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Bad Moon Rising ▬ Azalea

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne
Mer 13 Mai - 23:09
Bad Moon Rising
Azalea & Enzo


■ Mercredi 23 Mars 2016 ■


Je peux pas, je peux plus. C'est trop pour moi et je peux pas continuer comme ça.

Ça tourne en boucle dans ma tête comme un putain de disque rayé. Deux pauvres phrases que je relis tous les jours à travers l'écran fissuré de mon téléphone, comme si un beau matin les mots allaient être différents. Ça fait six jours et je deviens cinglé, à plus supporter de tomber sur ce répondeur que j'ai parfois envie d'insulter. Peut-être que je l'ai fait, sincèrement j'en sais rien. Je ne sais plus.
Je passe par toutes les phases. L'incompréhension, la colère, une espèce de douleur qui me déchire de l'intérieur tellement ça fait mal, le manque assurément et bien plus que tout le reste, à en chialer comme une merde jusqu'à choper la migraine et l'impression d'étouffer. A passer des heures à regarder des photos et des vidéos jusqu'à plus avoir de batterie. Que ce soit le téléphone ou le bonhomme à vrai dire. Je me sens pitoyable. Je suis pitoyable.
Et puis il y a l'inquiétude aussi, parce que tout ça n'a pas le moindre sens. Des raisons il y en a, je veux bien les entendre, mais disparaître comme ça sans plus donner aucune nouvelle ? C'est pas son genre, c'est pas lui, pas alors qu'il a toujours été le premier à me pousser pour que je communique ou à me le reprocher quand je ne le faisais pas. Et dans ma tête déjà un tas de scenarii possibles.
Pourtant ils venaient bien de son numéro ces mots là, tout comme ceux qu'il a laissé à ses potes pour ce que j'en sais, à ses parents … Et moi j'ai le droit à quoi ? A ça. Un sms et salut, on remballe, on balaie tout ça. Voilà pourquoi je ne répare pas mon téléphone, parce que je sais que tôt ou tard il finira à nouveau par rencontrer un mur et sans doute pas de la plus douce des manières.
J'ai cherché partout. Chez lui, où ses parents m'ont gentiment dit qu'il avait besoin de temps, que c'était difficile pour lui en ce moment – trop polis pour me dire frontalement que c'est en partie de ma faute sans doute. Dans tous ses spots préférés et peu importe le continent, à l'université où ses potes de classe m'ont regardé avec la pitié qu'on offre à ce pauvre con qui vient de se faire jeter mais qui veut pas lâcher le morceau. La chute est brutale mais même si ça fait mal je continue de m'accrocher aux branches, c'est ça ? Je suis même aller là où on s'est isolés tous les deux à Noël, mais rien. Personne. Pas lui en tout cas.

16h. Mon téléphone vibre et comme un drogué en manque je me précipite dessus. Mais ça n'est jamais lui, et ça fait 6 jours que ça dure. C'est con, c'est rien 6 jours, mais quand vous ne savez pas où est la personne que vous aimez ni pourquoi vous vous êtes fait larguer comme une merde sans sommation, ça paraît l'éternité. Je regarde l'écran et digère tant bien que mal, ne réponds pas, j'ai pas envie. Je sais que c'est stupide et que dans ces moments là t'as besoin des autres, qu'avec ce silence dont je souffre moi-même je vais les inquiéter, mais j'veux juste qu'on me laisse ruminer dans mon coin. C'est injuste, peut-être, mais c'est comme ça.
J'ai peut-être muri ces dernières années mais s'il y a un truc qui change pas avec le temps visiblement c'est la façon dont je gère ma frustration. Mal, en l'occurrence, du genre à me faire foncer tête baissée droit dans la connerie. Ce soir c'est la Pleine Lune, évidemment que ça n'aide pas, évidemment que mes ressentis sont décuplés. Cette Pleine Lune on devait la passer ensemble, alors pourquoi tout à changer d'un coup comme ça ? J'ai pas foutu les pieds à Londres depuis un mois, j'suis resté tranquille … Je sais que la libération des autres connards pèsent dans la balance mais c'est encore pire d'être mis à l'écart de ça. Qu'est ce qu'il y a ? Il s'est finalement rendu compte que j'arrivai pas à la cheville de Jude ? J'aurai pu tout entendre, mais ce putain de silence est en train de me flinguer et de faire fleurir mon imagination un peu trop sûrement.

#

« Tu viens avec nous ? »
« J'peux pas, j'ai un truc à faire. »

C'est un peu sec et je m'en veux dès que ça sort, tente de me rattraper avec un vague sourire sans la regarder tout en continuant de ranger mes affaires dans mon sac de cours. Je sens le regard de Chloe toujours posé sur moi, prie intérieurement pour qu'elle laisse tomber.

« Enzo … Tu sais, si t'as besoin de parler ... »

J'ai tant une sale gueule que ça ? Pas rasé, tendu du soir au matin, du matin au soir, rien dans le ventre et trop d'émotions dans les veines … Même Wax garde ses distances par moment, moi j'me demande si Einstein lui manque comme son maitre me manque. Sur la main gauche un bandage, voilà ce qui se passe quand t'essaies de bricoler en ayant les nerfs à vif. Ça vide la tête il parait, tout ce que ça a vidé chez moi c'est l'énergie que j'ai mis à foutre la moitié de l'établi par terre. Sous le regard de mon frangin qui ne sait pas comment me gérer je le vois bien. A vrai dire moi non plus je ne sais pas comment me gérer. Je pensais avoir gagné en stabilité, être capable de gérer ce genre de trucs, visiblement j'me suis planté.

« C'est gentil, ça va. »

La voix est enrouée, le sourire est forcé, je détourne le regard et m'enfuis comme un lâche. Je sors du bahut par l'arrière, je connais trop mes potes et j'ai pas le courage de les affronter maintenant. Caem est capable de se lever aux aurores pour me venir me choper à la sortie des cours et c'est pas le seul. Ils peuvent se pointer chez moi, ils ne m'y trouveront pas non plus. Le seul semblant d'effort que je fais c'est pour Sova, dans son état j'veux pas qu'elle s'inquiète même si c'est sans doute peine perdue.

#

Forêt de Sherwood, partie magique. Angleterre
Tôt le matin, heure Anglaise

Il y a encore quelques endroits où j'ai pas cherché, quelques lieux à rayer de la liste mentale que je me suis fait. Compulsif et obsessionnel, qui de censé traque son mec … Son ex ? Comme ça sur la moitié du globe ? Quelqu'un qui a un peu trop l'habitude des coups foireux et des personnes mal intentionnées. On m'a trop souvent manipulé et brisé pour que je n'envisage pas cette possibilité, j'ai un peu de mal avec les coïncidences et sans vouloir passer pour le narcissique de service le meilleur moyen de m'atteindre moi c'est de s'en prendre aux gens que j'aime. Même lui, ça serait pas la première fois qu'ils tombent sur les mauvaises personne ou plutôt que les mauvaises personnes lui tombent dessus.
Comme une sale impression de déjà vu, un goût amer dans le fond de la gorge et peut-être la folie qui est en train de me gagner. Court-circuit. J'envisage toutes les possibilités, c'est tout, et c'est pour ça que cette putain de pleine lune c'est à Londres que je vais la passer. Comme un névrosé, à chercher la moindre trace de son odeur sans penser à ce qui pourrait bien m'arriver. Sans doute une des idées les plus stupides que j'ai jamais eu, en tête de liste avec celle que je mets en pratique là tout de suite. Peut-être un besoin plus ou moins conscient de me raccrocher à quelque chose de concret, qui a du sens, même si évidemment au fond de moi je préfère le savoir ailleurs et en sécurité, loin de moi parce qu'il l'a choisi.

J'ai pas remis les pieds ici depuis fin septembre, pourquoi est ce que je l'aurai fait ? Sous ces frondaisons j'ai failli crever, encore une fois, et encore une fois je m'en suis sorti. On m'en a sorti, à peine en vie, plus mort que vivant en réalité. Physiquement, mentalement. J'ai la boule au ventre, parfaitement conscient que ce que je suis en train de faire est une grossière erreur pour le peu d'équilibre qu'il me reste.
Pas de chien, juste moi. Les mains dans les poches, les sens aux aguets. Je ne sais pas exactement où se trouve ce foutu bunker sans doute protégé par la Magie puisque je n'ai pas pu y transplaner directement. Je ne me souviens pas des lieux avec exactitude, je n'avais déjà plus vraiment ma conscience humaine au moment où je les ai arpenté. Je ne sais même pas comment j'ai atterri dans cette prison à vrai dire mais tout ça n'a plus tellement d'importance. La rage au ventre, l'estomac au bord des lèvres, le cœur éclaté, je marche seul et en silence sur la terre humide, slalome entre les arbres. J'y trouve paradoxalement un semblant de paix, juste les oiseaux, un rayon de soleil matinal, quelques rongeurs ou reptiles qui s'enfuient dans les feuilles en les faisant bruisser. Les diurnes se réveillent, les nocturnes vont retrouver l'obscurité de leurs abris. Tout est calme ici, hors du temps, rien que la nature qui s'épanouit sans la présence envahissante de l'Homme.
Et puis il y a ce changement dans l'atmosphère, toujours perceptible, une impression … Les oiseaux se taisent, le silence devient bien plus lourd, l'animal que je suis parfois reconnaît les signes et comprend qu'il n'est plus seul. A sa place j'avancerai face au vent, dans le plus grand des silences, et c'est sans doute exactement ce qu'il est en train de faire. Pas d'odeur, pas de bruit, mais ce sentiment qu'on m'observe. Créature ? Homme ? Ami ou ennemi ? Je décide de m'arrêter, les bras le long du corps et la baguette dans ma manche prête à servir. Je ne bouge pas mais mes yeux observent tout ce qu'ils peuvent capter dans leur champ de vision, mon odorat est poussé dans ses extrêmes, tout comme mon ouïe. Prédateur devient proie, le cœur battant dans la poitrine. De la peur ? Surtout de l'adrénaline. S'il s'agit de l'être qui m'a enfoncé plus bas que terre il y a de ça quelques mois c'est même une farouche envie de vengeance qui circule dans mes veines.



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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Sam 16 Mai - 23:46
Mercredi 23 mars 2016, Forêt de Sherwood, au matin.


La panthère se lécha les babines, nettoya ses pattes et ses griffes ensanglantées. Allongée dans l’herbe, au bord d’un ruisseau, elle était calme mais attentive aux bruits alentours. Non loin d’elle, gisait le corps d’un sanglier dont l’estomac avait été ouvert, à moitié dévoré, et dont le cou, les pattes, et le dos encore accrochés au reste du corps étaient entaillés de profondes griffures et morsures. On aurait également pu trouver les restes de plus petits animaux, par-ci par-là, dans la forêt, signe qu’un prédateur avait chassé toute la nuit durant. Un prédateur qui n’avait pas même pris la peine de finir de manger, rassasié par ses chasses, et qui s’était contenté de déchirer le sanglier de part et d’autres dans un élan de sauvagerie absolument délicieux.
C’était presque nécessaire finalement, ces sorties nocturnes. Les événements des dernières semaines avaient été riches en émotions, avaient fait travailler ses nerfs, et sa patience s’était amenuisée à mesure que les contrariétés et les inquiétudes quotidiennes avaient pris de l’ampleur. Elle avait du vider un esprit encombré de stratagèmes et de vengeances pour ne pas craquer, pour ne pas perdre le contrôle dans sa forme humaine et dévaster les menus efforts qu’elle faisait pour ne pas laisser voir aux autres toute la bestialité dont elle était capable. La sorcière n’avait jamais apprécié les bain de foule, les soirées mondaines, les réunions, les rencontres ou les retrouvailles. Cela la fatiguait de cacher ses instincts fauves, cette nature profonde qui était la sienne, à toujours vouloir jouer à faire mal, à être sur ses gardes en permanence, à ne jamais lâcher sa proie, les crocs plantés dedans, l’esprit tourné vers la destruction pure et simple de celui qui se mettait sur son chemin. Mais si les rapports de force qu’offraient les espaces naturels étaient bien plus faciles, plus directs, simples, opérant sur un mode de survie basée sur la loi du plus fort...le monde des Hommes était bien différent. Le plus fort devait parfois se cacher. Tant de masques et de faux-semblants pour dissimuler la nature de chacun, pour naviguer avec aisance dans une société qui était atteinte d’un poison virulent qu’on voulait appeler « tolérance » mais qui pour elle, résonnait davantage avec « faiblesse ». Profondément violente, intransigeante, la sorcière n’aimait pas les demi-mesures et s’amusait de ne pas devoir se forcer à jouer un rôle qui ne lui correspondait pas. On lui demandait d’être plus souple, de faire preuve de plus de retenue, mais serait-ce seulement efficace ? Serait-ce réellement utile ? Ici, elle n’avait pas à se poser la question. La panthère avait faim. La panthère mangeait. Et personne ne dirait rien sur la manière d’y parvenir.
Pour l’heure, l’obscurité de la nuit ne la dissimulait plus. Les premiers rayons du soleil commençait à percer les barrières des arbres, à venir éclairer le sol terreux et annoncer le réveil de la nature. Les nocturnes allaient s’endormir, tandis que le reste ouvrait à peine les yeux. Elle, en revanche, demeurait bien éveillée. La nuit lui seyait davantage mais le jour avait ses plaisirs. La panthère se leva, sa mâchoire s’ouvrant en grand tandis que la bête baillait. Elle renifla, le museau en l’air. Peut-être qu’elle avait de la place pour un dessert finalement. Ses larges pattes noires se mirent en marche, lentement, ses muscles roulant sous le pelage sombre, tandis que son museau cherchait dans l’herbe des petits rongeurs à se mettre sous la dent. Bientôt, l’un d’entre eux passa à proximité, et termina écrasé sous une patte, toutes griffes dehors. Pas si vite. La bestiole gesticulait encore, tentant de s’échapper lorsque la panthère se tendit et releva la tête d’un seul coup.
Une odeur. Ses sens fonctionnaient à toute vitesse, flairant dans l’air ce petit parfum qui avait retenu son attention. C’était comme si...Non. Elle devait se tromper.
Elle laissa le rongeur s’en aller. Puis, lentement, se mit à avancer vers l’odeur qui l’attirait. Ses oreilles tendues captèrent des bruits de pas. Frottement de vêtements. Souffle. Branches qui craquent. Une présence humaine. Mais...se pourrait-il que… ? Son esprit refusait d’y croire pour le moment. Elle avança, le pas prudent, léger, en prenant le temps de sentir la direction du vent. Concentrée, la panthère remontait une légère pente, passait entre les arbustes fleuris. La tête basse, le corps tout entier à cette lourde tâche de ne pas se faire repérer...elle se rapprochait, doucement, doucement...un peu plus...jusqu’à ce qu’elle distingue un mouvement. L’odeur plus prononcée par la distance qui se réduit lui confirma qu’elle ne se trompait pas. C’était lui. Elle le reconnaissait. Un déferlement d’émotions contradictoires l’envahit. Enzo. Un prénom qu’elle n’avait pas prononcé depuis très longtemps, à l’époque où il était encore à Poudlard et qu’elle lui apprenait à embrasser cette part de lui qui appartenait au domaine du sauvage. Immédiatement, c’est le visage de Derek qui lui revint en tête...et une poussée de rage menaçait de poindre, vite remplacée par de la déception. Il lui avait pardonné. Imbécile heureux qu’il était de retrouver un frère qui l’avait méprisé et effrayé. Elle l’avait prévenue pourtant, que tout le monde ne méritait pas son pardon, que son frère n’aurait pas du faire partie de sa vie de cette manière. Elle, elle aurait pu prendre soin de lui. Elle aurait pu le soutenir, l’aider, être sa complice nocturne comme ils avaient tant aimé le faire à l’époque. Mais le temps dévastait bien des affections...il changeait les gens, trouvait des raisons de les séparer. Elle avait cru possible qu’il finisse par les rejoindre définitivement, par se faire à leurs méthodes. Faux. Des erreurs avaient été commises, des deux côtés, et Enzo avait choisi son camp.
Ce ne fut hélas pas le même que le sien.
Alors, que restait-il de ce lien qui les avait uni il y a bien des années ? La détestait-il ? Le détestait-elle ? Elle ne savait pas quoi penser, quoi répondre. Ni quoi faire.
La panthère restait immobile, figée, une patte levée quelques centimètres au-dessus du sol. Il venait de comprendre. Le sorcier s’était arrêté mais elle ne voyait que son dos. Son souffle s’était accéléré.  Le coeur de la panthère battait également étrangement fort. Ce fut un moment presque en suspend. Un arrêt durant une longue minute de tout ce qui les entourait. Le silence s’abattit, les animaux se faisaient tous petits, seul la brise venait faire bouger les feuilles dans les arbres. La bête noire se dégagea de derrière un fourrée et contourna le sorcier. A quelques mètres de lui, elle passa en cercle derrière les arbres qui les séparaient. Le pas rapide, son corps filant sur un fond de végétation. Elle voulait qu’il la voit. Jusqu’à...jusqu’à ce que finalement, elle est fait un tour complet et qu’elle se présente à lui, sous sa forme humaine. Cette rencontre fortuite était peut-être risquée mais il y avait un faible espoir en elle qu’il ne reste pas rien de leur affection. Un espoir mitigé, comme si elle culpabilisait de le ressentir, s’agaçait d’en constater les effets. Pourquoi le temps ne faisait-il pas tout disparaître ?
Elle l’observa en silence, le détaillant avec sévérité. Il était grand. Ce n’était plus le même. Même son odeur avait quelques changements. Après quelques secondes de flottement, Azalea releva un peu le menton.

« Tu as changé
, déclara-t-elle.»

Ça sonnait presque comme un reproche. Elle était glaciale et pourtant, en elle, ça bouillonnait violemment.

« Je te croyais en Australie. Que fais-tu là Enzo ? »

Son ton est sec, amer. Elle aurait eu envie de se réjouir de le voir après tant d’années, éprouva un sentiment d’exaltation en prononçant son prénom. De le voir ici, devant elle, la sorcière n’aurait su dire si c’était une bonne ou une mauvaise chose. C’était un traître à son sang, un lâche, mais bon sang...ce qu’ils avaient pu merdé avec lui. Pour le coup, elle s’en voulait autant à elle qu’à lui, d’être parti.

« Tu t’es lassé de ton frère ? »
siffla-t-elle avec acidité.

Comme une façon presque de se venger qu'il lui ait pardonné, comme une façon de lui rappeler qu'il lui avait fait du mal...c'était une pique injuste, mais Azalea n'était jamais juste lorsqu'elle était blessée.

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Mar 19 Mai - 19:28
Un mirage, une impression, un fantôme du passé. Encore un. Un pensée fugace pour Gavyn, bien sûr que j'ai pensé à lui, bien sûr que j'ai envisagé qu'il puisse être responsable de … Peu importe. Une odeur avant un visage, avant le son d'une voix, et c'est mon sang qui se glace là dans mes veines. Temps suspendu, immobilité, mon cœur s'emballe elle doit le percevoir. Qu'est ce que je suis pour elle en cet instant ? Une proie ? Un ennemi ? Mais elle n'attaque pas. Pas pour l'instant. Je n'ai pas besoin de la voir pour deviner la forme féline de sa silhouette, allant même jusqu'à fermer les yeux comme s'ils m'étaient inutiles. Elle me tourne autour, j'entends ses pas feutrés, retour en arrière. Ce qui me semble être une éternité n'est qu'une raison de plus pour laquelle il m'a laissé. Un passé qui rattrape, une menace constante, un nom et un visage marqués au fer rouge. Tu le vois ce repos que tu cherches tant ? Ce répit après lequel tu cours depuis toutes ces années … Du vent, rien que du vent. Comme celui qui t'apporte cette odeur familière que ton organisme a reconnu en un centième de seconde dès qu'elle a pris la décision de s'exposer olfactivement.

Azalea.

Figure ambiguë, lien étrange, émotions ambivalentes. De la peur ? Pas vraiment. Juste un sentiment d'avoir fait le grand saut dans l'un de ces Fjords Norvégiens que j'ai appris à aimer avec le temps.
Ce n'est pas la panthère qui se présente face à moi mais la femme, un visage que j'avais oublié, rangé dans un recoin de mon esprit avec tous le reste. Sous cadenas. Poings serrés dont l'un autour de ma baguette je ne tente rien, la laisse m'observer … M'analyser, sans doute. Ça me revient en pleine poitrine et chasse d'autres pensées de mon esprit. Un mal pour un bien, peut-être. Un avant goût d'apocalypse, sans doute. Gamin paumé, brisé, comme si c'était hier, homme blessé aujourd'hui, presque une envie de fermer les yeux pour retrouver ces nuits où tout, pour une fois, me semblait facile. Une de plus à me manipuler j'en avais conscience mais c'était les seuls instants où je me sentais réellement libres. Réellement moi. L'humain et ses états d'âmes rangés dans un coin, l'animal dans toute sa puissance qui s'exprimait. Quelques instants pour souffler, avec quelqu'un pour comprendre, avec qui partager.

« Tu as changé. »

Souffle rapide, toujours cette immobilité, je perçois son cœur qui bat derrière cette barrière de glace entre elle et moi. Simple constat teinté d'évidence, physiquement … mentalement … Oui, j'ai changé. J'avais changé. Sans doute pas encore assez.

« Je te croyais en Australie. Que fais-tu là Enzo ? »

La réponse a cette question me semblait évidente, ça n'est plus le cas. Ma bouche s'entrouvre, rien ne sort. Je ne sais pas ce que je fais là, je cherche des réponses à des questions que je m'invente, une raison, un sens à tout ça. Une échappatoire, un exutoire … Je brûle, cherche les flammes, me raccroche à un truc que je connais, que j'appréhende. Cède à la folie, coincé dans ce qui me semble ressembler à un putain de cercle vicieux. Un truc dont on ne sort pas, jamais, malgré les illusions de l'inverse.
J'ai 16 ans et envie de mourir, respirer me fait mal, j'ai abandonné. Je me raccroche aux branches, surtout celles qui me frappent jusqu'au sang. Mon frère. Elle. Plus de repère, une envie de hurler constante. Qu'est ce qui a changé depuis ? Tout, radicalement, malgré les rappels de l'existence, les tentatives pour me mettre à terre à nouveau. A chaque fois je me suis relevé, est ce que c'était pour faire face à cet instant qui me donne l'impression d'avoir rêvé ces trois dernières années ?

« Tu t’es lassé de ton frère ? »

Première réaction, aussi infime soit-elle. Un tic de visage, le poing qui se serre un peu plus, si j'étais Loup elle pourrait lire aisément tout ce que mon corps exprime sans mots. Terrain miné. Une plaie mal refermée de son côté à elle ? De l'amertume bien présente quoi qu'il en soit. Parce que je l'ai choisi lui et pas elle ? Pas eux. J'ai flirté quelques temps avec cette limite dangereuse, fait des choses que je ne me pardonnerai jamais totalement même si je les accepté avec le temps et beaucoup de travail, mais je me suis libéré de ces griffes et ces chaines enroulées autour de moi. Elles avaient un côté rassurant, ces chaines, tout comme cette illusion de ne plus rien ressentir.
Le retour à la réalité, au présent, se fait lentement. Douloureusement. Est ce qu'elle est une menace pour mon frère ? Est ce qu'elle en est une pour moi ? Si j'avais à choisir entre elle et lui j'y perdrai un morceau de moi-même quoi qu'il arrive mais je ne laisserai pas tomber mon propre sang. Imparfait sur bien des plans, plus présent aujourd'hui qu'il ne l'a jamais été. Tout ce qui me reste de mon paradis d'enfant volé, explosé aussi sûrement que cette putain de voiture au fond de ce ravin.

« Je cherche un endroit, dans le coin. Un bunker enterré. »

Pragmatisme sur fond de voix enrouée. Jamais mon regard ne quitte le sien, une seconde cette éventualité m'effleure. Et si c'était elle ? Elle qui m'a empoisonné, kidnappé, enfermé et torturé pendant des semaines ? L'envie de vengeance n'est plus si intense face à cette possibilité.

« La chasse a été bonne ? »

Reprise d'aplomb, soupir, les muscles se dénouent, les nerfs se détendent. Le ton est neutre, monocorde, la réponse à cette question ne m'intéresse pas vraiment mais j'y vois sans doute une pause. Pour reprendre mon souffle.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 20 Mai - 21:37
 C’était comme écouter une vieille rengaine que l’on écoutait étant enfant, des notes de musiques familières qui venaient caresser les oreilles et faire dresser les poils des bras ; une chaire de poule qui se réveillait comme un milliers de petits électrochocs. Une rengaine qu’on croyait avoir oublié, à laquelle on s’était essayé de ne plus penser. Et pourtant, alors qu’elle se jouait à nouveau dans l’air, on retrouvait soudainement des sensations enfouies, des sentiments d’une époque lointaine. De même qu’avec un parfum, ou le goût d’un dessert russe, Azalea se prenait en pleine face une période de sa vie presque inaccessible.
Presque.
Parce qu’il était à présent devant elle, parce qu’elle retrouvait des expressions familières sur son visage, que le son de sa voix faisait renaître d’anciens instants passés ensemble.
Mais presque.
Parce qu’il n’était plus le même. Parce qu’ils n’étaient plus du même côté, et que ce n’était pas un hasard s’ils étaient face à face en cet instant. Une ligne invisible les séparait. Des années d’absence, des années où aucun d’eux n’avaient été présent dans la vie de l’autre. Et pourtant, cette affection lointaine, devenue un fil froid, gelé, entre eux.
Un éclat traversa les prunelles de la sorcière. Et s’il était temps de le raviver ? Était-ce une si mauvaise idée ? C’était tentant pourtant. Mais que faire d’eux deux ? Que faire des erreurs commises, des choix qui les avaient éloigné, des rancunes tenaces ?
Elle n’avait pas pu s’empêcher de parler de Derek, une pique envoyée pour lui rappeler qu’elle n’oubliait rien, que ce n’était toujours pas pardonné, et que le pardon que lui-même avait accordé à son frère demeurait aux yeux de la sorcière, une erreur. Et même si cette pique était gratuite, même si elle avait bien compté la lui lancer, elle en éprouva un pincement au coeur malgré elle. Parce que sa réaction la fit tiquer, parce qu’il semblait souffrir. Ses muscles tendus, son corps raide, ses traits tirés...elle connaissait ce visage, l’avait fait sourire plus d’une fois, l’avait vu évoluer au fil du temps qu’ils avaient passé ensemble. Une partie d’elle voulait prendre ce visage entre ses mains, lui dire qu’elle arrangerait tout, qu’elle ferait disparaître sa souffrance, ses maux, ses cauchemars. Et cette foutue distance entre eux, cette ligne qui agissait comme un mur…Et l’orgueil, et la fierté, et la douleur de l’abandon. Et toutes ces raisons qui faisaient qu’elle ne pouvait pas retourner en arrière, mettre de côté sa colère.

Il avait parlé d’une voix enrouée. Ses yeux ne quittaient pas les siens, elle n’avait pas même penser à détourner le regard. Elle cherchait quelque chose à l’intérieur de ses prunelles. Elle aurait voulu lire en lui. Mais elle ne fait que lever un sourcil un peu surpris.

« Un bunker ? Je ne crois pas en avoir vu dans le coin. Pourquoi tu le cherches ? »

Son ton était resté froid mais calme. Comment savait-il qu’il y en avait un alors qu’il ne semblait pas en connaître l’emplacement ? Était-ce un prétexte ? Un mensonge ? Elle était persuadée que ce n’était pas la seule raison de sa présence. Azalea met ses mains derrière son dos, pencha un peu la tête.

« Mais je peux t’aider à le trouver. »

Une main tendue ? Ou une tentative d’en apprendre plus ? Même elle n’était pas tellement sûre de pourquoi elle proposait. Méritait-il son aide, vraiment ?

Un sourire un peu amer fendit son visage. Sourire qui s’évanouit bien vite. Il se forçait à faire la conversation. Il ne voulait pas véritablement savoir, c’était évident. Il n’était pas non plus à l’aise d’être là, face à elle. Pourtant, il tenta de se dénouer les muscles, de prendre une position moins rigide. Elle aurait du partir, oublier qu’elle l’avait croisé. Mais elle ne pouvait pas. Elle n’y arrivait pas. Comme un aimant attiré par cette gueule de gamin perdu…Azalea avança lentement vers lui, jusqu’à se retrouver à un mètre de distance.

« La chasse a été bonne, oui. Mais je me souviens de chasses bien meilleures en compagnie de quelqu’un qui n’était pas effrayé à l’idée d’être lui-même. Il n’était plus tellement effrayé de rien dans ces moments-là d’ailleurs...»


Son regard plonge dans le sien, perçant, tranchant, comme deux mains enfoncées dans son âme pour essayer de s’en emparer.

« Mais comme je l’ai dit : tu as changé. » souffla-t-elle.

Elle leva un peu le menton, le regard plus sévère.

« Pourquoi es-tu vraiment là Enzo ? Tu as l’air perdu. »


Pourquoi avait-il quitté l’Australie ? Pour un maudit bunker ? C’était une pauvre raison. Non, elle voulait savoir la vraie raison. Elle voulait savoir pourquoi il avait pris le risque de venir jusqu’ici. Parce que c’était un risque, assurément.
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Sam 23 Mai - 13:20
« Un bunker ? Je ne crois pas en avoir vu dans le coin. Pourquoi tu le cherches ? »

Parce que les blessures m'ont bousillé le crane ? Il n'y a rien de rationnel dans la démarche, juste une pulsion … mais un doute. Trop présent, étouffant. Un refus d'accepter ces mots, oui sans doute, mais pas seulement. Une intuition, l'instinct qui refuse de se taire. Un savant mélange de folie et de conscience qui m'a mené jusqu'ici. Pas de repos ni de paix avant d'être sûr, même si c'est pour se prendre le vide et le silence en pleine gueule, couplés avec les souvenirs qui remontent. Colmatage de traumatismes, et de nouveau le passé qui remonte quand elle se tient là, comme ça, face à moi.

« Mais je peux t’aider à le trouver. »

C'est tellement facile de replonger. Un battement de cœur, un clignement de paupière, qu'importe le temps passé les choses reviennent brutalement. On n'oublie pas, on range ça dans un coin jusqu'à ce que la boite de Pandore s'ouvre à nouveau et nous projette dans ce qu'on a pu ressentir autrefois.
Si le cœur s'affole l'esprit n'est pas en reste. Il essaie de comprendre, d'analyser, de trier le flot d'informations et de possibilités jusqu'à m'en donner le vertige. Et si tout ça n'était qu'un piège ? Une orchestration vouée à me ramener ici, en cet instant précis, comme si chacune de mes réactions avaient la possibilité d'être anticipées. Quelles étaient les chances pour qu'on se retrouve face à face aujourd'hui, dans cet endroit en particulier ? Incapables de détourner le regard.

Et le corps se crispe à nouveau, à chaque pas qu'elle fait un peu plus.

« La chasse a été bonne, oui. Mais je me souviens de chasses bien meilleures en compagnie de quelqu’un qui n’était pas effrayé à l’idée d’être lui-même. Il n’était plus tellement effrayé de rien dans ces moments-là d’ailleurs...»

Ils font mal ces mots, bien plus que n'importe quelle lacération sur la peau. Ce qu'elle influe en moi en cette seconde n'est ni plus ni moins que de la culpabilité, un retour dans la peau de ce gamin que j'étais à l'époque. Une poupée de chiffon, un pantin, chenille a quitté sa chrysalide depuis mais se rétracte complètement comme si elle tentait d'y entrer à nouveau. Comme si je ne voulais pas la décevoir, comme si j'avais honte d'être ce que je suis devenu.
Ce regard j'ai envie de le fuir, de baisser les yeux, mais puise dans ce que je sais avoir à disposition pour ne pas le faire. Se faire violence, relever la tête, ne pas retomber dans ce jeu aussi facilement. Je suis plus fort que ça, surtout je ne suis plus celui que j'étais. Et je suis fier de celui que je suis devenu, au prix de mon sang, de mes larmes et de ma sueur. Je n'ai pas peur d'être enfin moi-même, à ma manière, selon mes critères.

« Mais comme je l’ai dit : tu as changé. »

Un reproche, son menton qui se relève, je retiens mon souffle quelques secondes.

« Pourquoi es-tu vraiment là Enzo ? Tu as l’air perdu. »
« Parce que certaines choses ne changent pas, elles. »

Les mots s'envolent, s'échappent, je ne cherche pas à les retenir. Mon regard happé par le sien, les émotions qui se bousculent, la réalité d'aujourd'hui se mélange à celle d'hier.

« J'ai passé quelques semaines enfermé dans ce bunker, à servir de jouet à un cinglé comme j'ai servi de passe-temps pour certains à Poudlard. »

Une étincelle de défit dans le regard, le ton est froid, la stature plus imposante. De la rancœur ? Plus vraiment. De la haine ? Ils ne méritent rien de ma part, surtout pas mon énergie. Elle est des leurs, malgré tout ce que je peux ressentir d'ambivalent à son égard je ne peux pas mettre ça de côté.

« Et cet air perdu, c'est celui d'un pauvre type qui n'accepte pas de s'être fait larguer et envisage toutes les possibilité y compris celle que son p'tit ami soit tombé entre de mauvaises mains. »

Cette fois c'est carrément un rire bref et acerbe que je laisse échapper, déversant l'acidité qui me ronge les veines depuis des jours. A quoi bon, de toute façon. Regarde, admire, vois les traces de vous qu'il reste en moi. Ces traumatismes gravés au fer rouge qui ne disparaitront jamais vraiment.

Et je ne suis qu'un nom sur une liste bien trop longue.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 25 Mai - 11:07
 Il était facile de déceler les émotions d’une personne que l’on connaissait bien. La crispation d’Enzo à mesure qu’elle s’approchait était facilement perceptible. Et si la sorcière s’amusait d’ordinaire de ce genre de réaction chez les autres… elle éprouva un pincement au coeur à le voir réagir ainsi. De l’amertume aussi, envers lui, envers elle, envers les événements. Parce qu’ils se retrouvaient maintenant dans une position où elle aurait du apprécier la tension qu’elle provoquait chez lui. Elle aurait du vouloir lui faire peur, en aimer les manifestations familières, en savourer les effets. Mais tout avait un goût de bile. Leur lien, gâché. Leur affection, interdite. Ils ne leur restaient plus qu’une ambiguïté étrange, que cet entre-deux inconfortable. Ni amis, ni ennemis ? Peut-être aurait-il été plus juste de dire qu’ils n’étaient pas tout à fait amis, ou tout à fait ennemis...
Et sa respiration qui changeait alors qu’elle avait levé le menton, signe que l’acidité allait s’échapper de ses lèvres. Il la connaissait bien.

« Parce que certaines choses ne changent pas, elles. »

La réponse n’avait pas tardé, sa réaction, vive, comme un retour immédiat de sa propre rancœur. Un écho en miroir et en mots. Echo du temps passé. Echo d’une affection brisée. Un gamin toujours perdu qu’Azalea n’arrêtait pas de trouver sur son chemin : et l’histoire se répétait… Pourquoi fallait-il que leurs routes se croisent à nouveau ? Pourquoi fallait-il qu’elle éprouve encore cette envie de le protéger ? Des autres. De lui-même. De tout. Et un peu d’elle aussi. Parce que de deux désirs l’un pouvait profiter de la faiblesse de l’autre...et cet autre désir pulsait sous la peau de sa sorcière. Envie de lui hurler dessus. De lui déclarer la guerre. De briser leur lien une bonne fois pour toutes. Comme un besoin de clarté entre eux, une envie de mettre les choses à plat. Mais si elle ne le faisait pas, c’était bien parce qu’elle avait peur. Elle ne voulait pas le perdre encore. Elle l’avait déjà perdu ? Oui, sans doute depuis longtemps. Mais il était là. Il était revenu. Et peut-être que cette fois-ci, elle pourrait le garder. Trop d’envies et d’émotions contradictoires. Elle s’en serait secouée elle-même pour se ressaisir.

« J'ai passé quelques semaines enfermé dans ce bunker, à servir de jouet à un cinglé comme j'ai servi de passe-temps pour certains à Poudlard. »

Elle sentit le défi dans sa voix, dans ses yeux, dans sa façon de se tenir face à elle. Le gamin reprenait un peu de gueule, prenait position. C’était au tour d’Azalea d’être troublée. Et dans le flot de sentiments qu’elle ressentit, il était intéressant de remarquer que son premier instinct fut de plisser le nez, de serrer la mâchoire comme si elle s’était apprêtée à retrousser les babines pour dévoiler ses dents. Instinct protecteur qui aurait voulu déchirer tout être qui s’en prenait à Enzo. Elle vit rouge un instant. L’adrénaline était montée d’un seul coup, la prenant de court, et elle dut détourner les yeux cette fois-ci, faire un peu craquer son cou pour se détendre, pour éviter de sauter sur quoique ce soit pour mordre ; elle fit quelques pas de côtés. Et puis, la colère. La colère de cette comparaison douloureuse. Elle n’avait jamais voulu lui faire du mal. Oui elle était du côté de ceux qui l’avaient blessé, de ceux qu’il haïssait. La mettait-il dans le même panier ? Faisait-il référence au temps qu’ils avaient passé ensemble ? Remettait-il en cause ce qu’ils avaient partagé ? Azalea était bien des choses, commettait bien des crimes, mais jamais elle ne s’était servie de lui. L’avait-elle influencé ? Oui. Mais c’était une conséquence du lien qui était né entre eux, pas la finalité d’un plan diabolique. Elle sentait insultée dans le même temps qu’elle aurait voulu l’attraper par les épaules pour savoir qui l’avait torturé.

« Tu n’as jamais été un passe-temps pour moi Enzo. »
finit-elle par dire d’un ton pesant, les dents serrées, le regard noir.

Elle tourna la tête et le fixa de côté. Leurs positions se mélangeaient. Ils n’étaient plus face à face mais sur la même ligne, sauf qu’elle regardait dans le sens inverse au sien, une main sur la hanche.

« Et cet air perdu, c'est celui d'un pauvre type qui n'accepte pas de s'être fait larguer et envisage toutes les possibilité y compris celle que son p'tit ami soit tombé entre de mauvaises mains. »


Cela la surprenait-elle ? Qu’Enzo ait fait sa vie en Australie avec quelqu’un ? Non. Il avait toujours eu besoin de ça. L’amour de quelqu’un. Il ne pouvait pas s’en passer. Ce qui le rendait d’autant plus vulnérable à l’abandon. Elle se souvenait assez des dégâts engendrés par la vermine dont il s’était amouraché à Poudlard. Ça non plus, ça ne les avait pas aidé à le garder avec eux.
Pas de compassion néanmoins. Azalea n’était pas vraiment équipée pour. Il le savait. Mais elle voyait sa peine et ne pouvait l’ignorer. Elle avait sa manière à elle de gérer l’insulte ou la souffrance infligée à un proche : l’action, la vengeance. Pure et simple.

Elle garda le silence un instant. Sans le regarder. Elle réfléchissait. Son pied tapotait les feuilles mortes. En quelques secondes, la décision fut prise et elle se tourna toute entière vers Enzo.

« Tout ce que je vois moi...c’est un gamin qui semble être déterminé à prendre les choses en mains. Mais qui ne sait pas exactement comment faire. Les pauvres types ne font pas ça. Les pauvres types restent chez eux à chouiner. » dit-elle fermement.

Ça sonnait comme une invitation. A se ressaisir, à accepter son aide. Une invitation qu’il pouvait décliner mais il aurait été difficile de sortir l’information de la tête d’Azalea : quelqu’un lui avait fait du mal. Et maintenant que son instinct protecteur s’était réveillé, il aurait difficile de le faire taire.

« Maintenant, parle-moi du bunker. Qu’est-ce que tu sais sur la personne qui t’a torturé ? Quand est-ce que ça s’est produit ? Tu ne peux pas reconnaître son odeur ? »

Qu’avait-il donc appris lors de leurs chasses ?!






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Mar 26 Mai - 13:16
« Tu n’as jamais été un passe-temps pour moi Enzo. »

Ça ne devrait pas mais ça m'affecte, me touche même. Parce que j'y crois, parce que son langage corporel affirme qu'elle ne ment pas. Elle n'a jamais été de ceux à me faire du mal, pas directement en tout cas, mais qu'est ce que je pouvais bien être de plus si ce n'est ça ? Pourquoi moi ? Au fond je le sais, je sais que ce lien tient en un mot : Animalité. C'est ça qui l'a peut-être touché chez moi, ça qui nous a rapproché, ça qu'elle a voulu faire éclore et façonner à son image. A leur image. Pour eux. Que je devienne non pas un gentil toutou mais une arme pour servir cette Cause qu'ils défendent et que je vomis. Je me suis pris l'intolérance du monde en pleine gueule quasiment constamment ces quatre dernières années et ce pour tout un tas de raisons, à quoi est ce qu'ils s'attendaient ? Que je flanche, mais je n'ai pas flanché. Ou en tout cas je me suis redressé et relevé. Ce qu'elle m'offre en cet instant c'est ce rappel, même si je l'ai cru je n'ai jamais abandonné celui que j'étais.
Et puis l'aveu, cette misère émotionnelle, presque ce dégoût de soi que je peux ressentir à réagir comme je le fais. A la fois pitoyable et déterminé, sans attendre quoi que ce soit de sa part si ce n'est peut-être une moquerie. Elle doit me juger faible en cet instant, ne pas comprendre pourquoi je remue ciel et terre, pourquoi je perds mes moyens pour un être qui de toute façon ne veut plus de moi. La question reste pertinente, sans doute, mais je reste humain.

Ce silence je ne sais pas quoi en penser, rien de ce que j'ai pu penser ne semble se manifester, du coin de l'œil je l'observe puis baisse la tête. Las et fatigué.

« Tout ce que je vois moi...c’est un gamin qui semble être déterminé à prendre les choses en mains. Mais qui ne sait pas exactement comment faire. Les pauvres types ne font pas ça. Les pauvres types restent chez eux à chouiner. »

Le ton est ferme, ce genre de ton naturel qui vous force parfois à rentrer la tête dans les épaules comme un gamin intimidé. Ça n'est pas ce que je fais, non, je relève la tête et tourne le visage pour la regarder. Complètement face à moi à nouveau, impressionnante dans ce qu'elle dégage, dans sa posture et son regard. Et ses mots qui font du bien à entendre même si je n'attendais rien. De personne. J'avais juste l'impression d'être fou, de foncer tête baisser dans le déni, de me laisser emporter par ce que je ressens pour ne pas regarder la vérité en face … Pas sûr de moi, non, mais impossible de ne pas laisser au moins une petite place au doute. Tout dans son attitude me laisse penser qu'elle n'a rien à voir avec tout ça même si je ne l'ai jamais vraiment envisagé. Eux ? Difficile à dire. Un électron libre peut-être, mais là encore quel intérêt ? Je ne suis plus un cas intéressant et loin de moi l'idée de m'en plaindre. Derek a, je l'espère, réussi à se faire oublier aussi … Pour combien de temps c'est une autre histoire, je sais que tôt ou tard il essaiera de venger Megan. Je sais que ce jour là j'aurai sans doute à dire adieu à mon frère parce qu'il ne reviendra pas. Un cavalier seul ne peut pas gagner face à une armée, même dans les films ça n'arrive pas.

« Maintenant, parle-moi du bunker. Qu’est-ce que tu sais sur la personne qui t’a torturé ? Quand est-ce que ça s’est produit ? Tu ne peux pas reconnaître son odeur ? »
« Si c'était le cas il serait déjà mort. »

Cette fois ce sont de ma bouche que les mots sortent de manière ferme et déterminé. Pas d'hésitation, presque une froideur plus ou moins assumée. Si j'avais eu l'occasion de le briser comme il m'a brisé, rédemption ou non, je l'aurai fait.
Je me tourne complètement vers elle à mon tour et plonge mon regard dans le sien. L'enfant perdu laisse place à autre chose, je ne suis pas naïf je sais pertinemment que c'est ce qu'elle attend. Ce qu'elle veut voir. Qu'importe si c'est moi qui le décide.

« Ça fait des années Azalea, tu l'as dit toi même : J'ai changé. Le louveteau qui n'assumait pas ce qu'il était n'existe plus depuis longtemps. »

Il m'a fallu un peu de temps, je ne nierai jamais le rôle qu'elle a pu jouer dans cette acceptation de l'être que j'étais devenu malgré moi mais l'humain a grandi en même temps que l'animal, s'y est associé … Je ne suis pas fier de tout ce que j'ai du faire pour survivre, pas fier non plus des vengeances personnelles qui m'ont amené à faire couler le sang et prendre des vies mais même si tout ça m'a enlevé une part de moi, de mon innocence, je ne l'ai jamais regretté. Parce qu'il en allait de ma survie et surtout de celle de mes proches. Je ne suis pas un monstre, je ne tue pas gratuitement, j'ai appris à vivre avec ce que j'ai fait en assumant mes actes et leurs conséquences tout en faisant une place à la responsabilité des autres. Même si aujourd'hui tout ça est derrière moi, même si j'ai choisi d'oublier ce qu'il s'est passé récemment et d'avancer je ne me fais aucune illusion. Qu'on me présente le coupable, je ne suis pas certain de lui accorder la moindre grâce ni même de laisser qui que ce soit d'autre le punir pour ce qu'il m'a fait. Voilà pourquoi je ne le traque pas, à quoi bon perdre mon temps, ma vie, pour une finalité qui ne m'apportera de toute façon que très peu de satisfaction ou de soulagement. Si je suis là aujourd'hui ce n'est pas pour ça mais bel et bien pour m'assurer qu'il ne recommence pas avec quelqu'un d'autre et surtout pas avec l'homme que j'aime. Si je retrouve ce bunker et qu'il est là, que son odeur y flotte ... Advienne que pourra.

« Il a annihilé ma vue et mon odorat, transformé sa voix, je n'ai aucune chance de le reconnaitre si un jour je le croise. La seule possibilité ce sont les marques que j'ai pu lui laisser en le griffant à travers les barreaux de la cage dans laquelle j'étais enfermé. »

Le ton est presque froid, neutre pour le moins, simplement factuel. Il y a quelques mois encore je n'aurai pas été capable de verbaliser tout ça, je l'ai très peu fait d'ailleurs, mais face à elle c'est différent. Parce qu'elle comprend, parce qu'elle me connait comme peu de mes proches aujourd'hui me connaissent. Elle était là, à cette période, à ces moments où j'aurai pu finir mort, de leur côté ou à Azkaban. Probablement les trois. A cette période où j'étais parfois aussi sombre que le pelage qui recouvre ma peau une fois par mois.
Est ce qu'elle a vu les marques sur ma peau ? Je ne sais plus vraiment mais c'est sans réellement réfléchir que je porte ma main gauche à mon col et descend le tissus de mon sweat et mon T-shirt jusqu'à laisser apparaître la bande de peau où se trouvait encore il y a moins d'un an des lignes de chair plus roses que les autres. Des cicatrices, un marquage effectué par l'un d'eux avec une lame en argent et surtout la main de Kyle sous Imperium. Presque à l'emplacement du cœur. Par pur sadisme, pas pour défendre une cause, et cet enfoiré l'a payé de sa vie – je lui en avais fait la promesse. Pas de preuve, pas de cadavre, pourtant c'est la gorge arrachée par les crocs d'un énorme loup noir qu'il a fini son existence. Étouffé dans son propre sang. Je n'en retire pas de fierté, c'était une autre vie.

« Mais des cicatrices ça s'efface. »

Aujourd'hui il n'y a plus rien, parce que j'ai fait un pas en avant et décidé de tirer un trait sur tout ça, d'effacer ces souvenirs, ces marques je voyais chaque jour. Je les ai porté pendant plus d'un, comme un vestige du passé, le souvenir d'une mort imminente dont on m'a sauvé. Et c'est un nouveau fossé qui se creuse entre nous deux, je l'accepte mais n'y suis pas insensible. A sa manière elle a compté, elle compte toujours.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 27 Mai - 18:56
 Cela faisait tant de temps qu’elle ne l’avait pas vu et pourtant, la joie de le retrouver ne pouvait pas même exister. Proscrite. Défendue. Impossible. Elle se saignait le coeur à lui parler, à être en sa présence alors qu’elle savait pertinemment qu’il était fort possible que ce soit une de leurs dernières conversations. Ils ne s’étaient pas dit au-revoir il y a bien des années. Alors la question était là : était-ce la dernière fois ? Etaient-ce des retrouvailles fugaces précédant l’instant fatidique où ils sauraient tous deux qu’ils ne se reverraient plus jamais, une bonne fois pour toutes ? Rencontre fortuite qui impliquait tant de choses que la sorcière avait du mal à toutes les considérer en même temps. Bien sûr qu’elle avait eu envie de le revoir, malgré les circonstances. Bien sûr qu’elle était soulagée de voir qu’il était en vie, debout. Mais non, ça ne lui faisait pas plaisir de constater de la profondeur abysses qui les séparaient, de fossé monstrueux qui s’était creusé entre eux. Maudits les événements, maudite la fierté, maudite la rancoeur, maudite l’affection agaçante et douloureuse ! Elle avait envie de s’arracher les souvenirs, les sentiments, tout...pour être libre de le haïr et de le mépriser sans rien ressentir d’autre.

La question du bunker avait au moins le mérite de la distraire de ses pensées conflictuelles. Parce que l’affection et la colère se battaient en duel plus violemment à chaque minute et que la rage qu’avait fait naître cette histoire de bunker donnait plus de force à la première. Bunker. Torture. Enzo. Mais là, rien de simple non plus : c’était l’envie de tuer qui commençait à se mêler au tourbillon.

« Si c'était le cas il serait déjà mort. »

Et apparemment, chez Enzo aussi. Elle ne put retenir le léger sourire en coin qui naquit sur ses lèvres à l’écoutant parler. C’est bien mon petit, très bien. Il lui faisait face à présent, déterminé, plus sûr de lui.

« Ça fait des années Azalea, tu l'as dit toi même : J'ai changé. Le louveteau qui n'assumait pas ce qu'il était n'existe plus depuis longtemps. »

Fierté. Et pourtant, couteau en plein coeur alors qu’il disait ces mots avec assurance. Son sourire se fane instantanément. Sa voix était glaciale, tranchante, lorsqu'elle reprit la parole.

« Et je n’ai toujours reçu aucun remerciement. Pourtant, c’est bien grâce à moi en partie que tu t’es accepté à l’époque. Mais j’imagine que ça ne compte pas pour toi...Ton ingratitude me pèse Enzo. »

Elle se détourna, le dégoût apparaissant sur son visage, fit quelques pas pour ne plus être face à lui. Se mordant furieusement les lèvres, elle ne put s’empêcher plus de quelques secondes de revenir à l’attaque, fondant devant lui avec une rapidité féline.

« Certaines choses ne changent pas cela dit...tu en es toujours à rechercher l’amour de quelqu’un qui te rejette. Ne vois-tu pas l’ironie dans tout cela ? Je t’avais accepté comme un des miens, et tu m’as rejeté comme si j’étais n’importe qui. Et tu me dis maintenant que tu es prêt à rechercher quelqu’un qui ne veut plus de toi ! Es-tu seulement sûr d’avoir véritablement grandi ? »


L’histoire se répétait et ça ne lui plaisait pas. Le fait est que tout cela avait un goût écœurant pour elle. Elle n’aurait pas été plus énervée s’il lui avait craché à la figure.

« Il a annihilé ma vue et mon odorat, transformé sa voix, je n'ai aucune chance de le reconnaitre si un jour je le croise. La seule possibilité ce sont les marques que j'ai pu lui laisser en le griffant à travers les barreaux de la cage dans laquelle j'étais enfermé. »

Le récit de sa torture la fit grincer des dents. Enfermé, dans une cage, comme un animal. Animal, il l’était, mais pas un de ceux qui pouvaient être domestiqués, soumis, cloîtrés. Comme elle avait envie de grogner, de déchiqueter la peau de celui qui s’était donné le droit de s’en prendre au gamin. Bien sûr, c’était de la mauvaise foi pure. Combien de gens avait-elle torturé ? Tué ? Combien de fois s’était-elle réjouie des cris de douleurs, des gémissements, des supplications désespérées de ceux qui, accrochés à sa jambe, avaient cru possible un quelconque acte de merci ? Elle n’avait jamais changé d’avis, ne s’était jamais repentie, n’avait jamais éprouvé de dégoût d’elle-même, de honte, de tristesse à l’idée de prendre une vie, de faire couiner ses victimes comme des jouets dans les mains sadiques d’un enfant. En outre, elle ne s’en cachait pas. Mais toute troublée qu’elle était pas ce lien qui subsistait entre eux, Azalea n’était pas en mesure de prendre la chose avec philosophie. Plus que les paroles, c’est la voix d’Enzo qui la glace. Le ton un peu froid, explicatif, comme s’il parlait mécaniquement ne voulait dire qu’une chose pour elle : il avait souffert et les plaies s’étaient recouvertes d’une surface gelée comme un lac d’hiver. Elle le savait, parce qu’elle faisait pareil. La douleur lancinante et la rage flamboyante laissaient toujours place à une froideur assassine. Comme pour stopper une hémorragie qui avait laissé s’écouler trop de sang...plaie gelée, ou cautérisée. Fin de l’hémorragie. Et la douleur était lentement remplacée par un désir de vengeance.

« Quand est-ce que ça s’est passé ? » demanda-t-elle, les dents serrées.

Elle avait besoin d’en savoir plus, instinctivement. Parce que s’il ne trouvait pas lui, cela ne voulait pas dire qu’elle ne chercherait pas de son côté. Enzo abaisse son col, lui montrant là où les blessures s’étaient trouvés autrefois, lui disant que toutes les cicatrices s’effacent. Le regard d’Azalea s’assombrit.

« Pas toutes... Certaines demeurent pour toujours intactes.» dit-elle d'une voix dure, sa langue claquant contre son palais.

Cette dureté ne s'adressait pas seulement à lui. Azalea avait ses propres cicatrices, marques laissées par des années de maltraitance infantile. Son corps les gardait comme des souvenirs de ce à quoi elle avait survécu en anéantissant sa famille, en n’abandonnant jamais sa volonté de vivre. Elle aurait pu céder, détruite par la haine qu’ils lui avaient vouée, par la privation de toute source de bonheur, par la violence des coups, des sorts, des mots. Parce qu’il n’y avait pas que les blessures physiques. Celles, mentales, étaient ancrées en elle, invisibles à l’oeil. Trahison. Mensonge. Abandon. Nombreux étaient ceux qui avaient voulu la briser. Mais ce n’était pas dans le tempérament de la sorcière de baisser les bras, de s’avouer vaincue. Vaincue, elle ne l’était jamais.
Alors, si les cicatrices d’Enzo lui étaient si familières, c’était parce qu’elles avaient les siennes, propres à ses batailles, à ses souffrances, et qu’au fond, elle lui en avait voulu violemment de rajouter une autre trahison à celles qu’elle avait déjà connues avant lui.

« J’imagine que mon aide serait trop dégradante pour toi cela dit...Après tout, je dois être devenue un monstre pour toi, n’est-ce pas ? »

Elle avait essayé, mais l’animosité nourrie par toutes les choses qu’évoquaient les mots qu’ils échangeaient ne semblait se calmer.

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Dim 31 Mai - 20:52
« Et je n’ai toujours reçu aucun remerciement. Pourtant, c’est bien grâce à moi en partie que tu t’es accepté à l’époque. Mais j’imagine que ça ne compte pas pour toi...Ton ingratitude me pèse Enzo. »

Est ce qu'elle le pense réellement ou bien est-elle en train d'essayer de me déstabiliser ? Je ne cache pas mon étonnement, de la voir … si affectée ? Je ne réprime pas plus le sursaut qu'elle fait naitre chez moi en s'approchant de nouveau, toute sa félinité dans l'attitude et le regard. Je ne tremble pas, je n'ai pas peur, pourtant elle pourrait faire de moi ce qu'elle veut. D'un sort, d'un coup de griffe s'il lui prend l'envie de changer, ses mâchoires enfoncée dans ma chair jusqu'à mon dernier souffle … Ce serait si simple. Est ce que mon instinct de survie a disparu ? Non, bien sûr que non, mais il ne s'alarme plus autant de la situation.

« Certaines choses ne changent pas cela dit...tu en es toujours à rechercher l’amour de quelqu’un qui te rejette. Ne vois-tu pas l’ironie dans tout cela ? Je t’avais accepté comme un des miens, et tu m’as rejeté comme si j’étais n’importe qui. Et tu me dis maintenant que tu es prêt à rechercher quelqu’un qui ne veut plus de toi ! Es-tu seulement sûr d’avoir véritablement grandi ? »

Là encore, l'étonnement plus qu'un coup encaissé. Ses mots me touchent, bien sûr qu'ils le font, encore un écho comme ce qu'a fait remonter Gavyn quand on s'est recroisés il y a de ça quelques mois. Je devais survivre, qu'est ce que j'aurai pu faire d'autres ? Aller à l'encontre totale de celui que je suis pour leur faire plaisir ? Tout ça c'était dans une autre vie et je devine qu'elle fait référence à Derek puisque là à toujours été le sujet de désaccord principal entre nous deux – exception faite du plus évident. Il est sans doute l'être après lequel j'ai le plus couru dans ma vie il est vrai et je n'en ressens pas l'ombre d'un regret. Plus aujourd'hui. Il est mon sang, il a fait amende honorable, je ne vais pas m'excuser pour ça.
Le gamin en carence de confiance en lui que j'étais aurait sans doute pris un coup dans l'estomac en écoutant ces paroles acides destinée à viser en plein cœur, le jeune adulte que je suis devenu n'a pas honte de ce qu'il est. Oui je suis prêt à rechercher quelqu'un qui ne veut plus de moi, simplement parce que je ne peux pas faire taire cette petite voix dans ma tête qui me hurle que quelque chose ne va pas. Qu'importe si je me trompe, j'ai besoin d'en être sûr et je ne lâcherai pas.

« Quand est-ce que ça s’est passé ? »
« En septembre l'année dernière. »

Six mois. Ça me paraît à la fois une éternité et la veille, je me rends surtout compte du chemin parcouru depuis. J'étais plus bas que terre, diminué physiquement et psychologiquement, mais je me suis relevé encore une fois. Avec de l'aide, sans ça je ne serai plus de ce monde ça me semble être une évidence.

« Pas toutes... Certaines demeurent pour toujours intactes. »


Les cicatrices. Et cette impression que plus elle perd son calme plus le mien prend de l'importance.

« J’imagine que mon aide serait trop dégradante pour toi cela dit...Après tout, je dois être devenue un monstre pour toi, n’est-ce pas ? »
« C'est ce que tu devrais être à mes yeux, effectivement. »

Mon rythme cardiaque s'est apaisé, je suis concentré sur elle, adapte mon comportement au sien. Droit, presque stoïque mais pas froid pour autant je prends mon tour de parole. Oui, elle devrait être un monstre à mes yeux et pourtant ça n'est pas comme ça que je la perçois. Parce que le gamin que j'étais l'a identifié autrement, parce que dans les compartiments de mon cerveau elle a sa place propre. Ce qu'elle a fait ou fait aux autres elle ne l'a jamais fait sur moi. Elle aurait pu, elle peut toujours, peut-être qu'elle le fera, mais ce n'est pas un monstre que j'ai devant les yeux malgré tout ce que je peux savoir d'elle.

« Je ne peux pas te remercier d'avoir entretenue ce que je ne voulais pas être, d'avoir profité de mon malêtre pour essayer de me modeler comme tu aurais eu envie que je sois : Quelqu'un qui joue avec la vie sans se soucier de ce que peux ressentir celui qui la porte. »

Le ton n'est pas accusateur, simplement posé tout comme l'est mon attitude. Lentement mais sûrement William sort de mon esprit, il n'y a plus qu'elle et moi qui existons pour le moment. La raison de ma présence ici est mise de côté, temporairement.

« En revanche je peux te remercier de m'avoir aidé à survivre, à apprivoiser la puissance que j'avais en moi mais que je rejetais de toutes mes forces. »

Rien qu'une vérité de plus à mes yeux, je n'ai pas la moindre idée de comment elle l'interprètera. Jamais je ne nierai ni renierai le rôle qu'elle a joué dans ma vie, l'aide et la présence qu'elle m'a apporté quand je pensais en avoir le plus besoin. Je n'ai cependant plus la naïveté que j'avais à l'époque, plus cette envie de foncer dans le mur en hurlant même si les apparences jouent en ma défaveur vu les circonstances. Elle fait partie de ceux m'ayant appris à suivre mon instinct, à l'écouter, et c'est précisément ce que je fais chaque seconde de ma vie qui s'écoule.

« Je n'avais pas d'autre choix que m'éloigner et tu le sais, on est trop différents sur bien des points. On ne vit pas dans le même monde et c'est lui que je rejette, pas toi. Ces idéaux qui ne sont pas les miens et ne le seront jamais. »

Je me transforme en bête sanguinaire chaque mois et ça n'a rien d'un choix, en revanche j'ai fait celui d'apaiser la bête par tous les moyens possibles pour ne pas avoir à commettre à nouveau ce qu'ils m'ont fait connaître à l'époque. Elle, elle a choisi sciemment de devenir animal lorsqu'elle le souhaite, d'en épouser chaque contours, de jouer avec les règles de la chaine alimentaire.

« Je ne veux pas me battre avec toi sur ce qui a été et n'est plus, rien ne pourra jamais changer ce qu'il s'est passé ni l'état dans lequel sont les choses aujourd'hui. Si tu veux te venger je ne pourrai pas t'en empêcher. »

Comme pour illustrer la situation j'écarte les bras. Seul au milieu de nulle part, personne ne sachant où je suis, proie facile est écrit en lettre d'or sur ma peau et dans chacun de mes battements de cœur. Je pourrais disparaître aujourd'hui, ici, maintenant sans que jamais personne ne découvre ce qui a pu m'arriver. Même si je ne partirai pas sans luter pour ma vie elle a ce pouvoir et on en a conscience tous les deux.

« Mais si tu choisi de m'aider à retrouver cet endroit, en souvenir de ce qu'on a partagé toi et moi ou simplement parce que tu n'as pas mieux à faire, alors non ça n'a rien de dégradant pour moi. »

Qu'importe mes raisons, qu'importe les siennes, je me fous même de ce que pourraient penser les autres. On me traite de traitre depuis bien longtemps, je sais qui je suis et n'entre aucunement dans cette catégorie. Personne n'a a me dire qui j'ai le droit d'aimer ou haïr, qui et comment je dois être, qu'on foute la paix à ce sang qui coule dans mes veines.
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Enzo S. Ryans
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Mar 2 Juin - 18:09
Un pieux dans le coeur. Une cassure déjà présente sur laquelle on martelait une nouvelle fois. La sensation de retrouver quelque chose pour le perdre à nouveau alors qu’en réalité, elle l’avait perdu depuis longtemps. Que restait-il de leur lien ? Une affection nostalgique, une faible lueur dans les ténèbres qui avaient lié leurs destins. Une amertume qui lui poissait la bouche, la rendait malade. Parce que tout ce qu’il lui disait ne faisait qu’enfoncer un clou de plus dans le cercueil de leur relation. Azalea faillit abandonner sa fierté, sa dignité, sa pudeur pour lui hurler qu’elle aurait pu le protéger, qu’elle aurait pu l’aider à grandir dans son monde à elle, qu’il aurait accédé à une vie bien plus grande, bien plus prometteuse que celle qu’il s’était choisi, qu’ils auraient été ensemble au moins, liés pour toujours dans l’animalité de leurs chasses...mais que chassaient-ils au juste ? Pas vraiment des proies. Ce n’était qu’un passe-temps, un petit plaisir pour attendrir l’âme, apaiser les plaies. Parce que finalement...c’était la douleur qu’ils chassaient si férocement. La douleur de ne pas se sentir à sa place par moment, la douleur du rejet, de l’abandon, de la rage qui sommeillait en eux. Du vide au fond de l’estomac. Une vie où leur affection n’aurait eu besoin d’être cachée, passée sous silence, interdite. Une vie où il n’aurait pas eu besoin d’un frère qui l’avait maltraité. Il aurait eu une sœur. Mais rien de tout cela n’avait été possible. Reviens. Voilà ce qu’elle lui aurait dit. Si elle avait eu le courage. Si elle ne s’était pas sentie si malade de le voir si droit devant elle, soutenant son regard, soutenant sa froideur par le calme d’un homme et non d’un enfant. Un peu plus sûr de lui. Un peu plus lui-même, assumant ses faiblesses et ses forces. Et la fierté qu’elle éprouvait à le voir ainsi ne pouvait qu’entachée par le simple fait qu’il s’était construit en opposition à Eux, à elle. Oui, la sorcière l’avait aidé à se trouver...mais il s’était trouvé de l’autre côté, à son exact opposé, loin d’elle, loin de son emprise, loin de son univers ; elle l’avait aidé à s’éloigner sans même le savoir, lui avait montré ce qu’il ne désirait pas être, l’avait décidé un peu plus à devenir comme ceux qui la haïssaient. Et c’était ce triste constat qui lui cisaillait l’âme.

« Je ne peux pas te remercier d'avoir entretenue ce que je ne voulais pas être, d'avoir profité de mon malêtre pour essayer de me modeler comme tu aurais eu envie que je sois : Quelqu'un qui joue avec la vie sans se soucier de ce que peux ressentir celui qui la porte. »

La voilà la confirmation de ce qu’elle ressentait. Elle l’accueillit sans ciller et pourtant, brisée à l’intérieur par les mots qu’il lui jetait. Les pensait-il vraiment ? Pourquoi croire qu’elle s’était servie de son mal-être ? Ne voyait-il pas qu’elle s’y était identifiée à l’époque ? Ne voyait-il pas que c’était le sien qu’elle tentait de faire disparaître en tentant d’anéantir celui du gamin qu’il était il y a longtemps ? Il pensait sûrement qu’elle avait usé de manipulation pour avoir de l’influence sur lui...alors qu’en réalité, l’emprise...c’est lui qui l’avait eue sur elle. Aussi forte, indépendante, intransigeante, féroce, cruelle qu’elle était, ce n’était pas dans la nature de la sorcière de s’attacher à si faible qu’il l’avait été. N’importe qui d’autre aurait récolté des insultes, des coups, des crocs dans les artères. N’importe qui d’autre n’aurait jamais trouvé grâce à ses yeux d’une telle manière, en de telles circonstances. Mais pas lui...lui, elle avait vu son âme et elle l’avait aimée. Elle avait vu sa souffrance et elle l’avait partagée. Écho bien étrange dans le lointain, effet miroir d’un temps révolu.  

« En revanche je peux te remercier de m'avoir aidé à survivre, à apprivoiser la puissance que j'avais en moi mais que je rejetais de toutes mes forces. »

Peu importait. Cela n’avait plus de valeur, plus de sens. L’abattement qu’elle ressentait en elle semblait se faire plus présent à mesure qu’elle lisait dans ses yeux toute sa détermination. Il ne flancherait pas. Il ne changerait pas. Il ne reviendrait pas. Jamais.
Ses lèvres étaient closes. Comme son cœur. Elle s’était laissée tenter par l’affection et l’affection lui avait inséré une pique chargée d’acide.
Le reste de ses paroles lui échappèrent quelque peu. Azalea n’écoutait plus vraiment. Seuls certains mots parvenaient à ses oreilles. « On ne vit pas dans le même monde et c'est lui que je rejette, pas  toi. »

"Oh mais si Enzo...c’est bien moi que tu rejettes. De toutes tes forces. Mon monde et moi...nous ne sommes qu’un."

Mon monde est moi. Et il en allait à présent de même pour lui. Et ça y était, cette évidence douloureuse...ils se tenaient bien tous deux de chaque côté d’un rivage séparé par une eau tumultueuse, contemplant le passé en souriant, et pleurant devant le futur et le présent ulcérés.

« Je ne veux pas me battre avec toi sur ce qui a été et n'est plus, rien ne pourra jamais changer ce qu'il s'est passé ni l'état dans lequel sont les choses aujourd'hui. Si tu veux te venger je ne pourrai pas t'en empêcher. »

Ce qui n’est plus…
Il écarta les bras comme pour la défier, conscient qu’elle pouvait décider à tout moment de lui ôter la vie. Et cette façon qu’il avait de penser qu’elle le ferait peut-être...
Ces mots, cette attitude, lui faisaient mal. Trop mal. Pourtant, elle le savait, au fond. Elle avait préféré ne pas y penser, ne pas penser du tout à Enzo pendant tout ce temps. Ses pensées défilaient à toute vitesse à mesure que les lèvres du jeune loup bougeaient, enfonçant davantage la lame du poignard, et pourtant...une faible lueur d’espoir entre des mots douloureux.

« C'est ce que tu devrais être à mes yeux, effectivement. »

Elle devrait oui...monstre qu’elle était vraiment et dont il choisissait d’ignorer l’ampleur. Pas tout à fait monstre, pas tout à fait humaine, alors ? Mais l’entre-deux ne pouvait exister pour elle. Pas pour longtemps.

« Mais si tu choisi de m'aider à retrouver cet endroit, en souvenir de ce qu'on a partagé toi et moi ou simplement parce que tu n'as pas mieux à faire, alors non ça n'a rien de dégradant pour moi. »


Trop désaxée par la situation, elle était en proie à des sentiments contradictoires mais qui s’altéraient de minute en minute. Parce que plus le jeune loup parlait, plus l’issue apparaissait clairement dans l’esprit d’Azalea.

C’était leur dernier moment ensemble, leur dernière conversation, leur au-revoir. L’instant qu’elle avait redouté, inévitable pourtant. Il était temps d’assumer leurs positions, clairement, sans ciller, sans retenue.

De tout le temps qu’il avait parlé, Azalea l’avait observé, le regard tantôt sombre tantôt flamboyant. Elle ne pleurait jamais. Mais s’il y avait eu un moment où elle aurait du, cela aurait été aujourd’hui. Là, face à lui, alors qu’elle prenait lentement sa décision. Un instant de silence marqua un instant suspendu. Les sourcils froncés, concentrée, nouée jusqu’au plus profond de son estomac, la sorcière fixe ce visage qu’elle connaissait si bien.

Je suis désolée. Je n’ai pas pu te protéger à l’époque. Je n’ai pas su te retenir. Pas su te donner ce que tu voulais. Mais j’avais besoin de toi moi aussi. J’aurais aimé que tu restes, que tu reviennes. Et j’espère que malgré tout, tu auras tout ce dont tu rêves.

Ces mots là ne franchirent jamais ses lèvres.
Elle prit une inspiration douloureuse, son regard toujours ancré en lui et son visage se fit dur, glacial. Couche protectrice qui s’épaississait dès lors que la vie la blessait. Elle fit quelques pas vers lui, droite, le menton un peu haut. Rigide. Infranchissables murs dressés entre eux.

« Il y a longtemps je t’ai fait une promesse, t’en souviens-tu ? Je t’ai promis de te protéger de ton frère, mais en réalité...cette promesse vaut bien pour tout ceux qui t’auraient voulu du mal Enzo. »


Elle fit une pause, se força à calmer les frémissements de son coeur.

« Alors, je vais t’aider. Nous retrouverons ce bunker. En souvenir de ce qui nous liait autrefois. En souvenir de nos chasses passées. Juste en souvenir....»
souffla-t-elle.

Et puis...puis...les mots ne voulaient pas franchir ses lèvres, qu’elle pinça juste une seconde avant de continuer.

« Quand nous aurons terminé, nous retournerons chacun de notre côté. Le loup et la panthère à jamais séparés….parce que j’aurais honoré ma promesse Enzo. »

Parce que ce sera la dernière fois que je te tendrais la main. La dernière fois que l’on se voit...

Elle se détourna rapidement, ne voulant plus soutenir ce regard. Son coeur s’était durci, gelé.

« Bien, commençons. C’était en septembre dernier donc. Comment es-tu sorti du bunker ? »


Sa voix était ferme, dure, sans chaleur, dénuée de sentiments. Comme si elle ne venait pas de lui dire tout ça. Comme si elle lui parlait du beau temps. Elle sortit une cigarette et l’alluma d’un coup de baguette en lui faisant signe de commencer à marcher.

« Allons ».

Il fallait bien commencer quelque part. Et plus tôt ils trouveraient, plus tôt ils pourraient se dire adieu.

Pensée amère qu’elle occulta.  
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Lun 8 Juin - 23:22
« Oh mais si Enzo...c’est bien moi que tu rejettes. De toutes tes forces. Mon monde et moi...nous ne sommes qu’un. »

Alors voilà une raison de plus, une preuve de plus, que cette rencontre fortuite n'est rien de plus qu'un adieu. Un point final qui n'a jamais été signé en fin de ligne jusqu'ici. Une porte restée ouverte qu'on referme, avant de verrouiller et jeter la clé. Le cœur est lourd soudainement alors que l'évidence frappe, les souvenirs remontent, encore un au revoir, une cassure. Deux chemins qui se séparent sans même s'être réellement retrouvés. Les mots se tarissent, s'estompent, s'envolent et laissent place à un silence dans lequel s'entrechoquent les émotions. La boule qui prend forme dans ma gorge n'est que trop familière ces derniers jours, ça n'est jamais simple de dire au revoir à quelqu'un qui compte, qui d'une manière ou d'une autre a marqué ta vie d'une emprunte certes effacée mais néanmoins indélébile. Un paradoxe doublé d'un secret qui ne sera jamais partagé, à qui est ce que je pourrais bien en parler ? Ils ne comprendraient pas. Peut-être aussi qu'une part de moi a simplement envie de la garder dans ce jardin privé dont je n'ouvre plus la porte une fois refermée. A croire qu'elle s'ouvre de l'intérieur, tout simplement.
Là, son regard dans le mien, l'instant pèse lourd. J'imprime les traits de son visage une dernière fois de manière solennelle, supposant qu'elle en fait autant sans avoir la prétention de savoir ce qui se passe réellement dans ses pensées. Je vois, perçois beaucoup de choses émaner d'elle, danser dans ses iris, mais désormais le calme plat l'emporte sur tout le reste. L'acceptation teintée de résilience. Deux survivants l'un face à l'autre, malmenés par l'existence, qui se sont accrochés l'un à l'autre un temps. Le passé qui n'a plus sa place dans le présent.

Un instant, juste un instant, avant de se dire adieu. Mon cœur s'emballe quand elle est là de nouveau, sans doute plus près de moi qu'elle ne le sera plus jamais si ce n'est avant un instant fatal peut-être. Pas aujourd'hui. Pas maintenant, pas comme ça.

« Il y a longtemps je t’ai fait une promesse, t’en souviens-tu ? Je t’ai promis de te protéger de ton frère, mais en réalité...cette promesse vaut bien pour tout ceux qui t’auraient voulu du mal Enzo. »

Alors pourquoi tu les as laissé faire quand ils m'ont mis plus bas que terre ? C'est sans doute injuste, et puis dans le fond je ne ressens aucune rancœur envers elle. Elle m'a offert ce que personne d'autre n'a su m'offrir à ce moment, sans en avoir la preuve formelle je suis persuadée qu'elle n'est pas étrangère au fait qu'ils aient fini par me foutre la paix à la longue. Avec ou sans arrière pensée tout ça n'a plus d'importance, parce que c'est moi qui me suis éloigné. Un choix que je ne regrette pas, bien qu'il soit douloureux en cet instant précis. Mon cœur de gosse abandonné n'a pas envie d'avoir à supporter une autre cassure, un autre au revoir. Est ce qu'il en a seulement la force ? Parfois je me demande comment il fait pour battre encore après toutes ces années à courir après la survie. A peine le temps de se reposer, il faut repartir de plus belle. Encaisser, tomber, se relever, recommencer. Encore, et encore, et encore … Peut-être que ça serait plus simple pour moi si ça l'était pour elle.

« Alors, je vais t’aider. Nous retrouverons ce bunker. En souvenir de ce qui nous liait autrefois. En souvenir de nos chasses passées. Juste en souvenir....»

En souvenir, pour un point final.

« Quand nous aurons terminé, nous retournerons chacun de notre côté. Le loup et la panthère à jamais séparés….parce que j’aurais honoré ma promesse Enzo. »

Je me sens si petit, de nouveau dans cette enveloppe de gamin mal dans sa peau. Je la dépasse en taille, en carrure, mais ce n'est qu'un enfant qu'elle a devant elle malgré tout. Un enfant fatigué, éreinté, triste mais qui s'efforce encore et toujours de tenir le coup. Un enfant pas toujours très rationnel, sans doute trop mature pour son âge parfois, dont les émotions sont aussi virulentes que canalisées mais étrangement apaisées malgré cette pointe dans le cœur et cette boule dans la gorge. C'est la fin d'un chapitre que je pensais clos depuis des années, circonstances ou pas je me perds entre soulagement et peine.
Changement de regard, d'attitude, une porte se ferme là derrière son regard et je sais qu'elle ne s'ouvrira plus, qu'elle ne posera plus jamais sur moi le regard bienveillant et protecteur qui m'a tant de fois rassuré. Un soupir, long et profond, mon corps se débloque lui aussi. Épaules lourdes. L'envie de rentrer à la maison, de retrouver des repères, de faire le deuil de ce lien dont on vient de couper le fil invisible.

« Bien, commençons. C’était en septembre dernier donc. Comment es-tu sorti du bunker ? »

Pragmatisme, retour à la réalité dans un volute de fumée dont l'odeur vient chatouiller mon odorat sensible. Si mon cœur s'emballe c'est parce que je me retrouve de nouveau sur les rails qui m'ont poussé à venir jusqu'ici. Le manque de William, la violence des mots puis du silence, de l'absence, l'inquiétude surtout et l'impression que là aussi une porte va se refermer qu'importe la finalité. J'espère le voir et ça me terrifie, parce que s'il se trouve ici ça ne peut pas bien se finir. C'est peut-être déjà terminé. Dans ma tête raisonne un bip persistant, fantôme de celui qui indiquait mes constantes quand ce précédent cauchemar s'est terminé. Je m'échappe une seconde, Azalea me ramène sur terre.

« Allons. »

Je réalise m'être tellement contracté que mon corps a du mal à se débloquer pour se remettre en route. Les premiers pas sont un peu incertains, la voix est enrouée même après que je me sois raclé la gorge comme pour la dénouer. A nouveau je m'en fais puiser dans des souvenirs douloureux, quelque chose d'inscrit à jamais dans mon organisme et qui me fera sursauter pour le restant de mes jours quand un bruit, une sensation, me ramènera là-bas. Qu'est ce que tu fous là putain ? Pourquoi ce besoin de remuer toutes ces merdes ? Pour lui, tout simplement. Qu'importe les conséquences pour moi.
Baguette dans une main, l'autre dans la poche de mon jean, les yeux rivés sur le sol je regarde mes pieds chasser les feuilles mortes alors que dans les cimes le vert reprend peu à peu ses droits. Les arbres passent leur existences à mourir puis revivre, c'est cyclique, dingue ce que ça me semble familier dit comme ça.

« Celui ou celle qui m'y a enfermé à transmis les coordonnées géographiques à l'un de mes proches, il a a transformé ça en jeu de piste. »

Le ton devient monocorde, comme si je récitais une leçon apprise par cœur dans la moindre trace d'émotion dans la voix. Lassé, sans doute, ou peut-être par instinct de protection. A moins que ce ne soit pour me calquer sur elle, sur son attitude désormais détachée.

« Ils sont arrivés juste à temps, comme si tout était calculé. »

Je n'étais plus qu'un animal décharné, un corps humain avec la peau sur les os, déshydraté, incapable de parler, de marcher pendant plusieurs jours, pas foutu de croiser mon reflet dans un miroir pendant des semaines savoir envie de l'éclater ou de pleurer. L'humiliation a été totale, me reconstruire n'a jamais pris autant de temps et aujourd'hui encore j'en repère les fissures. Colmatées pour la plus part, si fines qu'on ne les voit plus. Je sais que retrouver cet endroit ne me fera aucun bien, mais j'ai cette pensée fugace qui me pousse à me dire que, peut-être, ça me permettra de fermer là encore une autre porte. Tout dépendra de ce qu'on y trouvera si jamais on retrouve ce qui a été ma prison pendant des semaines.

« Ça devrait être dans un rayon d'environ 500m par ici, je ne sais pas s'il est apparent de l'extérieur mais la Magie devrait permettre de le trouver même si ça n'est pas le cas je suppose. Peut-être qu'on peut se séparer pour couvrir plus de terrain. »

Je ne la force pas à être là, je me rends surtout compte que sa présence me rassure. Je ne sais pas sur quoi je vais tomber, le fait de ne pas être seul change la donne je crois. Et ce cœur qui battait si fort semble s'arrêter brutalement quelques secondes ou minutes plus tard lorsque mon pied droit percute quelque chose de solide là sous un tapis de feuille. L'esprit fourmille déjà, essaie d'analyser malgré le maelström d'émotions qui s'en mêle. Sans doute que je ne pensais pas réellement retrouver cet endroit, est ce qu'on peut de toute façon réellement se préparer pour ça ? Un léger sortilège lancé pour faire s'envoler les feuilles et c'est la trappe qui se dévoile. Recouverte de mousse, d'insectes rampant, l'anneau de fer rongé par la rouille. Autant de preuve de son abandon total depuis un moment. Le corps est à l'arrêt, je sens la présence d'Azalea mais garde les yeux rivés sur ce bloc de granit là devant moi. Pas d'odeur familière à l'horizon, rien que celle de l'humus, la rouille et l'humidité. Je ne sais même pas qui de elle ou moi ouvre la trappe, déconnecté, les mains qui tremblent et l'estomac au bord des lèvres. Je ne sais pas ce que je vais trouver en bas, une pensée soudaine et brutale pour cet enfant qu'on a jeté dans ma cage après m'avoir affamé, torturé … Je n'ai pas le souvenir de l'avoir tué mais qu'est ce qui me prouve que mon esprit ne me joue pas des tours ? Et si ce sont les restes de son corps qui se trouvent là, en dessous ? J'entends mon cœur battre dans mes tempes, la tête me tourne, mais le premier mouvement est amorcé. Poing serré autour de ma baguette je pose un premier pied sur une marche, puis la suivante. L'odeur rance du renfermé vient me saisir l'odorat, je remonte le col de mon sweat par dessus ma bouche et mon nez. Une autre marche, un lumos et l'intérieur de mon enfer qui se dessine. Vide. Neutre. Sans la moindre trace de vie ou de mort. Quelques étagères où s'entasse de vieilles boites de conserve ...

« Hominum Revelio. »

… et l'instinct de survie qui pousse au miracle. L'adrénaline coule dans mes veines, me tient éveillé et en alerte.

J'ai compris à l'instant même où j'ai pénétré cet antre que la personne que je cherche n'y serai pas, le manque se creuse un nouveau sillon sous ma peau. Puis l'immobilité, un nœud dans la gorge, un autre dans le ventre, le regard rivé sur le vide à l'endroit où s'est tenu la cage dans laquelle on m'a enfermé et maintenu captif pendant un temps dont j'ai perdu le fil. La nausée est là, contenue par le corps qui se fige. Odeurs et sensations fantômes, comme un membre arraché dont on garde un souvenir presque psychique, un prolongement de soi impalpable. Je peux revoir les taches de mon propre sang sur le sol qui n'en porte pourtant aucune trace. Les immondices, le sang d'un autre, le vide. Plus aucune trace, comme si tout ça n'avait existé que dans mon imagination.
A nouveau, mélange de soulagement et de peine. Je me suis imaginé le retrouver, passer mes bras autour de lui en lui disant que c'est fini, que tout ira bien maintenant, que je suis là. Mais lui ne l'est pas. J'aurai détesté qu'il le soit, cent fois j'aurai préféré y croiser mon bourreau. Ce ne sera ni l'un ni l'autre, simplement le poids de l'absence, les stigmates d'un cauchemar, l'impression de nager dans un océan de néant. Une envie de hurler coincée dans le fond de la gorge, celle qui vient juste avant de s'écrouler.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mar 16 Juin - 16:36
 La porte s’était refermée. Et c’était toujours définitif.
Pourtant, on pouvait encore entendre le bois grincer, la poignet trembler légèrement. Porte fébrile. Porte close. Porte sur le passé. La froideur remplaçait peu à peu la douleur du cisaillement, de cette coupure à même la chair, encore dégoulinante d’un sang qui s’était glacé. Le fossé déjà présent entre eux ne faisait que s’approfondir à mesure qu’Azalea mettait une distance avec le jeune loup. Distance nécessaire. Parce qu’il fallait avancer, suturer les plaies sensibles. Enzo se retrouvait peu à peu de l’autre côté de la barrière qu’Azalea venait d’abaisser. Elle repoussa l’amertume, la rancoeur, la souffrance dans un coin de son être, invoquant toute sa raison pour maintenir l’ébullition sous couvercle. Il fallait maintenant passer aux choses sérieuses, car la sorcière n’avait pas menti : elle honorerait une dernière fois sa promesse. Un dernier instant ensemble, pour se dire au-revoir comme il se devait. Sa clope allumée, la jeune femme tirait avec un brin d’animosité dessus, inspirant et expirant, les nerfs encore à vif mais concentrée. Elle ne regardait pas directement Enzo, mais elle l’invita à marcher. Il était temps de trouver ce bunker. C’était bien pour cela qu’il était revenu. Il se remit en mouvement, et les deux sorciers commencèrent à marcher côte à côte. Une dernière fois. Juste une dernière fois.

« Celui ou celle qui m'y a enfermé à transmis les coordonnées géographiques à l'un de mes proches, il a transformé ça en jeu de piste. »


La voix d’Enzo était lasse, monocorde. Elle savait au fond qu’il était fatigué, fatigué de tout ça, fatigué de souffrir. Mais elle s’interdit de ressentir quoique ce soit, enferma ce petit instinct qui lui disait d’apaiser sa douleur. Comme en donnant un coup sur cette porte close entre eux, Azalea s’assurait avec fermeté qu’elle ne s’entrebaillerait pas.
Elle tira une fois de plus sur sa clope, le regard fixé sur les bois alentours, attentive à ce qui pourrait ressembler à une piste pour trouver ce foutu bunker.

« Comment ces coordonnées ont-elles été transmises ? »

Son esprit tentait d’entrevoir des failles, de récolter toutes les informations qui pourraient être utiles avec un œil neuf. Enzo avait sûrement exploré toutes les pistes mais Azalea avait l’avantage d’avoir un recul et une extériorité à l’histoire.

« Ils sont arrivés juste à temps, comme si tout était calculé. »

Une main de Maître dans l’art de la torture...Un véritable jeu dans lequel les joueurs étaient embarqués sans le vouloir, incapable d’en sortir avant la fin de la partie, avant d’arriver au point exact que le maître du jeu avait désigné, sûr déjà de les faire se mouvoir dans la bonne direction, sûr aussi d’obtenir la victoire. La victoire, ici, était de s’extraire de la partie sans encombres : celui ou celle qui était derrière tout ça avait clairement réussi son coup. D’un point de vue extérieur, c’était du génie. Dans les circonstances actuelles, les veines d’Azalea bouillonnaient. Mais bien en-dessous de la peau épaisse de sa carapace.
Elle demeura silencieuse, attentive à ce qui l’entourait. Son regard sillonnait le sol, les monticules de terre, tout ce qui pourrait être un endroit propice à un bunker.

« Ça devrait être dans un rayon d'environ 500m par ici, je ne sais pas s'il est apparent de l'extérieur mais la Magie devrait permettre de le trouver même si ça n'est pas le cas je suppose. Peut-être qu'on peut se séparer pour couvrir plus de terrain. »


La sorcière acquiesce sans le regarder. Un « Ok » froid, concentré, mécanique sort de sa bouche alors qu’elle écrasait sa cigarette contre un arbre. Elle ne comptait pas partir, mais elle fit quelques pas de côté pour avoir une plus large vision des alentours, monta sur un rocher pour balayer des yeux la forêt. Elle n’était qu’à quelques mètres d’Enzo lorsque son pied heurta quelque chose et le bruit la fit se retourner d’un seul coup. Son regard se fixa immédiatement sur le pied du sorcier. Un tapis de feuilles ne semble encore rien dévoiler de ce qu’il a touché. Azalea sauta du rocher et atterrit près d’Enzo qui déjà levait sa baguette pour enfin découvrir ce qu’ils redoutaient alors : la trappe. Elle ne semblait pas avoir été rouverte depuis longtemps. La sorcière releva légèrement les yeux vers Enzo : il était figé sur place, ses mains tremblaient, s’accrochant encore à sa baguette, les yeux rivés sur la trappe.

Elle soupira.

Puis, sortit sa baguette et ouvrit l’entrée. La porte de la trappe grinça et retomba d’un côté dans un bruit sonore. Azalea observait le sorcier, toujours aussi raide, en proie sûrement à un tourbillon d’émotions conflictuelles. Il se mit pourtant en mouvement, entrant par la trappe, un pied après l’autre sur les marches et la sorcière le regarda disparaître peu à peu, avant de lui emboîter le pas. En silence. Parce que ce moment se passait bien de paroles. Parce qu’elle n’avait rien à dire de réconfortant, de rassurant, et qu’elle ne le voulait pas. Ce n’était plus son rôle depuis longtemps.
Lorsqu’elle mit un premier pied dans le bunker, Azalea regarda autour d’elle. Rien. Personne. Enzo lança un sort avant qu’elle n’ait pu lever sa baguette et la pièce s’éclaira. Des étagères presques vides, seules des boites sont encore entassées. L’endroit avait été déserté. Elle analysa les lieux : rien qui ne puisse servir d’indice. Et la réalité se faisait jour, autant pour elle que pour lui : personne n’était venu depuis longtemps, probablement depuis aussi longtemps qu’Enzo y avait été retenu.

Elle jeta un nouveau regard vers le sorcier. La tension de ses traits, la douleur dans ses yeux...Elle s’en détourna en pinçant les lèvres. C’était un instant qui lui appartenait. Si la porte ne s’était refermée sur leur relation, elle aurait peut être osé s’approcher de lui, toucher son bras, établir un contact physique pour l’accompagner dans sa souffrance, lui aurait dit des mots peut être maladroits mais rassurants.  Il jeta un « Hominum Revelio » … mais rien. Un autre soupire en regardant l’intérieur du bunker. Elle aurait pu se transformer pour essayer de voir ce qu’elle pouvait sentir par ses sens d’animal, mais cela était inutile : Enzo avait toutes ses capacités pour ça. Un avantage précieux, même hors de son corps de loup.

Puis, cela la frappa. Il cherchait sans doute seulement à clore une autre page de son passé. Deux portes se fermaient-elles aujourd’hui pour lui ?

Son regard se posa à nouveau sur lui. Le silence se faisait lourd.

« Celui qui a fait ça a pensé à tout on dirait...fit-elle. Il n’y a rien ici pour retrouver sa trace. »

Un constat évident. Mais que dire de plus ?

« Qu’espérais-tu en venant ici Enzo ? »

Lui avait-il seulement dit la vérité sur les raisons qui l’avaient amené ici ? Etait-ce seulement pour revenir sur ses pas, pour retrouver l’endroit où tout son traumatisme avait eu lieu ?
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Mar 16 Juin - 17:46
« Celui qui a fait ça a pensé à tout on dirait. Il n’y a rien ici pour retrouver sa trace. »

Rien. Rien que le vide, le silence, l'odeur de renfermé, les lieux ne gardent pas la moindre trace de ce qui a marqué mon être pour le restant de mes jours. Une fois de plus. Une cage de plus. Une cicatrice de plus, invisible comme toutes les autres ou presque. La seule qui me reste aujourd'hui est celle qui a sans doute le plus radicalement changé ma vie : La Morsure. Le point de départ. Aujourd'hui recouverte par un tatouage. A quoi est ce que ça rime tout ça ? Pourquoi je m'entête alors que tout aurait pu s'arrêter il y a quatre an dans le fond d'un ravin. Je serai parti avec eux, pas tellement de regret sur ce que je quittai puisqu'ils étaient le centre de mon univers … Mais non, il a fallu que je me batte. Encore, et encore, et encore …

« Qu’espérais-tu en venant ici Enzo ? »
« Faire taire la douleur. »

Poings et mâchoires serrés, regard dans le vide, toujours le dos tournés, les mots sortent presque brutalement. La gorge nouée, un peu d'humidité sous chaque paupière. Un pas en avant, un deuxième, pour retrouver l'emplacement exact où j'ai abandonné il y a de ça six mois. J'avais accepté mon sort, encore une fois la faucheuse n'a pas voulu de moi. Ce que je viens chercher ici moi même je n'en suis pas certain. Et si William n'était qu'un prétexte ? Je ne sais plus.

« J'suppose que j'aurai du me contenter d'une cuite comme tout le monde. »

Est ce que ça n'est pas comme ça que les gens normaux soignent leur peine de cœur ? Tout ça me semble tellement dérisoire, futile, insignifiant. Le monde est en guerre, les horreurs s'enchainent, je pète un plomb … pour un cœur brisé. A cette pensée c'est un rire amer qui m'échappe, quelque chose qui se réveille à nouveau dans les veines. Je renifle plus par réflexe qu'autre chose, me passe la manche sur les yeux pour les mêmes exactes raisons. L'acidité commence à ronger lentement mais sûrement tout mon organisme, je me retourne vivement vers elle. Le regard de côté furtivement, puis droit dans le sien.

« Tu devrais y aller, j'veux que cet endroit soit définitivement rayé de la carte mais j'veux pas te blesser. »

L'orage gronde, je réalise les mots qui m'échappent mais les esquivent. Une marque de faiblesse, rien de plus, rien de moins. La tension monte, mon cœur s'emballe au fil des secondes, le sang pulse de plus en plus rapidement dans mes veines. Si je pouvais je me transformerai sur le champ pour laisser éclater cette rage qui me brûle de l'intérieur.
En cet instant je l'envie d'avoir ce pouvoir, j'exècre la Lune d'être si loin. Trop tôt pour ici, trop tard pour chez moi, mon esprit s'embrouille. Je ne supporte plus cet endroit mais ne veut pas être ailleurs. Je veux le chaos, la destruction, faire sauter les cadenas qui maintiennent la bête sous clé.

J'en ai … besoin.

« J'ai besoin d'être seul, s'il te plait. »

Regard brulant dans le sien, ça n'est pas de l'ingratitude ni même de l'indifférence mais j'ai besoin qu'elle s'en aille. Pour cracher ma haine envers ce monde, envers cette vie, pour détruire chaque centimètre carré de ce lieu comme si ça pouvait exorciser quelque chose. Ça ne me soulagera pas, ça me blessera sûrement, ça m'épuisera avec certitude, peut-être même que ça aura ma peau. Égoïsme pur et dur je n'ai pas la moindre pensée pour ceux qui m'aiment, ceux qui s'inquiètent de cet état dans lequel je m'enfonce depuis des jours. L'histoire se répète, inlassablement.
Autour de nous j'ai l'impression que les murs tremblent, comme si quelque chose rayonnait dans l'espace. La Magie, probablement. Celle qui exsude par chaque pore de ma peau un peu plus à chaque seconde qui passe. Souffle raccourcis, chaque inspiration marque un compte à rebours avant l'explosion finale. C'est un adieu, la dernière fois que nos regards se croisent, comme si je n'arrivai plus à le soutenir je me détourne à nouveau et fixe le sol sans le voir. Autour de ma baguette mes doigts s'agitent nerveusement. A l'instant même où elle aura quitté les lieux, je le sais, un hurlement sortira de ma gorge et la Magie fera éclater ces lieux jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Je n'ai plus la force de lui accorder autre chose, pourtant il y a ce dernier murmure qui s'évade dans l'air sans certitude aucune qu'il lui parvienne réellement.

« Merci. »

D'avoir été là, à ta manière.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 17 Juin - 18:23
 « Faire taire la douleur. »

Mais c’était impossible.
Il ne lui fait pas face lorsqu’il dit ses mots. Les muscles de son dos étaient crispés, ses poings serrés. La douleur, oui. Il la ressentait brutalement en lui en cet instant, et elle n’avait pas besoin d’être lui pour le savoir, pour le sentir. Elle crépitait en lui comme un volcan prêt à exploser. L’air était saturé, électrique. Elle connaissait bien cette atmosphère lourde qui signifiait une vive montée de rage, fureur intense qu’il ne tarderait pas à libérer. Et Azalea, tout près de lui, s’acharnait à ne pas bouger, à ne pas faire de mouvement vers lui. Silencieuse. Les lèvres closes. Tout comme son coeur.

« J'suppose que j'aurai du me contenter d'une cuite comme tout le monde. »

Un rire cynique dans un souffle échappa à la sorcière.

« L’alcool suffit rarement pour les gens comme nous. »

Ceux qui souffrent, depuis bien longtemps, sans jamais s’arrêter d’avancer. Ce n’était pas le whisky, la bière, le vin qui risquaient d’atténuer la douleur. Peut-être même qu’il ne fallait pas la faire disparaître cette souffrance si incisive, mais s’en servir, pour se propulser plus loin, pour survivre. C’était ce qu’elle avait toujours fait. Se nourrir de la douleur et de la colère pour avancer. Et maintenant, ces deux flux puissants circulaient dans ses veines aussi naturellement que son sang. Ils ne faisaient qu’un.
Le rire amer d’Enzo résonna dans le bunker, écho étrange qui rebondit sur les murs. Azalea ne cilla pas, continuant à observer le sorcier. Les nerfs commençaient à lâcher. Il se retourna, son regard ne retombant pas tout de suite dans le sien. Mais lorsque ce fut le cas, ils s’accrochèrent une nouvelle fois l’un à l’autre.

« Tu devrais y aller, j'veux que cet endroit soit définitivement rayé de la carte mais j'veux pas te blesser. »
« Trop tard... »

Contraction anormale du coeur. Cisaillement. Coup à l’estomac. Mais elle ne bougea pas. Elle respirait à peine. Figée. C’était donc le moment…

« J'ai besoin d'être seul, s'il te plait. »

Il était temps de se séparer, temps de se dire adieu, temps de s’éloigner à jamais. Elle aurait pu rester et l’aider à tout détruire, elle n’avait pas peur de sa colère, mais il ne le voulait pas. C’était son choix. Leurs regards se lièrent un instant. Elle sentait ce feu prêt à détruire tout sur son passage dans les yeux du sorcier ; ce feu, elle le connaissait si bien...c’était un vieil ami. Et elle savait qu’il n’y avait rien à tenter pour le faire disparaître du coeur d’Enzo. Il était là et il exploserait avec lui au moment où elle sortirait ; sortirait du bunker, sortirait de sa vie.
Il était temps mais Azalea prit un instant pour regarder le jeune loup. Il baissa le regard pourtant, fixant un point sur le sol. Tout était trop intense pour lui en cet instant, elle le devinait. Un « Merci » s’échappa de ses lèvres et la sorcière se raidit. Elle fit quelques pas vers lui, lentement, face à face alors qu’il regardait ses pieds et s’arrêta à quelques centimètres de lui, prête pourtant à le dépasser pour sortir. Son regard tomba sur lui une dernière fois. Juste une dernière fois. Sa main se leva, hésitante, un peu tremblante...elle entendait la porte grincer, celle qu’elle avait refermé sur le passé...juste une seconde...Ses doigts frôlèrent le tissu de sa veste, au niveau de son épaule, mais jamais ne se posèrent sur lui.

« Ma promesse est honorée. Adieu Enzo. » murmura-t-elle.

Sourcils froncés, visage crispé, la sorcière enleva cette main en suspend, cette main perdu dans le temps. L’odeur d’Enzo parvint à ses narines une dernière fois. Elle ne le sentirait plus, ne le verrait plus, ne l’entendrait plus. Vive douleur qui lui tiraillait les entrailles à mesure que l’adieu se concrétisait. Plus que quelques secondes. Le temps s’était arrêté dans sa tête. Elle comptait en inspirations. Elle comptait au nombre de battements de coeur douloureux. Mais il fallait partir. Partir loin de lui. Elle aurait pu le serrer contre elle une dernière fois. Juste pour retrouver pendant une seule seconde, pour un seul contact, ce lien presque mort.

Mais non.

Et comme ça, comme la brise, elle disparut par l’escalier. Sans un autre mot. Sans rien d’autre qu’un silence de plomb. C’était terminé.

Terminé.

Le passé serait bientôt enseveli dans ce bunker, enterré par la rage d’Enzo. La sorcière laissa place à la panthère qui se mit à courir à vive allure dans la forêt. Elle aurait du transplaner, disparaître complètement de cette scène. Mais la panthère réapparut sur les hauteurs, au bord d’un ravin qui donnait sur le bunker, plus bas, dont elle voyait toujours la trappe ouverte. Figure sombre dans une nature qui ne s’attendrait pas au déferlement qui surviendrait bientôt, ses yeux luisants fixaient le bunker sans bouger. Une dernière fois à veiller sur lui. Un dernier instant à le regarder de loin, sans qu’il ne s’en rende compte, sans qu’il sache à quel point elle avait mal.

Peut-être n’avait-il d’ailleurs jamais compris combien elle l’aimait.
Et plus jamais elle ne tenterait de le lui prouver.

Adieu Enzo. Adieu mon loup.


Fini pour moi
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Sam 20 Juin - 13:09
Point final.

On pleure le rejet sans se douter qu’on est en train de faire exactement la même chose. Avec elle, avec d’autres … Avec tous. Parce que l’âme et le cœur n’arrivent plus à envisager le monde plus largement, vous savez ce qu’on dit : Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. C’est égoïste, auto-centré même, mais c’est comme ça. Avec un peu de temps ça passe, après avoir expérimenté toutes les étapes de ce qu’on appelle le deuil. On peut pleurer un être cher, une histoire, un passé … Ou complètement se refermer et empêcher les larmes de couler. Libératrices pourtant, mais rejetées elles aussi.

« Ma promesse est honorée. Adieu Enzo. »

Pas de sursaut mais un semblant de surprise, il ne l'a pas entendu ni senti arriver. L'inspiration suivante capte cette fragrance familière une dernière fois, l'ancre dans ses souvenirs, c'est la dernière fois. La dernière trace qui restera d'elle. Ils le savent tous les deux, si leurs chemins se croisent à nouveau les circonstances seront différentes. Est ce qu'ils y pensent en cet instant cruciale de leur histoire ? Sans doute pas. Pas lui en tout cas, si proche de l'explosion, mais les battements de cœur qui s'éloignent ne lui échappe pas pourtant. Pas plus que chaque pas délicat posé sur le sol, jusqu'à ne plus être qu'un mirage.

Les murs tremblent de plus belle après une légère accalmie, la Magie circule comme un train fou lancé à pleine vitesse. Magie primaire, magie brute, incontrôlée et incontrôlable. Le corps se débloque, les mouvement sont lents, une seconde d'hésitation avant le tsunami d'émotion. La vague se déverse, sauvage, violente, une première étagère s'écroule sur le sol dans un hurlement. Les boites de conserves qui y étaient présentes roulent sur le sol, bientôt rejointes par d'autres.
Ensuite, la Magie. Confringo. Quelque chose explose dans un coin, une partie du plafond s'écroule. Incendio. Les flammes lèchent ce qu'elles trouvent, s'intensifie, la fumée commence à rendre les lieux irrespirables. Mais elle est là, cette violence qui se déchaine, qui prend le pas sur l'instinct de survie. Elle est là, cette question : Pourquoi s'échapper ? La tentation dans un soupir, les yeux clos mais déjà rougit par la fumée. Respirer devient de plus en plus difficile, l'endroit tout entier gronde dans sa destruction. L'escalier s'écroule, s'embrase à son tour. Ça ne dure qu'un battement de cœur, un battement de cil, mais c'est bien là. A quoi bon ?
Réveil. Électrochoc. Malgré tout. La seconde suivante il est là, dehors, après avoir transplané. Spectateur de cette destruction opérée. Une page qui se tourne, sans le soulagement attendu. L'esprit vide, le cœur un peu lourd, des marques de suie sur le visage, quelques éraflures. Le sol se déchire, gronde, la terre enseveli ce qui a été refuge peut-être. Prison, surtout. Source de haine, d'angoisses, de rage animale. Source de peine, de traumatisme. Source d'absence, d'abandon de soi. Par deux fois. Bientôt l'orage grondera, viendra éteindre le brasier par la pluie, effacera les dernières traces.

Et l'instinct, encore, qui lui fait relever les yeux. La brise qui apporte une odeur, deux regards qui se croisent. Noirs comme la nuit, duo brisé. Passé enterré, métaphore de cette terre qui se dérobe sous elle-même et reprend ses droits. La végétation y repoussera, la vie reprendra. Un clignement de paupière et elle n'est plus là. Femme, panthère, ombre d'une vie qui n'est plus.  

Adieu Azalea.

▬ FIN ▬
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