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Lun 26 Oct 2020 - 19:18
6, soirée.
Comment en était-elle arrivée là au juste ? Il y a parfois des moments où ces questions vous assaillent, vous étranglent, vous tenaillent. Des moments où elles seules revêtent le moindre intérêt. Des moments où elles s’installent, vous paralysent sur place et ignorent le reste des signaux dont ce monde vous mitraille.

Pas ce jour-là. Ce jour-là, elle réagissait au quart de tour, traversait la surface gelée, libérait la glace avant de prendre conscience de moldus qui approchaient, la voyaient de loin alors qu’elle rangeait sa baguette avant qu’ils ne la distinguent, se contentant d’un dernier sort informulé pour se protéger du froid mordant qui ne tarderait pas à l’englober. Là, non loin, le couple l’avait rejoint, s’adressant à elle dans une langue qu’elle reconnaissait par brides. Bienheureux, Dorofei qui la faisait de nouveau parler Russe depuis le début du mois précédent où elle s’était retrouvée face à sa famille. Réflexes parfois difficiles, à y être plongée ainsi, elle retrouvait pourtant des habitudes abrogées depuis des années maintenant. Alors ce jour-là, c’était le Russe qui était sorti tout naturellement. Archipel sous l’égide de la Norvège, Svalbard avait vu une forte influence russe et la langue y restait connue et utilisée. Alors à tout hasard, ne parlant pas plus que trois mots de norvégien – alcool, toilettes, va chier – Jordane tentait et le couple sembla réceptif. Mon amie est tombée, j’ai besoin d’aide. Quelque chose dans ce goût-là et la voilà qui plongeait sous le regard médusé du couple qui courrait encore vers elle.

Ah ces touristes…

Malgré le sortilège, le froid lui avait coupé le souffle alors qu’elle nageait sous la surface, s’enfonçant vers le corps qui avait cessé de se battre, rattrapé par le froid, par la glace qui s’était formée au dessus d’elle le temps que Jordane ne la rejoigne. Elle était toujours là pourtant, elle la voyait l’appeler, bouger. Trop doucement pour nager réellement, trop paralysée par le froid qui l’emportait. Mais, enfin, les bras de la jeune femme l’entouraient, l’arrimaient à elle, et c’était avec puissance qu’elle la ramenait à la surface, le cœur emballé, violent, dans sa poitrine.

Oui. Comment on en est arrivées là ?
Par une simple discussion lors d’un repas, avec Dorofei. Un rappel de la première mission d’entraînement, en Russie. Du fait de s’entraîner à affronter toutes les situations. Rien que quelques mots, et la voilà, la Sanae, avec ses défis acceptés tient ! Et en route pour la Norvège, quelques jours plus tard. Un archipel proche du Groenland qui plus est, autant faire les choses bien. Et elle ? Elle, elle suivait, c’était aussi con que ça. Entraînée par une ancienne, la volonté de faire ses preuves chevillée au corps, autant aux autres qu’à elle-même. Et parce qu’elle adorait ça, c’était certain. Repousser ses limites, se lancer de nouveaux défis, découvrir des lieux, s’acharner à se mettre en difficultés, voir jusqu’où elle pouvait pousser, comprendre ses seuils d’apprentissage, les surclasser. Et puis, elle s’y faisait, depuis Poudlard, à ces nouveaux contacts qui s’inscrivaient plus ou moins dans son existence. Et le courant passait bien avec Sanae, c’était certain. Alors une journée à se foutre sur la gueule et à tester leur limite en climat hostile ?! Hey, allons-y gaiment !

Jusqu’à ce que Sanae ne teste manifestement ses propres limites. La glace, c’est pas toujours aussi solide que dans les films, Sana !

Des mains l’agrippaient alors qu’elle retrouvait la surface, l’aidant à sortir de là, le sort lui permettant de garder une certaine température sans pour autant lui épargner le froid évident qui la mordait, lui enserrait le crâne, serrait ses mâchoires. Poussant sur ses talons une fois sur la glace, elle tirait Sanae de l’eau, rejoignait la terre ferme à l’aide du couple avant de se redresser, à bout de souffle, cherchant des réactions de la part de sa collègue… sœur d’arme… amie ? Pas de réactions, un regard perdu côté norvégiens. Bordel. Les mains tremblantes, elle cherchait un souffle d’air entre ses lèvres sans percevoir quoi que ce soit. Je fais quoi là au juste ?!

Dans un russe approximatif à cause de la poussée d’adrénaline qu’elle se mangeait, elle leur hurlait d’aller chercher de l’aide tandis qu’elle attrapait son téléphone en regardant autour d’elle, cherchant une piste, un début d’idée. Ses doigts sur son poignet, cherchant son pouls sans réellement pouvoir identifier s’il était bon ou pas. N’était-ce pas plutôt son sang qu’elle sentait pulser dans ses doigts engourdis ?

Jordane ? Tu respires, commençons par là.

Mains tremblantes, elle dégainait son portable, appelait Maxence et le mettait en haut parleur.

« A… » lo.
« Maxence. C’est Jordane Brooks. J’ai une noyée dans un lac gelé. Pas de respiration, jsuis super loin, ya pas de route, des gens sont partis appeler de l’aide, mais la route est loin. Et je.. »
La route est loin, oui, on a compris.


Elle essayait de donner les informations essentielles, immédiates, s’embrouillais certes un peu, mais faisait au mieux. Sans paniquer. Ou pas trop.

Et d’une voix calme, Maxence reprenait, posé, de sa voix de professionnel. Les gestes à faire, les infirmations à donner. Elle se calquait sur ses dires, respirait, agissait, posait les questions au fur et à mesure, serrait les dents et faisait simplement ce qui devait être fait. Pas d’analyse spécifique, elle était dans l’action, voilà tout. La prise de conscience viendrait sans doute plus tard.
Bras tendus, réanimation, rythme donné par Maxence de l’autre côté du téléphone. Jordane s’en remettait parfaitement à lui, lui prêtant une confiance aveugle, jusqu’à ce qu’entre ses lèvres, elle la sente réagir, se contracter, rejeter l’eau de ses poumons.

Bien, ça c’est fait.

« Putain tu fais chier. »
« Quoi ? »
« Non, pas toi. »

Ah donc tu le tutoies maintenant ?
Manifestement, oui.

Il n’avait pas eu le temps de  lui dire de la sécher qu’après avoir vérifier l’absence de monde autour d’elle, c’était déjà chose faite.

« Dis-moi où tu es j’arrive. »
« Laisse tomber, c’est paumé, j’irais plus vite à rentrer que toi à nous trouver. Et ya pas un hosto à moins de trois heures dans ce bled. J’te file l’adresse j’arrive. »

Et surtout, elle se voyait mal expliquer une noyade, dix minutes plus tôt, en pleine ville, en trimballant la victime sur son dos. Le portoloin n’était pas loin et l’amenait pas loin de Londres, elle le connaissait, avait déjà fait le chemin. Bref : gérable. Dernières vérifications et elle l’embarquait, mâchoires serrées, jambes solides.

Rappelle-moi l’intérêt de la muscu déjà ?
Baiser en traction, porter des corps inanimés et s’enfuir en cas d’attaque. Quoi, c’est pas ça le but ?

Dès qu’elle serait certaine de ne pas être visible par des moldus, elle la ferait léviter mais pour l’instant, ça n’était pas gérable.
L’objectif. La gestion de crise. Pas de pensées, pas de panique, pas de freezing.

Et Sanae réagissait, reprenait connaissance sans être vraiment là, lui grognant dessus à chaque cahot un peu violent.

« Toi tu la fermes, t’encaisses, et tu seras mignonnes, tu fais en sorte d’être plus légère. »

Elle va te gerber ou te pisser dessus si tu dis ça, tu le sais.

« Nan, oublie. »

**

« Oh merde, tu viens de Suède comme ça ?! »
« Norvège. »

Relais. Maxence prenait Sanae dans ses bras, vérifiait son état, tandis que Jordane vacillait, fouillait ses poches d’où elle sortait les clefs qu’elle avait déjà récupéré bien plus tôt.

« Ça ira bien mais j’ai besoin de vérifier ses constantes et de la réchauffer. J’ai pas réussi à rentrer. »
« Ouais c’est bloqué, ya un filtre sur ses clefs au cas où ça merde. »

Traduction : il y a un sortilège provisoire sur ses clefs – que j’ai dû retourner choper dans le lac – au cas où l’entraînement foire lamentablement comme ça a été le cas. Merci bonsoir.

« Tout va bien ? »

Demi-tour. La voisine.

« Oh oui, pas de problème madame Gattleman, elle a trop bu. »
« Oui, ça arrive souvent ces derniers temps.. »

Mêles-toi de ton cul.

Comment Maxence connaissait cette femme ? Jordane n’en avait aucune idée. Toujours était-il que le trio n’avait pas tardé à entrer dans l’appartement.

Les jambes flageolantes, elle laissait Maxence prendre en charge le reste, s’écrasant sur une chaise en le regardant faire, inquiète. Elle s’était séchée sur place avant de partir et voyait bien que si Maxence la rassurait et lui disait que tout irait bien et qu’elle avait réagit au mieux et avec rapidité, elle restait inquiète. Maxence s’agitait face à elle, vérifiait sa température et elle ne savait pas trop quoi d’autre tout en jetant certains sortilèges qui lui échappaient tout à fait. Tout en le laissant agir, elle avait fini par fouiller les pièces jusqu’à trouver une chambre et en prendre la couette pour la poser à côté de l’infirmier qui finit par s’immobiliser.

« Elle ira bien ne t’en fais pas. Il va lui falloir un petit moment pour revenir à elle. Ça peut prendre du temps. Toi ça va ? »
« J’ai froid. »

A son tour de passer sous les vérifications de l’infirmier qui n’avait pas tardé à lui dire de rentrer chez elle, prendre une douche chaude et rester en présence de quelqu’un. A jouir entre les cuisses d’Enzo, c’est être avec quelqu’un non ? Ça passe.
Elle ne tarderait de toute manière pas à avoir des nouvelles de son amie qui irait bien. RAS, plus de peur que de mal, reprenons notre vie comme si ce genre de choses étaient la norme partout et qu’il n’y avait absolument rien de bizarre ou de dangereux à ça.

Ainsi Jordane était rentrée tandis que Maxence surveillait la remontée en température de Sanae, une potion prête à lui faire ingérer dès les premiers signes de réveil et un bain en train d’être coulé pour l’y plonger lorsque sa température le permettrait. Avec des soins moldus, son était aurait été bien plus préoccupant… Sunniva pouvait bien dire ce qu’elle voulait sur la magie, la notion de danger et de mort imminente s’en prenait pourtant un sacré coup dans cet univers. Et lui qui évoluait entre les deux milieux médicaux pouvait parfaitement en témoigner.
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Jordane Suzie Brooks
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Jordane Suzie Brooks
Dim 8 Nov 2020 - 17:37
6 avril 2016 - Norvège - soirée.




Et je marche sur la glace fine de mon existence troublée,
Et mes pas provoquent un peu plus la chute,
Jusqu’à ce qu’enfin, sous mes pieds, se brise le dernier rempart.


Elle l’avait senti, là, sous ses chaussures épaisses, contrant le froid de ce pays lointain et étranger, cette glace qui l’appelait, et soudainement se craquelait pour se fendre et l’emporter. Oui, c’était en cet instant précis que son coeur avait sursauté, que son sourire plein de cette folle insolence s’était crispé et qu’elle avait senti tout se dérober sous elle. Elle ne savait plus très bien ce qui l’avait poussée à traverser le lac gelé, tout se mélangeait, se distordait dans son esprit. Le défi de l’entraînement, l’expérimentation de ses limites, le renforcement de ses aptitudes...oui, elle en avait des excuses pour en arriver jusque-là. Elle en trouvait des murs à traverser pour voir s’ils allaient l’arrêter, la mettre à terre, la mettre KO, l’emporter, cesser l’envolée, cesser la course dératée qui était sienne. Des murs, toujours des murs. Où étaient les chaînes, où étaient les entraves qui autrefois la maintenaient au sol ? Comment s’arrêter, se réfréner, s’empêcher de fondre dans chaque pulsion si l’on ne se connaissait pas, plus ? Que voulait-elle vraiment, au fond ? Où était la ligne d’arrivée ? Le chaos de son être en avait-il une ? Quel but ? Quelle limite infranchissable ?

Alors, oui, peut-être que cette fine glace sous ses pieds n’étaient que le reflet de ce qu’elle sentait de plus en plus fragile en elle. La résistance. Résistance à quoi ? Elle ne savait plus. A qui résistait-elle ? A quel extrême était-elle passée dans l’espoir de ne plus retourner en arrière ? C’était trop tard hein, pour regarder par-dessus son épaule comme l’on regarde le passé...tout s’éloignait trop vite, et pourtant, elle s’accrochait parfois aux choses qu’elle avait toujours connues. Deux forces sans doute bataillaient sans cesse en elle, deux résistances qui se confondaient parfois, tant et si bien qu’elle ne savait plus laquelle c’était.

Quelque chose s’était brisé, et elle s’était engouffrée.
Engouffrée dans les eaux comme en cet instant.
Chutant, chutant…

Tout son corps se contracta. Souffle coupé. L’eau glaciale venait la mordre de toutes parts, la piquer, la violenter aussi soudainement que l’air lui manquait. Choc thermique. Elle connaissait la chanson.  Elle savait ce qui allait arriver si elle ne sortait pas de l’eau aussi vite que possible. Elle savait aussi qu’à ce stade, plus elle bougeait, plus elle résistait, et plus son corps perdait les dernières réserves de force qu’il avait. Tout son organisme luttait déjà, pour maintenir la chaleur, pour protéger les organes, pour retenir la température qui baissait à mesure que les secondes s’écoulaient...et le coeur ? Le coeur battait plus vite, pompait, pompait, s’acharnant. Nouvelle course contre le temps qui continuait à s’écouler, plus meurtrier que jamais.

Résister et se tuer plus rapidement.
Cesser de lutter, sombrer.
Et attendre qu’on la sorte des ombres glacées.

Oh, peut-être au fond, que tout cela était à l’image de sa vie. Peut-être qu’elle ne faisait que chuter encore plus en résistant, en se résistant, en s’accrochant...peut-être aussi que ne pas lutter, c’était sombrer aussi. Alors quoi ? Si l’issue était connue, si on ne venait pas pour elle, si l’humain ne la sauvait pas, alors...elle était perdue ? Mais c’était l’humain qui l’avait enchaînée. Ou l’avait-elle elle même ? Poison et remède, tout à la fois ? Deux faces d’une même pièce. Tout comme elle. Humaine. Monstre.

Ses paupières se fermèrent un instant.

Le silence.
Peut-être était-ce cela qu’elle recherchait tant ? Le silence, étourdissant.
Longues secondes sous la glace.
Temps, dis-moi où tu en es…Et moi, où en suis-je ?

Son corps se contractait. Plus d’air. Plus d’air. Et instinctivement, son corps qui tentait d’en trouver...elle sentit l’eau entrer, remplissant ses poumons à mesure que les secondes passaient. Plus d’air. Trop d’eau.

N’était-ce pas le moment où elle était censée voir défiler des trucs, comme dans les films ? Son père, Kezabel, Neolina, Niall, Margo...Logan. Pourtant rien, elle pensait seulement à ce silence qui l’englobait. Au silence sous cette glace...au froid qui tiraillait ses membres qui se paralysaient, comme s’ils devenaient trop lourds, trop difficiles à bouger. Pourtant, elle était toujours consciente, consciente de l’ironie de la situation. Rattraper le temps perdu, profiter de la vie...et finalement trouver qu’ici-bas, c’était pas si mal. Se dire que peut-être, c’était ça qu’il lui fallait pour s’arrêter de courir, que ces eaux qui venaient planter des piques dans sa peau, étaient sans doute le mur qu’elle ne franchirait pas, qui l’étalerait une bonne fois pour toutes. A courir trop vite, on finit même par atteindre le bout du bout…

C’est idiot. D’avoir tant lutté pour rien. D’avoir si peu vécu, au fond. C’est comme ça que je pars ? Pour une bêtise ? Pour une insolence ?  Pour un défi ? Défier quoi, du reste ? Soi-même ou la vie ? Vie, dis moi si tu me gardes…

Tous ces visages, tous ses noms qu’elle aurait du voir défiler, tous lui hurlaient alors : mais qu’est-ce que tu fous putain ? C’est ça ta revanche ? C’est ce que tu veux ? Abandonner ? Complètement conne, celle-là. Tu allumes la mèche de ton existence et tu te noies en Norvège ? Il y aurait de quoi rire à son enterrement, au moins. Elle les sentait venir les blagues noires et piquantes, la rage entre deux pleurs, les sourires tristes, les putain-mais-elle-fait-chier dégoulinant de morve.

Et soudainement, ce fut bien une image qui vint traverser son esprit. Mais pas de ceux qu’elle aimait, qu’elle chérissait, même sans le dire. Une image d’elle-même, bien plus jeune, avec son visage d’ange trompeur, la détermination dans les yeux, les sourcils levés en signe de défi, et sa petite voix de gamine qui lançait à un tuteur désespéré : « Sanae Mei Kimura n’abandonne jamais ! ». Putain de gamine.

Cette voix, elle la transperçait si violemment que son souffle ne s’en trouva que plus coupé. Ou alors, c’était son corps qui n’avait plus de force, c’était son corps qui se soumettait à la glace. Il y en avait une pourtant, franchissant la surface pour plonger avec toute l’adrénaline et la force de son être, qui ne se soumettait pas, qui luttait, toujours et encore. Là, perçant le calme des eaux, Jordane affrontait le froid mordant du lac pour nager dans sa direction. Une seconde à se demander si ce n’était pas son esprit qui l’imaginait, et puis, sa bouche s’ouvrit instinctivement, laissant l’eau s’engouffrer un peu plus, hurlant dans le silence de l’abandon toute son envie de vivre qui se réveillait. Ses bras tentèrent de bouger, si faiblement...Elle était épuisée, éreintée… Et bientôt, ce fut la force d’une autre qui vint la tirer des eaux, mais pas du néant…


C’était ironique non ?
De se dire qu’en cet instant, s’il avait fallu quelqu’un dans cette situation, pour la sauver...ça aurait du être elle-même…

On demande une médicomage.
Oui, mais c’est elle la noyée.
Ah.

Oui, ah.
A toi de jouer Jordane.

Alors, elle ne savait combien de temps plus tard, mais elle fut extirpée aussi violemment des flots que du néant silencieux de sa conscience endormie. Son coeur partit violemment sur le côté, l’eau du lac rejeté par ses poumons, se déversant de sa bouche bleuie. Là, dans la neige, son corps frigorifié tremblait par secousses incontrôlables. Froid. Froid. C’était tout ce à quoi elle pensait. La neige, les vêtements mouillés, l’air glacial...tout était presque trop brûlant sur sa peau tant c’était froid. Ses  paupières battirent plusieurs, s’ouvrant, se fermant, distinguant le visage de la sorcière blonde, cheveux trempés, le téléphone dans une main.

« Putain tu fais chier. »
….
« Non, pas toi. »


Hm ? Elle gémit, à moitié consciente, captant la voix de Jordane par moments, sans vraiment réagir, sans vraiment réfléchir à ses mots. Ses vêtements furent sécher en quelques secondes, l'humidité disparaissant dans un soulagement muet.

« Laisse tomber, c’est paumé …...Et y a pas un hosto …. J’te file l’adresse j’arrive. »

Sourcils froncés, Sanae demeurait immobile dans la neige, l’esprit trouble, le froid ne cessant de la tourmenter. Elle n’avait même pas la force de fermer ses doigts gelés. Ses dents claquaient, son corps était parcouru de soubresauts et elle sentit alors qu’on la délogeait de la neige pour la porter. Un grognement. Sa bouche rejetait encore un peu d’eau dans ses respirations douloureuses.

Jordane la portait. Du moins, c’est ce qu’elle comprit en prenant conscience de son corps sous elle qui la soulevait, faisait d’elle son fardeau. Et le chemin chaotique lui tirait des grognements.

« Toi tu la fermes, t’encaisses, et tu seras mignonnes, tu fais en sorte d’être plus légère. »

La ferme. Je suis légère.


Elle aurait voulu répliquer, mais elle avait trop engourdie. Ses lèvres ne s’ouvraient que pour tousser l’eau restante dans ses poumons.

« Nan, oublie. »


Hm ? Elle ne faisait plus tellement attention à ce qui était dit. Son front reposait contre l’épaule de Jordane, ses bras autour d’elle tentaient de s’accrocher du mieux qu’ils pouvaient, résistant au tiraillement du froid sur sa peau, aux picotements dans ses doigts. Si elle avait eu la force sur le long chemin jusqu’à chez elle, Sanae aurait demandé si c’était encore loin. Et là ? Et maintenant ?

Elle ferma les yeux, s’en s’endormir, consciente des remous du trajet jusqu’au portoloin.

***

« Oh merde, tu viens de Suède comme ça ?! »
« Norvège. »

Ça pue du cul la Norvège.

Des mains l’agrippèrent. Nouvelles mains. Maxence. Tiens, ça faisait longtemps.

Hey, j’suis pas une cigarette qu’on se passe comme ça.

Ses paupières demeuraient closes, tremblotantes pourtant comme si elle rêvait. Il lui semblait qu’un corps était contre elle. De la chaleur. Un bruit de clés.

« Ça ira bien mais j’ai besoin de vérifier ses constantes et de la réchauffer. J’ai pas réussi à rentrer. »
« Ouais c’est bloqué, ya un filtre sur ses clefs au cas où ça merde. »
« Tout va bien ? »
Sanae fronça les sourcils dans son demi sommeil. Elle la connaissait cette voix aussi.
« Oh oui, pas de problème madame Gattleman, elle a trop bu. »
…..

« Oui, ça arrive souvent ces derniers temps.. »

…..

Butez-la. Sans déconner, butez-la.

Elle rêvait hein ? Toute cette conversation avait-elle bien lieu ? Elle ne savait plus trop à vrai dire, toute engluée qu’elle était dans sa demi-conscience étrange, captant les voix, les mots, n’y répondant que dans sa tête. Trop fatiguée. Trop frigorifiée. Parce que le froid, elle ne le rêvait pas, lui. Il venait toujours la mordre, la piquer.

Peut-être l’avait-on posée à un moment dans son canapé, peut-être l’avait-on mis sous une couverture bien chaude...L’air ambiant était bien plus chaud, plus agréable, moins mordant, et elle sentait son corps se réchauffer, un peu. Ses membres s’étaient rétractés sur elle-même, tentant de garder un peu de chaleur pour elle, recroquevillée, encore un peu tremblante, dents serrées, sourcils froncés. Ses pensées dérivaient, et elle se laissait glisser tranquillement.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, battant des paupières, ses lèvres se déliant un peu, Sanae vit le visage de Maxence près d’elle. Elle grogna. Calme, attentif, patient, avec un fond d’inquiétude maîtrisée dans ses yeux. Ses traits s’étaient dessinés doucement devant elle et elle réalisa alors vraiment qu’elle était chez elle. Un regard alentour, un peu confus. Plus de Jordane.
Elle toussa un peu, se racla la gorge. Ses doigts encore froids venaient accrocher la couverture.

« Froid. » articula-t-elle d’une voix rauque.

Elle referma les paupières une seconde avant de les rouvrir en fronçant les sourcils, se détournant de Maxence, son regard fixant le plafond du salon sans vraiment le voir. Un sourire en coin.

« Salut l’infirmier. » finit-elle par souffler.

Son visage se tourna vers lui, lèvres encore un peu bleues. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu, pas depuis le grand bouleversement de sa vie en tout cas. Et comme tout visage familier qui lui apparaissait pour la première fois depuis, il lui semblait qu'il y avait une nouvelle lumière sur ces traits-là, si fins...ça, ou elle avait trop bu l'eau du lac.

« Et Jordane ? »Elle est où sa sauveuse du jour? Elle allait lui devoir pas mal de verres à celle-là.

Voix toujours rauque, un peu faible. La toux revint. Son corps partit un peu vers l’avant, se crispant.

« J’aime pas trop... le goût d’ce lac. »

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Sanae M. Kimura
Jana au Sapon
Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Dim 8 Nov 2020 - 19:09
Gestion de crise, encore et toujours. Encore que celle-ci était finalement bien moins dramatique qu’elle aurait pu l’être. Jordane avait bien réagit, rapidement, la sortant de là, dégageant ses poumons, la séchant, l’entourant du même sort de douce chaleur qu’elle s’était apposée à elle-même et l’apportant à lui avec une rapidité déconcertante. Est-ce qu’elle connaissait à ce point les différentes voies sorcières de transport entre les pays ? Il semblerait. D’un autre côté, avoir étudié la route avant de partir semblait assez basique comme précaution.
Jordane avait quitté les lieux, le laissant à sa gestion de crise. Le danger était écarté, la magie faisait son office, il le savait, mais il restait important de surveiller les constantes de la jeune femme pour s’assurer qu’elle remontait en température de manière calme et contrôlée. Combien de fois avait-il géré ces problématiques bien des années auparavant ? Pas une urgence vitale. Ça ne l’était plus, du moins et Maxence se souvenait toujours de l’énervement parfaitement légitime de Jayden à cette évocation. Les attaques avaient été violentes ce jour-là, les urgences vitales aussi. Alec avait dû se démerder avec la jeune femme et il savait ne pas avoir été très correct avec eux ce jour-là mais il avait fallu faire au plus urgent. C’est ça aussi, gérer des situations de guerre. Là en revanche, il avait le temps et la possibilité de faire les choses bien. Alors, assis face à elle, il mesurait la remontée en température après lui avoir apporté les soins nécessaires. Bientôt, elle serait assez remontée pour qu’il puisse augmenter la température de son environnement pour lui permettre de remonter à une thermogénèse normée. Se déplaçant, il s’était assis sur le canapé avec elle, la dégageait de ses chaussures, posant une main sur son mollet plus par réflexe humain que par réelle utilité. Sa température, il la connaissait, la surveillait attentivement depuis de nombreuses minutes.

Un mouvement attira son attention et son regard vint capter le sien dès qu’enfin, Sanae revint à elle.

« Froid. »

Un sourire.

« C’est souvent ce qu’il se passe quand on passe sous la surface d’un lac gelé oui. »

Moquerie ? Si peu. Pourtant, il y avait derrière l’humour une inquiétude sincère. Parce qu’elle n’était pas du genre à se mettre ainsi en danger de manière idiote. Ou peut être que si après tout. Il ne la connaissait pas réellement. Et puis, elle n’était pas seule, non ? D’ailleurs il ne savait rien du contexte, Jordane ayant éludé la question. Il devait être là sans connaître les détails, Maxence le savait, c’était ses propres mots, les termes d’un contrat qu’il avait exposé lui-même. Cependant, il n’était pas toujours simple de garder cette distance alors qu’il s’agissait d’humains. D’amis.

« Salut l’infirmier.

Un sourire doux sur ses lèvres pour la saluer et sans quitter sa main de son mollet, il appuyait doucement, cherchant à déterminer l’engourdissement de son organisme.

« Et Jordane ? »
« Elle avait des choses à faire, elle est partie il y a un moment. Après s’être assurée que tu irais bien. J’ai échappé au couteau sous la gorge de peu. »

Ok, il exagérait un poil.
Partie faire la bringue avec Enzo dans un autre continuum espace temps puisque la créatrice a quelque peu loupé son organisation chronologique. Personne n’a rien vu.

La jeune femme se crispait, la toux agitant ses bronches, agressant sa gorge.

« J’aime pas trop... le goût d’ce lac. »
« Respire doucement, profondément. Tu sens ma main là ? »

Bientôt, il se relevait, attrapait une potion donc la fiole était restée sur la table basse.

« Force pas trop, ton corps a besoin d’une reprise en douceur, attends.. »

S’asseyant de l’autre côté du canapé, il la soulevait, la callait contre lui pour lui éviter de se contracter elle-même.

« Essaye d’avaler ça. Les plus petites gorgées possibles, ton corps va lutter. »

Est-ce qu’il agissait ainsi à la fois pour l’empêcher de contracter son abdomen et éviter de faire pression sur ses organes internes tout autant que pour la maintenir si besoin parce qu’il la sentait déjà comme étant une affreuse patiente pas patiente du tout ? Oui, totalement.

« Chouette appart. Tu m’excuseras j’ai un poil fouillé. »

Et t’ai fait couler un bain, oui. Naturellement, il posait ses mains sur ses bras, testant ses muscles engourdis, endoloris. La fiole, il l’amènerait lui-même à ses lèvres si sa préhension s’avérait compliquée mais il savait comme les soignants pouvaient être les plus chiants à ce jeu-là, alors il la laissait essayer de se mouvoir d’elle-même, servant donc essentiellement de garde-fou …. Et de dossier, présentement.

« J’ai envisagé de mettre Titanic à la télé mais il parait que ça aurait été de mauvais goût.. »

Un petit sourire en coin.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Sam 14 Nov 2020 - 0:05
 Elle mit plusieurs longues secondes à s’ancrer dans la réalité, retrouvant les repères de son appartement comme si elle les redécouvrait, s’appropriait lentement à nouveau les lieux. Son regard ne tarda pas à se poser sur Maxence. Elle se souvenait de sa voix, dans ce demi-sommeil dans lequel elle s’était trouvée bercée quelques instants plutôt. Encore un peu tremblante sous la couverture qu’on avait déposé sur elle, Sanae ouvrait ses lèvres fraîches pour glisser un seul mot. Froid. Oui, froid..on pouvait le dire. Elle avait même largement dépassé ce stade en éclatant la surface de ce lac, en étant plongée tout entière dans l’eau glacée. Les circonstances, elles devenaient vagues dans son esprit. Elle n’avait même plus envie d’y penser à vrai dire. Pas envie de penser à ce silence qui l’avait englobée un instant alors que son corps glissait, ne s’acharnait plus à remonter. Le présent, il était là, devant elle et elle tentait de s’y agripper, de s’accrocher à la chaleur de la pièce, à toute forme de chaleur qui pouvait faire disparaître cette caresse glacée dans ses os. Membres engourdis, affaiblis. Maxence était près d’elle mais elle ne faisait pas vraiment attention à ses gestes, ses pensées affluant doucement.

« C’est souvent ce qu’il se passe quand on passe sous la surface d’un lac gelé oui. »

Un faible sourire en miroir, léger rire de gorge. Ses paupières se fermèrent légèrement avant de s’ouvrir à nouveau. Il ne posait pas question. Bien. Pas étonnant en fait. Elle savait quel rôle il commençait à prendre au sein de la garde. Le garder dans l’ignorance était probablement le mieux pour lui, pour eux. Pas qu’il y ait quoique ce soit de dangereux à savoir dans cette situation : pas de mission, pas de secret. Juste elle et Jordane parties à l’aventure, savourant le défi…jusqu’à ce qu’elle aille un peu trop loin.  Un regard dans la pièce, cherchant une autre présence et déjà le nom de Jordane franchissait ses lèvres.

« Elle avait des choses à faire, elle est partie il y a un moment. Après s’être assurée que tu irais bien. J’ai échappé au couteau sous la gorge de peu. »

Elle eut un sourire en coin, avant dé déglutir, retenant la toux qui menaçait de la prendre. « Chanceux » fit-elle d’une voix un peu rauque. Cette fois-ci, elle ne put s’empêcher de tousser, comme si ses poumons étaient comprimés, sous pression, et elle partit un peu vers l’avant. Sa gorge, ses bronches, tout la brûlait.

« Respire doucement, profondément. Tu sens ma main là ? » Elle releva les yeux vers lui avant de les abaisser sur sa main. Posée sur son mollet, elle demeurait immobile, juste là et pourtant elle n’y avait pas fait attention. Elle la sentait oui, mais faiblement. Etrange sensation. Elle acquiesça, sa toux la reprenant alors qu’elle tentait de respirer plus doucement, essayant de ne prendre que de petites respirations lentes, sa cage thoracique se soulevant un peu, sans forcer. Même pas la force de rétorquer qu’il pouvait en profiter pour avoir les mains baladeuses.

Maxence se leva pour se saisir d’une fiole posée sur la table.

« Force pas trop, ton corps a besoin d’une reprise en douceur, attends.. »
« J’risque pas d’m’enfuir. » fit-elle dans un souffle, un sourire moqueur aux lèvres, paupières légèrement closes, papillonnant. Et bientôt, il venait reprendre place sur le canapé, la soulevant, arrachant une grimace à la sorcière, son corps se mouvant sans enthousiasme. Il l’attira à lui pour la caler contre son corps et elle fronça les sourcils, toussant à nouveau, alors qu’au fond d’elle, l’amusement pointait. Amusement mêlé d’agacement.

« Essaye d’avaler ça. Les plus petites gorgées possibles, ton corps va lutter. » Il lui tendit la fiole, attendant qu’elle s’en saisisse. Un regard de côté vers lui, moqueuse. « Ouais merci j’connais la chanson. ». Elle sortit lentement son bras de sous la couverture, sa main se rapprochant de la fiole. Ses doigts étaient encore froids, bougeant difficilement, comme contractés, durs, alors qu’elle tentait de les étirer doucement pour les refermer sur la fiole….qu’elle fit tomber sur la couverture. Dents serrées, agacée, elle grogna en la rattrapant dans une poigne peu assurée, ses doigts n’arrivant pas complètement à s’enrouler autour de l’objet. Alors, peu envieuse de le laisser faire, elle porta la fiole à sa bouche, tirant avec ses dents sur le bouchon pour le cracher plus loin par terre, attirant la fiole à ses lèvres tremblantes.  « J’aurai l’droit à un whisky après ?»

Elle se relaxa un peu contre lui, ne s’offusquant pas de la proximité, n’y faisait pas grand cas dans cette situation. Logée contre Maxence, Sanae laissa le liquide glisser petit à petit dans sa gorge, avalant difficilement, toussant à chaque gorgée, risquant de tout recracher.

« Chouette appart. Tu m’excuseras j’ai un poil fouillé. »
Un souffle amusé dans une respiration saccadée.
« Vas y fais... comme chez toi. »

Nouvelle petite gorgée. Nouvelle toux.
Les mains du sorcier se posèrent sur ses bras, palpant ses membres, ses muscles encore douloureux, engourdis. « Tu t’éclates ? » Quoi ? Un soldat à terre n’a pas le droit de se moquer ?

Et un infirmier aussi ? Parce que jusque-là, personne ne se gênait.

« J’ai envisagé de mettre Titanic à la télé mais il parait que ça aurait été de mauvais goût.. » Un rire la prit mais il se transforma vite en toux. Au moins, c’était une toux amusée. Elle inspira, laissant l’arrière son crâne percuter son torse, un sourire aux lèvres. « Hey...je m’en sors mieux qu’eux. On fera pas de film sur moi mais quand même...»

Il y avait chez Maxence une simplicité agréable mais profonde, une douceur apaisante sur ses traits ou peut-être était-ce seulement sa présence, une façon peut-être se s’ancrer dans n’importe quelle situation avec un calme impressionnant. Loin d’être passif, loin d’être superficiel ou renfermé, il était solide, elle le savait. Son passé, dont on lui avait parlé en partie, se voyait dans ses prises de décisions, dans la façon qu’il avait de s’occuper des autres, de prendre en charge, d’apposer un regard sur ce qui l’entourait. Elle l’avait vu soigner les membres de la garde, l’avait vu dans l’action qu’engendrait le métier qu’ils avaient tous deux choisis, et malgré ses blessures, le sorcier ne s’était jamais détourné de son but, de la mission de tous soignants. Déterminé, fort. On méprenait souvent le calme et l’amabilité pour une faiblesse, il n’en était rien. Et ce n’était pas un hasard si c’était lui qu’on appelait dans des situations de crise.

Respirant doucement, calmant les spasmes, elle finit par terminer la fiole avant de la tendre à Maxence. « Tout fini monsieur. »
Elle voulut se relever mais cela lui coupa la respiration. « Ok, mauvaise idée. J’admets. » articula-t-elle dans un souffle à moitié coupé, revenant à sa place.

Sanae se racla la gorge, son regard retombant sur ses pieds qui ressortaient de la couverture. Heureusement qu’elle n’avait perdu aucun orteil ou doigt…elle en connaissait un qui se serait marré.

« J’te recommande pas la Norvège Max. »

Plus que la présence, plus que la potion, c’était sans doute l’humour qui les sauvait tous les deux de bien des choses. En cela, sûrement, se comprenaient-ils bien plus qu’en parlant de leur passé.

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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Sam 14 Nov 2020 - 17:08
« J’risque pas d’m’enfuir. »

Des piques, légères, qui s’enchaînent avec humour, sans animosité, l’un vers l’autre, sans qu’il ne cherche vraiment à creuser le pourquoi du comment elle s’était trouvée dans cette situation. Ça les regardait, pas lui et il faisait confiance à Jordane pour l’orienter sur ce qu’il pouvait faire ou non. Plus exactement, il faisait confiance à Sanae et savait que la plus jeune n’était pas idiote. Il faut parfois savoir lâcher prise sur ce qu’on ne maîtrise pas et il l’avait accepté depuis  un moment à présent. Alors si elle ne risquait de pas s’enfuir.. à vrai dire, il s’attendait un peu à ce qu’elle essaie.

« Ouais merci j’connais la chanson. »

Rien qu’un petit sourire en coin plissant ses paupières. Oh oui, il se doutait bien qu’elle risquait d’entrer en résistance. Instinctivement, sans doute, à la voir agir comme elle agissait, mais surtout parc qu’il connaissait les médecins, les soignants. Il se connaissait, lui. Les toubibs sont les pires patients qui soient non ? Un truc connu, admis, anticipé. Alors oui, il l’attendait. C’était aussi pour ça qu’il mettait une limite à ses dires, ses actes. S’il s’imposait, c’était dans une certaine mesure. Pour ça qu’il se posait là, la soulevant contre lui sans lui laisser le choix, conscient qu’elle avait besoin de limiter les mouvements pour l’instant mais également conscient qu’elle n’accepterait sans doute pas qu’il fasse à sa place des gestes qu’il aurait sans doute fait avec n’importe qui d’autre. Pour ça, donc, qu’il la laissait avec la fiole au lieu de la lui faire absorber lui-même. Tout est une question d’équilibre non ?
Alors il ne faisait pas de réflexions tout en la regardant batailler avec la fiole qui tombait pourtant, délaissée par ses muscles tétanisés. Et qu’il plaçait sa jambe de sorte à lui offrir un appui sur lequel poser son bras afin d’en limiter les efforts.

« J’aurai l’droit à un whisky après ?»
« J’ferais une exception pour toi. »

S’il l’ensorcelait avant pour inhiber les propriétés thermolytique de l’alcool. En effet, l’éthanol contenu dans le whisky a pour effet de faire fuir la chaleur. C’est pour ça qu’en mettant de l’alcool sur la peau, nous ressentons une sensation de froid. Et pour ça qu’une impression de chaleur se développe après ingestion d’alcool : le corps se refroidi, la différence avec le milieu extérieur se fait donc plus importante et le cerveau l’analyse comme une sensation de chaud.
Sortilège obligatoire, donc.

Comme ces gorgées qu’elle prenait avec difficulté, douleurs mais détermination.

« Vas y fais... comme chez toi. »
« J’avoue que j’ai envisagé le bain à bulle le temps que tu te réveilles, mais j’ai pas trouvé le bain moussant. »

A défaut j’ai donc envisagé Titanic, oui.
Non, pas du tout, mais les vannes méritaient d’être faites.

« Tu t’éclates ? »
« Beaucoup. »

Elle savait pertinemment qu’il vérifiait la tétanie des muscles, leur réactivité, leur résistance à la palpation. Pas besoin donc de s’en justifier même si, d’un regard extérieur, Maxence était conscient que ses actes pouvaient sembler étranges.
Pourtant, oui, il testait, mine de rien, entre deux piques amicales, enchaînait les soins, les vérifications sans pour autant se départir de son calme. Gestes professionnels effectués sans implication émotionnelle ou lourdeur, sans inquiétude non plus. Pourtant, il y en avait, bien sûr. Parce qu’il s’en était fallu de peu pour que les évènements tournent au drame.  Mais il ne sert à rien d’appuyer sur les inquiétudes, pas tant qu’il n’y avait pas de bêtises dans les actes… et ça, il n’en savait strictement rien pour le coup. Et n’en saurait rien.

« Hey...je m’en sors mieux qu’eux. On fera pas de film sur moi mais quand même...»

Une légère grimace sur son visage pourtant, alors que la douleur se faisait évidente. Attentif, surtout, au sifflement de sa respiration.
Et puis, son crâne percutait son torse alors que la toux hilare de la jeune femme s’apaisait.  
Un instant, le souvenir de cette position lui ramena Ismaelle dans les rétines. Un instant à se dire qu’il n’avait sans doute pas été aussi proche de qui que ce soit depuis ce temps-là. Pas la même situation, pas la même affection, pas la même… pas grand-chose de similaire à vrai dire, hormis la position. Mais la vérité nue restait là : le manque de contact humain tranchant ses veines. Comment pouvait-il être à ce point humain à travers ses relations professionnelles tout en possédant une sphère personnelle particulièrement aseptisée ?
Alors il l’observait avec attention terminer sa fiole, ses doigts manquant plusieurs fois de la faire glisser de nouveau, le verre descendant de quelques millimètre chaque fois sans jamais s’écrouler. Les doigts reprenaient donc de la force. Bien.

Et la fiole fut finalement terminée, sa main retombant dans la sienne pour qu’il récupère son bien.

« Tout fini monsieur. »
« Mais toutes mes félicitations madame…. Ouais, alors moins pour ça. »

Contre lui, son corps s’était tendu : volonté de se relever. Quand on vous dit que les soignants sont chiants pour ça.

« Ok, mauvaise idée. J’admets. »
« Sans blagues... » Son avant bras revenant vers lui, se posant sur l’épaule de la jeune femme alors qu’il en rapprochait ses lèvres pour glisser presqu’à son oreille : « Qu’on soit clairs, actuellement tu peux geindre autant que tu veux, j’te laisserai pas te lever. » Nouveau mouvement en arrière. « Tu sais très bien qu’il te faut un peu de temps pour que la potion fasse effet pendant que ta température remonte. » Tout calme et coulant qu’il puisse être, il ne la laisserait pas se mettre en danger. D’aucune façon.

« J’te recommande pas la Norvège Max. »
« Tu prends pas le temps d’apprécier aussi… »

Pas complètement à côté de la plaque le Max, mine de rien. Max, d’ailleurs. Le surnom l’avait fait sourire. Néo était la seule à l’appeler ainsi, du moins dans son entourage actuel.

« Tient, file moi ta main. » Main qu’il prenait, à vrai dire, sans lui demander son avis, glaciale entre les siennes alors qu’il la massait, activant la circulation à force de pressions semi-circulaires dans sa paume, ses doigts, mobilisant les muscles, forçant l’afflux sanguin jusqu’à ce que ses doigts retrouvent un semblant de mobilité. Alors il passait à l’avant-bras.

« Les gens se trouvent de ces excuses maintenant pour obtenir des massages franchement… c’pas plus simple de demander non ? » Un sourire en coin alors qu’il captait son regard. « Cela dit c’est bon pour la récupération musculaire. T’as juste un poil forcé. »

Juste un poil.
Et sous ses doigts, petit à petit, les muscles sans doute douloureux se gorgeaient de nouveau de sang, le massage comme la potion aidant.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Sam 21 Nov 2020 - 17:13
 Il y avait quelque chose d’étrange à se trouver dans une telle situation avec quelqu’un qu’on connaissait peu. Si elle doutait qu’il pose des questions sur les circonstances de la noyade, et de la raison première qui avait amené Jordane et elle à partir en Norvège, elle savait néanmoins qu’il devait se poser la question. Pas d’interrogations, pas de subtiles tentatives de retirer des informations, ne serait-ce que par curiosité. Il connaissait son rôle et l’acceptait. Intérieurement, elle en était soulagée. Soulagée de ne pas devoir expliquer, s’expliquer elle, de manière générale. Elle était fatiguée des questions, fatiguée de redouter le moment où on lui demanderait : que t’est-il arrivée ? Parce que l’expliquer avec des mots aurait été impossible, trop long, trop compliqué, et que cette simple question, anodine au premier abord, en suscitait une autre : qui es-tu ? Alors oui, elle était soulagée de ne pas entendre ces questions franchir les lèvres du sorcier, car elle n’avait pas de réponse, pas de justification, pas d’explication.

Je ne sais pas qui je suis.
Je ne sais pas ce que je fais.
Et j’emmerde vos questions.


C’était à peu près tout finalement. Tout ce qu’elle pouvait conscientiser pour le moment. Du reste, elle n’en avait pas vraiment la force en cet instant. Son corps n’osait se mouvoir, toujours engourdi, froid, la circulation sanguine se rétablissant doucement, trop doucement à son goût. Alors la seule distraction entre ses quintes de toux était les échanges plein de cet humour naturel, sans violence, juste … authentique qui franchissait ses lèvres et celles de Maxence. Pas besoin de réfléchir à ses mots, pas besoin de se forcer à converser. Le courant passait dans la simplicité, la légèreté qui contrastait avec la situation. Elle le trouvait drôle, et c’était tout ce dont elle avait besoin, là, maintenant, en plus de ses compétences médicales. D’humour et...de l’espace nécessaire à être aussi têtue qu’elle pouvait l’être, car le sorcier ne faisait pas l’erreur de s’imposer outre mesure, de l’empêcher de prendre cette putain de fiole entre ses doigts ankylosés qui n’arrivaient pas à se refermer complètement. Il la laissait faire et même si elle n’en disait rien, ne relevait pas, elle l’en remerciait silencieusement. Je sais que je suis chiante, mais merci de me laisser l’être, un peu.

Il rapprocha sa jambe pour lui donner un appui et cela lui tira une moue mi-amusée, mi-agacée. Ouais, je galère, je sais. Une manière d’aider sans souligner par les mots la difficulté qu’elle affrontait présentement. Ne pas froisser le patient, le laisser prendre un tout petit peu de contrôle dans une situation où il était en état de faiblesse, lui donner la possibilité d’essayer, ne serait-ce qu’un minimum de se débrouiller par lui-même en gardant un œil sur ses gestes, en étant présent pour aider, s’il le voulait, si cela devenait trop nécessaire. Elle connaissait la chanson, oui. Et comme tous les médicomages, elle détestait être dans cet rôle de patient, s’agaçait d’être mise à cette place peu familière pour elle. Alors plus pour faire chier, par insolence, par une envie de continuer sur la lancée du je-me-fous-de-ce-qui-m’arrive, c’était évidemment vers l’alcool qu’elle se tournait. Une question, posée là.

« J’ferais une exception pour toi. »

Un sourire en coin. Une exception avec un p’tit sortilège, ça passe.
Il est gentil Maxence.
Soyez comme Maxence.

Maxence est en forme. Maxence a beaucoup d’humour.

« J’avoue que j’ai envisagé le bain à bulle le temps que tu te réveilles, mais j’ai pas trouvé le bain moussant. »
Un souffle amusé, faible, dans le sifflement de ses bronches.

« Dommage. T’avais... trouvé les bougies ? »

Sa voix éraillée ne semblait plus lui appartenir ; elle parvenait à ses oreilles comme si elle n’était pas tout à fait la sienne. Tout comme son corps, si engourdi que ses muscles ne semblaient plus vraiment répondre à l’appel. Muscles que Maxence touchait pour les réactiver, palpant la peau qui picotait à mesure que la chaleur voulait reprendre ses droits. Il s’éclatait ? « Beaucoup. » Il s’éclatait. Alors elle souriait, sachant pertinemment qu’il ne faisait qu’avoir les gestes professionnels qu’elle aurait eu, elle, si les rôles étaient inversés. L’humour, toujours, sauvait des situations les plus étranges. Une manière aussi de se concentrer sur autre chose que ce qui avait engendré son état. Non, elle ne dirait rien, n’avouerait jamais que durant quelques secondes, elle s’était sentie soulagée, en paix, libérée des difficultés qui pesaient si lourdement sur ses épaules. Elle n’expliquerait pas non plus ce qui la poussait de plus en plus vers des situations dangereuses, comme un aimant dans l’impossibilité de résister.

Elle finit la fiole et lui tendit, doigts tremblants qui rejoignaient sa main à lui, sentant sur son épiderme la chaleur de sa peau. La position l’aurait faite sourire en d’autres circonstances.

« Mais toutes mes félicitations madame…. Ouais, alors moins pour ça. » Elle s’était redressée, tentant de récupérer une position plus verticale. Grave erreur. Elle le savait. Il le savait. Mais il y avait quelque chose d’insupportable pour elle dans cette immobilité imposée par son propre corps, alors elle combattait les effets de la noyade, incapable d’accepter ses faiblesses dans broncher. Et pourtant, consciente de ce qu’était la position de Maxence en tant que soignant, elle admettait volontiers son erreur…

« Sans blagues... » Elle reprenait lentement sa place contre lui, sentant son bras revenir sur elle, sa bouche près de son oreille. Paupières closes, c’était sa voix qui l’envahit un instant. « Qu’on soit clairs, actuellement tu peux geindre autant que tu veux, j’te laisserai pas te lever. » Un fin sourire étira les lèvres de la sorcière, l’insolence au coin de la bouche. Elle ouvrit les yeux, un éclat au fond des prunelles. Vraiment ? T’es sûr de toi là ? « Tu sais très bien qu’il te faut un peu de temps pour que la potion fasse effet pendant que ta température remonte. » Elle grogna. Bien sûr qu’elle savait qu’il avait raison...c’était bien ça qui l’emmerdait si profondément. Relevant les yeux vers lui, tête légèrement renversée pour apercevoir sa mâchoire, Sanae sourit, espiègle. « T’essaies de faire preuve d’autorité là ? »

De quoi cela pouvait avoir l’air, un Maxence ferme et intraitable ? Elle se posait la question. Et comme pour la punir d’avoir des idées moins sages qu’elles n’auraient du être, la toux revint la crisper alors que sa tête retombait sur le côté, derrière du crâne contre le torse du sorcier, ses mains se repliant contre son propre buste alors que ses poumons la brûlaient. Décidément, la Norvège, c’était nul à chier.

« Tu prends pas le temps d’apprécier aussi… »
Un rire franchit sa gorge alors que la toux se calmait.
« J’ai du mal à apprécier dans l’eau glacée, j’admets. » fit-elle d’une voix rauque.

Elle appréciait davantage les tâtonnements des mains du sorcier sur sa peau, cela dit.

« Tient, file moi ta main. »Plus une formulation qu’une vraie demande qui attendait une réponse. « Ma main, mon pied, prends c’que tu veux hein. C’est gratuit. » Alors il prenait déjà sa main dans la sienne pour la masser, ses doigts s’imprimant sur sa chair froide et rigide par des mouvements circulaires, exerçant des pressions pour que la circulation sanguine se rétablisse jusqu’au bout des doigts. Elle grimaça, sa peau la tirant, picotant. Puis, ce fut le tour de son avant-bras.

« Les gens se trouvent de ces excuses maintenant pour obtenir des massages franchement… c’pas plus simple de demander non ? » Un sourire amusé. « Ah parce qu’il suffisait de demander ? C’pas tombé dans l’oreille d’une sourde, méfies toi. » Tournant son visage vers lui, elle plantait ses prunelles noires dans les siennes, les attrapant pour la première fois vraiment avec une telle intensité. Et ses yeux détaillèrent véritablement les traits fin de son visage, un léger sourire aux lèvres se dessinant.  « Cela dit c’est bon pour la récupération musculaire. T’as juste un poil forcé. » Un léger rire. « Un poil hein ! » Après un instant de silence, qu’elle laissa planer, occupée à préparer sa prochaine connerie, un sourire mutin aux lèvres, elle finit par dire « Eeeeet….pour la manucure du coup...on s’arrange comment ? »Regard faussement innocent et sourire éclatant vers lui.

Elle ne détachait pas son regard de lui alors qu’il continuait à activer le flux sanguin dans ses membres meurtris. « Alors, content d’avoir intégré notre joyeuse troupe ? On s’amuse bien, hein ? » Tu le sens le fun là ? Tout ce qu’elle sentait elle, c’était le froid dans son corps, les tremblements de ses membres qui pourtant sous les mouvements de Maxence se mettaient à picoter furieusement sous l’afflux de sang qui revenait. « C’est quoi la prochaine étape ? Tu me mets dans le four ? Tu me retournes à mi-cuisson ?»

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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Dim 22 Nov 2020 - 0:46
« Dommage. T’avais... trouvé les bougies ? »
« Non, seulement les canards. Ils ont eu l’air de me juger alors j’ai arrêté de fouiller. »

L’humour, hein. Léger, loin d’être agressif ou jugeant. Déformation professionnelle ou réelle façon d‘être ? Parfois, il lui semblait que celui qu’il était du fait de son emploi avait fini par déteindre tellement sur lui qu’ils s’étaient fondus tous les deux. Le toubib et l’homme. Ou bien était-ce parce qu’il n’avait jamais cessé d’être ainsi ? Celui qui encaissait le pire avec sourire et légèreté, celui qui marchait à la bienveillance alors même que les bombes s’écrasaient de part et d’autres de son chemin de bataille. Celui qui avançait sans même trop se poser la question, parce qu’il n’y a rien d’autre à faire que de mettre un pied devant l’autre. Bien sûr, il aurait pu rester à bouffer son mal-être sur le canapé de Fenella, à grignoter ses souffrances par la racine, à se reprocher toutes les peines du monde. Mais ça ne changerait rien à la réalité. Lâcher prise sur ce qu’on ne contrôle pas. Avancer malgré tout. Sourire. Parce que sincèrement, il n’y a rien de mieux à faire et qu’être mal ne changera rien au problème. Ça ne ramènerait pas ses parents, ne lui donnerait pas plus de contrôle sur la situation. S’il avait dit à Niall qu’il acceptait de naviguer à vue, c’était en connaissance de cause et sans chercher à renier les termes du contrat. Le jour où le deal ne lui conviendrait plus, il ferait comme avec sa carrière de militaire. Il jouerait franc jeu, dirait les choses, poserait les points sur les i, et quitterait le navire avant de devenir un élément dangereux de par sa résistance au système. Alors il se contentait d’accepter la situation telle qu’elle était. Pas d’urgence, pas de danger immédiat, il le comprenait au comportement des deux jeunes femmes. Sanae était tirée d’affaire, il suffisait seulement de la surveiller. Alors non, ça ne servait à rien d’entrer dans le pathos. Certainement pas tout de suite. Sanae était diminuée physiquement, mal dans ce rôle de patiente puisque de la patience, il le voyait, elle n’en avait aucune. La coincer dans une conversation qu’elle ne souhaitait clairement pas avoir, alors même qu’elle se trouvait dans cette situation délicate, privée de contrôle, de sécurité, de force… serait une erreur qui lui semblait plus qu’évidente. Alors oui, il lui laissait l’espace, la stabilisant doucement, l’air de rien, conscient pourtant qu’elle voyait clair dans son jeu.

Etrange proximité. Ses gestes avaient beau être professionnels, son esprit tourné vers les résultats qu’il souhaitait obtenir, Maxence ne pouvait le nier, il se faisait la réflexion. L’Homme est un animal sociable. Et il ne l’était plus réellement depuis bien longtemps, lui qui au contraire, était l’humanité incarnée. Durant ses études, il était du genre toujours entouré, à se mouvoir dans une meute d’amis soudés dont il ne se souvenait pourtant pas du prénom de chacun. Du genre tactile. Du genre toujours présent pour les autres. Ça n’avait pas changé, et pourtant, à être enfermé au front ou à Poudlard, il s’était coupé d’une partie de ses compétences sociales. Coupé de ce genre de positions qui revenait pourtant à présent, comme un truc naturel, instinctif. Le besoin d’un contact social, qu’il vienne de la position qui les rapprochait ou des piques qu’ils s’envoyaient et le faisait sourire doucement.

« T’essaies de faire preuve d’autorité là ? »
« Parfois ça m’arrive. ‘Parait que le truc est pas encore au point. »

Pas… tout à fait vrai. En réalité, en cas d’urgence, c’était avec naturel que Maxence prenait les choses en main, n’acceptant pas la moindre incartade de la part de qui que ce soit si cela risquait de mettre la vie de qui que ce soit en danger. Naturellement qu’il s’imposait, trouvait sa place, trouvait le ton aussi, posant son autorité, oui, mais jamais vraiment par la force.

Si ce petit air espiègle, il l’avait remarqué, c’était pourtant bientôt de nouveau la douleur qui tirait les traits de la jeune femme alors qu’elle se contractait, crispant avec lenteur sa main contre son torse, comme si sa seule présence pouvait venir soulager ses poumons douloureux. Il savait que ça n’était pas faisable, que ça prendrait du temps, mais c’était avec les lèvres pincées qu’il la regardait se débattre avec ses douleurs.

« J’ai du mal à apprécier dans l’eau glacée, j’admets. »
« Tu fais pas d’efforts aussi… »

Un petit sourire en coin, ses yeux rieurs s’accrochant à elle un instant. Couillonne va.

« Ma main, mon pied, prends c’que tu veux hein. C’est gratuit. »

Intervention d’Alec, quatrième mur envoyé aux fraises : C’est ça Maxence, prends son pied.

« Quelle générosité sans failles… J’m’occupe des pieds après alors. »

LA CUISSE.
Ah ouais, nan mais c’est ça aussi, à péter les quatrièmes murs, on se retrouve avec des gens qui interviennent sans autorisation. C’est fou ça. Ils sont gênants ces personnages dites moi.

Massage, donc, entrecoupé de piques légères, balancées les unes après les autres sans un ping pong naturel, comme s’ils étaient amis depuis des lustres.

« Ah parce qu’il suffisait de demander ? C’pas tombé dans l’oreille d’une sourde, méfies toi. »
« Oh mais je me méfie ! » Ses prunelles accrochaient les siennes, se faisaient profondes, abyssales, insondables. Et il y répondait par un léger sourire, imperturbable. « D’un autre côté, le son porte moins dans l’eau, alors bon, à coup de baignades, la surdité peut arriver. Je peux m’en sortir sans trop d’obligations du coup. » Perdu Max : le son va plus vite dans l’eau.

Zut. Argument peu pertinent. Copie à revoir.

Déformation pro. Traumatisme. SSPT de la copie. Sorry.

« Eeeeet….pour la manucure du coup...on s’arrange comment ? »
« Oh ben c’est pareil, tu demandes, on sait jamais : sur un malentendu ça peut passer. J’ai plus été camouflage que vernis mais ça se tente hein. »

Est-ce qu’il en était capable ?
Oui. Pourquoi ; les offusqués de la masculinité toxique sont de sortie ?

« Alors, content d’avoir intégré notre joyeuse troupe ? On s’amuse bien, hein ? »

Un léger rire passait ses lèvres, plissait ses paupières tandis qu’il continuait son manège, réactivant l’afflux sanguin, activant les vaisseaux sanguins dont l’élasticité était mise à rude épreuve. Doux autant que ferme, ses doigts glissaient sur sa peau gelée, forçant l’organisme à se remettre en marche.

« Oh oui ! La grosse éclate. Je ramasse des bouts de corps sur le bitume, je soigne des glaçons… jusque là, rien de bien nouveau dans ma vie finalement. »

L’humour cynique des soignants et des soldats se sentait dans l’acidité de ses mots et pourtant il n’y avait rien là dedans d’irrespectueux. Juste une façon d’affronter l’horreur chaque jour passée. Juste une façon d’avancer et d’y survivre avec le sourire sans se laisser engloutir.

« C’est quoi la prochaine étape ? Tu me mets dans le four ? Tu me retournes à mi-cuisson ?»

Intervention d’Alec : et là je peux la faire ?

« Les pieds tu m’as dit. J’suis obéissant comme mec : un truc de soldat. »

T’as pas quitté l’armée pour ça justement ?
Si.
Bon. Argument non recevable.

Maxence finissait par se redresser, la soutenant aux épaules pour accompagner son retour sur le coussin du canapé qu’il coinçait sous elle, faisant le tour du sofa avant de… lui balancer la couette sur le visage, un petit sourire mutin aux lèvres. Tient, dépatouille t’en, déjà. Et active moi ces bras maintenant que le sang y retourne. En attendant, oui, il reprenait son action sur ses pieds et mollets. Plus haut ? Aussi. Mais jamais au dessus de la mi-cuisse. Sage le toubib. Toujours sage, cet enfant, avec les femmes. Etrangement quand on savait qu’il n’était pas tout à fait l’élève calme et immobile qu’on pourrait imaginer en l’observant à première vue. La réalité était toute autre. Bien élevé, bienveillant et profondément gentil, certes, mais loin d’être le garçon modèle que sa gueule d’ange pouvait suggérer. Un truc en commun, sans doute, bien qu’il n’y ait aucune mesure entre eux deux.

« ça va, tu t’en sors là-dessous ? »

Non, elle galérait à s’en extraire, de cette couette trop épaisse, balancée trop haut sur elle, ses bras poussant le vide, s’affaiblissant si vite, refusant les gestes qu’elle leur commandait.

Bien. Le sang devait circuler. Bats-toi. Mais allongée. Y aller par étapes, ne pas surcharger le cœur, laisser les muscles retrouver leur rôle, reprendre des forces à mesure que les sinus des capillaires s’ouvraient de nouveau, les imbibant de sang.
Ses jambes résistaient bien plus que ses bras et il se devait d’y aller doucement, augmentant de pression à chaque geste, toujours mesuré, contrôler. Le but étant d’éviter d’endommager les tissus malmenés et encore bien fragiles.

« Toi t’es du genre sportive. Tu m’aides pas du tout. Laisse-moi deviner : sports de combat ? Ou tennis. »

Tennis ? Ouais, avec des cuissots pareils, ça ne serait pas déconnant.

Un sourire. Et voilà qu’elle réapparaissait de sous la couette. Bien joué.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Lun 7 Déc 2020 - 21:00
 « Non, seulement les canards. Ils ont eu l’air de me juger alors j’ai arrêté de fouiller. »
« C’pas plus mal...t’aurais pu tomber sur des trucs... »

D’autres types de canards ?
Sans commentaire.

Adossée contre lui, Sanae ressentait encore cette caresse glacée dans son corps. Les muscles et les membres engourdis, il lui semblait que sa force s’était barrée bien loin, la laissant dans un corps frêle, friable, incapable de se débrouiller véritablement seule pour le moment. Et Merlin ce qu’elle détestait cette position de malade...Trop peu habituée, la sorcière se débattait avec cette faiblesse passagère comme une enfant frustrée. Pourtant, aucun moyen d’y échapper : il fallait le temps à son corps pour se réchauffer, au sang de circuler normalement, à ses poumons de se réparer après la quantité d’eau ingurgitée. Tout cela, elle le savait très bien. Et combien de fois l’avait-elle répété à ses patients ? Combien de fois avait-elle été dans la position de Maxence, à regarder les autres patienter dans leur immobilité imposée, conscients qu’ils ne pouvaient aller plus vite que les soins, que la récupération naturelle du corps ? Mais tout comme l’élève demandeuse qu’elle avait toujours été, éternelle insatisfaite, éternelle frustrée de se confronter à l’échec, au ralentissement du parcours, elle voulait tout faire vite, surmonter les obstacles, oubliant de ce fait que certaines choses prenaient du temps.

Sans doute Maxence avait compris, ou partiellement, qu’il n’était pas dans sa nature d’être patiente : dans tous les sens du termes. Alors il lui donnait de l’espace malgré leur proximité : l’espace de se débrouiller, ou du moins d’essayer. Essayer aussi de se relever malgré les contre indications, malgré le fait que c’était une mauvaise idée à tous les niveaux, et qu’elle le savait. Comme un réflexe de survie, elle voulait bouger, se mouvoir pour retrouver un peu de sa force : sauf que cette dernière lui manquait. La réaction fut immédiate. Maxence, déjà, la replaçait dans le canapé contre lui. Tentative d’autorité : zéro. Mais cela eut au moins le mérite de la faire sourire.

« Parfois ça m’arrive. ‘Parait que le truc est pas encore au point. »
« T’inquiètes, j’vais te faire bosser dessus. »

Faut travailler sur ton autorité Max’...ça ne va pas là.
Pousse un peu plus de la voix, prends un regard tranchant...fais quelque chose.


Si sa force était aux abonnés absents, son humour, lui, traversait toutes les situations avec la même volonté : surmonter la fragilité, l’écraser, la recouvrir pour l’y oublier un instant. Déplacer son attention sur autre chose, se permettre de survivre à une situation trop pesante. Parce que si son état n’était pas engagé, les circonstances de la noyade, elles, demeuraient clairement dans son esprit : le désespoir turbinait en fond, rappel constant de sa condition humaine dans ses contradictions les plus brutales.

Alors lorsque la conversation revenait vers la Norvège, Sanae ne ratait pas l’occasion de rebondir dessus.

« J’ai du mal à apprécier dans l’eau glacée, j’admets. »
« Tu fais pas d’efforts aussi… »
« J’en fait déjà assez pour me noyer, t’imagines que c’est facile toi ? »

Bah oui, c’était pas évident de se noyer comme ça ! Ça demandait du talent, de la maîtrise, de...la folie. Le pire dans tout ça...c’était que le sens caché derrière, bien recouvert de la couche d’humour, existait dans une dimension beaucoup plus sombre.

Le sorcier s’était mis à frictionner ses muscles, rétablissant peu à peu par ses mouvements précis, la circulation sanguine.

Je t’en prie Max, prends ce que tu veux. Sers-toi, c’est buffet libre.

« Quelle générosité sans failles… J’m’occupe des pieds après alors. »
« Marché conclu. »

Deal.

Il y avait pourtant des propositions à ne pas formuler à voix haute. Des propositions qui venaient doucement allumer la flamme de la malice. Une flamme qui venait d’apparaître dans ses prunelles joueuses, se dardant dans celles du sorcier. Massage donc, on a dit ? Parfait. Elle avait grand besoin de se...détendre. Mais méfiance Max, tu ne sais pas à qui tu proposes ça...

« Oh mais je me méfie ! »  Son regard s’était fait plus intense alors qu’elle détaillait les traits de son visage, et il lui adressa un sourire amusé, pas perturbé le moins du monde par l’étincelle tout juste née. « D’un autre côté, le son porte moins dans l’eau, alors bon, à coup de baignades, la surdité peut arriver. Je peux m’en sortir sans trop d’obligations du coup. »
Un sourire fin apparut sur ses lèvres.
« Oh...tu sais...j’ai tendance à retenir pas mal d’informations. »

Foutage de gueule.
En tant que légimen, sa tête était pleine de souvenirs qui ne lui appartenaient pas, se mélangeant aux siens. Son esprit était une caverne d’Alibaba où il semblait que chaque chose demeurait éternellement, alimentant la lourdeur de son fardeau, mais ça...il l’ignorait. Elle ne savait pas si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Lui dirait-elle ? Ou lui laisserait-elle la surprise si son esprit venait à se jouer du sien ? A cette pensée, surgissant de sa conscience légèrement engourdie, Sanae éprouvait cette curiosité mordante de savoir ce qui demeurait dans sa tête. Cette question...elle revenait de plus en plus naturellement à mesure qu’elle se confrontait aux autres. Une envie de plus en plus présente, pressante, comme une démangeaison agaçante qu’elle ne pouvait s’empêcher de vouloir gratter, là dans son esprit.

La nécessité de se distraire était de plus en plus évidente.
Donc, manucure ?

« Oh ben c’est pareil, tu demandes, on sait jamais : sur un malentendu ça peut passer. J’ai plus été camouflage que vernis mais ça se tente hein. »
« Oh, j’suis pas très girly de toute façon. J’veux bien un ptit camouflage. Ca me servira pour survivre à Sainte Mangouste. »

Parmi les Supérieurs qui dirigeaient l’hôpital...Grosse ambiance au boulot, hein ?
Elle ne tarda pas à lui demander comment, lui, vivait son intégration dans la Garde. Même dans son implication partielle, sans avoir les détails de ce qui se jouait vraiment, Maxence était maintenant officiellement des leurs.

« Oh oui ! La grosse éclate. Je ramasse des bouts de corps sur le bitume, je soigne des glaçons… jusque là, rien de bien nouveau dans ma vie finalement. » Un léger rire passa sa gorge alors qu’il massait ses bras, ses mains. Les picotements titillaient sa peau qui se réchauffait au fur et à mesure que le sang affluait. « Ça va...ça te change pas trop d’la guerre. Au moins, ici, personne te tirera dessus…au pire, tu te prends un coup de katana. Pas d’quoi en mourir.»

Ouais hein, pas de quoi s’affoler.
C’était donc ça la prochaine étape ? Un coup de katana ?

« Les pieds tu m’as dit. J’suis obéissant comme mec : un truc de soldat. »
« J’aime bien quand tu dis que t’es obéissant. » Petite pique pleine de sous-entendu. Amusée, elle le suivait des yeux alors qu’il se redressait, retenant son corps de s’écrouler par l’absence du sien. Sa tête vint se poser sur les coussins du canapé et elle regretta de ne plus sentir la chaleur de son corps dans son dos. D’un mouvement souple, il attrapa la couette pour lui jeter sur le visage, la recouvrant totalement alors qu’elle protestait, le son à moitié étouffé. Les jambes découvertes, elle grogna en sentant à nouveau cette impression de fraîcheur qui s’accentuait. Elle sentit ses mains réveiller les muscles de ses mollets tandis qu’elle tentait de se débattre avec la couette. Ses bras s’actionnaient difficilement, ses doigts peinant à se refermer sur le tissu pour le tirer et dégager sa tête. Jambes immobiles mais haut du corps qui se mobilisait dans toute sa frustration de ne pas y arriver facilement, de ne pas réussir à faire bouger ses mains et ses bras comme elle le souhaitait. Sourcils froncés, gémissant de rage, Sanae sortit enfin le bout de son nez de la couette.

« ça va, tu t’en sors là-dessous ? »
« La ferme. » grogna-t-elle.

Pas de réelle animosité envers lui. Juste envers la situation. Et ces putain de bras qui ne voulaient pas obéir à la précision des gestes qu’elle désirait atteindre. Comme dans un rêve où l’on se battait contre un ennemi sans pouvoir lui porter de réels coups, mouvements trop lents, englués dans un ralenti insupportable. Les gestes du sorcier sur ses jambes se faisaient plus appuyés, plus fermes, mais toujours mesurés.

« Toi t’es du genre sportive. Tu m’aides pas du tout. Laisse-moi deviner : sports de combat ? Ou tennis. »

Un grognement de plus alors qu’elle réussissait, non sans mal, à rabattre un peu la couette sur sa poitrine, sortant ses bras du dessous, fermant au maximum qu’elle le pouvait ses poings, furieuse contre elle-même, contre ce corps qui n’obéissait pas.

« Sports de combat. Tennis. Foot. Randonnée. Course...j’ai quasi tout fait. » soupira-t-elle. « J’étais une gosse chiante à gérer. »

Et maintenant ?
C’était pire.

Son regard retomba sur lui, sourcils toujours froncés.
Mais il y avait quelque chose dans le sourire qu’il lui adressait, dans le calme et la douceur de sa voix qui avait un étrange effet apaisant. Pas suffisant pourtant pour calmer ses nerfs.

« Pis, tu croyais pas que j’allais te faciliter la tâche, si ? » lâcha-t-elle, d’un ton un peu brute.

Démerdes-toi.
J’suis pas la patiente la plus facile mais faudra faire avec.


Un soupir et sa tête retomba en arrière, ses yeux se fixant sur le plafond. La frustration la prenait violemment, et sa bonne humeur détalait aussitôt. Dents serrées, narines frémissantes, elle sentait en elle monter cette vague de rage qui avait tendance à faire des apparitions virulentes depuis quelques temps. Et plus elle s’énervait, plus son coeur s’accélérait. La toux la reprit, et elle grimaça.

« C’est quoi le patient le plus chiant que t’aies eu ? »

Nécessité de se distraire.
D’elle-même. De tout.

Elle...elle savait qui était son patient le plus ingérable.

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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Sam 12 Déc 2020 - 15:50
« C’pas plus mal...t’aurais pu tomber sur des trucs... »

Rien qu’un regard en coin, sans enfoncer le clou, sans marteler l’évidence. Juste une moquerie du regard, une réflexion muette concernant le fait qu’elle n’avait de toute évidence pas saisi le sous-entendu. Une pique, sans parler, sans trop en faire. L’humour entre eux permettait de faire passer bien des choses et détournait l’attention de la soignante qui ne supportait ni l’apathie ni la position de faiblesse à laquelle elle était réduite. Est-ce qu’il comprenait ? Bien évidemment. S’il n’avait pas souvent été en position de patient, il restait évident qu’il ne s’agissait pas d’une position qu’il appréciait. Preuve en était le retour de l’attaque de Poudlard. Maxence avait prit sur lui, bien sûr, le temps minimum nécessaire à ce qu’il soit de nouveau fonctionnel. Ensuite il avait rejoint le bord des médicomages, délaissant sa propre santé. Autant que sa famille, d’ailleurs. Changement de sujet ? Changement de sujet. L’autorité, donc.

« T’inquiètes, j’vais te faire bosser dessus. »
« Ouais, j’ai l’impression. »

Autorité naturelle chez lui ? Pas réellement. Et pourtant, l’ancien soldat pouvait surprendre, perdant toute l’espièglerie de son regard, la douceur de sa voix. En cas de crise. Ce n’était pas ce qu’il se passait en cet instant bien spécifique. Pour autant, il la voyait bien, elle, jouer ce rôle si tranchant et supérieur que certains pouvaient se donner.

« J’en fait déjà assez pour me noyer, t’imagines que c’est facile toi ? »
« Je suppose que non. »

Pourtant, la crise, elle était là. Il la voyait, noyée dans l’humour, perdue au creux de ces mots tranchants, balancés avec légèreté. Non, elle n’allait pas bien. Il pouvait ne pas la connaître, pouvait rester extérieur à tous les sujets qui concernaient la Garde et ses activités annexes, cela, il le voyait. Mais alors quoi ? Alors on laisse le temps et l’espace, avant toute chose. Aux patients autant qu’aux amis.

Mieux valait se contenter de balancer des vannes pour l’instant.  Aborder les sujets difficiles alors que la personne ne le cherchait pas et alors qu’elle se trouvait dans une situation de vulnérabilité évidente, et clairement mal vécue… ça aurait été particulièrement stupide de sa part.

« Oh...tu sais...j’ai tendance à retenir pas mal d’informations. »
Comme beaucoup de soignants.
« Je visualise l’idée. »

Maxence, le substitut à un père, un grand frère, un parent, quel qu’il soit. Une figure d’autorité rassurante qui veillait sur tout un chacun à Poudlard et qui accumulait les informations, les tiraillements, les douleurs des uns et des autres. Une tombe.
Une tombe de plus dans un champ de bataille.
C’était écrit Max. Dès le jour de ton adoption.

« Oh, j’suis pas très girly de toute façon. J’veux bien un ptit camouflage. Ca me servira pour survivre à Sainte Mangouste. »
« Ouais c’est sûr que tu vas passer inaperçu avec ça sur la gueule. »

Camouflage feuillage en plein hôpital.
Ça paaaasse.
La guerre a de multiples facettes, manifestement.

« Ça va...ça te change pas trop d’la guerre. Au moins, ici, personne te tirera dessus…au pire, tu te prends un coup de katana. Pas d’quoi en mourir.»
« C’est une menace ? »

Un petit sourire calme, doux.
Oui, la guerre a de multiples facettes.

« J’aime bien quand tu dis que t’es obéissant. »
« J’avais bien compris. »

Obéissant, oui, mais sans doute pas assez pour laisser faire tranquillement, pas assez pour ne pas continuer ses actions, toutes utiles, toutes nécessaires. S’il faisait tel ou tel geste, ils étaient mesurés, utiles, jaugés. Et ce, même si ça passait avec humour et légèreté. Et ce, même si elle enrageait sous la couette qu’il lui avait balancé, l’observant du coin de l’œil se débattre alors qu’il s’attaquait à ses mollets pour aider au retour de sa motricité basse.

Agacée ? Evidemment, elle n’avait aucun contrôle et se trouvait face à ses propres manquements.

« Sports de combat. Tennis. Foot. Randonnée. Course...j’ai quasi tout fait. » soupira-t-elle. « J’étais une gosse chiante à gérer. »

Cette fois, il riait franchement, dénombrant les différentes activités qu’elle avait dû faire dans son enfance. Chiante à gérer ? Tu m’étonnes !

« Ouais je vois ça ! ça a pas vraiment changé en soit. » Demi-sourire. « T’es acharnée, toi dans ton genre hein. » Impossible à tenir, sans doute. Hyperactive, elle avait besoin d’être occupée sans cesse pour ne pas… ne pas quoi ? Ruminer ? Exploser ? « Ya une discipline dans laquelle on peut te battre au moins rassures-moi ? »

« A part le jeu du silence quoi. »

Logan gagne.

« Pis, tu croyais pas que j’allais te faciliter la tâche, si ? »

Nouveau rire léger. Elle pouvait bien s’énerver, il en avait vu d’autres, acceptait la difficulté avec pragmatisme, ne prenant jamais les choses personnellement, les laissant couler sur lui. Maxence le savait, la colère contre le soignant, elle n’est souvent qu’une représentation de celle qu’on éprouve contre l’ingérance, contre l’incapacité et le manque de contrôle qu’on exerce nous-mêmes sur une situation ingérable. Elle n’est qu’un reflet du deuil de la normalité, de la souffrance, de la rage associée à la maladie, au syndrome, à l’inertie passagère.

« Oh non, j’ai cessé de croire depuis longtemps. Certainement pas à la facilité. Si tu me facilitais la tâche, ce serait au mieux ennuyant, au pire affreusement décevant. »

Quand une pique se mêle à la gentillesse profonde de ce regard inlassablement bienveillant.
Cet homme aimait les gens. Irrémédiablement. Malgré tout.

« C’est quoi le patient le plus chiant que t’aies eu ? »

Nouveau rire alors qu’il remontait les mains un peu plus haut, activant ses rotules, facilitant la circulation de la synovie, sa répartition, permettant aux os de glisser les uns sur les autres en limitant la douleur des mouvements.

« Logan Rivers, sans aucune hésitation. Quoi que le cousin se défend bien. » Enzo aussi. Mais lui, il le protégeait par réflexe. Pas les Rivers ? Ouais… pas super professionnel. Comme quoi, il n’était qu’humain.
Un haussement d’épaules. « Il a dû manquer de me tuer deux ou trois fois. La routine. » Un demi-sourire barrait ses lèvres tout en disant ça. Comme quoi, on s’habitue réellement à tout. « Un ami. » Pas plus de questions. Après tout, peut être savait-elle quelque chose à son propos. Peut-être pas. Il ne savait et n’en saurait pas plus, alors il ne posait même pas la question. « Je vais poser mes mains plus haut. Je peux ? »

Sur ses cuisses. Réflexe de soignant respectueux qui ne s’embarrasse pas de ce genre de détails lorsqu’il n’en a pas le temps mais qui n’oublie pas que c’est nécessaire en dehors de ces phases bien spécifiques. Comme un truc humain,  dans l’air. Un truc qui n’oublie ni les cris, ni le sang. Mais qui cherche encore à en limiter les larmes.

Autorisation en poche, il s’attaquait donc aux quadriceps, ischios et autres, remontant sans véritablement y penser, repoussant les idées plus par habitude qu’autre chose, séparant bien ses univers. Trop. Car l’un de ces univers avait fini par prendre toute la place : celui du professionnalisme. Celui de la guerre. Celui des crises. Celui de l’urgence.

« Bon. Je finis ça et on va essayer de tester tes muscles. Tu serais pas contre une nouvelle baignade ? Je trouve que tu trempes pas assez ces derniers temps… »

Ouh comme c’est méchant.

« Et toi, ton pire patient ? »
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Mar 15 Déc 2020 - 23:28
 Ses paupières vacillèrent et elle ne vit pas son regard en coin. Non, elle n’était sans doute pas assez alerte pour attraper la blague à l’origine de sa remarque. Et ce fut un autre sujet sur lequel ils s’arrêtèrent. L’autorité. Comme par hasard. Il lui semblait que ce n’était pas le point fort de Maxence, il le  reconnaissait volontiers. Et elle ? Oh, elle découvrait les plaisirs de prendre les devants, de s’imposer, de donner des ordres, et il n’y avait rien pour contrer la satisfaction profonde qu’elle ressentait dès lors qu’elle était en position de force, pleine de cette dominance qu’elle voulait attraper à bras le corps. Mais lui, il avait sa manière de s’imposer...en douceur mais avec fermeté.

Il en faudrait plus pour s’opposer à la volonté de la sorcière. Et peut-être que s’y confronter pouvait lui apporter une expérience nouvelle dans le domaine de « comment gérer une soignante patiente pas du tout patiente ».

« Ouais, j’ai l’impression. »
Oui, juste une impression…
Au moins, il en était conscient. Elle eut un sourire en coin en lui adressant un regard amusé. Il était clair qu’elle n’allait pas lui faciliter la tâche et qu’elle était loin d’être la patiente parfaite, mais il était habitué, comme tous soignants, à gérer ce genre de choses. Elle n’avait aucun remord à lui donner du file à retordre, après tout...le contraire n’était même pas envisageable. C’était sans doute aussi nécessaire que l’humour qui imbibait chaque parole échangée. Repousser la lourdeur de la situation, éloigner les pensées parasites et rebondir sur l’absurdité, sur ce qui pouvait être érigé à l’état de blague légère et désuète, comme s’il s’était agit de meubler la conversation. Il n’en était rien. Le sous-texte était bien là, par-dessous la couche d’humour qui voulait recouvrir la dure réalité d’une existence instable et désespérante.

« Je suppose que non. »
Il n’avait rien dit de plus. Et elle se dit que soit, il n’avait pas conscience de tout ce qu’elle ne disait pas, soit il laissait les non-dits glisser pour retomber dans le silence. Dans les deux cas, ça lui allait.

« Je visualise l’idée. »
Oh non, il ne savait pas...et c’était foutrement drôle de le voir comprendre d’autres choses que la vérité qui turbinait en arrière plan, prête à surgir, à se faire entendre. Un léger sourire étira le coin de ses lèvres alors qu’elle le regardait faire, attentive à ses mouvements. Et la manucure ? La pédicure ? On choisissait quels motifs, quelles couleurs ? Parce qu’il était hors de question qu’elle se retrouve avec des paillettes et du rose bonbon à gerber. Pas son style à elle, ni à lui. En bon soldat qu’il avait été, qu’il resterait toujours au fond de lui, le sorcier était plus doué avec les camouflages.

« Oh, j’suis pas très girly de toute façon. J’veux bien un ptit camouflage. Ca me servira pour survivre à Sainte Mangouste. »
« Ouais c’est sûr que tu vas passer inaperçu avec ça sur la gueule. »
« Oh, on voit de tout à l’hôpital...ça choquera personne honnêtement. »

Entre les patients attaqués par des créatures magiques, ceux qui avaient subi un sortilège qui avait mal tourné et qui arboraient alors des tentacules dans le dos ou des queues de rats dans le prolongement de leurs fesses...pas sûr qu’un médicomage en camouflage leur vole la vedette. L’image la fit sourire cela dit. « Tu m’feras des peintures sur le corps évidemment. » Directement sur la peau s’il te plaît, avec seulement une feuille de vigne en bas, histoire d’être naturelle. Quoi ? Ce n’était pas l’idée du siècle ? Comme intégrer la Garde, par exemple. Même à son niveau d’implication, Maxence serait confrontée à la violence des altercations avec les Supérieurs, alors elle lui demanda comment il s’intégrait et la réponse la fit rire légèrement avant de lui faire entendre que ça ne pouvait pas être pire que la guerre. Une guerre en vaut bien une autre, non ? Tout autant entre deux clans que celle, rugissante, d’une âme tortueuse qui aurait pu trancher sa gorge d’un coup de katana.

« C’est une menace ? »
Quelle idée…Leurs sourires, légers malgré la conversation, se répondirent.
« Ai-je l’air d’une femme violente ? » s’amusa-t-elle, levant un sourcil.

Est-ce qu’elle se moquait, de lui, d’elle-même ? Tout à fait.
La blague préférée des légimen : faire des sous-entendus sur des choses qu’ils savaient et dont les autres n’avaient pas conscience. Sauf que la plaisanterie était partagée, elle s’en doutait : il n’était pas dupe, il savait qu’elle était dans la Garde et par conséquent, potentiellement quelqu’un qui savait se défendre, non ? Du reste, la décoration de son appartement donnait assez d’éléments pour comprendre qu’elle n’était pas le genre à faire du tricot.

« J’aime bien quand tu dis que t’es obéissant. »

Mais plutôt du genre à saisir ce type d’occasions...
« J’avais bien compris. »
Et ? Tu comptes me faire plaisir ou pas ?
Une moue amusée avant qu’elle ne pince ses lèvres fraîches, son regard se détournant de lui un instant alors qu’il s’affairait à faire circuler le sang dans ses jambes, les massant fermement, mais avec douceur. Il l’avait laissée se débrouiller avec la couverture remontée sur elle, et l’humeur changea inévitablement. Parce qu’il n’y avait pas assez de calme en elle, de patience, pour accepter de galérer à soulever une putain de couverture. Les mouvements sur ses jambes s’intensifièrent. T’as du mal hein ? Pas étonnant. D’où la question sur les nombreuses activités par lesquelles la sorcière avait du passer, notamment pour se défouler, pour contenir, catalyser un caractère fluctuant et difficile. Ah, ses jeunes années…..à l’image du présent.

Cela eut au moins le mérite de le faire éclater de rire.

« Ouais je vois ça ! ça a pas vraiment changé en soit. » C’était pire, probablement.
« T’es acharnée, toi dans ton genre hein. Ya une discipline dans laquelle on peut te battre au moins rassures-moi ? »

Un instant de pause.

« A part le jeu du silence quoi. »

Ce fut, elle, qui éclata de rire, oubliant momentanément sa frustration et son agacement profonds, sortant la tête de sous la couverture, le souffle court. Non, le jeu du silence, elle savait qui gagnait haut la main...haut la main mais pas avec tous ses doigts….Il faudrait qu’elle garde cette blague dans sa tête, au cas où, pour lui sortir au bon moment...s’il revenait.

« Bien vu M’sieur. Et si tu veux m’humilier, j’te conseille le patinage artistique...je suis mauvaise sur la glace il paraît…. » Le silence tomba. Elle eut un large sourire, fière de sa blague qui n’en était pas tout à fait une. Elle était vraiment nulle en patinage. Son regard ne le quittait, attendant sa réaction, comme si elle voulait lui dire « T’as compris la blague ? Hein ? T’as compris ? ».

Repliant les couvertures sur les côtés, ses doigts se mouvant difficilement, sa poitrine la brûlant et la toux revenant par moment alors qu’elle tentait de respirer avec lenteur, sans forcer, Sanae sentait cette pointe d’agacement titiller ses nerfs. Malgré l’hilarité, malgré la légèreté ambiante, il demeurait un feu crépitant en elle qui ne voulait pas s’apaiser alors elle sautait sur toutes les occasions pour l’oublier, l’effacer un instant dans la facilité qu’elle éprouvait à parler avec Maxence, consciente qu’elle ne lui facilitait pas la tâche, de quelque manière que ce soit.

« Oh non, j’ai cessé de croire depuis longtemps. Certainement pas à la facilité. Si tu me facilitais la tâche, ce serait au mieux ennuyant, au pire affreusement décevant. »
« J'voudrais pas te décevoir. » soupira-t-elle alors qu’elle passait un bras par-dessus la couverture, étirant son épaule engourdie avant de lui demander, pour se distraire, quel était le patient le plus chiant qu’il avait eu à gérer. Il eut un léger rire alors que ses mains remontaient sur ses jambes pour masser les muscles, la peau.

« Logan Rivers, sans aucune hésitation. Quoi que le cousin se défend bien. » Son regard ne cilla pas mais bon sang qu’elle riait à l’intérieur de son crâne et elle aurait presque pu entendre le rire des Rivers fendre son esprit. Un frémissement des lèvres, c’est tout ce qu’elle put faire. Oh Maxence, comme tu as raison...« Il a dû manquer de me tuer deux ou trois fois. La routine. » Un froncement de sourcils, faussement surprise. « Sacré routine. » Il eut un demi-sourire attendrissant.« Un ami. » précisa-t-il.

Un ami...Elle demeura silencieuse un instant, à le regarder faire alors que dans son esprit, un milliard de questions lui venaient. Elle finit par rompre le silence. « J’ai beaucoup entendu parler de lui…Vous vous connaissiez depuis longtemps ? » souffla-t-elle, sa tête retombant en arrière, sans le regarder, tandis que son bras venait reposer sur son front.

Quoi ? Elle pouvait bien s’amuser à poser des questions...sans doute que cela venait soudainement puiser dans une curiosité frustrée. Parce que si Logan savait tout sur elle, l’inverse n’était pas vrai. Et les occasions étaient trop peu nombreuses pour ne pas se saisir de tout ce qu’elle pouvait récolter.

« Je vais poser mes mains plus haut. Je peux ? »Elle redressa un peu la tête, un sourire en coin, amusée. « Seulement si t’es doué. » lança-t-elle avec un brin de provocation. « Je t’en prie, fais moi...toi plaisir. » Sourire éclatant, malicieuse, Sanae reposa sa tête sur le coussin.

Il était bien poli ce Maxence…
Etait-il toujours aussi mesuré ? Aussi doux ? Aussi léger ?
Ou cachait-il un tout autre potentiel ? Y avait-il une once de brutalité dans cet organisme si calme ?
Il continua de s’occuper de ses cuisses, réveillant ses membres qui semblaient parcourus de picotements. Picotements qu’elle tentait d’ignorer, en proie à des questionnements joueurs sur l’homme plein de bienveillance qui lui faisait face. La bienveillance avait des limites, non ? Si oui, quelles étaient-elles ? Et où pouvait-on les trouver ?

« Bon. Je finis ça et on va essayer de tester tes muscles. Tu serais pas contre une nouvelle baignade ? Je trouve que tu trempes pas assez ces derniers temps… »
Son bras retomba sur le côté, dévoila son regard amusé et un rire passa sa gorge. « C’est ça...moque toi. En attendant, c’est toi le larbin qui fait couler mon bain et me donne des massages. J’espère au moins que tu vas me gratter le dos dans le bain. »

Pas de méchanceté, juste de l’humour un peu piquant.

« Et toi, ton pire patient ? »
Elle se redressa lentement sur ses coudes, ses cheveux noirs retombant de chaque côté de son visage espiègle. « Hm. Mon pire patient... » Logan, quand tu regarderas ça plus tard, marre-toi bien. C’est pour toi mon chou. « ...J’ai eu un type pendant ce qui sembla être une é-ter-ni-té qui ne me laissait jamais le soigner. Il refusait et si tu l’approchais, c’était un peu comme se recevoir un mur dans la tronche. Sauf que le mur, c’était mille murs en même temps. Et que ta tronche à la fin, t’avais envie de l’arracher. La sienne aussi cela dit...Bref, un grand silencieux ingérable. Pis, t’avais beau lui apporter à manger...que dalle ! Les peu d’fois où il bouffait, pas même un merci, tu peux t’gratter...c’est fou ça. » Une pause, un sourire amusé aux lèvres. « Et quand il a décidé de parler ENFIN c’était pour être un sale con ! Non mais le cadeau empoisonné quoi. Personne voulait s’occuper de lui, j’aurais du l’voir venir. » Au fur et à mesure qu’elle parlait, la sorcière se redressait davantage, le haut de son corps à la verticale, une main agrippant le dossier du canapé et l’autre le rebord pour se maintenir droite, ignorant les protestations de son corps, son regard posé sur Maxence. « Et tu crois p’t’être qu’il entendait rien pendant son mutisme ?! Que dalle. Il écoutait tout ce con. Parfaitement conscient. Juste...chiant. Il m’a quand même laissé faire des monologues pendant dees semaines et des semaines. » Genre, comme là, maintenant. Avait-elle déjà autant parlé d’affilée depuis quelques temps ? Non, c’était la première fois qu’elle s’étendait autant. Elle sortie une jambe de sous la couverture, son pied entrant en contact avec le parquet. « Et pis tu penses qu’il m’aurait laissé faire mon travail après ? Nope. Même pas en rêve. Le têtu ! J’peux te dire qu’il avait la tête dure celui-là. » Intérieurement, elle se marrait tellement fort que son hilarité résonnait à l’intérieur de son esprit. Elle extirpa son autre jambe, délaissant le massage pour s’asseoir sur le canapé comme si de rien était, tout naturellement. « Accessoirement, c’était aussi mon patient préféré. »

Un sourire légèrement attendri étira ses lèvres un instant avant qu’elle ne pousse doucement la couverture sur le côté. « Bon, on y va ou quoi ?! C’est parti mon kiki ! En avant marche ! »Elle ne lui laissa pas le temps de protester ou de prendre les devants.

Elle se leva.
Ses jambes flageolèrent.
Elle retomba immédiatement.

« Ok. On recommence. » soupira-t-elle.

Elle tenta de se propulser mais ses bras avaient trop peu de forces. Le mouvement fut avorté dans un ridicule flagrant. « Tu vois Bambi ? Bah j’crois qu’on est bon là... » grogna-t-elle en relevant les yeux vers lui.

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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Jeu 17 Déc 2020 - 21:44
Qu’est-ce que c’est, finalement, avoir de l’autorité ? Maxence avait évolué dans des milieux où il était loin d’avoir la plus grande puissance de frappe, loin d’être le plus costaux, celui qui possédait la meilleure technique. Bien sûr, de la pratique, il en avait, apte à agir rapidement en tant que soldat. Car s’il avait toujours été médecin avant tout, bien avant d’être un soldat, il n’en était pas moins entraîné et apte à se défendre.  Des jours, entraîné à la fois en camp moldu qu’en camp sorcier, s’étaient enchainés dans son passé. Pourtant, quand avait-il usé de la force pour la dernière fois ? Quelques sorts en fuyant Poudlard. Quelques prises pour maintenir des patients agités mais non conscients. Un Supérieur tué. Cas de légitime défense, pour aider un élève. Logan l’avait fait disparaitre. Lui, comme beaucoup d’autre. Et lui-même n’avait pas tardé à jouer le rôle de fossoyeur dans cette école de misère. Pourtant, ses gestes devaient être rouillés à présent. Il ne s’était pas entraîné plus que ça. N’avait pas pratiqué. Parce qu’il évitait au maximum cette façon de faire, cette façon d’être. Parce qu’il n’était pas ainsi, tout simplement. Que s’il devait tuer, il le faisait. Mais qu’il l’évitait au maximum.
 
Je ne suis pas sur Terre pour tuer de pauvres gens. Aurait dit Vian.
 
 L’autorité, elle s’exprimait différemment. Il amenait bien souvent les patients à faire ce qu’il voulait par la douceur, la bienveillance et la ruse. Après tout, ils faisaient. Qu’il y ait de la violence en eux et qu’elle le percute, ça ne changeait pas grand-chose tant qu’eux, arrivaient à avancer. C’était là l’important. Là, l’essentiel. Y compris face à certains patients compliqués. Car s’il parlerait de Logan, il y en avait eu d’autres, dans bien des circonstances. Alec, absolument incapable de rester en place, de se laisser faire, d’accepter la faiblesse. Enzo qui s’en faisait trop pour les autres et se contrefoutait de lui-même, quitte à se faire du mal. Pour se faire du mal, parfois même. Pour se punir quelques fois. Et parlant de lycans, on en parle de Benjamin ?
 
Pourtant, tous avaient fini par faire ce qui était essentiel pour leur santé. Pas toujours tout de suite. Pas toujours sous couvert de bienveillance. Mais il les avait amené à l’écouter, à se confier, à se soigner. Tout comme il en avait amené d’autres à se taire, à prendre le large, à lui laisser l’espace. Parce que face à un patient, sans autre médicomage sur place qui ait les compétences pour prendre la relève, il était seul maître à bord. Qu’importe qui était présent à ce moment. Y compris les types comme Logan. Ou Sanae.
 
Alors qu’est-ce que l’autorité ?
Moques-toi. En attendant tu fais ce qu’il attend de toi.
 
« Oh, on voit de tout à l’hôpital...ça choquera personne honnêtement. »
 
Un petit sourire étirait ses lèvres.
 
« Dire que dans une autre vie on aurait pu être collègues là-bas. J’y ai échappé de peu, à ton joyeux capharnaüm. »
 
Mon avenir est parti en flamme. Rions-en. Mon passé aussi.
 
 « Tu m’feras des peintures sur le corps évidemment. » 
 
Une seconde, il suspendait ses gestes, ne posait pas le regard sur elle, continuait son œuvre.
 
« Tu penses vraiment que je me baladais à poil sur les champs de bataille ? Pas super pratique ton histoire.»
 
Pas qu’il n’ait pas entendu le sous-entendu, il l’esquivait simplement, hésitant toujours un peu sur le fait de mal avoir compris, ou de simplement ne pas vouloir entrer dans ce jeu-là. Les blagues, il les entendait, pouvait en faire, mais il n’imaginait que rarement qu’elles puissent être une façon d’engager quoi que ce soit. Alors il contournait.
 
Pas de la lâcheté pourtant, car lorsqu’elle semblait le menacer, il posait calmement la question, souriant, le regard dans le sien, sans la moindre oscillation d’inquiétude. Il n’en avait pas toujours l’air et pourtant, il était bien là, celui qui avait fait face à la mort bien trop souvent dans sa vie. Celui qu’elle n’effrayait plus tan que ça.
 
« Ai-je l’air d’une femme violente ? »
« Oui. »
 
Réponse simple, sans ambigüité ni jugement, accompagnée d’un petit sourire, le tout sans se départir de ses gestes appuyés.
Que veux-tu ? C’est un homme qui a prodigué des soins en plein champ de bataille, alors que la mort fusait de tous côtés.
Alors il continuait de discuter, naturellement, comme si rien de tout ça n’était anormal. Comme s’ils avaient en cet instant une discussion parfaitement habituelle entre deux personnes classiques. Le problème, c’était sans doute qu’ils étaient tous passés par trop d’épreuves pour être tout à fait normaux dans leur façon d’être.
 
Donc mis à part la violence présumée et la menace maquillée. Tu fais quoi comme activités extrascolaires ? Ahem.
 
« Bien vu M’sieur. Et si tu veux m’humilier, j’te conseille le patinage artistique...je suis mauvaise sur la glace il paraît…. »
 
Son regard, il l’avait croisé une fraction de seconde avant de rire franchement. Bien trouvé !
 
« Tu m’étonnes, j’avais pas remarqué tient. Mais c’est noté, je saurais comment faire à l‘avenir. »
 
Pourquoi, t’es doué sur des patins ?
Aucune idée. Ça se tente non ?
 
Là où il était doué, manifestement, c’était pour contourner la colère, la rediriger, l’étouffer, l’amenant au rire alors qu’il aurait été si facile de la braquer totalement. Pourtant ils discutaient alors qu’elle finissait de vaincre la couette dans leur duel à mort. Passive agressive parfois, puis un peu moins, jouant de l’humour pour l’apaiser aussi autant que ça lui venait naturellement avec elle comme avec d’autres. Un besoin humain, réel, de communiquer, aussi, sans doute. De connaître un peu mieux les autres, de se lier avec eux. De retrouver un lien social. Parce que s’il la soignait, elle n’était pas une patience. Pas plus que ses déformations professionnelles le lui imposaient du moins. Alors il se moquait, la piquait légèrement à son tour. Vas-y, emmerde-moi. Ça ne dérange pas. D’autant qu’à force, elle obligeait surtout son organisme à pousser un peu plus sans pour autant dépasser ses limites. Le cortisol diffusait dans ses veines alors qu’elle se tendait, le cherchait parfois, forçant la vasodilatation de ses vaisseaux sanguins, permettant d’irriguer un peu plus ses muscles, de reprendre un fonctionnement normal. Alors vas-y.
Ils en étaient même arrivés à parler de Logan. Et ce petit sourire, il l’avait noté. Anecdotique ? Probablement oui. Pourtant, il la voyait tiquer sur le fait qu’il soit son ami. Ah, Logan, tu as une de ces réputations. Oui mais non. Car ce n’est pas de l’inquiétude, de la curiosité, de la déférence, du dédain, du mépris, de la peur, du rejet ou de la fascination. C’est de l’amusement.
 
 « J’ai beaucoup entendu parler de lui…Vous vous connaissiez depuis longtemps ? » 
 
Connaissiez.
 
« Connaissez. L’enterre pas d’avance. La mauvaise graine, on s’en débarrasse pas si facilement. »
 
Où qu’il soit, il le savait en vie.
 
« Poudlard. J’y ai pas fait mes études, j’ai débarqué pendant l’occupation. On s’est bien entendu. C’est quelqu’un que je respecte profondément…. Même si j’ai envie de lui arracher les yeux régulièrement. » Les yeux. Dorofei. Tout ça.
 
Est-ce qu’il gardait l’image profondément gravée dans la rétine ? Evidemment. Tout comme il s’était su dévisagé durant toute la cérémonie, les Supérieurs n’attendant qu’un geste de sa part pour le lui faire payer au prix fort. Tout en parlant, il continuait son ouvrage, remontant le long de ses jambes, lui demandant l’autorisation pour continuer, en professionnel bienveillant qui n’oublie pas qu’il a en face de lui des humains avec leur histoire, leurs casseroles et leurs limites.
 
 « Seulement si t’es doué. »
 
Une fraction de seconde avant de remonter, continuant son office tout en redressant le regard, un demi-sourire aux lèvres, accrochant le sien une seconde avant de reprendre ses gestes appuyés, profonds, mesurés pourtant.
 
« Pas si haut. »
 
Ton moqueur.
 
Enfin, si, si haut, mais pas à cet endroit spécifique du moins.
 
« Je t’en prie, fais moi...toi plaisir. »
 
Dur d’ignorer le sous-entendu à ce niveau-là. Alors il lâchait un petit souffle amusé, un petit regard captant le sien par-dessus ses lunettes. Le bord des paupières qui se plisse, la fossette qui se creuse dans un sourire en coin. Et pourtant il ne répondait rien d’autre que ce sourire. Comme s’il ne la prenait pas au sérieux. Comme s’il ne se sentait pas complètement concerné. Ou qu’il n’osait pas répondre trop directement sur quelque chose qu’il sentait être une pente glissante. Pas trop timide, ni trop sérieux. Juste étrangement réticent à s’engager sur ces terrains-là. Parce qu’il n’en avait plus l’habitude, qu’il l’avait perdue il y avait trop longtemps, qu’il s’isolait de lui-même de trop de choses depuis. Qu’il se mettait de côté, lui, ses besoins, ses désirs, son humanité. Toujours au service des autres, rarement au sien, au point de se nier.
 
Alors il en revenait au protocole santé, teinté d’humour. Mais le protocole santé quand même.  Plus simple, sans doute. Et elle répondait, toujours sur la même note.
 
« C’est ça...moque toi. En attendant, c’est toi le larbin qui fait couler mon bain et me donne des massages. J’espère au moins que tu vas me gratter le dos dans le bain. »
 
Nouveau rire. « Bah tu m’as dit que tu m’aimais obéissant, je m’adapte ! »
 
Et donc, le patient ?
Oui, parce qu’il était assez calme et clair sur ses limites, son rapport à la virilité, sa propre liberté de pensée et de décision pour ne pas se poser de question sur ce genre de réflexions dérisoires. Plus zen qu’un Rivers le monsieur.
 
 « Hm. Mon pire patient... » Elle se redressait tant bien que mal, son corps définitivement bien plus apte à répondre à ses demandes qu’auparavant.  « ...J’ai eu un type pendant ce qui sembla être une é-ter-ni-té qui ne me laissait jamais le soigner. Il refusait et si tu l’approchais, c’était un peu comme se recevoir un mur dans la tronche. Sauf que le mur, c’était mille murs en même temps. Et que ta tronche à la fin, t’avais envie de l’arracher. La sienne aussi cela dit...Bref, un grand silencieux ingérable. Pis, t’avais beau lui apporter à manger...que dalle ! Les peu d’fois où il bouffait, pas même un merci, tu peux t’gratter...c’est fou ça. »[/b] Dingue.  [b]« Et quand il a décidé de parler ENFIN c’était pour être un sale con ! Non mais le cadeau empoisonné quoi. Personne voulait s’occuper de lui, j’aurais du l’voir venir. » Ah, les sales cons… Il souriait en douceur, riait tout en testait ses reflexes myototatiques. [ b]  « Et tu crois p’t’être qu’il entendait rien pendant son mutisme ?! Que dalle. Il écoutait tout ce con. Parfaitement conscient. Juste...chiant. Il m’a quand même laissé faire des monologues pendant dees semaines et des semaines. » [/b]Un petit sourire aux lèvres, il la voyait se débattre, se révéler, sortir une jambe de sous la couette, mobilisant de nouveau ses muscles qui acceptaient l’exigence avec difficultés.. mais l’acceptait tout de même. Ce qu’il voyait, c’était aussi la frustration s’exprimer après un certain temps reléguée au second plan sans doute. Le besoin d’en parler, sans doute. La déontologie nous empêche parfois de nous exprimer sur certains sujets et le métier de soignant n’est pas toujours simple, encore moins avec certains patients. « Et pis tu penses qu’il m’aurait laissé faire mon travail après ? Nope. Même pas en rêve. Le têtu ! J’peux te dire qu’il avait la tête dure celui-là. » De nouveau, il riait, la laissant continuer sans faire de commentaires, la laissant ramener la seconde jambe sur le bord du canapé. Teigneuse la demoiselle.
 
« Accessoirement, c’était aussi mon patient préféré. »
 
Nouveau sourire. Tendre.
 
« Bon, on y va ou quoi ?! C’est parti mon kiki ! En avant marche ! »
« Bien chef ! »
 
Il se levait à ses côtés, ne tendait pas les bras autour d’elle comme on l’aurait attendu de sa part pourtant. Mais il était là, les pouces passés dans une poche, l’observait faire, analysant quels muscles lâchaient en premier, notant leur temps de résistance, leur tension résiduelle autant que son acharnement à elle. Elle se levait donc, et retombait, évidemment, sans qu’il n’ai esquissé le moindre geste pour l’accompagner ou la rattraper.
Sécurité assurée, pas besoin d’ajouter une sensation de surprotection agaçante et oppressante.
 
« Ok. On recommence. »
 
Nouveau sourire, pas de commentaire.
 
« Tu vois Bambi ? Bah j’crois qu’on est bon là... »
« Disons que lui n’a pas traversé la glace quoi. C’est la seule différence que je vois. »
 
Les yeux brillants de malice et il éloignant d’un geste la table basse, se plantant face à elle, les bras présentés comme accoudoirs.
 
Allez, encore. Sans le dire, parce que c’était à elle de le décider et que sa décision était prise de puis… une vingtaine d’année environ sans doute.

Alors elle se débattait, se redressait, se forçait, et il était là, soulageait ses articulations, limitait l’impact sur ses tendons en accompagnait son mouvement, les mains autour de ses avant-bras, ne cillant pas. Elle s’écroulait en partie contre lui, mais il la maintenait, lui donnant la possibilité de se redresser d’elle-même, de remobiliser ses muscles, de tenir un maximum de temps. Et là, redressée d’elle-même, presque dans ses bras, son visage proche du sien, son regard s’incrustant dans le sien, il ajoutait calmement :
 
« J’espère qu’il va bien. Ton patient. »
 
Trop intelligent pour sa propre santé, le Max.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Mar 22 Déc 2020 - 18:26
Ils avaient beau ne pas bien se connaître, leurs échanges étaient d’une facilité déroutante, comme un flux naturel passant avec un humour qu’ils partageaient sans se forcer. Peut-être était-ce cela qui était léger finalement avec lui, le fait qu’elle n’avait pas vraiment besoin de forcer ; ses humeurs étaient peut-être oscillantes mais la sorcière arrivait à se raccrocher à la présence calme et bienveillante de Maxence, comme un réflexe. Avec un peu recul, sans doute aurait-elle fait le rapprochement...sans doute aurait-elle vu, en lui, ce qui était évident par moment, à certains niveaux. Car dans sa façon de s’imposer en douceur, dans sa force tranquille qui n’avait pas besoin de déborder, de fuser, de lui pour exister, dans la patience inaltérable...il y avait un peu de son père en lui. Et automatiquement, peut-être, était-ce pour cela qu’elle l’appréciait et qu’elle réussissait à interagir avec lui. Une façon agréable de retrouver la présence d’un homme qui savait se maîtriser.

« Dire que dans une autre vie on aurait pu être collègues là-bas. J’y ai échappé de peu, à ton joyeux capharnaüm. »Un léger rire passa ses lèvres qui s’étiraient presque avec douceur. Oui, ils auraient pu être collègues...dans une autre vie. Cela la laissait presque rêveuse...une autre vie, un autre contexte, une autre direction, peut-être moins désastreuse que la sienne. Combien de lignes de vie s’étaient éventrées sur l’autel du désespoir ? Combien de rêves et de perspectives gisaient sur un sol pavé de sang ? Combien de temps faudrait-il encore souffrir pour arriver enfin à une éclaircie ? Comme pour beaucoup de questions, elle n’avait pas la réponse. Et il valait mieux ne pas y penser à vrai dire. « Tu ne rates rien, crois-moi. Avec les Supérieurs à la tête de Sainte Mangouste, j’suis à deux doigts de passer du côté moldu. »

Une demi-vérité. La chose était tentante mais il y avait quelque chose plein de rage en elle qui refusait de leur donner cette victoire : s’il fallait supporter les agissements des supérieurs au sein même de l’hôpital, elle le ferait jusqu’à la fin. Un pied de nez à leur autorité qu’elle ne reconnaissait pas. Un pied de nez à la vie aussi.

Et un pied de nez à la bienveillance polie de Maxence alors qu’elle le taquinait plus avant, peu subtile dans ses provocations. Il avait suspendu ses gestes un instant sous son regard amusé, et les reprit sans se tourner vers elle, restant concentré. Tu ne comprends pas ou tu ne veux pas comprendre ? Telle était la question. Elle avait déjà sa petite idée cela dit.

« Tu penses vraiment que je me baladais à poil sur les champs de bataille ? Pas super pratique ton histoire.»Un sourire en coin. « J’sais pas c’que tu fais de ton cul moi. Je juges pas. Pis quoi ? Ça aurait eu le mérite de désarçonner l’ennemi. » Conversation absurde. Mais elle était fatiguée de s’acharner à faire sens, à en trouver partout, alors elle se laissait aller à la parole facile, aux plaisanteries futiles, aux balivernes et autres banalités du genre qui donnaient un peu de répit à son âme. Ecran de fumée. Peu convaincant. Peut-être la voyait-il cette âme en souffrance derrière le masque de l’humour...et ça n’avait plus tellement d’importance finalement, qu’il la voit ou pas. Elle n’en était plus là. Vous me voyez ? Tant mieux, tant pis. Vous ne pouvez pas faire grand-chose de toute façon.

« Ai-je l’air d’une femme violente ? »
« Oui. »
Son regard accrocha le sien une seconde. Oui, peut-être la voyait-il plus clairement qu’il n’apparaissait dans la légèreté de leur échange. Et c’était presque étrange pour elle, bien que grisant, de savoir qu’il remarquait la violence en elle. On lui avait pourtant toujours dit qu’elle avait la gueule d’un ange. La douceur incarnée. La politesse liant ses mains. Jusque dans chaque parcelle de son apparence, tout avait toujours été illusion : vous ne voyez pas les muscles ? Ils sont bien cachés. Vous ne voyez pas l’éclat au fond des prunelles ? Il est noyé. Vous n’entendez pas la grognement du monstre ? Il est silencieux, discret. Peut-être était-ce un avantage qu’elle avait perdu : l’élément de surprise. Pas de jugement dans la réponse du sorcier néanmoins. Elle le notait dans une appréciation muette mais sans doute quelque chose avait traversé son regard avant de disparaître comme une étoile filante et s’évanouissant dans la nuit noire.

Alors la conversation se poursuivait en même temps qu’il réactivait son corps, pétrissait la peau et les muscles pour faire circuler le sang, réveiller les membres engourdis par le froid. Ses activités extra-scolaires ? Oh, elles étaient si nombreuses qu’il aurait fallu une heure pour en faire la liste. Quand elle disait qu’elle était une gamine chiante à gérer, ce n’était pas pour rire. Tout juste pour faire sourire, sans doute, dans l’ironie de la situation : parce que la gamine chiante, elle était revenue pour dévorer le monde. Alors, pouvait-il la battre à quelque chose ?

Le patinage, Max. Le patinage. Comme elle patinait ces derniers temps dans la vie...du genre à faire trois pas et à tomber sans arrêt quoi. Cela eut le mérite de le faire rire plus franchement, son hilarité illuminant ses traits. Elle est belle ton humanité, oui. Elle rayonne, malgré les affres de la douleur d’une existence balayée par la guerre. Les guerres.

« Tu m’étonnes, j’avais pas remarqué tient. Mais c’est noté, je saurais comment faire à l‘avenir. »Un souffle amusé. « J’te donne des armes, j’suis gentille. »

Des armes, elle en donnait même plusieurs.
Pour l’abattre ou pour la sauver ...qui sait ?

Ils dérivaient lentement vers leurs anecdotes de patients, pour se distraire. Pour la distraire. Mais c’était une bien vaine distraction lorsque le sujet tombait sur celui qu’elle s’amusait intérieurement à appeler Personne. Il n’était pourtant pas personne pour Maxence. Un ami, donc. Rien de bien surprenant, elle savait qu’ils devaient s’être connus durant les événements de Poudlard mais c’était bien la première fois qu’elle entendait quelqu’un prononcer ce mot le concernant...Ami. Pouvait-il être véritablement l’ami de qui que ce soit, du reste ?

« Connaissez. L’enterre pas d’avance. La mauvaise graine, on s’en débarrasse pas si facilement. »Un sourire en coin. Connaissiez, oui. Pas un hasard. Comme une façon de faire croire qu’elle ne savait pas ce qui était advenu de lui. Et oh comme le sorcier avait raison : on ne s’en débarrassait pas aussi facilement...C’était tout naturellement qu’elle demandait comment il s’étaient rencontrés.

« Poudlard. J’y ai pas fait mes études, j’ai débarqué pendant l’occupation. On s’est bien entendu. C’est quelqu’un que je respecte profondément…. Même si j’ai envie de lui arracher les yeux régulièrement. » Elle le regarda un instant en silence, l’amusement au fond des prunelles. Un amusement un peu amer. « J’ai entendu dire qu’il faisait souvent cet effet. » Et ça valait pour la fin de sa phrase, car le respect qu’il lui attribuait la surprenait bien davantage. Pas qu’elle ne le partage pas, au vu du rôle qu’avait pu jouer Logan durant la résistance de Poudlard face aux Supérieurs. Ce n’était simplement pas habituel pour elle d’en discuter, et peut-être était-ce l’une des premières fois qu’elle entendait un des amis de Logan parler de lui. Si elle savait que Cooper et lui étaient proches, ils n’en avaient jamais discuté. Elle ne se trompait donc pas sur son compte : Logan était bel et bien aimé, respecté.

Le plus triste … c’était probablement qu’il ne le savait pas, ou refusait de le savoir, de le prendre en compte. Impossible d’accepter l’affection quand elle n’avait aucun sens pour soi, sûrement.

Elle chassa cette pensée, reprenant ses taquineries, replaçant son attention sur l’infirmier qui avait demandé l’autorisation de s’occuper du haut de ses cuisses. Tiens donc...mais fais, fais Max. Alors c’était sans même essayer d’être plus fine qu’elle lui répondait du tac au tac. Elle espérait qu’il était doué. Il n’arrêta pas ses gestes mais leurs regards s’accrochèrent à nouveau alors qu’elle avait dégagé sa tête de la couverture après une lutte sans merci. Leurs sourires se répondaient, mais le sien, à elle, était plein de mutinerie.

« Pas si haut. »se moqua-t-il.

Un léger rire. Vraiment ?
C’est ta seule réaction ?
Il semblerait qu’il faille remettre une couche, et c’est fou ce qu’elle était douée pour ça...Ses lèvres s’étirèrent en un nouveau sourire avant de lâcher sa connerie, prétendant se tromper. Ouais, fais-moi, toi, nous plaisir Maxence. Ça changera. Parce qu’entre ses interventions pour la Garde et son métier de soignant...elle était quasiment sûre qu’il ne passait pas ses nuits en boite, ou même ses soirées dans les bars, à profiter autant que faire se peut de la vie. Elle connaissait bien le sujet...combien d’années passées à se consacrer à son métier, à sa formation, à ses études, sans rien autour à part la famille ?
Ses prunelles aussi profondes que le néant se fixèrent sur lui sans gêne, attrapant son regard par-dessus ses lunettes alors qu’il plissait un peu les yeux, un souffle amusé passant sa bouche étirée en un fin sourire en coin. Oui, elle était sûre que son intuition était la bonne : il ne savait pas comment réagir, ni même s’il devait vraiment réagir à ses provocations. Avait-il du mal à gérer le fait d’être désiré ? Elle ne savait pas, d’ailleurs, si c’était tant lui qu’elle voulait ou simplement le fait de s’extraire de cette faiblesse qui avait pris son corps. Envie de chasser cet état dans lequel elle ne se reconnaissait pas et qui était une entrave concrète et visible sur son être. Envie de déborder du cadre du patient et du soignant, aussi sûrement, simplement par plaisir de le faire, de voir les réactions de l’autre, de titiller pour s’abreuver des expressions qui traversaient son visage calme et souriant. Une façon, aussi, de faire connaissance, plus avant. Il n’y avait pas que les mots qui étaient capables de révéler qui ils étaient, mais c’était sur cette voie-là qu’il demeurait, alors elle suivait, l’observant avec amusement, tandis que déjà une nouvelle pique pleine d’humour fusait de ses lèvres taquines.

« Bah tu m’as dit que tu m’aimais obéissant, je m’adapte ! »
« C’est tout à ton honneur, vraiment. » souffla-t-elle.

Quant à son patient le plus difficile à gérer...Oh, le portrait qu’elle dessinait de lui en cet instant...Elle en riait intérieurement, sachant pertinemment que ce souvenir finirait par être vu, entendu, ressenti par celui-là même dont ils parlaient. Et à mesure qu’elle dévoilait pour la première fois à voix haute toute sa frustration, n’ayant jamais osé en parler, à quiconque, elle sentait sous ses gestes ses muscles se contracter, s’étirer alors qu’il les faisait bouger, les testait, les réactivait tranquillement en souriant avec douceur. Peu à peu, elle s’était redressée, avait extirpé une jambe, puis l’autre, tentant de l’occuper avec son discours pour se remettre en mouvement, bien décidée à bouger. Bien sûr qu’il savait ce qu’elle faisait en cet instant mais il laissait faire, probablement sûr, déjà, qu’il n’y avait rien à faire pour l’en dissuader ou la faire patienter davantage. La potion aidant, les effets commençant à se faire sentir, Sanae était déjà un peu plus à l’aise avec son corps même si à chaque geste, ses membres protestaient, le froid crissant toujours dans les muscles et la peau, comme si elle s’éveillait d’un très long sommeil dans la neige, passé dans la même position. Un léger rire du côté de Maxence alors qu’elle terminait sa diatribe. Elle ne se posa pas même la question de s’il reconnaissait la patient en question : elle n’en était plus là. Toute son attention était dirigée vers son objectif : se lever putain !

Et c’était sans attendre qu’elle annonça l’instant magique...

« Bien chef ! »

...instant avorté, car déjà elle retombait lourdement sur le canapé.
Plusieurs tentatives, toutes des échecs, alors elle se tournait vers lui pour un brin d’auto-dérision. Si elle apparaissait légère dans son humour, il n’en était rien de la frustration qui martelait ses nerfs. Elle rageait intérieurement, dents serrées. Maxence s’était levé, à côté d’elle, sans faire aucun geste que de mettre ses pouces dans ses poches, le regard attentif à ses mouvements pleins de faiblesse.

Bambi, ouais. Du genre à apprendre à marcher pour la première fois.

« Disons que lui n’a pas traversé la glace quoi. C’est la seule différence que je vois. »
« Putain... » pesta-t-elle en français, mâchoire crispée, épaules légèrement voûtées, mains sur le rebord du canapé, le regard bas. Elle ne le regardait pas directement, secouant la tête en fixant le sol qui était devenu un ennemi, tout comme ses pieds engourdis, comme des boulets. Il déplaça la table et se mit face à elle. Ses prunelles se levèrent vers lui presque avec violence alors qu’il tendait les bras comme des appuis.

Ouais, je sais...je sais que j’en ai besoin...mais ça fait chier.

Un soupir et elle retentait de se propulser, se redressant sur ses jambes qui tremblaient. Ses mains s’agrippèrent aux bras du sorcier, crispant ses doigts sur lui, froissant le tissu, mais il n’y avait pas assez de force dans ses mains pour lui faire mal. Elle voulut faire un pas mais elle retomba presque sur lui, ton front cognant contre son épaule. La sorcière redressa la tête, son visage près du sien, agrippant ses prunelles, sourcils froncés sous l’effort, les nerfs à vifs, sa bouche grimaçant.

« J’espère qu’il va bien. Ton patient. »

La grimace disparut doucement alors qu’un souffle amusé amenait un léger sourire un peu plus tendre. Un petit rire de gorge entre des lèvres presque scellées.

« Y a du progrès disons. »

Un autre soupir alors qu’elle regardait ses pieds.

« Bon, on va au bain c’est ça ? En route mauvaise troupe... »

Lentement, mais sûrement, toujours les mains ancrées sur ses avant-bras, Sanae avançait de concert avec Maxence. Lui, à reculons, et elle qui guidait leur trajectoire, à peu près. Elle avait l’impression d’avoir des enclumes à la place des jambes et chaque pas sur le sol faisait picoter un peu plus ses orteils. Elle grimaça et serra les dents tout le long du chemin jusqu’à la salle de bains, rouspétant entre ses dents qu’il n’y avait pas idée d’avoir un appart aussi grand, que ça aurait été mieux d’avoir un studio, que la route aurait été moins pénible, mais qu’au moins, elle avait du parquet et pas du carrelage et que pour la chaleur, c’était mieux. Un bruit d’aspirateur et des coups portés contre les murs, comme si on déplaçait des choses, se firent entendre dans l’appartement d’à côté et Sanae tourna sa tête, ses yeux lançant des éclairs sur le mur de la cuisine derrière lequel vivait la fameuse Madame Gattleman. Impossible de ne pas faire de remarques sur cette vieille bique qui la soulait trop souvent. Elle maugréa qu’un jour, elle allait se la faire, que ça n’aurait rien d’agréable et que ça n’avait rien à voir avec la façon dont elle voulait se faire l’autre voisin de palier musclé, grand, et beau, et que somme toute, la vieille avait fait son temps et qu’il était l’heure de tirer sa révérence avant qu’elle ne se charge elle-même de lui ouvrir le cercueil. Un petit AVC, une crise cardiaque, une chute dans les escaliers, et caput. Hasta la vista baby. Bye bitches. C’était d’ailleurs devenu son jeu préféré du moment, autre que trouver de nouvelles blagues à faire sur un certain amputé des phalanges : à chaque bruit que faisait la vieille, à chaque remarque, question ou présence intrusive, Sanae énonçait à voix haute la façon dont Madame Gattleman pourrait mourir. Elle en était à la raison numéro 57 : étouffement par des olives meurtrières. Ils étaient presque arrivés à la porte de la salle de bains quand Sanae lui raconta qu’il y avait un mois de ça, Madame Gattleman était tombée malade, une forte grippe, et qu’elle y avait vu un petit espoir mais que la déception avait été cuisante : comme quoi, ces trucs là, ça tenait le coup. Un peu trop d’ailleurs.
A force de parler, le souffle un peu court, Sanae était prise par la toux à nouveau, et plus elle toussait, plus elle râlait qu’à se rythme, elle aurait tout aussi bien pu se mettre à fumer, et que de toute façon, les Supérieurs l’auraient bien avant la cigarette...ou l’alcool, soit dit en passant.

Le dos de Maxence entra en contact avec la porte et il s’engouffrèrent dans la pièce, assez grande, avec une baignoire qui était maintenant remplie d’eau. La température de la pièce était agréable, sans être en trop grand décalage avec celle de son corps, et elle savait que l’infirmier devait déjà avoir tout prévu. Elle n’avait pas besoin de le connaître davantage pour savoir qu’il faisait du bon boulot : la confiance était déjà installée. Ils avancèrent jusqu’à la baignoire et Sanae regarda l’eau par-dessus l’épaule de Maxence.

« On procède comment, tu m’enlèves mes fringues et tu me fais glisser petit à petit dans l’eau comme un nourrisson ou quoi ? »

Quoi ? Elle n’avait pas besoin d’enlever ses vêtements ?
….elle se préparait à la déception.

Un sourire éclatant étira ses lèvres. Elle fit un pas en avant, le rapprochant encore plus de la baignoire, joueuse. « A défaut d’avoir des bulles, j’aurais aimé, au moins, avoir de jolies pétales de rose sur la surface de l’eau. C’quoi ce travail de sagouin ? On dirait quasi un acte médical sans chaleur. T’aurais pu faire un effort, merde. »

Foutage de gueule, le retour.
Tu préférais quand elle se focalisait sur Madame Gattleman, hein ?
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Dim 27 Déc 2020 - 2:03
Le ton était léger, naturel, facile et ce, malgré la conversation. Maxence restait lui-même, sans chercher à brusquer, il laissait même couler la majorité des choses sans même s’en offusquer. Il répondait au tac-au-tac, amusé, sans jamais la moindre once d’agressivité, les yeux rieurs, le regard taquin, là, au dessus de ses lunettes. De ce qu’il pourrait faire de son cul sur un champ de bataille et des accoutrements osés qu’il pouvait y porter aux comportements obéissants en passant par les références à Logan et les répliques aguichantes, c’était toujours la même rengaine : calme serein et amusement sincère. Pour autant, il voyait les choses. Il notait la haine. Il notait les appels à l’aide. Il notait le danger et les propositions. Il notait même l’identité du patient. C’était là sans doute ce qu’il y avait de plus révélateur de son comportement. Oui, il savait, comprenait, entendait. Pour autant, sans une décision de sa part, il serait passé pour ignare. Calme et naïf petit soldat qui laisse couler. Sauf qu’en réalité, il ne laisse pas couler, le soldat. Il prend une partie, la met de côté, s’en nourrit s’en doute un peu. S’en servira, oui, mais en toute bienveillance. Car il y a là dans ce regard joueur un détail qu’on ne peut manquer. Il y a le calme et la bonté. Il est de ceux qu’on peut estimer faibles. Trop mous, peut-être, trop souriants, trop gentils. Pour autant, il voit, il sait, il agit. Simplement, l’ancien infirmier autant que l’ancien soldat sait l’importance de prendre son temps. Il sait que le timing est au moins aussi important que l’acte en lui même. Au moins aussi essentiel que la décision, aussi difficile soit-elle. Posé, il laisse faire. Il se situe en aide, en soutien. Il laisse l’espace et le temps aux autres. Y compris quand ils ne veulent pas. Y compris quand ils sont en colère. Y compris quand ils ne comprennent pas.

Y compris quand ils sont dangereux.
Car il voit, ce meurtrier-là, chaque parcelle d’humanité chez les autres.
Il a beau vivre dans les ombres et le brasier, dans les brumes et le fumier, il croit toujours aux autres, ce fou.
Il croit toujours en l’importance d’une main tendue.

Alors c’était ce qu’il faisait. Posément, sans la presser, sans la brusquer. Et c’était avec un petit sourire sur le visage qu’il apprenait à mi-mot que Logan allait mieux. Son pire patient ? Incontestablement. Benjamin, Enzo ou Alec n’avaient rien à voir avec le mur qu’il avait pu se prendre quelques fois auprès de son ami. La rage meurtrière, elle l’avait déjà percuté. Pourtant il était là aujourd’hui, droit face à Sanae, le regard planté dans ses rétines, l’âme bien debout sur la montagne de cendre qu’était devenue son existence. Et il souriait, paisible âme fatiguée.

S’il faut avancer, c’est bien en compagnie des autres qu’il le fera. S’il faut avancer, ça sera en gardant un œil sur la récupération des muscles affaiblis, en observant de loin les jeunes qu’il avait pu suivre, grandir et se construire, en observant d’un air soucieux les plaies se refermer. S’il faut se reconstruire, il le ferait parmi les autres, en se rendant utile, comme il l’avait toujours fait.

‘Je ne suis pas sur Terre pour tuer de pauvres gens’, citait Boris Vian. Lui était là pour les accompagner.

Et parfois, comme aujourd’hui, il se plongeait tant dans ce rôle qu’il en oubliait l’homme qu’il y avait derrière la vocation. Celui qui esquivait, encore une fois, les regards, les approches. Celui qui n’était plus à l’aise, parce qu’il ne se souvenait plus. Pas qu’il ne voulait plus. Simplement, il n’était plus cette personne là. Le jeune homme charmant, pas vraiment timide, qui aurait pu faire chavirer des cœurs. Parce qu’il avait fuit le sien. Parce qu’il s’était coupé de ses sensations. Parce qu’il s’était réfugié dans le travail, rattrapé par l’horreur, noyé par les responsabilités. Et parce que cet homme-là ne savait pas à qui il avait à faire, il esquissait des détours. Comme s’il ne comprenait pas que c’était bien à lui qu’on s’adressait, comme s’il n’imaginait pas qu’il puisse être objet de désir, il se contentait d’être là, s’en faisant qu’à moitié pour la récupération de Sanae qu’il savait assurée. Alors il lui rendait la réplique à mi-mot concernant ses conneries sur sa voisine. Parce qu’encore une fois, il ne la connaissait pas, qu’il la savait proche de Néolina et que ça lui suffisait comme garanties… mais qu’il avait aussi l’habitude de l’humour noir, parfois pince sans rire de certains de ses patients ou de ses proches. Et parce qu’il connaissait des êtres dangereux qu’il estimait, il savait comme une simple phrase peut parfois cacher bien de noirs desseins. Alors non, il ne plaquait pas de jugement sur ses dires, parce qu’il en faut plus pour déterminer les limites d’une personne et parce que celle-ci semblait avoir des bordures bien brumeuses. Et répondait, cynique parce qu’il avait aussi appris à l’être. On ne sort pas indemne d’un champ de bataille et ses deux carrières étaient imbibées d’un humour noir nécessaire. Oui, Maxence avait appris à vivre sous les balles, et calme et bienveillance en étaient des séquelles autant que des marques d’une résistance farouche. Mais ses qualités semblaient toutes entourées d’une boue acide dans laquelle elles flottaient encore, refusant de s’y noyer tout à fait, remontant sans cesse à la surface pour y demeurer.

Comme l’enfant têtu qu’il avait toujours été.

Finalement, ils avaient atteint la baignoire maintenue à la température qu’il souhaitait à l’aide d’un sort lancé bien plus tôt. Pas un bain classique, bien loin des 37 degrés du corps humain, il était plus bas et il faudrait le réchauffer au fur et à mesure.

« On procède comment, tu m’enlèves mes fringues et tu me fais glisser petit à petit dans l’eau comme un nourrisson ou quoi ? »

Un petit sourire moqueur autant qu’amusé, les sourcils relevés, lui refusant l’idée d’un léger geste de la tête, presque tendre tant il était doux.
Non, je ne vais pas te déshabiller bougre d’idiote tentatrice.
Mais déjà, elle continuait.

« A défaut d’avoir des bulles, j’aurais aimé, au moins, avoir de jolies pétales de rose sur la surface de l’eau. C’quoi ce travail de sagouin ? On dirait quasi un acte médical sans chaleur. T’aurais pu faire un effort, merde. »
« Ben c’est que je n’ai pas voulu trop te déstabiliser non plus. Trop de chaleur c’est pas bon hein, il faut y aller par étapes. J’ai hésité avec les canards aussi, mais j’me suis dit que ça faisait too much.. ! »

Rien qu’un clin d’œil moqueur et il enchaînait.

« Allez amènes-toi, tu vas basculer si tu essayes d’enjamber. »

Le haut de la baignoire était trop haut et il n’avait pas tardé à la soulever, dos au bac, attrapant ses jambes pour la hisser dans ses bras, prêt à se tourner pour l’y glisser… mais s’il n’avait pas compris comment elle avait fait ça, il s’était en revanche bien senti perdre l’équilibre. Un instant, l’ancien soldat avait failli agir pour se rattraper, ses muscles se tendant, son corps engageant un mouvement pour contrebalancer la chute généralisée. Mais il s’était coupé dans son élan, comprenant qu’il risquait de la cogner au passage. Pas le temps d’intellectualiser plus que ça, et déjà il basculait en arrière, tombant le dos contre la faïence, de biais, ses épaules percutant durement les bords de la baignoire avant qu’il ne glisse naturellement dans l’eau, une jambe laissée sur le rebord.

Un grognement sourd lui avait échappé à l’impact, son corps encaissant le choc, les paupières closes, les mâchoires serrées, avant de se laisser glisser dans la flotte. Ça ne servait pas à grand-chose de lutter maintenant après tout.

« J’te remercie pour mon téléphone. »

Est-ce que ça avait été son premier réflexe ? L’attraper et le balancer hors de l’eau avant d’être tout à fait englouti par le corps qui se trouvait au dessus de lui ? Tout à fait.
Truc de né moldu….
…Et du médecin qui se surprends encore de découvrir des personnes improbables lui envoyant des messages d’urgence.

Ça, ça avait été sa première pensée. La seconde concernait le contrôle de la température sur son corps, heureusement peu immergé puisque le sien faisait barrière.
Et la troisième le concernait, justement, ce corps sur le sien.

Glacé. Ce qui en dessinait les contours plus facilement à travers la chaleur de son propre épiderme. Léger instant de latence intellectuel en accrochant son regard.

« C’était ce que tu prévoyais depuis que j’ai parlé du bain, avoue. »

Du moins depuis ses piques salaces répétées.

« T’aurais pu te péter un truc. »

Pas comme si elle en avait quoi que ce soit à foutre, il l’avait bien compris. Et c’était sans doute pour ça qu’il lui énonçait ça avec un petit sourire moqueur et non un ton agacé, sardonique ou moraliste. C’était juste un fait, apposé là avec humour, le mettant sans doute lui en défaut au moins autant qu’elle. S’il aurait été hypocrite de dire qu’il ne l’avait pas vue venir… ça l’aurait été également de dire qu’il l’avait tout à fait anticipé, prenant ses avances au sérieux.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Jeu 7 Jan 2021 - 13:04
Peut-être y avait-il un avantage à être dans la position de patiente…Un avantage à être celle dont on s’occupe et pas celle qui s’occupe des autres. Un avantage à être celle qui parle plus qu’elle ne fait parler. Elle pouvait bien détester la faiblesse temporaire, haïr son corps englué dans le froid qui la quittait trop lentement, Sanae s’épanchait en cet instant avec bien plus de facilité qu’elle n’aurait pu penser. Sans doute était-ce ce lien étrangement intime qui prenait place entre eux dans une situation imposée, nécessaire. Ou peut-être cela venait-il du fait que le sorcier était quelqu’un qui écoutait, patiemment, sans jugement, doux et tranquille, mais terriblement attentif. Terriblement, oui. Elle savait, pour avoir été longtemps dans sa position, ô combien certaines oreilles enregistraient les informations qui arrivaient tout droit vers l’âme, accueillies dans une bienveillance naturelle. Il écoutait, continuant ses soins, guidant les premiers pas, encaissant la frustration, les provocations, ou les banalités dans un calme qui semblait le caractériser si bien. Pourtant, elle ne croyait pas une seule seconde qu’il était quelqu’un de faible. Tous les rocs n’étaient pas monstrueux, menaçants ; toutes les montagnes n’étaient pas difficiles à arpenter, à grimper. Et tous les silences n’étaient pas des gouffres ou des piques fracassantes : ils pouvaient être légers, doux, et donner envie de s’y glisser un instant. Si elle ne détestait pas tant sa propre fragilité, si elle ne tentait pas de se défaire de sa propre frustration, elle n’aurait pas cherché à combler ces silences. Elle aurait profité de leur quiétude troublée de quelques rires. Un pansement, éphémère, sur une plaie ouverte.

Alors oui, elle avait déblatéré ses histoires tout le long du chemin les menant jusqu’à la salle de bains ; parlant sans s’arrêter, râlant, maugréant, serrant les dents dans les efforts coûteux du corps qui se mouvait difficilement. Et enfin, la porte fut poussée et ils avancèrent tranquillement, pas à pas, vers la baignoire remplie et prête, n’attendant qu’eux. Oui...qu’eux.
Et les pétales de rose, elles sont où ?

« Ben c’est que je n’ai pas voulu trop te déstabiliser non plus. Trop de chaleur c’est pas bon hein, il faut y aller par étapes. J’ai hésité avec les canards aussi, mais j’me suis dit que ça faisait too much.. ! »Un large sourire étira ses lèvres, mains toujours crispées sur ses avant-bras. Elle allait ouvrir la bouche pour lancer une dernière boutade mais il ne lui laissa pas le temps, lui adressant un clin d’oeil qui la fit sourire davantage.

« Allez amènes-toi, tu vas basculer si tu essayes d’enjamber. »
« Je suis douée pour enjamber pourtant. »

Quoi ? Oh, vous voyez le mal partout…

La suite se passa de mots. Il attrapa ses jambes pour la hisser plus haut, tout contre lui, et ses muscles protestèrent en silence alors qu’elle serrait les dents dans une sorte de sourire grimaçant, mais plein de malice car déjà, elle sentait l’envie, bien trop forte pour la repousser, de retourner la situation. Le bain...bonne idée Max...avec n’importe qui d’autre. Mais avec elle, cela ne faisait aucun doute qu’il y avait bien plus qu’un soin nécessaire de renouer avec la chaleur...ou alors, si, renouer avec une chaleur humaine, tout aussi nécessaire, et bien plus délicieuse encore. Il s’était préparé à se retourner pour la glisser dans l’eau précautionneusement, mais elle avait d’autres plans. D’autres trajectoires. Il ne fallut que quelques secondes pour le faire basculer en arrière : sa poitrine l’avait percuté, faisant peser le poids de son corps sur lui, pour l’entraîner dans une chute irrésistible. Oui, pour elle, l’idée avait été irrésistible ; trop tentante. La curiosité l’avait piqué un instant dans leur conversation, dès la mention du bain, et elle ne l’avait pas lâché depuis.

Agrippés l’un à l’autre, leurs corps tombèrent dans la baignoire dans un impact douloureux ; plus pour lui que pour elle. Le sorcier retomba dans l’eau, son dos percutant la baignoire, jambe par-dessus le rebord, tandis qu’elle s’étalait sur lui, ses genoux entrant en contact avec l’eau tempérée, ses mains attrapant les épaules de l’infirmier, son front cognant contre son torse. Il se laissa glisser dans l’eau, abdiquant, et elle sentit ses jambes faire de même : l’eau vint picoter violemment sa peau et un souffle passa ses lèvres. Si l’eau avait été plus chaude, ses membres l’auraient brûlé, et elle aurait senti le contact plus vif encore dans le contraste des températures ; mais le sorcier avait tout prévu, et l’effet était amoindri, mais présent.

« J’te remercie pour mon téléphone. »Il avait eu le réflexe de le balancer avant de glisser complètement dans l’eau et elle était assez impressionnée de la rapidité de ses gestes. « De rien. Toujours là pour servir. » s’amusa-t-elle.
Sanae se redressa légèrement sur lui, n’osant glisser ses mains dans l’eau, les gardant sur les épaules du sorcier qui n’étaient pas immergées. Elle avait plié les genoux de façon à ce que ses pieds ne soient pas encore dans l’eau, demeurant à la surface. Pas prête à glisser les extrémités les plus froides dans le bain...chaque chose en son temps. Son ventre, ses cuisses, ses genoux et ses coudes, eux, sentaient la morsure, atténuée, de l’eau. La sorcière releva le visage vers lui, proche du sien, un sourire aux lèvres.

« C’était ce que tu prévoyais depuis que j’ai parlé du bain, avoue. »
L’élargissement du sourire aurait pu y répondre à lui seul. « J’avoue tout Monsieur. » souffla-t-elle contre sa mâchoire, son regard l’attrapant sans lui laisser d’autre choix. Elle le voyait réaliser la situation, comprendre que leurs corps étaient collés étroitement l’un à l’autre, dans un bain qui n’attendait qu’à dessiner un peu plus les courbes, à rendre les vêtements collant et transparents. Ne l’avait-il pas anticipé, lui, si attentif ? Etait-il si loin de l’idée concrète qu’il puisse lui plaire au point d’en arriver là ?

« T’aurais pu te péter un truc. »La moquerie parsemait ses mots, étirait légèrement son visage, trouvant un écho sur le sien. « Hm..quel dommage, tu aurais du rester encore plus longtemps pour t’occuper de moi. » susurra-t-elle. « Et puis, un bain te fera tout autant de bien qu’à moi. »

Une main glissa dans sa nuque, son regard toujours terriblement ancré dans ses prunelles.
« C’est si difficile à imaginer Max ? ... » Un instant de pause, entre ses lèvres. « ...que tu puisses me plaire ? » Apparemment oui, sinon il aurait réagi avant, sinon il l’aurait prise au sérieux. Alors il fallait énoncer ce qui était évident... « Laisse-moi te rappeler qu’il y a plusieurs manières de réchauffer un corps... » Ses lèvres frôlèrent les siennes, lentement. Il y avait des hommes qu’il ne fallait pas effrayer. Elle aurait pu se montrer plus directe encore, plus abrupte, mais la douceur appelait la douceur, et s’il fallait cet effort pour avoir ce qu’elle voulait, elle le ferait...jusqu’à ce que l’issue soit scellée.
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Ven 8 Jan 2021 - 19:10
La morsure de la faïence dans son dos, agitant ses muscles grinçant à l’impact, s’était répercutée dans tout son organisme. Ses gestes vifs montraient bien qu’il était capable d’une certaine rapidité de réaction. La précision militaire était toujours là, ancrée par des années d’entraînement. Assez pour comprendre la chute bien avant qu’elle ne soit engagée. Assez pour ne pas lutter contre elle, assez pour choisir délibérément de se laisser tomber plutôt que de risquer de la blesser par un geste mal maîtrisé.  

« De rien. Toujours là pour servir. »
« Toujours là pour sévir surtout ouais.. »

A une lettre près on est bons.
L’humour était toujours là, masquant sans doute une certaine surprise chez l’ancien militaire. Un certain malaise. Alors il s’accrochait aux détails techniques, à sa santé, à la survie de son téléphone, au fait qu’il faille pouvoir le contacter malgré tout, au fait qu’elle avait pu se déchirer quelques muscles en provoquant la chute ou lors de l’impact. Au fait qu’elle devait préserver les extrémités de son corps pour l’instant, chose qu’elle faisait. Il repoussait. Comme un adolescent pris de court, incapable de comprendre qu’on s’intéressait réellement à lui. Pourtant, il n’avait plus rien de cet être moins sûr de lui qu’il n’y semblait. Ce n’était pas le manque d’expérience qui parlait, ç’en était le trop plein. C’était l’enfer du passé, la violence du vécu qui vient emmurer l’homme pour n’en laisser qu’un soldat. Bridé. Brisé, peut-être.
Le chaos du terrain, oui. Bien autant que le tumulte d’une rupture toujours vive. On dit qu’il faut avancer, qu’il faut aller de l’avant. Dix ans à faire comme si c’était simple. Dix ans à la fuir, pourtant, à préférer l’enfer des balles que celui de son absence.

Alors il en bridait des pensées, des sensations, des sentiments. Pour se faire insensible.

Assez pour que ce corps qui se redressait doucement sur le sien, s’approchant de ses lèvres, accroché à ses épaules, l’effleurant dans la chaleur d’un contact trop intime pour être normal… le prenne de court.

« J’avoue tout Monsieur. »

Un souffle lâché contre sa mâchoire, le regard qui accroche le sien, le capture, le fait sien. Oui, il réalisait. Comme à retardement, maintenant qu’il n’y avait plus rien à quoi s’accrocher. Ultime tentative de ramener le sujet à sa santé. Un coup d’épée dans l’eau, une mesure réflexe, une moquerie sans réel impact.

« T’aurais pu te péter un truc. »
« Hm..quel dommage, tu aurais dû rester encore plus longtemps pour t’occuper de moi. »

Le tissu qui se colle à l’épiderme, le regard qui le capte, aux bordures du champ visuel toujours englouti par ces prunelles qui l’accrochaient, le dévoraient.

Tu ne peux plus fuir. Tu ne peux plus nier.

« Et puis, un bain te fera tout autant de bien qu’à moi. »
« Quoi ? J’te parais stressé ? »

Un souffle amusé, qui venait se perdre sur ses lèvres, si proches. Et il déglutissait, comme l’adolescent qu’il n’était plus, lorsqu’elle passait sa main contre sa nuque. Glacée, si froide qu’elle apparaissait comme plus présente encore. Comme un contact anormal.
Pas stressé, non. Emmuré. Ecartelé. Bouffé de démons qui n’avaient cessé de dresser entre lui et le monde bien des barrières. Comment peut-on être si humain avec les autres et si peu avec soi-même ? Ouvert, attentif, conscient des besoins des autres… et totalement étranger aux siens.

« C’est si difficile à imaginer Max ? ... » Un instant suspendu entre ses lèvres, une évidence qui n’attendait que d’être énoncée, comme pour le mettre dos au mur. « ...que tu puisses me plaire ? »

Alors ? C’est si difficile à imaginer ? Que tu puisses plaire. A elle, à d’autres ?

« Il faut croire.. »

Plus de l’autodérision qu’autre chose.

Apparemment, oui. Ça ne l’effleurait jamais réellement, toujours jeté loin de ces considérations, ne se rendant compte que bien trop tard qu’il aurait pu se passer quelque chose, qu’il le souhaitait même, peut être. Laissé hors de sa propre existence, il était devenu outil bien avant d’être Homme. Fonction. Emploi. Comme s’il avait décidé de laisser l’existence aux autres, ne s’y mêlant que par moments, sans véritablement se rendre compte d’à quel point il restait loin des autres, des implications sociales quand, pourtant, il ne cessait d’être sociable, ouvert, amical, bienveillant.

C’est étrange non ? Ce que l’on peut faire pour se protéger.
Regarder les autres se construire et ne pas capter la déconstruction progressive de sa propre existence.

« Laisse-moi te rappeler qu’il y a plusieurs manières de réchauffer un corps... »

Les mots portés à son esprit, insufflés directement dans ses nerfs, ses lèvres venues effleurer les siennes, son corps qui se tendait contre le sien pour l’atteindre, glacial dans la chaleur de l’eau, les sensations glissaient sur son épiderme, l’enveloppaient doucement d’envies.

Lequel fallait-il réchauffer, au juste ? Le sien, plongé dans l’eau glacial, apporté aux portes de la mort... ou le sien, qui avait tellement circulé parmi les morts qu’il avait fini par s’oublier. Qui avait tellement voulu retrouver son ex qu’il en avait oublié qu’il pouvait continuer d’exister.
Ses mains s’étaient refermées sur ses hanches sans qu’il ne sache véritablement quand il avait fait ça. Simplement, il captait parfaitement les légers courants qui faisaient onduler le tissu contre son pouce, le séparant encore de son épiderme.
Encore.
Comme si la décision était déjà prise.
Encore.
Comme un cri de ses lèvres qui se refermaient sur les siennes, les cherchaient, la désirait, elle, à mi-mot pourtant.

Rien que le temps de réaliser. Rien que le temps de pincer les lèvres, de se dégager, lâchant dans un souffle un rappel.

« Tu es amie avec mon ex. »

Comme un rappel à la morale, un avertissement. Comme s’il n’avait jamais cessé d’être celui qui ramenait l’éthique sur le tapis, posait les barrières, imposait une retenue.
Celui qui se bouffait pour laisser la place aux autres, pour les préserver, les protéger.
Celui qui, pourtant, possédait bien une petite voix, atroce, qui lui tapait dans le crâne depuis ses quinze ans.

Elle s’en fout.
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Maxence Lukas Wargrave
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Maxence Lukas Wargrave
Lun 18 Jan 2021 - 20:37
« Toujours là pour sévir surtout ouais.. »

Le coin de ses lèvres se rehaussa d’un léger sourire amusé. Un sourire destiné davantage à elle-même. Oui, sévir...oh, comme il le disait si bien. Amusant, non ? Servir...sévir. Elle trouvait en cet instant que ces deux mots résumaient bien la situation. Elle avait longtemps servi les autres, servi les bonnes causes, et voilà qu’à présent elle sévissait comme une tornade, s’éveillant pour tout détruire, ravager, et puis se calmant, le vent se faisait plus doux, le calme reprenait ses droits. Mais en elle, en elle...la tornade sévissait toujours. Petites tornades, grandes tornades...chaudes, froides...Aucune importance. Tout ce qu’elle désirait, c’était tourner avec quelqu’un d’autre, ravager avec quelqu’un d’autre...ou alors, ravager l’autre et être ravagée elle-même. Tant de manières d’y parvenir.

Avec lui, ce n’était pas le moment de laisser la rage prendre place ; pas le moment de cogner, de tordre, de hurler...ou peut-être si, mais autrement. Le vent chaud dans ses propres veines, contrastant avec la froideur de sa peau, voulait s’insuffler en lui ; on brûlait bien mieux à deux. Seule, le feu se mourrait de n’être pas partagé. Son feu, à lui, s’était-il alors éteint ? Au combat, on avait forcément du mal à se réchauffer ; les désirs étaient laissés à l’abandon, en arrière-plan, et il fallait alors se concentrer sur la survie des autres et de soi, en quelque sorte. Oui, en quelque sorte...Quel genre de survie y avait-il lorsqu’on s’effaçait ?

Peut-être était-ce la raison de cette facilité entre eux qui se faisait jour...Elle voyait en lui des choses qu’elle connaissait ; n’était-ce pas pour cela qu’on parlait, qu’on se liait à ceux qui pouvaient bien se trouver là, dans un espoir fragile de trouver une chose similaire, familière, à laquelle se rattacher ? Et puis au fond, sans doute y avait-il un profond désir de se comprendre soi-même à travers eux. Oui, si elle pouvait les comprendre...peut-être pourrait-elle comprendre qui elle était vraiment, non ?

Bascule avec moi, on aura plus chaud à deux.

Ce bain, il était nécessaire pour elle autant que pour lui sûrement.

« Quoi ? J’te parais stressé ? »

Son souffle amusé se répercuta sur les lèvres du sorcier alors que ses prunelles ne le lâchaient pas. Elle secoua légèrement la tête. Non, pas stressé.
« Fatigué. » susurra-t-elle. « Oublié. » Ses yeux n’en finissaient plus de vouloir l’engloutir. « Effacé. » Sa main s’était glissée sur sa nuque, caresse glacée, et ses doigts s’imprimèrent sur lui sans violence. « Il faut se laver de tout ça parfois Maxence. »

Se laver de la boue des combats, de la puanteur de la peur, des regrets poisseux, des absences, des anciens démons qui collent à la peau plus que la crasse. Se laver des habitudes, aussi. L’habitude de faire passer les autres avant soi-même, et profiter d’un coin d’eau pour se décharger de tous les poids du monde. Juste un instant.

La fièvre d’exister semblait vouloir se transmettre, se propager d’âme en âme. Peut-être qu’à plusieurs, ils auraient toutes les réponses.

Mais elle le voyait, il s’étonnait du désir, ne savait plus comment le gérer tout à fait. Se sentir désiré était quelque chose de nouveau...quelque chose d’oublié qui revenait alors ? Elle l’avait découvert si récemment qu’elle comprenait le sentiment : comme c’était étrange de voir dans les yeux de l’autre cette étincelle qui voulait dire « Je te veux. ». Juste ces trois petits mots balancés dans un regard, dans une caresse, dans un effleurement de lèvres. Trois mots qui n’impliquaient que l’instant, que le plaisir d’être désiré, et de désirer, dans un échange simplement humain.

Alors, était-ce si compliqué à imaginer ?

« Il faut croire.. »

Un léger sourire, presque doux, lui répondit dans une compréhension muette. Là...ils se dirigeaient vers ce qui n’aurait bientôt plus besoin de mots. Doucement, sans vraiment avoir l’air de s’en rendre compte, le sorcier avait glissé ses mains sur ses hanches, sur le tissu trempé qui dévoilait les courbes. Courbes qui n’attendaient que d’être réveillées par la chaleur de ses mains. Et ses lèvres, encore fraîches, cherchaient les siennes en les effleurant, mêlant son souffle au sien sans quitter son regard. Une proposition tout en douceur, contrastant avec ses manières habituelles. Elle se laissait guider par l’envie intuitive et elle l’invitait à faire de même.

Et il répondait, prenant un instant ses lèvres, faisant sursauter quelque chose dans son ventre.
Petit souffle de vie partagé.
Sa main se resserra sur sa nuque, cherchant à l’attirer plus à elle, mais il se dégagea bien vite. Un autre sursaut le prenait, lui. Au fond de ses prunelles, le doute, l’incertitude tourbillonnaient soudainement malgré l’envie. Il pinça les lèvres, comme pour les garder de se lier aux siennes à nouveau.

« Tu es amie avec mon ex. »

Sa main glissa sur son épaule, sur son torse en même temps que ses yeux glissaient sur son visage aux traits tirés. L’eau vint picoter son coude, son avant-bras mais elle préférait ignorer ces sensations pour se concentrer sur d’autres.

« C’est vrai...ton ex... » Elle soulignait le mot, lui donnant toute sa signification. Une histoire terminée. Ou en suspend. Peu importait. « Tu es un homme libre et moi une femme tout aussi libre. Cette liberté n’a aucun sens si tu n’en profites pas. »

Alors elle se hissait un peu plus, enserrant de ses genoux sa taille, pour reprendre sa bouche. Ses doigts agrippèrent le tissu de son haut. Souffle accéléré, lourd et rapide. Ses lèvres goûtaient les siennes, les découvraient, savourant leur chaleur autant que la brise du désir qui picotait sa peau autant que l’eau du bain. Les pointes de ses longs cheveux noirs se trempaient, flottaient à la surface, et son autre main vint agripper son épaule, pressant légèrement. Son bassin, déjà, le cherchait, venait attiser ce désir qui ne demandait qu’à se déployer en eux. Après tout ça...après la noyade, le froid, l’impuissance et l’immobilité, la faiblesse et la frustration, la sorcière avait besoin de retrouver un corps contre elle. Besoin de cette chaleur humaine qui manquait si fort parfois, même dans ses envies les plus dévastatrices. Et lui, lui avait tout autant besoin de se retrouver en contact avec un autre, de cesser d’être seulement un soignant, un confident, un ami, un mec bien qui prend toutes les responsabilités...un soldat. Pour réveiller ses membres, elle avait besoin que les siens s’activent aussi. Tout comme l’envie, tout comme le désir de brûler, juste un moment, dans l’intimité de deux personnes qui avaient beaucoup donné en s’oubliant et qui découvraient alors qu’ils avaient le droit d’exister en dehors des charges et des barricades. Si elle l’avait compris, il le devait aussi. Il devait renouer avec la vie qui voulait circuler comme un flux puissant.

Pourtant, cela n’avait rien de violent, rien de brutal. Sans doute n’en était-elle pas capable...ou peut-être, qu’elle n’en avait pas envie pour l’instant. Peut-être était-elle troublée, au fond, par l’humanité qui suppurait de chaque pore de la peau du sorcier comme du miel. Ce miel, elle venait le goûter de ses lèvres dans ce cou qu’elle explorait, soupirant contre lui d’aise.
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Dim 14 Fév 2021 - 17:22
Elle est étrange, cette volonté d’aller trouver ce qui ne va pas. Qu’elle est bizarre, cette habitude, ce toc, cette névrose que de vouloir trouver l’anomalie, le défaut, la faille. Parce que c’était exactement ce qu’elle faisait, en cet instant. Elle tapait précisément sur cette fêlure qui sévissait en lui depuis bien des années. Elle l’avait trouvée, immédiatement, avec l’habileté du soignant qui sait, qui voit, qui reconnait, patient après patient, les blessures, les identifie, les soigne. Sauf qu’elle n’était pas forcément là pour soigner. Mais les habitudes ont la vie dure, elles s’insinuent en nous comme une part de qui nous sommes, un bout de notre personnalité, une fraction d’un tout. Ou peut-être était-ce pour cela qu’elle cherchait les fractures de son être. Parce qu’elle connaissait les siennes, en cherchait le miroir, le guide, la compréhension. Avait-il seulement les réponses, lui et son calme, ses acceptations douloureuses, pragmatiques, mais réelles. Il en avait affronté, bien des tempêtes et s’il lui semblait tanguer, prêt à se renverser par moment, il donnait pourtant une apparence bien différente pour qui se prendrait à l’observer. Calme, souriant, confiant presque, il acceptait les traumas de la vie comme s’ils n’étaient que de simples vaguelettes qui venaient l’arroser. Pourtant le liquide était vermeil et le souffle venait parfois à lui manquer. Mais il avançait.

C’est ça que tu veux Sanae ? Avancer ?
Trouver ta faille, la combler, effacer le vide, abreuver la fissure, emplir les trous qui se dressent sur ton chemin pour peut-être, enfin, pouvoir trouver un moyen de les passer, ces vides qui emplissent manifestement ta vie. Peut-être cherches tu juste quelqu’un pour t’aider à sauter, te réceptionner, te voir franchir les étapes d’une vie trop lourde à porter. Quelqu’un qui n’est pas là aujourd’hui alors qu’il le devrait, parce qu’il n’aurait pas dû t’abandonner, te laisser de côté face à tous ces obstacles infranchissables. Des obstacles desquels il n’est peut-être pas étranger. Ça fait mal d’être seul. Ça fait mal d’être oublié. Ça fait mal d’être délaissé.

Oui, ça fait mal. N’est-ce pas Maxence ?

« Fatigué. » susurra-t-elle. « Oublié. » Oublié, il l’était. Fatigué, il l’était. « Effacé. » Des mots qui tapaient juste, en plein dans la faille, en plein dans le manque, en plein dans l’oubli. L’oubli de soi, celui qu’il pratiquait depuis tant d’années. « Il faut se laver de tout ça parfois Maxence. » Se laver du sang des blessés, des abandonnés, des meurtris, des assassinés. Se laver de la boue des tranchées. Se laver des cendres des aimés.

Perdu dans l’encre de ses yeux, il déglutissait en silence, sans chercher à fuir sa propre réalité. C’était une force, sans doute, que de se faire face, de s’accepter, avec ces failles qui blessent, qui déraillent. Et pour chaque mot, il les sentait vibrer en lui, ces fractures qui ne cessent jamais vraiment de s’alourdir, de s’allonger, de fissurer dans les âmes délaissées. Mais pour chaque mot, il entendait surtout un appel à l’aide, une demande à peine évoquée, susurrée comme une envie, comme un mensonge, soufflée comme un râle. Parce qu’elle manquait d’air. Parce qu’elle disparaissait, elle aussi, la flamme qui englobait tout et cherchait à bouffer le monde se ternissait, passait le voile par moment, trop attirée par le monde des ombres pour réussir vraiment à s’en cacher.

La glace d’un lac, geôlière, meurtrière, n’était-elle qu’une porte pour les rejoindre ? La question autant que l’évidence glissait le long de sa nuque en même temps que ses doigts glacés.

Tu t’enfuis, Maxence. Tu t’éloignes, tu t’accroches à ce qui compte, cette attente désespérée, ce besoin d’attention, cet enfant qui hurle dans les ténèbres et attend qu’on vienne l’en extirper. Toi qui crois faire face, tu fuis pourtant tant et tellement. Tant de peur, tant d’attentes oubliées, tant de pudeurs mensongères. Tu n’es pas comme ça, tu ne l’as jamais été. Tu fuis simplement cette évidence qui se crashe de ses yeux à ses gestes, de ses lèvres à ses doigts, des effleurements aux mots silencieux. Parce que tu t’accroches aux maux, Maxence, tu t’effaces, encore, emporté par le vieux démon de la bienveillance. Tu t’oublies, tu t’écrases, tu t’étouffes. Et ça n’est pas normal de se tordre, de se tuer ainsi. Crois-moi elle le sait. Crois-moi, ces prunelles de jais le clament, le hurlent, l’éructent. Cesse de tomber dans ce piège, cesse de t’ensevelir.

Noies-toi, à ton tour. Dans l’encre de son désir.


Alors il prenait ses lèvres, s’abandonnant à un geste qu’il n’avait pas osé depuis bien des années, trop enfermé qu’il était dans un rôle qui avait de l’importance, lui ressemblait, mais l’étouffait. Mis de côté, oublié, éraillé, il s’essoufflait à se céder aux autres sans cesse. Et pourtant, ils revenaient sans cesse, comme un rappel à la réalité, une inquiétude obsédante de blesser quelqu’un, de ne pas faire ce qui serait le mieux pour lui. Pour elle, en cet instant. Néo qui revenait dans ses pensées, s’accrochait, cognait dans ses neurones pour lui rappeler que ça n’était pas bien, qu’il ne pouvait faire ça, que ça n’était pas éthique.

Néo qui pourtant ne s’en privait pas, prenant ce qu’elle voulait, ce dont elle avait besoin, capable de faire céder les digues de la morale quand il s’y conformait toujours parfaitement. Comme le bon soldat qu’il était.

Et pourtant le soldat avait dit non, avait refusé d’avancer en cadence, avait tourné le dos à une existence qu’il avait pourtant appelé de toute sa volonté.

« C’est vrai...ton ex... »

Alors les ordres stupides, il savait les identifier, savait comprendre quand il suivait une voie qui n’avait pas de sens. Et c’était le cas en cet instant. Qu’est-ce qu’il cherchait à respecter au juste ? Sa sensibilité ou simplement l’apparence qu’il se donnait.

T’en as pas marre d’être quelqu’un de bien ? D’être toujours parfaitement dans les clous ? De te conformer strictement à la morale ? Si, bien sûr que si. Comme n’importe qui.

« Tu es un homme libre et moi une femme tout aussi libre. Cette liberté n’a aucun sens si tu n’en profites pas. »

Et c’est parce que tu es fait de chair et de sang, de failles et d’envies, comme n’importe qui, que tu ne la repousse jamais vraiment. Tu ne vas pas la chercher, mais tu ne te dégages jamais véritablement. Et parce que ça n’est pas une tare que de céder, de vouloir, de prendre et d’accepter, alors tu te laisseras emporter par sa tempête.

Car certaines tempêtes détruisent des existences, mais d’autres ravivent des braises. Et la chaleur est par moment essentielle.

« Tu marques un point.. »

Des mots prononcés d’une voix légèrement plus grave, marquée par un désir qui courrait déjà dans tout son organisme, trop longtemps ignoré, trop souvent dénigré.

Elle se redressait, l’enserrait un peu plus entre ses cuisses qui retrouvaient doucement leur force, leur mobilité, trouvait ses lèvres, les gouttait, les prenait, sa main glissant sur son torse, déclenchant un long frisson en lui. Le corps s’éveille, refuse l’étau des convenances, se fout de l’impact, se moque des plaies et des fêlures, réclame son dû. Car si Maxence s’inquiétait des conséquences de ses propres actes, il s’était simplement tu, avait détourné le regard et encaissé les manques, la jalousie et la frustration. Peut-être ce baiser prenait-il un léger goût de vengeance, bien plus sur la vie que sur Néolina. Bien plus sur lui-même, sur son immobilité, sur sa frilosité, sur ses manques que sur ceux de qui que ce soit. Alors quand sa main se posait sur son épaule, les siennes remontaient le long de ses jambes, plissaient le tissu trempé, remontaient sur celui qu’il avait séché un peu plus tôt, laissant des traces d’humidité tiède qui perdaient vite en température sur cet épiderme gelé qui peinait tant à se réchauffer.

Ses gestes étaient donc parfois hachés par la raideur des muscles encore ankylosés, comme ceux de son bassin qui éveillait le sien, gonflant le désir dans ses reins, griffant ses nerfs d’attentes trop souvent ignorées. Pourtant ses mains n’hésitaient pas, douces, calmes dans leurs mouvements, tendres même, explorant un corps inconnu, s’arrêtant dans ses cheveux alors qu’elle s’attardait sur son cou. Un souffle lâché sur sa peau glacée alors qu’il traçait les lignes de ses courbes, effleurant, caressant l’épiderme gelé, y laissant un trajet de peau plus tiède, réchauffée par ses mains brûlantes, chauffées par l’eau du bain autant que par le désir qui cognait déjà jusque dans ses tempes. Chaque fois qu’elle se redressait,  le tissu de son haut collait à sa peau, traçant les marques d’un corps si parfait, sculpté par des années de sports intenses. De compétitions assumées, de rigueur marquant son corps jour après jour jusqu’à maintenant. Ses doigts entouraient ses hanches, traçaient ses muscles, remontaient sur ce corps fin, jusque dans son dos, soulignait la courbe de sa poitrine, un pouce butant sur le renflement érigé alors qu’il prenait de nouveau ses lèvres, à son tour cette fois, embrassant son cou, sa gorge, remontant jusqu’à son oreille pour redescendre plus au sud, traçant sa poitrine de ses mains aventureuses, passées sous le haut, cherchant sa peau encore trop froide. Ce contraste cognait à sa conscience, rappelant les circonstances, illuminant la notion de danger, d’obligation de douceur dans sa conscience. Et à chaque instant, il lui semblait laisser sur elle le tracé de son désir, dessinant sur son corps des arabesques de normalité, comme si ce corps revenait parmi les vivants à travers le désir qui le secouait. Le sien, le leur, à vrai dire, le constat était plus ou moins le même en cet instant. Leurs cœurs battaient, s’acharnaient à insuffler la vie, le désir et l’envie.

La liberté et la chaleur d’une humanité trop souvent décriée.

Peut-être était-ce là exactement la seule nécessité de deux organismes trop souvent muselés. Malmenés. Dans le passé, le futur ou le présent, le résultat était le même, il se muait en un besoin évident. Celui de l’autre.
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Maxence Lukas Wargrave
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Sam 20 Fév 2021 - 12:08
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Mar 23 Fév 2021 - 16:28
Est-ce qu’il l’avait accepté ? Le déni de soi, la violence, parfois, de se renier pour permettre à l’autre d’exister ? Est-ce qu’on peut réellement être cette personne, ce parangon d’éthique, d’une perfection inaccessible, violente même par sa seule existence. Par sa seule imposition. Est-ce qu’il ne cherchait pas à atteindre également une égoïste satisfaction de faire mieux que les autres, de faire mieux que ce qu’il est réellement ? Est-on jamais satisfait de qui on est ? Toujours partagés entre l’image à atteindre et celle à parfaite. Toujours blessé par soi autant que par les autres. Toujours épuisé de ne pas réussir à atteindre l’horizon, l’acceptable s’éloignant en chaque instant un peu plus, engloutis par le poids des responsabilités, des occasions manquées, des soutiens impossibles. Maxence avait fait le deuil d’une certaine forme de perfection, d’un astre plus que d’un fantôme. Le deuil de celui qu’il n’arrivait pas à atteindre. Bien sûr que crachait par moment en lui la fureur de l’étouffement.

Il était celui qui n’en faisait jamais assez.
Celui qui s’était planté, encore et encore.
Avec sa famille, avec ses amis, dans ses relations amoureuses, dans sa carrière.
Celui qui portait chaque jour le poids de millions de gouttelettes vermeil venant tâcher son âme bien plus que sa peau.  
Celui qui avait fuit.

Non, Maxence n’était pas en paix. Non, Maxence n’était pas serein. Non, Maxence n’était pas un modèle de réussite.

Et pourtant, il tenait. Pourtant, il refusait de rejeter les autres, de quelque façon que ce soit. Là où Sanae attaquait, il tendait la main, inlassablement. Sans doute parce qu’il n’y avait qu’ainsi qu’il se reconnaissait. Qu’ainsi qu’il trouvait un sens à ses actes, ses pensées. Ses erreurs.
Sans doute parce que c’était la seule voie pour s’accepter, pour ne pas s’effondrer, pour ne pas perdre pied face aux échecs, justement. La seule façon de se tolérer. Quand la colère revêtait la forme de l’émancipation chez Sanae, c’était le calme qui devenait un refuge pour Maxence. Si son âme se mettait à brûler avec autant de virulence que le monde le faisait, là, à l’extérieur, alors il n’y aurait simplement plus rien d’autre à sauver. Plus nulle part où apprendre à respirer. N’est-ce pas ce qu’on fait tous, durant toute notre existence ? Apprendre. Chercher la solution pour rendre le lendemain plus acceptable.

Bien sûr, il s’était nié. Bien sûr, il avait assoupis ses propres besoins au profit des autres. Parce que là il y avait un sens. Parce qu’un enfant abandonné cherche parfois simplement à acquérir de l’importance aux yeux des autres. Mais Sanae ne savait pas à quel point ils étaient semblables sur ce point. Les familles d’accueil, il avait connu, tout autant que les démarches administratives, les attentes seul dans un bureau froid alors qu’il entendait les adultes parler de choses qu’il ne comprenait pas. Il intégrait, bien sûr, le petit Maxence, qu’il ne reverrait pas sa mère. Il savait, comme un brouillard, un crochet dans le cœur, une balle logée dans sa gorge, sans qu’il n’en comprenne véritablement le sens. Il connaissait l’inquiétude, les nuits froides d’humanité, la solitude, l’incompréhension.

Et il savait ce monstre immonde qui grandissait en lui sans jamais cesser de murmurer une simple vérité. Une évidence qui vous terrasse n’importe qui. Un simple fait dont les mots claquent sur la conscience, fouettent l’âme, y laissant des traces sanglantes :

Tu n’en vaux pas la peine.

Et pourtant, comme elle, c’était finalement dans l’amour qu’il s’était construit. C’était auprès de personnes aimantes qui souhaitaient réellement le meilleur pour lui. Il n’avait pas enfouis de ressentis, ne s’était jamais senti rejeté, n’avait jamais estimé qu’il n’était pas leur enfant, qu’il n’en avait pas la légitimité. Même quand son frère était arrivé.

Et pourtant la cendre du passé laissait-elle peut-être un voile opaque sur la perception qu’il avait de lui-même.

Trop jeune pour savoir. Trop jeune pour comprendre. Mais sans doute pas pour ressentir.

Il est étrange comme les cicatrices peuvent rester sans qu’on sache d’où elles viennent. Etrange comme parfois, à être quelqu’un de bien, on espère surtout égoïstement ne plus être abandonné.

Comme une petite fille face à un père.

Et à présent les deux orphelins se retrouvaient, sans doute si peu conscients de ce qui les rapprochait. Sans doute si peu capables de toucher du doigt les failles qui fissurait leurs êtres. Et pourtant c’était tout naturellement qu’ils avaient suivi un chemin similaire. Tout naturellement qu’ils s’étaient conformés.

Et tout naturellement qu’ils avaient échoués.
Comme n’importe qui. Car on ne peut qu’échouer à s’oublier. Car on ne peut qu’échouer à toucher l’horizon.

Car la vie est bariolée d’échecs et qu’il faut apprendre à avancer avec eux.

Et parce que parfois, un échec n’est rien d’autre qu’une réussite qui s’oublie, il avait lui aussi besoin de briser certains murs qui l’enfermaient. Il ne s’agissait peut être que de sexe, mais ce qui se glissait entre ses cellules depuis bien des jours maintenant allait plus loin que ça. Il s‘agissait de lâcher prise. Il s’agissait de laisser la perfection de côté, d’oublier les attentes, d’apprendre, difficilement, à suivre ses propres désirs.

Par qui risques-tu encore d’être abandonné ? Le fantôme calciné d’un parent disparu ?

Mais non, il n’était pas en colère. Car les choix passés ne peuvent qu’être assumés, sinon ils nous rongent jusqu’à la moelle, nous détruisent à petit feu. Non, il n’était pas dans le rejet, parce que s’il y avait quelqu’un à blâmer, c’était lui, et que chaque choix l’avait été pour le mieux à un instant donné et parce qu’il ne sert à rien de s’abîmer sur le rivage de l’ingérable. L’ex militaire savait trop bien qu’il n’y a rien à gagner à s’accrocher à ce qu’on ne maîtrise pas. Peut-être était-ce l’expérience qui lui avait appris à accepter ce contre quoi Sanae se battait toujours avec acharnement quand lui-même peinait à lâcher prise sur les besoins qu’elle embrasait elle-même totalement.

On n’empreinte pas tous les mêmes chemins pour franchir les étapes dans le même ordre. Certaines resteront d’ailleurs probablement hors d’attente.

Mais pour l’heure, il y en avait une qui grondait sous la surface. Vivre pour soi, accepter ses envies, ses besoins, accepter qu’il ne s’agit pas d’un défaut, pas d’une négation que l’on se ferait mais bien au contraire d’une nécessité qu’on ne peut sans cesse ignorer. Il ne faisait que repousser le moment où il commencerait à vivre, comme si le présent n’avait pas de réel intérêt, comme si la vie était ailleurs, la ligne de départ jamais véritablement franchie.

Parfois, il est important d’apprendre à se survivre.

Alors Maxence acceptait. L’attention et l’oubli des autres, le désir et le refus de se conformer. Il acceptait l’égoïsme et pourtant, il y avait dans cette réponse un besoin commun de se retrouver, de se plonger dans l’autre, d’y trouver douceur et désir. Il y avait un besoin d’exister à travers le regard d’autrui, une envie subtile de vivre au présent sans véritablement se soucier de l’avenir. Car le futur n’est parfois ni acceptable ni atteignable. Parce qu’il n’existerait sans doute même pas. Alors il s’effaçait, lui et chaque conséquence à mesure sur son épiderme traçait le feu sur le sien. Et son corps se contractait, perçant la glace, diluant la cendre. Bien sûr, il la percevait, la vibration qui fendait la surface, l’appel à l’aide désespéré, la souffrance bouillante. Et pourtant, il est des fois où la seule réponse est le silence. Où la seule réponse est la présence. Peut-être aurait-il pu faire mieux, peut-être n’en avait-il pas la capacité. Peut-être n’y avait-il simplement rien d’autre d’approprié que de se retrouver en l’autre, de laisser la chaleur du désir emporter les courants froids qui gèlent parfois l’âme et embrouillent l’esprit. Laisser les frissons se répandre, le corps s’éveiller, chercher l’autre, accepter sa présence, capter chaque bruissement impatient d’un organisme affamé. Chaque mouvement cognait à sa conscience, brûlait ses muscles, incendiait ses reins un peu plus quand son bas ventre s’enflammait, refusant complètement les réticences reniées. Il lui semblait qu’à chaque geste, il n’y avait pas que la fine glace qui semblait recouvrir sa peau qui se craquelait mais bien la sienne. Il en faisait de même, le cœur projeté contre ses cotes, le sang fusant dans ses veines, tout prêt à se gorger de l’autre quand son souffle accélérait, se callant chaque seconde un peu plus sur celui de Sanae, lui enflammant les sens à chaque fois que son corps se cambrait, que sa peau se tendait, que son souffle irradiait contre son oreille. Et pourtant, il y avait là une douceur, une tendresse même dont elle n’était pas coutumière mais qu’il imposait sans même s’en rendre compte. Rien que par les chemins avides qu’il traçait sur elle, mais lents pourtant. Il prenait le temps de l’explorer, de la parcourir, d’éveiller chaque cellule encore trop froide pour profiter des sensations complètes qu’un corps peut engendrer. S’il découvrait chaque parcelle de son être, elle, rétrécissait le monde à sa seule existence. De son corps qui le recouvrait, l’embrasait, bassin contre bassin, de ses doigts qui le dévêtissait, de ses mains qui l’enserraient pour capturer son regard… jusqu’à ces prunelles. Ces deux abysses qui alors semblaient tout englober, tout engloutir. Jusqu’à son désir qu’elle faisait sien, jusqu’à son corps qu’il ne percevait plus que par son épiderme, par son poids, par le tracé du tissu trempé qu’il devinait souligner ses formes, tracer ses muscles. Pourtant, il ne les voyait plus. Durant un instant, il n’y avait que la peau diaphane et l’encre de son regard. Et l’encre, elle se répandait sur lui, en lui, sans qu’il ne comprenne ce qui s’insinuait ainsi.

Ses doigts se contractaient pressaient sa peau, en tendaient la surface alors que la sensation ne percute tout à fait sa conscience et qu’il ne fasse le lien. Alors durant cet instant, l’eau contre son épiderme brûlant n’existait plus, pas plus que les cuisses qui l’entouraient ou les marques des baisers laissés sur son torse. Comme absorbé en lui-même, Maxence laissait faire, incapable de s’en extirper, de s’en dégager. La douleur, elle semblait griffer ses pensées. Mais pas tonitruante comme elle l’avait déjà été. Non, Sanae était un scalpel qui traçait des entailles, simples blessures, picotements désagréables sans qu’ils ne semblent tout emboutir comme son âme l’avait déjà été une fois.

***

Le sourire mauvais qui lui faisait face n’était pas celui de Sanae mais bien de Logan, le sang collant ses cheveux à sa peau pâle, la rage vrillant ses prunelles. Assis au bord du lit, il le dévisageait, comme pour observer ce souffle qui lui manquait, ces mâchoires serrées sous la violence de l’agression. Et ce sourire… cette violence, cette avidité alors qu’il le fixait. Mains sur les genoux, souffle court, Maxence arrachait son regard à ces prunelles au gout de néant.

« Putain, Logan, ça t’éclates de faire ça ?! »

Et au sourire carnivore se substituait un sourire sardonique qui le prenait à son tour comme un uppercut en plein estomac.

« J’attends juste de voir combien de temps tu tiendras encore comme ça. »

Un soupir agacé entre les lèvres de l’infirmier.

« Comme quoi ? C’est quoi ton message hautement philosophique. Vas-y Logan, éclaires-moi de tes lumières. »
« Combien de temps tu vas continuer à jouer au gentil toubib au juste ? Tu mettras combien de temps à craquer à ton avis ? J’attends de voir combien de temps tu mettras à fuir, toi. »

Alors l’infirmier qui retrouvait son souffle, se redressait pour lui faire face, attrapant son épaule tandis que l’enseignant se levait, dénigrant le sang qui s’écoulait de sa cuisse autant que les sorts qui marquaient encore sa peau. Et il le maintenait au sol, encaissant la crainte qui emmurait son esprit récalcitrant à l’idée qu’il recommence ainsi. Et alors même que l’air semblait se faire lourd autour de lui, c’était les prunelles dans les siennes, droit et direct comme il savait l’être que Maxence se plantait face à Logan, son corps devenant soudainement rempart, son esprit prêt à subir les nouveaux assauts.

« Aileen est une enfant. »

Le sous-entendu, son collègue le comprenait.

« Et toi tu es un soldat, c’est ça ? Comme Ismaelle. Si droits et fiers de faire ce qu’il faut. » Les paroles étaient acides, le ton chargé de reproche. « Quintessence du type bien, dévoué aux autres hein ? » La moquerie, il l’encaissait sans faiblir, sans frémir. « T’en as perdu combien des comme lui, Maxence ? Combien de cadavres à ton actif ? »

La tempête qui grondait contre ses neurones il la sentait,  ne cherchait pas à s’y soustraire. Aileen avait fuit, oui, dès qu’il avait laissé son esprit, grondant finalement d’éloigner les uns et les autres avec la virulence d’un animal sauvage.
Blessé.

« Les gens meurent Logan. Je ne m’accroche pas aux cas désespérés. »
« Alors tu t’es trompé de bataille. »

Sans doute.

« T’en pas un cas désespéré. Juste un enfant qui fait un caprice parce qu’il craint qu’on voit bien trop le besoin d’aide qui le dévore. Alors maintenant montre moi que tu es plus adulte que l’idiot que je vois face à moi et laisse moi faire. »

Le soupir agacé qui avait passé ses lèvres ce jour-là ressemblait bien plus au grondement d’une tempête qu’à quelque chose de réellement humain. Et pourtant Maxence maintenait sa prise, droit dans le regard, totalement dénué de ces petits sourires indolents propres aux Rivers. Non. Car lui, dans toute la fermeté de son approche, il y avait une bienveillance dénuée de moquerie. Les mots n’étaient pas là pour blesser, juste pour exposer des faits.

« Tu me grilles le crâne si t’en as envie, mais tu la fermes et tu me laisses faire mon job. Parce que tu ne sortiras pas d’ici les jambes en avant. »
« Toi en revanche ça peut s’arranger. »

Ça aurait pu être une menace. En réalité, sans doute en était-ce une. Et pourtant c’était avec amusement que les deux hommes s’étaient souris.

« Chiche. »

***

La marée noir fuyait son cerveau, laissant quelques coupures, rien d’insurmontable, tandis que le monde retrouvait sa réalité autour de lui. Ses jambes, sa peau, la chaleur l’englobant de nouveau. Et son souffle qui cognait ses lèvres pulpeuses, comme un peu plus rose, trouvant en chaque instant une teinte plus normale. Peut-être aurait-il dû fuir, oui. Mais ça n’aurait pas eu de sens. L’envie d’en savourer la saveur, elle, en avait. Alors ses mains glissaient le long de son dos, froissaient le tissu assez pour l’emporter avec elles, révélant sa peau sur laquelle il s’attardait encore, traçant la chute de ses reins avant de remonter jusque dans ses cheveux pour attirer son visage à lui et prendre de nouveau ses lèvres.

Car l’éclat qui barrait la mer d’encre, il l’avait reconnu.
C’était la peur du rejet.

« Tu te démerderas avec Néo si jamais tu croises là-dedans deux trois images de ta pote dans son plus simple appareil. Je me dégage de toute responsabilité. » Le regard rieur, les lèvres étirées dans un sourire chaleureux.

Du consentement, de la confiance, de la complicité. Appelez ça comme vous voulez.

Toujours était-il qu’il n’y avait ni peur ni colère.
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Maxence Lukas Wargrave
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Dim 28 Fév 2021 - 22:13
En quelques heures, elle passait d’une eau glacée à la chaleur d’un bain. Elle avait traversé la glace comme on traversait une vitre, et il restait encore, collés à sa peau, des éclats de verre. Mais ce bain et cette présence rassurante et tendre, commençaient à faire fondre les éclats qui la recouvrait, pour découvrir une peau qui frissonnait au contact de la chaleur. Elle ne savait pas d’où venait cette douceur, cette tendresse, ni cette complicité qui s’imposait sans qu’elle ne l’ait vue venir, mais elles étaient toutes trois là, dans l’enchevêtrement de leurs corps qui se touchaient, se caressaient, s’agrippaient, fermement mais sans violence. Etait-ce la lourdeur de son propre corps qui appelait à la légèreté, à la lenteur ? Ou était-ce un soudain besoin de changer de rythme, de prendre le sien à lui, et de laisser la course folle de son âme un instant de côté ? Juste pour ressentir ce qu’on ressentait quand on se baignait dans une eau calme.
Elle sentait tout son corps se réveiller, doucement, les picotements se transformant peu à peu, ses membres reprenant un peu d’agilité. Son nez n’était plus aussi froid, ses lèvres reprenaient des couleurs, ses doigts, à présent sous l’eau, retrouvaient une chaleur qui les avait auparavant quittés. Ses cuisses, son bassin, son dos, ses genoux, jusqu’à ses pieds, encore hors de l’eau tiède : tout commençait à se réactiver, à tendre vers une température normale. Et ce qui brûlait entre ses reins la réchauffait de l’intérieur. Le désir montait, et avec lui, l’envie d’étendre son esprit qui n’aimait pas être seul. L’étendre vers un autre. Mais l’envie ne la gardait pas de l’inquiétude tenace, comme une vieille amie, revenant dans son regard comme une ombre…Il pouvait décider de partir, de claquer la porte, de la repousser alors qu’elle avait terriblement envie, besoin de chaleur. Il pouvait oui, et pour le savoir, il n’y avait qu’un seul moyen. Se laisser aller à prendre le risque.

Alors, la sorcière accrochait son regard, l’englobait, l’agrippait sans violence mais avec détermination. Sa bouche proche de la sienne, leurs souffles mêlés, leurs corps collés l’un à l’autre, elle plongea dans ses prunelles, sentant ses doigts se resserrer sur elle, se crisper. Et l’iris  dans ses yeux devenaient la porte d’entrée par laquelle elle glisser. Un entrebâillement, il ne lui fallait pas plus. Elle s’infiltrait, comme un vent passant les battants ouverts, remuant les rideaux, agitant les choses suspendues. Et elle attrapait la première chose qui passait, comme une association logique alors qu’il comprenait soudainement ce qu’il se passait...

Logan. Là, ses prunelles d’acier fixées sur celles de Maxence, et maintenant les siennes.
Elle ne s’était pas attendue à tomber nez à nez avec lui. Son esprit eut comme un léger sursaut. Et déjà, les sensations de Maxence affluaient dans son organisme comme s’il s’était agit des siennes. La douleur martelait mais elle ne s’y accrochait pas, en balayait les effets. Tout ce qu’elle voyait était un souvenir inédit et sa curiosité fut aussi vivement piquée par sa peau dans l’eau glacée. Les traces de sang, la rage dans cet océan clair, froid, tumultueux...oh, elle reconnaissait cette violence dans les prunelles.

Un patient chiant donc.

« Putain, Logan, ça t’éclates de faire ça ?! »
Faut pas poser ce genre de questions...Ah, le voilà le sourire.
« J’attends juste de voir combien de temps tu tiendras encore comme ça. »
L’agacement de Maxence la traversa tout entière.
« Comme quoi ? C’est quoi ton message hautement philosophique. Vas-y Logan, éclaires-moi de tes lumières. »
« Combien de temps tu vas continuer à jouer au gentil toubib au juste ? Tu mettras combien de temps à craquer à ton avis ? J’attends de voir combien de temps tu mettras à fuir, toi. »

Fuir. C’était donc toujours ainsi ? Il attendait la fuite, la provoquait, sûr déjà qu’elle surviendrait. Malgré la douleur de l’agression, Maxence ne se laissait pas faire, se redressait. Elle sentait cette volonté de fer, cette détermination sans prétention.

« Aileen est une enfant. »

Aileen. Un visage que la sorcière avait déjà vu, à l’intérieur même de l’esprit du concerné, comme à l’intérieur de celle de son cousin. Si elle l’avait aperçu au tout début de la prise en charge de Logan par les médicomages de la Garde, Sanae ne l’avait plus jamais recroisée. Elle était partie, sans que Logan ne mette des mots dessus, jamais. Et elle n’avait jamais demandé.

« Et toi tu es un soldat, c’est ça ? Comme Ismaelle. Si droits et fiers de faire ce qu’il faut.  Quintessence du type bien, dévoué aux autres hein ? T’en as perdu combien des comme lui, Maxence ? Combien de cadavres à ton actif ? »

Si elle ne comprenait pas les détails de cette conversation, elle en sentait néanmoins toute la puissance. Le rejet, la violence, la moquerie, la douleur, comme les reproches pullulaient comme des asticots qui rongeaient l’âme...celle de celui qui crachaient ces mots acides à son infirmier qui, lui, les encaissait sans adopter le même ton. Il restait droit, calme.

« Les gens meurent Logan. Je ne m’accroche pas aux cas désespérés. »
« Alors tu t’es trompé de bataille. »

La peine lui enserrait le coeur à ses mots, à ce qu’ils faisaient écho.
Combien étaient-ils à se considérer comme des cas désespérés ?

« T’es pas un cas désespéré. Juste un enfant qui fait un caprice parce qu’il craint qu’on voit bien trop le besoin d’aide qui le dévore. Alors maintenant montre moi que tu es plus adulte que l’idiot que je vois face à moi et laisse moi faire. » Si elle n’avait pas été trop occupée à détailler l’expression du visage du patient, Sanae aurait souri. Parce que la vérité, dans les mots de Maxence, était toute imprégnée de ce qui lui était propre : une bienveillance forte, éclairée. Perspicace. De la même manière qu’il avait pris soin d’elle plus tôt, Maxence calmait les caprices, les oppositions, taisaient les frustrations, les rejets, juste un instant, un instant où il s’affirmait comme celui qui aiderait, quoi qu’il en soit. Et il le faisait d’une manière si humaine qu’on ne pouvait véritablement lutter.

Alors, elle sentit dans soupir de son patient, de leur patient, l’agacement de celui qui entend sans le dire, qui abdique, un peu, sans en avoir l’air, qui somme toute accepte l’aide de quelqu’un qui n’avait rien à lui prouver par la confrontation.

« Tu me grilles le crâne si t’en as envie, mais tu la fermes et tu me laisses faire mon job. Parce que tu ne sortiras pas d’ici les jambes en avant. »
« Toi en revanche ça peut s’arranger. »
La résistance, toujours.

« Chiche. »
Ce n’était pas seulement l’amusement de Maxence, ou l’écho du sourire de Logan, mais cette fois-ci, Sanae sourit, une ombre de tendresse sur les lèvres.


Elle se glissa à l’extérieur du souvenir comme on se retire discrètement d’une pièce, avec lenteur et douceur, sans rien dire, sans rien faire d’autre. Elle n’accrocha pas un autre souvenir. Et en reprenant pieds dans la réalité, elle reprit conscience de la proximité du visage du sorcier. Ses traits ne s’étaient pas durcis, il ne la regardait pas avec hargne, et elle ne voyait pas le sentiment de trahison poindre dans ses prunelles. Non, il demeurait là, contre elle, et elle eut comme un soulagement discret en sentant ses mains glisser à nouveau dans son dos, froissant le tissu, le remontant pour que ses mains viennent directement en contact avec l’épiderme qui n’attendait que ça. Un souffle lui échappa, venant s’évanouir sur ses lèvres à lui, alors que ses mains venaient dessiner la chute de ses reins, la réchauffer, s’imprimer sur elle. Pendant quelques secondes, elle n’avait pas osé bouger, mais ses mains avaient raffermi leur prise sur ses épaules, comme en attente de quelque chose de clair. Elle n’attendit pas longtemps.

Le sorcier remonta sa main jusque dans ses cheveux noirs et vint capturer ses lèvres.
Elle soupira contre les siennes et son corps s’imprima sur le sien, sa poitrine collée contre son torse, ses mains glissant dans son dos, son bassin faisant un mouvement en avant, contre lui.
Et les lèvres se détachaient pour échanger un regard…

« Tu te démerderas avec Néo si jamais tu croises là-dedans deux trois images de ta pote dans son plus simple appareil. Je me dégage de toute responsabilité. »

Il souriait et elle ne savait pas si c’était pas mimétisme ou seulement peut-être pour retrouver cette sensation, mais elle sourit à son tour...car elle ne trouvait, dans ses yeux, pas l’ombre d’un reproche. Pas de rejet. Pas de violence. L’acceptation joyeuse, rieuse, complice. Alors finalement, peu importait ce qu’il disait réellement, tout ce qu’elle entendait, c’était le consentement et la confiance qui faisaient du bien à l’âme.

Elle ne dit rien. Les mots manquaient. Alors elle reprit ses lèvres, l’attira un peu plus à elle, l’obligeant à se redresser un peu, l’emportant dans son mouvement en agrippant son dos nu, glissant ses mains sur sa peau. Le souffle court, elle vint poser ses lèvres dans son cou, sur son épaule, sur sa gorge, gémissante et soupirante contre lui. Mais ce n’était pas assez. Pas assez de contact, pas assez de mouvement. La sorcière le serra plus fort, l’entourant de ses cuisses, de ses bras et d’un seul coup, dans un CRAC retentissant, ils apparurent dans la chambre, retombant dans le lit lourdement, trempés. Mais elle s’en fichait. Elle s’en fichait des draps mouillés, des vêtements dégoulinants, des cheveux dont l’eau venait perler sur les peaux. Tout ce qui lui importait, c’était ce corps sous elle, entre ses cuisses, c’était la confiance et le désir dans le regard, c’était l’acceptation que si elle voulait se fondre en lui, dans son esprit, elle pouvait. Se fondre, sur lui, tout simplement. Une main contre son torse, elle le fit se reposer entre les draps, le surplombant, et tira le tissu de son propre haut trempé, collant à sa peau, pour l’enlever et l’envoyer plus loin, sans un regard. Ses yeux ne le quittaient pas et elle vint se coller à lui, s’allongeant sur lui, reprenant ses lèvres avec fougue, mordillant sa lèvre inférieure, avant de descendre ses lèvres sur son torse, ses seins glissant en même temps que sa bouche. Corps à corps, peau contre peau.

Ses mains traçaient ses côtes, s'ancraient sur lui à mesure qu'elle savourait les sensations. Et bientôt, ses doigts s'agitèrent sur lui, défaisant le pantalon avec lenteur, une lenteur imposée par les protestations de son corps. Elle mordilla la peau de son ventre, soupirant contre lui, avant que le tissu du bas ne se relâche et qu'elle puisse tirer dessus pour le faire descendre, reculant dans le lit pour faire glisser le vêtement le long de ses jambes, l'en libérant avec douceur...avant de revenir vers lui avec frénésie. Parce que sa peau l'appelait, et qu'elle en avait besoin. Besoin de ses mains sur sa peau.

Parce qu’ils avaient le droit d’exister...pour eux-mêmes, pas pour les autres.
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Lun 8 Mar 2021 - 23:54
Il retrouvait la réalité, percutait l’éclat de ses prunelles, gardant la trace de son passage comme une lame entre ses synapses. Mais légère. Rien de plus qu’une coupure de rasoir. Rien de comparé à ce qu’il avait déjà vécu. Rien qui ait réellement cherché à lui nuire. Sans doute ne l’aurait-il pas su, pas compris sans l’impact de Logan dans sa vie et dans son esprit, mais avec l’élément de comparaison, il n’en doutait pas. Et s’il ne doutait pas, alors il ne rejetait pas, comme une évidence. Il n’y avait rien dans ce regard qui cherche à le blesser. Elle aurait pu le dévaster, atteindre bien des pensées parasite, bien des souvenirs enfouis. Elle aurait pu chercher, débattre, violenter. Elle aurait pu faire ça plus tôt. Alors s’il ne comprenait pas pourquoi Sanae faisait ça, s’il ne comprendrait sans doute jamais, il lui faisait confiance, laissait faire, ne se braquait pas. Il faut savoir choisir ses batailles, savoir ce qui importe ou non. Et ce qu’elle pouvait bien capter dans ses neurones n’avait pas grande importance honnêtement. Alors il choisissait simplement que ça n’importait pas, aussi bête que ça puisse paraitre. Car après tout, c’était le cas. Si Maxence lâchait prise ces derniers temps, c’était une par nécessité, bien sûr, mais aussi parce qu’on ne peut pas toujours tout maîtriser et que parfois, la meilleure des solutions est simplement d’accepter de laisser le chaos gronder. Car un cyclone ne saurait être endigué. Qui était-il pour chercher à … ne serais-ce qu’essayer ? Il n’était rien, et rien de ce qui se trouvait dans ses pensées n’était fondamentalement dangereux. Seules ses actions contre les Supérieurs pouvaient encore le faire plonger. Mais il faudrait être bien naïf pour penser que la vérité était nécessaire en temps de guerre.
Avant, ça aurait pu l‘être, essentiellement vis-à-vis de Logan. Mais à présent, il n’en savait plus rien. Et ce qu’il savait ne se trouvait pas en souvenir, ça n’était qu’une intuition, un raisonnement logique. Logan, il en était éloigné, comme bien des gens sans doute. Cet homme survivrait s’il avait décidé de le faire, il s’engagerait dans la bataille s’il le souhaitait, et il resterait un ami s’il en avait le désir. Pour le reste… disons qu’il avait arrêté les pronostics. Ce qu’il y avait d’amusant dans la situation, c’était que Logan était en effet le premier auquel son esprit s’était rattaché lors de l’intrusion mentale. Une sensation connue mais bien différente qui l’avait ramené jusque là sans qu’il ne cherche à se débattre. La première raison de cet immobilisme devait être une sorte de peur, bien entendu. L’esprit comme le corps se souvient de la brutalité, de la violence, de la douleur. Et des risques. Oui, l’inconscient réagit. Et pourtant le conscient, lui, décide. Il comprend. Il entend. Il voit. Alors il notait le calme, il notait la douceur, la note vibrante de son intrusion, comme une onde brûlante qui s’engouffrait, douloureuse, certes, mais sans volonté de blesser. Il notait le refus de chercher, de fouiller, de dévaster l’intégralité de son âme pour y trouver ses tors et ses faiblesses. Il notait la peur dans ses yeux, l’attente, l’immobilisme. Il notait tout ce qui faisait que ce geste, peut être maladroit ou malencontreux ressemblait plus à une demande qu’à une agression. Au reflet de ce qu’elle était, tout simplement, sans chercher à aller plus loin. L’envie prenait parfois le dessus, ou bien ne maîtrisait-elle pas ? Quelle que soit l’explication, celle-ci ne l’intéressait pas. S’il choisissait d’estimer qu’il n’y avait pas de faute, c’était son droit, et il ne cherchait simplement pas plus loin que ce ressenti profond.

Il n’y avait là rien de doux. Rien qu’une envie de profiter un peu, tant de soi que de l’autre. Tant pour soi que pour l’autre, dans un échange simple sur lequel s’imprimait une tendresse qui pouvait s’avérer étonnante mais qui ne l’était pas tant que ça si on cherchait bien. Peut-être était-ce lui qui remportait la bataille de la bienveillance quand les ombres souvent menaçaient pourtant de se refermer. Peut-être était-ce inscrit dans son ADN. Peut-être qu’on s’y reflétait, aussi, dans ces grands yeux bruns, qu’on s’y laissait glisser, acceptant finalement ce monde de douceur dont il semblait fait. Même si la jalousie d’un tel calme peut faire mal, les plaies qu’il masque sont bien réelles. Mais étrangement l’acide de leur sang est accepté. Acceptable. Et parce qu’il y a des plaies, il y a aussi des manques, et le principal aujourd’hui, ils le partageaient tous deux depuis bien des années. Manque de soi. Baignés dans un déni méprisant, ravageur pourtant. Souverain. Un déni qui avait fait toute son enfance, régné sur toute son existence. Un déni qui englobait les deux orphelins trop avides d’apparaitre aux yeux d’une famille adoptive telle qu’elle aimerait qu’ils soient.

Lorsque l’on protège ses pensées, ses souvenirs, c’est souvent parce qu’on ne les assume pas. Et pourtant Maxence s’acceptait, tout piétiné qu’il puisse être. Tout fautif qu’il soit. Une erreur n’est qu’un pas en avant. Une chute, une façon de se redresser. Une faiblesse, un autre pan d’une force oubliée. S’il n’avait pas été à la hauteur un jour, il avait fait mieux le lendemain. S’il ne savait plus où aller à présent, le chemin n’en était pas moins réel sous la brume. Il faut savoir lâcher prise. Maxence en était un exemple même.

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Dim 21 Mar 2021 - 19:59



FIN DU TOPIC
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