu’elle ne signe un arrêt brutal de ce qui aurait pu être. De celle qu’elle aurait dû être. Alors elle se concentrait sur son propre quotidien, faisait ce qu’elle pouvait pour les uns et les autres, consciente qu’elle se niait elle-même, peu consciente qu’il y avait une part de désir qu’elle ne reconnaissait pas. L’envie réelle d’être là pour les autres, ce besoin profondément humain et affectif de parcourir les ombres, qu’importe les coups reçus. Parfois littéralement parlant. Non, elle ne comprenait pas que ce qu’elle rejetait, ce qui lui coupait l’oxygène le lui offrait tout autant, comme une ambivalence parfaite dans son cerveau qu’elle n’arrivait pas à démêler. Kezabel était au centre de ça, de cette sensation qui en entourait pourtant bien d’autres. Sovahnn, Takuma, Alec. Enzo. Dorofei. Lex, dans une certaine mesure. Naveen, étrangement. Et, oui, Kezabel. Kezabel contre qui elle se crashait quelques heures plus tôt. Non, Kezabel qui se crashait contre elle, comme un noyé qui percutait les rivages acérés et tentait de s’y accrocher pour ne pas être de nouveau embarqué par les flots. Perturbée, sans doute, elle évitait certains sujets, quitte à plonger dans ce qu’il y avait de pire : les secrets. A ses yeux, peut-être Sovahnn avait-elle déjà fait part à son meilleur ami de ses soupçons. Peut être pas. Après tout, elle ne voyait pas ce qui pouvait amener à penser que cette idée appartenait au réel. Sa proximité avec Kezabel s’était développée après la mort de Zach, elles n’avaient jamais semblé proches avant. Ça arrive, les gens se rapprochent quand ils affrontent des choses compliquées. Maintenant, Kezabel était rejetée à ce moment-là. Pour elle, ça n’avait pas duré, Jordane, elle, avait gardé ce statut. Moins socialement capable, elle n’avait pas cherché à délier les nœuds formés, n’avait pas communiqué, ne s’était pas exprimée. Rejetée, Jordane s’effaçait, simplement, acceptant la sentence, comme une sale habitude trop violemment ancrée pour qu’elle cherche seulement à s’en défaire. Maintenant, oui, son caractère la classait parmi les rageurs, les belliqueux, les trop en colère pour laisser couler. Elle le savait, n’avait jamais caché sa haine des Supérieurs... jamais caché ses répliques lorsqu’elle était attaquée de face non plus… mais n’avait jamais été la première à frapper. Elle avait pris sur elle dans la mesure du possible, trop grande gueule pour toujours se retenir, mais trop maligne pour s’afficher comme profondément opposée au système. Comme apte, surtout, à l’entacher. Elle n’avait pas appartenu à la résistance, ne les avait approchés que durant son dernier mois à Poudlard. Et lorsqu’elle avait pris part aux batailles, elle l’avait souvent fait de loin, isolée. Jamais elle n’aurait dû évoquer l’idée de, peut être, approcher la Garde. C’était une erreur. Mais là était la seule chose qui pouvait la rapprocher d’eux. Alors Sovahnn pouvait avoir des idées arrêtées sur le sujet, tout comme Riley, mais malgré leur véracité, ce n’était que ça. Des idées. Cependant, amener la conversation sur cette pente glissante était particulièrement stupide, d’autant plus en connaissant les capacités d’Enzo. Habituée à mentir, elle ne laissait souvent rien passer. Mais mentir à un inconnu ou un ennemi était autre chose que de le faire à un ami. Et elle n’en avait aucune envie. Il avait déjà assez pris, et elle n’avait elle-même aucune envie de se mettre dans cette posture qui… à vrai dire… ne la concernait même pas. Nouvelle recrue, elle n’avait la main sur rien, n’avait pas été mise au courant. N’avait participé à rien. Elle n’avait fait que partir en voyage avec une amie, et y avait appris la vérité. Quelques jours à peine avant Enzo. Elle avait été la confidente de l’une, avait mal vécu ce secret, ce coup dans le plexus, là-bas, isolée au bout du monde. Alors ici, face à lui ? Non, elle ne voulait pas le fixer droit dans les yeux et mentir sur quelque chose qui était finalement si affreusement insignifiant : son implication. Pourtant, elle n’avait pas le droit d’agir autrement. Un tel aveu sonnerait comme une révélation, l’évidence qu’elle appartenait à la Garde. Et ça, elle n’avait seulement pas le droit de l’envisager.

Enzo passait à autre chose, ne réagissait pas autant à ses vannes qu’elle s’y attendait, mais peut-être était-ce une vue de l’esprit. Jordane ne s’était pas tendue, pas plus qu’à l’évocation de Kezabel, ne semblait pas plus hantée par le sujet sous-jacent que par celui qui restait là, comme une ombre venue lui susurrer à l’oreille que, peut-être, elle s’engageait sur un chemin qu’elle ne maîtrisait pas du tout avec leur amie commune. D’ailleurs comment savait-il qu’elles étaient amies ? Proches ? Sovahnn ? Non, la jeune femme ne pouvait le savoir. Riley ? Probable. Evident, même. Kezabel ne lui cacherait rien –enfin…. Ouais hein. Bon. – et elle-même devinait beaucoup trop de choses. Oui, ça venait sans doute d’elle…. Ce qui voulait dire que cette proximité devenait… STOP. Ne pense pas. Débranche. Dit des conneries. Oublie. Ne réfléchis pas. Ne fait pas ça. Ne te fait pas ça. Ne lui fait pas ça. Si tu penses, tu fuis. Si tu penses, tu abandonnes. Ne pense pas. Ne penses à rien.

Ne pense surtout pas au rejet que tu as effleuré, car je sais, moi, que tu ne t’en serais pas défendue, pas plus que face à Sovahnn. Incapable de te battre contre ça, tu acceptes d’être rejetée, ne reviens pas, prend ça pour acquis. Je sais que tu n’iras pas, la voir, ta copine. Je sais que la simple sensation d’être dans l’erreur, d’avoir merdé, blessé, de ne pas être à ta place, et tu disparais, tu n’insistes pas, tu laisses ceux qui auront plus de légitimités prendre l’espace que tu as laissé. Dans le fond, ta belle assurance n’est rien. Dans le fond, tu as simplement peur de ne pas être à la hauteur. Et en effet, tu ne l’es pas. C’est ce que tu fais avec Sovahnn. Ce que tu fais avec Riley. Ce que tu faisais avec Enzo. Alors pourquoi ce texto ? Pourquoi ce sursaut ?

Apprendrais-tu, difficilement, à te battre pour ceux que tu aimes ? Pour cette place que tu ne sais remplir, dans laquelle tu ne te sens pas à l’aise. Ces rires, ils accrochent le vent, ces sourires, ils se fendent d’assurance. Et pourtant tu n’es qu’une gosse en terrain glissant, prête à déraper, à finir la gueule en vrac et les os brisés. Le cœur en miette, voilà ce que tu crains.
Et pourtant, tu lui souris.

« Hey dis donc la Cougar là, prends pas trop la confiance. »
« Oh tout d’suite ! »
« Tu m’as pas vu y a 10 jours toi ça s’voit. J’faisais peur aux gamins avec ma tête d’ours. »
« De LOUP putain Enzo, tu te plantes encore. C’est fou ces jeunes, là, tellement de problème de linguistique, faut tout leur apprendre…. Dit celle qui confond la queue et le dos. »

Enfin…. Bon. Bref.

Est-ce qu’elle aurait réellement mis un bébé dans un congélo ? Evidemment que non. Juste de l’humour foutrement noir dont elle était coutumière. Non, elle n’aurait pas gardé l’enfant si tant est qu’elle se retrouvait avec cette mauvaise surprise dans l’utérus, ça n’aurait pas été envisageable une seule seconde. Quoi qu’elle se serait alors confortée dans un sacré cliché. La nana qui quitte la maison à seize ans et fini enceinte et paumée, non merci. Oui, la langue se déliait doucement, abordant ce qu’elle n’avait pas si bien réussi à évoquer à la mort de son ami. Le sourire, elle le captait, ne s’en formalisait pas cette fois. Zach lui manquait, profondément, son absence traçant des sillons de cendre dans sa chair, comme la perte de celui qui revêtait bien trop de rôles à ses yeux. La sensation était généralisée. Zach, Aileen, Ems, Takuma, Sovahnn, Riley. Sans doute n’y avait-il rien d’étonnant, donc, à ce qu’elle se raccroche à ceux qui restaient, à ce qu’elle essaye, tremblante et hésitante, de ne pas comptabiliser un nouveau nom, un nouveau trou sur une liste qu’elle avait cessé de tenir depuis bien des années.

« En fait on a prévu de sortir entre couilles et vous laisser gérer le babysitting, désolé. Les femmes à la maison, tout ça … »
« Donc Sovahnn est exclue de sa propre murge…. Pauvre petite chose abandonnée. Ou alors Sovahnn a des couilles. Auquel cas putain j’ai dû zapper des cours de biologie moi ! Ça c’est un scoop que j’attendais pas j’dois dire… »

On tombe des nues parfois dans la vie.

« En vrai c’est cool. Vous vous êtes posés, déjà avec Takuma ? Je sais qu’il envisageait de rester un peu dans le coin. » Après l’enterrement. Et non, je ne lui ai pas plus parlé qu’après un échange de deux textos après ça. Je suis une putain d’asociale incapable de combler les vides.

« Tu veux pas 100 balles et un mars non plus ? »
« Oh si, avec plaisir ! Si t’insistes… »

Elle le fixait avec un sourire en coin, assumait son côté touriste en carton à la peau trop blanche. Côté viking ou bretonne, toujours était-il qu’en effet, elle risquait de cramer. Et qu’il s’agissait surtout d’une moyen de plus de se foutre de lui.

« T’es vraiment une touriste en carton. Bouge pas. »

Les soupirs agacés, elle y répondait sans s’empêcher de sourire, le regard perçant attendant la prochaine connerie à tomber. Deux gosses qui se ré-apprivoisent, voilà ce qu’ils étaient. Rien de plus. Deux gosses éclaboussés par les embruns, cramés par le soleil, trouvant dans les rires éclatés un besoin profond de retrouver une certaine cohérence dans tout ce bordel. Un bras posé sur la rambarde, elle le regardait comme un gamin déjà tout heureux de sa connerie, contenant son hilarité dans un air faussement outré. Et un instant, le sourire aux lèvres, l’observant disparaitre ailleurs, une certaine tendresse s’était dessinée sur ses traits, une bouffée de reconnaissance lui enserrant la poitrine quelques secondes avant qu’elle ne se retourne, face à la mer. Elle ne s’y accrochait pas, ne la laissait pas emporter ce qu’il y avait de légèreté, n’en cherchait pas à décrypter les tors et les implications. Elle laissait couler, comme bien des émotions trop profondément humaines, sociales et chaudes qu’elle ne savait pas gérer et dont elle se dégageait sans les accepter vraiment ces derniers temps. C’était là, ça emplissait son âme de quelque chose de plus doux, en un sens assez rassurant, ça s’évaporait comme c’était venu. Et déjà, c’était Enzo qui revenait, elle en distinguait un instant l’ombre qui transportait quelque chose, un chapeau, le lui plantait sur le crâne. La paille, vieille, poussiéreuse sans doute, lui griffait doucement l’épiderme, accrochait les cheveux mal peignés attachés en queue.

« Voilà, t’es magnifique comme ça. » Un coup d’œil vers le haut, dans une mimique presqu’enfantine. Comme si elle pouvait vraiment voir de quoi elle était affublée d’ici. « Permets moi d’en douter… »
« Tu te serais ramenée comme ça la première fois j’crois que je tombais à tes pieds direct. Sous le charme. »
« Oh meeeeeeeeerde, tu veux dire que j’ai loupé ma chance ?! C’était là depuis tout ce temps, toi et moi, notre histoire unie et centrée sur un chapeau ? Et je ne l’avais pas… Comme quoi ça tient à peu de choses… »

Et elle tirait une bouille faussement affectée quand de son côté, Enzo partait dans un fou rire complet. Communicatif. Les rires légers, emportés par les flots qui se brisaient sur la coque, gonflaient dans l’air frais, comme dans un reliquat de vacances, une impression soudaine, étrange, déconnectée de la réalité. Un ailleurs, plus simple.

Un œil fermé, la jeune femme enlevait le chapeau mal mis à cause de sa queue de cheval, grimaçait quand les pics de paille accrochaient ses mèches pour les tirer douloureusement, jusqu’à finalement s’en défaire et l’observer avec un œil faussement fasciné.

« Mais quelle merveille…. J’en ai les larmes aux yeux.. » Non. « Tu m’étonnes que tu craques ! De quoi rehausser ma beauté naturelle. Et ces fleurs... de vrais rubis pour aller avec mes yeux. »

D’un geste, elle défaisait sa queue de cheval, plantait de nouveau le chapeau sur sa tête, l’assumant parfaitement, y compris le truc qui se cassait la gueule, là, à droite, resserrait le cordon sous son menton comme lui un peu plus tôt.

« J’vais en faire craquer, des baleines, comme ça moi ! C’est bon, j’suis parée les gars ! Prête à draguer ! Prochain plan à trois, j’assume le chapeau ! » Elle aurait peut être été un peu moins chaude, la Cinzia, mais bon.
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2265
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Mar 25 Mai 2021 - 15:50
« En vrai c’est cool. Vous vous êtes posés, déjà avec Takuma ? Je sais qu’il envisageait de rester un peu dans le coin. »
« Pas vraiment. On s’est fait une soirée y a quelques semaines mais depuis j’ai pas tellement eu ... »

Le temps ?
Si, tu l’as eu, mais tu l’as géré autrement.

T’as appris que ton mec n’avait pas décidé de prendre le large mais qu’il avait été kidnappé, t’as appris qu’il était libre depuis presque deux semaines quand on s’est enfin décidé à te le dire, t’as plané dans une phase que toi même t’identifie pas trop et aujourd’hui tu reprends contact petit à petit avec les gens, avec la réalité et le monde, mais ça se fait progressivement.

« Faut que je l’appelle. »

Pour prendre des nouvelles, pour qu’on se voit, pour que la vie ressemble enfin à un truc a peu près normal.

Et cet instant, est ce qu’il est normal ? Il y flotte un truc pas encore serein à 100 %, une spontanéité parfois teintée de gêne, un lien qui ne sait pas encore trop à quoi il doit ressembler. C’était simple, maintenant que le contexte est différent quelque chose à irrémédiablement changé mais est ce qu’on peut en faire autre chose ? Ce qu’on peut faire c’est vivre l’instant présent sans trop se poser de question, arrêter d’essayer de creuser sous la surface parce que ça n’ira pas plus loin. Pas de son côté en tout cas, donc probablement plus du mien non plus. J’aurai sans doute eu besoin, ou envie, de parler de Kezabel, de la déchirure entre nous deux à laquelle je n’ai pas vraiment accordé de temps jusqu’ici parce que mon esprit était focalisé ailleurs. Quoi qu’il en soit je comprends que non, ça ne sera pas avec Jordane que ça se fera. La porte s’est fermée rapidement dès que j’ai évoqué l’Anglaise, avec cette impression d’être seul de mon côté alors qu’elles sont toutes les deux de l’autre. Si Jo passe la porte elle prend bien soin de la refermer entre chaque pièce.

Est-ce que je lui en veux ? J’en veux à la terre entière pour ces secrets qui nous éloignent tous, nous font du mal à tous.
Mais aller, enfile ton masque de mec heureux et continue de rire, avec un peu de chance t’arrivera à te convaincre.

« Oh meeeeeeeeerde, tu veux dire que j’ai loupé ma chance ?! C’était là depuis tout ce temps, toi et moi, notre histoire unie et centrée sur un chapeau ? Et je ne l’avais pas… Comme quoi ça tient à peu de choses… »
« On en revient toujours aux baleines, finalement. Y a un truc … Ça aurait pu être le thème de notre mariage. »

Moby Dick.
Oui, bien sûr.
Rien de tout ça n’a de sens.

« Mais quelle merveille…. J’en ai les larmes aux yeux.. Tu m’étonnes que tu craques ! De quoi rehausser ma beauté naturelle. Et ces fleurs... de vrais rubis pour aller avec mes yeux. »
« Voilà ! C’est ça, les mots que je cherchai. Mais tu m’as fait perdre tous mes repères et ma locution. »
« J’vais en faire craquer, des baleines, comme ça moi ! C’est bon, j’suis parée les gars ! Prête à draguer ! Prochain plan à trois, j’assume le chapeau ! »
« Avec les baleines ? C’est ambitieux ... »

Sourcil arqué, fausse moue dubitative et intriguée, s’en suit un haussement d’épaules et bientôt les grésillements de la radio en bas me laissent penser qu’on devrait avoir de la chance aujourd’hui.
Des baleines pour oublier l’espace de quelques heures le poids des secrets, des portes qui se ferment, d’autres qui s’ouvrent. L’absence, le silence, le manque. La lassitude face à toutes ces choses qui changent et sur lesquelles on n’a pas tellement de contrôle.

▬ FIN ▬
Revenir en haut Aller en bas
Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
Enzo S. Ryans
https://impero.superforum.fr/t6883-enzo-tant-que-je-ne-suis-pas-
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997
Hiboux postés. : 22459
Date d'inscription : 13/09/2009
Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr
Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Mer 2 Juin 2021 - 18:34
Est-ce qu’elle l’a senti, ce truc un peu plus sombre, plus rauque entre eux ? Ce truc qui pèse, qui s’agite quelque part sous la surface ? Oui, sans vraiment le comprendre ou savoir l’appréhender, comme une gamine qui sait qu’on lui en veut sans vraiment savoir pourquoi, comment ou même si c’est légitime. Le genre d’angoisses sourdes qui hantent ses nuits depuis toujours et qu’elle ne sait gérer. Le genre de choses qui la font fuir, disparaitre, abandonner, car la légitimité de la plaie, si elle ne sait l’analyser, elle sait qu’elle n’est pas quelqu’un de fiable, d’honnête, de bien, sans doute. Elle sait que les gens s’éloignent, qu’elle ne leur laisse pas le choix, que la faute est sienne et qu’elle ne sait simplement pas agir au mieux. Qu’une amitié, c’est quelque chose de si bancal, de si fragile qu’un seul mot, un seul regard suffirait à tout briser. Un seul silence. Il est bien là le problème, effacé, nié, mis de côté et pourtant si présent. Elle savait. Alors oui, sans doute y avait-il une séparation entre eux, la Garde d’un côté et leurs secrets, leurs mensonges, ces évidences dont elle ne pouvait se départir, qu’elle ne pouvait avouer. Oui, elle savait, Kezabel le lui avait dit, là bas, perdues au bout du monde, là où l’impact semblait moindre et où, pourtant, la nouvelle lui avait coupé les jambes, l’avait empêchée de communiquer, l’avait frappée brusquement, violemment, lui avait coupé le souffle. Si les choses avaient été différentes, peut être ces rires échangés auraient-ils été plus souples, plus réels. Peut-être auraient-ils cessé de mentir, l’un comme l’autre, sur cette relation dans laquelle ils faisaient semblant d’être à l’aise. Mais il restait ce truc qui déraillait, ce petit grain de sable qui grippait le système et en rayait les mécanismes. Et elle savait que le grain de sable venait de son côté, de tous ceux qu’elle retenait et empêchait de déverser, il y en avait un qui s’était insinué là. Et il griffait, râpait. S’il n’y avait pas eu cette histoire avec Will, ce truc sur lequel elle n’avait pourtant aucune prise, ce grain n’existerait pas. Mais il était là et ils faisaient avec.

Ils faisaient comme si.

Comme s’il n’avait pas les mêmes doutes que Sovahnn. Comme s’il ne nourrissait pas les mêmes interrogations. Pourtant, il aurait été tellement simple de parler. Simple de dire qu’elle n’y était pas grand-chose, qu’elle n’avait pas été informée de cette histoire, n’étant ni générale, ni impliquée, ni même autre chose qu’une des dernières recrues. Rien d’autre qu’une gosse, au travers du regard de certains. Si simple de dire qu’elle était désolée, profondément, pour tout ce qu’il s’était passé. Qu’elle n’avait d’ailleurs rien tenté avec lui à partir du moment où elle avait su, qu’elle ne l’aurait pas fait s’il était venu vers elle. Si simple, de tout lâcher et d’être quelqu’un d’autre. Mais les convictions étaient là, ses valeurs aussi, sans compter une certaine loyauté à ceux qui se battaient à ses côtés. Sans compter la mort de Zach, comme une flèche callée droit entre ses côtes, qui la blessait à chaque instant, chaque battement de cœur. Renoncer n’était pas une option. Se taire devenait une obligation. Mais alors, combien de rires rien qu’un peu factices viendraient encore ? Combien de relations entachées, abîmées, comme quelque chose qui aurait pu être beau, se réparer malgré ses propres incapacités… malgré elle, tout simplement.

Fait ça, appelle Takuma. Lui n’est en rien mêlé à tout ça. D’ailleurs, lui fait preuve d’une résilience bien plus marquée, comme si les vides et les silences ne le touchaient pas, qu’il n’y posait aucune intention, aucun mal. Comment ces gens faisaient-ils, au juste, pour accepter ce qui aurait dû les blesser ?

« On en revient toujours aux baleines, finalement. Y a un truc … Ça aurait pu être le thème de notre mariage. »

Les rires sonnent, résonnent, cavalent jusque dans les vagues. Les échanges se font tranquilles, amicaux, complices. Elle ferme les yeux, refuse de voir ou d’entendre, refuse de sentir cette tension latente, cette inflexion dans l’air, cette petite chose si insignifiante qu’un grain de sable qui râpe pourtant, qui blesse, qui abime ce qui avait toute vocation à être beau.

On fait avec, on avance quand même, malgré les chocs et les coups, malgré le caillou dans la chaussure et le doute dans le regard. On avance. Vous verrez bien ce qu’il y a au bout du chemin. Ce qui finira par tracer une voie jusqu’à la conscience. Ce qui devra sans doute sortir, un jour.

Et un jour, peut-être, toi, tu sauras cesser de t’entourer de mystères. Car tu n’es pas seule à être blessée autant qu’isolée.

Ouais. Qu’ils sont abimés par la vie, ces rires, ces éclats et ces espoirs.

Quelques baleines pour oublier ça, et peut être un jour l’insouciante retrouverait-elle ses couleurs.

- Topic Fini -
Revenir en haut Aller en bas
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
Jordane Suzie Brooks
https://impero.superforum.fr/t6879-jordane-brooks
Âge personnage : 24
Hiboux postés. : 2265
Date d'inscription : 02/10/2011
Crédits : CaptainMarvel
Double Compte : Logan, Takuma, Sovahnn, Alec, Maxence, Oliver, Jessen
Jordane Suzie Brooks
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 1
Sauter vers: