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« Nothing left but tears and pain. » | One-shot

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Ecosse :: Poudlard :: Septième Etage.
Ven 13 Jan 2017 - 11:16
Fin décembre 2014

Le feu, partout autour d'elle. Les flammes dansent, là, juste devant ses yeux et lèchent sa peau. La douleur est cuisante, comme si on la marquait au fer blanc ou la plongeait dans volcan prêt à rentrer en éruption. Elle étouffe, suffoque dans les bouffées de vapeur qui émanent de cette lave en ébullition. Luisante de sueur, haletante, et à bout de souffle, Caitlyn se tortille, lentement, et émet de temps en temps de faibles gémissements ou grognements. Ses paupières fermées papillonnent et ses muscles faciaux se contractent involontairement, fasciculent, dessinant des grimaces sur son visage inconscient dont la moitié disparaît sous les bandages et les pansements. Elle est prisonnière de son corps engourdi, comme baignant dans une substance visqueuse qui entrave et freine ses mouvements, tandis que les flashs de lumière se succèdent toujours plus vite dans sa tête. Parfois, un geste plus brusque et un couinement plus fort lui échappent. Quelle en est la cause ? Personne ne pourrait dire. Peur, surprise, panique, détresse… Elle délire, fiévreuse, ne fait pas la distinction entre rêve et réalité. Elle se sent comme un animal traqué, une biche prise au piège par une meute de loups, et qui tourne sur elle-même, lentement bien qu'affolée, dans l'espoir de trouver une échappatoire. Oui, elle sent des présences autour d'elle, des ombres qui rodent, qui guettent. Qui la hantent. Ils sont plusieurs, elle le sait, même s'ils s'arrangent pour venir seuls à chaque fois, même si elle ne peut pas voir leur visage ni aucune autre partie de leur corps. Elle les devine, là bas, dehors, derrière le voile qui la sépare du monde extérieur. Ils se relayent, et elle a parfois l'impression qu'ils cherchent à l'aider, mais elle ne leur fait pas confiance. Elle ne fait confiance à personne. Elle a peur, et elle a mal. Elle veut être seule. Qu'ils la laissent seule ! Elle pleure sans le savoir, se roule en boule et se crispe, serre les poings jusqu'à s'en blanchir les phalanges ou enfonce ses ongles profondément dans sa peau. Elle se tourne et se retourne, puis finit par sombrer à nouveau, lentement, dans une nuit salvatrice. Progressivement, les flammes deviennent braises puis cendres, les flashs s'estompent et la chaleur se dissipe. L'obscurité engloutit les ombres qui l'entourent. Elles sont encore là, les flammes comme les ombres, elle le sait, mais la partie de sa conscience qui s'était allumée en elle vient de s'éteindre à nouveau, et même si son calvaire continue, elle l'ignore et c'est reposant.

Des jours et des nuits passent ainsi, ponctués par les accès de fièvre et de folie où elle semble sortir de sa nuit profonde, quitter son sommeil de plomb, et percevoir son entourage à travers l'épais rideau qui l'en sépare et qui déforme la réalité, la rendant menaçante, terrifiante, à ses yeux. Elle sent le danger partout autour d'elle, elle s'agite, elle se débat. Mais elle s'accroche, et c'est l'essentiel. C'est tout ce qui compte aux yeux de ceux qui la soignent. Quand ils l'ont retrouvée, ce matin là, dans l'herbe du parc recouvert de brume, elle n'était qu'un corps à moitié nu et quasi sans vie, mutilé de partout, baignant dans une flaque de sang. Quelques heures, non, quelques minutes de plus, et ça aurait pu être trop tard. Hypothermie sévère, tension minime, pouls lent et difficilement perceptible… elle avait perdu beaucoup de sang et reçu beaucoup de coups. Les meurtrissures avaient noirci sous sa peau diaphane où des gouttes de rosée s'étaient condensées. C'était moche à voir. Mais son souffle était là. Faible, irrégulier, mais bel et bien présent. Elle respirait. Ils l'ont transportée jusqu'à l'infirmerie et l'ont soignée d'urgence. Ça leur a pris plusieurs heures pour faire le tour de toutes ses blessures. Rien que son visage tuméfié, plein de sang et de crasse, présentait une demi-douzaine de fractures. Nez, mâchoires, menton, zygomatiques, mais aussi l'arrière de sa boîte crânienne. Des côtes cassées, ensuite, ainsi que des saignements intra-abdominaux. Et surtout, il y avait son dos. Au delà des scarifications qu'il avait subies et qu'il a fallu nettoyer avant de pouvoir les refermer magiquement, c'était la menace, contenue dans l'inscription qu'il portait, qui a soulevé bon nombre de réactions et de questions. Ce n'est qu'ensuite qu'ils ont découvert ses doigts brisés, et ce qui ressemblait à un terrible mais relativement simple accès de violence a pris une apparence de torture ciblée et voulue. Ils ont nettoyé la crasse, refermé les plaies, ressoudé les os. Ça leur a pris du temps et de l'énergie. Et, depuis, son corps a pris la relève, et se bat pour vivre. La fièvre, l'inconscience, le délire, tout ça ne sont que les signes du combat acharné d'un organisme qui lutte, qui s'accroche. Cependant, l'inquiétude reste présente dans les regards des infirmiers qui s'occupent d'elle, et encore plus dans ceux des proches qui viennent lui rendre visite. Elle n'est pas sortie de l'auberge, ça c'est certain.

Les frissons deviennent plus violents soudain. Cela fait plusieurs jours qu'elle dort, quand son corps se met à trembler de plus en plus fort, et bientôt ce sont presque des spasmes qui secouent ses membres inertes, comme un courant électrique qui parcourt la surface de ses muscles juste en dessous de sa peau. Elle a arrêté de gigoter depuis quelques temps, et n'est plus qu'un corps flasque allongé dans un lit d'hôpital. Une poupée de chiffons à la merci des crampes et des convulsions. Quelque chose à changé. Elle ne se bat plus, elle ne s'accroche plus, elle se laisse faire et ce n'est pas bon signe. Elle n'a plus assez de forces. Il faut l'aider. Baisser la fièvre, lui redonner de l'énergie. Il faut qu'elle mange, et qu'elle boive, sinon, elle va se déshydrater. C'est d'ailleurs probablement déjà un peu le cas. Elle ne semble pas vouloir sortir de son sommeil de si tôt pour pouvoir s'alimenter, c'est une perfusion qu'il lui faut. Ils s'affairent, inquiets, concoctent des potions, plantent des aiguilles, branchent des tuyaux. Si elle ne recommence pas à gigoter, la structure tiendra. Bientôt, un liquide vert émeraude, préparé à base d'herbes et de racines aux vertus soignantes, rejoint sa circulation sanguine à travers les veines de ses bras. Sa pâleur disparaît légèrement au profit de quelques couleurs. Ses frissons, progressivement, s'apaisent un peu. Il faut changer régulièrement les linges qui la refroidissent, ainsi que les bandages qui entourent ses cicatrices enduites de baumes, pommades et cataplasmes. Elle continue à transpirer, cependant, et à émettre de faibles gémissements de temps en temps, mais son état s'améliore, ou du moins, se stabilise. L'urgence est passée, elle semble plus sereine. Mais ils se méfient. Elle est épuisée, à bout de forces. Combien de temps tiendra-t-elle encore ? Il faut qu'elle vive. Elle n'a pas traversé tout ça pour s'éteindre ainsi. L'infirmerie se vide, les blessés de Noël guérissent, Poudlard se relève et renaît de ses cendres. En fera-t-elle partie ? Il lui faut du temps. Il leur faut du temps, à tous ceux qui, comme elle, dorment depuis des jours et attendent de se réveiller. Alors, ils les laissent dormir, tranquillement, veillent sur eux de loin sans trop insister mais sans rien négliger, et attendent avec eux.

* * *

Lundi 29.12.2014
Dans la nuit

« Bonsoir, Caitlyn. »

Lentement, elle tourne la tête. Ses yeux, ouverts depuis un certain temps déjà mais vides et noyés dans le vague, s'ajustent sur l'homme qui vient de la saluer d'une voix douce. Ils s'observent attentivement, se regardent sans bruit. Son visage ne lui dit rien, elle ne le connaît pas, et se demande si elle devrait. Car elle ne reconnaît pas non plus l'endroit où elle se trouve, ne comprend pas pourquoi elle est allongée dans ce lit qui n'est pas le sien. Elle est perdue. Elle essaye de se rappeler, elle essaye vraiment de retracer ce qui s'est passé, tout en continuant à fixer cet homme d'un air neutre, mais ses efforts sont vains. L'ordre chronologique des événements lui échappe. Les événements eux-mêmes lui échappent. Qu'est ce qui s'est passé ? Où est-elle ? Qu'est ce qu'elle fait là ? Il la voit ouvrir et refermer plusieurs fois la bouche, comme un poisson hors de l'eau, et lui offre un sourire rassurant. Elle sent alors s'estomper en elle l'impression que quelque chose cloche. Il est tellement naturel, tellement calme. C'est sûrement que tout est normal. Elle s'apaise, arrête de se poser des questions. Tout va bien, elle est comme dans un rêve. Oui, ça doit être ça, un rêve. C'est pour ça qu'elle ne reconnaît pas les lieux ni les visages, c'est pour ça que tout semble tourner au ralenti, que personne ne bouge ni ne parle. Ce n'est qu'un rêve, un songe, qui, bientôt, se dissipera, cédant sa place à un autre. Tant que ce n'est pas un cauchemar, ça lui va. Tout lui va, pourvu qu'il n'y ait pas ces ombres menaçantes qui tournent autour d'elle et qui semblent se délecter de ses yeux terrifiés, qui la frappent ou la mordent parfois pour la voir se tordre de douleur et l'entendre pleurer et crier. Soudain, il voit son visage s'assombrir, ses yeux s'écarquiller, ses sourcils se froncer, ses lèvres se crisper. Ses démons viennent de l'envahir à nouveau, et il ne peut qu'assister, impuissant, à la souffrance qu'elle endure, au calvaire qu'elle traverse. C'est une torture que de voir cette jeune fille dans un état pareil sans rien pouvoir faire pour l'aider. Il n'est rien face aux traumatismes qu'elle a vécus lorsque ceux-ci décident de s'imposer à elle. Il est sûr qu'elle l'a entendu, peut-être même l'a-t-elle vu, mais cette connexion n'a pas duré longtemps. En l'espace d'une seconde, il l'a perdue.

Une fois de plus, des larmes coulent sur son visage. Ses grands yeux bleus sont ouverts et secs, mais elle dort et des larmes roulent comme des perles le long de ses pommettes saillantes et de ses joues creuses, pour venir s'imprégner dans le pansement collé sur son menton. Puis ses paupières s'abaissent et son corps se tend, se cambre presque, pour finir par se recroqueviller, se rouler en boule. Et les frissons reprennent, les gémissements faibles brisent le silence devenu lourd, la respiration s'accélère jusqu'à devenir haletante. C'est une espèce de crise d'angoisse que rien ne semble pouvoir atténuer. Présence, absence, contact, paroles, silence… ils ont tout essayé déjà, mais elle ne réagit à rien, elle est prisonnière de son corps endormi et de son esprit traumatisé. Elle délire, depuis des jours elle délire, et la fièvre remonte à chacune de ses crises. Ils sont impuissants, ils ne peuvent pas l'aider. Seul le temps le peut, et ils n'ont d'autre choix que d'attendre, patiemment, qu'il fasse son œuvre. Il se relève de sa chaise, s'éloigne doucement de son chevet, referme le rideau autour d'elle. La fatigue peut se lire sur les traits tirés son visage pendant quelques instants, avant qu'il ne l'efface en prenant une profonde inspiration et n'aille se consacrer aux autres patients. Bientôt, les couinements de la jeune fille au lit n°8 s'éteignent, elle arrête de bouger et adopte une respiration plus profonde et plus régulière. La crise est passée, elle dort à nouveau paisiblement. Pour combien de temps ? Personne ne sait. Probablement plusieurs heures. Il entrouvre le rideau qui entoure le lit et observe son visage. Pâle, inexpressif. Ses nombreuses meurtrissures ont commencé à prendre des teintes violettes, presque noires, sous sa peau, au niveau de ses pommettes, de ses tempes, de ses mandibules. Il la revoit encore, le nez gonflé, la lèvre inférieure déchirée, la peau de sa joue gauche craquelée. Et du sang, du sang partout, jusque dans son cou, jusque sur ses seins, du sang mélangé à de la crasse. Il secoue la tête. Un visage comme ça, tuméfié, mutilé, ce n'est pas la première fois qu'il en voit, mais ça le prend toujours autant aux tripes et ça lui serre toujours autant le cœur rien qu'à y repenser.

* * *

Jeudi 01.01.2015
Dans la journée

Encore de la visite pour la petite du lit n°8. Depuis qu'ils ont autorisé ses amis à venir la voir de temps en temps, c'est l'invasion à l'infirmerie. Façon de parler, bien sûr, car ils ne sont pas réellement si nombreux que ça, ils viennent assez rarement, et ils ne s'attardent jamais très longtemps, mais c'est tout de même une différence d'organisation. Ça demande beaucoup de préparation et de calcul. De surveillance. Son état se stabilise, ses crises se font de plus en plus rares, son sommeil semble paisible et réparateur. Elle a retrouvé le rythme circadien, aussi. Elle se réveille le matin, ouvre les yeux, et réagit, bien qu'imperceptiblement, à ce qui se passe autour d'elle. Elle ne parle pas encore, ni ne bouge, mais elle est consciente. Elle prend une sieste parfois, en début d'après midi, mais jamais pour très longtemps. Et elle s'endort le soir, s'adonne à ses rêves qui semblent toujours assez douloureux mais qu'elle arrive à supporter sans trop de complications. Elle a l'air contente quand elle a de la compagnie, et depuis que les visites sont autorisées, son état s'améliore encore plus vite. L'amitié et ses ondes positives font des miracles, il n'y a pas de doutes là dessus. Cependant, il faut faire attention à ne pas surestimer les capacités physiques de son corps, car il y a une limite au-delà de laquelle le bien fait à l'âme peut s'avérer être un mal fait au corps et se retourner contre la guérison. Même si elle reste immobile dans son lit, c'est déjà un effort considérable pour elle que de rester concentrée, et percevoir les présences autour d'elle. C'est pour ça qu'elle a le droit à cinq voire dix minutes de visite toutes les deux heures environ. Cette fois-ci, c'est son coéquipier de Quidditch qui se présente à l'infirmerie. Il fait partie de ceux qui viennent le plus souvent. Il lui parle, lui raconte les entraînements sans elle, ou ses cours, ou juste la vie au château. Elle l'écoute, lui sourit faiblement. C'est Nouvel-an. Ça fait huit jours qu'elle est ici. Huit jours et sept nuits qui ont semblé interminables pour tout le monde. Hier soir, il y a eu des fêtes un peu partout dans le château. Il a eu la gueule de bois ce matin, mais ça aurait pu être pire s'il n'avait pas fait gaffe en prévision du match contre les Slytherin arrive à grands pas. Mince, il n'aurait pas dû lui dire ça. Ils attendent tous son retour, dans l'équipe, mais ils ne veulent pas la voir sur le terrain avant qu'elle ne soit complètement rétablie. L'infirmière vient alors lui rappeler qu'il ne doit pas s'attarder trop longtemps. Il lui promet de revenir demain et se lève, prêt à partir, lui adressant un regard plein de bonté.

« Rafael… »

Il se fige. Au loin, l'infirmière qui cherche une lotion dans une armoire cesse de s'affairer. Silence total dans la pièce. Caitlyn cligne des yeux et sourit faiblement.

« Merci. »

Il lui offre un grand sourire, et, bientôt, l'infirmière est à côté de lui pour observer sa patiente qui a parlé pour la première fois depuis son arrivée ici. Elle n'est toujours pas capable de bouger, ni de manger, mais elle a parlé et c'est un énorme pas en avant. Il serait bien resté, mais il a cours, et surtout, il sait qu'il ne faut pas trop forcer sur la concentration qu'elle est capable de déployer, donc il finit par s'en aller. Elle ferme les yeux sous le regard bienveillant de l'infirmière qui referme le rideau autour de son lit et la laisse dormir. Cette fois-ci, elle ne se réveille pas en milieu d'après-midi comme elle le fait d'habitude, et sa sieste se continue sur sa nuit. Le nouvel infirmier prend la relève et l'infirmière espagnole va se reposer, après lui avoir raconté l'épisode des deux mots que la petite du lit n°8 a réussi à prononcer avant de s'endormir à nouveau. Elle guérit, ça ne fait aucun doute. Par contre, le gamin avec la pneumonie est en piètre état, mais rien d'anormal pour autant. Simplement à surveiller. Les minutes passent, il vérifie que tout va bien pour tout le monde, administre des antalgiques à quelques élèves qui viennent se plaindre d'un mal de tête et qui repartent se coucher dans leurs dortoirs pour finir de décuver. La routine. Deux jeunes filles viennent pour visiter Caitlyn, il leur explique qu'elle dort et qu'il faudrait éviter de la déranger. Elles échangent des regards, inquiets et déçus, insistent pour juste pouvoir la voir, promettent de ne pas faire de bruit. Elles sont venues hier, environ à la même heure, et elles lui ont promis de repasser. Il cède, et va entrouvrir le rideau qui entoure son lit. L'inquiétude gagne du terrain dans leurs yeux à la voir dormir ainsi. Pâle, les joues creuses, la peau flétrie, les os saillants. Elles repartent après quelques instants, probablement un peu bouleversées malgré tout, mais il ne se fait pas trop de soucis, ni pour elles ni pour leur amie. Il retourne au lit de celle-ci pour refermer les rideaux, puis va s'asseoir à la table. Les sens aux aguets, il est attentif au moindre bruit qui viendrait perturber le silence de la nuit.

« Monsieur... »

L'appel n'est qu'un murmure, mais il est sûr de ce qu'il a entendu. Il se relève et se dirige vers le lit n°8. Caitlyn est en train de se redresser sur ses coussins par la force de ses bras. Lentement, difficilement, douloureusement aussi à en juger d'après les grimaces que lui tire le mouvement, mais il la laisse faire et s'assied sur la chaise restée à son chevet. Il est bientôt minuit, il a encore plusieurs heures de garde devant lui. Il lui sourit.

« Bonsoir Caitlyn. »

Elle veut savoir qui il est, et il lui explique. C'est normal qu'elle ne le connaisse pas, il est arrivé pendant les vacances d'hiver. Aucun rapport avec les rescapés de Salem, si ce n'est que sa présence s'est avérée utile, précieuse, pour la prise en charge de ces derniers. Un sourire illumine le visage de sa patiente, et ce n'est pas un sourire poli ou bienveillant, non, c'est un sourire amusé. Elle sent qu'elle peut faire confiance à cet homme, Leiv Helland. Elle sait qu'il répondra à ses questions, et c'est ce dont elle a besoin. Elle a besoin de comprendre pourquoi et comment elle est arrivée ici. Et il lui raconte comment il l'a retrouvée, ce matin là, le jour de Noël, dans le parc de l'école. Du sang partout, un dos mutilé, un visage tuméfié. Hypothermie, inconscience, un corps presque nu et moche à voir, pour être honnête. Elle grimace alors, et il sait qu'elle n'est pas en train de voir la scène devant ses yeux, mais de la revivre dans sa tête. Elle peut sentir la douleur atroce et le froid mordant lorsqu'elle a essayé de bouger et d'appeler à l'aide, perdue, désespérée. Il se dépêche d'enchaîner sur sa prise en charge d'urgence, sur son arrivée à l'infirmerie, sur le soin de ses blessures, sur son délire fiévreux, sur son sommeil et finalement sur son réveil. Il est à la fois concis et précis dans sa narration. Il ne veut pas la noyer dans les détails ni l'affoler par son état critique, mais elle a le droit d'avoir un strict aperçu de ce qui lui est arrivé. Elle hoche la tête doucement, essaye d'assimiler tout ce qu'il lui décrit et de le superposer avec ses maigres souvenirs. Il l'observe en silence. Elle ne comprend pas, mais elle sait qu'il a été honnête avec elle et qu'il ne pourra pas l'éclairer davantage sur les causes de sa souffrance. Elle pourrait continuer à lui poser des questions, mais elle a eu assez d'informations pour aujourd'hui. Elle le remercie alors, lui souhaite bonne nuit, et il la laisse seule derrière son rideau. Elle reste encore un moment les yeux ouverts, intégrant tout ce qu'elle vient d'apprendre, puis finit par sombrer dans les bras de Morphée.

* * *

Vendredi 02.01.2015
Dans la matinée

Le lendemain, dans la matinée, Mlle Stoneheaven se rend à l'infirmerie. Mr Helland lui a fait part de l'évolution de l'état de santé de Caitlyn. Elle commence à poser des questions, à être curieuse. Elle doit savoir. Tôt ou tard, elle aurait de toute manière posé la question. Autant lui expliquer tout de suite. Lorsqu'elle voit la professeur de SACM et adjointe du directeur se diriger vers elle, elle sent que quelque chose cloche. Mlle Stoneheaven n'a d'ailleurs pas prévu de lui cacher quoi que ce soit. Elle lui demande d'abord comment elle se sent, cependant, et est contente d'apprendre que son état s'améliore. Mais rapidement, elle amène le sujet de sa visite. Il s'agit de sa baguette. Caitlyn fronce les sourcils. Elle ne s'est pas préoccupée de sa baguette jusque là, n'en a pas eu besoin, mais… Qu'est ce qu'il y a avec sa baguette ? Stoneheaven fouille dans sa poche puis présente à Caitlyn deux morceaux de bois.

« On l'a retrouvée dans le parc à côté de toi. Je suis désolée. »

Ça sonne comme si elle lui annonçait un décès, et en d'autres circonstances, Caitlyn aurait trouvé ça ridicule, mais elle fixe sa baguette brisée en deux, la prend entre ses doigts, sourcils froncés, mâchoires serrées. Elle retient sa respiration sans le vouloir. Elle ne comprend pas. Elle ne veut pas comprendre. Elle ne veut pas comprendre le fait qu'elle vient de perdre sa baguette, sa compagne de toujours. Elle revoit le jour où, petite fille de bientôt onze ans accompagnée de ses parents, elle a senti cette chaleur et ce bonheur si particuliers la submerger, tenant dans sa main menue le bout de bois qui venait de la choisir comme sa partenaire d'aventures. Et là, elle se sent juste tellement vide, tellement seule, tellement nue et vulnérable. Qu'est ce qui s'est passé ? Qui a cassé sa baguette ? Pourquoi, comment ?

« On ne sait pas. En tout cas, ça n'a pas l'air d'avoir été un accident, la rupture est nette, propre. Et elle était posée à côté de toi de sorte à ce qu'on la retrouve. Je sais ce que ça signifie pour un sorcier de perdre sa baguette, et je suis vraiment désolée. »

La jeune fille déglutit difficilement, ravalant les larmes, réprimant la frustration.

« Je vais faire quoi, maintenant ? »

La tristesse se transforme en colère sourde. Les deux adultes échangent un regard. Elle sait qu'ils n'y sont pour rien, et elle essaye de prendre sur elle. Ismaelle ouvre alors une boite en bois où se trouvent d'autres baguettes. Elles ont appartenu à des Supérieurs, et ont été retrouvées un peu partout dans le château après la bataille. Elles ne lui correspondront très probablement pas, mais une fois rétablie, elle pourra essayer d'en trouver une qui soit moins pire que les autres et qui puisse la dépanner temporairement. Puis, aux prochaines vacances, elle pourra se rendre chez Ollivander's pour se procurer une nouvelle baguette. Elle hoche la tête mesurément, résignée. Pourtant, la boule dans sa gorge ne disparaît pas. Elle veut être seule. Elle n'a de toute manière pas la force pour essayer des baguettes maintenant, et puis elle n'en a même pas l'envie. La blessure est trop fraîche, trop douloureuse. Oui, c'est bien un membre de sa famille qui vient de mourir, et elle a un deuil à faire.

* * *

Vendredi 02.01.2015
Dans la soirée

« Je veux des précisions… »

Elle le regarde droit dans les yeux avec une détermination nouvelle. Cependant, ce n'est pas sur un ton autoritaire qu'elle vient de lui demander des détails. C'est une prière, un espoir. Elle a passé la journée dans ses pensées, mises à part les quelques visites qu'elle a reçues. Elle ne comprend pas, et elle n'aime pas ne pas comprendre. Elle a toujours été comme ça. C'est un des traits de caractère qui ont dû faire pencher la balance en faveur de sa répartition à Ravenclaw. La curiosité, la soif d'apprendre, le besoin de comprendre. Oui, elle doit en savoir plus. Elle est contente que ce soit à nouveau Mr Helland à qui elle peut demander des précisions. Après tout, si elle a bien compris, c'est lui qui l'a retrouvée, dans le parc. Et c'est le directeur de sa maison. Et c'est un homme qu'elle apprécie, avec lequel elle se sent à l'aise. Il est sincère, il est droit et juste, ferme mais doux à la fois, froid et inexpressif mais plein d'attention et de bonté. La nuit est tombée déjà, les autres patients dorment, il n'a rien d'autre de prévu de toute manière, alors il s'assied et il répond à ses questions.

« Lorsque nous t'avons retrouvée, tu avais perdu beaucoup de sang et tu étais en hypothermie. Nous avons entrepris de remonter ta température corporelle, puis de soigner tes multiples plaies et fractures au visage et aux côtes, ainsi que tes trois doigts cassés. Ceux de ta main droite.
- Et mon dos ?
- Un message y étais gravé... "Nous reviendrons". »

Il scrute les traits de Caitlyn qui parcourt sa mémoire à la recherche de souvenirs et qui essaye de s'imaginer dans l'état qu'il vient de lui décrire. Ses mâchoires se sont serrées, son regard s'est durci, assombri. Il n'arrive pas à savoir ce que ça peut vouloir dire venant d'elle, il ne la connaît pas assez pour ça. Elle finit par hocher la tête, mais le geste semble plus automatique qu'autre chose. Il rajoute que sa robe bleue foncée a été déchirée et salie, qu'il n'est pas sûr si elle pourra la sauver, mais qu'ils l'ont mise de côté, de même que ses sous-vêtements, et qu'elle pourra bien sûr les récupérer quand elle le voudra. Elle hoche à nouveau la tête. Il précise ensuite que mises à part les grosses blessures qu'il vient de lui décrire et qui étaient certainement voulues, elle avait aussi des égratignures aux jambes et aux bras, des bleus un peu partout, et surtout, qu'elle était maculée de boue et de poussière, si bien qu'ils ont dû la laver méticuleusement et avant de pouvoir refermer ses plaies pour éviter les infections. Mais elle n'a pas échappé à la fièvre due au froid et à toutes les réactions immunitaires de son corps. Quant à ses crises, c'était assez inquiétant, surtout au départ, mais ils n'ont pas réussi à y remédier. Au bout du troisième jour, ils l'ont mise sous perfusion car elle continuait à dormir et se déshydratait. Et puis la fièvre est tombée, son sommeil s'est apaisé, et elle a fini par se réveiller. Ces détails-là sont cependant au dessus de ce qu'elle veut savoir en réalité, mais elle écoute attentivement le récit de l'infirmier. Ils restent alors sans rien dire pendant un instant, perdus dans leurs pensées, dans leurs souvenirs, dans leur raisonnement. Puis il reprend la parole.

« Caitlyn… de quoi te souviens-tu, toi ? »

Elle tourne vers lui ses grands yeux bleus qui le fixent un instant avant de se perdre dans le vague. Elle réfléchit. Depuis la veille, elle réfléchit, essaye de se souvenir. Mais tous les deux ont bien compris qu'elle ne se souviendra pas.

* * *

→ 03.01.2015 : « Les blessures qui ne se voient pas. » - feat. Marlone P. Weston
→ 04.01.2015 : [Quidditch] « Ravenclaw VS Slytherin. » - feat. participants
→ 05.01.2015 : « What have you done now ? » - feat. Rafael A. Paley && Rosalyn W. Dawson
→ 09.01.2015 : « Le peureux qui était craint. » - feat. Ethan Llewellyn
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Caitlyn Louise Twain
Ptite tête boule de poils
Caitlyn Louise Twain
Caitlyn Louise Twain
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Caitlyn Louise Twain
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