Make it rain - One Shot

Le cœur au bord des lèvres, la vie qui bascule, le sol qui s’effondre. Alec manquait d’air, semblait n’avoir qu’un besoin : vomir cette putain de famille. Vomir les obligations, vomir les mots que Warren avait prononcé à son intention. Vomir ces idées qui feraient de lui un traitre autant qu’un martyr. Fuir, disparaitre, et vomir leurs merdes à tous. Il se sentait enfermé, bloqué, enchaîné à une famille qu’il avait cherché à rejeter il y avait bien des années maintenant. La famille. L’éducation. Pas les idées. Il ne s’était jamais relevé, il n’avait jamais fait front contre ce qu’on lui avait enseigné, il ne s’était jamais dressé pour empêcher de telles idées. Non, il avait laissé couler, parce que dans le fond, il n’était pas tout à fait contre tout ça sans doute. Dans le fond, il cherchait surtout une certaine appartenance. Appartenir à un groupe. Et finalement, il n’était pas digne de confiance. La Garde le refusait, c’était évident me direz-vous. Pourquoi l’accepter, croire en lui, lui faire confiance ? C’était Logan qui avait pris tous les risques, et sans réel prise de position idéologique. Il avait voulu sauver la vie de mômes abrutis qui se positionnaient en première ligne. Des gens droits, eux au moins. Idiots, mais clairs sur leurs positions, fiers de leurs valeurs. Et lui se planquait, encore et encore sans chercher à défendre quelque éthique que ce soit. Alors il avait le profil parfait. Il était celui que les Supérieurs pourraient accepter sans tiquer réellement. Après tout, il n’avait fait que des allers retours entre les deux camps en fonction de la mise en sécurité ou en danger de ses proches. Il était un choix parfait. La pomme empoisonnée, le dé truqué, la balle trafiquée.
Il pouvait être le piège, le cheval de Troie. Il pouvait être le putain de sacrifié pour le bien commun. Le môme devant les remparts. Le gars qui s’approcherait tout près de l’ennemi, comme Logan.
Il voyait bien l’avenir qui l’attendait tient. Et pourtant, ces paroles résonnaient en lui, elles frappaient à ses tempes, elles bouillaient dans ses veines comme des saloperies de flammèches prêtes à tout enflammer.

Alors le monde tournait autour de lui.  
Le feu à la poudre.

(@Jayden S. Delaney)Jayden avait à peine passé la porte qu’il l’attirait à lui, les jambes autour de sa taille, une main la bloquant contre le mur. Sa peau cherchant la sienne, son souffle cherchant à se couper. Elle avait parlé, avait rit mais elle avait surtout compris qu’il ne parlerait pas. Qu’il ne chercherait pas l’affection mais juste l’oubli. Aileen s’était même pointée, lâchant quelques insultes alors qu’elle découvrait la scène dans un cri de dégout alors que le verre laissé-là par Warren s’écrasait à quelques centimètres d’elle. Elle était sans doute partie. Il s’en foutait. A défaut de disparaitre, les voix avaient fini par être supplantées par les sensations. La culpabilité, par un plaisir passager.
L’air sombre, il n’avait pas parlé, ne lâchant qu’un petit sourire amusé lorsque Jayden s’était redressée, lui balançant un « Ouh, toi t’as besoin d’alcool ». Ils étaient simplement sortis. Le genre de sortie entre amis nécessaire dans ce genre de cas. Dans les moments où l’on s’exècre. Soit et tout ce que l’on représente.

Quand au petit matin, il s’était réfugié contre le corps étendu de sa femme, son visage se glissant dans son cou ; la culpabilité avait fait son grand retour.

Quelle voie prendre quand aucune ne semble ne serais-ce qu’acceptable ?

« Tu veux en parler ? »

Il glissait son bras sous elle, l’attirant à lui pour l’enlacer, repoussant autant qu’il embrassait ces sentiments contradictoires qui le bouffaient. Un baiser sur son front puis il venait prendre ses lèvres.

« Non. »

@Mackensie Q. Rivers