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Après l'ouragan - OS

 :: Londres :: Centre de Londres :: ─ Westminster :: • Logements
Lun 3 Aoû 2020 - 23:44
21 Mars 2016

 
https://youtu.be/e4cp_VcEr_w



Clipped wings, I was a broken thing
Had a voice, had a voice but I could not sing
You would wind me down
I struggled on the ground, oh
So lost, the line had been crossed
Had a voice, had a voice but I could not talk
You held me down
I struggle to fly now, oh
But there's a scream inside that we all try to hide
We hold on so tight, we cannot deny
Eats us alive, oh it eats us alive, oh
Yes, there's a scream inside that we all try to hide
We hold on so tight, but I don't wanna die, no
I don't wanna die, I don't wanna die, yeah

And I don't care if I sing off key
I find myself in my melodies
I sing for love, I sing for me
I shout it out like a bird set free
[...]
Now I fly, hit the high notes
I have a voice, have a voice, hear me roar tonight
You held me down
But I fought back loud, oh


Bird set free, Sia.



Elle apparut dans l’appartement silencieux alors que les premiers rayons de soleil s’étendaient encore dans le ciel. Comme si elle revenait d’un champ de bataille, d’une guerre sans merci, la sorcière marcha d’un pas lourd et traînant vers la grande fenêtre qui donnait sur l’étendue d’immeubles d’en face. Les bras ballants, le regard vide, sa robe blanche tâchée de sang, elle fixait le lever de soleil sans vraiment le voir. Épuisée, vidée, comme si à l’intérieur, tout était inerte, anesthésié. Qu’avait-elle fait ? Qu’avait-il fait ? Qu’avaient-ils, tous deux, plongés au coeur de leurs volcans, en proie à l’extase de leur pouvoir ?
Elle n’avait plus de force, plus d’énergie.
Plus l’énergie de se cacher, de se museler. Comment retourner en arrière à présent alors qu’il lui semblait être allée si loin en une fraction de seconde ? Tout ce qu’elle avait retenu durant de longues années, depuis de longs mois de deuil, l’avait rattrapé en un éclair, en une seule crise terrible et il n’y avait maintenant plus rien qui était à sa place initiale dans son esprit, dans son coeur, dans son corps. L’ouragan avait soufflé si fort qu’il avait tout emporté. Alors que faire ?
Reconstruire à l’identique ou tout changer ? Comment passer d’une belle vitrine éclairée, décorée, factice, mais où tout était beau, tout était lisse, à ce qui se cachait dans l’arrière boutique ?

La sorcière posa le front un instant sur la vitre, les yeux clos. Ce n’était pas une vague de rage qui l’assaillait en cet instant, mais le contre-coup, le désespoir de se sentir changée sans savoir ce que cela pouvait signifier, la tristesse d’avoir perdu quelque chose de précieux, d’avoir fait le premier pas vers une destination dont elle ignorait tout, la réalisation de ne pas s’être appartenu tout à fait la veille tout en s’étant sentie plus elle-même que jamais...une oscillation insupportable, une dualité qui la tuait. Elle n’en pouvait plus. Et Logan avait raison : elle se détruisait toute seule, luttait contre sa nature et ça la briserait. Il lui avait montré quoi faire, l’avait guidé vers le chemin qu’elle devait affronter : premiers pas pleins de rage qu’ils avaient fait ensemble. Tête contre tête, corps contre corps, esprits imbriqués, destinées croisées, les deux dragons s’étaient affrontés avec une violence que d’autres auraient estimé folle, malsaine, dangereuse. Peut-être avaient-ils raison… Peut-être avaient-ils tort… Ou aucun des deux, et les deux tout à la fois.

La violence qui rugissait dans leurs veines n’était qu’une manière de s’exprimer, de se rencontrer, de se reconnaître, de se libérer. Oui, une libération, voilà ce que cet affrontement avait été. Un éveil, une envolée, une ascension vertigineuse. Et il fallait alors se confronter à la chute, chuter, chuter...d’un seul coup.

La sorcière tomba à genoux, mains glissant contre la vitre, son souffle créant de la buée sur la surface lisse. Oui, un souffle de vie qui se manifestait, trop retenu, trop empêché toutes ces années. Il lui perforait aujourd’hui les poumons, lui brûlait la gorge alors qu’elle commençait à haleter. Les larmes se mirent à couler, yeux clos sur le monde qui lui semblait soudainement si différent. Elles coulèrent sans retenue. Tristesse infinie qui la rattrapait dans des gémissements sonores. Son corps était parcouru de soubresauts et il s’écroula à terre, tête contre sol, ses mains se refermant sur le carrelage froid alors qu’elle pleurait tout ce qu’elle avait toujours renfermé en elle, tout ce qui n’était jamais sorti de ses lèvres.

On le lui avait dit pourtant : le deuil serait long et avait la capacité de surprendre. Elle l’avait pourtant tenu à distance, presque immédiatement propulsée vers l’action après la disparition de son père : la Garde, le changement de pays, les responsabilités, la menace des Supérieurs, le travail...Tout s’était enchaîné si vite et sa tristesse et sa douleur avaient plié sous le poids de sa volonté de paraître toujours si...lisse. Mais son vernis s’était craquelé et elle sentait les rugosités, les  reliefs, les félures de sa carapace mise à nue. Son esprit, son corps : tout était à vif, exposé, sensible jusque dans les moindres recoins. Que s’était-elle infligée toutes ces années ? Que s’était-elle fait à elle-même ? Pourquoi s’était reniée complètement, muselée si violemment ? Pour eux, pour elle. Parce qu’elle n’avait jamais pu accepter tout ce qu’elle était, parce qu’elle n’avait assumé. Elle s’était laissée gouverner par la peur … la peur de tout. De tout ce qui pouvait la faire véritablement ressentir, de tout ce qui pouvait la déséquilibrer, la faire chuter, la faire trembler. Mais elle s’était cisaillée le coeur à la recherche de cet équilibre idéal. Aujourd’hui, elle comprenait que tout ce travail, tout ces efforts avaient été vains, désuets, insensés. C’était en chutant, en se déséquilibrant complètement qu’elle allait se trouver, se rencontrer elle-même réellement, trouver l’équilibre qui lui convenait.

Je suis désolée Papa. Désolée de faire tout le contraire de ce que tu m’as appris. De ne pas être ce modèle de calme, de sérénité, de maîtrise que tu espérais. Je suis désolée d’avoir cette chose en moi incontrôlable qui ne demande qu’à frapper, qu’à hurler, qu’à détruire. La petite fille sauvage que tu as rencontré est revenue, plus forte, plus monstrueuse encore parce qu’elle entrevoit la liberté qu’elle s’est toujours refusée. Je suis désolée de ne pas être celle que tu voulais voir grandir. Mais tu n’es plus là et je dois trouver ma voie. Ma voix. Celle que j’ai étouffé pendant trop longtemps, celle qui ne demande qu’à sortir, qui tambourinait sur cette trappe à présent grande ouverte. Je l’ai trouvée, je l’ai laissée chanter et elle ne veut plus se taire désormais.

Je ne me tairai plus.


Alors elle hurla, hurla tout ce qu’elle pouvait.  
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Lun 3 Aoû 2020 - 23:48
22 Mars 2016

https://youtu.be/HddPrwMUGVc


L’appartement dévasté comptait ses victimes. Miroirs brisés ; tableaux décrochés, envoyés valser aux quatre coins de la pièce ; vaisselle éparpillée, cassée ; vêtements parsemant le sol ; bouteilles d’alcool dans chaque pièce ; chaises explosées ; coussins éventrés. Le déluge avait rasé l’ordre étincelant des lieux, semé le chaos dans cette vie d’ordinaire bien rangée.
Pourtant, c’était une musique joyeuse, entraînante, vibrante qui retentissait dans tout l’appartement. Pas de signe de tempête. Plus de larmes. La sorcière était debout sur son canapé, une bouteille de whisky pur feu à la main, et elle dansait. Elle dansait, libre. Libre de toutes entraves, de toute retenue. En sous-vêtements, Sanae sautait du canapé jusqu’au fauteuil, un large sourire étirant ses lèvres alors que ses mouvements prenaient le rythme de la musique, s’imprégnaient d’une inconscience de tout, d’une bouffée de liberté si intense qu’elle ne pensait plus à rien.

Sunny, yesterday my life was filled with rain
Sunny, you smiled at me and really eased the pain
The dark days are gone and the bright days are here
My sunny one shines so sincere
Sunny, one so true, I love you

Ses pas la guidèrent jusque dans la cuisine, ne cessant jamais de danser, de savourer cet instant de plaisir et de déchaînement joyeux. Un sentiment qu’elle n’avait jamais goûté, jamais osé ressentir. La légèreté de la vie, dans toute sa splendeur.

Sunny, thank you for the truth you've let me see
Sunny, thank you for the facts from A to Z
My life was torn like a windblown sand
Then a rock was formed when we held our hands
Sunny, one so true, I love you


Elle se fichait de tout. Au diable les autres, au diable la tristesse, au diable les responsabilités, les convenances, les erreurs, le manque, l’absence, le passé. Au revoir la cage. Au revoir les chaînes. Au revoir la douleur de se retenir d’exister. Au revoir la politesse, la bienséance. Au revoir l’ombre, bonjour la lumière. Et bonjour l’ombre, et au revoir la lumière. Elle les voulait et les rejetait toutes les deux. Et au revoir les excuses, les « pardon, je ne voulais pas dire ça », les « je suis désolée, je me suis mal comportée ». Au revoir la fausse compassion, la fausse timidité, la fausse pudeur.

Sous terre la Sanae du passé.
Sous terre la facticité.
Sous terre la muselière.
Sous terre la goêlière.

J’existe ! Je vis ! Je suis entière.
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Mar 4 Aoû 2020 - 13:15
23 Mars 2016 - 2h
https://youtu.be/uJenaxli2FM



Elle avait chaud. De cette chaleur suave, intense, qui faisait transpirer sans qu’elle ne s’en soucie. Elle n’étouffait pas, au contraire. Elle se laissait vivre au rythme de la musique assourdissante qui faisait danser tous ces corps agglutinés sur le même espace. Ce soir, elle n’avait pas envie de mettre de la distance avec les autres, elle n’avait pas non plus envie de leur parler mais elle aimait cette proximité exaltante. Elle aimait se sentir vibrer à l’unisson des corps qui l’entouraient. Et là, collé au sien, un autre se mouvait si proche qu’elle en sentait la chaleur. Elle dansait contre lui sans savoir de qui il s’agissait, d’où il venait, peu importait. Ses bras l’entouraient, son torse glissait contre son dos et elle n’en avait que faire des jugements. Elle s’amusait. Pour la première fois, elle se laissait aller à l’inconnu. En d’autres circonstances, elle aurait détesté ce lieu, ces gens, s’en serait tenue loin, aurait reculé devant la musique, devant l’espace restreint, devant le manque de pudeur. Mais ce soir...ce soir, c’était elle qui sentait l’alcool, elle qui sentait le tabac, elle qui sentait la transpiration de la vie, elle qui se mouvait sur la piste de danse, elle qui se foutait de la pudeur, du jugement des autres. Sa jupe courte, son haut transparent et fluide, découvrant un début de soutien-gorge, un décolleté plongeant, la peau luisante de son ventre.
La sorcière se retourna et le visage de l’homme lui apparut. Dans ses yeux, la même fièvre que la sienne. Il avait des yeux clairs, des cheveux bruns foncés en bataille et une mâchoire bien dessinée. Sanae se mordit la lèvre et son regard se planta dans le sien. Intensément. Une envie irrépressible la prit tout entière. Comme une bouffée de chaleur surgissant de son corps, l’envahissant. Son esprit fusa, s’étendit, transperça. Juste quelques secondes. Le temps de quelques respirations rapides. Bribes de souvenirs éparses, à portée de main. Une enfance merdique : père absent, mère qui se démenait pour subvenir aux besoins de ses trois gosses. Lui, le cadet, en échec scolaire, harcelé à l’école. La solitude. Les problèmes d’argent qui le poussent à aller de petits boulots en petits boulots, jour et nuit. La recherche d’une présence, n’importe où. Ici, ce soir. La joie qu’elle éprouvait de lui voler toute son intimité aurait du la terrasser de honte, la confondre en excuses - un « pardon, je suis entrée dans votre tête sans votre permission et j’aime ça. » n’aurait sans doute pas arrangé la situation. La jeune femme se sentait comme une droguée qui venait de prendre sa dose.
Et elle avait traversé son esprit aussi vivement qu’un éclair, le foudroyant sur place. Le moldu déjà se prenait la tête entre les mains, son corps se pencha en avant sous la douleur tandis que la musique étouffait son cri. Quelques têtes se retournèrent mais la plupart n’entendait pas, ne tournait pas le regard vers eux. Ils devaient penser qu’elle l’avait frappé pour s’être trop approché. Personne ne bougea. Et la sorcière disparut dans la foule, reculant entre les danseurs qui les encerclaient avant de prendre la sortie.

Quand elle sortit de la boite, la musique résonnait toujours dans ses oreilles et l’excitation délirante du moment battait encore contre sa poitrine. Elle n’avait pas envie de se soucier de ce moldu, ni du fait d’avoir utilisé son pouvoir aussi gratuitement. Elle en avait eu envie, alors elle l’avait fait.

L’air frais du dehors la percuta et sa peau frissonna. Sa vision était trouble de tout l’alcool ingurgité mais elle tenta de se diriger vers une rue, sans savoir où elle allait, sans savoir ce qu’elle voulait à présent. Mais quel sentiment incroyable de se demander « de quoi ai-je envie ? » et de foncer tête baissée pour l’obtenir. Le pied. Elle prenait son pied.

Dans sa poche, son téléphone clignotait depuis des heures.
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Mar 4 Aoû 2020 - 14:39
24 Mars 2016 - 11h



« Dehors !
- Va chier ! »

11h du matin. Un jeudi. Toujours un peu bourrée de la veille. Chancelante, Sanae sortait d’une brasserie qui apparemment n’appréciait pas qu’on commande autant d’alcool si tôt sans rien prendre à manger. Les gens étaient toujours dans le jugement décidément. Incroyable.
La sorcière fit quelques pas dans la rue, lunettes de soleil sur les yeux, front plissé, toujours habillée  de ses vêtements de la veille. Elle n’était pas rentrée, elle avait erré dans Londres toute la nuit. Elle regarda autour d’elle : un regard vers la droite, un regard vers la gauche, hésitante. Allez, va pour la gauche. Le pas traînant, la jeune femme marcha quelques instants avant de se rapprocher d’une église. Les alentours étaient bondés de voitures garées et une, décorée, annonçait un mariage. Des gens bien habillés attendaient sur les marches, certains rentraient déjà. Elle s’arrêta, une grimace sur le visage. Un regard vers la grande porte de l’église. Un regard vers la voiture des mariés. Une moue et un haussement d’épaules. Oh, pourquoi pas. La sorcière s’avança vers de petits escaliers qui menaient à une porte sur le côté de l’église, un peu plus loin de l’entrée principale. Cachée dans le coin, elle sortit sa baguette et ouvrit la porte. Elle s’engouffra immédiatement.
La fraîcheur des lieux ne la surprit pas. Pourquoi il faisait toujours sacrément froid dans les églises bon sang ?!

Sanae remonta ses lunettes sur son crâne et observa ce qui l’entourait. L’autel était prêt pour la cérémonie, les bancs étaient pour la plupart, vides, quelques personnes s’étaient déjà assises dans le fond mais le gros des invités étaient encore dehors. Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Aucune idée. Elle aimait bien les mariages avant. Aujourd’hui, elle se demandait l’intérêt de se lier à jamais à quelqu’un quand il était clair que les gens finissaient toujours soit par mourir, soit par être décevants. A l’autre bout, elle vit une porte et elle traversa les quelques mètres qui l’en séparait. Bon, mais il était où ce prêtre, curé...machin truc ?

Elle pénétra dans une salle quasiment vide, quelques chaises, une table, et dans un coin, elle ne l’aperçut pas de suite mais un homme d’église dans un long vêtement semblait relire un petit livre entre ses mains. Elle pencha la tête en l’observant. Il sut sentir sa présence car il releva le regard vers elle. « Oh, bonjour. Cette partie n’est pas accessible aux invités je suis navré. Je peux vous aider ? ». Elle eut un sourire en coin et haussa les épaules. « Je sais pas...ça dépend, vous faites les confessions express ? ». Il sembla surpris, décontenancé. « Je suis désolé mon enfant, je vais officier un mariage mais revenez demain après la messe. ». Sanae s’invita d’elle-même dans la pièce et s’assit sur la table, face à l’homme. « Ça prendra que quelques minutes. Ça laissera le temps aux mariés de réfléchir à leur connerie. ». Il ferma son livre. « Mademoiselle…. ». Elle leva la main pour le couper. « Alors je vous la fait rapide : j’ai un dilemme. Sois je suis moi-même et dans ce cas-là, je blesse les autres sans même y faire attention. Sois je me bride et je me crève à être quelqu’un que je ne suis pas pour le bien des autres. Niveau dilemme, on est bon non ? ». Il pinça les lèvres. « Je crois que vous devriez revenir dem... ». Nouvelle interruption. « Non parce que j’ai essayé d’être toute gentille, toute douce, toute parfaite mais apparemment ça ne fonctionne pas, ça me tue. Et à part les martyrs, je vois pas qui aimerait mourir pour sauver les sensibilités des autres, hein ? ». Il semblait agacé. « Si vous revenez demain, nous pourrons parler de tout cela. Je dois me préparer pour la cérémonie... ». Il manquait pas d’air ! « Vous êtes pas très coopératif. Je croyais que vous étiez dans le don de soi machin truc ? Enfin, c’est pas la question. La question c’est : à quel point on peut être égoïste si cela nous amène à la paix intérieure ? ». C’était pourtant une question légitime et lui la regardait comme si elle était folle. Il posa une main sur son épaule, l’air compatissant « Mon enfant...je vois que vous êtes perturbée par des problématiques qui nécessitent mon aide, et je serai disposé à vous apporter des réponses dès lors que vous reviendrez me voir dans un moment plus propice à la confession. Y a-t-il quelqu’un à appeler pour vous aider à patienter ? ». Elle leva un sourcil dubitatif. « Vous savez appeler les morts ? Parce que là, je vois pas quoi faire d’autre. ».

Son téléphone qui clignotait, presque déchargé, était une réponse évidente. Kezabel. Appeler Kezabel et vider son sac. Répondre aux appels et aux sms de celle qu’elle aimait le plus au monde, de celle qui pouvait l’aider. Et pas discuter avec un homme d’église alors qu’elle se fichait éperdument de la religion et de son avis. Faire quelque chose de censé, de logique, de sain.

Non ?

Non.

Il soupira. « Je comprends donc que vous êtes affectée par un deuil. J’en suis profondément navré. » Un regard vers l’horloge qui pendait au mur. « Je dois officier dans quelques instants, je ne peux vous aider tout de suite mais si vous restez après la cérémonie, peut-être pourrions nous discuter si vraiment vous ne pouvez pas attendre. ». Cette fois-ci, ce fut elle qui poussa un soupir. Une moue de déception. Et puis, un large sourire éclatant. Non, elle ne voulait pas attendre. En fait, elle ne voulait plus discuter. Une idée venait de germer dans son esprit. « Vous savez quoi ? Je crois que j’ai trouvé ce qui me ferait du bien. ». Un sourcil levé par la surprise chez l’homme et déjà, Sanae entrait dans son esprit en le regardant droit dans les yeux, plaçant sa main sur sa bouche, geste aussi vif que l’intrusion brutale. En quelques secondes, elle parcourut les souvenirs et l’homme tourna de l’oeil, retombant par terre lourdement. La sorcière le regarda sans ciller, penchant la tête de côté avant de s’emparer de son petit livre. Elle sortit sa baguette et la pointa sur son propre visage et corps : ses traits se modifièrent peu à peu jusqu'à ce qu'elle soit méconnaissable. Un autre sortilège pour modifier un peu sa voix. Elle chercha quelques instants dans les placards une deuxième tenue qui ressemblait à la sienne et en trouva une : parfait ! Elle l’enfila, verrouilla la porte par un sort et sortit comme si de rien était.

Quelques instants plus tard…

Les invités étaient tous assis dans l’église et le marié avait pris place près de l’autel, son témoin à ses côtés. Déjà, la mariée s’avançait dans l’allée au bras de son père. Son père. Non ! Pas de pensées glissantes. Retour à la supercherie. Elle avait prévenu les mariés que le prêtre se sentait mal, qu'elle avait pris le relais. Lorsque la musique s’arrêta et que les mariés furent tous deux devant elle, qui tenait ce petit livre risible, la sorcière se marrait déjà intérieurement. Oh, c’était une mauvaise idée. C’était LA mauvaise idée. Mais c’était tellement drôle. Et puis quoi ? Les mariages étaient assez ridicules pour ne plus être à ça près, si ?

Le silence se fit dans l’église. Ouais, c’est ça, fermez vos gueules.

« MES BIEN CHERS FRERES, MES BIEN CHERES SOEURS, gueula-t-elle. Nous sommes réunis aujourd’hui pour unir ces deux âmes ….assez perdues dans la vie pour oser parier sur un concept risible tel que le mariage...(chuchota-t-elle entre ses dents pour elle-même)...en ce jeudi saint...qui se marie un jeudi ? Sérieusement...(les mariés firent les gros yeux, décontenancés)...L’amour est beau, l’amour est bon. Votre Seigneur sent le jambon. »

A ce stade, des murmures s’élevaient parmi les bancs des invités et les mariés ne savaient pas quoi dire ou quoi faire. La mariée faisait les gros yeux au marié pour qu’il intervienne mais celui-ci était semblait-il paralysé par l’absurdité de la situation. Le témoin, lui, fit un pas vers Sanae pour tenter une approche « Vous êtes sûr que... ». « Chut, mon enfant, laisse parler l’envoyé du Seigneur. »
Une courte pause.

« Monsieur….Prenez-vous pour légitime épouse Mademoiselle ici présente jusqu’à ce que la mort vous sépare ou qu’elle trouve mieux ailleurs ? »

La surprise et le choc se lut sur le visage du marié. « Je ...euh. »
« Non mais dites oui, parce que sinon c’est gênant. » fit-elle.
« O...oui, mais ... »
« Mademoiselle ! Prenez-vous pour légitime époux le Monsieur très hésitant à vos côtés jusqu’à ce que la mort vous sépare ou que vous vous rendiez compte qu’il est un peu mou du genou ? »
« Quoi ? Mais vous êtes... » s’étouffa la mariée.
« Ah, si il est mou. Ça se voit. Pis, vraiment pesez votre réponse parce qu’il va falloir se l’enquiller tous les jours de votre vie hein. »
« Je ne vous permets pas... » commença-t-il.
« BIEN ! Reprenons. Ils ont dit oui ! C’est fantastique. Hourra. Vive les mariés ! Maintenant, le bisou ! Et mettez-y de l’entrain sinon c’est franchement chiant. Ah non attendez ! J’ai pas fait le passage que tout le monde attends : Y A-T-IL QUELQU’UN QUI S’OPPOSE A CE MARIAGE ? Si oui, manifestez-vous parce que les jeux sont quasi faits là. Alors ? Pas de maîtresse ou d’amant caché ? Non ? Personne ? » Elle soupira. « C’est décevant. »

Ca s’agitait dans les rangs et Sanae fit la moue. Bon, il était temps de partir. « Bon, vivez heureux ! Et profitez de la lune de miel ! ». Sur ce, elle descendit les quelques marches d’un pas pressé et passa par la porte qui menait à la salle où reposait le véritable homme d’église. Elle leva le sort qui fermait la porte et s’y glissa rapidement. L’homme était bien réveillé mais il était toujours assis par terre, l’air livide. « Mais...mais...comment est-ce possible ? Qu’avez vous fait ? A l’aide ! ». Elle jeta un sort d’insonorisation, défit les sortilèges pour reprendre une apparence normale, changea de vêtements tandis que l’homme détournait le regard, choqué et effrayé de ce qu’il venait de voir. D’ailleurs, il recommençait à tourner de l’oeil. Elle s’accroupit à sa hauteur « Oh, restez éveillé ! Bon, je crois que la plaisanterie a assez duré, merci pour ce moment. ». Elle se releva et pointa sa baguette vers lui alors qu’il la regardait avec des yeux terrifiés. L’espace d’un instant, elle eut un pincement au coeur à voir cette frayeur dans ces prunelles. Quelques secondes flottement. Qu’est-ce qu’elle foutait putain ?

Le sortilège d’oubliette fit son office et l’homme ne se souvint de rien. Pas même d’avoir croisé sa route. Sanae, elle, avait transplané dans une autre salle jusqu’à chez elle.

C’était ce qui s’appelait foutre la merde.
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Sanae M. Kimura
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Sanae M. Kimura
Mar 4 Aoû 2020 - 15:26
25 mars 2016

Les moments d’hystérie, de joie, d’exaltation, d’inconscience avaient précédé la rechute.
Étalée par terre sur le sol de la cuisine, Sanae regardait le plafond avec un regard mort. Bras et jambes écartés, respiration lente. Elle contemplait le rien sans ciller. Le rien. C’était bien ça, le rien. Elle aurait voulu ne rien ressentir, ne rien vouloir, ne rien regretter, ne rien penser. Elle s’était laissée emportée dans le tourbillon qu’elle était et elle n’avait su s’en extraire qu’en se propulsant elle-même à l’extérieur de la tornade, son corps rejeté brutalement contre les murs, l’esprit confus, sans énergie.

Son portable vibra à nouveau. Combien de fois avait-il déjà fait ce bruit?
Elle ne comptait plus.
Elle ne voulait plus savoir.

Comme un son de cloche, un rappel constant de ses responsabilités, de cette réalité qu’elle devrait bientôt affronter, Kezabel tentait de la joindre sans succès. Elle savait que c’était elle, n’avait même pas besoin de vraiment regarder le nom s’afficher. C’était injuste, oui. Injuste de la laisser s’inquiéter, d’entretenir le silence, de fuir la conversation qu’elles devraient avoir bientôt. Injuste pour celle qu’elle aimait tant au-delà des mots, au-delà des liens du sang, au-delà de toute raison. Injuste de mettre de côté tous ceux qu’elle fréquentait d’ordinaire. Pas un seul mot pour Neolina. Pas de nouvelles à donner à la Garde. Elle avait prévenu Niall pour que personne ne pense qu’elle avait été kidnappé par les Supérieurs. Mais c’était tout. Pas de message pour Alec non plus pour programmer leur prochaine leçon. Pas de retour en France. Pas de Logan.
Elle n’avait pas la force, pas le courage.

Je n’ai pas la force de vous affronter. Je n’ai pas la force de m’excuser, de vous sourire, de vous mentir. Je n’ai pas la force de me tenir droite, de me soulever de terre, de planter mon regard dans le vôtre. Je veux arrêter de me sentir dépassée par moi-même.

J’ai brisé mon masque.
Et j’ai peur que plus personne ne me reconnaisse.
Que plus personne ne m’accepte.

Je ne veux pas être seule.
Et tout ce que vous attendez de moi me brûle, me taillade.

Je ne sais plus qui je suis.
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Sanae M. Kimura
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