Cold Little Heart - Tim

Chaque tremblement, chaque perle de sang, chaque hurlement de rage ne cessait de résonner dans les murs de cette foutue baraque. Il étouffait depuis plusieurs jours déjà. Mais sortir ? Putain sortir. Ça n’avait pas de sens. Il ne pouvait pas rester à avoir peur comme ça de l’extérieur. C’était simplement complètement con. Logan méritait mieux que de s’inquiéter comme un abruti de quelque chose qu’il ne maîtrisait pas non ? D’autant qu’il n’y avait pas de raisons qu’il y ait quoi que ce soit de particulièrement dangereux en dehors de cette foutue plage. Mais pas moyen, il ne s’éloignait pas d’ici. La maison et ses extérieurs proches étaient les seuls endroits qu’il arrivait à atteindre.

« C’est complètement con. »

Ok, le traitement qu’il avait subi à Poudlard après sa capture n’avait pas été des plus agréables. Mais même merde. Il était en vie et se couper de tout et de tout le monde mis à part Dorofei ne l’amènerait à rien. Il ne vivait pas. Il s’était enfermé en lui depuis des mois à présent mais ça n’était pas une solution viable, Logan en avait conscience. Tout comme il savait qu’à force de dresser des murs entre lui et le monde il finirait par le quitter sans en avoir seulement conscience.

Inspiration, expiration. Il passait ses mains blessées dans ses cheveux, adossé au mur, fixant le bordel ambiant. La douleur était toujours là. Fantôme, sans doute. Comme lui, finalement. Alec et Aileen passaient. Il ne disait rien, ne les regardait pas. Il fuyait. Parce qu’il n’osait jamais y croire. Etait-ce la magie ou son esprit qui l’enfermaient ici ? La question méritait d’être posée. Et s’il sortait, s’il s’avérait qu’il était bien libre, qu’est-ce qui l’attendait là, dehors ? Il avait bien trop pris position. Il se devait de continuer la lutte, de mourir ou de disparaitre. Il n’y avait pas quarante choix. Actuellement, Johan et les Supérieurs devaient tous être à sa recherche et cette réalité pulsait dans son crâne. Et bien des sentiments l’accompagnaient : Rage. Peur. Pulsion de destruction. Joie Féroce. Solitude.

Et il restait isolé. Inutile. Pitoyable. Parce qu’il n’osait pas. Parce qu’il n’avait pas la force. Parce que tout lui semblait trop dur et que, quelque fois, il se prenait à penser que ça n’était pas son combat.

Un craquement sonore et Logan avait quitté cette putain de forteresse française. Rien qu’un sort, un voyage et bientôt, il apparaissait dans le quartier sorcier, le cœur battant à la chamade. Il lui semblait que le monde tanguait, que les êtres autour de lui n’étaient que des ombres. Et pourtant, il était bien sorti. Ailleurs. En vie. Libre de ses faits et gestes.

Tim avait reçu un sms de son père lui demandant de passer chez lui quand il le pourrait par ce que son ordinateur avait un souci. Le garçon soupira, il y avait à peine un bonjour, il ne demandait pas de nouvelles, de savoir comment s ‘était passé le voyage aux USA . Comme d’habitude, il ne comptait pas, pas réellement, pas comme ses demi-sœurs qui elles étaient de vraies sorcières, qui elles le rendaient fier. Tandis que lui, il n’était qu’une épine dans son pied depuis qu’il avait compris qu’il était juste un foutu cracmol. Tandis que lui était faible, un chiard pleureur qui ne savait même pas se défendre. Inutile. Nul. Incapable. Faible. Comme s’il ne voyait pas le traumatisme subi toutes ces années, aussi par ses sœurs que par les Supérieurs ; comme s’il ne pouvait pas avoir d’empathie pour le petit dernier. Tim en était certain, il aurait été soulagé si la quinzaine passée, il avait sauté de ce foutu pont. Même Ruben en faisait plus que lui pour aider l’adolescent.

Alors pourquoi est-ce qu’il y allait ? Pourquoi à chaque fois, il espérait que les choses se passent mieux, alors que ce n’était pas le cas. Et encore, aujourd’hui, vu l’heure à laquelle il comptait y aller, il ne devrait pas croiser ses sœurs, ce qui serait franchement pas mal. Il prit son MP3 et mit les écouteurs dans les oeilles, un petit sac où il gardait toujours un spray au poivre, ses clefs et compagnie et se dirigea vers le quartier de Mayfair en essayant de ne pas penser à l’attentat. En essayant de ne plus se sentir coupable de ce qu’avaient fait les Inquisiteurs, car même ‘il avait voulu les empêcher ses faibles moyens, il se considérait, du haut de 18 ans tout aussi coupable que les autres de toutes ses morts. Il avait peur qu’on découvre qu’il faisait partie de ces coupable, tout comme il avait peur des Supérieurs, de retourner à Poudlard.
Avant de partir, il prit quelques cachets contre l’anxiété et le stress, fourguant le reste dans son sac avec le reste de son fourbi.

Il était arrivé en quartier sorcier et son rythme cardiaque avait déjà doublé, il en était er train, il avait activité le pas, jusqu’à ce qu’il y ait un craquement derrière lui. Comme quelqu’un qui transplane. Une peur panique commença à le prendre alors que ce bruit était normal ici, mais c’était plus fort que lui. C’était incontrôlable, il regarda autour de lui, reculant probablement par réflexe d’un pas. Un pas qui le fit rencontrer un corps, ainsi qu’un pied qu’il avait plus ou moins écrasé sans le vouloir. Il se sentit blêmir encore plus et cette fois avança de plusieurs pas, faisant volte-face pour faire face au Sorcier.

« - Dé.. Dés’lé» bafouilla-t-il, avant de se rendre compte de qui il s’agissait.

Forcément, il avait fallu qu’il tombe sur quelqu’un qui était à Poudlard.
Une nouvelle fois son cœur prit un rythme beaucoup plus soutenu. Il inspira, essayant de garder ce qu’il pouvait en contenance, regardant l’homme probablement de la façon d’un lapin prit dans les lumières d’une voiture.

Libre. Bordel, la liberté ne devrait jamais avoir ce goût-là. Le sang pulsait à son crâne, son cœur manquait de sortir par sa poitrine. Logan aurait dû sentir tout ce bordel en lui, en profiter pour être heureux d’être en vie. Mais la rage et la peur cognaient contre les parois de ses veines à les en crever. Pourquoi être venu ici au juste ? Pourquoi dans le quartier sorcier ? Qu’est-ce qu’il cherchait à prouver au juste ? Pourquoi faire ça ? Qu’il en était capable ? Il étouffait pourtant. Logan était à découvert. En vie. Droit. Ça ne se voyait pas dans ce regard noir et pourtant il sentait qu’il aurait pu s’écrouler à tout moment, qu’il manquait d’exploser autant que de se tasser, se rapetisser jusqu’à ne plus rien être. Jusqu’à disparaitre tellement cette sensation était trop. Trop pour lui, trop après ce qu’il avait vécu. Il lui semblait que tout le monde le dévisageait, que tous savaient qui il était. Que derrière chaque ombre, chaque visage, c’était un danger qui rôdait, qui attendait le moindre battement de cil, la moindre faiblesse pour lui tomber dessus, toutes griffes dehors.

Pour autant, il ne pouvait plus se terrer dans sa grotte, cesser de vivre, cesser d’être. Il avait marché, armes à la main, il avait pris les décisions, il s’était avancé droit sur la ligne de front sans ciller. Bordel, il ne pouvait plus se cacher comme un gosse en espérant que ça lui suffirait. S’il devait être la tête à abattre, il le ferait à visage découvert.

Redressé, fier, fort, hors de question de courber l’échine. Pas alors qu’il ne l’avait pas fait malgré des mois de torture. Pas alors qu’il n’avait cessé de regarder droit dans les yeux ses bourreaux et qu’il n’avait jamais trahis qui que ce soit. Il refusait d’être un animal apeuré, une pauvre petite chose qui attendait qu’on la débusque. Il n’était pas la proie dans l’histoire.

Est-ce qu’il avait seulement vu le gosse ? Non. Mais le choc avait explosé dans son crâne, secoué ses muscles tendus à l’extrême. Timothy avait passé une barrière qui se devait de rester intègre. Alors que Logan cherchait viscéralement à retrouver le contrôle de lui-même, de son corps martyrisé, on venait d’entrer dans la zone encore sécurisée autour de lui. Il l’avait fait exploser en éclat sans la moindre conscience de ce qu’il venait de provoquer.

Un grognement sourd était passé par sa gorge alors qu’il voyait le môme se rétracter sur lui-même, ses prunelles affinées alors qu’il le dévisageait. Est-ce qu’il le connaissait seulement ? Ça ne lui disait rien. Une sensation de familiarité tout au plus.

« - Dé.. Dés’lé»
« Ouais, tu peux l’être. »

Il se sentait irradier. Il aurait voulu le bouffer, le briser. Il aurait voulu réduire au silence tous ceux qui avaient osé le toucher, le priver, le blesser. Ses doigts perdus n’effleuraient plus sa baguette. Ses paumes blessées, elles, s’y refermaient fermement. Pas un bruit, à peine un geste – ou pas, il n’en avait pas vraiment eu conscience – et il le sentait, l’air des poumons de ce môme, qui étaient aspirés à l’extérieur, qui le quittaient doucement, lentement, irrémédiatement. Un traitement qu’il avait subi nombre de fois enfant. Il n’avait même pas conscience de ce schéma qu’il répétait. Besoin de dominer, sans doute, comme son père avant lui.

Pourtant, il avait entendu dire que c'était Rivers qui avait repris l'école après la chute des Supérieurs. Il en devait pas être si mauvais que ça. Sa logique en était arrivée là, mais le souci c'est qu'elle était outrepassé, jetée au loin, très loin par tous les autres sentiments néfastes qui prenaient le garçon. Notamment la peur irrationnelle qui l’irradiait à chaque fois qu'il croisait un sorcier ; il n'y avait plus de la haine en cet instant, comme le plus souvent, c'était la panique, le sentiment d'horreur, de replonger à chaque fois là-bas. Chacun de ses muscles était comme tétanisé une fois qu'il eut réussi à prendre assez de recule, il bafouilla une excuse, sincère, apeuré, pas forcément des très claire, vu comme chaque syllabe était difficile à détacher pour lui. Il avait à peine eu le temps de déglutir avec difficulté, espérant que l'autre comprendrait qu'il n'avait réellement pas fait exprès.

« Ouais, tu peux l’être. »

Tim cligna plusieurs des fois, sentant de nouveau son cœur s'emballer dans sa poitrine. La voix froide, le sentiment d'effroi qui continuait de le saisir. Ca aurait été le bon moment pour prendre les jambes à son cou, quitte à passer pour un lâche, il s'en foutait bien. Oui, ça aurait été le bon moment pour agir comme ça, avec une certaine raison, mais ses jambes, et même tout son corps avait refusé d’obéir, comme s'il était toujours pétrifié. L'instinct de survie semblait de nouveau l'avoir totalement quitté, pour peu qu'il ait en eu un jour un. Pourquoi est-ce qu'il ne pouvait agir comme tout le monde ? Pourquoi est-ce qu'il fallait qu'il soit si faible, si fragile ? Pourquoi, même se casser, semblait si compliqué pour son cerveau perturbé.
Inspira avec difficulté, répliquant rapidement :

 « Pas.. pas... fait exprès, M' sieur Rivers.» Inspiration difficile. Ce n'était pas le moment de finir en totale panique.  «J'ai... juste été surpris du.. du.. du.. trans-transplanage. »

Bon point, il avait réussi à faire quelque chose qui ressemblait à peu près à des phrases compréhensibles. Il espérait d'un côté que l'homme se rappellerait de lui et comprendrait pourquoi ça avait peu l'inquiéter. Seulement, les choses ne se passent pas vraiment comme il l'aurait voulu, car, rapidement, beaucoup de trop rapidement, il sentit l'air quitter ses poumons, chose douloureuse et désagréable, qu'il avait probablement un peu trop connu, d'ailleurs. Il essaya, par instinct -visiblement un brin revenu-, d'inspirer, mais en vain.
La panique le gagna pendant un instant, il ne voulait pas mourir comme ça, en n’arrivant plus à respirer, étouffer. Lentement. Douloureusement. Chaque instant qui passait ressemblant à un nouveau supplice. Et chaque seconde qui passait il essayait, encore et toujours de respirer, d'apporter un minimum d'oxygène à son corps, mais rien n'y faisait. Pendant encore combien de temps est-ce qu'il allait pouvoir rester debout ? Quelques dizaines de secondes tout au plus.


Et pourquoi finir comme ça ? Tout ça pour un pied à peine écrasé. Tout ça par ce qu'il avait juste eu peur. Tout ça à cause d'Eux, par ce qu'ils l'avaient rendu encore plus faible et parano qu'il était au cours de ses deux années à Poudlard. Par ce qu'ils avaient fini de le briser et qu'il n'arrivait pas à se reconstituer, par ce que les failles, les blessures étaient trop douloureuses. Comment pouvait faire Caleb, Matthew, Emily et les autres ?

Et quelque chose au fond de lui, lui hurlait de se laisser aller. Après tout pourquoi continuer à combattre ? Pourquoi ne pas laisser les choses faire ? Pourquoi ne tout simplement pas se laisser mourir ? N'est-ce pas ce qu'il voulait il y a une quinzaine de jours et probablement encore aujourd'hui ? Ne serait-ce pas la solution à tous ses problèmes ? Juste se laisser aller, le laisser finir le boulot. Pour ne plus souffrir. Ne plus être humilié. Jamais.
La délivrance finale.

Il inspire, ça semble compliqué mais il ne comprend pas encore. Il ne sait pas ce que c’est que cette sensation tandis que Logan, lui, la reconnaissait en une fraction de seconde. Le piège s’était à peine refermé sur ses bronches qu’il savait. Ce petit picotement avant que l’oxygène ne monde, que les alvéoles semblent se rétractées les unes sur les autres, comme si elles s’effondraient. Cette sensation étrange avant de manquer d’air, avant que le monde ne tourne, doucement d’abord. Avant que le corps entier ne se mette dans un état de résistance, qu’il hurle, qu’il panique, qu’il enclenche tous ses systèmes de défense sans que ça n’ai le moindre sens, le moindre impact. Ça ne servait à rien, c’était aussi simple que ça.

« Pas.. pas... fait exprès, M' sieur Rivers.»

Un regard noir était venu le percer de part en part.

«J'ai... juste été surpris du.. du.. du.. trans-transplanage. »

Pauvre petite chose. Etait-ce réellement de ça dont il avait peur ? Se trouver dans le monde réel. Là où ce genre d’individus évoluaient sans cesse ? Il avait peur de lui. Il faisait bien. Il exécrait être de nouveau celui qui craignait l’autre. Il l’avait assez été enfant. Alors cette sensation était pour lui un poison, une obsession autant qu’un vieil ami. Ou un ennemi. Ces derniers temps, il confondait parfois ces deux catégories de personnes. Il tuait les uns autant que les autres. Y avait-il réellement une différence en temps de guerre ?

Ce n’était qu’un moldu. Une pauvre petite chose effrayée. Avait-il été comme ça ? Non, il n’avait fait que fixer ses bourreaux dans les yeux, un demi-sourire moqueur aux lèvres. Mais depuis sa sortie ? Depuis qu’il se laissait aller ? Oui. Sans doute. Ça lui foutait la gerbe.

« Ecarte-toi.. »

Une liane invisible se refermait sur la gorge du môme. Elle tirait, cherchait à l’éloigner de là.
Merde, il avait fait tout ça pour les protéger, eux. Est-ce qu’ils le méritaient seulement ? A voir ça, il en doutait.

C’est plus simple non ? Pour se prémunir, de penser que les autres ne sont pas dignes. Pourquoi en avoir peur alors ? Quand on peut les réduire au silence d’un seul regard.

Il s’était avancé, refusant de le contourner. Pousses-toi ou je t’écrase. Il n’y avait pas d’autres choix. Pas d’autres choix pour qu’il lève le sortilège, qu’il le laisse respirer, vivre. Etait-ce seulement encore son cas ? Il n’en savait rien. La peur se mêlait au besoin de vengeance, brûlant, dévastateur.

Les secondes passaient, semblant durer des heures. Chacune étant plus douloureuse, chacune lui demandant plus d’effort pour ne pas tomber. La panique était bien à, mais si terrifique qu’il n’arrivait toujours plus à bouffer, ou même à parler, seuls ses yeux devaient supplier l’adulte de le laisser, ou alors peut-être de l’achever. Peu importait au final du moment qu’il n’y avait plus cette douleur, cette impression de mourir à petit feu. Lentement et pas sans douleur.

« Ecarte-toi.. »
….


Et à présent quelque chose se refermait sur sa gorge. Et la chose en plus de l’étrangler semblait vouloir le pousser. A bout de souffle, il tomba, ses jambes n’ayant toujours eu l’impression qu’il était bon d’obéir. La panique continuait à le gagner, il essayait toujours inspirer mais en vain. Intérieurement il avait l’impression qu’il allait éclater, la panique lui faisait perdre la raison, mais au final c’était peut-être l’incompréhension qui faisait le plus mal.

Il aurait voulu lui demander pourquoi.
Il aurait voulu lui demander pitié.
Mais plus aucun mot ne pouvait sortir de sa gorge à ce stade.

Est-ce qu’il était en train de sentir son corps trembler ? Est-ce que c’était réel ou dû au manque d’oxygène ? Il n’en savait rien, mais il luttait, il luttait toujours pour essayer de respirer tandis que le reste de son être lui disait de se laisser aller. Que tout irait mieux après, vu qu’il n’y aurait plus rien.

Et il se sentait comme fatigué, avec les yeux qui voulaient juste se fermer. Quelques instants. Quelques secondes cruciales, irrémédiables, sans point de retour, sans possibilité de rédemption. Il devait lutter et il essayer d’enlever la chose qui le tenait toujours à la gorge, sans jamais y arriver.
Une dernière inspiration, sans réelle oxygène prise, une dernière inspiration qui laissa échapper une espèce de bruit ou de gargouillis. Tandis que les larmes commençaient à couler le long de son visage.

Personne ne viendrait le sauver, personne. Tout le monde s’en foutrait, et probablement que le coupable ne serait peine recherché. Après tout il n’était rien ni personne dans ce monde, juste un foutu déchet.
Oui, probablement qu’il était enfin temps de lâcher prise.

Si faible… il ne lui avait fallu que quelques secondes pour tomber à genou. Quelques secondes seulement pour le supplier, pour sembler ailleurs. Quelques secondes durant lesquelles Logan l’avait à peine détaillé, sceptique sur ce manque de résistance. Il y avait des instants où il se demandait réellement pour quoi il se battait. Pour ça ? Sérieusement ? Dans cette école, il y avait des êtres qui méritaient qu’on livre bataille. Mais ça ? Il avait résisté pendant des mois, s’était montré plus fort à chaque seconde, qu’importe le temps qui passait, qu’importe la douleur. Il gardait des marques indélébiles sur son corps, des brulures, des nécroses… pour protéger ce genre de petites choses ? N’y avait-il pas moyen de faire mieux ? Plus productif ?

Tim s’était écroulé sous le regard méprisant de Logan. Un sorcier aurait-il fait mieux ? Ressemblait-il à ça, enfant ? Son père ressentait-il cette rage sourde qui palpitait en lui ? Parce qu’il n’était qu’un sang mêlé, un paria, un bâtard ? Parce qu’il portait en lui les stigmates de sa propre trahison ?

Logan s’était avancé, l’enjambant tout en relâchant la pression qu’il maintenait sur lui jusque là. Alec au moins avait résisté bien plus longtemps. Il s’était battu, avait refusé de céder. Etait-ce dû à son statut de sang pur, à son éducation ? Auquel cas, avait-il seulement raison de se battre ? Il en doutait. D’ailleurs, avait-il seulement représenté correctement des valeurs que bien des gens lui attribuaient ? Non, il n’avait fait que se défendre. Il ne pouvait pas être acceptable qu’il soit dans cet état. A aucun moment. A  aucun prix.

Ces gosses avaient été sous sa protection et il avait tout fait pour en protéger le plus grand nombre. Il avait fait au mieux, sans cesse. Mais ils ne l’étaient plus. Il n’en avait plus la responsabilité à présent. S’il avait tout fait pour leur apprendre à se battre et qu’il obtenait ce type de résultats… était-ce sa faute ou était-ce eux qui n’avaient pas suivi ses cours, qui n’avaient pas fait d’efforts ? Merde, ce type, il l’avait protégé, il lui avait donné des clés pour apprendre à se battre et voilà ce qu’il était devenu. Une pauvre petite chose ridicule qui geignait sans même s’en rendre compte tandis que l’air revenait en lui et ré-oxygénait son corps entier.

Qu’aurait-il pu dire ? Avait-il seulement envie de se fatiguer à ça ?

Il passait de la peur à la rage au mépris, vaguant entre ces trois émotions sans réelle logique.

Non, il n’en avait pas la force ni l’envie. Alors Logan s’éloignait sans mot dire, laissant Timothy rejoindre le monde des vivants. Pour le hanter de sa lamentable présence.

Les secondes s’égrenaient lentement vers une mort certaine si l’homme n’arrêtait pas son petit manège. Il aurait probablement pu lutter. Il aurait probablement pu fuir, mais il était toujours bloqué. Et avait-il avait réellement enfin de se battre pour sa vie ?  Probablement que non. S’il disparaissait tout serait si simple… seulement son corps, son instinct de survie, le vrai, semblait ne pas être cet avis ; alors pendant tout ce temps, il avait cherché à respirer. Il avait essayé de prendre quelques gorgées d’air mais rien n’y faisait et cette « main » oppressante, invisible ne l’aidait pas à se calmer, à relativiser.


Il avait été à terre, sans un mot de l’homme, de l’adulte. Un mot de celui que certains considéraient comme un « sauveur », comme quelqu’un de bon. Foutaises. Ce qui se passait là le montrait bien. Ce n’était pas comme s’il était quelqu’un de dangereux. Et en plus de traumatisme du sort, il y avait ce regard méprisant, qui en disait long. Le même qu’avaient les Supérieurs.
Les Sorciers se leurraient sur cet homme. Il ne valait pas mieux que les autres. Tout aussi violent, tout aussi injuste. Tout aussi meurtrier.

Logan l’avait enjambé et il le franchit tout en relâchant alors la pression et il avait commencé à s’éloigner.
Et enfin, le garçon avait pu recommencer à respirer, une première bouffée d’air salvatrice, même si cela le fit tousser, un peu. Puis une deuxième, une troisième. Probablement qu’il avait enfin retrouver une couleur un peu plus normale ; mais il restait toujours sous le choc de ce qui s’était passé, c’est en tremblant qu’il arrive à se relever avec difficulté. Il serait bien resté là, sans bouger, mais pas dans ce foutu quartier. Pas dans ce lieu dangereux. Alors, au lieu de retourner chez son père, il décida d’aller chez lui, ou au QG.
Il ne savait pas ce qui était le mieux. Aucun probablement. Il ne voulait pas donner une raison supplémentaire aux Inquisiteurs d’être violents… mais d’un autre côté il ne se voyait pas parler de ça à sa mère. Le garder pour lui était une solution, mais dans son état psychologique, cela serait probablement une lourde erreur. En parler à Lewis ? Non, il voulait le laisser en dehors de tout ça ? A Ruben, en lui promettant de ne rien répéter ? C’était une possibilité, il avait cette confiance en l’homme, mais là encore est-ce que ce n’était pas une erreur. Qu’est-ce que c’était une promesse, juste quelques mots… et il n’était pas certain que ces mots resteraient secrets bien longtemps.

Il avait finalement opté de retourner chez sa mère, cette dernière n’étant pas encore là, s’enfermant dans sa chambre, se prostrant dans son lit.
Une preuve de violence de plus. Une preuve d’une pseudo suprématie. Une humiliation.

Et même si l’air pouvait couler normalement à présent dans ses poumons, il avait toujours une gêne respiratoire, probablement dûe à l’angoisse oppressante. C’était même sûr, tout comme les tremblements qu’il avait. Incontrôlable.

- Topic fini -