Who needs help ?? - Sovahnn

Jeudi 24 décembre 2015, début de soirée

Il n’avait pas envie d’aller là-bas. Il n’avait pas envie de se regrouper en quartier sorcier, mais il n’avait pas vraiment le choix. Il devait aller poser le cadeau de son père et de ses demi-sœurs – tradition oblige- et probablement passer la soirée avec eux. Et cela ne le tentait pas vraiment, ses sœurs trouvaient toujours des moyens d’exacerber ses peurs et elles s’en amusaient toujours comme des petites folles. Comme si c’était drôle de le lui faire avec tous ses traumatismes, comme si c’était toujours drôles, après toutes ces années de continuer de l’humilier. Comme si les autres gosses du quartier sorciers ne l’avaient pas déjà assez fait. Alors, il y allait, la boule au ventre, sentant l’angoisse monter chaque mètre de plus qu’il faisait dans le quartier sorcier, chaque mètre qui le rapprochait du domicile de son père. Chaque mètre qui lui rappelait beaucoup trop de choses. Il se sentait déjà mal, fébrile, presque au bord de la crise d’angoisse.

Cela faisait une petit heure qu’il était là et il avait à peine décroché un mot ou deux. Il essayait de se faire oublier, de ne pas attirer leur attention. Pour l’instant leur père était là, et n’était parti faire à manger alors tout se passait à peu près bien. Ses sœurs lui jetaient de temps en temps des petits regards amusés, et à chaque fois, sans réelle raison vu qu’elles n’avaient rien fait, il se sentait liquéfier avec le cœur qui se mettait à battre la chamade, se demandant ce qu’elles allaient bien pouvoir inventer pour lui pourrir. Il n’y avait jamais rien de bien méchant avec elle, mais il ne pouvait pas subir une humiliation supplémentaire ou leur petit jeu en faisant comme si cela ne le touchait pas, alors que c’était tout le contraire ! Et puis le Daron avait fini par se lever pour finir de préparer le repas et ils savaient toujours qu’il en avait probablement pour une ou plusieurs dizaines de minutes ! L’homme était parti depuis plusieurs minutes, quand June se leva de son siège avec un petit sourire qui le fit frissonner, n’aimant pas du tout cela, et elle s’assit à côté de lui. Il n’osa pas se lever de suite, hurler, paniquer et essaya de garder son sang-froid. Aucune des trois, n’avait commencé à dire quoi que ce soit, il n’allait pas craquer maintenant. Et June sortir sa baguette, l’agitant sans pour autant faire le moindre sort sous le nez du plus jeune de la famille. Il essaya de raisonner, de ne pas paniquer, mais il sentait d’ores et déjà le peu de sang froid qui lui restait partir ; il sentait son envie de pleurer revenir mais il essaya de résista. Il essaya réellement de rester stoïque, les yeux fixés que la baguette. Ne pas trembler. Ne pas pleurer. Ne pas… Et soudain un petit jet de lumière apparu sur le bout de la baguette et ce fut fini. Il ne réussit pas à se dire que c’était probablement rien, il avait sursauté si fort, de peur, d’angoisse qu’il en était tombé par terre sous les rires de ses sœurs.

Et la haine le faisait vaciller. Humiliation. Pleurer. Trembler. Pathétique gamin qu’il était, essayant quand même se contrôler la crise d’angoisse qui menaçait plus que jamais de pointer le but de son nez.
Le Père débarqua soudain les regardant les uns après les autres, June sorti qu’elle avait fait un sort inoffensif dont il oublié immédiatement le nom. Espérant que l’homme prendrait sa défense, qu’il comprendrait, mais à la place, il y vit de la déception de l’agacement probablement «Oh tim. » qui était, vu le ton plus ou moins synonyme du ‘arrete de faire ton gamin’.

Timothy se releva alors brusquement, passant un revers de machanche sur ses yeux, sous son nez pour enlever tout ce qui couler ; pas très glamour certes, mais il n’arrivait plus à réfléchir. Il n’y avait plus que cette haine, ces traumatismes qui remontraient. Et il ne comprenait pas qu’ils n’essayaient pas d’être un peu plus cool avec lui. Il n comprenait réellement pas, ce qu’il avait fait de mal pour mériter cela.

Et il partit d’un coup en courant, claquant par la même occasion la porte. Il les détestait. Tous. Et il courut pendant une ou deux centaines de mètres à en perdre haleine avant d’enfin s’arrêter, de se retourner. Personne ne lui suivait. Personne ne prendrait cette peine. Personne ne viendrait vérifier qu’il ne ferait pas bêtise. Par ce qu’il n’était rien pour eux, rien de plus qu’un boulet faible dont il fallait bien s’accommoder. Les larmes et tremblements continuaient, il avait à présent de plus en plus de mal à respirer, mais il continuait d’avancer, n’ayant plus qu’une envie retourner en quartier moldu chez sa mère…. Ou même aller se poser chez les Inqui’, au moins personne ne viendrait l’emmerder et il pourrait se calmer un minimum. Alors qu’il passait dans un parc, il remarqua sur une silhouette assise sur un banc, le parc était assez bien éclairé et il ne tarda pas à reconnaitre la personne… Il fronça les sourcils, s’approcha doucement, très doucement, surtout lorsqu’il eut l’impression que de la neige flottait autour d’elle, qu’elle avait les yeux fermés.

« Sovahnn ?» demanda-t-il finalement, doucement, de sa voix toujours entrecoupé entre larmes et angoisse, toujours avec cette difficulté de respirer.

Qu’est-ce qui se passait ? Est-ce qu’elle allait encore faire un truc bizarre ? Peut-être qu’elle avait besoin d’aide, qui sait ?

Noël. Ça allait être Noël et elle était attendue dans sa famille. Ce bordel de famille où tout le monde se tirait dans les pates et où sa nature de sorcière semblait être au cœur de toutes les tensions. Un Noël lors duquel elle était libre de se déplacer comme elle le souhaitait. Libre d’être là pour le réveillon. Libre de se réveiller dans sa maison d’enfance au matin du 25. Et pourtant, elle n’était pas là pour aider aux préparatifs. Pourtant, elle craignait l’ambiance. Elle craignait les messages en sous textes, la distance imposée par sa mère depuis son retour un an plus tôt sans qu’elle n’y comprenne quoi que ce soit. C’est toujours dans ce genre de fêtes que les tensions se cristallisent. Et elle avait un sacré de sujet de tension bien implanté dans son utérus. Assise dans l’un des parcs sorciers de Londres, la jeune femme était restée là, à réfléchir à la situation, cherchant à se dépatouiller de toutes ces pensées parfois contradictoires qui germaient en elle. Elle avait été affreusement lâche, n’étant pas encore allée annoncer la nouvelle à ses parents. Des parents qui la voyaient à la fois comme une inconnue totale et comme une enfant de onze ans. Le mélange était détonnant dans les réunions de famille. Et là… elle allait se ramener avec un enfant dans le bide. Le top.

Et pourtant, si la jeune femme craignait les réactions de sa famille, là, les yeux fermés, assise dans la torpeur du parc, repoussant ce moment d’agitation agacée, elle ne pouvait s’empêcher de savourer. Là, dans son ventre, un petit être grandissait. Et c’était simplement plus fort que tout. Plus fort que cette guerre, plus puissant que l’horreur, plus grand que la somme intégrale de leurs idées dévastatrices. C’était la plus belle chose au monde et qu’importe les vies qu’ils prendraient, elle portait en elle l’espoir.

Et là, dans la soirée du vingt quatre décembre, il lui avait semblé sentir quelque chose. Comme des bulles, un petit mouvement à peine perceptible. Elle n’en était pas sûre, loin de là. Mais les yeux fermés, la jeune femme restait concentrée sur ce qui se passait en elle, persuadée qu’elle venait de sentir les premiers mouvements de son enfant. Souffle coupé, Sovahnn avait cherché à mieux distinguer ce qui se passait en elle, persuadée qu’il s’agissait bien des premiers signes de celui qu’elle n’appelait que depuis quelques jours « mon enfant ». Elle ne s’était pas rendu compte de ce qu’elle faisait. Qu’autour d’elle, des légers flocons de neige s’étaient mis à tomber. Ça n’est pas tout à fait Noël sans neige non ?

« Sovahnn ?»

Yeux soudainement ouverts, la jeune femme avait sursauté, revenant à la réalité. Son cœur s’était arrêté une fraction de seconde avant de comprendre qu’elle n’était pas en danger. Tim. Le Tim de son enfance. Le Tim qu’elle avait retrouvé à Poudlard. Le Tim qu’elle avait voulu aider sans y parvenir le moins du monde, ne réussissant qu’à s’attirer les foudres des Supérieurs, à activer son pouvoir et à faire peur au pauvre garçon qui l’avait vue quelques fois laisser échapper sa magie encore primitive, trop peu manipulée pour qu’elle soit maniable.

« Tim ? »

Et puis elle avait remarqué. Il n’y avait pas de neige ailleurs. Mais autour d’elle, quelques flocons épars tombaient encore, se déposant sur elle, tranchant avec le noir de  son manteau.

« Je ne t’avais pas vu ! Tu.. vas bien ? »

Consciente de cette larme qui coulait sur sa joue, la jeune femme l’avait effacée d’un geste amusé de la main.

Malgré son énervement, le fait qu’il était à bout, il n’avait pas pu s’empêcher de s’arrêter en voyant la blondinette tout seule, comme ça dans ce parc, sans bouger alors qu’il faisait froid. Est-ce qu’elle allait bien ? Néanmoins, il n’oubliait pas de quoi elle était capable : Magicienne, sans trop l’être. Différente sur bien des aspects. Ce qui était probablement un point commun. Lui aussi était différent, même s’il y avait quelques individus comme lui ! Il s’était approché, prudemment, doucement, essuyant quand même un peu ses larmes histoire de ne pas paraitre trop pathétique. Quelque chose le poussait à aller vers elle. Quelque chose, probablement dû aux temps « anciens », au passé.

« Tim ? »

Il se contenta d’acquiescer doucement et s’était approché d’elle, pour se retrouver simplement proche d’elle, mais pas trop non plus. Rien que la vision de cette neige qui tombait pas naturellement le mettait sincèrement mal à l’aise. Mais il savait qu’elle n’y était pour rien. même s’il n’était pas rassuré, il n’avait pas peur delle, il ne la craignait pas comme il pouvait avoir peur de la plupart des sorciers. Il aurait voulu lui demander d’arrêter ça, que ça le mettait mal à l’aise, mais il n’en fit rien, bien trop conscient qu’elle n’était pas du genre à le faire exprès, qu’elle ne se contrôlait pas suffisamment, cela devait être assez lourd au quotidien, pour qu’il n’en rajoute pas une couche !

« Je ne t’avais pas vu ! Tu.. vas bien ? »

Il se plongea pendant quelques instants dans un mutisme probablement révélateur de la réponse. Est-ce qu’il avait sa tête des bons jours ? Comment est-ce qu’elle pouvait lui poser la question après tout… tout ça. Il ne comprenait pas bien. Certes, cela faisait plus d’un an maintenant qu’il était dehors. Certes, il pourrait aller bien. Certes, ce n’était qu’une question inoffensive, qui se voulait être gentille, mais vu son état psychologique, il avait plus envie de lui hurler quelque chose d’horrible la tronche qu’autre chose. Il n’en fit rien, se contentant au début d’un silence, du regard perdu dans le vide. La haine qu’il ressentait toujours dans son corps, dans ses veines, rien qu’à penser à ses sœurs, à son père, aux Supérieurs. La haine, simplement. Mais elle, elle n’y était pour rien. Alors il essaya de ne se concentrer que sur elle, que sur ce qu’elle disait, pas sur le reste, mais il avait beaucoup de mal. Il avait tellement envie d’hurler sur quelqu’un de cracher cette haine qui l’envahissait. Hurler. Ou peut-être frapper. Se défouler. Oui, voilà, il faudra qu’il aille courir un peu, après ça, malgré la nuit, malgré le jour que l’on était. Il irait courir, probablement se réfugier chez les Inquis. Il ne voulait pas que sa mère le voit comme ça. ca la rendrait probablement trop triste, il ne voulait pas qu’elle s’engueule une nouvelle fois avec son père. A quoi bon ?

« Et toi, comment est-ce que tu vas ? Pourquoi est-ce que tu es seule ici ? T’as bien un endroit où dormir ? »

Peut-être qu’elle s’était engueulée avec …. Son copain, ou quelqu’un qui la logeait, ou sa famille. Peut-être que… il y a avait plein de choses possibles. Mais, au cas où elle soit sans domicile pour la nuit, il préférait quand même le vérifier. Ne pas la laisser seule, ici, dans ce froid. Surtout pas une veille de Noël.

La jeune femme n’y était pas. Elle ne pensait pas à Poudlard, pas à son enfance ni même aux états d’âmes du jeune homme qui venait de la sortir de sa transe. Elle était toujours là, à l’intérieur d’elle-même et il lui avait fallu un moment avant de s’en extraire. Un peu distraite, elle n’avait pas tout de suite intégré sa présence ni même réalisé ce que la sienne pouvait signifier pour lui. A vrai dire, elle n’avait même pas compris qu’il pouvait s’inquiéter pour elle ou qu’elle aurait dû le faire pour lui. Qu’elle aurait dû être ravie de le voir en bonne santé et qu’il pouvait être surpris de la découvrir libre. Non, elle était encore là, l’esprit tourné vers son bas ventre, attentive à sentir de nouveau ces petits papillonnements, persuadée que cette sensation venait bien de l’enfant qu’elle portait en elle. Un état que Tim ne pouvait pas deviner au vu de la sacré couche qu’elle portait sur elle. Oui, parce que la miss casse-cou sans arrêt en t-shirt avait fini par se discipliner, portant un gros manteau pour la protéger du froid. Pour protéger la petite merveille en elle plus qu’elle-même d’ailleurs. Là en dessous, elle portait une robe noire ajourée de dentelles aux épaules et au niveau de la poitrine. Quelques bijoux. Bref, elle était prête pour le réveillon. Pourtant, elle était là, dans un parc la nuit, à vaincre ses démons, à repousser la peur pour y insuffler la joie.

« Et toi, comment est-ce que tu vas ? Pourquoi est-ce que tu es seule ici ? T’as bien un endroit où dormir ? »

Il n’avait pas répondu à sa question et ça ne lui avait pas échappé, tout comme ses inquiétudes à son sujet. Tim avait peur d’elle, elle ne l’oubliait pas car ça l’avait longuement blessée lorsqu’ils s’étaient retrouvés. Il était le seul visage connu dans ce monde nouveau et dès lors qu’il avait compris qu’elle était une sorcière – pire ! Qu’elle ne maîtrisait rien – il l’avait rejetée en bloc, manifestement angoissé de ce qu’elle pourrait lui faire. Cette situation s’était doucement apaisée mais elle savait qu’au-delà de tout, elle lui inspirait de la crainte. Ce retour à la réalité fit s’arrêter les quelques flocons qui tombaient encore autour d’elle et la firent pourtant sourire quand ils se déposèrent sur elle.

« Je vais bien merci Tim, t’en fais pas, je ne suis pas à la rue mais c’est gentil de demander. »

Elle s’était redressée sur son banc, lui adressant un sourire rassurant.

« J’vais pas tarder à me décider à aller fêter le réveillon auprès de ma famille et… j’ai un peu du mal à me décider. J’suis sortie il y a même pas deux semaines et je ne suis pas encore allée les voir… ils font un peu tout le temps la même tête que toi là tout de suite. »

Elle lui avait souri, un peu moqueuse, surtout amicale.

« Pas toujours simple les histoires de familles quand on n’est pas comme on devrait, tu le sais mieux que moi. »

Il n’avait pas tout raconté, loin de là. Mais de comprendre qu’il vivait dans une famille de sorciers et qu’il ne possédait pas de don, ça suffisait à lui indiquer que ça n’était pas simple tous les jours.

« Et puis, ya un léger petit détail dont je leur ai pas parlé. Histoire de me faire entendre dire que je suis une affreuse enfant complètement irresponsable qui a totalement perdu la tête… »

La jeune femme avait ouvert son gros manteau, laissant apparaitre sa jolie robe qui enrobait un ventre qui apparaissait à présent plus clairement dans des vêtements serrés. Pas de doute, elle était enceinte.

« Donc j’anticipe un peu les emmerdes ! J’profite du calme avant la tempête. On a des belles surprises dans le calme de la nuit parfois. »

Et parfois des mauvaises. Mais étrangement, elle n’avait pas peur. Pas après ce qu’elle avait traversé. Même pas sans baguettes. Parce qu’elle savait ce qu’elle pouvait faire si on s’approchait trop pour la menacer. Si elle l’avait fait une fois, elle pourrait recommencer. Et la rage de la louve protégeant son enfant anesthésiait ses remords. Cependant, cette pensée lui sous entendait les craintes que Tim pouvait avoir envers elle.

« T’en fais pas, j’ai même pas ma baguette. Ça c’était… j’l’ai senti bouger. Enfin je crois. C’était juste quelques perles de bonheur dans l’air. »

Un peu de poésie pour te rassurer, ça marche ?

« Tu ne veux pas t’assoir et me dire ce qui ne va pas ? »

Parce qu’elle n’était pas dupe.

Est-ce qu'il était un peu inquiet pour la Sorcière ? D'une certaine, oui. C'est probablement pour cela qu'il préféra vérifier qu'elle avait bien un endroit ou dormir. D'ailleurs étrangement, les flocons avaient soudain cessé de voler. Tim sentait son cœur battre, encore et toujours, un peu trop rapidement. Bon signe ? Mauvais signe ? Il n'en avait aucune idée. Cela restait juste de la magie, et donc probablement préjudiciable pour lui, car même si elle ne voulait pas le blesser -et elle ne le ferait pas volontaire-, il était bien conscient qu'il pouvait quand même au mieux finir KO.

[color=tomato]« Je vais bien merci Tim, t’en fais pas, je ne suis pas à la rue mais c’est gentil de demander. »[color]

Il acquiesça doucement tout on observant toujours le moindre de ses faits et gestes. Il savait que c'était stupide de la craindre comme ça, mais c'était réellement plus fort que lui, malgré son petit sourire rassurant, il restait sur la défensive, attentif. Parano, essayant de se calmer, en essayant de se convaincre qu'il ne risquait rien, face à elle.

« J’vais pas tarder à me décider à aller fêter le réveillon auprès de ma famille et… j’ai un peu du mal à me décider. J’suis sortie il y a même pas deux semaines et je ne suis pas encore allée les voir… ils font un peu tout le temps la même tête que toi là tout de suite. Pas toujours simple les histoires de familles quand on n’est pas comme on devrait, tu le sais mieux que moi »

Il avait grimacé, légèrement, à cette petite pique, il la savait pas méchante, mais … d'un certain côté ça restait quand même assez blessant. Il ne faisait pas exprès. Ce n'était pas un manque de.... disons une étroitesse d'esprit, c'était juste quelque chose qui virait totalement à l’irrationnel, comme lorsqu'on est confronter à une sa plus grande peur. Quant à ses histoires de famille « pas simple », était faible. Parfois, souvent même, il rêvait juste qu'il n'y ait plus que sa mère, qu'ils ne soient plus que tous les deux : fini le Père, fini les Soeurs et les abus, leurs moqueries. Elle avait continué de parlé jusqu'à ouvrir on manteau où l'on voyait facilement son petit ventre rond.

 « Heu... félicitations ? »

Il n'était même pas certain que ce soit le terme le plus approprié. Il ne savait pas franchement quoi rajouter. Elle avait plutôt l'air heureuse, cependant d'être en cloque, alors ce mot était assez adapté, non ? Mystère et boule de gomme, ce n'est pas franchement quelque chose qu'il souhaitait connaître de suite la paternité, même probablement jamais. Ca éviterait probablement pas mal de problèmes, de questions. Ouais, pas de gosse !

« T’en fais pas, j’ai même pas ma baguette. Ça c’était… j’l’ai senti bouger. Enfin je crois. C’était juste quelques perles de bonheur dans l’air. »

Heu.. première information intéressante mais la deuxième le laissa un peu perplexe. Il n'était pas sûr de tout comprendre, forcément il n'avait pas cet instinct, alors, encore une fois il se contenta d'opiner sagement de la tête.

« Tu ne veux pas t’asseoir et me dire ce qui ne va pas ? »

Il hésita quelques instants, mais finalement obtempéra. Il s'assit donc à côté d'elle et chercha ses mots, les yeux probablement plus dans le vide qu'autre chose. Il ne devait pas avoir l'air trop haineux, même si elle brûlait toujours en lui comme du feu ardent. Il arriva à trouver le ton plus triste et las que le reste et fini par répondre doucement

 «C'est rien... enfin rien d'inhabituel. Je suis allé fêter le réveillon chez mon père, avec mes demi-soeurs.... vu que demain je le fais avec ma mère. Et comme à chaque fois, elle s'amusent à … heu. »

Comment dire ça, sans passer pour un névrosé ? Dire simplement elles s'amusent avec leurs baguettes, paraissait assez normal pour des Sorciers, c'est lui, encore, une fois allait juste paraître faible ou sensible. Il ne savait pas comment le tourner réellement, non pas pour forcément tourner les choses en sa faveur mais juste qu'elle sache à quel point cela l'affectait.

 «  Enfin disons qu'elle s'amusent à me faire « peur », notamment avec leurs baguettes, et comme à chaque fois, mon père prend leur défense. C'est rien de grave, je vais juste rentrer chez moi et c'est tout.»

Non, ce n'était pas tout, absolument pas tout. C'était même loin de l'être. Ca faisait bien trop mal. Comment est-ce qu'il pouvait s'en remettre en minimum si même sa famille continuait à s'amuser à lui faire sciemment du mal, même si ce n'est que psychologiquement.

Peut être en souffrait-il. C’était son cas aussi. Se sentir dangereuse n’était pas une sensation que la jeune femme appréciait, d’autant que ça ne faisait que lui rappeler un fait que Tim ignorait pourtant : oui, elle l’était. Un homme était mort par sa faute, grâce – plus qu’à cause – d’un pouvoir qu’elle ne maîtrisait pas totalement. Pourtant, Sovahnn pensait avoir dépassé ce stade mais la grossesse changeait bien des choses à ce que l’on pouvait appeler ‘instinct de survie’. Jusque là, elle acceptait les coups et les blessures. Mais à présent, son corps était un temple. Le choc qu’elle aurait vécu si elle n’avait pas réagit d’instinct aurait tué son enfant, elle le savait parfaitement. Et si elle n’avait pas compris à quel point elle tenait à cette vie frémissante à l’époque, son inconscient en était manifestement parfaitement conscient. Ce qui est parfaitement antinomique mais passons. Elle encaissait ces craintes comme elle l’avait toujours fait, prenant sur elle assez pour ne pas l’agresser… mais pas assez pour éviter cette petite pique pourtant bien amicale. Elle était là essentiellement pour lui rappeler qu’elle avait compris, que c’était blessant mais qu’elle en était assez consciente pour éviter d’en rajouter une couche. Mais certaine, cependant, que ce soit bien pris comme cela devait.

« Heu... félicitations ? »
« Oui oui tu peux c'est une bonne nouvelle. Merci. »

Il semblait mal à l’aise face à cette annonce. Elle aurait presque pu voir les lettres formant la question ‘mais c’était prévu ?!’ se dessiner dans ses pupilles. Non, ça ne l’était pas. Oui, elle était jeune. Oui, le père aussi bien que moins. Oui, c’est une bonne nouvelle quand même. Et plus les jours passaient, moins Warren semblait rester dans l’équation, du moins dans l’esprit de la jeune femme. Zach lui avait dit vouloir être le père dans toutes les circonstances. Alors, c’était acté, voilà tout.

Tim semblait circonspect. Il semblait à Sovahnn que rien de ce qu’elle disait ne semblait avoir de sens pour lui. Ça lui semblait si aberrant qu’elle puisse finalement être heureuse de cette grossesse, qu’elle prenne avec philosophie les galères de famille et que les premiers mouvements de son enfant soient un moment fort capable de totalement la chambouler ? Apparemment. Dans tous les cas, il n’avait rien dit, refusant de rebondir sur quoi que ce soit de tout ce qu’elle avait dit pour tenter de le mettre volontairement à l’aise.
Mission échouée demoiselle.

En revanche, quand elle lui avait proposé de s’assoir et de lui parler de ce qui le perturbait lui, Tim avait fini par acquiescer et accepter de se poser à ses côtés. Une victoire pour lui sans doute. Une demi pour elle.

«C'est rien... enfin rien d'inhabituel. Je suis allé fêter le réveillon chez mon père, avec mes demi-soeurs.... vu que demain je le fais avec ma mère. Et comme à chaque fois, elle s'amusent à … heu. »

Petite grimace de la part de la sorcière : elle craignait sérieusement la fin de cette histoire.

«  Enfin disons qu'elle s'amusent à me faire « peur », notamment avec leurs baguettes, et comme à chaque fois, mon père prend leur défense. C'est rien de grave, je vais juste rentrer chez moi et c'est tout.»
« C’est rien de grave je veux bien l'entendre... du moins à côté de Poudlard;  mais c’est sévèrement lourdingue quoi. Elles te font chier comme ça depuis ton enfance ? »

Sovahnn ne comprenait pas pourquoi certains pouvaient agir comme ça, surtout avec quelqu’un ne possédant pas de pouvoirs. Tim n’était pas capable de se défendre, tout comme elle l’avait été la majorité du temps. Etant une femme, cette sensation d’impuissance et de danger, elle la connaissait d’autant plus. Pourquoi des personnes de la même famille joueraient à ça sérieusement ? Les mœurs de certaines familles de sorciers lui échappaient toujours autant.

Il ne savait pas trop quoi penser de tout cela. Il ne savait pas forcément comment réagir face à la sorcière. Parc ce que malgré tout c'est ce qu'elle restait, même si elle était probablement plus proche de lui qu'autre chose. Il essayait cependant de ne pas faire trop mauvaise mesure, mais lorsqu'elle lui annonça sa grossesse, il fut pris au dépourvu, ne sachant pas si c'était réellement un événement heureux ou pas. Il n'en avait aucune idée. Il ne savait donc pas si les félicitations étaient de rigueur ou pas. Il ne voulait par exemple pas dire ça, si jamais elle avait été violée, ou si son ex l'avait laissé, si c'était un accident et qu'elle avait fait un genre de déni de grossesse et qu’elle était obligée de le garder ou.... il y avait tellement de situations possibles qu'il ne savait pas trop comment réagir.

« Oui oui tu peux c'est une bonne nouvelle. Merci. »
 « Ah ! Heu... Ben c'est cool alors, si c'est une bonne nouvelle, j'avais peur que ça ne le soit pas.»

Non, sans blague ahuri, vraiment des fois il avait envie de se coller quelques paires de claques pour arrêter de dire des âneries pareil. Tant mieux pour elle si elle était contente, heureuse ; il était en quelque sorte heureux pour elle. Si elle pouvait se remettre de « tout cela », si elle pouvait passer à autre chose, tant mieux et cette fois c'était sincère. Par ce que quelque part il y avait quand même quelque chose de positif qui les liait. Lui, n'y arrivait pas. Il avait beau essayé, il n'y arrivait pas, bien trop ancré dans le passé, par ce qu'il était et qu'on lui rappelait un peu trop souvent. Un foutu cracmol. Un moins que rien, une bizarrerie, quelque chose qui ne devrait pas exister, que l'on devrait supprimer, ne pas aimer, isoler. Oui, la rancœur, la haine étaient bien toujours-là, mais il ne pouvait pas s'en prendre à elle  -surtout pas dans son état- pour déverser  toute sa colère, il avait beau détester la magie, -les sorciers en quelque sorte-, il savait encore à peu près faire la part des choses, du moins tant qu'il gardait son sang froid. Il avait beaucoup de mal avec tout ça, avec cette conversation où il y avait beaucoup trop d'émotions contradictoires qui le submergeaient totalement. Et puis, il restait quand même relativement quelqu'un de timide, d'hésitant. Être sur de lui n'était que rare.
Néanmoins lorsqu'elle lui avait proposé de venir s'asseoir à côté d'elle, même s'il avait hésité, il l’avait finalement fait. Il n'était pas certain que parler lui ferait du bien. Elle n'avait pas à l’écouter alors … alors qu'il ne rebondissait pas sur ce qu'elle disait. Il ne devait pas faire ça, mais en même temps.. pourquoi pas ? Ce n'était pas simple de rester là, si proche d'elle, ses sens, sa parano étaient en éveil, plus que jamais. Il ne se sentait pas en sécurité et pourtant il finit par reprendre la parole, répondant à la question de la jeune femme.

« C’est rien de grave je veux bien l'entendre... du moins à côté de Poudlard;  mais c’est sévèrement lourdingue quoi. Elles te font chier comme ça depuis ton enfance ? »

Pendant quelques instants son regard se perdit dans le vide. Il serra nerveusement son poing, ne sachant pas bien quoi répondre à cela. Bien sûr, il avait une réponse nette dans sa tête, mais déballer sa vie, se plaindre. Ce n'était probablement pas le mieux qu'il puisse faire, surtout, il devait essayer de donner le change. Il ne devait pas raconter ses soucis qui ne pourraient pas se résoudre de toute manière et ignorer tout ce que la jeune femme disait.

 « Oui,  surtout depuis que l'on a confirmation que... enfin que je ne suis pas Sorcier. Mais ça c'était pas qu'elles. Mais ce n'est pas important Sovahnn. Ca ira. C'est pas grave, juste contrariant.»

Non, bien sûr que non ce n'était pas que contrariant, c'était remuer le couteau dans la plaie de quelqu'un de profondément traumatisé. Il essayait de se dire que ce n'était bien grave, juste des blagues méchantes. Courte réponse, mais il devait essayer d'embrayer sur elle, il joua quelques instants toujours avec ces doigts et essaya de trouver quelque chose de pas trop con à dire... et finalement il se lança, essayant de puiser sur lui-même,  de ne pas simplement fuir. Il avait besoin de s'isoler... mais il ne se voyait actuellement pas faire ça.

 « Et du coup ; tu sais si c'est un garçon ou une fille ?»

« Ah ! Heu... Ben c'est cool alors, si c'est une bonne nouvelle, j'avais peur que ça ne le soit pas.»

Un petit sourire de la jeune femme. Elle avait bien compris qu’en effet, il n’était pas tout à fait sûr que ce soit une bonne nouvelle. Sovahnn n’avait jamais vécu une relation que l’on pouvait considérer comme stable et son seul crush s’était retrouvé dépourvu de sa santé mentale depuis plusieurs mois. Elle s’était fait agressée sexuellement par un Supérieur qu’elle avait réellement et sincèrement voulu tuer alors que sa magie primaire semblait tout à fait prête à s’en charger pour elle. Elle s’était trouvée en zone de guerre, là où des tarés pouvaient se servir d’elle, d’une personne en situation délicate, dangereuse et attendrissante pour manipuler leurs ennemis. Clairement, il y avait des TAS de raisons pour que cette grossesse ne soit pas une bonne nouvelle. Le fait qu’aucune de ces hypothèses ne soit la bonne lui inculquait pourtant que ç’en était une. Simplement par élimination et contrairement à ce qu’elle avait ressentit à l’origine.

« ç’en était pas une quand je l’ai appris. Je suis pas en couple, c’était pas prévu… mais c’est quand même une chouette surprise finalement. Même s’il n’y a pas une seule des conditions requises quoi. » Petit rire. « De toutes les merdes qui auraient pu avoir lieu, il n’y a rien eu. Donc c’est un super nouveau départ. »

Bonjour, je suis Sovahnn et après avoir crisé comme pas permis, je prends les choses avec une philosophie qui prouve que je ne suis pas tant une enfant que je le pense.

Elle était heureuse d’être libre, d’être dehors, et de porter la vie. Heureuse de fixer son attention sur le futur et surtout pas sur le passé, même si elle ne l’oubliait pas. Simplement, en ce moment, elle avait besoin d’aller de l’avant. Besoin de se prouver qu’elle construisait quelque chose de bien et qu’il était hors de question de laisser les idées arriérées gagner. Et pour ça, parler à quelqu’un qui craint les sorciers en faisait partie. Sovahnn savait qu’elle le faisait flipper de part sa nature de sorcière. Pire du fait de ses pertes de contrôle. Mais il faisait des efforts parce qu’ils avaient un passé en commun et qu’il avait l’intelligence de ne pas le mettre de côté. Peut être ses efforts pour l’aider à Poudlard avaient-ils été remarqués, elle n’en savait rien.

« Oui,  surtout depuis que l'on a confirmation que... enfin que je ne suis pas Sorcier. Mais ça c'était pas qu'elles. Mais ce n'est pas important Sovahnn. Ca ira. C'est pas grave, juste contrariant.»

Etait-il sérieux ? Etait-ce à cause de ce qu’elle venait de dire qu’il minimisait l’évènement ou juste parce qu’il craignait d’en faire trop, de souffrir trop, que ses sentiments soient juste « trop » et donc non légitimes. Elle avait déjà vu ça quelque part.

« Et du coup ; tu sais si c'est un garçon ou une fille ?»

Il se contentait réellement de ça ? Changeait de sujet comme ça ? Face à un truc si grave ? Comme s’il craignait d’être jugé de mal vivre une chose pareille ?

Un petit soupire et la jeune femme s’était retournée face à lui, un bras sur le dossier du banc, une jambe rabattue sous sa cuisse.

« Nan, Tim. C’est pas juste contrariant. C’est insultant, horrible, discriminatoire, insultant et terriblement injuste au sein de sa propre famille. Pire : de sa fratrie. C’est affreusement humiliant et injurieux parce que ça sous entends soit que tu es trop idiot pour comprendre la situation, soit trop faible pour t’en prémunir. C’est pas juste contrariant Tim, c’est intolérable et personne ne devrait se comporter comme ça. Encore moins sous la foutu condition de merde que la personne est différente. »

Elle l’avait regardé dans les yeux, consciente que ce qu’elle faisait le mettait mal à l’aise. Mais il fallait que le message passe.

« Des milliers de personnes sont mortes chaque siècle parce que depuis que l’Homme est Homme, il a toujours cherché à lisser ou faire disparaitre les différences, ceux qui sortent de la norme. Donc non, c’est pas juste contrariant. Comme d’être noir et devoir s’assoir à l’arrière d’un bus pour laisser sa place à un blanc, comme de devoir éviter de s’embrasser dans la rue parce qu’on est du même sexe, comme de devoir se cacher parce qu’on a des croyances différentes sous peur de finir gazer. C’est pas JUSTE contrariant putain. C’est l’horreur et t’a pas à accepter ça. Par contre c’est juste une nouvelle crise identitaire de l’humanité. Qui fera juste à nouveau des milliers de morts. »


C’était trop ? Peut-être. Mais elle les avait vus, les premiers de ces milliers de morts. Elle avait vu la peau froide et la peur dans le regard des survivants. Elle en contemplait un visage tous les jours et savait que la guerre était loin d’être terminée. Pire, qu’elle donnerait naissance dans ce monde de rage et d’horreurs. Et elle s’accrochait aux petites choses sublimes qui brillaient encore au cœur des ténèbres. Alors non, à ses yeux, ça n’était pas trop. Peut être qu’en tant que sorcier – de culture du moins – il ne verrait pas forcément tout ce à quoi elle faisait référence.
Pourtant ça commence par un peuple pointé du doigt. Ça continue avec une perte de liberté. Puis un fichage. Et ça se termine dans des chambres à gaz. Etait-ce trop de réagir au début de cette chaîne meurtrière ? Et ces marques qu’ils leur mettaient et que la garde avait effacées ?! Ça ne s’apparentait pas sérieusement à une putain d’étoile de David.
Une belle étoile jaune plantée au niveau du cœur. Comme une belle cible brillante.

Alors ça ne pouvait pas être juste contrariant.

Il essayait de ne pas faire de gaffe, déjà par ce qu’on ne pouvait pas vraiment plaisanter avec la grossesse… surtout qu’il ne connaissait pas trop les circonstances et compagnie, il préférait donc être juste très prudent.

« ç’en était pas une quand je l’ai appris. Je suis pas en couple, c’était pas prévu… mais c’est quand même une chouette surprise finalement. Même s’il n’y a pas une seule des conditions requises quoi. De toutes les merdes qui auraient pu avoir lieu, il n’y a rien eu. Donc c’est un super nouveau départ. »

Il fronça les sourcils mais acquiesça doucement, le principal restant qu’elle ait été consentante ce jour-là et heureuse de la grossesse, mais les détails franchement ce n’était rien. Il aurait pu se détendre un petit peu sur le sujet, mais c’était trop compliqué pour lui en ce moment ? Néanmoins, il était plutôt content de ne pas avoir trop gaffé, c’était déjà pas mal, pour ne pas dire un exploit. Comme quoi, parfois, il arrivait à savoir quoi dire, même si « dire », vu les trois mots prononcés était probablement un peu fort comme expression.
Il restait toujours sur ses gardes, et le sujet de sa famille étant abordé, il essaya d’expliquer en quelques mots, tout en montrant qu’au final ce n’était pas bien grave. Après tout, elles ne le torturaient pas, c’était lui qui ne savait pas faire la part des choses, les traumatismes étant toujours trop présent pour qu’il puisse s’en amuser, rien que pour les emmerder. N’ayant pas spécialement envie de trop en parler –pourquoi faire ?-, il essaya de nouveau de changer de sujet, de parler du bébé. Mais elle s’était rapidement tournée vers lui, il déglutit difficilement et du user de toutes ses forces pour ne pas reculer, pour ne pas trop s’éloigner d’elle. Il cligna des yeux, clairement intimidé, se demandant ce qu’il avait dit de mal pour qu’elle réagisse de cette façon.

« Nan, Tim. C’est pas juste contrariant. C’est insultant, horrible, discriminatoire, insultant et terriblement injuste au sein de sa propre famille. Pire : de sa fratrie. C’est affreusement humiliant et injurieux parce que ça sous entends soit que tu es trop idiot pour comprendre la situation, soit trop faible pour t’en prémunir. C’est pas juste contrariant Tim, c’est intolérable et personne ne devrait se comporter comme ça. Encore moins sous la foutu condition de merde que la personne est différente. »

Il fronça les sourcils, il ne voyait pas franchement ça comme ça. Ses sœurs ne l’aimaient pas, elles ne l’avaient jamais aimé par ce qu’il symbolisait, de son point de vue la rupture de leurs parents pour pas grand-chose. Alors oui, elles en jouaient beaucoup de ce côté cracmol, oui, elles étaient probablement encore plus odieuses avec lui depuis ses 11 ans… Et elle avait bientôt continué à parler de racisme, de nazismes, d’homosexualité. Oh bah, il faisait plus ou moins partie de cette catégorie aussi. Seulement, il ne savait pas quoi répondre…. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui dire, que oui elle en faisait un peu trop. Ou alors c’était lui qui avait fini par prendre toute cette histoire comme une habitude.

« Je crois que tu trompes, un peu sur elles. C’est probablement surtout par ce je … on va dire représente la trahison de notre père envers leur mère et que mes parents se sont séparés rapidement. Elles ne m’aiment pas et veulent juste me pourrir la vie, ça arrive dans les fratries. Même si ça fait mal, alors oui, elles utilisent des choses qui savent …. Enfin qui me font réagir, par ce que du coup ça les amuse.» Il haussa un peu les épaules. « Alors oui, c’est méchant, cruel et tout ce que tu veux, surtout depuis que je suis revenu de Poudlard… mais c’est comme ça de toute façon, qu’est-ce que je peux faire, moi ? Juste rien. Je ne sais pas pourquoi, elles me détestent réellement mis à part ça.»

Par ce que bon, ce n’est pas lui qui avait demandé à naitre non plus.

Peut être qu’elle en faisait trop en effet. Elle le voyait dans son regard. Pourtant, ça n’était absolument pas son impression. Sans doute parce que cette oppression, elle l’avait vécu aussi. C’était sans doute plus facile à oublier puisqu’elle portait une baguette et que si on l’agressait sévèrement, son cerveau reptilien était manifestement capable de simplement souffler l’ennemi d’un revers de main, la laissant hébétée, épuisée. Lorsqu’elle avait retrouvé Tim, Sovahnn s’amusait de cette situation. Elle jouait avec les Supérieures, avec leurs idées arriérées et se mettait clairement en danger chaque jour sans même y prêter attention. Parce que c’était sa manière de fonctionner, sa façon de se sentir vivante, son besoin de brûler la vie avant qu’on ne lui en arrache encore une partie. Pourtant, depuis plusieurs semaines, la jeune femme avait vécu dans une peur constante et brutale. Non pas pour elle, mais pour cette petite chose qui grandissait en elle et qu’elle s’était mise à protéger inconsciemment de manière bien plus intense qu’elle aurait pu le faire avec n’importe qui d’autre. Parce qu’elle savait qu’en tant que née-moldue – ou que sang mêlé si on s’en référait aux aventures de sa mère – elle était la première sur la liste. Et qu’une femme enceinte, comme otage, ça fait toujours son petit effet dans ce genre d’histoires. Pire encore, même à présent qu’elle était sortie, la jeune femme ne pouvait s’empêcher d’y penser : elle allait mettre au monde un enfant ici. Dans cet univers où violenter quelqu’un parce qu’il est différent est normal. Où non contents de s’emmerder avec des histoires de couleurs de peau, de religions ou de sexualités, on en vient même à faire chier les gens, à les humilier, à les brider, à les tuer… pour leur sang ? Pour celui de leurs parents, de leur ascendance complète ? Ça en arrivait à des proportions dingues. Ça n’était même pas visible ou idéologique ! Ça ne remettait même pas en question quoi que ce soit ! Bref, ça lui échappait et oui, ça la mettait en rage. Parce qu’elle faisait partie des victimes et qu’un jour, son enfant devrait affronter tout ça à son tour.

« Je crois que tu trompes, un peu sur elles. C’est probablement surtout par ce je … on va dire représente la trahison de notre père envers leur mère et que mes parents se sont séparés rapidement. Elles ne m’aiment pas et veulent juste me pourrir la vie, ça arrive dans les fratries. Même si ça fait mal, alors oui, elles utilisent des choses qui savent …. Enfin qui me font réagir, par ce que du coup ça les amuse. Alors oui, c’est méchant, cruel et tout ce que tu veux, surtout depuis que je suis revenu de Poudlard… mais c’est comme ça de toute façon, qu’est-ce que je peux faire, moi ? Juste rien. Je ne sais pas pourquoi, elles me détestent réellement mis à part ça.»

Elle avait eu pour lui un petit sourire triste.

« Peut-être Tim. Tu les connais et moi non. Ou du moins pas réellement. De loin dans l’brouillard et elles m’ont paru très connes. Mais bon, mon avis d’enfant ou de préadolescente décérébré n’est pas vraiment fiable. Surtout après une sacrée sieste de plusieurs années. Mais bref. »

Tu t’égares bichette.

« Mais mon père me disait souvent qu’on s’habitue à tout. Et je crains que ce soit le souci en fait. T’habitues pas aux humiliations, à l’injustice ou à l’horreur. N’accepte pas ce qui n’est pas acceptable. Tu ne leur est pas inférieur, d’une quelconque manière. C’est tout ce que j’essaye de dire. »

On a vite fait d’écouter les dires des gourous. Surtout si dans notre propre famille, le message global était celui-là. Elle voyait très bien à quel point Alec se haïssait par exemple et l’éducation familiale n’y était clairement pas pour rien. Tim devait avoir vécu avec un type de discours dont il n’était sans doute pas facile de se détacher.

« Tu sais que là-dessus on se ressemble sans doute plus que prévu ? J’suis issue d’une aventure de ma mère avec un sorcier. Ça la fout mal au sein de la famille. Et je crois qu’elle m’en veut d’être une sorcière depuis qu’elle le sait. Parce que… tu sais ? J’ai tout gâché, bla bla bla… Enfin j’irais pas lui demander. »

C’est après avoir dit un truc pareil que la perspective du repas de Noël ne lui semblait pas particulièrement réjouissante. Mais Sovahnn pourrait sans doute partir dès le lendemain chez Ismaelle avec Enzo et ça, ça lui semblait bien plus sympathique. D’autant qu’elle pourrait sans doute poser un certain nombre de questions à une femme qui avait manifestement toujours énormément à lui apprendre. Comme quoi, prof un jour hein….

« Ah oui au fait, non, je ne sais pas le sexe encore. C’est prévu dans une semaine. »

Pourquoi est-ce qu’il essayait  de la convaincre qu’elles n’étaient pas si horribles que ça, alors qu’il avait juste envie de leur cracher à la gueule ? Pourquoi ? Il n’en savait rien, absolument rien. Elle n’avait pas tort, lorsqu’elle avait repris la parole pour dire qu’elles avaient l’air connes, c’était probablement le cas. On ne pouvait pas dire qu’il était le mieux placé pour juger, alors il se contenta d’hausser un peu les épaules.

« Mais mon père me disait souvent qu’on s’habitue à tout. Et je crains que ce soit le souci en fait. T’habitues pas aux humiliations, à l’injustice ou à l’horreur. N’accepte pas ce qui n’est pas acceptable. Tu ne leur est pas inférieur, d’une quelconque manière. C’est tout ce que j’essaye de dire. »

Nouveau haussement d’épaules, il le savait bien tout ça, mais dans les faits c’était quand même quelque chose d’un peu plus compliqué à gérer ! Il soupira doucement, se passant une main dans les cheveux avant de souffler

« Je le sais bien tout ça, c’est plus de la lassitude, et de la colère… mais quand elles me font face, je n’arrive pas à penser à tout cela, c’est comme si mon instinct de survie me disait de me barrer, de fuir, de me terrer quelque chose ; Je perds mon calme, mon sang et j’ai des crises d’angoisses, alors forcément…. »

Forcément quoi ? Rien. Il ne savait même pas pourquoi il avait sorti ce mot.

« Tu sais que là-dessus on se ressemble sans doute plus que prévu ? J’suis issue d’une aventure de ma mère avec un sorcier. Ça la fout mal au sein de la famille. Et je crois qu’elle m’en veut d’être une sorcière depuis qu’elle le sait. Parce que… tu sais ? J’ai tout gâché, bla bla bla… Enfin j’irais pas lui demander. »
«Ca craint aussi. » Il se tut quelques instants avant de reprendre «Il faut croire que des que l’on sort un peu des normes, on est ;.. juste … on va dire montré du doigt, même si ce pas le terme forcément le plus approprié. » il haussa un peu les épaules «M’enfin, je suppose que ça pourrait être pire, de toute manière, moi j’ai toujours été principalement chez ma mère avec qui ça se passe super bien, elle est vraiment cool. » Nouveau temps de silence « Ca pue un peu non, comme point commun, de tout gâcher, dans la vie d’une famille ?»

Surtout que bon, l’un comme l’autre, on ne pouvait pas dire qu’ils étaient des êtres affreux, des délinquants qui avaient commis des actes affreux, ils étaient justes tombés dans la mauvaise famille, ou plutôt avaient eu la mauvaise génétique.

« Ah oui au fait, non, je ne sais pas le sexe encore. C’est prévu dans une semaine. »
« Ok, et toi tu préférerais quoi ? Enfin, je ne sais pas si c’est une question qui se pose, je sais que tu l’aimeras quel que soit le sexe, mais tu as peut-être une préférence. Et tu as déjà des idées de prénoms ?»

Bah oui grand couillon, vas-y, c’est le genre de question à poser, ça !  Ouais ferme-la Timmy, je crois que c’est le mieux.

« Tu ne veux pas bouger, un peu ? On risque de finir par attraper froid. Il doit il y avoir un truc chaud à boire chez ma mère, si ça te tente. Tu pourras heu … utiliser de la poudre de cheminette si tu en as ? Ou sinon, si elle est là, elle pourra peut-être te ramener en transplanant, même si elle n’utilise plus la magie. Ou quasi-plus. Quelques potions, de temps en temps.»

Notamment pour l’aider à dormir d’un vrai sommeil réparateur.

« Je le sais bien tout ça, c’est plus de la lassitude, et de la colère… mais quand elles me font face, je n’arrive pas à penser à tout cela, c’est comme si mon instinct de survie me disait de me barrer, de fuir, de me terrer quelque chose ; Je perds mon calme, mon sang et j’ai des crises d’angoisses, alors forcément…. »
« Forcément ça merde. J’te fais pas la morale Tim, je comprends que ça soit compliqué à gérer. C’est juste que ça m’énerve que tu sois considéré comme ça au sein de ta propre famille. »

Sans doute faisait-elle un transfert. Simplement, il n’y avait rien de juste dans cette histoire, et elle trouvait ça tellement aberrant que des gens puissent agir ainsi qu’elle avait du mal à rester neutre face à ce genre de choses.

« Enfin, c’est intolérable partout mais ça m’énerve d’autant plus au sein d’une fratrie. »

La famille devrait être une zone sûre, un lieu au sein duquel il n’y avait pas ce genre de violences ou d’humiliations, mais force était de constater qu’il y avait bien des familles à se déchirer ainsi. Magie ou pas magie, tout cela ne semblait n’être qu’une excuse pour blesser un peu plus. Pourtant, des gens disparaissaient tous les jours à cause de ce genre d’idées obtuses. Ils avaient tout deux failli en faire partie. Est-ce que rien que ça, ça ne mériterait pas un peu de considération ? Il fallait croire que non. Mais dans un monde où certains se croient meilleurs que d’autres au point de les traquer… il ne fallait pas vraiment s’attendre à grand-chose de positif.

«Ca craint aussi. Il faut croire que des que l’on sort un peu des normes, on est ;.. juste … on va dire montré du doigt, même si ce pas le terme forcément le plus approprié. M’enfin, je suppose que ça pourrait être pire, de toute manière, moi j’ai toujours été principalement chez ma mère avec qui ça se passe super bien, elle est vraiment cool. »
« Heureusement alors ! Et tu tiens vraiment à ces gens pour continuer à les fréquenter ? Tu es proche de ton père malgré ça peut-être… »

Elle avait sans doute trop l’habitude de la politique de l’autruche. Ou de la fuite plus exactement : ça n’allait pas ? Leur présence ne lui faisait pas de bien ? Elle ne les voyait que très modérément, voilà tout.

« Ca pue un peu non, comme point commun, de tout gâcher, dans la vie d’une famille ?»

A son tour, la jeune femme haussait des épaules, lui accordant un petit sourire neutre. Il était vrai qu’elle avait pensé ça pendant un moment. Pourtant, si la jeune femme ne s’en était pas rendu compte, son avis sur la question avait bien changé.

« J’en sais rien. C’est pas mon cas ; pas le tien non plus d’ailleurs. Si quelqu’un a tout gâché : c’est celui ou celle qui est allé voir ailleurs. C’est leur traitrise, pas la notre. Et s’ils n’ont pas été fichus de prendre un peu de recul là-dessus pour réparer les pots cassés… c’est doublement leur faute. J’vais pas me bouffer la vie pour leurs histoires de coucheries. J’en ai assez à faire avec les miennes ! »

Sur la dernière phrase, Sovahnn avait perdu son air sérieux, riant en passant sa main sur l’arrondi de son bas ventre. Est-ce qu’elle avait gagné en maturité ? Oui, sans doute.

« Ah oui au fait, non, je ne sais pas le sexe encore. C’est prévu dans une semaine. »
« Ok, et toi tu préférerais quoi ? Enfin, je ne sais pas si c’est une question qui se pose, je sais que tu l’aimeras quel que soit le sexe, mais tu as peut-être une préférence. Et tu as déjà des idées de prénoms ?»

Ses yeux s’étaient soudainement arrondis alors qu’elle le dévisageait de nouveau.

« …. Tu sais que j’y avais même pas pensé ? Meeerde. Faut qu’je trouve un prénom dis donc ! »

Un prénom qu’il portera toute sa vie. Un prénom qui ne devra pas amener à des moqueries, qui devra dégager des choses positives, qui ne devra pas être chargé de stéréotypes idiots qui le suivront toute sa vie. Merde alors : la pression !

« … pu… naise… mais c’est vrai ça. Ça rend les choses très concrètes ce que tu viens de me dire dis donc. »

Est-ce qu’elle était dans le déni, qu’elle n’avait pas l’impression que ça arriverait ? Non. Simplement, l’accouchement lui semblait encore bien loin et elle n’avait pas encore pensé à tout ce qui concernait l’après. Il fallait dire qu’elle avait cherché à ne surtout pas pensé à ça pendant tout son enfermement à Poudlard alors si elle avait fini par réaliser et apprécier ce cadeau, il y avait toujours des aspects de son avenir qu’elle n’avait pas encore intégré. Manifestement, le fait qu’elle ne pourrait pas l’appeler « crevette » ou « cacahuète » toute sa vie en faisait partie.

« Tu ne veux pas bouger, un peu ? On risque de finir par attraper froid. Il doit il y avoir un truc chaud à boire chez ma mère, si ça te tente. Tu pourras heu … utiliser de la poudre de cheminette si tu en as ? Ou sinon, si elle est là, elle pourra peut-être te ramener en transplanant, même si elle n’utilise plus la magie. Ou quasi-plus. Quelques potions, de temps en temps.»
« Hm ? Oh oui si tu veux ! Enfin ça dépend, c’est loin ? Enfin elle n’a pas déménagé ? Parce qu’en effet il va falloir que j’envisage d’y aller moi un jour. D’affronter la joie de cette fête et de l’air profondément choqué de ma mère. Elle me voit toujours comme si j’avais 12 ans… alors déjà que moi j’ai du mal à me voir en adulte, SURTOUT en faisant ce genre de conneries… quelque chose me dit que ça ne va pas aider. »

Sans vraiment attendre de réponses, la jeune femme s’était relevée, prête à marcher jusqu’à l’habitation d’enfance du garçon. Elle avait même fait quelques pas pour s’éloigner – toujours trop active la demoiselle – avant de faire demi-tour pour attraper son petit sac. Là dedans se trouvaient ses cadeaux, ne prenant aucune place grâce au sortilège dont le sac était doté. Une grande invention magique qui devrait être utile et nécessaire à tous !

« Du coup tu l’auras compris, non, j’y ai pas réfléchis. Et tout me va, sincèrement. C’est tellement une surprise… et puis j’ai eu un peu de mal à m’imaginer concrètement maman que… en fait c’est toujours pas vraiment fait. Il me reste tellement de choses à faire que j’ai même pas pensé à ça. Je me vois aussi bien avec un petit gars qu’une demoiselle. On verra bien ! »

« Forcément ça merde. J’te fais pas la morale Tim, je comprends que ça soit compliqué à gérer. C’est juste que ça m’énerve que tu sois considéré comme ça au sein de ta propre famille. »

Il haussa simplement un peu les épaules, c’était comme ça, il n’y pouvait pas grand-chose de toute manière. Rien ne pourrait y changer, ce n’était pas comme si ses pouvoirs pouvaient exploser un jour, ce n’était pas comme s’il pourrait être un sorcier à part entière.

« Enfin, c’est intolérable partout mais ça m’énerve d’autant plus au sein d’une fratrie. »
«C’est comme ça, Sovahnn. On ne peut pas changer les choses ou les mentalités. Je ne les vois quasi pas. Ca ira. »

C’était un pseudo-mensonge., ça n’irait pas, il venait toujours dans cette baraque la peur au ventre, angoissé. Mais le reste, ça restait vrai, et puis au final, ce n’était pas si grave que ça comparé à ce qu’il avait déjà vécu avec les Supérieurs. Un jour, il grandirait probablement assez pour arriver à se défaire de toute cela. Un jour, il pourrait les affronter sans ciller, sans trop avoir peur. Un jour, mais sûrement pas aujourd’hui, ni dans les mois à venir. Ce n’était pas bien grave, elles resteraient ses sœurs à vie, ce n’était pas un lien que l’on pouvait réellement effacer.

« Heureusement alors ! Et tu tiens vraiment à ces gens pour continuer à les fréquenter ? Tu es proche de ton père malgré ça peut-être… »
« C’est ma famille, Sovahnn. Je dois être là en certaines circonstances.»

Et ça il le pensait réellement. Est-ce qu’il tenait à eux ? Il n’en était pas certain, à vrai dire il ne saurait pas réellement répondre à cette question avec précision. C’était compliqué…. Vraiment, on ne peut pas renier les siens, si ? II ne se voyait pas leur dire non. Il n’en avait probablement pas la force. Ou il n’osait pas, là encore il n’en savait trop rien.

« J’en sais rien. C’est pas mon cas ; pas le tien non plus d’ailleurs. Si quelqu’un a tout gâché : c’est celui ou celle qui est allé voir ailleurs. C’est leur traitrise, pas la notre. Et s’ils n’ont pas été fichus de prendre un peu de recul là-dessus pour réparer les pots cassés… c’est doublement leur faute. J’vais pas me bouffer la vie pour leurs histoires de coucheries. J’en ai assez à faire avec les miennes ! »

Il avait froncé les sourcils au départ, ne comprenant pas bien pourquoi elle disait cela. Si, c’était de sa faute, en quelque sorte. Enfin pas réellement. Les gênes, ça ne se contrôle pas, c’est certain mais s’il n’était pas né et bien au final rien n’aurait trop changé à part qu’il n’aurait pas été une victime. Il aurait voulu lui dire qu’elle avait donc raison, mais quelque chose l’empêchait, quelque chose le gênait dans ces dires, sans qu’il ne puisse mettre réellement le doigt dessus.
Il avait donc préféré changer de sujet, lui parler de sa grossesse essayer de s’en intéressé, un minimum disons. Il essayait toujours de se convaincre qu’elle ne lui ferait pas de mal.
« …. Tu sais que j’y avais même pas pensé ? Meeerde. Faut qu’je trouve un prénom dis donc ! » Ah heu ? Boulette ou pas ? « … pu… naise… mais c’est vrai ça. Ça rend les choses très concrètes ce que tu viens de me dire dis donc. »
«Tu pourras me remercier plus tard de te servir de mémo. » tenta-t-il de plaisanter, sans être réellement certain que ce soit drôle pour elle. « Tu as encore le temps de tout façon, non ? C’est pas non plus pressé dans la journée, ou pour la fin de mois.»

Il essayait de la rassurer, à sa façon. Pas sûr que ça marche, avant de lui proposer de venir un moment chez lui … enfin chez sa mère. Au moins elle serait moins dans le froid, mais elle pourrait peut-être rentrer chez elle avec un moyen magique.

« Hm ? Oh oui si tu veux ! Enfin ça dépend, c’est loin ? Enfin elle n’a pas déménagé ? Parce qu’en effet il va falloir que j’envisage d’y aller moi un jour. D’affronter la joie de cette fête et de l’air profondément choqué de ma mère. Elle me voit toujours comme si j’avais 12 ans… alors déjà que moi j’ai du mal à me voir en adulte, SURTOUT en faisant ce genre de conneries… quelque chose me dit que ça ne va pas aider. »
« Non, non, elle n’a pas déménagé. On vit toujours au même endroit, on est bien installés, alors pourquoi changer, hein ? Et pour ta famille… je crois que je suis mal positionné pour te conseiller quoi que ce soit. »

Il parlait tout en la suivant vu qu’elle semblait déjà partie pour se diriger vers la maison du garçon. Pas très compliqué en même temps de s’y retrouver hein. Elle savait pertinemment où il habitait.

« Du coup tu l’auras compris, non, j’y ai pas réfléchis. Et tout me va, sincèrement. C’est tellement une surprise… et puis j’ai eu un peu de mal à m’imaginer concrètement maman que… en fait c’est toujours pas vraiment fait. Il me reste tellement de choses à faire que j’ai même pas pensé à ça. Je me vois aussi bien avec un petit gars qu’une demoiselle. On verra bien ! »
« Et tu vas habiter où, vu que chez ta mère ça a l’air problématique… enfin je veux dire un bébé ça prend un peu de place, ça pleure, faut un chouette appart, enfin un truc à peu près salubre. Ce genre de choses.» Il haussa un peu les épaules avant de reprendre « Et pour ta mère … j’te dirai bien de laisser couler, elle sera chiante mais ça sera le pire, au pire elle te couvera de choses stupides, non ? Et puis une mamie, ça peut toujours servir, je pense. Enfin, je veux dire, penses-y, avant de te brouiller avec elles. Tu vois, même si c’est ptet un « boulet » parfois, dans sa façon de faire, même si …. C’est pas top, ça reste ta mère. Et elle doit t’aimer, elle. Elle sait en plus comment s’occuper des bébés vu qu’elle t’a eu, c’est un chouette atout. Mais après ce n’est que mon avis. Après, j’te dis ça, probablement par ce que je ne sais pas comment je ferai si on me disait que j’allais devenir papa… enfin, ça serait compliqué qu’on me dise ça… mais bref. Bourré sait-on jamais.»

Déjà, ça faisait un petit moment qu’il n’avait pas été avec quelqu’un, et en plus difficile de mettre enceinte un mec. Donc bon, de ce côté-là il était plutôt tranquille… après il est vrai qu’il trainait avec quelques filles de sa promo qui lui plaisaient aussi et bourré… enfin pas besoin de faire un schéma n’est-ce pas ?

«C’est comme ça, Sovahnn. On ne peut pas changer les choses ou les mentalités. Je ne les vois quasi pas. Ca ira. »

Ça n’était sans doute pas vrai mais Sovahnn n’allait pas insister. Qu’y pouvait-elle après tout, là, maintenant tout de suite ? Elle ne risquait pas de débarquer dans une famille qui ne pouvait pas la sentir car issue d’une famille de moldus et incapable de pratiquer correctement la magie, sans aucune protection, en essayant naïvement de les faire changer d’avis alors qu’elle était l’achétype même de ce qu’ils ne supportaient pas. Elle constituait même une preuve – fallacieuse - que les nés moldus ou les sangs mêlés étaient inférieurs à eux. Et faire une connerie pareille lui serait beaucoup trop dangereux. Surtout enceinte. Alors non, elle ne le ferait pas. Et elle avait bien assez exprimé son opinion. Peut-être ferait-elle son chemin. Mais insister plus relèverait sans doute de la bêtise et ne ferait que braquer son interlocuteur.

« C’est ma famille, Sovahnn. Je dois être là en certaines circonstances.»
« Ouais c’est vrai… enfin je suppose. »

Elle serait sans doute mal placée pour dire qu’il est possible de s’affranchir d’une famille toxique alors qu’elle-même repoussait au maximum le moment d’aller chez elle et d’affronter les reproches d’une famille qu’elle ne comprenait plus. Pire : qui ne la comprenait plus. Ou qui ne la reconnaissait plus. Bref, elle n’arrivait pas à comprendre comment ils en étaient arrivés là, eux qui semblaient si unis dans ses souvenirs. Mais elle avait sans doute enjolivé les choses. Ses souvenirs d’enfance étaient sans doute en partie fantasmés. Surtout après tout le temps qu’elle avait passé à les ressasser.
Sovahnn avait de nouveau exprimé une opinion différente de son ami d’enfance, refusant d’entendre qu’elle ait pu gâcher quoi que ce soit. S’il souhaitait se torturer avec ça, trop imprégné des reproches qu’on avait pu lui faire, libre à lui. Mais il était hors de question qu’elle se fasse du mal ainsi. Il fallait dire qu’elle avait eu l’avantage de gérer ça de son côté, sans encaisser les avis familiaux. C’était plus simple, elle en convenait.

Et puis la conversation avait dérivé sur l’enfant. Enfant sans prénom. Petit bébé, dirait Phoebe de Friends. C’est vachement bien « petit bébé ».

«Tu pourras me remercier plus tard de te servir de mémo. »  Petit rire de la part de la jeune femme. « Tu as encore le temps de tout façon, non ? C’est pas non plus pressé dans la journée, ou pour la fin de mois.»
« Non c’est sûr ! Heureusement d’ailleurs ! Mais j’ai tellement de trucs à gérer par rapport à ça… que je ne maîtrise pas DU TOUT. Que… manifestement je zappe les trucs basiques ! Mais en effet oui ça serait pas mal qu’il ou elle ait un prénom. Ça peut être utile. »

La jeune femme s’était levée, dédiant une petite partie de son esprit à réfléchir à la question, se dirigeant doucement dans la direction de la mère de Tim. Ça la rapprocherait de chez elle de toute manière.

« Non, non, elle n’a pas déménagé. On vit toujours au même endroit, on est bien installés, alors pourquoi changer, hein ? Et pour ta famille… je crois que je suis mal positionné pour te conseiller quoi que ce soit. »
De nouveau, elle avait lâché un petit rire.
« On est bien nous dis donc ! »

Belle bande de vainqueurs avec leurs problèmes familiaux tient !
Cela comprenait sans doute sa grossesse puisque la jeune femme n’allait pas tarder à en former une à son tour, de famille. Sans doute complètement improbable. Sûrement un peu dysfonctionnelle aussi, comme toutes les familles. Mais elle aurait au moins le mérite d’exister. Restait à voir comment les siens allaient accepter ça.

« Et tu vas habiter où, vu que chez ta mère  ça a l’air problématique… enfin je veux dire un bébé ça prend un peu de place, ça pleure, faut un chouette appart, enfin un truc à peu près salubre. Ce genre de choses.»
«Ah ça… »
La question à mille balles. Mais en effet, il était hors de question de rentrer dans la maison familiale même si on lui proposait.

« Et pour ta mère … j’te dirai bien de laisser couler, elle sera chiante mais ça sera le pire, au pire elle te couvera de choses stupides, non ? Et puis une mamie, ça peut toujours servir, je pense. Enfin, je veux dire, penses-y,  avant de te brouiller avec elles. Tu vois, même si c’est ptet un « boulet » parfois, dans sa façon de faire, même si …. C’est pas top, ça reste ta mère. Et elle doit t’aimer, elle. Elle sait en plus comment s’occuper des bébés vu qu’elle t’a eu, c’est un chouette atout. Mais après ce n’est que mon avis. Après, j’te dis ça, probablement par ce que je ne sais pas comment je ferai si on me disait que j’allais devenir papa… enfin, ça serait compliqué qu’on me dise ça… mais bref. Bourré sait-on jamais.»
« Ah mais je ne compte pas me brouiller avec elle. Sincèrement j’essaye d’être coulante. Mais c’est elle qui… enfin tu me diras tous les ados attardés disent ça donc ça ne plaide pas en ma faveur. »

C’était sans doute ça le problème, il lui semblait avoir quatorze ans quand elle était là-bas. Comme si tout était compliqué alors qu’elle avait énormément changé et que… bah justement, elle n’avait jamais eu quatorze ans. Et elle avait tellement vécu à Poudlard alors que sa famille n’en avait aucune idée et ne voulait pas en parler…

« Elle est… pas la mère dont je me souviens en fait. Tout comme je ne suis pas la petite fille qui s’est pris ce camion il y a des années. C’est super froid en fait chez moi, elle est très distante, mon père aussi – ou plutôt il semble toujours méga gêné - et c’est compliqué de composer avec ça. J’me sens pas à ma place. J’ai l’impression que tout ce que je fais, tout ce que je suis est une erreur, pire : une insulte. » Elle avait laissé le silence engloutir ces paroles lourdes de sens, y réfléchissant un instant, cherchant à éloigner cette boule de peine qui s’était forgé en elle depuis qu’elle y était retournée la première fois. « Bref ouais c’est pas top. Alors peut-être que je fais quelque chose qui n’aide pas. Mais bon, non, le but n’est pas de me brouiller avec qui que ce soit. Mais apparemment ça s’est fait quand je dormais. »

Elle disait ‘dormir’. Il fallait entendre ‘être dans le coma’. Mais ça faisait un peu trop dramaturge pour elle bien que ça ne fut rien d’autre qu’un fait parmi d’autres.

« Et pour le logement… pour l’instant je vis chez un ami. Techniquement, ça serait parfait pour élever un enfant, mais c’est loin et… surtout c’est chez lui. Donc je cherche de manière quelque peu acharnée un boulot là. J’ai un pied à terre autre que familial ici pour faire tampon si je trouve… et le but ça va être de me trouver un petit appart sympa dès que je pourrais. Et l’option 2 c’est de squatter chez les gens. »
…
« Ce qui est assez merdique, j’en conviens. »

Sincèrement, elle aurait bien imaginé sa fille grandir en Australie. C’était simplement parfait. Sauf que ça n’était pas sa vie. Ça n’en était qu’une partie, une partie essentielle même. Mais elle devait se trouver quelque chose. Construire son petit bout de vie ici, près de sa famille. Près de sa belle famille aussi. Un petit chez elle. C’était le but premier de sa recherche de boulot. Bien sûr, elle aurait aimé se laisser vivre, mais c’était simplement hors de question. D’autant qu’elle avait bien des choses à se prouver. Et réussir à se construire un avenir en faisait partie.

« Pourquoi tu ne pourrais pas devenir papa au fait ? Mis à part l’âge. Détail que j’ai personnellement totalement zappé. »

Bon, elle était plus vieille que lui, ce qui rendait les choses plus cohérentes. Mais quand même.
Et non, elle ne savait pas pour son orientation sexuelle. Pas tout à fait le sujet premier quand on est enfermés dans des cachots en craignant pour sa vie.

Probablement que son discours était un peu limite aux yeux de la jeune femme, mais à vrai dire il s’en fichait bien. C’était quand même assez proche de la vérité : ils ne se voyaient pas beaucoup, cela restait inacceptable, il en avait bien conscience, mais c’était peut-être un peu moins grave, vu que le reste du temps il était avec sa mère où tout se passait quand même relativement bien. Peut-être que leur relation était étrange, peut-être que certains les trouveraient à la limite un peu trop exclusifs l’un envers l’autre, un peu trop proche. Comme s’il était toujours un petit gamin et non quelqu’un qui venait d’être majeur, mais cela lui convenait tout à fait. Il s’en fichait qu’elle soit trop présente, probablement trop étouffante, cela avait à la limite quelque chose de rassurant de son point de vue… mais effectivement, tout ne tournait pas forcément rond dans sa tête. Les traumatismes, les manques aidaient à garder leur relation telle quelle. Tim avait même fini par ajouter que malgré tout son père, ses sœurs restaient sa famille et que c’était donc normal qu’ils se voient de temps en temps. La base, quoi, diraient certains.

« Ouais c’est vrai… enfin je suppose. »

Pour lui, il n’y avait pas de supposition à faire, c’était la vérité, la meilleure chose. Peut-être par ce qu’il avait un certain espoir que les choses s’améliorent un jour où l’autre, peut-être par ce qu’il avait toujours été élevé comme ça… que malgré tout on l’avait toujours « obligé » à aller chez son père. Alors c’était passé comme quelque chose de normal dans son esprit ; et qu’il aurait bien de mal à comprendre un avis inverse. Bonjour les familles toxiques qui savent s’y prendre. Ils avaient finalement dérivé sur la question du bébé. Pour détendre l’atmosphère et probablement par ce qu’il commençait un peu à se sentir un peu moins mal à l’aise face à elle, il réussit même à plaisanter un petit peu.

« Non c’est sûr ! Heureusement d’ailleurs ! Mais j’ai tellement de trucs à gérer par rapport à ça… que je ne maîtrise pas DU TOUT. Que… manifestement je zappe les trucs basiques ! Mais en effet oui ça serait pas mal qu’il ou elle ait un prénom. Ça peut être utile. »
« Quand tu sauras le sexe avec certitude, tu pourras peut-être plus te focaliser là-dessus. Et je suis certain que tu trouveras de toute manière plein d’idées cool pour le nommer. Ca n’est pas forcément le plus dur.»

Il avait commencé à la conduire vers la maison de sa mère, dans un quartier moldu proche d’ici. Il essaya d’en profiter pour en savoir plus sur elle, quel endroit elle allait habiter ? Ce genre de choses, notamment avec bébé, il lui fallait quand même quelque chose d’un peu plus grand.

« Ah mais je ne compte pas me brouiller avec elle. Sincèrement j’essaye d’être coulante. Mais c’est elle qui… enfin tu me diras tous les ados attardés disent ça donc ça ne plaide pas en ma faveur. »

Il haussa un sourcil plus amusé qu’autre chose à cette remarque, mais ne fit aucun commentaire, préférant attendre de voir ce qui allait suivre avant d’ouvrir la bouche histoire de ne pas dire quelque chose de trop stupide, ou alors, de mettre les pieds dans le plat. Il était déjà assez maladroit comme cela ! Autant faire un peu attention !

« Elle est… pas la mère dont je me souviens en fait. Tout comme je ne suis pas la petite fille qui s’est pris ce camion il y a des années. C’est super froid en fait chez moi, elle est très distante, mon père aussi – ou plutôt il semble toujours méga gêné - et c’est compliqué de composer avec ça. J’me sens pas à ma place. J’ai l’impression que tout ce que je fais, tout ce que je suis est une erreur, pire : une insulte. Bref ouais c’est pas top. Alors peut-être que je fais quelque chose qui n’aide pas. Mais bon, non, le but n’est pas de me brouiller avec qui que ce soit. Mais apparemment ça s’est fait quand je dormais. »

Oui, c’est sûr que vu comme ça, c’était également une situation compliquée. Et il ne savait pas franchement quoi lui conseiller, par ce que… c’était une façon totalement différente de penser que la sienne. Il se mordit un peu la lèvre essayant quand même de trouver un axe qui pourrait être intéressant pour la suite de la discussion, mais il fallait bien avouer que pour l’instant rien ne lui venait réellement. Et plutôt que de dire de la merde, le silence était d’or.

« Et pour le logement… pour l’instant je vis chez un ami. Techniquement, ça serait parfait pour élever un enfant, mais c’est loin et… surtout c’est chez lui. Donc je cherche de manière quelque peu acharnée un boulot là. J’ai un pied à terre autre que familial ici pour faire tampon si je trouve… et le but ça va être de me trouver un petit appart sympa dès que je pourrais. Et l’option 2 c’est de squatter chez les gens. Ce qui est assez merdique, j’en conviens. »
« Pour l’instant, le squattage ça le fait, mais quand tu auras ton bébé, ça sera, je pense plus compliqué, par ce que tu… vous prendrez plus de place et un gosse ça pleure la nuit, c’est dur.» Il se tut quelques instants avant de continuer « mais tu trouveras rapidement un boulot, je suis sûr. Juste, tu cherches de quel côté ?»Enfin, ce qu’il voulait dire par –là, est-ce qu’elle était plus du côté moldu ou du côté sorcier, ou bien dans les deux ? Nouveau court temps de silence avant qu’il ne reprenne « mais après, si tu veux, je peux voir avec ma mère, si tu peux rester quelques temps chez nous. C’est pas super grand, mais on a une chambre d’amis, donc ça peut le faire.»

Il n’était pas certain que ce soir une bonne chose, quelque chose en lui, son côté parano probablement, lui hurlait de ne pas proposer ça, mais son côté cohérent, et surtout par ce qu’il la connaissait d’avant lui avait fait pencher pour lui proposer son aider. Il ne l’aurait probablement pas fait pour un autre Sorcier.

« Pourquoi tu ne pourrais pas devenir papa au fait ? Mis à part l’âge. Détail que j’ai personnellement totalement zappé. »
« C’est juste par ce que je crois que je suis plus attiré par les hommes que par les femmes, enfin, même si les filles ça me dérange pas non plus. »

Bref, il se pensait Bi, sans en être totalement certain non plus. Ce qui paraitrait probablement bizarre de ne pas savoir avec exactitude son orientation sexuelle ; pour beaucoup cela semblait simple. En tout cas, quand il en parlait avec certains élèves de sa Fac, ils avaient l’air tous sûr d’eux. Mais il est vrai que pour l’instant, il y avait plus de garçons avec qui il se sentait potentiellement de faire quelque chose. Et notamment Tristan qui lui plaisait franchement beaucoup.

« Et puis, je crois que je ne suis pas trop bébé et ce genre de choses, alors bon, je me vois pas père, tout simplement.»

« Quand tu sauras le sexe avec certitude, tu pourras peut-être plus te focaliser là-dessus. Et je suis certain que tu trouveras de toute manière plein d’idées cool pour le nommer. Ca n’est pas forcément le plus dur.»
« Le pire étant l’éducation accessoirement je pense. Mais je ne vais pas me projeter jusque là ! »

Elle refusait de se mettre plus de pression qu’il n’en était nécessaire. Ça, elle l’avait déjà fait à l’annonce de la grossesse et ça n’avait fait que l’angoisser plus encore. La jeune femme avait réellement très mal vécu cette annonce et il lui avait fallu un bon moment pour réussir à prendre du recul pour enfin se sentir sereine face à cet énorme bouleversement. Il ne servait donc à rien de recommencer à se stresser sans réelle nécessité. Elle prenait les choses comme elles venaient, cherchant à gérer l’urgence sans pour autant oublier le cadeau que la vie lui faisait là. Cette sensation de plénitude qui l’avait emportée là-bas, en Australie, les pieds dans l’eau alors qu’elle venait juste d’échapper à Poudlard, elle ne voulait pas l’oublier. C’était ça qui comptait. Les petits tracas devaient être mis de côté. La relation qu’elle entretenait avec sa mère devait en faire partie. Juste un petit tracas. Rien de plus. Une famille, elle en avait une. Du soutien également. Alors elle ferait avec et rejetterait cette sensation affreuse d’être incomprise et abandonnée. Si sa famille n’arrivait pas à comprendre ni à communiquer, elle essaierait plus tard. Pour l’instant, elle avait tout ce dont elle avait besoin. Et elle avait construit ça seule enfermée à Poudlard, comme tous les aspects de sa vie de presqu’adulte.

« Pour l’instant, le squattage ça le fait, mais quand tu auras ton bébé, ça sera, je pense plus compliqué, par ce que tu… vous prendrez plus de place et un gosse ça pleure la nuit, c’est dur.»
« Eh ben raison de plus pour rester chez eux et leur filer ! »

Elle lui avait répondu avec un grand sourire presque carnassier. Le sourire de la sale gosse qu’elle était toujours un peu. Est-ce qu’elle le pensait ? Dans un sens oui, dans le sens de la blague, des weekends ensoleillés ou des vacances les pieds dans le sable. Pour la vie de tous les jours, non, bien sûr, ça n’était pas son intension.

« mais tu trouveras rapidement un boulot, je suis sûr. Juste, tu cherches de quel côté ?»
« Dans Londres, pour rester quand même proche de ma famille. Et de celle du père. »

Du vrai, quelque soit la biologie de cet enfant. Et non, elle n’avait absolument pas saisi l’allusion du double monde dans lesquels elle pouvait trouver un emploi.

« mais après, si tu veux, je peux voir avec ma mère, si tu peux rester quelques temps chez nous. C’est pas super grand, mais on a une chambre d’amis, donc ça peut le faire.»

De nouveau, elle avait sourit, touchée.

« C’est vraiment gentil merci mais j’ai déjà quelques pieds à terre. Ça devrait se faire. Si vraiment ça ne se passe pas comme je l’espère, je penserais à toi. »

En réalité, la jeune femme n’oubliait pas qu’elle l’inquiétait au plus haut point. Elle n’était pas tout à fait sûre de vouloir imposer sa présence. Après, évidemment, elle n’irait pas s’imposer de rester à la rue enceinte ou avec un enfant en bas-âge. C’était cependant réconfortant de savoir qu’elle possédait plusieurs portes de sortie. Même s’il n’était peut être pas sincère, soyons honnêtes ; tous ceux qui lui proposaient l’hébergement ne pouvaient être tout à fait conscients de ce dans quoi ils s’engageaient. Mais voilà, elle pouvait toujours supposer avoir une corde de plus à son arc.

« Je veux réussir ça par moi-même en fait. C’est une situation provisoire, je réussirais à me forger une situation pour pouvoir nous loger et commencer une vie que je n’aurais pas… usurpé. D’une certaine manière. »

Depuis son réveil, il lui semblait qu’elle était ballotée par la vie. Alors, bien sûr, elle ne se laissait pas faire et la croquait à pleines dents, cette existence qui lui était offerte, cette seconde chance à laquelle elle ne croyait plus. Mais elle n’avait fait que vivre là où ça lui avait été imposé, profitant de cette situation passive d’adolescente. Ça ne pouvait pas continuer ainsi. Elle voulait faire les choses par elle-même, se prouver qu’elle en était capable et que, donc, cette grossesse n’était pas une erreur. Donc même si les débuts étaient compliqués, exigus et exigeaient qu’elle dorme au sol, un jour, elle décorerait une superbe chambre pour son enfant. Coups durs ou non.
De toute façon qu’il pleure la nuit à côté de son oreille ou dans la chambre d’à côté, ça ne changerait sans doute pas concrètement grand-chose. Elle déboulerait en Australie pour le filer à son parrain bien aimé qui, LUI, serait en pleine après midi. Et elle retournerait dormir en Angleterre. Un océan les séparant, ça suffit pour les problèmes acoustiques non ? Problème résolu.

« C’est juste par ce que je crois que je suis plus attiré par les hommes que par les femmes, enfin, même si les filles ça me dérange pas non plus. »
« Ah ! Oui en effet, pour la grossesse imprévue c’est plus compliqué c’est sûr. »

Réflexion tout à fait juste et cohérente, elle en convenait.

« Et puis, je crois que je ne suis pas trop bébé et ce genre de choses, alors bon, je me vois pas père, tout simplement.»
« En même temps…. Non c’est con. J’allais dire que tu es encore jeune, mais il s’avère que moi aussi donc c’est intégralement débile et rabaissant comme réflexion. Et puis ça te regarde, c’est vrai que c’est des sensations qui peuvent naître rapidement je suppose. »

Elle n’irait pas dire que ça changerait ou pas. Elle n’en savait rien, seul le temps le dirait et, clairement, ça ne la regardait pas.

« Je t’avoue que j’y avais jamais pensé avant. Ça ne m’avait même pas traversé l’esprit. J’avais l’impression que la question se poserait dans tellement longtemps que j’avais le temps de me faire un avis sur la question… qu’on en veuille ou pas, ça me semble logique. Mais qu’on n’en sache rien et que ça nous tombe sur le coin de la gueule, je ne l’avais pas vu venir. Enfin bon, c’est toujours chouette ces petits coups en vache que nous font la vie ! »

C’est ironique ? Sans doute un peu.

« Mais oui, forcément, entre pénis, c’est moins facile pour que ça vous tombe sur le coin du nez, je te l’accorde ! »

A moins d’un accrochage avec un vagin en cours de route quoi. Mais à priori, ça n’arrive pas à tous les coins de couloir. Enfin, normalement. Sinon c’est très étrange. Et glauque. Ou sujet à remise en questions.

« Ta famille est ok avec ça ? »

La crise qu’aurait fait sa mère si elle avait annoncé ne pas souhaiter d’enfants… là, pour le coup, elle allait être servie !

« Le pire étant l’éducation accessoirement je pense. Mais je ne vais pas me projeter jusque là ! »

Il fronça les sourcils quelques instants, se demandant pourquoi elle parlait d’éducation, alors que lui était arrivé au sexe du bébé… Non, ce n’était pas lié, mais c’était probablement plus sur la question de la projection. Oui, ça devait être ça, il ne pouvait pas en être réellement autrement ! Il hésita quelques instants à répondre, par ce que parler éducation de bébé on ne pouvait pas dire qu’il s’y connaissait réellement, alors, est-ce qu’il n’allait pas être mis en erreur d’une manière ou d’une autre ?

« effectivement, tu as encore pas mal de temps de toute manière, au début ce n’est pas comme s’il pouvait être obéissant, enfin je crois, j’en sais trop rien. Demande à des gens qui sont parents peut-être ? ou alors, peut-être achète des bouquins si tu te poses des questions… mais j’suis pas certain que l’on peut réellement se fier à ça, tous les enfants sont censés être différents. Des méthodes pour certains ne marcheront pas forcément pour les autres !»

Il n’avait pas envie de donner des leçons ou quoi, surtout que sur le sujet il n’y connaissait pas grand-chose, il donnait juste son point de vue. Notamment sur le squattage vu qu’avec le bébé ça serait forcément quelque chose de plus compliqué, surtout par la nouvelle petite présence bruyante qu’il y aurait.

« Eh ben raison de plus pour rester chez eux et leur filer ! »

Il la regarda un peu perplexe. Elle avait l’air de plaisanter, mais il n’était pas certain d’avoir le même sens d’humour qu’elle sur ce point-là, alors la pauvre, cela était tombé à plat… Pire – mais chut-, il en était presque choqué. Juste presque. Il préféra donc ne rien répondre sur le sujet, histoire de ne pas faire trop mauvais genre.

« Dans Londres, pour rester quand même proche de ma famille. Et de celle du père. »
« D’accord, bon courage ! Mais je suis certaine que tu trouveras quelque chose rapidement !»

Bon peut-être pas, il lui semblait que les employeurs ne kiffaient prendre des femmes enceintes, alors bon ! Mais il ne voulait pas être trop négatif non plus ! D’ailleurs, il lui proposa de voir avec sa mère, si elle voulait un endroit où s’installer quelques temps. Certes, cela serait difficile pour lui, mais tant pis.

« C’est vraiment gentil merci mais j’ai déjà quelques pieds à terre. Ça devrait se faire. Si vraiment ça ne se passe pas comme je l’espère, je penserais à toi. »
« Ca marche !»
« Je veux réussir ça par moi-même en fait. C’est une situation provisoire, je réussirais à me forger une situation pour pouvoir nous loger et commencer une vie que je n’aurais pas… usurpé. D’une certaine manière. »
« Bien sûr … mais des fois malgré la bonne volonté, ce n’est pas toujours quelque chose de simple, il suffit de regarder les courbes de chomage, etc...» Tim, on avait dit être positif ! Enfin, ce que je veux dire c’est que des fois, tout ne se passe pas comme on veut et qu’il ne faut quand même pas douter de soi

Oui, c’était un peu ironique que lui, qui doutait souvent de lui, dise quelque chose dans ce goût là ! Il avait bientôt enchainé sur sa sexualité.

« Ah ! Oui en effet, pour la grossesse imprévue c’est plus compliqué c’est sûr. »
«Ouais.»

Bah oui, Timmy, c’est sûr qu’en répondant que des mots d’une syllabe tu vas faire vivre cette conversation !

« En même temps…. Non c’est con. J’allais dire que tu es encore jeune, mais il s’avère que moi aussi donc c’est intégralement débile et rabaissant comme réflexion. Et puis ça te regarde, c’est vrai que c’est des sensations qui peuvent naître rapidement je suppose […]Je t’avoue que j’y avais jamais pensé avant. Ça ne m’avait même pas traversé l’esprit. J’avais l’impression que la question se poserait dans tellement longtemps que j’avais le temps de me faire un avis sur la question… qu’on en veuille ou pas, ça me semble logique. Mais qu’on n’en sache rien et que ça nous tombe sur le coin de la gueule, je ne l’avais pas vu venir. Enfin bon, c’est toujours chouette ces petits coups en vache que nous font la vie ! Mais oui, forcément, entre pénis, c’est moins facile pour que ça vous tombe sur le coin du nez, je te l’accorde ! »
« Je ne trouve pas ça rabaissant et humiliant, mais c’est vrai que certains jeunes se débrouillent mieux que des trentenaires, donc ce n’est pas franchement une vérité. Probablement que cela dépend plus du vécu, de l’envie d’avoir l’enfant blablabla. Et puis c’est vrai que de nos jours, il existe quand même des moyens qui permettent de ne pas garder un enfant non désiré, cela doit aussi aider.»

Si, promis dans sa tête cela répondait tout à fait à ce qu’elle venait de dire ! Mais pour l’instant dans sa tête il ne risquait pas d’être père, alors il n’avait pas envie d’imaginer comment est-ce qu’il réagirait si c’était le cas.

« Ta famille est ok avec ça ? »
«Ma mère s’en fiche un peu, du moment que je sois heureux je crois, même si ça lui ferait d’être grand-mère dans l’avenir… Et du côté de mon père et mes sœurs, je ne sais pas trop, on ne peut pas dire que l’on parle trop de ça, et puis, pour le pour peu que je les vois … je ne crois pas que ça les intéresse réellement, et franchement ça m’arrange.»

Il ne le cachait pas, mais il n’était pas du genre non plus à le crier –ou le montrer- sur tous les toits. Si on lui posait la question et qu’il avait envie de répondre, il le faisait sans réelle gêne… mais sinon ce n’était pas le genre de détails que l’on pouvait deviner sur lui.

« Après, on verra dans l’avenir, si ça se trouve me voyant réellement avec un mec, ça ne le fera pas du tout pour ma mère –pour le reste de ma famille-… mais je pense que ça devrait le faire. Il faut bien que j’ai un peu de chance sur certains côtés.»

Enfin chance le mot était mal choisi, mais oui, d’une certaine manière il avait de la chance de ne pas être actuellement à la rue à cause de son orientation sexuelle.

« Pourquoi, tu trouves ça gênant, toi ?»

« effectivement, tu as encore pas mal de temps de toute manière, au début ce n’est pas comme s’il pouvait être obéissant, enfin je crois, j’en sais trop rien. Demande à des gens qui sont parents peut-être ? ou alors, peut-être achète des bouquins si tu te poses des questions… mais j’suis pas certain que l’on peut réellement se fier à ça, tous les enfants sont censés être différents. Des méthodes pour certains ne marcheront pas forcément pour les autres !»

Elle n’avait fait qu’une boutade sur la question, comment cela avait pu dériver en cours de rhétorique sur l’éducation des enfants ?

« Oui, nan… je verrais. »

Sincèrement, elle n’avait pas envie de se lancer là-dedans. C’était anxiogène au possible et elle avait encore tout le temps d’y songer. Ça n’était peut-être pas la chose à faire mais pour l’instant, il lui fallait se focaliser sur les démarches administratives, tous les petits détails à penser dans la société d’aujourd’hui avant de mettre au monde un enfant. Clairement, elle aurait tout le temps ensuite de s’inquiéter d’être une mauvaise mère ou non, de faire des erreurs, de tâtonner. Comme tous les parents du monde. Sincèrement, elle ne se posait pas de questions aussi larges. On a trop tendance à mettre la pression sur les jeunes parents, et notamment les mamans – quoi que les doubles papas prennent sérieusement cher aussi – Sovahnn avait l’avantage de ne pas avoir vécu tout ça. Elle n’avait pas trente ans, ne s’était jamais penchée sur la question et personne autour d’elle ne lui en avait parlé. Alors elle était zen. Laissez-là être zen nom de dieu. Elle faisait clairement avec les moyens du bord en se démenant pour trouver tout ce dont cet enfant pouvait avoir besoin. Lui annoncer que ça ne serait jamais assez n’était clairement pas une bonne idée. Donc oui, pour l’instant, elle squattait. Elle cherchait du travail et trouverait, c’était certain avec un tel acharnement. Elle vivait contre la montre, comme toujours. Et comme toujours, elle gagnerait.

« D’accord, bon courage ! Mais je suis certaine que tu trouveras quelque chose rapidement !»
« C’est certain ! J’ai pas le choix de toute façon ! »

Elle verrait aujourd’hui au repas combien ses parents avaient pu mettre de côté. Mais qui mettrait de côté pour l’éducation d’une enfant dans le coma sérieusement ? Bref, elle doutait sincèrement d’être assise sur un pécule miraculeux. Alors elle trouverait. Ça n’était pas négociable. Ok, grandir en Australie, ça n’était pas un mauvais début pour un petit loulou, mais elle se devait de lui offrir un début de stabilité par elle-même. C’était son rôle de  future maman. De mère. Car à y réfléchir, en pensant ainsi, elle prouvait qu’elle en était déjà une.

Comme quoi, la pression, elle se la mettait déjà toute seule.

« Bien sûr … mais des fois malgré la bonne volonté, ce n’est pas toujours quelque chose de simple, il suffit de regarder les courbes de chomage, etc... Enfin, ce que je veux dire c’est que des fois, tout ne se passe pas comme on veut et qu’il ne faut quand même pas douter de soi

Plan, dans les dents.
ON A DIT POSITIF, MERDE !

« Ecoute, je suis quelqu’un qui est tombé dans le coma. On a dit à mes parents que jamais je ne me réveillerais, que j’étais fichue. Je le sais, je les entendais. Et je suis là. Pire : je suis une sorcière enceinte qui a su fuir une zone de guerre pour protéger son enfant. Et on n’a cessé de me répéter que je ne pouvais pas me protéger moi-même. Pourtant je vais bien. La courbe du chômage : je l’emmerde. S’il y a bien quelqu’un à  pouvoir faire l’impossible, c’est moi. Donc ils m’engageront, de gré ou de force. »

Tu la sens la niaque ou il en faut plus ? La jeune femme bouffait la vie avant qu’elle ne la bouffe, c’était le cas depuis son réveil et son mode de fonctionnement pour réussir à gérer ce qui lui était arrivé. En effet, c’était mal parti, elle le savait parfaitement. Et non, elle ne risquait pas de se décourager ou de perdre confiance car elle les harcèlerait jusqu’à trouver quelque chose. Ok, elle n’était pas qualifiée. Mais elle était pugnace, souriante, sociale. Bref, faite pour les métiers en contact avec un public. Ça tombe bien, c’est ceux qui ne demandent que peu de qualification. Et une ville comme Londres en regorgeait. Donc elle trouverait. Il n’y avait pas moyen que ça se passe autrement. Ça n’était pas de la naïveté de sa part, Sovahnn savait les difficultés qui pouvaient se présenter dans ce genre de recherches, ou du moins elle s’en doutait. Mais elle avait trop la rage au ventre pour laisser ce genre de doutes s’insinuer en elle. Il lui fallait un taf, elle l’aurait. Pas d’autre issue possible.

Ils avaient donc changé de sujet.

« Je ne trouve pas ça rabaissant et humiliant, mais c’est vrai  que certains jeunes se débrouillent mieux que des trentenaires, donc ce n’est pas franchement une vérité. Probablement que cela dépend plus du vécu, de l’envie d’avoir l’enfant blablabla. Et puis c’est vrai que de nos jours, il existe quand même  des moyens qui permettent de ne pas garder un enfant non désiré, cela doit aussi aider.»

Elle avait la sérieuse impression qu’il venait de faire une sacrée digression sans trop savoir comment réagir à ça. Oui, ok, certains jeunes se débrouillent mieux. Sans doute. D’autres moins bien. Et oui, il y a des moyens de contraception ou d’interruption de grossesse. Et ? Il y avait un sens caché à ça ? Un sous texte ? Ou juste des réflexions en l’air ? Elle lui parlait d’envie de parentalité et il parlait de... de quoi d’ailleurs ? D’éducation. D’arrêt de grossesse. Il y avait un lien bien sûr, mais il lui semblait qu’il était parti loin là. Alors elle n’avait simplement pas rebondi.

« Ta famille est ok avec ça ? »
«Ma mère s’en fiche un peu, du moment que je sois heureux je crois, même si ça lui ferait d’être grand-mère dans l’avenir… Et du côté de mon père et mes sœurs, je ne sais pas trop, on ne peut pas dire que l’on parle trop de ça, et puis, pour le pour peu que je les vois …  je ne crois pas que ça les intéresse réellement, et franchement ça m’arrange.»

Là encore, la jeune femme se taisait, le laissant continuer, sentant qu’il n’avait pas encore tout à fait terminé d’exprimer ses pensées.

« Après, on verra dans l’avenir, si ça se trouve me voyant réellement avec un mec, ça ne le fera pas du tout pour ma mère –pour le reste de ma famille-… mais je pense que ça devrait le faire. Il faut bien que j’ai un peu de chance sur certains côtés.»

Là aussi, ça dérivait sur une autre question, celle de l’homosexualité.

« Pourquoi, tu trouves ça gênant, toi ?»
« Quoi dont ? L’homosexualité ou le fait de ne pas vouloir d’enfant ? »

Car à la base, elle parlait du second point, mais il était clairement parti seul sur le premier. Cela dit, ça semblait logique. Ce premier point devait bien plus être à son esprit que le second.

« Ni l’un ni l’autre. J’ai des amis gay ! »

Oui, alors cette réflexion était encore une boutade, mais il ne comprenait pas toujours son humour alors ça ne risquait pas de faire mouche. Oui, elle se moquait intégralement du fait que beaucoup de racistes se justifiaient en disant « oui mais j’ai un ami noir/arabe/asiatique/blanc/vert à pois violets (selon la situation) ! ». Cela vaut pour toute trace de discrimination.

« Je déconne. » Précisons-le. « Nan, j’y vois pas de soucis, d’un cas comme dans l’autre. Ma sexualité n’est pas encore clairement définie dans mon esprit tu sais. J’en sais rien, je me laisse vivre sans trop de prises de têtes. Donc clairement pas de soucis avec ça. C’est top que ça ne pose pas problème chez toi, certains sont toujours un peu… abrupts et tranchés – voire tranchants – sur la question. Pour dire ça de manière polie. »

Et une roche polie est l’inverse d’une roche aux bords tranchants +out+.

« Donc c’est cool. » Merci Sovahnn de cette conclusion. « Je pensais plus à l’envie d’enfant ou non. Qui est je pense indépendante de la sexualité. Enfin tu vois ma mère est vraiment très famille. Donc lui dire que je ne souhaite pas d’enfants… ça serait la fin du monde pour elle. Bon, là pour le coup elle est servie. Mais je me dis que c’est sans doute la même ailleurs. C’est pas toujours simple à comprendre pour beaucoup de monde qu’on puisse ne pas en vouloir puisque ça semble dans la suite logique des choses. Mais non en soi, les goûts, les envies, les ressentis, les décisions, c’est propre à chacun et l’avis des autres n’a rien à y faire. »

Il fallait dire qu’elle avait eu des influences clairement libérées sur ces questions-là depuis son réveil. Elle n’était pas sûre d’avoir évolué de la même façon s’il n’y avait pas eu l’accident.

« Oui, nan… je verrais. »

Oopsie. Est-ce qu'encore une fois il avait été gonflant sans même sans rendre compte ? Probablement que oui. Mais de toute manière c'était un peu trop tard pour revenir en arrière, vu qu'elle semblait à présent beaucoup moins enthousiaste, il n'avait pas envie de la forcer à parler de ça, ou qu'elle écoute encore ses paroles débiles. Il se contenta donc de se racler la gorge tout en se passant une main dans les cheveux avec un pauvre petit sourire. Bravo Turner, tu as encore une fois à peu près tout faux ! Chacun sa manière d'agir, ou de réagir, lui était peut-être trop prévoyant sur beaucoup trop de choses, par peur, par anxiété. Et comme on le voyait bien là, parler n'était pas son fort, il tournait toujours trop à des sujets trop « sérieux » dans la plupart de ses questionnements. Bordel, qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Pourquoi est-ce qu'il ne pouvait juste pas agir comme quelqu'un d'un peu plus … disons, normal ? Surtout qu'au final cela ne le regardait pas et ce genre de sujet ne le regarderait probablement jamais. Néanmoins, une fois que le sujet du boulot avait été abordé, dans un premier temps, il avait essayé de se contenir aux … disons aux encouragements à être positif

« C’est certain ! J’ai pas le choix de toute façon ! »
 « C'est vrai.»

Jusque-là,  tout se passait à peu près bien... alors pourquoi est-ce qu'il avait fallu qu'il devienne de nouveau juste trop rationnel et pompeux – et donc négatif- ? Bien sûr ce n'était pas méchant, il ne voulait juste pas qu'elle croit qu'elle était juste mauvaise, alors que c'était juste le « monde » qui n'était pas forcément dans la meilleure passe au monde.

[color=tomato« Ecoute, je suis quelqu’un qui est tombé dans le coma. On a dit à mes parents que jamais je ne me réveillerais, que j’étais fichue. Je le sais, je les entendais. Et je suis là. Pire : je suis une sorcière enceinte qui a su fuir une zone de guerre pour protéger son enfant. Et on n’a cessé de me répéter que je ne pouvais pas me protéger moi-même. Pourtant je vais bien. La courbe du chômage : je l’emmerde. S’il y a bien quelqu’un à  pouvoir faire l’impossible, c’est moi. Donc ils m’engageront, de gré ou de force. »[/color]

Il ne pouvait pas lui dire que tout le monde avait sa « chance »... par ce que ce n'était pas de la chance à ce niveau-là et elle risquait de mal le prendre, mais elle avait un karma qui visiblement était quand même plutôt bon sur certaines parties. Alors qu'est-ce qu'il pouvait dire ou faire, il se contenta simplement d'hausser les épaules.

 « J'espère pour toi que tu as raison ! Et que je suis juste trop pessimiste et terre à terre.» finit-il par dire,

Néanmoins, enceinte comme elle l'était, cela freinerait pas mal de patrons -au moins dans le monde Moldus-, beaucoup ne voudraient pas avoir à payer certaines de ces congés, par ailleurs ; d'autres ne voudraient pas qu'elle fasse quelque chose de trop physique où l'on doit trop bouger... mais si elle visait bien, dans le bon domaine, elle avait peut-être ses chances. Il l'espérait sincèrement pour elle en tout cas !
Ils avaient fini par changer assez rapidement de sujet, reprenant plus sur lui, ne pouvant s'empêchait de laisser son esprit un peu divaguer.

« Quoi dont ? L’homosexualité ou le fait de ne pas vouloir d’enfant ? »
 « Les deux.»
« Ni l’un ni l’autre. J’ai des amis gay ! »

Il haussa un sourcil un peu perplexe à cette réflexion ne sachant pas franchement comment la prendre. C'était facile de dire j'ai des amis de telle «couleur/orientation sexuelle/relation », mais quelle était la vérité la dessous ? Pour elle, on ne pouvait pas dire qu'il avait réellement de doute, il savait qu'elle était ouverte d'esprit, mais c'était juste cette réflexion qui le laissait un peu perplexe : en même temps, si c'était vrai, c'était difficile de l'exprimer autrement.

« Je déconne. Nan, j’y vois pas de soucis, d’un cas comme dans l’autre. Ma sexualité n’est pas encore clairement définie dans mon esprit tu sais. J’en sais rien, je me laisse vivre sans trop de prises de têtes. Donc clairement pas de soucis avec ça. C’est top que ça ne pose pas problème chez toi, certains sont toujours un peu… abrupts et tranchés – voire tranchants – sur la question. Pour dire ça de manière polie. »

Heureusement qu'il vivait avec sa mère pour ça, par ce qu'il n'était pas certain de la réelle réaction de son père et de ses sœurs s'il avait dû vivre avec eux, enfin avec son père avec la visite fréquente de ses sœurs. Il n'était pas certain de ce qu'ils savaient exactement ou pas, de la façon dont ils réagissaient, ce qu'ils pensaient (en penseraient réellement?) Là, il ne se voyaient pas ou peu, et à chaque fois ça ne finissait pas assez bien et trop rapidement pour que ce genre de sujet soit abordé, mais il préférait s'en tenir à sa version, à se dire que ça n'irait pas plus mal, qu'ils étaient probablement assez ouverts sur le sujets, tous.

« Donc c’est cool. Je pensais plus à l’envie d’enfant ou non. Qui est je pense indépendante de la sexualité. Enfin tu vois ma mère est vraiment très famille. Donc lui dire que je ne souhaite pas d’enfants… ça serait la fin du monde pour elle. Bon, là pour le coup elle est servie. Mais je me dis que c’est sans doute la même ailleurs. C’est pas toujours simple à comprendre pour beaucoup de monde qu’on puisse ne pas en vouloir puisque ça semble dans la suite logique des choses. Mais non en soi, les goûts, les envies, les ressentis, les décisions, c’est propre à chacun et l’avis des autres n’a rien à y faire. »
 « Ah, j'avais plus pris l'autre. Non, je ne crois pas que ça la gêne. Surtout vu l'époque actuelle, cela fait poser trop de questions de toute façon : par ce que si jamais je mets enceinte une fille, quelle sera la nature du bébé ? Magique ou pas ? En sachant qu'elle sera probablement Moldue, tu vois ? Et puis avec un mec... c'est, ouais c'est possible par certains moyens. Mais, si j'en avais envie, est-ce que les autres enfants ne seraient pas cruels avec le mien pour ce que je suis ? Bien sûr, il vaut mieux un enfant heureux dans une famille, même si elle est homoparentale qu'un gosse dans un foyer ou avec des parents frappés.... mais il y a encore beaucoup d'intolérance.»

Et oui, il avait encore beaucoup trop recommencé, mais c'était plus fort que lui. Il prenait une question basique, disait son avis tout en se servant sans trop réellement se rendre compte de faits de société pour finir de se forger l'avis et compagnie. Probablement qu'il aurait dû dire qu'il s'en fichait des autres, sorciers ou moldus, mais c'était beaucoup trop compliqué dans sa tête. Il était probablement beaucoup trop fragile, sensible pour l'instant pour avoir assez de recul.

 « De toute manière pour l'instant je n'en veux pas et c'est ma vie, ma mère, même si elle peut me conseiller ne m'en voudra probablement pas et me soutiendra dans mes choix. »

Ou alors, peut-être qu'elle ferait semblant pour ne pas lui faire de la peine. Il sembla réfléchir avant de lui demander.

 «Tu penses que je devrais lui poser la question pour en être certain ? »

Par ce que c'est probablement la personne qu'il aimait le plus, à qui il se fiait le plus, et il ne voulait pas lui faire de la peine. Il avait trop besoin d'elle, d'eux. Et puis, elle, au final n'avait plus que lui. Il regarda quelques instants Sovhann tout en continuant de marcher, il pris son téléphone et écrivit rapidement un texto à sa mère pour quand même les informer de leur possible arrivée. Qu'elle ne s'inquiète pas au bruit ou quelque chose comme ça.

« J'espère pour toi que tu as raison ! Et que je suis juste trop pessimiste et terre à terre.»
« Tandis qu’au contraire, je m’envole dans les étoiles. »

Il lui fallait avoir cette vision. D’ailleurs, si elle se donnait autant et avec tellement de convictions, ça n’était pas pour rien. Sovahnn savait parfaitement que ce qu’elle cherchait à faire ne risquait pas d’être simple. Loin de là. C’était bien pour ça qu’elle était partie du principe qu’elle n’allait pas avouer sa grossesse d’entrée de jeu. Quémander ne servait pas souvent à grand-chose alors elle ne partirait pas sur cette voie. D’autant qu’on lui répondrait qu’elle n’avait qu’à être responsable et assumer à présent. Ce qui n’était pas le but de l’entreprise. Ce qui l’était en revanche… eh bien c’était d’assumer justement. Alors oui, ça avait intérêt à bien se passer parce qu’elle n’avait pas d’autre choix. Il ne s’agissait pas que d’elle à présent. Alors elle devait se démener plus encore. Et puis, il était hors de question de vivre sur l’argent donné par ses trois généreux donateurs. Déjà parce que sincèrement, ça craignait et qu’’ensuite, elle n’avait pas envie d‘être une demoiselle en détresse qui avait besoin d’aide. Alors elle réussirait, c’est tout.

« J’ai conscience que c’est mal barré Tim. Je ne me fais pas d’illusions. J’essaye juste de garder un bon cap. Une bonne mentalité. Si je me fais bouffée par l’anxiété, je vais faire comme beaucoup et rester figée sur place. Et c’est pas trop dans mon style. »

Elle préférait clairement courir dans tous les sens et bouffer tout ce qui pourrait l’être. Alors ça serait avec cette énergie qu’elle continuerait. En fait, c’était simple. Si elle développait le négatif, elle finirait par entrer dans un cercle de passivité qui ne lui ressemblait pas. Sovahnn avait besoin d’agir, besoin de s’exprimer et d’exister. Par conséquence, en effet, elle pouvait devenir réellement chiante quand elle voulait quelque chose. Quelqu’un, quelque part, finirait bien par craquer et l’engager. Elle n’accepterait pas la défaite. C’était aussi sa façon de reprendre le contrôle.

Finalement, le sujet avait dérivé vers la façon dont la famille de Tim pouvait réagir.

« Ah, j'avais plus pris l'autre. Non, je ne crois pas que ça la gêne. Surtout vu l'époque actuelle, cela fait poser trop de questions de toute façon : par ce que si jamais je mets enceinte une fille, quelle sera la nature du bébé ? Magique ou pas ? En sachant qu'elle sera probablement Moldue, tu vois ? Et puis avec un mec... c'est, ouais c'est possible par certains moyens. Mais, si j'en avais envie, est-ce que les autres enfants ne seraient pas cruels avec le mien pour ce que je suis ? Bien sûr, il vaut mieux un enfant heureux dans une famille, même si elle est homoparentale qu'un gosse dans un foyer ou avec des parents frappés.... mais il y a encore beaucoup d'intolérance.»

Il avait raison, c’était un fait. D’autant qu’il avait toujours vécu au centre de cette intolérance, alors forcément, cela devait l’impacter bien particulièrement. L’homosexualité faisant échos à d’autres rejets qu’il avait bien pu subir. Est-ce qu’elle était bien placée pour lui dire de s’en foutre et d’avancer ? Non, sûrement pas. Est-ce qu’elle s’inquiétait pour son propre enfant ? Oui, clairement. Bien sûr, sa propre famille allait être bien particulière et il risquait d’en souffrir. Que pouvait-elle y faire sincèrement ? Mis à part briser les doigts de chaque saloperie qui oserait le montrer du doigt ? Ou lui apprendre à ne pas subir la vie comme Tim semblait le faire ? Est-ce qu’elle s’était elle-même jamais posé la question ? De toutes ces moqueries qu’elle avait subi à Poudlard, de tous ces moments où on l’avait fait chier parce qu’elle n’était pas capable de se servir de sa magie – big up au frère d’Emily – de tous ces moments où elle avait été traitée de pute pour sa petite révolution sexuelle ? Non. Ou très peu. Qu’est-ce qui les différenciait à ce point ?

« De toute manière pour l'instant je n'en veux pas et c'est ma vie, ma mère, même si elle peut me conseiller ne m'en voudra probablement pas et me soutiendra dans mes choix. »
« Elle semble tellement bienveillante, ta maman, à côté du reste de ta famille… »

Sovahnn s’empêchait de la poser, cette question qui fâche.

«Tu penses que je devrais lui poser la question pour en être certain ? »
« Peut-être. A vrai dire, ça ne la concerne pas. Mais elle peut mal le vivre à terme. J’en sais rien. Après c’est sans doute pas vraiment le moment. Tu verras ça plus tard. A vrai dire… tu es sûr que tu n’en veux pas… plus que tu as peur d’en avoir à cause des autres ? »

Tout semblait tourner autour de ça chez lui : les autres. Sovahnn qui, depuis son réveil, s’était éperdument foutu de ce qu’on pouvait bien penser d’elle avait bien du mal à comprendre ce focus.

« Côté papa, ils te font chier là-dessus aussi ? »

Sans vraiment s’en apercevoir, ils étaient arrivés dans cette maison qui respirait bon son enfance. Sovahnn allait devoir se motiver à affronter les siens, elle le savait. A vrai dire, plus le temps passait, plus elle commençait surtout à être en retard, n’arrangeant clairement pas son cas. Comme quoi, ça n’était pas vrai, elle ne se fichait pas de ce que les autres pouvaient penser. Dès qu’il s’agissait de sa famille proche, il lui semblait un peu redevenir l’enfant qu’elle avait pu être. Celle qui ne s’en foutait pas. Celle qui n’avait pas encore vécu tout le reste qui l’avait fait prendre du recul.

« Tu as le temps de toute façon. C’est juste important d’être clair avec toi-même. Mais t’as quoi ? Dix-huit ans. Je projette clairement mes questionnements alors que tu n’as pas à les avoir, désolée. C’est que ça m’est tombé dessus tellement soudainement que parfois tu sais… j’ai un peu l’impression d‘avoir quinze ans un instant puis quarante puis huit. Ça me perd un peu et je me sens légèrement usurpatrice dans mon… rôle d’adulte. Ce qui ne risque pas de s’améliorer d’ici quelques minutes quand je sonnerai à côté pour m’y faire engueuler comme si j’avais douze ans quoi. »

Parce qu’après tout… avec cinq ans de moins dans son évolution, n’était-ce pas un peu le cas ? Parfois elle ne savait plus.

« Tandis qu’au contraire, je m’envole dans les étoiles. »

C'était, effectivement, deux façons de faire totalement différentes ! Est-ce qu'il y en avait une autre mieux que l'autre, il n'aurait su le dire, mais au moins chacun avait fait sa « technique par rapport à son caractère ». Lui ne se sentait plus le courage de trop espérer, histoire de ne plus être déçu.  Il préférait donc être pessimiste dès le départ,  faire en fonction de faits et compagnie que le reste. Comme ça, il pourrait être heureux s'il y avait une « bonne surprise ». C'était probablement une manière assez conne de réagir, mais cela lui allait néanmoins totalement. Alors c'était le principal.

« J’ai conscience que c’est mal barré Tim. Je ne me fais pas d’illusions. J’essaye juste de garder un bon cap. Une bonne mentalité. Si je me fais bouffée par l’anxiété, je vais faire comme beaucoup et rester figée sur place. Et c’est pas trop dans mon style. »
 « Si tu le dis, c'est que c'est le mieux pour toi » .

Lui, ça lui donnait souvent l'impression de beaucoup brasser de vent pour pas grand chose d'être trop optimiste et d'aller dans tous les sens mais chacun était différent. Et puis, il ne restait pas non plus figé sur place, il avait quand même – avec grand mal- réussi à réeintégrer une faculté et à sa faire quelques amis. C'était loin d'être simple tous les jours, entre les diverses angoisses qui le submergeaient plus tout le reste, mais au moins,  il avançait un peu. De toute manière, un tel « traumatisme » après Poudlard n'allait pas se résorber comme ça en claquant des doigts, en tout cas pas chez lui. Et puis, il y avait les Inqui', même s'il se demandait souvent si c'était bien de faire partie de ce groupe, s'ils voulaient finalement la même chose. Bethany l'avait un peu rassuré, mais est-ce qu'il pouvait lui faire confiance. Est-ce qu'ils n'allaient pas enlever des gens ? Les torturer pour ce qu'ils étaient ? Lui, voulait juste que la magie disparaisse, sans que trop de mal soit fait. Avec la tehcnologie, la connaissance Moldue, il y avait bien quelque chose à faire pour mette tout le monde sur un point d'égalité. Mais surtout, il ne fallait pas que des choses similaires à Poudlard se reproduisent, et maintenant que les Supérieurs prenaient un peu (beaucoup?) de puissance, qui sait ce qui allait arriver aux Moldus, et aux gens comme lui, aux né-moldus...
Le sujet avait néanmoins dérivé sur Tim et sa famille : il essaya de lui expliquer sa façon de voir les choses par rapport à sa mère, avec le fait qu'il ne voulait pas d'enfants. Là encore, en dehors de ses propres sentiment, il avait un raisonnement plus … disons terre à terre, logique. Il y avait trop de questions, trop de difficulté, de risques.

« Elle semble tellement bienveillante, ta maman, à côté du reste de ta famille… »
 « Elle l'est, c'est probablement aussi pour ça que ça n'allait pas avec mon père, qu'ils ne sont pas restés longtemps ensemble, surtout lorsqu'elle n'a plus trop voulu entendre parler de la magie et vivre plus en moldue qu'en autre chose.» Il haussa les épaules.  « C'est peut-être aussi ça que mes sœurs ont du mal à digérer que ma mère ait « gaché » le couple de leurs parents, pour au final pas grand chose. Mais ça n'a pas réellement d'importance, je m'entends très bien avec ma mère, c'est le plus important, tant pis pour les autres.»

Enfin non, pas tant pis, mais il ne savait pas vraiment comment formuler le reste. Néanmoins, est-ce que sa mère pourrait en souffrir, est-ce qu'il fallait lui poser la question ? Il ne voulait pas la blesser ou lui faire du mal par un quelconque choix.

« Peut-être. A vrai dire, ça ne la concerne pas. Mais elle peut mal le vivre à terme. J’en sais rien. Après c’est sans doute pas vraiment le moment. Tu verras ça plus tard. A vrai dire… tu es sûr que tu n’en veux pas… plus que tu as peur d’en avoir à cause des autres ? »

Bonne question, est-ce qu'il en était certain de ce choix, ou est-ce qu'il s'était fait juste une raison, une barrière, pour ne pas que son probable enfant ne souffre d'une quelconque façon, surtout s'il était rejeté par la mère ? Il n'en savait peut-être rien. Mais il n'avait pas, selon lui, ses souvenirs de réels affection pour les enfants, ceci dit, il n'en connaissait pas beaucoup plus non plus. Il hésita quelques instants avant de continuer

 « Je croix que de toute façon je n'en veux pas. Je veux dire, c'est pas un truc qui me ferait plaisir ou sauter de joie de garder un enfant ou un bébé, au contraire, je crois que je m'en tirerai super mal . Alors bon.»
« Côté papa, ils te font chier là-dessus aussi ? »
 « Ils ne s'intéressent pas à moi ; Sovahnn, mais je crois qu'ils seront plutôt satisfait. Ca fera une tâche en moins dans la famille.»

Ils étaient finalement arrivés chez sa mère, il allait ouvrir la porte, lorsque Sovahnn rouvrit la bouche

« Tu as le temps de toute façon. C’est juste important d’être clair avec toi-même. Mais t’as quoi ? Dix-huit ans. Je projette clairement mes questionnements alors que tu n’as pas à les avoir, désolée. C’est que ça m’est tombé dessus tellement soudainement que parfois tu sais… j’ai un peu l’impression d‘avoir quinze ans un instant puis quarante puis huit. Ça me perd un peu et je me sens légèrement usurpatrice dans mon… rôle d’adulte. Ce qui ne risque pas de s’améliorer d’ici quelques minutes quand je sonnerai à côté pour m’y faire engueuler comme si j’avais douze ans quoi. »
 « Tu peux rester ici pour la nuit, si tu veux … même si ce n'est pas vraiment une solution, et je ne peux pas dire que je comprends réellement, ça serait faux. Par ce que … heu, je ne sais pas trop ce que ça fait d'être dans ton cas, tu vois. Je ne peux qu'essayer de comprendre, de voir ce que ça fait, enfin, je ne sais pas si je suis clair. »

Il n'y a de plus horrible, quand tu vis quelque chose d'horrible que d'une personne qui n'a pas idée de ce que tu vis réellement qui dit « oui, oui bien que je comprends et/mais » et qui sort à la suite que de grosses conneries, généralement pleine de préjugés, ou qui montrent qu'elle ne réfléchit pas. Il ne voulait pas être ce genre de type pour Sov'.

 « M'man, t'es là ?»

Il avait à peine fini de parler et de faire rentrer Sovahnn que sa mère fondit sur eux, elle lui prit doucement le visage.

 « Ca va bien Timmy ? T'es sûr ? »

Elle avait même posé le t'es sûr, avant même qu'il ait pu répondre, ou acquiescer, il se contenta donc d'opiner doucement de la tête, mais ses yeux et sa posture en général, même s'il était arrivé à se calmer en disant long sur son état d'esprit, elle n'était pas dupe, mais elle n'insista et le lâcha doucement.

 « Dis plutôt bonjour à Sovahnn. Tu te rappelle d'elle, n'est-ce pas ?» ajouta-t-il en se décalant un peu, bien heureux que du coup elle ne puisse pas lui faire un interrogatoire plus poussé, forcément, il aurait lieu après qu'elle soit partie, mais au moins, ça repoussait encore un peu.  « Tu veux boire ou manger quelque chose, je ne sais plus ce que tu m'as dit ….» demanda-t-il à leur présent invitée.

« Elle l'est, c'est probablement aussi pour ça que ça n'allait pas avec mon père, qu'ils ne sont pas restés longtemps ensemble, surtout lorsqu'elle n'a plus trop voulu entendre parler de la magie et vivre plus en moldue qu'en autre chose. C'est peut-être aussi ça que mes sœurs ont du mal à digérer que ma mère ait « gaché » le couple de leurs parents, pour au final pas grand chose. Mais ça n'a pas réellement d'importance, je m'entends très bien avec ma mère, c'est le plus important, tant pis pour les autres.»
« Sans doute oui. »

C’était en effet le plus important. Le mieux autant sans doute été que tout se passe bien également de l’autre côté de sa famille. Mais il fallait croire que c’était trop compliqué de bien s’entendre avec tout le monde. Ou du moins d’avoir une entente plus ou moins cordiale. La conversation avait duré un moment sur ces sujets familiaux et de parentalité. Il n’en voulait pas, n’aimait pas particulièrement ça. A vrai dire, Sovahnn n’avait jamais vraiment pensé sérieusement à ça jusque là. Ça lui était simplement tombé sur le coin de la gueule. Son premier réflexe avait clairement été de paniquer. D’espérer que tout ça ne soit qu’un mauvais rêve, voire même de le perdre sans n’avoir eu à prendre aucune décision. Bien sûr, elle l’avait envisagé, l’option avortement. Et puis, c’était la situation qui avait fini par s’imposer à elle : Maxence n’était pas capable d’effectuer un tel acte magique ou chirurgical sur elle. Il n’en avait ni les moyens ni les connaissances. Alors elle n’avait pas tout à fait le choix. Et à vrai dire, ne pas pouvoir prendre de décisions, ça lui allait très bien. C’était de la lâcheté, elle le savait tout à fait. Mais pour être honnête, elle préférait que ça se passe comme ça. Parce que dans le fond, elle savait parfaitement ce qu’elle voulait : qu’il ne soit pas là mais qu’elle n’ait pas à décider d’un avortement. Parce qu’elle n’y arriverait pas. Parce qu’elle ne saurait pas vivre avec ça. Elle, juste elle. Personne d’autre. C’était simplement son ressenti, même si elle ne le savait pas tout à fait sain. Pourtant, c’était bien autre chose qui s’était développé en elle au fur et à mesure du temps. Pas que ça serait arrivé avec quelqu’un d’autre. Mais elle savait avoir toujours eu ça en elle. Cette envie, ce besoin. Ça n’était simplement pas censé arriver tout de suite. Mais la vie en avait décidé autrement et, il fallait l’avouer, elle aussi.

« Tu peux rester ici pour la nuit, si tu veux … même si ce n'est pas vraiment une solution, et je ne peux pas dire que je comprends réellement, ça serait faux. Par ce que … heu, je ne sais pas trop ce que ça fait d'être dans ton cas, tu vois. Je ne peux qu'essayer de comprendre, de voir ce que ça fait, enfin, je ne sais pas si je suis clair. »
« C’est gentil. Si ça se passe mal je pourrais toujours venir ici me réfugier. Mais je suis attendue ailleurs d’ici quelques heures. Je crois que je me fais une autre famille en parallèle de la mienne en ce moment. Mais je retiens ta proposition merci ! »

Enzo l’avait invitée chez Ismaelle et la jeune femme se sentait étrangement plus heureuse d’y passer la suite des fêtes que d’être dans sa famille à elle. Cependant, elle n’oubliait pas l’effort que le jeune homme avait dû faire pour lui proposer son toit pour la nuit en sachant à quel point elle pouvait l’inquiéter. Elle en était touchée. Peut-être arrivait-elle à le faire transparaitre sur ses traits à l’instant, alors qu’ils arrivaient dans sa maison d’enfance.

Sovahnn était restée dans un coin, souriante en voyant cette femme qui n’avait pas tant changé s’inquiéter pour son fils à peine celui-ci était-il rentré. Il fallait dire qu’il était encore relativement tôt – bon, d’accord, c’était sans doute le point de vue d’une demoiselle sérieusement en retard pour son diner – et qu’il soit déjà là ne témoignant certainement pas d’une très bonne soirée. Et puis, elle devait savoir ce qui l’attendait. Après tout, elle connaissait sans doute mieux son père que Tim ne le pourrait jamais. Après tout, elle l’avait épousé et quitté.

Saluant à son tour la femme, Sovahnn avait échangé quelques paroles sur ‘le bon temps’ avant de se tourner vers Tim lorsqu’il lui proposa de nouveau le couvert.

« Tu veux boire ou manger quelque chose, je ne sais plus ce que tu m'as dit ….»
« Non, merci Tim, je ne reste que quelques minutes, je suis attendue… tu te rappelles : Noël, le diner en famille, tout ça. »

Le truc dont tu sors et qui ne s’est pas bien passé. Celui-là. Le machin qui dure des heures et se termine particulièrement tard puisqu’il faut attendre minuit pour ouvrir les cadeaux. Du moins chez elle. Mais il fallait croire que dans le milieu des sorciers, les choses ne devaient pas se passer de la même manière. Sans doute la journée importante serait-elle demain.
Pour elle, ce serait clairement le cas. Mais pour l’instant, la jeune femme se contentait de profiter un peu de la situation avant de prendre congé, s’arrêtant devant la porte de sa famille pour envoyer un message à Enzo et Zach.
Elle n’avait pas eu le temps de toquer que, déjà, sa mère ouvrait la porte, manifestement agacée de son retard mais prête à faire comme si ça n’était pas grave. Pour autant, elle n’avait pas pensé à lui demander comment ça allait ou pourquoi elle n’avait pas donné de nouvelles depuis un bon moment.

Elle n’avait pas non plus pensé à continuer de tenir son verre quand sa fille se défit de son manteau, découvrant son petit bidon de femme enceinte de quatre mois sous le regard médusé de la famille. Une grimace un peu gênée, un  peu amusée.

« Surprise ! »

Joyeux Noël.