Home sweet home - Jayden

« Il est à vous si vous me le retapez. »

Telle avait été la conclusion du propriétaire. La location s’était ainsi formulée en ces termes. Le jeune homme était encore en hésitation et il lui fallait s’assurer qu’ils auraient assez d’apports pour financer cette maison. D’ailleurs, il n’en avait pas encore parlé à Mack ou à qui que ce soit d’autre car Takuma envisageait de déménager également tout le monde. Ainsi, cette maison pourrait bien être une chouette transition. Ainsi, le jeune homme avait proposé de travailler dessus au black en attendant. Avec son travail au club de duel, il amasserait une somme bien plus convenable, surtout qu’il lui arrivait également d’aider un peu au bar d’en dessous. Bref, il était passé d’une véritable larve lors de son arrivée, à passer sa vie sur le canapé à cuver sa bouteille à un acharné de travail – ou du moins ça n’allait pas tarder. A s’être fait couper les vivres, il s’était mis à enchaîner les emplois afin d’amasser une certaine somme pour pouvoir déménager. Il fallait dire que s’éloigner de l’appartement où son père l’avait repéré afin de ne pas avoir de nouvelles mauvaises visites avait de quoi motiver. Ainsi, le jeune homme était ressorti de là motivé comme jamais… à compléter les lacunes de son cv. En effet, s’il avait déjà donné des coups de main à droite à gauche, on ne pouvait pas vraiment dire qu’il s’y connaissait réellement en maçonnerie ou quoi que ce soit d’autre. Ainsi, après avoir retrouvé monsieur pot-de-glue, le jeune homme était passé à la bibliothèque magique pour y dénicher un certain nombre d’ouvrages qu’il s’était mis à étudier avant de se dire que… franchement, cette ambiance ne lui ressemblait absolument pas.

Les bouquins empruntés, il avait donc transplané, embarquant avec lui le cabot pour une raison qui lui échappait intégralement. Ce fut donc sur une plage isolée thaïlandaise que le jeune homme s’était posé afin d’étudier, profitant de la vue en se délectant de la sublime sensation d’avoir laissé ses emmerdes derrière lui. Assis dans le sable, le soleil frappant sa peau, il mit un temps à détacher son regard des lieux afin de se décider à apprendre dans les ouvrages magiques comment il pourrait bien faire. Le chiot lui s’éclatait totalement, partit se rouler dans l’eau sans complexes, il s’était rapidement désintéressé de l’humain qui l’avait amené ici de sorte que, quand Alec se redressa quelques heures plus tard, il ne se souvenait pas de la présence de l’animal.
Ce ne fut que de retour à Londres qu’il se rendit compte de son oubli… et ne fit demi tour qu’une bonne demi heure plus tard, agacé d’y penser à chaque fois qu’il croisait un chien.

C’est ainsi de nouveau en bonne compagnie de sa bestiole mouillée que le jeune homme revient à Londres, du côté de Mayfair, là où se trouvait la fameuse maison. Ayant transplanné dans l’un des parcs qui longeait le quartier sorcier, le jeune homme lançait des regards désespéré à l’animal trempé et blindé de sable qui l’avait retrouvé en trois minutes trente lorsqu’il était retourné en Asie pour le chercher. Ça allait être mignon à nettoyer à l’appartement ça. Mais son attention fut retenue par quelque chose de bien plus intéressant : une jolie rousse sur un banc. Et son cœur loupa un battement. L’instant suivant il se hâtait de la rejoindre en criant son nom pour attirer son attention, le cabot sur les talons.

L’Irlandaise était sortie. Un portail l’avait amenée au loin et elle s’était retrouvée dans un lieu qu’elle n’avait jamais vu. L’adrénaline retombant, elle avait manqué de défaillir sous la douleur de son bras brisé. Jusqu’ici elle avait réussi à faire abstraction du mal qui la rongeait, le dernier sortilège qui l’avait frappée l’avait un poil désorientée, mais ça n’était rien par rapport à cette fracture sordide. Putain de cognard. On l’avait emmenée, examinée, interrogée dans tous les sens du terme. Viré cette marque qui la rattachait à ce lieu de perdition qu’était cette école. École qui n’avait plus rien d’une école à son sens. Deux semaines de soins et rééducations en tout genre. Elle avait douillé les premiers jours, la fracture était mauvaise et si elle ne voulait garder aucune séquelle, il lui faudrait jouer les assidues. On l’avait bardée de potion et au fil des jours, elle avait retrouvé sa mobilité. Petit à petit, sa main avait regagnée en précision, la douleur s’était faite plus ténue. On lui avait dit que ça resterait sûrement sensible un moment et qu’il lui faudrait être patiente.

Au bout d’une quinzaine de jours, on n’avait plus de raison de la garder. Sa blessure n’était plus, elle restait douloureuse par moment et sur certains mouvements, mais elle avait besoin de sortir au risque de devenir folle entre ces murs. Quand on l’avait faite sortir, deux sorciers s’étaient chargés d’effacer tout souvenir concernant l’endroit où elle avait été soignée. Endroit tenu secret par la garde, elle savait juste qu’on l’avait soignée mais aurait été incapable de donner plus de précision quant au déroulement précis et surtout sur la situation géographique de l’hôpital magique. Quelques galions en poche pour qu’elle puisse s’éviter la rue, la belle avait songé un instant à rejoindre l’Irlande pour retrouver des repères familiaux. Elle avait transplané jusqu’à chez sa mère… s’était même avancée jusqu’à la porte. Elle avait hésité un long moment avant de finalement se faire prendre de court par sa mère qui rentrait d’elle ne savait où. Retrouvailles après deux ans de séparation, la jeune femme avait eu besoin de renouer un peu avec sa famille pour s’assurer que tout allait bien, et peut-être aussi pour rassurer la femme qui l’avait mise au monde. Sa mère lui avait demandé de rester, la jeune femme avait longtemps hésité avant de lui faire la promesse qu’elle ne partirait plus jamais aussi longtemps et qu’elle lui donnerait des nouvelles régulièrement. Mal à l’aise avec cet élan maternel, c’est tout ce qu’elle avait pu lui répondre. L’Irlandaise était partie le lendemain en fin de journée regagnant la capitale Anglaise sans trop savoir pourquoi. La lettre de Jordane en tête, elle n’avait pas encore eu le temps de lui répondre. Retrouver Alec et Mack, oui mais par où commencer ?! Elle avait tenté d’entrer en contact avec la belle tout l’été sans succès et depuis sa sortie de l’école en septembre, silence radio de la part d’Alec et sans le moindre indice, la tâche lui semblait fichtrement ardue ! Une discussion avec Mack un jour l’avait poussée à se rapprocher de la capitale anglaise. Au pire, elle réussirait à se faire à la vie londonienne sans mal, le temps de trouver un moyen de faire sortir les autres de Poudlard.

La belle s’était finalement posée sur un banc, la nuit commençait à tomber doucement. Journée plus fraiche, elle endurait sérieusement sa veste et ses chaussures montantes pour le coup. Son esprit divaguait sérieusement alors qu’elle se demandait où elle pourrait squatter ce soir. Elle avait déjà repéré une auberge de jeunesse en centre ville, ou elle irait trainer dans un bar et se ferait inviter dans le pire des cas. On l’avait interpelée, ce qui n’avait pas manqué de la surprendre, le ton n’était pas agressif, la voix plus que familière. En levant la tête, elle n’avait donc pas été surprise de tomber nez à nez avec un Alec accompagné d’un… ciel, une horreur sur pattes complètement ensablée en prime. Un Alec avait passé ses lèvres et son sourire s’était agrandi. Quand elle s’était levée pour le rejoindre, l’Irlandaise n’avait pas manqué de lui sauter au cou, bien trop ravie de lui remettre la main dessus et de le voir entier, bel et bien vivant.

« Bordel Alec si tu savais à quel point je suis contente de te voir ! »

C’était peut-être un poil expansif comme démonstration d’affection, mais la jeune femme était réellement contente de le retrouver. Un long moment elle l’avait serré dans ses bras, se gavant de sa présence dans un sourire. Y avait jamais eu de sentiments entre eux, si ce n’est de l’amitié et plus, mais ça ne l’empêchait pas d’éprouver de l’affection pour lui.

« Tu vas bien ? Tu as retrouvé Mackensie ? J’ai toujours pas de nouvelles de sa part. »

La voir ainsi, si simplement posée sur un banc public lui avait totalement coupé le souffle. Persuadé un moment qu’elle ne pouvait pas être tout bêtement là, devant ses yeux, le jeune homme avait cru qu’il hallucinait complètement. Pourtant, elle s’était bien retournée lorsqu’il l’avait appelée. Dorofei lui avait dit qu’elle avait sans doute réussi à sortir de Poudlard lors de leur attaque mais il n’avait pas de nouvelles depuis malgré les efforts qu’il avait faits pour la retrouver. Bien sûr, il lui avait envoyé des lettres mais celles-ci lui étaient revenues ou étaient restées sans réponses, comme lorsqu’il les lui avait envoyées à Poudlard. Soit elle ne les recevait pas, soit elle ne pouvait pas y répondre, pour une raison ou un autre. Genre parce qu’elle était morte. Bien sûr, c’était une possibilité qu’il ne pouvait qu’imaginer. Il n’aurait pu faire autrement vu la situation. Alors – oubliant d’ailleurs totalement le chien – Alec s’était précipité vers elle lorsqu’elle s’était retournée, lui offrant un grand sourire joyeux. Rapidement, elle s’était retrouvée à sa hauteur, lui sautant dans les bras tandis qu’il la réceptionnait en encaissant le choc, assez peu conscient de l’animal qui sautait à côté d’eux, tout heureux de partager une joie à laquelle il ne comprenait sans doute rien. Mais les humains étaient heureux, c’était le principal. Et il avait raison d’ailleurs. Jayden allait bien, c’était tout ce qu’Alec voyait en cet instant, oubliant même le sentiment de culpabilité qui l’avait enseveli lorsqu’il avait pu retrouver Julian. La réaction de l’irlandaise aidait beaucoup d’ailleurs.

« Bordel Alec si tu savais à quel point je suis contente de te voir ! »
« Et moi alors ! »

La serrant contre lui, il poussa un soupire de soulagement intense alors que ses doigts se glissaient dans ses cheveux, comme pour s’assurer qu’elle était bien là, contre lui. Qu’il ne rêvait pas. Le sourire aux lèvres et les yeux humides, il l’avait gardée contre lui, respirant soudainement mieux, immensément soulager de la voir en bonne santé.

« Tu vas bien ? Tu as retrouvé Mackensie ? J’ai toujours pas de nouvelles de sa part. »

Un hochement de tête alors qu’il la repoussait un peu pour la regarder une seconde, s’emplissant de ces yeux rieurs, de ce regard fort, de ces traits si longtemps restés loin.

« Elle va bien. Elle n’allait pas bien mais maintenant ça va. Et je vais bien. Et toi ?! J’ai su que tu étais sortie mais pas moyen de te contacter, pas de nouvelles, tu ne répondais pas à mes lettres. D’ailleurs la plupart me revenaient, comme si les hiboux n’arrivaient pas à te trouver. Ou que t’étais pas apte à recevoir une lettre quoi… J’ai cru qu’ils t’avaient repris ou que tu étais morte de blessures ou je ne sais quoi. »

Il l’aurait bien palpée partout pour vérifier qu’elle était entière tient ! Mais il se contenta d’un baiser.

« Et Jordane ?! Tu sais si ça va ? J’ai reçu une lettre, il parait qu’elle est toujours là-bas. Volontairement en plus ! Tu confirmes ? »

Peut-être en savait-elle plus.

« Et moi alors ! »

L’irlandaise avait le sourire, deux semaines qu’elle n’avait pas croisé un regard amical, ni même un visage familier. Elle devenait folle à Poudlard, bien sûr Jordane était là et les autres également mais elle en avait assez de vivre sous le joug des supérieurs. Elle avait besoin de concret, de sortir de là et de vivre sa vie loin de toute école assujettie à une dictature. La jolie rousse avait souri, vraiment heureuse de sentir ses bras l’enserrer de la sorte. Parce que ça lui faisait un bien fou et que ça lui avait manqué cruellement. Et elle se disait qu’elle aurait peut-être des nouvelles de Mack et aurait un point de chute autre qu’une auberge de jeunesse.

« Elle va bien. Elle n’allait pas bien mais maintenant ça va. Et je vais bien. Et toi ?! J’ai su que tu étais sortie mais pas moyen de te contacter, pas de nouvelles, tu ne répondais pas à mes lettres. D’ailleurs la plupart me revenaient, comme si les hiboux n’arrivaient pas à te trouver. Ou que t’étais pas apte à recevoir une lettre quoi… J’ai cru qu’ils t’avaient repris ou que tu étais morte de blessures ou je ne sais quoi. »

La belle avait froncé les sourcils à l’évocation des soucis de Mack, pas certaine de bien comprendre l’importance du drame qui s’était joué en son absence. L’irlandaise se laisse embrasser avant de s’éloigner juste assez pour lui faire face.

« Et Jordane ?! Tu sais si ça va ? J’ai reçu une lettre, il parait qu’elle est toujours là-bas. Volontairement en plus ! Tu confirmes ? »
« Ca va… Je suis sortie y a… deux semaines environ… Y a eu une attaque à Poudlard, un groupe extérieur… J’ai été blessée par un cognard ensorcelé… »

Elle lève le bras juste assez pour lui montrer là où se situe le mal.

« Connor s’est révélé au grand jour et mon bras a sérieusement morflé. Les médicomages ont dit que je ne garderai sûrement aucune séquelle, mais pour le moment c’est encore un peu douloureux selon les mouvements. Je crois que j’étais dans un lieu caché, j’me souviens pas vraiment de tout… Je sais juste qu’on m’a soignée et donné de quoi m’en sortir quelques jours. Le reste on me l’a effacé.

Par sécurité pour couvrir les traces de la Garde, c’était la condition pour rester là-bas et elle n’avait jamais cherché à échapper à l’obliviate !

« Jordane est toujours là bas… J’ai essayé de la prévenir, mais je sais plus trop ce qu’il s’est passé. La douleur m’a fait tomber dans les pommes. J’peux pas vraiment t’éclairer plus… elle allait bien quand je suis partie, mais c’était y a pratiquement trois semaines… »

Et trois semaines dans un contexte pareil… il pouvait s’en être passé des choses ! Dans sa dernière lettre, elle avait appris que Jordane savait pour Sovahnn. Elle avait gardé le secret pour son bien, ne savait même pas quelle décision elle avait prise à propos de cet enfant en devenir. Elle lui enverrait une lettre bientôt.

« C’est quoi cette histoire à propos de Mack ? Pourquoi j’ai l’impression d’avoir raté un truc énorme ! »

La jeune femme était vraiment sortie de nulle part. Il avait sut qu’elle était dehors sans pour autant avoir la moindre nouvelle et soudainement, la voilà devant lui, par pure coïncidence. Comme s’il n’y avait rien d’étrange ou d’inquiétant dans tout ça. Ravi de la sentir réelle, contre lui, il n’avait pourtant pas tardé à demander des nouvelles de ceux qu’il savait rester là bas. Jordane en premier lieu. Elle était la dernière de leur groupe à être toujours coincée là bas. Enfin, coincée… pouvait-on réellement dire ça, sachant qu’elle avait apparemment prit sciemment cette décision absurde ?

« Ca va… Je suis sortie y a… deux semaines environ… Y a eu une attaque à Poudlard, un groupe extérieur… J’ai été blessée par un cognard ensorcelé… »
« Merde ça va ? T’étais où ? On t’a soignée ? »

Beaucoup de questions. Il avait l’impression d’avoir un petit côté flic ces derniers temps lorsqu’il retrouvait un visage connu de Poudlard. C’était toujours plus ou moins le même rituel et celui-ci comportait systématiquement un certain nombre de questions souvent déblatérées en vrac. Se faisant, il l’avait éloignée de lui quelques secondes pour la regarder de haut en bas, fixant notamment son bras. Comme si son regard pouvait suffire à identifier l’état de ses potentielles séquelles.

« Connor s’est révélé au grand jour et mon bras a sérieusement morflé. Les médicomages ont dit que je ne garderai sûrement aucune séquelle, mais pour le moment c’est encore un peu douloureux selon les mouvements. Je crois que j’étais dans un lieu caché, j’me souviens pas vraiment de tout… Je sais juste qu’on m’a soignée et donné de quoi m’en sortir quelques jours. Le reste on me l’a effacé.
« Je vois… »
« Jordane est toujours là bas… J’ai essayé de la prévenir, mais je sais plus trop ce qu’il s’est passé. La douleur m’a fait tomber dans les pommes. J’peux pas vraiment t’éclairer plus… elle allait bien quand je suis partie, mais c’était y a pratiquement trois semaines… »
« Merde…. Ouais c’est certain, il a pu se passer beaucoup de chose entre temps, mais bon c’est déjà ça disons. Tu sais si elle a participé à la bataille ? Enfin la connaissant je me doute que oui mais bon. Et donc Connor s’est révélé être un gros connard ? Genre… sans blagues ?! Je suis sur le cul dis donc… »

Cynisme bonjour.

« C’est lui qui te l’a envoyé le cognard ? »

Balancer des cognards ensorcelés dans la foule revenait un peu à se servir de boulets de canon sans réellement viser. Tirer dans le tas. Et de ce qu’il avait pu voir, il n’avait en effet aucune envie de s’en prendre un.

« C’est quoi cette histoire à propos de Mack ? Pourquoi j’ai l’impression d’avoir raté un truc énorme ! »
« Euh... Parce que tu as en effet loupé un truc énorme. »

Plus que ça même.

« Je l’ai épousé. Contraint et forcé mais quand même. Tu as des affaires ici ou tu habites déjà quelque part ? D’ailleurs tu viens d’où là ? »

Le retour des questions en vrac.

« Parce que tu peux venir chez nous peut-être déjà, on sera mieux pour parler. Et Mack se fait aussi un sang d’encre pour toi, alors si je ne te ramène pas ligotée sur mon épaule, elle risque de m’étrangler. Et bon, comme première dispute de jeunes mariés, on a fait mieux. »

Se disputer à propos de l’amante régulière tu veux dire ? Oui, c’est vrai que c’est rare…
Et remarquons au passage à quel point il enfonce le clou volontairement le bougre.

« Bon… par contre on habite avec deux joyeux lurons chiants au possible. Dis-toi qu’on pouvait difficilement faire pire et tu auras les noms. »

Joyeux lurons. Oui, j’assume.

« Merde…. Ouais c’est certain, il a pu se passer beaucoup de chose entre temps, mais bon c’est déjà ça disons. Tu sais si elle a participé à la bataille ? Enfin la connaissant je me doute que oui mais bon. Et donc Connor s’est révélé être un gros connard ? Genre… sans blagues ?! Je suis sur le cul dis donc… »

L’Irlandaise avait souri à l’allusion très peu subtile. Oui Connor était un connard fini, sûrement de la pire espèce qui soit, mais là il ne pouvait clairement plus nier l’évidence bien que personne n’eut été dupe durant les dernières années.

« Et moi donc, je m’y attendais tellement pas ! Et tu connais Jordane, je doute qu’elle soit restée dans un coin cachée à attendre que l’orage passe. Mais sa lettre n’en disait pas plus, j’pense qu’elle va bien, mais je ne peux pas t’éclairer plus… »

Par contre Sovahnn est enceinte, mais ça elle se garderait bien de le dire, d’autant qu’elle ne savait pas sa décision… et puis elle estimait ne pas avoir à le crier sur tous les toits, même s’il s’agissait d’Alec.

« C’est lui qui te l’a envoyé le cognard ? »
« Oui, j’ai réussi à repousser un certain nombre de fois, mais cette maudite balle a fini par me percuter de plein fouet alors que je tendais ma baguette sur un des attaquants. »

La belle rousse avait grimacé en se remémorant la scène, le bruit des os qui se brisent et la douleur qui en découle. Elle ne risquait pas de l’oublier celle-là ! Enfin, assez parlé d’elle, la jeune femme n’était pas en sucre, elle finirait par s’en remettre tôt ou tard. En revanche, l’annonce qu’il s’apprête à lui faire ça, elle n’était pas préparée !

« Euh... Parce que tu as en effet loupé un truc énorme. »

Là il avait gagné toute son attention. Quelle connerie ces deux là avaient-ils bien pu faire encore, enfin surtout lui en fait, quoique !

« Je l’ai épousé. Contraint et forcé mais quand même. Tu as des affaires ici ou tu habites déjà quelque part ? D’ailleurs tu viens d’où là ? Parce que tu peux venir chez nous peut-être déjà, on sera mieux pour parler. Et Mack se fait aussi un sang d’encre pour toi, alors si je ne te ramène pas ligotée sur mon épaule, elle risque de m’étrangler. Et bon, comme première dispute de jeunes mariés, on a fait mieux. Bon… par contre on habite avec deux joyeux lurons chiants au possible. Dis-toi qu’on pouvait difficilement faire pire et tu auras les noms. »

Moment de bug intersidéral, et l’autre qui change de sujet en deux deux, comme si elle allait se contenter de si peu. Sur le coup, elle ne l’avait pas cru et puis un simple coup d’œil à sa main gauche avait suffi à confirmer la chose. Une alliance, rien que ça… bordel de merde combien de temps elle avait passé dans cet hôpital au juste ?

« T’es sérieux ? Tu me balances que t’es marié, avec Mack dont on n’a plus de nouvelles depuis des mois… que visiblement t’as pas eu le choix et qu’elle va mieux ? Bordel mais qu’est-ce qu’il s’est passé au juste ? »

A croire on pourrait penser qu’elle n’est pas heureuse pour eux, alors qu’en fait dans son esprit c’est juste l’incompréhension qui règne. Parce qu’elle se doute que derrière ce mariage précipité il y avait sûrement une sale histoire dont elle n’avait pas les tenants !

« Et pour répondre à tes questions, j’étais en Irlande… quand je suis sortie je savais pas où aller, ni quoi faire alors… Et j’dis pas non à la proposition, même si les coloc de l’auberge de jeunesse seront peut-être plus agréables à vivre que… tu-sais-qui ! Par contre crois pas que j’en ai fini avec ton histoire de mariage, j’veux tout savoir dans les moindres détails ! »

Mine de rien, elle s’inquiète pour Mack !

« Et moi donc, je m’y attendais tellement pas ! Et tu connais Jordane, je doute qu’elle soit restée dans un coin cachée à attendre que l’orage passe. Mais sa lettre n’en disait pas plus, j’pense qu’elle va bien, mais je ne peux pas t’éclairer plus… »
« Ouais bon c’est déjà ça ! Je lui fais confiance…. Même si elle se mettra sans doute vite dans la merde. »

Etrangement, la jeune femme était plus calme au début. Mais plus le temps avançait, plus elle révélait ses tendances à chercher la merde, ce qu’elle ne faisait absolument pas à son arrivée. Comme quoi, c’était peut-être la situation elle-même ou bien les Supérieurs qui provoquaient cette réaction chez eux.

« C’est lui qui te l’a envoyé le cognard ? »
« Oui, j’ai réussi à repousser un certain nombre de fois, mais cette maudite balle a fini par me percuter de plein fouet alors que je tendais ma baguette sur un des attaquants. »
« Putain la saloperie… »

Connor ou le cognard, l’histoire ne le dit pas.

« C’est à Sovahnn qu’il fallait l’envoyer, elle a plus d’expérience sur le sujet. »

Non. Tellement pas. Enfin, pour l’expérience, si, mais pas pour le fait de le lui envoyer. Bien sûr, il disait ça sur le ton de la blague sans réel sérieux. Il semblait évident qu’il ne souhaitait pas qu’une amie soit plus blessée qu’une autre, pas besoin de le préciser. Simplement, en effet, l’une d’elles affrontait ces saloperies régulièrement sur le terrain. Mais elle risquait aussi de perdre un enfant si la balle sombre la percutait ; chose qu’il ne pouvait encore imaginer.

Tout comme Jayden ne pouvait imaginer que ses deux meilleurs amis s’étaient mariés.

« T’es sérieux ? Tu me balances que t’es marié, avec Mack dont on n’a plus de nouvelles depuis des mois… que visiblement t’as pas eu le choix et qu’elle va mieux ? Bordel mais qu’est-ce qu’il s’est passé au juste ? »
« Un sacré putain de bordel…. ! »

C’était rien de le dire ! Et oui en effet, vu comme ça, il lui semblait que Jayden avait loupé quelque chose comme huit mois de leur vie. Pourtant, ça n’était pas du tout le cas. Comme quoi, tout s’était enchaîné à une vitesse assez hallucinante.

« Et pour répondre à tes questions, j’étais en Irlande… quand je suis sortie je savais pas où aller, ni quoi faire alors… Et j’dis pas non à la proposition, même si les coloc de l’auberge de jeunesse seront peut-être plus agréables à vivre que… tu-sais-qui ! Par contre crois pas que j’en ai fini avec ton histoire de mariage, j’veux tout savoir dans les moindres détails ! »
« T’es sérieuse ?! »

Ravale tes reproches.

« Mais ça fait longtemps que t’y étais, en Irlande ? … Quelle idée d’être proche de sa famille franchement. »

Il fallait avouer que dans leur petit groupe, ils en tenaient une sacré couche sur le sujet. Comme quoi, ils allaient tous finir par se fonder une famille basée sur l’amitié plutôt que les liens du sang.
Enfin, ça et les serments inviolables qui amènent à des situations improbables.

« Bon, tu sais quoi ? Viens à l’appart déjà, on pourra parler tous ensemble… ou bien je te montre un projet méga secret avant. Parce que justement… jesaisqui est… sont particulièrement lourds à vivre. Alors depuis un moment, je bosse sur un appartement pas loin. Avec de la place pour toi cela dit au passage. Et pour les jumeaux bien sûr ! »

Il s’était déjà mit à marcher vers les lieux en question, ignorant l’air éberlué de Jayden. Oui il lui balançait comme ça qu’ils étaient mariés… et sortait une connerie sur des futurs enfants. Sincèrement, il préférait qu’ils soient seuls pour parler des choses délicates. Pas en plein parc comme ça.

Au fait.

« Ah oui merde, tu viens le cabot ?! »

Evidemment le chiot qui tournait jusque là autour de Jayden s’était retourné vers lui, retournant à ses côtés. Comment cet animal faisait-il pour le coller comme ça alors qu’il n’en faisait pas de même avec son propre maître ? Surtout qu’Alec n’était pas particulièrement sympathique avec lui.

« Ouais bon c’est déjà ça ! Je lui fais confiance…. Même si elle se mettra sans doute vite dans la merde. »

Ça l’avait fait sourire car tout ça collait assez bien à la personnalité de Jordane, et si elle n’avait pas rebondi sur le sujet, elle n’en pensait pas moins ! D’autant que le sujet Connor et donc Cognard était posé. Là encore elle ne chercherait pas à le contredire vu les séquelles qu’il y aurait pendant encore un temps sur sa personne. Pour le cas Sovahnn, vu son état… C’était peut-être mieux de ne rien dire de peur de balancer du dossier personnel, alors elle s’était contentée de sourire là-encore, préférant changer de sujet pour un sujet bien plus intéressant : UN MARIAGE ! Sérieusement, un putain de mariage et tout ça en douce ! Si ça c’était pas suspect !

« Un sacré putain de bordel…. ! »
« Etrangement, je me doute… parce qu’aux dernières nouvelles t’étais pas franchement pro-mariage ! »

Contrairement à Mackensie, mais ça c’était une autre histoire et elle avait beau retourner le tout dans tous les sens… mis à part un drame de classe dix puissance mille, l’Irlandaise avait du mal à voir ce qui aurait pu les pousser à se marier aussi soudainement, alors quoi… c’était quoi le drame en question ?

« T’es sérieuse ?! »

Elle avait acquiescé, pas certaine de comprendre ce qu’il y avait derrière ces mots.

« Mais ça fait longtemps que t’y étais, en Irlande ? … Quelle idée d’être proche de sa famille franchement. »
« Non, je suis sortie ce matin et j’étais paumée. Je crois que j’ai eu besoin de rassurer ma mère… qu’elle sache que je suis en vie. Et j’avais besoin de rentrer… »

Il ne comprendrait peut-être pas, à vrai dire, l’Irlandaise ne ressentait pas le besoin de se justifier. En sortant de là après pratiquement deux ans cloitrée, le monde lui avait semblé immense et angoissant, elle avait eu besoin de retomber sur ses pieds, même pour une ou deux heures. Retrouver quelque chose qu’elle connaissait et familier pour rebondir !

« Bon, tu sais quoi ? Viens à l’appart déjà, on pourra parler tous ensemble… ou bien je te montre un projet méga secret avant. Parce que justement… jesaisqui est… sont particulièrement lourds à vivre. Alors depuis un moment, je bosse sur un appartement pas loin. Avec de la place pour toi cela dit au passage. Et pour les jumeaux bien sûr ! »
« Les jumeaux… Alec c’est une blague ? Alec ! »

Mais déjà il se tirait se lançant vers son projet secret suivi par le chien… et elle lui avait emboité le pas, la tête pleine de questions. Putain elle avait hiberné combien de temps au juste pour qu’ils se retrouvent mariés avec un appart, un chien et… des jumeaux… Non ce dernier point était bidon, elle en mettrait sa main au feu. Arrivés sur les lieux du projet secret, l’Irlandaise ne tenant plus en place, il était temps pour lui de parler, sans quoi elle allait devoir le torturer pour qu’il parle !

« Bon j’suis très intéressée par la visite guidée et j’suis sûre que tout ça est très sympa, mais faut que tu parles maintenant. Il est arrivé quoi à Mack et putain c’est quoi cette histoire de jumeaux ? Arrête de me faire tourner en bourrique et de repousser… tu peux pas me balancer que tes p’tites bombes et changer de sujet. »

« Un sacré putain de bordel…. ! »
« Etrangement, je me doute… parce qu’aux dernières nouvelles t’étais pas franchement pro-mariage ! »
« Hm j’me suis levé un matin avec une folle envie de bague au doigt, c’est devenu une obsession. »

Pas tout à fait faux comme affirmation. Dès le retour de Mack dans sa vie, cette histoire de mariage était en effet devenue une véritable obsession. On fait cela dit meilleure raison pour devenir un maniaque obsessionnel du mariage.

Oui, il l’avait vue tiquer à propos de sa question un peu abrupte. Il y avait de l’amertume là derrière mais sa réponse l’avait rassuré.

« Non, je suis sortie ce matin et j’étais paumée. Je crois que j’ai eu besoin de rassurer ma mère… qu’elle sache que je suis en vie. Et j’avais besoin de rentrer… »
« Ah ouf j’ai cru que t’étais restée là bas des jours sans nous prévenir, j’ai eu peur. On s’en faisait pour toi. J’ai su que tu avais réussi à sortir tout en étant blessée mais pas moyen d’avoir la moindre info où que ce soit. Et crois moi j’ai cherché. J’ai même mit Takuma sur le coup, c’est dire. »

C’est dire si elle était bien caché il ne savait pas trop où et qu’il n’était pas la meilleure personne pour arriver à trouver des informations comme ça, avec si peu d’indices, également. Takuma était plus doué à ce petit jeu, c’était une évidence, mais pas assez pour trouver quoi que ce soit. Alec ne savait pas où elle avait été soignée, mais il supposait dorénavant qu’il n’y avait pas que les hôpitaux gérés par les Supérieurs pour accueillir des gens. En savoir plus serait intéressant. Mais personne ne l’avait contacté suite au contact avec Dorofei et il ne savait pas comment faire mieux.

Qu’elle ait besoin de retourner voir sa famille ne le choquait pas, même si ça l’agaçait. Un certain contentieux avec le sujet. C’était pourquoi il ne s’était pas attardé là-dessus, préférant passer à la suite. Il n’avait aucune envie de parler de ce qui pouvait être délicat ici, en terrain découvert.

« Les jumeaux… Alec c’est une blague ? Alec ! »

Il était déjà parti, un petit sourire taquin sur les lèvres. Direction : la maison ! Ou du moins ce qui finirait bien par le devenir.

Ils avaient fini par arriver, là, dans le quartier sorcier, se dressaient de petites maisons jumelles. Il fallait passer par une petite cour pour atteindre celle qu’il rénovait. Une fois entrés, Jayden se déchainait déjà.

« Bon j’suis très intéressée par la visite guidée et j’suis sûre que tout ça est très sympa, mais faut que tu parles maintenant. Il est arrivé quoi à Mack et putain c’est quoi cette histoire de jumeaux ? Arrête de me faire tourner en bourrique et de repousser… tu peux pas me balancer que tes p’tites bombes et changer de sujet. »
« Je retape une baraque, et ça te choque pas plus que ça ? Franchement j’attendais des encouragements ! »

Quoi par rapport au mariage, ça n’était rien ?! Roh, ça reste vexant.
Lâchant un petit sourire, le jeune homme avait attrapé une bieraubeurre pour la tendre à la jeune femme avait de s’assoir en tailleur au sol à côté d’un bar.

« Inspiration moldus, histoire de faire rager les deux familles. Et dire que tous les non sorciers s’emmerdent à tout faire à la main... »

La magie ça aide tellement…. Comment ça je te fais mariner ? Mais non si peu.

« Bon, nan, sérieusement, j’aurais aimé avoir un truc plus fort à boire parce que c’est pas simple à avaler. Mack a fait un serment inviolable avec son père. Elle devait se marier le 26 Septembre. Et le mec choisi par sa famille était un connard. Enfin, sur l’échelle des connards, il est largement au dessus de moi je veux dire. »

…

« Il la cognait. Elle a cru qu’elle pourrait s’en sortir… et on ne lui en a pas vraiment donné l’occasion. Après qu’elle ait débarqué chez nous, j’ai essayé de voir sa famille mais pas moyen d’en tirer quelque chose. J’ai vraiment envisagé de tuer son père en cours de route. Mais bon il parait que le meurtre ne résout pas tout alors… »

Bah alors on s’est marié quoi. Il avait agité sa main gauche d’un air un peu dépité.

« Hm j’me suis levé un matin avec une folle envie de bague au doigt, c’est devenu une obsession. »

Hilarant, étrangement la belle se doutait qu’il y avait un drame qui s’était joué et qui surtout lui échappait complètement ! Et sincèrement, la rouquine ne savait pas encore si elle devait s’inquiéter plus que de raison ou alors se rassurer du fait que ces deux là se soient déclarés leur flamme !

« Ah ouf j’ai cru que t’étais restée là bas des jours sans nous prévenir, j’ai eu peur. On s’en faisait pour toi. J’ai su que tu avais réussi à sortir tout en étant blessée mais pas moyen d’avoir la moindre info où que ce soit. Et crois moi j’ai cherché. J’ai même mis Takuma sur le coup, c’est dire. »
« Je pouvais pas communiquer avec l’extérieur… mais non j’ai pas passé 3 semaines là-bas… »

Elle avait l’impression de devoir se justifier et ça la brimait un peu, autant être franche. Et il avait du le voir ou le sentir, car il n’avait pas enchainé sur le sujet, préférant lui balancer une nouvelle bombe au risque de lui faire avoir une attaque avant de se tirer avec un sourire aux lèvres… le genre qui lui donnait envie de le plaquer au sol pour lui arracher les informations ! Et c’était pas tant le sujet de la maison que tous ces non-dits qui étaient en train de la faire tourner en bourrique !

« Je retape une baraque, et ça te choque pas plus que ça ? Franchement j’attendais des encouragements ! »

Bras croisés sur la poitrine, sourcil arqué et un air clairement interrogateur. Accouche Rivers où j’te jure que j’te fais parler ! Voilà ce que criait son regard ! Elle l’avait suivi du regard aller chercher de quoi faire passer la pilule.

« Inspiration moldus, histoire de faire rager les deux familles. Et dire que tous les non sorciers s’emmerdent à tout faire à la main... »

Insiste encore un peu et j’te jure que ça va pas l’faire ! Et bizarrement ça ne faisait qu’aller dans le sens du drame.

« Bon, nan, sérieusement, j’aurais aimé avoir un truc plus fort à boire parce que c’est pas simple à avaler. Mack a fait un serment inviolable avec son père. Elle devait se marier le 26 Septembre. Et le mec choisi par sa famille était un connard. Enfin, sur l’échelle des connards, il est largement au dessus de moi je veux dire. »

Ok ça craint !

« Il la cognait. Elle a cru qu’elle pourrait s’en sortir… et on ne lui en a pas vraiment donné l’occasion. Après qu’elle ait débarqué chez nous, j’ai essayé de voir sa famille mais pas moyen d’en tirer quelque chose. J’ai vraiment envisagé de tuer son père en cours de route. Mais bon il parait que le meurtre ne résout pas tout alors… »
« Putain de bordel de merde ! »

Ouais le par Merlin c’est pas assez violent pour exprimer le truc alors que l’image de Mack en train de se faire tabasser par son fiancé lui filait des envies de meurtre.

« Comment elle va ? Pas physiquement j’entends… Et ce type il est toujours en vie ? »

Elle avait du mal à concevoir qu’on puisse tabasser une femme comme Mack en réalité. Elle était le genre de personne avec qui il était aisé de vivre et elle était à des années lumières de l’annonce qui venait de lui tomber sur le coin de la figure.

« Comment vous faites pour vous mettre dans des situations aussi merdiques vous deux ?! Sérieusement j’ai l’impression que vous attirez les merdes à tour de bras ! Alors soit quelqu’un vous en veut personnellement, soit vous avez vraiment du faire des choses horribles dans une vie antérieure ! »

Elle ne croyait pas vraiment aux histoires de destinée ou même de karma, mais elle avait la triste sensation d’avoir en face d’elle des amants sévèrement maudits ! Elle avait finalement porté la boisson jusqu’à ses lèvres.

« Et toi comment tu le vis ? Sans les beaux discours à deux balles pour pas la blesser… »

Elle se doutait que la situation devait être critique par moment en lui.

Oui, il faisait le malin. Sans doute parce que c’était plus simple comme ça, et parce qu’il n’avait aucune envie de rentrer dans le mélo. Et puis, ils venaient de se retrouver. Les retrouvailles lourdes, pleines de rancœurs, douloureuses et tendues, il avait déjà donné. Pas besoin de recommencer. Et puis, c’était de Jayden dont on parle. Ils étaient forcément tous les deux touchés par ce qui s’était passé et Alec avait du mal à savoir comment aborder ça sans que les choses soient trop lourdes. D’autant qu’il n’appréciait pas particulièrement en parler et se rappeler de tout ça. L’imaginer dans une telle situation était toujours aussi douloureux et réveillait en lui de fortes envies de meurtre.

« Putain de bordel de merde ! »
« Ouais comme tu dis. »

C’était globalement la chose la plus censée à dire d’ailleurs.

« Comment elle va ? Pas physiquement j’entends… Et ce type il est toujours en vie ? »

Il n’avait pu s’empêcher de grimacer en l’entendre prononcer ces questions. L’une comme l’autre étaient délicates à traiter.

« Eh bien… c’est pas top. Elle a passé l’état de choc je crois. Elle essaye de faire avec tous les jours et de passer à autre chose.  Mais elle a vraiment fini dans un sale état crois-moi… ça passera pas si vite. »

Il s’inquiétait beaucoup pour elle. D’autant que concernant ce genre de choses, le jeune homme avait plutôt tendance à se taire et à remiser ça dans un tout petit coin de son esprit en espérant qu’à force de le cacher loin, ça finirait par disparaitre. Cependant, ça n’avait marché pour personne, cette fameuse technique. Et Mack n’était ni lui ni Janie.

« Et le type…. Est en sursis. »

C’était un bon résumé. Prenant une voix grave et glauque, imitant presque un Walter White, il avait rajouté.

« Il craint mon nom ! »

Ce qui n’était sans doute pas faux. Jayden devait parfaitement se douter qu’il ne l’avait pas laissé tranquille.

« Comment vous faites pour vous mettre dans des situations aussi merdiques vous deux ?! Sérieusement j’ai l’impression que vous attirez les merdes à tour de bras ! Alors soit quelqu’un vous en veut personnellement, soit vous avez vraiment du faire des choses horribles dans une vie antérieure ! »
« Hm un peu des deux je suppose. On part en vrille quand t’es pas là tu sais ?! »

Oui, leur karma ne devait pas être bon… ou les personnes les entourant.

« Et je crois qu’on fait vraiment BEAUCOUP de choix de merde. »

A ce jeu là, ils étaient très doués !

« Et toi comment tu le vis ? Sans les beaux discours à deux balles pour pas la blesser… »
Petit rire. « Sans les beaux discours hein ? » Comme quoi, elle le connaissait bien. « J’ai une envie de baiser… phénoménale. »

Grand sourire débile. Voilà. Merci Alec. Cela dit, ça n’était pas faux. Et sans doute pas uniquement tourné envers sa FEMME.
Et quelque chose lui disait que sa petite blague débile ne serait pas suffisante pour Jayden. C’était d’ailleurs peut-être la seule personne à pouvoir réellement le comprendre et ne pas lui sortir le couplet classique du ‘boarf, tu l’aimes, elle t’aime, arrêtez de vous prendre la tête merde’.

« Je… me sens pris au piège. Je sais, c’est con parce qu’il y a un truc entre nous, tout ça. Mais j’suis pas prêt pour ça et j’ai l’impression qu’il n’y a pas de bonnes solutions dans l’histoire. »

« Eh bien… c’est pas top. Elle a passé l’état de choc je crois. Elle essaye de faire avec tous les jours et de passer à autre chose. Mais elle a vraiment fini dans un sale état crois-moi… ça passera pas si vite. »

Elle avait grimacé en imaginant la scène. Et encore, elle ne pouvait s’imaginer l’état dans lequel il l’avait récupérée. Un type pouvant frapper juste pour le plaisir, ça laisserait sûrement des traces indélébiles qu’aucune magie ne pourrait effacer.

« Elle est forte, j’suis sûre qu’elle saura rebondir. Elle en parle ? »

Quelque chose lui disait qu’elle devait sûrement éviter le sujet avec lui. Par crainte d’attiser les flammes de colère qu’elle pouvait discerner dans ses prunelles et surement par instinct de protection vis-à-vis de lui.

« Et le type…. Est en sursis. Il craint mon nom ! »

L’Irlandaise avait acquiescé d’un signe de tête. Une bonne chose, bien qu’à son sens il ne méritait pas de vivre sa petite vie de façon libre. Malheureusement pour lui, il s’était attaqué à la mauvaise fille. Alec lui ferait payer au centuple ce qu’il avait bien pu faire à Mackensie. Et elle en ferait sûrement autant une fois remise sur pieds si l’occasion se présentait.

« Hm un peu des deux je suppose. On part en vrille quand t’es pas là tu sais ?! »
« C’est c’que je vois… je sors quelques mois de vos vies et je vous retrouve mariés… et toi en train de retaper une baraque pour vous y installer. Tu nous prévois une happy end avec un ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ? »

Elle porte mon verre amusée par la situation et au bordel qu’il doit y avoir dans sa tête ! J’avoue que ça a de quoi choquer, plus qu’elle débarquant en Irlande chez sa mère si vous voulez mon avis !

« Sans les beaux discours hein ? » […] J’ai une envie de baiser… phénoménale. »

Et là c’est le drame, car voyez-vous lorsqu’on boit et qu’on vous sort une connerie pareille, ben vous ne pouvez pas vous empêcher de pouffer… En l’occurrence, la belle s’était mise à tousser en avalant de travers.

« Très fin, vraiment… dommage que je n’couche pas avec les hommes mariés ! »

C’est contre ses principes !

« Je… me sens pris au piège. Je sais, c’est con parce qu’il y a un truc entre nous, tout ça. Mais j’suis pas prêt pour ça et j’ai l’impression qu’il n’y a pas de bonnes solutions dans l’histoire. »
« C’est ptet con mais j’crois que tu te mets une pression que personne te d’mande… C’est qu’une bague et finalement qu’une formalité… Tu devrais pas te prendre autant la tête ! »

La rousse en est sûre il y a des tonnes de non-dits dans leur relation et cette bague ne doit rien arranger.

« Qu’est-ce qu’elle change cette bague au juste ? Et pourquoi ne pas annuler le mariage en secret si vraiment c’est le souci ? Personne n’en saurait rien… »

Oui, bon j’avoue c’est ptet un peu radical, mais sur ce coup elle avait balancé ça sur un coup de tête.

« Elle est forte, j’suis sûre qu’elle saura rebondir. Elle en parle ? »
« Pas trop. C’est une bonne chose que tu sois revenue, tu seras sans doute une meilleure oreille que je le suis. »

Il n’aimait pas parler de ça, c’était clair et net. Il ne lançait pas le sujet, l’évitait et se sentait mal à l’aise vis-à-vis de ça. Lui-même ne parlait pour ainsi dire jamais de ce qui s’était passé chez lui et il était clair qu’avec le recul, il ne donnait pas le bon exemple pour elle. Mais ça, il n’irait pas non plus le dire à Jayden. Lui-même n’en était pas encore à l’acceptation. Lui-même n’arrivait pas à le gérer et la conversation qu’il avait eut avec Caitlyn n’aidait en rien. Le pauvre chouchou qui s’était fait cogné… ouais, non, il n’avait aucune envie de l’aborder de nouveau. Jusque là, ça n’était venu que s’il était forcé de se justifier. Oui, face aux marques, il le balançait comme ça, froidement, comme si ça n’était rien. Face au fait accompli, il agissait dans la fureur du moment. Mais lorsque les coups commençaient à dater, il ne l’abordait pas. Mack non plus. Et à la voir, il sentait que ça posait problème et qu’elle avait sans doute besoin de prendre du recul. Mais il ne savait pas comment l’aider.
Pour lui, ça passerait par la neutralisation du bourreau. Il neutralisait le sien, mais ça ne suffirait pas. C’était quelque chose qu’elle devrait faire elle-même pour avoir l’impression de reprendre le dessus sur lui et sur ce qu’il lui avait fait. Du moins, c’était comme ça qu’il le voyait.

« C’est c’que je vois… je sors quelques mois de vos vies et je vous retrouve mariés… et toi en train de retaper une baraque pour vous y installer. Tu nous prévois une happy end avec un ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ? »

Elle avait rit, il avait grimacé. Ils avaient bu.

« Tu déconnes mais t’imagines pas à quel point cette idée me fait flipper. »

Et si cette idée venait sur le tapis ? De la part de Mack, ça l’étonnerait, pas le connaissant. Mais d’un côté, c’était aussi quelque part ce qu’elle avait toujours voulu. Mais ça pouvait tout à fait venir de leurs familles. C’était l’étape suivante après tout non ? La suite logique. Putain il frôlait la tachycardie rien que d’y penser. Quand il pensait à Warren, cette idée lui semblait juste dingue.

« Très fin, vraiment… dommage que je n’couche pas avec les hommes mariés ! »
« Tu m’brise le cœur là. »

Et ça n’était pas totalement faux même si c’était dit sur le ton de la blague. Il n’avait pas pensé à ça mais… même avec elle ça risquait d’être compliqué. Putain de bordel de merde.

« C’est ptet con mais j’crois que tu te mets une pression que personne te d’mande… C’est qu’une bague et finalement qu’une formalité… Tu devrais pas te prendre autant la tête ! »
« J’en sais rien… peut-être… »

Ils n’en avaient jamais parlé, c’était clair. Pourtant il connaissait Mack et savait à quel point tout ça… c’était important pour elle. Ou du moins ça aurait dû l’être. Ça aurait dû être le plus beau jour de sa vie, marquant une nouvelle existence. Elle s’en était fait des films. Et elle aurait mérité tout ça, vraiment. Au final, non seulement elle se retrouvait mariée avec celui qu’il ne fallait pas, mais elle ne pourrait donc pas avoir tout ce qu’elle avait toujours voulu.

« Qu’est-ce qu’elle change cette bague au juste ? Et pourquoi ne pas annuler le mariage en secret si vraiment c’est le souci ? Personne n’en saurait rien… »
« Mouais… sincèrement, pour l’instant, je préfère qu’on attende que tout s’apaise. T’imagines ce que sa famille a été jusqu’à faire pour qu’elle se marie ?! Si ça s’apprend, elle est mal. Sans parler de moi. Et puis la bague…. Ça change pour elle. Fin elle l’a toujours voulu ce truc. »

Ça semblait tellement compliqué dans son esprit et pourtant si simple du point de vue de Jayden. Bordel, mais pourquoi fallait-il qu’il soit toujours si inconstant ?!

« Et je lui ai dit que je l’aimais. »

Et dans sa tête, ça, ça changeait des tas de choses. Alors que finalement, pas tant que ça. Il n’était pas différent. Simplement, c’était un fait, il éprouvait quelque chose pour Mack et ce depuis longtemps. Et après ce qu’elle avait traversé, ce qu’elle avait failli faire, la folie du moment, le manque de sommeil… il ne savait trop pourquoi il avait fait ça et ce que ça impliquait. Mais c’était le foutoir.

« Pas trop. C’est une bonne chose que tu sois revenue, tu seras sans doute une meilleure oreille que je le suis. »
« Si tu l’dis ! »

Cela dit, ça n’était pas totalement faux, la blonde avait souvent vu en elle une personne à même de la comprendre… Peut-être parce qu’elle fréquentait les deux partis et qu’elle était donc la plus à même de les aider à voir clair dans leur avenir brumeux ! Pourtant la rouquine n’était plus certaine de sa légitimité à présent que les deux étaient mariés. Est-ce que ça changerait quelque chose entre eux ?! Ca ne lui avait jamais posé de problème de s’envoyer en l’air avec une personne en couple, loin de là même pourtant elle avait du mal à voir comment se situer à présent étant donné sa proximité avec Mack. Alors au lieu de se prendre la tête avec des suppositions, l’Irlandaise avait préféré plaisanter en lui sortant le fameux coup du happy end. « Tu déconnes mais t’imagines pas à quel point cette idée me fait flipper. »

« Normal, après je vois mal Mack te faire le plan de l’ultimatum bébé ! C’est pas son genre et elle te connait assez pour savoir que la simple idée de parentalité te fait flipper ! »

Même si renoncer à ça la blesserait certainement, personne ici n’était dupe ! L’Irlandaise se doutait bien que c’était là que le bas blessait. « Tu m’brise le cœur là. »

« Et moi donc ?! Tu y penses ? Cela dit j’peux faire une exception si le jeu en vaut la chandelle. Tu me connais, je suis une âme facile à corrompre quand on y met les formes ! »

Tant que j’me retrouve pas dans le lit conjugal ça va d’soit, ou sous le nez de Mack ! Mais ça le jeune Rivers devait s’en douter ! L’Irlandaise avait peu de principes, mais elle tenait assez à Mack pour rester loin si elle le lui demandait. « Mouais… sincèrement, pour l’instant, je préfère qu’on attende que tout s’apaise. T’imagines ce que sa famille a été jusqu’à faire pour qu’elle se marie ?! Si ça s’apprend, elle est mal. Sans parler de moi. Et puis la bague…. Ça change pour elle. Fin elle l’a toujours voulu ce truc. »

« C’est pas faux, j’avais pas vu le truc sous cet angle et j’avais oublié à quel point les familles de sang pur pouvaient être extrémistes lorsqu’il s’agissait de perpétuer le nom et l’honneur ! »

La jeune femme avait soupiré, comprenant petit à petit la gravité de la situation qu’elle avait tenté de dédramatiser du mieux qu’elle pouvait sans grand succès ! « Et je lui ai dit que je l’aimais. »

« Et alors ? »

Peut-être un poil abrupt je vous l’accorde ! Attrapant son verre, la belle s’était rapprochée d’Alec.

« C’est ptet con c’que j’vais dire mais ça j’ai l’impression que c’est le fait que tu sois entiché d’elle qui te pose problème ! Tout le monde le sait que tu en pinces pour elle depuis des lustres… j’comprends même pas comment les gens ont pu croire que toi et moi on formait un couple quand on était à Poudlard ! »

C’était quelque chose qui l’avait toujours beaucoup amusée cela dit et avec quoi elle avait joué des heures durant.

« C’est toi qui pense que ça change quelque chose pour elle, et la question que tu devrais plutôt te poser c’est… qu’est-ce que ça change vraiment pour toi ! »

La revoir était un réel soulagement. D’autant qu’il retrouvait une amie et qu’ils avaient énormément de choses à se dire. Elle lui avait manqué plus qu’il n’aurait su l’exprimer. Surtout depuis le départ de Julian. Alec avait dû faire face à beaucoup de choses et il était clair que la présence seule de Takuma et Aileen n’était pas tout à fait la plus appréciable. Parler de ce mariage avec Jayden était sans doute la meilleure chose à faire. C’était la seule qui semblait réellement comprendre la situation ainsi que leurs protagonistes.

« Normal, après je vois mal Mack te faire le plan de l’ultimatum bébé ! C’est pas son genre et elle te connait assez pour savoir que la simple idée de parentalité te fait flipper ! »
« Oui bah j’espère. On va se calmer trois seconde question grands pas dans la vie. Non désirés surtout. »

Il ne voulait pas de ça. De cette petite vie bien rangée qu’elle aurait sans doute beaucoup aimé. Mais avec quelqu’un d’autre que lui. Il n’était pas fait de ce bois là. Pas foutu pour cette vie là. Et certainement pas pour être le père d’un enfant. Déjà parce qu’il était bien trop jeune et trop immature, mais surtout parce  qu’on ne pouvait pas dire que les éventuels parents en question avaient eu des supers exemples. Jusqu’ici  Alec avait réellement pensé que Mack avait des parents exemplaires. Il venait de revoir son jugement de manière particulièrement drastique. Et bonjour le monde dans lequel ils vivaient ! Il n’avait pas la carrure pour gérer ça. Pour gérer un petit être et en faire quelqu’un de mieux que lui. Il ne savait déjà pas comment s’y prendre pour lui-même alors pour un autre ? Non, ça va, on arrête les conneries et on évite de proposer l’étape suivant le mariage, merci bien !

« Et moi donc ?! Tu y penses ? Cela dit j’peux faire une exception si le jeu en vaut la chandelle. Tu me connais, je suis une âme facile à corrompre quand on y met les formes ! »
« Ah ben ça tombe bien parce que je m’y connais en formes moi ! On peut peut-être éventuellement s’entendre ? »

Non, Alec, tu ne couches pas avec Jayden trois secondes après avoir parlé de fidélité dans un mariage. Couché la noiraude !
Un peu d’humour dans ce monde de brutes, ça faisait du bien pour alléger cette conversation beaucoup trop sérieuse au goût d’Alec. Il fallait dire qu’il y avait un sacré paquet de choses complexes à aborder et que leur univers entier semblait délicat à aborder.

« C’est pas faux, j’avais pas vu le truc sous cet angle et j’avais oublié à quel point les familles de sang pur pouvaient être extrémistes lorsqu’il s’agissait de perpétuer le nom et l’honneur ! »
« Oui bah fait gaffe avec le truc de perpétuer le nom et l’honneur, parce que ça passe par la case enfant et tu vas finir par me voir faire une attaque ! »

The dream collapse !

« Et alors ? »
Hein ?

« C’est ptet con c’que j’vais dire mais ça j’ai l’impression que c’est le fait que tu sois entiché d’elle qui te pose problème ! Tout le monde le sait que tu en pinces pour elle depuis des lustres… j’comprends même pas comment les gens ont pu croire que toi et moi on formait un couple quand on était à Poudlard ! »

A peine prononçait-elle ces mots qu’il les rejetait en bloc. Est-ce que c’était le problème ? Oui, sans doute, sinon, il ne réagirait pas ainsi. Et si la jeune femme évoquait le fait qu’ils puissent avoir été ensemble dans l’esprit de nombre de personnes, ça ne suffisait pas à le détendre assez pour qu’il esquisse un sourire. Il lui semblait simplement improbable qu’il soit avec quelqu’un, qui que cette personne puisse être. Et à vrai dire, c’était plus ou moins la même chose pour Jayden à ses yeux. Du moins à l’heure actuelle.

« C’est toi qui pense que ça change quelque chose pour elle, et la question que tu devrais plutôt te poser c’est… qu’est-ce que ça change vraiment pour toi ! »

Ce que ça changeait ? Ça changeait qu’il se trouvait forcé de lui donner quelque chose qu’il ne souhaitait pas. Que ça le mettait dans une position délicate et bourrée de sentiments douloureux et d’attentes bafouées et qu’il ne voyait pas comment cette histoire pouvait bien marcher sur le long terme parce qu’il avait fait le con et ouvert une porte qu’il n’arrivait pas à refermer et qu’il ne pourrait jamais correspondre à ce qu’elle désirait. Donc que par conclusion logique, il ne ferait que lui faire du mal, chose qu’il faisait depuis sa prime enfance.

…

« … »

…

« BON, on devrait aller les rejoindre. Mack a besoin de savoir que tu vas bien. D’autant qu’une bonne nouvelle en ce moment ne fera sans doute pas de mal. Ah et Julian s’est barrée de l’autre côté du monde aussi, j’sais pas si tu savais. Et Yassen est mort. Ah et Dorofeï pense que Logan a été buté ou est devenu fou à cause des doloris ou je ne sais quoi. »

Quoi ? Comment ça c’est de l’évitement ? Absolument pas c’est FAUX.
Politique de l'autruche.

« Oui bah j’espère. On va se calmer trois secondes question grands pas dans la vie. Non désirés surtout. » Sa réplique n’avait pas manqué de la faire sourire et la belle avait bu un peu plus de sa bièraubeurre, se disant qu’elle aurait peut-être aimé quelque chose de plus corsé, du style téquila, rhum ou autre alcool pouvant vous décoller la trachée. Lui aussi en aurait sûrement eu besoin, mais bonjour les dommages collatéraux à prévoir les connaissant.

« Pourtant je t’imagine bien en train de changer les couches et réveillé à deux heures du mat par le doux son d’un pleur d’enfant. »

En prononçant ça, l’Irlandaise n’avait même pas réalisé l’écho que ça venait de faire en elle et le mal qu’elle venait de se faire par la même occasion à raviver ce genre de chose. Idée de merde que de vouloir prétendre être à l’aise avec un sujet aussi casse-gueule pour lui que pour elle. Ce genre de chose devrait être tabou, point barre ! Mais pour être plus sérieuse, non la jeune femme n’imaginait pas la blonde prête à aller sur ce genre de terrain à son âge. Trop jeune, trop instable contrairement aux apparences. « Ah ben ça tombe bien parce que je m’y connais en formes moi ! On peut peut-être éventuellement s’entendre ? » Le regard qu’elle lui lance ne trompe pas, si la petite lumière rouge ne clignotait pas dans son esprit, la belle aurait certainement cédée.

« Éventuellement… c’est… une possibilité que je pourrais envisager ! »

Finalement la bièraubeurre c’est bien ! Vraiment pour l’honneur de Mack c’est bien mieux comme ça !

« On évite le sujet bébé si tu veux bien ! C’est mieux pour tout le monde ! »

Tout autant que le reste, elle aurait du y songer avant de tenter de le raisonner. Parce que sincèrement, elle le sentait arriver le mur. Immense, solide et surtout blindé, la rouquine se l’était pris en pleine face sans même chercher à le contourner. Et pour être franche, elle ne savait même pas pourquoi elle avait tenté cette approche tant elle semblait vouée à l’échec. Sur le coup, les mots étaient sortis tout seuls, mais visiblement il n’avait pas été prêt à les entendre, tout comme elle n’était pas prête à faire le deuil de certaines choses. Le silence avait été si long qu’elle avait cru que le temps s’était figé dans une atmosphère lourde. « BON, on devrait aller les rejoindre. Mack a besoin de savoir que tu vas bien. D’autant qu’une bonne nouvelle en ce moment ne fera sans doute pas de mal. Ah et Julian s’est barrée de l’autre côté du monde aussi, j’sais pas si tu savais. Et Yassen est mort. Ah et Dorofeï pense que Logan a été buté ou est devenu fou à cause des doloris ou je ne sais quoi. »

Message reçu cinq sur cinq mon grand ! Et la jeune femme ne prendrait même pas la peine de surenchérir et d’en rajouter une couche. Elle avait dit ce qu’elle avait à dire, le reste lui appartenait, elle ne chercherait pas à revenir là-dessus !

« J’suis désolée pour Yassen et le reste…T’en as beaucoup des nouvelles de merde du genre ? Ou alors tu comptes cramer ton quota pour les dix années à venir en cinq minutes de temps ?! »

Nan parce que pour le coup, les retrouvailles étaient teintées d’ondes négatives et ça n’était pas pour lui plaire ! La jeune femme s’était avancée vers lui avant de lui saisir la main.

« Allez mon grand, fait-moi planer ! Et emmène-moi dans ton palace voir ta belle ! »

Quoi on peut avoir un peu d’humour dans ce pays ou alors ça aussi c’est interdit ! Grand sourire amusé et enjôleur à souhait. Oui dans sa phrase il y avait un tas de sous-entendu et d’ironie. Quelque part, elle avait hâte de retrouver la blondinette et de la serrer dans ses bras.