Le calme après la tempête. Le silence dans la maison, deux endormis … Non, trois, je crois que Lune est roulée en boule sur ma couette finalement. Trois endormis alors, peut-être quatre si la cacahuète en fait autant, et deux éveillés. Wax et moi. Je m'éclate avec lui dans la cuisine, plus ou moins silencieusement, après l'avoir baladé un peu dans la pinède juste au dessus. A la fraiche. Je lui apprends des trucs, il maitrise le assis, le couché, pas bougé, à un super rappel, maintenant je tente les trucs un peu plus fun du style une roulade sur lui même. On est deux gamins, lui du haut de ses bientôt 7 mois, et moi du haut de mes bientôt 19 ans. Ça me paraît abstrait, presque surréaliste à vrai dire. Surtout, là tout de suite, ça n'a pas tellement d'importance.
#
La planche sous le bras, ma solitude et moi on a décidé de marcher un peu. Direction le spot le plus proche de la maison, plus ou moins vide à cette heure là. Je suis content de savoir Sova à la maison, ça se passe bien. Je crois qu'on est tous un peu en train d'atterrir, de retomber sur nos pattes, mais je reste néanmoins un peu sauvage. J'ai besoin de ces moments-là, rien qu'à moi. Pas de Joff, pas de Mia non plus, juste ma planche, l'océan et moi. Une petite heure à dompter les vagues, rides entrecoupés de gamelles, quelques figures quand les sessions le permettent, je fais le vide dans ma tête. Jusqu'à ce que je distingue une silhouette familière sur la plage. C'est pas inhabituel, ça me fait pour autant toujours plaisir. Une visite à l'improviste, même si ça doit durer cinq minutes, juste le temps de se dire bonjour ou bonne nuit. Je prends une dernière vague et regagne la plage tranquillement. Le temps de récupérer mes affaires sur le sable, c'est avec un grand sourire que je me dirige vers lui. Ce sourire, il disparaît assez vite pourtant. C'est écrit, là, sur son visage, partout autour de lui. La tension émane de son être tout entier et j'me dis que cette fois, ça ne va sans doute pas se passer comme j'ai pu l'imaginer. Surtout, je me demande ce qui nous est encore tombé sur le coin de la gueule. Maintenant que les filles ont été retrouvées, comprenez, faudrait pas qu'on s'emmerde. Et je suis là, plus qu'à quelques mètres, quand je comprends que toutes les émotions qu'il peut ressentir actuellement sont toutes dirigées dans ma direction. Contre moi. Je capte pas, cherche comme un con ce qui a pu se passer, ce que j'ai pu faire ...
« Tu comptais m’mettre au courant quand qu’un sale fils de chien t’as foutu un truc pas net dans ton verre l’autre soir ? »
… jusqu'à ce que ça me pète à la gueule. C'est comme se prendre un iceberg en pleine face, une avalanche glaciale sous laquelle tu devines un peu de lave en fusion. J'vais pas dire que j'avais oublié, mais clairement mon cerveau à fait du tri, s'est focalisé sur autre chose, sciemment ou pas. Parce que les sujets qui fâchent y en a déjà trop, parce que j'voulais juste un peu de répit. Parce que ça, j'étais juste pas prêt. Ni à l'affronter, ni à le partager. Malgré la promesse implicite qu'on s'est faite. C'est immédiat, je me ferme. Complètement. Le visage, le corps, le regard, calqué plus ou moins sur son attitude mais surtout alimentés parce que je ressens instantanément. Un peu de colère je crois, de me voir cloué au pilori comme ça, sans procès, d'avoir le sentiment d'être un gamin pris en faute. De me faire agresser de cette manière et qu'il me parle comme ça. Vexé ? Sans doute un peu, oui. J'dis pas que je ne suis pas en tort, que je n'ai pas merdé, surtout je ne prétends pas qu'il n'a pas de raison valable de prendre les choses comme il le fait. Je sais qu'il m'en veut, je le comprends, je comprends aussi qu'il est sans doute inquiet derrière tout ça et c'est justement en partie pour cette raison que je ne lui en ai pas parlé. Mais je comprends surtout qu'il est blessé. Que JE l'ai blessé. Et déçu. J'aime pas ça. Lui faire du mal me file la gerbe, mais au delà de ça les rouages de mon cerveau commencent à s'agiter, à faire des liens, des connexions. Et il n'aime pas tellement les conclusions qu'il tire de tout ça.
« J'en sais rien. »
Mon regard braqué dans le sien, je ne cherche pas à fuir la discussion. Pour autant, le ton n'est pas des plus avenant. Un peu froid, surtout très neutre. Je pose ma planche sur le sable et enfile mon sweat sans le fermer, encore trempé, sans jamais quitter son regard si ce n'est l'espace d'une seconde ou deux pour de la simple logistique.
« Mais peut-être que j'avais mes raisons de pas le faire. En tout cas pas tout de suite. »
Les mains dans les poches de mon hoodie je me retiens de mettre ma capuche sur ma tête. Je sais que ça va probablement pas lui plaire, et je ne cherche pas à l'incriminer de ne pas s'être posé la question ou lui balancer un revers de médaille, mais c'est plus fort que moi : Je réponds de la même façon avec laquelle il s'adresse à moi alors que je me retrouve replongé dans cette merde sans avoir rien demandé. Un truc qui me fait basculer en mode défensif. J'vois qu'une seule façon pour qu'il l'ait appris et elle ne me plait pas du tout. Je le sens, là, sous ma peau, dans mes veines, ça gronde, ça court et ça bat trop vite.
« Tu vas sûrement me dire que c'est pas le problème mais j'ai le droit de savoir comment tu l'as appris ? »
Mes poings sont serrés, là, à l'abri des regards dans leur écrin de tissus. Les traits de mon visage sont tendus je le sais, tous mes muscles et mes nerfs sont crispés et si les battements de son cœur raisonnent dans mes oreilles et ma propre cage thoracique comme un écho je me retiens difficilement de ne pas le passer au crible pour m'assurer qu'il n'a rien. J'aime pas ça. J'aime pas cette situation. Je la déteste.
Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 17 Juil 2019 - 18:25
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Sam 20 Juil 2019 - 21:16
« Gavyn. »
La réponse ne se fait pas attendre, même si je m'en doutais j'accuse quand même le coup. Mon cœur déraille, mélange ses battements, pulse le sang dans mes veines sous la force de plusieurs émotions. La colère, la rage même, mais aussi la peur. Celle qu'il se soit approché de lui, celle qu'il sache qui il est alors qu'il n'est pas censé être au courant. Pourquoi est-ce qu'il le serait ? Nos chemins se sont séparés il y a de ça plus deux ans. Depuis, silence radio, je l'ai laissé dans un coin de mon esprit comme tant d'autres choses. Mais lui ?
« Un type que j’connais pas, que j’ai jamais vu et qui viens m’balancer que mon mec a été drogué par un connard. »
Et il est là, le problème. Pas dans le fait qu'il m'ait balancé comme il dit mais bel et bien parce qu'il ne le connait pas. William n'a absolument aucune raison de connaître Gavyn, jusqu'à le croiser l'autre jour à Londres j'avais même totalement oublié son existence – la magie du cerveau, l'instinct de survie, ce qui efface de ton esprit les choses trop lourdes pour ton cœur sans quoi tu ne te relèves pas. L'inconscient, le mécanisme de défense. Je commence à en connaître un rayon, mais c'est pas tellement la question. Oui, j'ai été drogué par un connard et ça aurait pu très mal se terminer mais là tout de suite ça n'est pas ce qui occupe toute la place dans mes pensées et ressentis. Si je ne le quitte pas des yeux, mon esprit lui est déjà en train de naviguer ailleurs. Dans des contrées teintées d'obscure.
« Et non, c’pas le problème. Le problème c’est que visiblement, tu as jugé bon de pas m’tenir au courant d’un truc aussi grave parce que oui, c’est grave. »
Ses émotions viennent ricocher contre mon plexus, s'infiltrent dans mon thorax et mes veines, parce que non je n'y suis pas insensible. Loin de là. Le décevoir, lui faire peur, le mettre dans cet état ne me fait pas plaisir et si je me suis fermé instantanément, si j'ai moi aussi ressenti de la colère à son égard, ça s'estompe. Je le connais suffisamment pour savoir que je ne suis pas, à ses yeux, un gamin qui n'assume pas sa connerie. Il me connait suffisamment pour ça aussi. Ça va au delà de ça, c'est … plus grave, comme il le souligne là encore.
« Tu n’peux pas m’cacher un truc pareil, encore moins avec ce qui nous est arrivé, merde ! C’est pas comme si toute cette merde n’était pas déjà assez angoissante pour nous deux ! »
S'il s'agite, plante son regard dans le mien à nouveau, moi j'explose.
« C'est justement pour toutes ces raisons que je t'ai caché ça ! »
Un cri du cœur, quelque chose qui m'échappe brusquement. Oui j'ai haussé le ton, oui mon regard s'est fait plus dur, oui mes mains ont quitté mes poches et j'ai ouvert grand les bras. Bras qui retombent lourdement le long de mon corps alors que je laisse mes yeux glisser vers l'océan. Mes mains viennent se loger dans mes cheveux et s'y croisent, je m'accorde quelques pas jusqu'à avoir les pieds dans l'eau, comme si ça pouvait me calmer. Lui crier dessus comme ça, j'aime pas. Pas que ce soit la première fois, on s'est déjà engueulé pour des conneries, mais justement. Là, ça n'a rien à voir avec des conneries. La tête basse, les mains croisées sur l'arrière du crane, j'essaie de retrouver mes esprits, mon souffle aussi. Mon calme, surtout. Mais cette entrée en matière ouvre une boite de Pandore à laquelle je ne m'attendais pas. De nouveau mes bras retombent le long de mon corps jusqu'à claquer sur mes flancs. Je prends une profonde inspiration et relève le regard pour le poser d'abord sur l'horizon ...
« C'est … dur, de t'infliger tout ça tu sais. »
… puis dans le sien. Je ne sais pas ce qu'il peut lire dans mes yeux, j'ai presque l'impression d'être … Triste.
« Je sais que pour toi c'est naturel, que tu t'es jamais forcé à être là pour moi et je t'en remercierai jamais assez parce que sans toi ça aurait été beaucoup plus difficile. Mais oui, c'est dur. »
C'est le cœur qui parle, teinté d'un peu de frustration, de beaucoup de pudeur. De reconnaissance, aussi, et d'un tas d'autres choses. Peut-être qu'il ne comprendra pas mon raisonnement, peut-être qu'il m'en voudra encore plus, me reprochera de changer de sujet.
« Dur d'être un poids, d'accepter que tu me portes à bout de bras comme tu l'as fait pendant des semaines en passant la moitié de tes nuits à me rassurer après mes cauchemars ou mes crises d'angoisse, à me tenir la main dès que je n'étais plus certain de ce qui était réel ou pas. »
J'pense pas qu'il a oublié tout ça, moi en tout cas j'ai pas oublié. Ça se fait de plus en plus rare, mais ça n'efface pas toutes les fois où ça s'est produit. C'est pas une question d'égo bafoué, ça va bien au delà de ça. Depuis quatre ans j'ai pas tellement eu l'occasion de me reposer, chaque fois que la tranquillité s'installe quelque chose vient la faire voler en éclat. Avec la mienne, la sienne. Franchement, tu la trouves où toute l'énergie pour ça ? Pour moi. C'est pas ce qu'on a envie d'offrir à la personne qu'on aime, tout ce drame. Ce que j'ai fait, là, en ne disant rien, c'était juste pour le préserver. Bonne ou mauvaise décision, mes intentions étaient louables. Peut-être qu'il ne le comprend pas, ne l'acceptera pas, mais si tout ça est effectivement mon procès alors voilà ma plaidoirie. Pour autant jamais je n'irai lui reprocher sa réaction, simplement parce que je la comprends. Si j'avais découvert de cette façon qu'il a été agressé, j'aurai pas plus aimé que lui je le sais. J'suis pas hypocrite, j'ai des tas de défauts je ne le nie pas mais celui là n'en fait pas partie.
« Malgré moi je t'ai replongé droit dans des blessures que t'as pas encore totalement refermé, et après ce qui t'es arrivé j'me voyais pas débarquer en te disant que j'avais été qu'un crétin qui s'est soulé de frustration dans un bar après avoir erré comme un con dans les rues en espérant retrouver ses amies. »
Je reviens vers lui de quelques pas, quitte l'eau et écarte les bras à nouveau. Le ton est calme, sans doute un peu désespéré. J'suis pas là pour faire chialer dans les chaumières mais simplement pour lui dire la vérité. La disparition des filles m'a renvoyé droit dans ce truc contre lequel j'ai luté pendant des semaines, j'suis pas parfait, j'ai pris des risques je le sais. Quand on a mal, quand les émotions submergent, la rationalité se fait parfois la malle c'est comme ça. J'aurai du l'appeler, lui dire que ça allait pas, il aurait été là je le sais. Une fois de plus, à colmater mes brèches encore et encore. Ce soir là j'ai pas réussi, c'est tout. J'le répète, j'suis pas parfait.
« Et j'avais honte. »
Rien que de remettre ça sur le tapis je sens la nausée se pointer. J'avais jamais vécu un truc pareil, jusqu'ici je ne comprenais pas vraiment ce qu'on peut ressentir après une chose pareille. C'est … déstabilisant, d'autant plus quand on a tendance à penser que ça n'arrive qu'aux autres. Et surtout pas aux hommes, tout simplement. J'imagine qu'avoir encore un peu de naïveté face au monde est une bonne chose, ça fait juste un sacré choc quand on vous l'arrache.
« Si j'avais pas réussi à le repousser il se serait passé quoi ? J'ai passé le reste de la nuit à gerber rien qu'en y pensant, à me dire que je serais plus jamais capable de te regarder droit dans les yeux si ça avait été plus loin. »
Le frisson qui fait dresser les cheveux sur ma nuque et les poils sur mes bras n'a rien à voir avec la brise matinale. J'ai de vague souvenirs de tout ça, ce qu'il m'a refilé m'a laissé des black out, mais j'suis pas près d'oublier ni son visage, ni ses mains posées sur moi. Il a fait de moi une proie, m'a isolé comme seul le font les prédateurs, si j'ai rangé ça dans un coin de ma tête comme tant d'autres faits quelque chose vient se coincer dans ma gorge là tout de suite.
« Ce mec je l'ai tué au moins dix fois dans ma tête. »
Je peux percevoir ma voix étranglée par les émotions, les plus sombres en tête de liste. Si je commence à trembler, à serrer les poings à nouveau, c'est tout ce que je tente de garder sous clé qui remonte.
« Mais c'est rien en comparaison avec ce qui se passe maintenant là-haut. »
Alliant le geste à la parole je viens poser mon index et mon majeur de la main droite sur la tempe.
« Parce que t'as effectivement aucune raison de connaître Gavyn, pas plus qu'il en a de te connaître toi. »
Les vieux démons naviguent sous la surface, éveillés à nouveau.
Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Jeu 25 Juil 2019 - 15:53
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Jeu 25 Juil 2019 - 23:22
J'aime pas ça, quand il me tourne le dos comme ça, fuit mon regard. J'aime pas ça parce que je me sens rejeté – Je sais, l'hôpital qui se fout de la charité. Je comprends que c'est beaucoup, je capte parfaitement qu'il est encore trop sous pression et qu'il a besoin de ça alors j'dis rien, je reste où je suis et lui laisse prendre le temps dont il a besoin. Pour redescendre ou réfléchir, pour faire le tri, j'en sais rien. Tout ce que je sais c'est que malgré mes propres raisons que je défends même s'il ne les comprends pas, je déteste le savoir dans cet état. D'autant plus quand j'en suis le responsable. De son point de vue c'est sans doute comme si je l'avais trahis et non, ça ne me fait pas plaisir ni ne me laisse indifférent. Je l'aime beaucoup trop pour ça. Dans ma tête pendant ce temps là c'est le chaos. Malgré mes mains dans mes poches, mes pieds dans l'eau et mon regard posé sur l'océan, malgré cet air calme, presque posé, mon esprit tourne à plein régime. Je dois avoir les traits tirés, les muscles et les nerfs tendus, les poings serrés ça c'est certain. Quelques tics nerveux, aussi, probablement. Entre ses émotions et les miennes, entre les différents protagonistes de cette histoire et ce que ça peut impliquer. Ce que ça implique pour nous. J'fais pas le malin, j'appréhende ce qu'il va me dire parce que je sais que ça va sortir et que j'aurai peut-être pas envie d'entendre tout ça, que la façon dont ce sera dit ne me plaira peut-être pas. En attendant je ravale mes couleuvres et tache de calmer mon rythme cardiaque en le calquant sur celui du ressac.
Sans tourner la tête je perçois ses mouvements, capte qu'il se retourne vers moi, alors sans bouger je baisse légèrement la tête en la tournant sur le côté. Je ne le regarde pas directement mais je le vois.
« On était d’accord sur le fait qu’on arrêtait ce genre d’truc. De pas s’dire les choses pour se protéger. On n’fait PLUS ça. J’ai pas besoin que tu me préserves, Enzo, PAS de cette façon-là ! J’ai besoin de toi, besoin d’être serein sur le fait que si jamais il t’arrivait un truc comme ça, tu m’le dirais. »
Je retrouve son regard plus frontalement cette fois, le soutien. J'ai beau savoir tout ça, quand certaines choses refont surface c'est difficile d'aller contre la personne qu'on a été si ce n'est toute sa vie au moins une grande partie. Oui, mon premier réflexe, mon premier instinct, est de préserver les gens que j'aime. J'ai toujours fonctionné comme ça, à garder une grande partie des crasses que me fait la vie pour moi. Par pudeur, aussi, sans doute un peu. Mon propre frère n'est pas au courant que j'ai passé des jours, des semaines, enfermés dans une cage. Si je rejoue le fil de tout ce que j'ai pu vivre ces dernières années … J'aurai pu y passer, disparaître, sans qu'ils sachent ce qu'il se passait réellement. Est ce que j'arriverai à être celui qu'il attend que je sois ? J'espère juste ne plus jamais avoir à me retrouver dans ce genre de situation, surtout.
« J’te dis pas qu’il faut que tu rappliques dans la seconde pour tout m’raconter, ni que t’es obligé de m’avouer tous les détails parce que chacun gère les choses à sa manière… mais juste de m’prévenir qu’un truc c’est passé et que t’as pas envie d’en parler pour l’instant. Tu m’connais bon sang, tu sais que j’peux l’comprendre. »
Aussi immobile qu'il est en mouvement, aussi silencieux qu'il s'exprime, j'écoute et enregistre chacun de ses mots. Oui, je sais qu'il le comprendrait, mais le souci ça n'est pas lui. Je l'aurai sans doute fait pour autre chose, peut-être même pour ça s'il ne s'était pas passé ce qu'il s'est passé ensuite. Parce qu'il est là, le véritable fond du problème dans cette histoire. Mais ça, pour l'instant, il n'a aucun moyen de le savoir.
« On est ensemble, on est un couple. Si on n’peut pas partir du principe que parce que l’autre vit une mauvaise passe ou une période compliquée, on n’peut pas tout se dire pour préserver l’autre … Alors il nous reste quoi ? J’veux plus qu’on cherche à se préserver comme ça, love. On l’sait tous les deux que t’aurais clairement pas apprécié si j’t’avais rien dis la dernière fois, encore moins si j’t’avais dis que c’était pour ne pas en rajouter une couche, parce que tu veux être là pour moi autant que moi, pour toi. »
Une seconde je baisse les yeux puis redresse la tête, acquiesçant toujours sans rien dire. Il a raison sur toute la ligne, j'aurai pas du tout apprécié et je sais qu'il n'a pas à tolérer chez moi ce que je lui reprocherais moi-même. Je sais aussi que ces paroles sont pleines de bon sens, que sur le papier c'est comme ça que ça devrait se passer, mais c'est une grande partie de moi qu'on remet ici en question. Je ne le prends pas mal, je ne me vexe pas, ne me sens pas blessé … Je ne sais simplement pas si j'arriverai à changer totalement.
« J’comprends que ça te soit compliqué de te reposer sur moi, vraiment, mais j’suis là pour ça. C’est c’qu’on est tous les deux. Des béquilles pour l’autre pour qu’on puisse avancer sans trop s’casser la gueule. »
Je perçois sa lassitude, la fatigue aussi, l'adrénaline qui retombe avec tout ce que ça implique. Chez moi, c'est le retour des grandes marées. Je détourne le regard, me mord nerveusement la lèvre inférieure en regardant l'horizon sans le voir, acquiesçant encore une fois sans m'en rendre compte. Les émotions sont au rendez-vous, simplement parce que ces mots me touchent avec énormément de force. On pense le savoir, on le sait, et je n'en ai jamais douté mais l'entendre vous plaque l'évidence sous les yeux. Et en plein dans le cœur, surtout.
« La seule personne qui devrait avoir honte, c’est ce gros fils de pute. Et sur la vie de Macy, j’vais le retrouver et l’immoler ce gros enculé. » « Laisse moi jouer un peu avec avant alors. »
Un rire sec m'échappe, à la limite de l'amertume, alors que je m'enfonce un peu plus les pieds dans le sable recouvert d'eau par alternance. Le regard rivé vers ce va et vient, toujours les mains dans les poches, je sais qu'au fond de moi il y a une part de sérieux. Oui, si je recroise ce type, il regrettera ce qu'il m'a fait et je m'assurerai de lui faire passer l'envie de recommencer avec qui que ce soit. Je connais suffisamment mon petit ami maintenant pour savoir qu'il pense lui aussi chacun des mots qu'il prononce. Allez savoir, peut-être qu'on ira lui mettre la misère tous les deux, et cette éventualité ne devrait pas me séduire autant à vrai dire. Cette fois, c'est à mon tour de laisser planer un peu de silence. Pas pour faire durer le suspens, juste parce que j'en ai besoin moi aussi pour remettre mes idées en place. Je sors finalement de mon immobilité et remonte de quelques pas sur la plage jusqu'à me laisser choir sur le sable à côté de ma planche. Genoux repliés légèrement, mes bras entourent mes jambes et je croise mes mains entre ces dernières. J'ai l'esprit un peu partout et nulle part à la fois mais quand je cherche à nouveau son regard, les mots sortent calmement.
« Ça été l'escalade ce jour là, j'ai rien géré ... J'suis désolé. »
Je suis sincère, malgré ma propre perception des choses. Tout ce qu'il vient de me dire n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd et je sais que je dois passer au dessus de mes angoisses notamment celle d'étouffer mes proches avec mes problèmes à répétition. A défaut de me faire confiance, je peux leur faire confiance à eux. Le savoir c'est une chose, le mettre en pratique en est une autre. Ça me rappelle vaguement une discussion qu'on a déjà eu, à Poudlard, à cause d'un Epouvantard et de mes nerfs qui ont lâché … Ouais, Rome ne s'est pas faite en un jour il paraît. Y a encore pas mal de travaux à faire mais ça avance, non ? J'peux pas non plus mettre de côté le fait que la disparition des filles m'a foutu un sacré coup au moral et que ça a pesé dans la balance aussi. J'me cherche pas d'excuse, juste des raisons.
« J'voulais juste pas t'inquiéter, c'était passé, mais t'as raison si tu m'avais fait ça je l'aurai pas bien pris non plus. Et ta confiance est beaucoup trop importante à mes yeux pour que je ne fasse pas tout pour la garder. J'veux que tu puisses avoir confiance en moi toi aussi. »
C'est, je crois, la base la plus seine d'une relation. J'veux pas qu'il se mette à douter de moi, que ça l'inquiète encore plus. Tout ça je le comprends parfaitement, je ferai ce que je peux pour faire en sorte que ça ne se reproduise.
« J'veux continuer à marcher avec des béquilles ... »
Vague sourire, j'doute qu'il ait le cœur à rire mais j'pouvais pas ne pas le souligner.
« Et surtout ne pas te faire de mal mais je fonctionne comme ça depuis … toujours, je crois. Ça fait partie de moi. J'dis pas que c'est comme ça et pas autrement ni même que c'est in-changeable parce que y a déjà eu des progrès je t'assure, mais comme a peu près tout avec moi ça prend du temps. »
Auto-dérision ou simple fait ? Sans doute un peu des deux. Chacun son tempérament, on fait tous ce qu'on peut et j'échappe pas à la règle.
« Ça me fera un sujet de plus à aborder avec Angelika. »
A nouveau un rire bref, pas tellement amusé, pas totalement blasé non plus. J'ai des problèmes, je le sais, je fais ce que je peux pour les régler ou apprendre à vivre mieux avec. Aller voir une psy fait parti du processus et j'ai rapidement compris qu'il serait long, ce processus. Commencer par rattraper la séance que j'ai séché me paraît être une bonne idée, déjà, mais j'vais faire des efforts. Autant que je le peux. J'veux plus le blesser comme ça ni le pousser à douter de moi. Il a raison, j'suis pas obligé d'y aller frontalement, j'ai des options. Mes bras se détachent, j'attrape du sable entre mes doigts et le laisse s'écouler lentement en le regardant s'évader de ma paume. Dans ces moments là le corps a besoin d'une occupation, ça ne m'empêche pas d'être complètement concentré sur lui.
« J'vais bien, vis à vis de ça et en dehors du fait que je le retrouve, je l'éclate, ça va. Je sais que c'est grave, j'prends pas ça à la légère, mais je gère et ça me servira de leçon. »
Si on veut. Disons que la prochaine fois que je ressentirai le besoin de me défoncer la gueule à coup de Rhum j'éviterai de le faire tout seul et n'importe où. Et je suis sérieux quand je dis que ça va. Évidemment sur le coup ça m'a choqué, ça m'a fait peur d'être complètement incapable de contrôler mon propre corps et de me sentir comme une proie, mais je ne reste pas bloqué là dessus.
« A vrai dire c'est pas lui … ça, qui me travaille le plus. Gavyn m'est tombé dessus juste après que j'me sois extirpé des griffes de l'autre connard ... Je l'avais pas revu depuis au moins deux ans et le passé qu'on a en commun j'étais pas prêt à le remettre sur le tapis ni à lui faire face. J'crois que c'est surtout pour ça que je t'en ai pas parlé, j'voyais pas comment faire l'un sans l'autre et j'me suis laissé embarquer dans toute cette merde avant de finalement mettre ça de côté. »
Le simple fait de l'évoquer crispe mes épaules, assombris mon regard à nouveau. Elle est là, la raison principale de mon silence sur cet « incident ». Remuer toute cette merde, non, j'étais pas prêt. J'ai suffisamment bossé pour mettre tout ça derrière moi, j'imagine que c'était naïf de ma part d'envisager ne serait-ce qu'une seconde que ça ne ressorte jamais. Autant dire que j'suis pas spécialement emballé à l'idée de parler de tout ça à Will, mais si je dois le faire je le ferai. D'une parce qu'après cette discussion j'envisage pas ça autrement, de deux parce qu'il est impliqué malgré lui désormais et que je ne peux pas passer ça sous silence s'il est potentiellement menacé par ce connard de suceur de sang. Touche à un seul de ses cheveux, à une seule de ses veines ...
« Je sais pas à quoi il joue, je sais pas ce qu'il t'a dit exactement et surtout j'comprends pas comment et pourquoi il a débarqué comme une fleur auprès de toi pour te balancer ça. »
Dans un geste vif je balance devant moi la poignée de sable que j'avais dans la main, imaginant déjà le danger flotter au dessus de la tête de William, incapable de percevoir cette démarche autrement que comme une menace. Vraiment, je comprends pas, j'arrive pas à cerner tout ça. A le cerner lui. Il sait ce qu'ils m'ont fait, pourquoi j'me suis retrouvé dans la même situation que lui, il sait parfaitement comment je vais réagir quand l'un de mes proches est impliqué. Est ce que quelqu'un peut me dire que ce putain de cauchemar n'est pas en train de recommencer ? Je sais pas ce qui circule le plus vite actuellement dans mes veines : La parano, l'angoisse ou la colère.
Enzo S. Ryans
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Mar 30 Juil 2019 - 1:41
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Mer 31 Juil 2019 - 16:54
« Peut-être parce que ce connard est un psychopathe pervers qu’aime bien foutre la merde ? »
Dans mes souvenirs, c'est pas l'image que j'avais de lui. Après cette rencontre l'autre soir … J'suis plus sûr de rien. Ma seule certitude réside dans le fait qu'il a approché mon mec et que c'est pas innocent. Le regard perdu sur l'océan j'oscille toujours entre différentes émotions en affichant un calme trop beau pour être vrai. J'essaie de duper personne, c'est surtout moi que je cherche à préserver.
« Il m’a rien dit de précis. Juste qu’il t’avait croisé dans la rue dans un état chelou, que t’avais été drogué et qu’il t’a mis en « sécurité » dans une ruelle. Point. Mais j’avais envie de lui enfoncer le crâne à coup de pied d’biche avec sa gueule d’innocent. »
Je pourrais sourire de le voir énervé comme ça, c'est pas souvent et si ma mère l'entendait parler comme ça elle reprendrait immédiatement. D'une, j'ai pas le cœur à rire, de deux, ça risque pas d'arriver mais c'est pas tellement le sujet. Je sais qu'il ne plaisante pas, je le sens. Ce gars là à beau être le plus calme de toute sa bande, le conciliateur, celui qui arrondis les angles et tempère les autres en gardant son sang froid, je crois qu'au final c'est de lui dont j'aurai le plus peur. Parce que ça prévient pas, parce qu'il lui en faut avant d'en arriver à ça. J'ai pas besoin de preuves pour savoir qu'il tient à moi à ce point là, on se serait bien passé de tout ça tous les deux et ça me fait chier de le voir dans cet état. A cause de moi. J'compte pas jouer les victimes, je sais que si les rôles étaient inversés j'en serais au même stade. Quoi de plus normal. Si j'essaie de rester calme c'est pour parvenir à réfléchir plus facilement, mais réfléchir à quoi ? Les réponses à toutes ces questions qui tournent un peu trop vite et trop nombreuses aussi bien dans sa tête que dans la mienne, je les ai pas. Un mouvement sur ma droite attire mon attention, je tourne la tête pour le voir se laisser tomber à côté de moi. Tous les deux dans la même position, tous les deux les traits crispés pour les mêmes raisons.
« J’te demanderais jamais de changer, faut que tu le comprennes. J’t’aime comme tu es, avec tes travers ou non, j’ai pas envie que tu deviennes l’homme parfait. Juste … Me tiens plus à l’écart de c’genre de truc. »
Son regard trouve le mien, si j'exprime rien par les mots je le fais par les yeux.
« Je sais que c’est pas évident, encore moins en c’moment avec tout ce qui est arrivé et que tu commences à remonter la pente, à bosser sur pleins d’choses. Mais juste un mot, un texto, pour m’dire qu’il s’est passé un truc mais que tout va bien, qu’on en parlera quand tu seras prêt. Ok ? » « Ok. »
C'est la pudeur qui me pousse à tourner la tête à nouveau, légèrement baissée je regarde le sable sans le voir. J'acquiesce, ne dis pas ça pour clore le débat, d'une parce que ses mots et sa façon de me les dire me touchent et de deux parce que je comprends. Sa frustration d'avoir été mis de côté, pour des raisons que lui comprend aussi. Les animaux font ça, se planquer pour mourir, pour souffrir … J'me cherche pas d'excuses encore une fois, juste une allégorie de la façon dont je peux réagir parfois même si les raisons sont différentes. Je capte ses battements de cœur, sa respiration plus tranquille, mais surtout le ressac incessant qui nous calme tous les deux. Ne serait-ce qu'un peu.
« Et moi c’qui m’inquiète, c’est le responsable. T’as une idée de qui c’est ? Tu pourrais l’reconnaitre ? Non parce que j’compte pas m’coucher tout à l’heure en m’disant que j’vais laisser couler. Ce fils de pute va pas l’emporter au paradis. Et l’autre tête de nœud là, si ça fait deux ans que t’as pas vu sa tronche de cassos, j’sais pas comment il a su qui j’étais et quelle gueule j’avais parce que j’doute que tu aies eu le temps de lui tailler une bavette alors que t’étais dans le mal. Et tu m’fous le doute avec ton histoire. »
L'accalmie de courte durée, nos deux cœurs qui refont une embardé. Lui qui s'exprime, prononce à voix haute ces foutues questions qui nous hantent, et moi qui me terre dans le silence. Sourcils froncés, pas besoin d'entendre ce à quoi il pense pour le deviner, l'envisager, et je dois avouer que cette version là j'y avais simplement pas pensé.
« Tu l’vois pas pendant deux ans, tu croises la route d’un FDP qui te fout un truc dans le verre, tu croises comme par hasard Gavyn … qui vient me trouver moi, une semaine après, pour m’balancer ça ? sans qu’on s’connaisse ? »
Et si on se plantait totalement ? Si tout ce qu'on a déjà encaissé nous pousse à avoir ce genre de réactions, à voir le mal partout ? Mais rien n'explique le fait que Gavyn n'a aucune raison de savoir qui est Will. Juste un pur hasard, de lien en lien ? Ça pourrait, mais j'y crois pas. Lui non plus.
« Putain, j’supporte pas l’idée qu’on ait pu t’faire un truc pareil. » « Et moi j'supporterai pas qu'il touche à un seul de tes cheveux. »
Je casse le mur de silence derrière lequel je me suis figé, sans quitter l'océan des yeux. La voix basse, un peu cassée comme si j'avais pas parlé depuis des années, le regard sombre atteste de tout ce qui peut me passer dans le crane en cet instant. Il va bien, il ne l'a pas touché cette fois, mais il a un visage, un nom, le moyen de le retrouver une nouvelle fois. Comment ? Pourquoi ? Les nuages qui obscurcissent actuellement mon esprit n'ont pas matière à cacher cette réalité qui est la mienne. Les menaces, celles qui planent au dessus des gens que j'aime, j'ai jamais hésité à les éliminer quitte à en payer le prix. C'est pas le sang d'un martyr qui coule dans mes veines, j'ai dépassé ce stade je le sais et les missions suicides c'est terminé. Mais si on doit en arriver là, si c'est sa vie ou celle de l'homme que j'aime, sa vie ou la mienne, c'est avec un pieu dans le cœur, dans un brasier ou la tête en moins qu'il finira.
Et tant pis pour les souvenirs du passé.
« Ce type là, Gayvn, je l'ai connu dans les cachots de Poudlard. Lui et moi on était dans la même galère, deux bêtes de foire qu'on essaie de dompter ou qu'on puni parce qu'ils ont pas été suffisamment obéissants. On s'entendait bien, il était un des seuls avec qui je laissais ne serait-ce qu'un peu apparaître celui que j'étais encore quelque part sous toute la couche de mascarade que j'pouvais exposer aux autres. »
Je renifle, me racle la gorge, mes doigts se serrent les uns autour des autres. Autant de gestes présents pour aider la pilule à passer même si les mots sortent librement. Sans forcer. Il n'a jamais eu les détails, il ne les aura peut-être jamais dans le fond ça n'a pas d'importance, mais il sait les zones d'ombres. J'veux pas me cacher de lui, pas encore une fois. C'est là, ça fait partie de moi, je dois vivre avec et je le fais. Il en devine les contours et il est toujours là, c'est peut-être aussi ce qui m'encourage à briser la glace, la rendre un peu moins opaque.
« J'te l'ai déjà dit, j'étais pas quelqu'un de fréquentable à l'époque. »
Les sourcils froncés je balaie cette phrase en secouant légèrement la tête, me raclant la gorge à nouveau comme si ça pouvait m'aider à passer à autre chose.
« On se soutenait, d'une certaine façon, jusqu'au jour où ça s'est calmé pour moi. J'ai pas cherché à comprendre, j'ai vu une porte de sortie alors je l'ai prise et je l'ai laissé là où il était. Ça été progressif, mais ça change rien au fait que je l'ai abandonné. »
Ça fait mal. C'est compliqué d'accepter ce genre de trucs quand on a appris à vivre avec soi-même, à s'apprécier, à se trouver pas si mal finalement. C'est l'instinct de survie qui m'a poussé à faire ce que j'ai fait mais est-ce que ça excuse mon geste ? J'en sais rien. C'est fait de toute façon.
« J'sais pas de quel bord il est aujourd'hui, je sais pas si son cirque c'est uniquement lui ou si y a plus derrière, j'sais pas s'il cherche juste à s'amuser mais tu dois savoir que c'est un Vampire. Si jamais on doit aller plus loin dans tout cette merde promets moi de tenir compte de ça. »
Là et seulement là je tourne la tête à nouveau pour capter son regard. On est vraiment en train d'avoir cette conversation ? Oui. J'ai bien compris qu'il ne veut pas être tenu à l'écart, j'ai dit ok, alors ça commence dès maintenant. C'est pas moi d'un côté et lui de l'autre, c'est nous. Lui pour moi et moi pour lui.
« Maintenant si tu veux mettre au clair tes doutes concernant l'autre enculé qui m'a pris pour sa pute, y a pas 36 moyens. J'pense que oui, j'arriverai à le reconnaître. Au moins olfactivement. »
A mon sens, le message est clair, et sincèrement je pense qu'une fois sa sale gueule sous les yeux l'évidence sera là. J'ai conscience que c'est un côté de moi qu'il n'a, je crois, jamais côtoyé. J'ai jamais vraiment eu à faire à celui qu'il me démontre depuis tout à l'heure non plus. Je sais qu'il ira nulle part et je compte bien en faire autant, parce que moi aussi je l'aime comme il est. Avec la lumière comme avec l'ombre.
Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Âge personnage : 20 ans - 18.01.1997 Hiboux postés. : 22459 Date d'inscription : 13/09/2009Crédits : JunkieMouse ▬ Gif Tumblr Double Compte : Jane & Alcyone
Enzo S. Ryans
Lun 19 Aoû 2019 - 0:05
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Mer 21 Aoû 2019 - 19:42
« Promis. »
J’ai pas besoin de plus, rien de plus que ce regard et ce simple mot.
« J’irai pas jouer les Van Helsing comme un teubé. Mais ça explique pourquoi il était si sûr de lui en me balançant ses saloperies à la gueule. Un vrai gamin de dix piges. J’suis quasi certain qu’il avait qu’une seule envie, c’était à ce que j’fasse le premier faux pas. »
Inspiration, les yeux clos l’espace d’une seconde, une envie de hurler coincée dans le fond de la gorge. Un seul pas, un seul mot, et tout aurait pu basculer. De bien des manières. Un battement de cœur et plus rien. Rideau. Fin. Expiration.
« Mais ce bouffon n’est pas ma priorité. »
De nouveau les yeux ouverts sur le monde, mon regard plongé dans le bleu du sien et sa détermination qui vient me claquer en plein thorax.
« J’veux retrouver cet enculé, j’le laisserai pas se lever le matin et se coucher le soir, peinard, en toute impunité. Parce que t’étais certainement pas le premier, ni le dernier. »
Ce type, ce qu’il m’a fait, ce qu’il a sûrement fait à d’autre avant moi effectivement, je n’arrive pas à me focaliser dessus. J’peux pas faire ça en ayant conscience du petit jeu tordu de Gavyn. Mais je me souviens que j’ai eu le temps de décolérer, de ranger ça dans un coin pour ne plus y repenser, contrairement à lui. Chacun ses ressentis, chacun sa manière de les gérer. Je vis tellement dans une bulle parfois que le monde m'échappe complètement, je le sais, ou plutôt j'essaie de lui échapper à ce monde. Besoin parfois exacerbé de me protéger.
« Et j’veux surtout lui supprimer toutes occasions de recommencer avec toi. Peu importe le temps que ça prendra, on va lui tomber dessus. J’ai deux trois choses à lui faire comprendre. »
Je nous revois subitement dans sa chambre il y a de ça quelques semaines, comme un effet miroir. Cette femme j’aurai donné n’importe quoi pour la traquer et la retrouver mais j’ai respecté sa décision. Il respecterait sûrement la mienne si je lui disais non, stop, j'veux juste passer à autre chose. Là tout de suite je ne sais plus vraiment de quoi j'ai envie. Ou besoin. Peut-être simplement de mettre sur pause un instant.
« A croire qu’on a prit un abonnement auprès de « Connards & Cie ». J'vais finir par construire un village sur une île isolé, éloigner de tous ces trous du cul. »
Soupir, de son côté comme du mien, et le silence qui s'installe. Mon regard retrouve l'océan, tous mes sens focalisé sur lui comme si je me mettais en veille. Capuche à présent sur la tête je ne résiste plus, j'en ai pas envie. Mon refuge, mes habitudes, pas pour me fermer mais pour me retrouver. M'apaiser. Cette violence qui se calme mais reste bien présente j'ai appris à la dompter. Parfois elle se fait brulante, puis glaciale, peu importe je ne veux simplement pas la laisser prendre le dessus, pas après avoir travaillé si dur pour réussir à la maitriser, en tirer avantage si je le peux. Mon esprit a tourné trop vite, les idées, les pensées fusent trop rapidement. Les yeux clos, le vent sur le visage et dans les cheveux, je cherche la paix à l'intérieur de moi. Je chasse un à un les nuages, ou plutôt les range un part un. Gavyn, tout ce qu'il ramène avec lui, toutes les menaces qu'il peut représenter, tout ce que j'ai pu m'imaginer. Les liens possibles. Les émotions de mon petit ami. C'est comme si dans ma tête se promenait un petit personnage, il ramasse les choses les unes après les autres et les classe, les range. Là et seulement là, je pousse plus loin, sort un peu de moi-même et retrouve la conscience de sa présence près de moi. Ses battements de cœur plus calmes, sa respiration moins erratique, une profonde lassitude mais moins de tension. Moins de pression. Nouvelle inspiration, j'ouvre les yeux, tourne légèrement la tête et laisse mon regard glisser sur lui tachant de trouver la place où je me sens le mieux dans tout ça. Pas trop près, mais plus très loin. Juste un pas vers lui, le laissant décider pour le suivant.
« Comme si c’était pas juste une excuse pour faire pousser ta beuh pénard dans ton coin. »
Il y a un vague sourire sur mon visage, mes yeux regardent désormais le sable entre mes genoux sans vraiment le voir. Les épaules sont moins lourdes, le corps moins crispé. C'est quitte ou double, j'le sais, mais c'est moi et je suis en accord avec ça. J'essaie pas de noyer le poisson ni même de changer de sujet, il me connait suffisamment pour ça. Mes poumons se gonflent à nouveau et je retrouve l'horizon dans mes rétines. Cet endroit j'en ai besoin, partie intégrante de mon équilibre je pourrais pas gérer les choses mieux qu'ici. Chez moi, tout simplement. Un petit paradis sur terre qui fait de moi un véritable chanceux j'en ai conscience. Le ton est calme, la voix un peu enrouée mais les mots ne peinent pas à sortir. J'me dis que j'ai peut-être l'air un peu défoncé mais elle est là ma came à moi, celle qui me rend chill d'un shoot. Une intraveineuse d'iode et le calme du bout du monde accompagné par la luminosité du matin.
Aller, on y retourne.
« J’ai plus envie de penser à Gavyn. Là tout de suite j’peux pas, c’est trop. D’autant que je suis persuadé qu’il n’attend que ça, que j’fonce tête baissée parce qu’il a appuyé sur le bon bouton pour me provoquer. »
Je sais que tôt ou tard j'pourrais plus faire sans réponse, que ça me travaillera trop pour que je l'ignore, mais pour le moment il va simplement dégager. Lui aussi rangé dans un compartiment là haut. Mes amies sont en sécurité, j'dois me casser avec mon frangin, passer Noël avec ma famille, foutre le camp avec celui assis près de moi et passer le réveillon à rien foutre avec celle qui va faire de moi le parrain le plus heureux et probablement le plus gaga du coin d'ici quelques mois … J'veux juste me concentrer sur tout ça.
« Il va attendre, le plus longtemps possible. D’une ça lui fera les pieds et de deux, j’ai juste pas envie de rentrer dans son jeu. Surtout pas si ça t’implique. J’suis peut-être pas le roi du self control et de la patience mais s’il veut jouer les gros malins j’vais l’être plus que lui. »
Je ne me figure pas tellement ce que peut-être l'impatience dans l'existence éternelle d'un Vampire, j'ai toujours pas vraiment idée de ce qu'il veut, mais on va prétendre que sur ce coup-là c'est la meilleure façon de gérer les choses. Pour le reste …
« En revanche si tu veux j’te raccompagne jusqu’à Londres et on fait un détour par le bar où j’ai croisé l’autre connard. Mes souvenirs sont pas supers clairs mais j’suis quasiment certain que c’est un habitué, et c’était dans ces heures-là. »
… C'est pas parce que je suis passé pro – ou presque – dans l'art de me recentrer et retrouver mon calme que je ne suis pas attiré par l'idée de donner une leçon à ce connard maintenant que tout ça a été remis sur le tapis. Ça n'a rien d'une manœuvre altruiste en ce qui me concerne c'est même totalement égoïste mais je l'assume. Mi sagesse, mi colère comme dirait l'autre. Gentil garçon, oui, mais qui a dit qu'on ne pouvait pas surfer sur deux vagues complètement opposées ?
« Et peut-être aussi que j’ai pas envie qu’on se sépare maintenant, comme ça, avec cet espèce de blizzard entre nous deux. »
Ça ne me rend pas fébrile d'admettre ça, je crois qu'on a passé ce stade depuis un moment. Possible qu'on ne soit pas sur la même longueur d'onde, ça arrive, je prendrais mon mal en patience et lui laisserait le temps et l'espace dont il a besoin si c'est le cas.
Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Ven 6 Sep 2019 - 13:15
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Ven 6 Sep 2019 - 22:08
Il y a les gens confiants, et il y a les autres. Je me considère probablement entre les deux, mais c'est dans ma nature de pas toujours avoir d'assurance face à certaines situations. Je peux me tenir droit face à un hippogriffe énervé sans trembler ou ne pas paniquer dans une eau infestée de requins mais me fermer complètement face à un truc relationnel ou rester en retrait pensant que l'autre aura juste envie de se barrer. Je sais c'est sûrement con mais c'est comme ça, j'ai confiance en lui, en nous, simplement pas toujours en moi. Chacun fait ce qu'il peut avec ce qu'il a et j'ai de la chance d'avoir un petit ami qui comprend ça, qui fait avec. Je suis pas pathologique je le sais, mais c'est là, ancré en moi.
Alors oui, quand je croise son regard et devine son sourire quelque chose se dénoue en moi.
« Y a pas de blizzard. Enfin, il n’y en a plus. J’pense qu’on en est pas à notre première prise de tête, on finira un jour par s’embrouiller pour une histoire de caleçon sale ou de retard pour un rendez-vous en tête à tête. »
Mon rire fait écho au sien en imaginant ce que pourront être nos futures prises de têtes et mes épaules s'affaissent encore un peu plus. La chaleur de sa paume sur ma nuque me fait du bien, encore un truc qui se décoince chez moi. La mienne vient se glisser sur son poignet en douceur. J'ai encore un peu de mal à me sortir de cette espèce de torpeur dans laquelle je navigue depuis quelques minutes à cause de ces sujets un peu complexes et pas franchement agréables mais retrouver son contact me permet de faire un pas de plus vers quelque chose de plus léger. Me concentrer sur l'instant présent, sur ce qu'on a, ce qu'on est. Juste lui et moi, en laissant le reste de côté.
« On s’est expliqué, écouté, c’est le plus important. Et pour être franc, c’est certainement pas toi que j’ai en grippe là tout de suite. »
Ou presque. Je continue de reléguer ça au second plan et me laisser aller à ses baisers. Ils me font du bien, il me fait du bien. Je ne m'amuse pas à compter les mois qui passent parce que le temps n'a pas la moindre importance mais j'ai l'impression de l'aimer toujours plus. On a commencé tranquillement, puis on en a bavé, encore une fois on se prend un taquet dans l'arrière du crane mais ça n'entache rien. C'est même tout l'inverse. Comme si rien ne pouvait altérer la solidité du lien qu'on tisse à notre rythme depuis quelques temps.
« Crois moi j’suis le premier, enfin le second, à vouloir aller dépouiller ce fils de chacal… Mais comme toi avec Gavyn, j’vais la jouer fine. La vengeance est un plat qui se mange froid. »
Je ne m'en réjouis pas pour la simple et bonne raison que j'aurai préféré que rien de tout ça ne se produise en premier lieu mais c'est là alors on va faire avec et au même titre qu'il ne m'empêche jamais d'être moi-même j'irai pas à l'encontre de la façon dont il veut et va gérer tout ça. Tout ça, on le fera ensemble. Pour l'instant je suis simplement encore trop engourdi pour réellement y penser maintenant que c'est relégué au second plan. Parce qu'on passe en premier.
« J’vais envoyé un message à Macy pour leur dire de pas s’inquiéter et que j’les rejoints dans dix minutes. » « Ok. »
Je laisse à son message et ferme les yeux une seconde en roulant mes épaules pour dénouer mes muscles un peu plus. Je me dis qu'une fois qu'il sera parti je retournerai peut-être un peu à l'eau avant de rentrer puis d'aller bosser.
« En attendant, que tous ces fils de pute de cette planète me laisse au moins le temps de profiter d’un câlin avec mon mec sur une plage paradisiaque, si c’est pas trop d’mandé. »
Mon sourire il l'efface de ses lèvres et je me laisse retomber en arrière jusqu'à m'allonger sur le sable comme il me pousse à le faire, capuche toujours sur la tête. La sienne vient se poser sur mon épaule et mon regard se rive sur le ciel au dessus nous. Mes deux bras l'enserrent et je lui embrasse le front, bercé par le ressac et l'océan qui va sans doute finir par venir nous chatouiller les pieds. Je m'égare un peu dans ma tête, tache de ne pas trop accorder d'importance à ces choses qui me tracassent. Impossible de totalement reléguer Gavyn et la menace qu'il peut représenter au second plan mais je me fais violence pour me vider l'esprit de tout ça au maximum en me disant que je m'inquiète sans doute pour rien. Et que si c'est pas le cas on verra ça plus tard. Le cri des goélands, le bruit des vagues, son cœur qui bat à un rythme différent du mien et son odeur dont je m'imprègne comme à chaque fois qu'il est contre moi ... Ça me donne le sourire, ça me donne une idée.
« File moi ton pull avant de repartir. »
Pas besoin de voir son visage pour savoir qu'il sourit, qu'il comprend parfaitement où je veux en venir. Il connait plus que par cœur mes lubies un peu étranges et je crois qu'il les aime bien. Non, je le sais. Tout comme je sais qu'il va repartir d'ici avec mon sweat pour exactement les mêmes raisons. En attendant j'ai qu'une hâte, qu'on se casse rien que tout les deux pour de bon et pas juste pour quelques minutes ou quelques heures.
▬ FIN ▬
Enzo S. Ryans
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