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[Event Juin 2015] Hey young blood, doesn’t it feel like our time is running out ? ▬ Kezabel & William

 :: Autour du monde :: Grande Bretagne :: — Ecosse :: Poudlard :: Le Parc de l'Ecole.
Mar 21 Mar 2017 - 18:30
Mercredi 17 Juin 2015 – Dans l’après-midi
Hey young blood, doesn’t it feel like our time is running out ?




Kezabel, William & Enzo


▬ Flashback du Samedi 13 Juin 2015 ▬


« Maracas, t’es un homme mort. »

Voilà comment tout a commencé. C’était bien parti pour être une belle journée, on faisait tous plus ou moins abstraction de la présence lointaine des Détraqueurs autour des protections du château, comme si on s’était habitués à leur présence comme on s’habitue malheureusement à tout le reste. C’est vrai, la soirée de la veille avait été bien arrosée, et oui effectivement j’étais pas super réveillé mais si je me suis amusé à coller Liam comme ça c’était surtout pour le faire chier. Parce que j’adore ça. Et parce que je ne me lasse pas de l’avoir contre moi, aussi. Puis il y a eu Elijah, qui n’est absolument pas discrète quand elle fond comme neige au soleil devant Will mais comment lui en vouloir ? Elle est bien trop mignonne pour ça. Oui, ça m’amuse, ça n’a rien de méchant. Ma possessivité n’a pas disparu, elle est toujours bien présente mais je sais faire la part des choses, soyons sérieux. Si elle était un grand blond baraqué – c’est un exemple, au hasard, comme ça … Ou pas – je ne réagirai surement pas de la même manière mais quoi qu’il arrive, je fais confiance à mon homme – et je ne m’en cache pas, ça me fait encore parfois un peu étrange de le qualifier comme ça même si ça me donne le sourire – c’est réciproque, alors à partir de là aucune raison de se prendre la tête. Pas dis que je ne montre pas les crocs si quelqu’un lui tourne autour, c’est même évident que ça se produira, mais pas quand il s’agit d’Elijah dont les intentions ne sont que pureté et de ça je n’en doute pas une seconde. Il lui plait, qu’est-ce qu’on y peut tous autant qu’on est ? Je suis plutôt mal placé pour l’en blâmer, à vrai dire … Et je crois que les chevilles du Californien vont encore tripler de volume, soit dit en passant.
Enfin bref, l’ambiance était bonne enfant, légère, y compris quand cet enfoiré de Vargas m’a versé un putain de pot de peinture sur la tête. Dans le fond, il a raison, pas que ça me rende aveugle mais j’ai clairement relâché ma vigilance. Il m’a pris en traitre mais j’aurai pu le sentir arriver si j’y avais prêté attention, ça n’a pas été le cas parce que je n’ai aucune envie de respirer comme si quelque chose était en permanence tapis dans l’ombre, prêt à bondir. Voilà le résultat, je largue Elijah et William sans un regard – mais non sans avoir eu l’idée pendant un quart de seconde de mettre la main au cul du Serdaigle histoire qu’il se retrouve avec une belle empreinte sur son jean – démarrage en trombe mais sourire aux lèvres, pour prendre Mateo en chasse. On dévale les escaliers comme deux crétins de mâles qu’on est et il a beau être rapide, je le suis tout autant si ce n’est plus. Il sait très bien que si je le chope il va passer un sale quart d’heure et une fois que j’ai réussi à le bloquer dans un cul de sac j’avance vers lui comme un prédateur qui a acculé sa proie, sourire carnassier sur le visage …

« Tu sais comment j’vais te faire payer ça ? En passant une nuit torride dans ton pieu avec Liam. Et je t’en raconterais tous les détails pendant le p’tit dej. Tous les jours, pendant au moins une semaine. Le soir avant de t’endormir aussi, histoire que tu fasses de beaux rêves. Tu verras, ça te donnera envie de nous rejoindre. »

Et même si je t’adore Capitaine, si un jour l’envie te prend réellement, désolé mais … Non. Pas possible. Déjà d’une parce que j’ai pas envie de le partager et a priori, on en est tous les deux à un stade où c’est réciproque. Et de deux parce que … Peut-être que Liam verrait les choses différemment mais moi j’aurai la mauvaise impression d’être dans le même pieu qu’un type que je considère presque comme un frère et ça c’est juste pas possible. Enfin bref ! J’aurai sans doute l’air plus convaincant si je n’exprimais pas une espèce de vieille grimace quand le goût de la peinture me parvient sur les papilles. C’est vraiment dégueulasse, envahissant, ça colle et l’odeur j’en parle même pas mais pas une seconde mon sourire ne me quitte. C’est pas la première fois qu’il me fait un plan dans le genre – j’ai pas oublié le poil à gratter dans mon caleçon je peux vous le certifier – ça ne sera pas la dernière je le sais et c’est de bonne guerre parce que je ne suis pas le dernier pour le faire chier non plus.

Et puis soudain c’est comme si tout se figeait, comme si le temps se suspendait, comme si … une vague de froid et d’obscurité flottait partout autour de nous jusqu’à ce qu’un cri aigu et plein de terreur annonce la couleur. J’ai sursauté et je me suis retourné vivement, Mateo était près de moi en une seconde, par réflexe.

« Putain de merde. »

Et les cris se sont multipliés, nos ressentis sont devenus plus clair dans leur imprécision, comme une sorte de brume opaque dans laquelle on arriverait paradoxalement à voir clairement. L’évidence, tout simplement.

« Ils sont entrés. »

Le reste de la journée n’a été qu’un sale retour en arrière. D’instinct tout s’est mis en marche, les vieux réflexes oubliés se sont manifestés à nouveau et la peur n’est pas ce qui m’a frappé de plein fouet. Je suis passé en mode « je gère la situation » parce que je dois le faire, parce que c’est comme ça, parce que je dois veiller sur les miens, les protéger, parce que je n’ai pas le choix même si contrairement à un certain passé pas si lointain, je ne me suis pas oublié dans l’équation pour autant. Ma peau, celle des autres, au même niveau. On est restés tous les deux un moment avec Mateo, on a affronté certains Détraqueurs ensemble sans ciller, propulsés par les mêmes raisons. Maxime, Riley, il fallait qu’il les ait sous les yeux. On a retrouvé l’Ecossaise en compagnie de Cameron au bout d’un moment, il était complètement hors de lui, dépassé, flippé parce qu’il ne trouvait pas Emily.  De mon côté j’ai cherché Leah jusqu’à réaliser qu’elle était avec Cailtyn, en sécurité. On a tous bien évidemment essayé de savoir le plus rapidement possible si nos proches étaient saufs. Je suis resté en pilote automatique jusqu’à ce que ça se calme, comme la plus part d’entre nous au fond, mais c’est d’épuisement que je me suis endormi dans les bras de William une fois ce fameux calme revenu alors qu'on était plus ou moins tous ensemble dans une de nos Salles Communes, plongés plus ou moins dans le silence. A ce moment-là j’ai fermé les yeux sur le monde en enfouissant mon visage contre lui, je me suis focalisé sur les battements de son cœur, son odeur et ses bras autour de moi, sa main dans mes cheveux parfois et une des miennes sous ses vêtements, pour avoir un contact direct avec sa peau.

Comme si tout ça, lui et le reste, était un refuge.

Oui, j’ai eu peur pour lui et un profond soulagement m’a envahi quand je l’ai eu sous les yeux alors qu’on a finalement pas été séparés très longtemps mais j’ai rapidement compris qu’il était totalement en mesure de se protéger lui-même, et de me protéger moi aussi si jamais j’en avais besoin. J'ai aussi compris à quel point je tiens à lui. Je le savais déjà, je le sentais mais j'ai pas besoin ni envie de ça pour en avoir le cœur net, surtout pas de cette façon-là. Personne ici n’a oublié ce que ça fait d’avoir peur de perdre quelqu’un, malheureusement. Personne ici n’a oublié ce que ça fait de perdre quelqu’un non plus.
Je n’ai pas pris le temps d’analyser tout ça sur le coup, pas vraiment le temps de penser, mais je comprends le changement à présent et … Je sais qu’il est important. Ça ne change en revanche rien à tout ce que cette intrusion et cette nouvelle bataille pour notre vie ont réveillé chez moi : De « vieilles » angoisses que je pensais naïvement enterrées à jamais. J'ai pas envie qu'il ait à me protéger pas plus que je n'ai envie d'avoir à le protéger ou alors pas de ces choses-là. Je serai là pour lui s'il a besoin de moi, évidemment, mais ça … J'peux plus vivre comme ça, je n'en ai plus la force et je le sais parfaitement. J'ai plus envie d'être un soldat qui risque sa peau dans un environnement qui rendrait cinglé le plus saint et le plus sain d'entre nous, qui fait de ses proches des cibles potentielles et se laisse petit à petit envahir par son côté sombre qu'il a réussi à mettre en sourdine au fil du temps, au prix d'un travail acharné.

Parce que ça, ces créatures qu’on a déjà croisé à une époque pour ceux d’entre nous qui étaient présent à Poudlard du temps de l’occupation, ce sont Eux.
Encore et toujours.
Tapis dans l'ombre et prêts à bondir, prêt à changer une nouvelle fois le Paradis en Enfer.

Et parce que je veux vivre, pas juste survivre, et encore moins mourir ou perdre mon âme et mon esprit.
Juste vivre, en paix.
Tout simplement.


Release the doves,
Surrender love

Fall Out Boy


▬ Fin du flashback ▬

#

Mercredi 17 Juin 2015 – Dans l’après-midi


Je ne sais pas pourquoi ça remonte maintenant alors que ces derniers mois n'ont pas été des plus calmes pour autant. Les coups de couteau et la preuve qu'ils peuvent entrer quand ils le souhaitent ou presque, qu'ils ont une liste de personnes bien ciblées en tête, les chocolats empoisonnés … Tout autant de nouveaux traumatismes que j'ai réussi à gérer comme j'ai pu, sans doute malheureusement trop habitué aux horreurs qu’ils sont capables d’orchestrer sans ciller, mais là … Je n'ai pas d'explication rationnelle à fournir, je sais juste que j'ai l'impression que ça m'atteint plus ou alors différemment. Le comportement de McEwen en début de mois, ma conversation un peu houleuse avec Aiyana … C’est comme si tout revenait petit à petit, progressivement. A l’ancienne, hum ? Non merci.
Je continue de vivre, de me lever tous les matins, d'aller en cours, de travailler, réviser pour les examens que je compte bien réussir, passer du temps avec mes amis, avec Liam aussi bien sûr même si on passe toutes nos nuits ensemble sauf rares exceptions, rire, sourire, faire du skate dans les couloirs même si le surf me manque énormément, etc ... mais parfois il y a comme un truc éteint à l'intérieur, comme si j'avais égaré un petit bout de moi. Comme si … Je reconstruisais des barricades autour de mon être, simplement pour essayer de me protéger comme je le peux en me replongeant dans le déni peut-être ou pour le moins en essayant d’enfermer tout ça dans un recoin de mon esprit à nouveau. Les cauchemars n'aident pas, c'est certains, mais j'imagine que j'évacue la nuit ce qui ne sort pas le jour. Ça faisait longtemps, ils ne m'avaient pas manqué et les souvenirs qu'ils font ressurgir non plus mais c'est comme ça. On est tous dans le même bateau. On fait tous avec.

« Enzo ! Tu viens bosser avec nous à la bibliothèque ? »
« Non, allez-y sans moi, j’ai un truc à faire. »
« Hey l’amoureux transi, c’est pas le moment d’aller papillonner hein, les exams sont dans même pas une semaine. »
« Je demanderai à Leah ce qu’elle en pense. »

Le sourire de Josh s’affaisse aussitôt, le mien s’élargit sans aucune retenue, Aiden, Aaron et Nathan éclatent de rire. Il se fait avoir à tous les coups et rien que pour ça, je remercierai presque Leah d’avoir débarqué à Poudlard. Il est complètement mordu d’elle et je crois que c’est bien la seule à ne pas s’en rendre compte. C’est mignon.

« A plus tard les gars. »

Si je compte papillonner ? C’est tentant, j’peux pas le nier, passer un peu de temps avec Liam, trainer avec lui dans le parc, au soleil, et parler de tout un tas de trucs pendant des heures ça me tente bien effectivement mais non, c’est pas ce qui est prévu au programme. Pas pour l’instant en tout cas. Lui bosse de son côté avec ses Madeleines, peut-être Dean aussi j’en sais trop rien, et moi j’ai un autre truc en tête à vrai dire. Voilà pourquoi j’accélère le pas en prenant la direction de l’extérieur, pour rattraper une silhouette familière que j'ai vu s'échapper il y a quelques secondes.

« Isma, s’il te plait, j’peux venir te filer un coup de main ? »

Début d’après-midi, le repas vient de se terminer. Je n’ai cours que dans deux heures et si à la base de voulais profiter de ce temps libre pour réviser, je me dis que ça vaut quand même la peine de tenter le coup. Au pire, je pourrais toujours réviser là-bas, sur une des tables, mais dehors. Personne ne nous interdit de sortir seulement je trouve ça normal de pas aller faire le con n’importe où, n’importe quand, au risque de mettre quelqu’un d’autre en danger si jamais il m’arrive un truc et que je ne suis pas capable de le gérer tout seul. Et puis j’ai envie de passer du temps avec elle, avec Fenrir et avec les Créatures, tout simplement. Normalement ce moment-là de la semaine je le passe la plus part du temps avec Kezabel pour bosser mais entre ses gardes, les révisions, etc … On s’est mis d’accord pour arrêter. L’année est presque terminée, je connais déjà le programme pour me l’être tapé déjà l’année dernière et ce qu’on fait maintenant en cours sont quasiment systématiquement des révisions aussi alors c’est mieux comme ça. Si ça peut lui permettre de souffler un peu alors tant mieux et des moments pour se voir et discuter, on en trouvera d’autres. Je l’espère en tout cas mais chacun fait ce qu’il peut.

« D’accord mais tu restes près de moi, on ne sait jamais. »

J’acquiesce d’un signe de tête, tranquillement, un léger sourire sur les lèvres, une main dans la poche de mon jean et l’autre dans le pelage de Fenrir. Le ton était un peu suppliant, je ne le nie pas, et j’ai peut-être abusé un peu de mon regard humide de chaton  et de mes grands cils de biche super virils mais …

« Merci. »

… c’est parti, et je ne culpabilise pas une seule seconde ou presque. La discussion s’installe en cours de route, naturellement, posément, comme toujours.

« T'es sure qu'ils ne peuvent rien leur faire ? »

Les Détraqueurs, aux Créatures.

« A 100 % ? Non. Mais jusqu'ici aucun d'entre eux n'a essayé de les approcher. De toute façon le sort de protection a été renforcé, ils ne peuvent pas approcher des enclos. Pour ceux dans la Forêt ou le Parc je ne peux pas y faire grand-chose mais au moins, ici, ils sont en sécurité. Ils ont un refuge et je pense qu'ils le savent. »

Est-ce que je suis convaincu ? Je fais confiance à Ismaelle, je sais qu'elle n'enjoliverai pas la réalité pour me préserver ou me faire plaisir, pas à ce niveau-là en tout cas. Si elle le dit c'est qu'elle le pense et les barrières magiques ont été renforcées, c'est un fait. Je ne m'inquiète pas plus pour les animaux que pour les humains … Du moins, pas tous … Mais eux n'ont pas notre capacité à se défendre. Je supporte difficilement qu'on s'en prenne à eux, ils sont tout ce qu'il y a de plus pur et innocent contrairement à certains représentants de l'espèce humaine. Croyez-moi je n’ai pas envie de retomber dans cette haine presque viscérale que j’ai pu ressentir à l’encontre de l’Homme mais parfois c’est difficile de faire autrement. Heureusement pour moi, je suis entouré de personnes qui se chargent très bien de me rappeler qu’ils … qu’on est loin d’être tous à jeter dans le même sac. Très loin même. Il y a juste des balafres, visibles ou pas, qui ne disparaitront probablement jamais. Encore une fois, on en est tous là.


#


« Fais attention en rentrant. »
« Promis. »

Mon sourire n'est sans doute pas aussi large qu'il avait l'habitude de l'être ces derniers temps mais il n'est pas feint, jamais quand il s'agit d'elle. Je l'ai aidé pendant une petite heure – notamment en calmant Mila le temps pour Ismaelle de soigner une blessure que la jeune Sombral a obtenu en jouant un peu trop durement avec Taska. Taska qui a désormais sa taille adulte et donc toute la force qui va avec pour un Hippogriffe de son âge. J'ai passé le temps restant à réviser sous le soleil, au pied d'un arbre, quand Fenrir ne venait pas me coller sa grosse truffe humide sur la joue. Ça m'a fait énormément de bien d'être dehors, au contact des créatures quelles qu’elles soient, d'être occupé physiquement aussi pour ne pas avoir à réfléchir réellement le temps de quelques gestes devenus familiers au fil des années. Rentrer au château ne m'enchante pas plus que ça mais j'ai cours et même si rater Self Défense n'est pas un drame en soi … Aller, autant être un élève modèle – ahem – jusqu’au bout, non ? On va essayer. Au pire, j’ai toujours le temps de changer d’avis en cours de route …

Ou pas.

Mains dans les poches, sac sur l'épaule, et tête dans mes pensées, j'avance sans réellement faire attention. Le chemin se fait de manière automatique tant je le connais par cœur. Je sais qu'actuellement je me trouve au milieu du pont, environ, et je n'ai pas besoin de relever la tête pour ça. Tout est calme, silencieux, ensoleillé même mais quelque chose cloche et même si je mets un peu de temps à réagir, mes sens, mon instinct, le perçoivent avant que je ne réagisse réellement. Je ne peux pas dire que je respire la joie de vivre ces jours ci mais je fais des efforts, j'essaie de m'accrocher aux choses qui me donnent le sourire et j'y arrive plus ou moins la plus part du temps mais là … Je la ressens cette profonde tristesse qui semble vouloir squatter mes épaules et les rendre lourdes, je le ressens ce désespoir qui me pousse à regarder vers le vide partout autour de moi, presque comme si c'était une solution. Et ce froid glacial qui ronge mes os alors que le soleil est toujours bien présent, le temps qui semble s'être suspendu tout comme mes pas, cette envie, ce besoin de me planquer sous une capuche que je n'ai pas parce que je ne porte qu'un T-shirt … Ça me prend quelques secondes pour secouer la tête et réaliser enfin ce qui ne colle pas, je ne suis donc pas tellement étonné de faire face à l'un d'entre eux quand je relève les yeux : Un Détraqueur, bien sur.

Ma première réaction ?

« Sérieusement ? »

Un soupir de lassitude, ni plus, ni moins.

J'en fais même tomber mon sac sur le sol sans réellement y faire attention, pas plus qu'à la chair de poule qui recouvre désormais mes bras. La peur ? Non, ou alors inconsciemment peut-être mais c'est surtout le froid. Je ne sais pas s'il est factice ou pas, probablement, mais je le ressens. Mes yeux restent braqué sur la créature qui flotte dans les airs au dessus du sol quelques mètres devant moi et un frisson me parcoure des pieds à la tête. On a pris l'habitude, de ça aussi, mais ils n'en demeurent pas moins effrayants pour autant quand on les a devant soi. Devant et derrière. Je le ressens plus que je ne le vois ou l'entend, je le perçois instinctivement, cet autre qui vient de se matérialiser derrière moi et là mon cœur commence à s'agiter. J'essaie de luter contre ce sentiment de tristesse absolue qui m'envahit et me fait penser à des choses que je n'ai pas oublié mais pour lesquelles j'ai appris à vivre avec. La mort de nos parents en tête de liste, bien sur, mais pas seulement. J'essaie aussi de garder mes sens en éveil pour ne pas sombrer là dedans parce que je sais ce qui m'attend si je lâche prise. Personne à l'horizon, t'es le Capitaine de ton âme garçon, le Maitre de ton destin. C'est toi et eux. Toi contre eux. Et mes doigts s'enroulent autour de ma baguette, là, dans ma poche, alors que je me redresse de toute ma hauteur comme pour me donner du courage et de l'applomb.

« Les gars, j’ai rien contre les plans à trois, vraiment, mais là j’suis pas d’humeur. »

De l'humour, vraiment ? Oh que oui. Le jour où j'arrêterai, là, il faudrait s'inquiéter. Mon corps me pousse à faire un pas en arrière quand celui de devant s'avance avec lenteur, comme un fauve qui prend son pied à faire attendre sa proie, pour mieux sentir et entendre son cœur battre et ressentir sa peur. Je sais de quoi je parle, je l'ai souvent pratiqué et ça m'arrive encore. Mais reculer c'est me rapprocher de celui qui est derrière … qui s'avance lui aussi. Bonne nouvelle. Chouette ! Et je pourrais presque entendre la voix de ma mère dans ma tête … Ma gorge se serre quand j'ai le sentiment de l'entendre hurler de terreur, comme cette nuit là dans les collines … Focus.

« J’ai la migraine, on voit ça plus tard ? Non ? Bon. J’vois que la notion de consentement ça ne vous parle pas des masses visiblement. Toute une éducation à refaire. »

Mais là ça n'est plus tellement le moment de faire le malin et j'en ai parfaitement conscience. Qu'est ce que j'ai comme option ? Sauter ? Non merci. Fuir ? Ça me paraît compliqué en étant pris en sandwich comme ça. Si vous étiez deux blondes canons je dis pas, ou encore mieux, les mains de Liam, mais là les gars, comment dire … J'ai connu plus sexy. L'option que j'envisage est naturellement d'invoquer mon Patronus, tout « simplement », sachant que je n'ai plus aucun problème avec ce sortilège depuis un moment maintenant. Je commence à légèrement paniquer et me dire que se reposer sur ses acquis n'est pas une brillante idée quand le sort ne fonctionne pas de manière informulée alors que je me suis parfaitement entrainé pendant des mois et des mois et que j'ai largement eu l'occasion de le tester ces derniers jours. Le mental doit jouer, c'est tout, parce que ma concentration fout un peu le camp je l'admets mais ...

« Spero Patronum. »

… là ça craint réellement. Mon myocarde s'emballe plus nettement, le problème c'est que plus j'essaie de penser à ce souvenir que j'invoque à chaque fois, plus il semble m'échapper et le visage de ma mère devient de plus en plus flou. Ce souvenir c'est elle, sur la plage, moi dans l'eau, et elle m'appelle pour que je sorte. J'étais gamin, une douzaine d'années à tout casser, mais ce truc a toujours existé. Je sortais de l'eau après l'avoir fait tourner en bourrique quelques secondes et secouait mes cheveux à côté d'elle pour l'arroser. Elle râlait pour la forme et éclatait de rire à chaque fois. C'est ça, ce rire, ce sourire … Il me manque cruellement … Et rien ne sort de ma baguette. La panique se propage, entremêlée de cette envie de ne pas luter et ces deux horreurs se rapprochent encore de moi. Nouveau sursaut, je retente, rien. Encore une fois et une étincelle argentée s'en échappe.

« Merde … Putain ! Me lâche pas maintenant. »

Mais je n'y arrive pas. Tout ce que j'arrive à sortir de là c'est quelque chose d'informe alors que ce gros loup argenté est devenu comme … un prolongement de moi-même avec le temps. En cet instant il me fait cruellement défaut et les effets de la présence des Détraqueurs devient de plus en plus difficile à contrer. Je pers l'envie, tout simplement, à me demander si tout vient d'eux ou de moi … L'attaque est soudaine et simultanée mais la masse argentée qui ne ressemble à rien s'interpose, repousse comme elle peut et j'ai à peine le temps de sentir ce qu'on appelle le Baiser du Détraqueur. J'ai eu le réflexe de bouger, d'ordonner, toute envie de vivre pas totalement perdue. Parce que non putain, j'ai pas envie de crever. Pas comme ça, pas maintenant … Mais ils sont là, comme deux vautours autour de moi, me tournant autour, à peine ralenti par ce qui d'ordinaire prend la forme de mon animal totem. Le Loup. Moi. J'ai pas envie de baisser les bras mais j'y arrive pas et je crois que cet enfoiré a réussi à aspiré une infime partie de moi. Je me sens faible, inutile, immensément triste et presque désireux de rejoindre ceux qui m'ont donné la vie. Tout ça, ce sont des sentiments que je n'ai pas éprouvé depuis très longtemps, des sentiments que je pensais envolé à jamais et j'ai beau savoir qu'ils sont factice, ils me paraissent insurmontables. Pas envie d'abandonnée, non, jamais … Pourtant, la tête basse, les bras le long du corps et les poings serrés, c'est comme si j'attendais mon sort, la rage au creux du ventre pourtant mais incapable de chasser tous ces mauvais souvenirs de mon esprit. Le corps fatigué, tremblant. Souffle court. Mélange d'émotions. Et malgré tout cette petite voix dans ma tête : Bats toi. T'as pas fait tout ça pour rien. Pour ça.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Sam 1 Avr 2017 - 18:59
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Enzo & Kezabel


Mercredi 17 Juin – Juste après le déjeuner.

Après le calme, la tempête.
Pendant des semaines de plénitudes où tout semblait plus léger, plus tranquille, presque plus vivant, l’ombre revient, le stress, l’angoisse. Comme un revers, le retour d’un boomerang lancé au loin que nous pensions ne plus jamais revoir.
Ou alors, pas tout de suite.
Ils étaient tout d’abord là à rôder autour du château, à nous mettre une pression supplémentaire sur les épaules, comme pour nous rappeler que le danger n’est jamais très loin, flirtant avec nos nerfs. Puis ils sont entrés. Comment ? Une énorme brèche dans cette bulle de protection que les gardiens ont dressée et que nous essayons de maintenir pour la solidifier, la rendre infranchissable au possible.
Et pourtant…

- Especto Patronum.
- Magnifique.

Une biche argentée et majestueuse se dresse devant nous, illuminant nos regards.
Je suis avec Riley dans une salle de cours vide où nous nous entrainons encore à faire des patronus pour une petite heure même si nous savons plutôt bien maitriser le sortilège. Mais vu les temps qui court, il n’est jamais de trop que de s’entrainer encore un peu, entre deux blagues, de histoires d’une vie de tous les jours. Entre deux moments de confidences, aussi.
Je la trouve plus radieuse, plus sereine aussi – si nous enlevons le fait que nous risquons de croiser un Détraqueurs à chaque détour de couloirs – qu’il y a quelques jours. Le risque de cette grossesse l’a un peu miné et fichu une pression qui ne tombait pas forcément au bon moment.
Je n’ose imaginer ce qui a pu passer dans sa tête lorsqu’elle a pris conscience que le risque était réel et que ce retard pouvait être une possible grossesse.  

Maintenant que les choses ont un peu tassées, Riley a retrouvé le sourire mais surtout…

- Hey ! Je sursaute alors que je sens quelque chose me pincer les fesses. Ca va pas non !
- Oops pardon, c’est vrai que tu préfères quand c’est Emily qui te le fait…

HAHA.
So funny. And so true.
Certes, il s’en passe aussi des choses de mon côté, comme par exemple un flirt évident avec Emily sans pour autant que l’on se pose la moindre question. On se voit plus souvent, passons plus de temps ensemble et… il arrive que parfois je passe une nuit dans son dortoir et elle dans le mien. Mais encore une fois, sans plus de question. J’aime juste passer du temps avec elle.  Et j’ai de très bonne raison d’apprécier ces moments là. Riley le sait très bien.

Elle me tourne le dos, en mode bitch please et j’en profites pour mettre en œuvre les cours particuliers que j’ai eu avec Warren. Je fixe mon regard sur le jean de Riley, sur son derrière tout à fait et non pas parce que je la trouve bien foutu – même si c’est vrai – mais parce que mon sortilège informulé finit par fuser.
Un craquement sonore se fait entendre suivit d’un éclat de rire qui n’est autre que le mien. La couture de son jean vient de sauter pour se fendre de l’entre jambe jusqu’au coccyx et laisse entrevoir sa jolie culotte …

- Mais dis donc Mlle Jenkins-futur-Vargas…. C’est moi ou c’est un joli nœud sexy qui dépasse là ?!

Et je tire dessus gentiment avant de partir en courant alors qu’elle me grogne des choses que je n’entends pas, tellement je suis morte de rire de ma connerie. J’ai l’impression que nous avons dix ans et ça fait du bien, malgré les évènements, malgré ce qu’il se passe.
Plus je cours, plus j’esquive ces sortilèges et elle les miens, moins je me sens bien. Un haut le cœur remonte et mon sourire s’efface. Je dresse une main devant Riley, souffle court.

- A… Attends. Deux petites secondes.
- Bah alors mamie, tu… Yeurk !

Ca ne loupe pas, je me retourne brutalement et fais quelques pas plus loin pour finalement rendre mon déjeuner ou du moins, une partie qui se déverse dans un gros vase abandonné que j’ai tout juste le temps d’atteindre.

- Ca va ? Attends.

Je la sens qui remonte mes cheveux vers l’arrière pour dégager mon visage alors que je termine de rendre ce qui me pesais soudainement sur l’estomac. Je reste quelques secondes comme ça, l’estomac et la gorge en feu, reprenant mon souffle et surtout inspirant doucement pour ravaler tout ce qui menace de remonter.
Je prends quelques minutes pour retrouver mes esprits avant de m’asseoir à côté de Riley qui pose une main fraiche sur mon front.

- Bah alors, t’as chopé un truc ?
- J’sais pas, je ne crois pas. J’ai dû un peu trop abuser sur la purée de ce midi je pense.
- C’est ça de vouloir faire la maline et d’avoir les yeux plus gros que le ventre.

Je perçois son sourire inquiet malgré tout et la rassure d’un regard avant de désigner son derrière du menton.

- Et toi, t’as toujours le cul à l’air en attendant.

¥

Je l’ai laissé vers le cinquième étage en lui jurant que oui, ça allait beaucoup mieux et qu’un peu d’air frais ne me ferait pas de mal. Je me passe une main sur le ventre, encore légèrement nauséeuse mais moins étouffer que tout à l’heure, inspirant presque avec un certain soulagement l’air du parc. Je m’appuie sur un pilier, le temps de profiter un peu du soleil, yeux fermer. Je ne sais pas combien de temps je reste comme ça mais plus les secondes passent, plus je ressens un douce chaleur apaisante m’envelopper de la tête aux pieds.

Je finis par me redresser et poursuivre mon chemin dans le parc, sans vraiment réfléchir où je veux aller, sac sur l’épaule.
Car qui dit air frais, dit moment de détente pour dessiner une petite heure. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour moi ces dernières semaines entre les cours particuliers reçus et donnés, les tours de gardes, les cours, les examens à préparer… Bref. Un moment de plénitude s’impose, j’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne me suis pas accorder ce genre de moment et comme Riley me l’a suffisamment répéter : Il faut savoir prendre une pause, de temps en temps. Et même si je sais que je gère pour le moment la situation, je sais aussi qu’elle a raison.

Je réajuste mon sac sur mon épaule, me dirigeant vers le pont que j’aperçois déjà au loin.
Mon corps entier se fige, comme prit dans un énorme bloc de glace. Et pas seulement par la scène à laquelle j’assiste de là où je suis. Un courant d’air froid me traverse, contrastant brutalement avec le soleil qui réchauffait une poignée de seconde ma nuque. A présent, un malaise s’installe, mon sang se glace, mon cœur palpite et surtout, la peur et la panique me traverse. Ce ne sont pas seulement les deux détraqueurs au loin qui me font cet effet mais parce que j’aperçois une personne prise en sandwich entre ces deux horreurs. Je ne distingue pas encore qui se retrouve prise au piège mais je n’attends pas plus longtemps pour courir vers le pont à toute vitesse, mon sac chutant au passage. Je n’y prête pas l’ombre d’une attention, porter par l’urgence alors que mes yeux ne quittent pas des yeux la scène qui se dessine un peu plus précisément, à chaque mètre.
Mon cœur loupe un battement, une avalanche de pierre dégringole au creux de mon estomac.

- ENZO !!

Une lueur argenté apparait sur le pont et l’espoir qu’il réussisse à repousser au moins l’un d’entre eux le temps que je ne lui vienne en aide. A aucun moment je ne doute de ses capacités, je sais qu’Enzo est un garçon doué pour son âge de part son vécu mais je sais aussi qu’il n’est pas évident de se débarrasser d’un détraqueur. Alors de deux ?  
La lumière argentée faiblit et j’accélère du mieux que je peux ma course pour le rejoindre au plus vite, essayant d’ores et déjà de rassembler des souvenirs heureux, joyeux. Souvenirs qui se trouvent court-circuité par l’image qui se présente face à moi.
Un détraqueur le frôle et l’espace d’une seconde je le vois mort, l’âme aspirée par cette horreur qui recule brutalement. Je hurle pour attirer l’attention des Détraqueurs, pour qu’ils se focalisent sur autre chose que lui mais rien à faire. Pourquoi se détacher d’une proie à portée de main ?
Mes jambes commencent à faiblir, mon sang tambourine dans mes tempes et j’ai la sensation que mes poumons prennent feu à chaque inspiration.
Sportive, certes, mais je ne suis pas non plus habitué à des efforts aussi intenses qu’en cet instant.

- SPECTO PATRONUM !

La colère s’y mêle, l’urgence aussi, la peur de le voir mourir sous mes yeux également et un samoyède parfaitement constitué apparait devant moi, galopant aussitôt vers les cibles que je lui indique d’un geste de la baguette. J’ai le cœur qui menace de lâcher, l’estomac complètement à l’envers mais je ne lâche pas, arrivant cette fois aux abords du pont que je foule à grandes enjambées, m’empressant de rejoindre ce jeune homme désormais tête baisse, bras le long du corps, abandonnant complètement le combat.
Ca n’est pas dans ses habitudes, jamais. Enzo est du genre combatif, avec une rage de vivre qui n’est plus à prouver. Avec tout ce qu’il a vécu, s’il y a bien une chose que le Gryffondor veut c’est profiter de son existence désormais.
Mais les Détraqueurs noient certainement cette joie d’exister, cette envie profonde de bouffer la vie, de la dévorer à pleine dents, d’en profiter et je le sais déjà, cette image me restera pour plusieurs jours. Un reflet puissant et immensément triste d’un abandon de soi, de vie.

Et je refuse de laisser faire, de les laisser lui enlever ça.

J’agite de nouveau ma baguette alors que je me maintiens pour l’instant à quelques mètres d’eux et mon patronus se dresse entre Enzo et les Détraqueurs qui, cette fois, reculent de plusieurs mètres face à mon Samoyède qui aboie, furieux.

- Enzo ! Par ici !

Il ne réagit pas ou à peine, j’ai du mal à discerner sa réaction entre les voiles des Détraqueurs dont je commence à ressentir les émotions négatives.
Je me concentre, reste droite et focalisée sur Enzo que je rejoins sans réfléchir. Je ne dis pas que j'ai l'habitude du danger avec les tours de gardes à répétition que nous avons mais je sais qu'au fond, elles m'ont permise à m'endurcir, à savoir quelle réaction adopter en cas de situation comme celle-ci. Alors je ne réfléchis plus, laisse parler l'instinct poue

- Dégage enfoiré !

Un geste sec et rageur de la baguette et mon sortilège atteint un des détraqueur en plein dans le dos, le repoussant suffisamment pour le faire cette fois fuir. Je profite de cette faille pour rejoindre mon ami que j’attrape par les épaules, laissant mon patronus et le sien – bien qu’il soit d’un faible éclat – nous entourer.
Je le secoue brutalement, sans douceur, pour le réveiller, le ramener à moi. L’angoisse me gagne. Et s’ils avaient à réussit à aspirer une part de lui ? S’ils avaient réussi à le vider de ce qu’il est ? Mon regard finit par croiser le sien alors que je prends son visage entre mes mains. Il est presque sans expression, presque vide. Mon cœur est à l’envers.

- Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps, il faut qu’on bouge !

HRP:
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Mar 4 Avr 2017 - 0:36
Bats-toi … Il y a cette voix dans ma tête, la mienne … Je crois ? J'ai l'impression d'en percevoir une autre, deux autres … Je ne sais plus … Je dois rêver, peut-être partir et si je les entends c'est parce que je les rejoins ? Impossible. Je serai heureux si c'était le cas mais tout ce que je ressens n'est autre que vide, profonde tristesse, comme un gouffre de douleur, de noirceur … De néant. Pourtant je perçois autre chose, là, pas loin, à l'extérieur de ce cocon dans lequel je semble m'enfermer, dans lequel la lumière ne semble plus passer … Oui, c'est ça, de la lumière là dehors … Et une autre voix. Une présence. Quelque chose. Quelqu'un. J'ai froid. Je n'ai même plus peur. Sursaut de conscience à nouveau. Est ce que c'est un chien que j'entends ? Et mon prénom, je crois ? Quelqu'un qui m'appelle … J'ai envie d'aller vers cette voix parce que je sais qu'elle m'est familière mais quelque chose m'attire vers le fond, vers le vide, vers le rien et c'est si facile de se laisser sombrer, d'abandonner … C'est … reposant. Mais terriblement triste et glacial. J'veux pas … Je sais plus. J'ai l'impression que tout tourne autour de moi, comme une spirale d'ombre et de lumière. C'est comme si mon réseau sautait sans cesse, me laissant percevoir une once d'activité et de chaleur avant que ces sensations ne disparaissent aussitôt, comme un court-circuit. Et à nouveau cette voix, elle apporte un peu chaleur dans le creux de mon ventre, ravive le noyaux de mon énergie vitale … Je la sens, elle est là, tout près … Je sens la tension, les ombres qui reculent, l'électricité dans l'air et la lumière qui reprend ses droits … Ce contact, comme si on me secouait comme une poupée de chiffon, un pantin désarticulé qui se sait plus comment marcher … Je ne contrôle pas mon propre corps, il est comme engourdis, éteint, hors tension.

Puis ce regard, ces mains sur mon visage.

« Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps, il faut qu’on bouge ! »

Je ne comprends pas tout de suite, tout me semble être au ralentis, je ne comprends plus comment fonctionne les émotions, ce que je suis censé ressentir. C'est à peine si je la reconnais, il me faut un temps fou avant de reprendre un semblant d'esprit, avant de rallumer la lumière à l'intérieur de moi. C'est en tout cas le sentiment que j'ai, comme si je sortais d'un sommeil profond ou bien du coma. Encore une fois. Jamais deux sans trois ? Je me sens complètement perdu mais mon instinct me pousse à m'accrocher à cette présence.

A elle.
Parce qu'enfin je la reconnais.

« Kezabel ? »

Je reconnais ce regard et perçois ce que je devine être de la panique dans ses yeux. Je reconnais son contact, son odeur … même si quelque chose attire mon attention fugacement sans que je ne sois capable de me concentrer dessus, les vibrations qui passent de sa peau à la mienne alors qu'elle tient toujours mon visage entre ses mains. Et je m'y accroche, comme un forcené, mes doigts venant s'enrouler autour de son poignet droit alors que je ne la quitte pas des yeux. Je m'imprègne, c'est comme si je cherchais un peu d'essence de vie en elle pour retrouver celle qui m'a échappé. Sur ma joue, une larme unique, je peux la sentir.

Mais lentement, surement, tout se remet en place ...

Without a soul
My spirit's sleeping somewhere cold
Until you find it there
And lead it back home
[...]
Wake me up inside
Save me
Call my name and save me from the dark
Wake me up
Bid my blood to run
I can't wake up
Before I come undone
[...]
Without a thought, without a voice, without a soul
Don't let me die here
There must be something more
Bring me to life

Evanescence ▬ Bring me to life

… Et je comprends, réalise, l'intensité et la dangerosité de la situation. J'peux pas abandonner, j'en ai pas le droit. Je ne le veux pas. Je veux … vivre, ressentir, pas juste être un automate sans éclat dans le regard, coincé dans le néant.

« Merde. »

Mon corps se défait de sa prison de glace, il reprend ses droits, la chaleur circule à nouveau et les émotions reviennent les unes après les autres. J'observe autour de moi, bouge, retrouve le contrôle de cette enveloppe comme si je la redécouvrais et si je me sens épuisé, le sentiment d'urgence, l'adrénaline, prennent le pas sur le reste. C'est comme un électrochoc à retardement, un truc qu'on ne peut pas vraiment décrire. Et sans réfléchir j'attrape sa main, analyse la situation comme un vieux réflexe de survie qui reprend ses droits là aussi et observe une seconde son Patronus qui tient en respect un Détraqueur après avoir fait fuir l'autre si j'en crois ce que je vois. Je pense sincèrement que tout ça n'aura duré qu'une minute à peine mais j'ai l'impression d'avoir été coupé du monde et de moi-même pendant ce qui m'a semblé être une éternité et mes perceptions sont encore légèrement embrumée. Je la laisse faire, je la laisse m'entrainer avec elle mais à chaque pas que je fais c'est comme si le sang affluait et refluait dans mes veines, apportant avec lui autre chose … De nouveau cette rage … Elle n'est plus en sourdine cette fois. Elle prend le temps mais je la sens sous la surface, prête à exploser. Je ne sais pas combien de mètre il aura fallu pour que tout ça prenne le dessus mais je m'arrête et me retourne, déterminé bien qu'encore fébrile, faisant face à la créature qui est toujours entourée par le chien de Kezabel et ce qui devrait être un loup mais n'est plus qu'une vague lueur argentée à présent.

Je ne fuirai pas.
Ça n'est pas moi.

« Ça suffit les conneries. »

Ma main lâche celle de Kezabel, si elle me parle je ne l'écoute pas, ne l'entend pas, et un premier sort s'échappe de ma baguette. Informulé. Un lumox maxima, juste le temps de reprendre suffisamment de consistance et de concentration pour rappeler mon Patronus et le relancer. Pour donner un peu de répit à Kezabel et le sien, aussi, et surtout. Je n'ai pas toujours le réflexe d'utiliser la Magie mais les colles avec Logan m'ont appris bien plus que ce que je devrais savoir à mon niveau et même si elles ont cessé depuis des mois maintenant, je n'ai jamais vraiment arrêté de m'entrainer. De toute façon, on a tous du apprendre plus vite pour survivre, c'est un fait. C'est comme ça.
Je ferme les yeux, une seconde, peut-être deux, peut-être plus, animé d'une nouvelle rage de vivre et de vaincre, et quand je les ouvre je le sais, je suis sur de moi. Cette fois le souvenir que j'invoque est on ne peut plus clair et je me laisse totalement envahir par les émotions qu'il provoque en moi.

Et j'y mets toute ma force de conviction, toute ma volonté.

« Expecto Patronum ! »

Ma force de vie, tout simplement, celle qui coule de nouveau dans mes veines comme elle n'aurait jamais du cesser de le faire. J'ai beau savoir que les Détraqueurs sont la cause de mon état végétatif, ils n'étaient pas là ces derniers jours quand je glissais lentement mais surement dans cette léthargie comme m'enveloppait petit à petit. Je vaux mieux que ça et cette fois il est là, fier et menaçant, les crocs prêt à mordre et alors qu'une explosion de chaleur envahie ma cage thoracique il lève le museau vers le ciel et lâche un hurlement.
De la fierté ? Non. Pas plus que du soulagement. Simplement le sentiment d'avoir fait ce que je devais faire pour prendre ma revanche sur ce qu'il vient de se passer, peut-être aussi pour me rassurer, me conforter dans l'idée que non, tout ça, ça n'est pas moi. Je ne suis pas de ceux qui abandonnent, je ne suis pas de ceux qui baissent les bras. Je ne veux pas qui que ce soit ou quoi que ce soit ait ce pouvoir sur moi et je ferai tout ce que j'ai à faire pour effacer ces sensations de mon esprit, les combattre et ne plus jamais les côtoyer.

« Défonce moi ce connard s'il te plait et va aider ton pote. »

Il n'attend pas une seconde de plus, d'un mouvement du poignet je lui ordonne de s'attaquer au Détraqueur et il se joint au Samoyède qui semble retrouver de l'énergie à son contact tout comme j'ai retrouvé la mienne à celui de cette fille qui compte énormément à mes yeux. Je ne la regarde pas mais je sens, je sais qu'elle est là. Et je sais que je lui dois énormément en cet instant mais ça n'est pas comme ça que ça fonctionne entre nous. Si les rôles avaient été inversés je n'aurai pas hésité une seconde non plus mais ça ne m'empêche pas d'être extrêmement reconnaissant envers elle. Elle fait partie de ceux grâce à qui je suis celui que je suis aujourd'hui et à mes yeux tout l'or du monde n'a pas plus de valeur que ça. Qu'eux.

The right thing to guide us
Is right here inside us
No one can divide us
When the light is nearly gone
But just like a heartbeat
The drumbeat carries on
[…]
We must stand together
There's no giving in
Hand in hand forever

Nickelback ▬ When we stand together

J'aurai aimé dire que je tiens debout, que je gère parfaitement la situation comme si rien ne s'était passé mais c'est faux, évidemment. On ne sort pas d'un état de léthargie comme celui dans lequel j'étais plongé à un tel regain d'énergie et de rage sans dommages. Je regarde les auras de nos Patronus ne faire plus qu'un et éloigner définitivement le Détraqueur qui rejoint son comparse dans les airs en poussant un râle aigu qui vous collerait des cauchemars pendant des semaines mais la seconde suivante je prends appui sur l'un des piliers et commence à voir des étoiles, me sentant de nouveau complètement vidé. Pourtant c'est avec un sourire que je me laisse glisser contre la pierre jusqu'à être accroupis, le dos appuyé sur le parapet du pont. Et ce sourire, même si je ne la regarde pas vraiment, que je fixe le sol droit devant moi, il est pour elle. Et il est amusé.

« Faut que t'arrête de faire des trucs comme ça Keza, j'vais vraiment finir par tomber amoureux. »

Et là, seulement, je retrouve son regard, le capture et m'y ancre, un léger sourire fatigué sur le visage. Sourire fatigué, oui, mais sourire en coin. Un soupir m'échappe, ce sourire taquin, celui du p'tit branleur que je n'ai pas envie de cesser d'être, laisse la place à un autre type de sourire. Tout aussi sincère.

« Merci. »

Pour ce que tu viens de faire mais pas seulement. Oui tu m'as sauvé les miches comme si j'étais une princesse en détresse mais … C'est plus que ça. Merci d'être toi, merci d'être là. Et arrête d'être aussi bad ass parce que vraiment, on va avoir un problème. Ça va, je plaisante et on le sait très bien tous les deux. Si ça c'était passé différemment je ne dis pas parce que cette fille est spéciale, mais d'une j'ai pas envie de perdre son amitié, elle est trop importante, trop précieuse pour moi. Et de deux, je sais très bien vers qui se dirigent mes sentiments. Ils sont on ne peut plus clairs, à leur niveau, et ne ressentent ni le besoin ni l'envie de regarder ailleurs. Pas de cette façon là en tout cas.
De la position accroupis, je passe à la position assise et me frotte le visage des deux mains avant de reposer ma tête contre le frais de la pierre. Un genou plié, l'autre jambe étendue devant moi, un nouveau soupir m'échappe. Je suis complètement vidé, je n'ai pas peur ni honte de l'admettre et s'il y a bien quelqu'un devant qui je ne ressens pas le besoin de jouer les gros durs c'est bien elle. J'ai dépassé ce stade depuis un moment, c'est pas un crime d'avoir des faiblesses.

« J'arrivai plus à distinguer le visage de ma mère dans ma tête. J'veux plus jamais ressentir un truc pareil. »

Je ferme les yeux quelques instants et pense à elle, l'imagine, la visualise, comme pour vérifier que tout est revenu. Comme pour m'assurer que je ne l'entends plus hurler de terreur en tachant de faire abstraction du fait que c'est la dernière fois que j'ai réellement entendu le son de sa voix. Mais elle est bien là, elle me sourit et Papa est avec elle. Quand j'ouvre à nouveau les paupières je devine qu'un sourire nostalgique, mélancolique mais heureux flotte sur mes lèvres. Je sais que Kezabel comprendra et quelque part je ne sais pas trop si j'ai bien fait de prononcer ces mots, je ne veux pas la projeter vers quelque chose qui pourrait lui faire de la peine en réveillant ces propres douleurs mais je ne crois pas qu'elle m'en voudra.

Je me racle finalement la gorge et me redresse un peu sans pour autant me relever, juste histoire d'être assis un peu plus confortablement même si ça n'est pas tellement le but de la manœuvre. Je ne suis pas posé là pour prendre le thé, on s'entend. Loup-Garou ou pas, je suis complètement séché.

« Ça va ? »

Oui j'ai failli me faire aspirer par ces horreurs et j'ai bien cru ne jamais me sortir de cet état végétatif, mais je ne suis pas le seul ici à avoir vécu quelque chose d'intense. Et puis je crois quelque part, c'est un peu une question générale. Son implication n'échappe à personne, pas à moi en tout cas.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 10 Avr 2017 - 22:09
Mon patronus tient bon et moi aussi… mais pour combien de temps ? La chaleur qui nous entoure ne va pas tarder à se dissiper si Enzo et moi ne partons pas dans la minute qui suit. J’ai du mal à le sortir de cette léthargie, à le bousculer, à le bouger tout court. Il fait facilement deux têtes de plus que moi, pèse son poids et je n’aurai pas la force de le pousser. Encore moins lorsque mon Patronus me pompe une certaine énergie.
J’ai confiance en ma magie mais je sais aussi où sont mes limites. Je n’ai pas la même endurance qu’un gardien ou qu’un de nos professeurs.

- ENZO !

Ma voix porte plus fort, je le secoue une dernière fois, baguette en main.
Et enfin, la lumière. Dans son regard. Là, loger au fond de ses prunelles qui me regardent vraiment cette fois. Ses doigts autour de mon poignet, la panique ne me quittera pas pourtant. Pas tant que nous ne serons pas en sécurité.J’ai une vague idée de ce qu’il se passe dans sa tête, de la peine qu’il ressent mais de ce que j’ai vu au loin, je n’ose imaginer l’ampleur que tout ça a pris. Le voir ainsi baisser les bras m’a donné une véritable gifle, un coup au cœur. Ca ne lui ressemble pas. Il a beau avoir vécu bon nombre d’erreur dans sa vie mais il s’est toujours tenu debout, prêt à en découdre. C’est une chose que nous ne pouvons pas le lui enlever, toute cette rage, toute cette vie que j’ai vu maintes fois bouillir en lui.

- Kezabel ?
- Oui. Un soulagement mais pas le temps de s’y attarder. Il faut qu’on y aille, maintenant.

Non, ne baisse pas les bras. Pas maintenant. Avec toute cette vie qui te reste, qui nous reste. Je sens mes propres émotions se ternir, je sais ce qu’essaie de faire la magie de ces Horreurs mais il est hors de question que je ne lâche prise. Jamais.
Mais ça ne loupe pas. Pas pour moi en tout cas où, dans la panique, je lâche prise une seconde. Suffisamment de temps pour entendre un cri au loin, sentir une odeur de brûlée. Mon estomac se révulse. Pas de ça, pas maintenant. Je refuse en bloc, essaie de me redresser, de m’armer de nouveau contre le danger qui se tient face à nous.
J’ai une armée de bons souvenirs, de moments réellement bons et joyeux. Et ils sont tous là, à faire rempart, à illuminer mon Samoyède qui aboie aux côtés du patronus d’Enzo. Je lutte, me crispe, serre les dents, garde mon esprit concentré aussi bien sur ces bons souvenirs que sur Enzo que je ne lâche pas des yeux. Je trouve en lui une source de lumière, l’envie de me battre pour qu’il puisse se sortir avec moi de cette merde mais aussi de part ce que je ressens à son égard. Une amitié profonde et sincère, véritable, presque fraternel.

- Merde.

Il finit par bouger, se redresser légèrement et par saisir ma main. Je la serre entre mes doigts chauds, fermement et le tire aussitôt avec moi vers la sortie, là-bas, loin du pont. Je ne prends pas le temps de me retourner.
Mais la course s’arrête aussi vite qu’elle a commencée.

- Ca suffit les conneries.
- Non ! Reviens, c’est pas le moment !

Reviens pendant qu’il est encore temps de le fuir, pendant qu’il est encore temps de s’échapper.
Mais avec la vie, lui est revenu ce caractère têtu mais surtout, ce mordant, cet aspect de battant que je lui connais si bien. Un lumos maxima jaillit de sa baguette, repoussant brutalement le Détraqueur. Je vois là une occasion de reprendre un peu de contenance, de force alors que je fais demi-tour.
Quoi ? Vous croyez vraiment que j’vais le laisser se battre seul ?
Allez savoir pourquoi j’ai toujours été gagné par ce besoin de le protéger à mon niveau et aujourd’hui ne fait pas exception même si Enzo se débrouille très bien tout seul. C’est ma nature tout comme la sienne serait de m’épauler si les rôles étaient inversés.

Un patronus prend forme après la formule qu’Enzo prononce et je peux ainsi contempler un magnifique loup argenté se manifester. J’esquisse un sourire alors qu’une vague de chaleur m’entoure cette fois pour de bon, m’enveloppe comme du coton. Et je ne sais pas si c’est le hurlement du loup qui nous offre un regain de rage et d’énergie mais j’effectue un coup de baguette afin d’ajouter de la puissance à mon sortilège déjà vivant.

-  Défonce moi ce connard s'il te plait et va aider ton pote.

Je reste silencieuse mais n’en pense pas moins alors que je le vois accourir auprès de mon samoyède qui l’accueil d’un jappement.
La traduction même de mes propres émotions. Même si la panique ne m’a pas vraiment quitté, je crois ressentir une émotion particulière au creux du cœur, quelque chose de vivant, d’envahissant. Je reste droite aux côtés d’Enzo, concentrée, focalisée sur ma cible. Je ressens une certaine sécurité à ses côtés et ce tandem que nous formons me provoque des fourmis jusqu’aux bouts des doigts à la seconde où nos Patronus ne font qu’un. C’est grisant et s’il n’avait pas frôlé la mort quelques minutes plus tôt, je crois que je pourrais presque ressentir du plaisir à me battre de cette façon. Cette puissance et cette maitrise est grisante et elle l’est encore plus lorsque vous vous battez aux côtés d’un être cher.
Et nous avons enfin raison du Détraqueur qui finit par s’éloigner dans un râle gutural et traumatisant. Mais il disparait. Pour de bon.

- La vache…

Et l’énergie retombe brutalement.
Je vois Enzo qui se laisse glisser contre un pilier, certainement à bout de force par l’effort fourni et par ce qu’il a vécu juste avant ça. Je n’oublierai jamais ce visage, cette scène qui me fiche encore des frissons d’effrois.
Mes jambes tremblent… Non, tout mon corps tremble. Mon cœur bat à tout rompre et la tête me tourne. J’avance de quelques pas vers lui pour m’accroupir à ses côtés. Pour prendre de ses nouvelles mais aussi pour retrouver une stabilité auprès du sol, pour ne pas chuter la tête la première.

- Faut que t'arrête de faire des trucs comme ça Keza, j'vais vraiment finir par tomber amoureux.
- Parce que ça n’est pas déjà le cas ? Tu me brises le cœur mon grand.

Mon sourire n’a rien de vaillant mais il est présent alors qu’Enzo capte mon regard. Il soupire, me sourit. Je prends conscience à quel point tout ça s’est joué de peu. De trop peu.

- Merci
- Tais toi donc… Contente toi de ne plus jamais me refoutre une trouille pareille, ok ?

Une trouille qui n’est pas vraiment partie, toujours collée aux parois de mon estomac que je sens… fragile. Une nausée, lourde et brutale. Je me farde d’un sourire pâle pour accentuer mes propres paroles. Sérieusement, plus jamais ça. Plus jamais cette peur brûlante et profonde de te voir mourir à quelques mètres de moi. Parce que c’est exactement ce que j’ai ressenti tout à l’heure.
Je m’assoie à ses côtés, mes deux genoux ramenés vers moi, ma tête légèrement penchée. Manière subtile de reflouer ma nausée.

- J'arrivai plus à distinguer le visage de ma mère dans ma tête. J'veux plus jamais ressentir un truc pareil.
- M’en parles pas… Je lâche un profond soupire avant de redresser légèrement la tête et de me frotter les yeux du bout des doigts. Ces horreurs sont de vraies saloperies. J’avais l’impression d’entendre la mienne hurler à l’autre bout du pont.

Je secoue doucement mon visage. Lassé et épuisée. Nous connaissons tous les deux cette même souffrance de perdre un parent et s’il y a bien une personne dont je n’ai plus tellement de pudeur à en parler, c’est Enzo. Pour de multiples raisons.
Un silence s’installe et je ne vois pas mes mains tremblées alors qu’elles pendent sur mes genoux. Je ne les vois pas parce que je suis focalisée sur tout autre chose, une toute autre sensation.
Une nausée, toujours la même que tout à l’heure. Mais cette fois, j’ai beau la repousser, l’éviter, essayer de ne pas y penser, elle revient à la charge. Plus violente que tout à l’heure.

- Ca va ?

Toujours tête baissée, j’articule.

- Oui, t’en fais pas.

Je mens ouvertement et effrontément. La vérité est que je suis complètement lessivée et que ma fatigue des derniers jours commence à me la jouer sévère.

- En vérité, je n’sais pas…

Je serre les dents et me redresse, dents serrer, poings sur les lèvres.
Non. Pas maintenant.

- … Et j’crois que je vais vomir.

Et merde.
Pur instinct de survie ou je ne sais quelle autre connerie mais je me redresse vivement pour courir de l’autre côté du pont et rendre mon déjeuner en bonne et due forme. Les hauts le cœur tiraille mon corps vers le haut, crispant me muscles alors que je rejette absolument tout dans le vide.
Putain, je le savais ! Ça me guettait depuis ce matin et avec les efforts fournis tout à l’heure, je n’allais pas y couper. Forcément.
Ma gorge me brûle, mes yeux me piquent et s’embuent de larmes de trop forcer comme ça. Je ne sais pas combien de temps ça dure mais je laisse aller et ne retiens rien. Jusqu’à la fin. Je tousse et cherche d’une main tremblante ma baguette dans ma poche pour finalement sortir un aquamentie et boire l’eau qui en sort pour me rincer la bouche.
Au top du glamour…

- Ca va, t’en fais pas.

Je l’ai sentie s’approcher, être tout prêt et j’esquisse un pauvre sourire tremblant.

- Ca m'ait arrivé aussi ce matin. Je crois que j’ai chopé une connerie pendant l’une des gardes. Et ne me dit pas que ça m’apprendra à dormir cul nu, Riley me l’a déjà faite !

Je le menace du doigt sans le regarder, ne pouvant m’empêcher de rire à ma propre connerie. Je me passe une main fraiche et humide d’eau sur le visage, lâchant un soupir de soulagement. Ca n’est certes pas très glamour mais bon sang… je me sens presque mieux.

- Désolée, je sais que ça ne doit pas être agréable pour tes sens olfactifs. Instant de pause… Et désolée pour le spectacle aussi. J’accompagne mes mots de mon cœur qui se laisse glisser à son tour contre un des piliers. Avec un peu de repos, ça me passera.

Je tourne mon visage vers Enzo, affichant un sourire un peu mou et désolé, mais présent.

- Ou alors ça y est, j’en suis au stade où je vais déjà dire « J’suis trop vieille pour ces conneries ».

Je marque une pause tête appuyée contre le pilier, attendant que tout ça me passe. Progressivement, je sens le malaise disparaître pour laisser place à la fatigue mais aussi au soulagement.

- Tu te sens mieux ? Je marque une nouvelle pause avant de finalement demandé. Qu'est-ce qu'il s'est passé ici, avant que j'arrive. J'ai tout vu de là-bas et s'il y a bien une chose qui ne te ressemble pas, c'est de baisser les bras Enzo.

Je sais qu'il y avait deux Détraqueurs, je sais à quel point leurs puissances peuvent parfois être réellement fatal... mais j'ai vu, perçu quelque chose de différent. Quelque chose qui m'a semblé à la fois étranger et alarmant. Je n'exclue absolument pas le fait d'avoir fabulé ou de me faire simplement des idées.
Mais dans le bénéfice du doute...
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Lun 10 Avr 2017 - 23:52
« Oui, t’en fais pas. »

Si, je m'en fais, bien sur que je m'en fais. Le jour où j'arrêterai de m'en faire pour les personnes à qui je tiens je ne serai plus moi et je crois que ça a suffisamment été le cas pour aujourd'hui. Ou même ces derniers jours. Tout ça pour dire que là, tout de suite, alors que je la regarde, son « t'en fais pas » je ne l'achète pas vraiment. Du moins, je doute un peu. Une intuition, comme ça, et je sais que c'est autre chose que les souvenirs de sa mère. Un truc … physique ? Plus je l'observe et plus ...

« En vérité, je n’sais pas… Et j’crois que je vais vomir. »

Même si j'avais été en totale possession de mes moyens et donc de mes réflexes, je n'aurai pas chercher à la retenir ni même à réagir je pense mais autant l'admettre, j'ai rarement vu quelqu'un piquer un tel sprint après avoir vécu ce qu'on vient de vivre. Pas besoin d'être Merlin pour comprendre ce qu'il se passe, c'est bel et bien physique, son corps qui dit merde et je suis d'une lenteur extrême à réagir. De toute façon, je le sais, elle le sait, il n'y a pas grand chose à faire. Je me relève néanmoins en prenant appuie sur le pilier et traverse la largeur du pont à mon tour, juste … pour être là. Je sais que dans ces moments-là on n'a en général pas tellement envie d'avoir un public mais c'est instinctif, une de mes mains se pose sur son dos et le frictionne en douceur alors que je lui tiens les cheveux de l'autre. Peu importe le temps que ça dure. J'imagine qu'elle préfèrerait que ça soit Riley et je le comprends parfaitement mais c'est moi qui suis là et je ne réfléchis pas à mes gestes. Il en va de même quand je m'écarte pour la laisser faire ce qu'elle doit faire, lui laisser le temps de retrouver ses esprits.

« Ça va, t’en fais pas. »

Elle sourit faiblement mais cette fois j'y crois. Elle doit être épuisée, elle est épuisée et ça se voit, mais j'imagine qu'il fallait que ça sorte donc que ça va mieux maintenant que c'est fait.

« Ca m'ait arrivé aussi ce matin. Je crois que j’ai chopé une connerie pendant l’une des gardes. Et ne me dit pas que ça m’apprendra à dormir cul nu, Riley me l’a déjà faite ! »

Elle rit, me pointe du doigt sans me regarder et si je ris aussi, je ne peux pas m'empêcher de … C'est pas tellement une grimace, je crois que c'est simplement l'expression de ma gêne quant au fait d'évoquer son postérieur. Ça me fait rire aussi, quoi qu'il en soit.

« Y a pas de risque, amoureux ou pas c'est pas possible pour moi de t'imaginer cul nu ni même de simplement l'évoquer. »

Je persiste, j'aurai pu craquer pour cette fille mais ça ne s'est pas passé comme ça et jamais ô grand jamais je ne serai capable de la voir autrement que comme … Pas une sœur, mais quelque chose qui s'en approche. Une amitié où toute forme d'ambiguïté n'a pas sa place. Une fois j'ai rêvé d'elle, ce genre de rêves plutôt agréable qu'on aime tous bien faire … J'ai mis deux jours à m'en remettre et pendant ce laps de temps j'étais quasiment incapable de la regarder dans les yeux. Maintenant ça me fait rire, clairement, mais si ça pouvait ne plus jamais se reproduire ça serait cool.

« Désolée, je sais que ça ne doit pas être agréable pour tes sens olfactifs. Et désolée pour le spectacle aussi. »
« T'en fais pas pour ça Xena La Guerrière. »

...

« Non, j'connais pas, c'est juste du mimétisme. »

Comme beaucoup de choses encore mais chaque jour apporte son lot de nouvelles connaissances sur le monde sans Magie ! Je ne sais même plus qui m'a parlé de Xena La Guerrière d'ailleurs mais je prends, j'engrange tout ce qu'on m'apprend. Un jour j'y serai à l'aise comme un poisson dans l'eau dans ce monde, vous verrez.

« Avec un peu de repos, ça me passera. »
« Pour ça faudrait déjà que tu te l'autorises, ce repos. »

Désolé, c'est sorti tout seul.
Presque un cri du cœur, celui d'une maman poule pour un peu.

« Ou alors ça y est, j’en suis au stade où je vais déjà dire « J’suis trop vieille pour ces conneries ». »
« En même temps ... »

Sourire de branleur dans trois … deux … Un … Maintenant. Sauf qu'elle est assise et moi debout donc elle ne pourra pas me frapper.

« Tu te sens mieux ? »

J'affiche un sourire plus calme, épuisé mais calme puis m'apprête à lui répondre mais elle me coupe l'herbe sous le pied avec quelque chose qui me prend un peu au dépourvu, je l'admets.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ici, avant que j'arrive. J'ai tout vu de là-bas et s'il y a bien une chose qui ne te ressemble pas, c'est de baisser les bras Enzo. »

La surprise, puis le regard qui fuit, les épaules qui s'affaissent un peu et un soupir qui m'échappe alors que je ramasse mes mains dans mes poches en regardant le sol comme s'il était la chose la plus intéressante du monde. Bien sur que non ça ne lui a pas échappé, certainement pas à elle qui est sans doute aucun une des personnes qui me connait le mieux dans ce château. Ça me prend quelques secondes de silence, le temps d'encaisser je crois, avant de relever les yeux vers elle.

« C'est juste ... »

Ça remue, les émotions et tout ce que je gardai sous clé vient frapper contre les parois intérieures de mon être. Je sors une main de ma poche et la laisse glisser dans mes cheveux un instant avant de laisser mon bras retomber le long de mon corps et de lâcher un autre soupir. La seconde d'après je m'assoie à côté d'elle, de nouveau cette sensation que j'ai effleuré plus tôt vient toquer aux barrières de ma conscience mais je n'y fais pas vraiment plus attention que tout à l'heure. Nerveusement je me mordille un doigt pendant que les autres tritures le bas de mon T-shirt.

« Depuis que les Détraqueurs ont commencé à apparaître j'me suis senti glisser lentement mais surement dans un espèce de … Je sais pas, un nid de vieilles angoisses qui sont remontées les unes après les autres. Je sais qu'ils ont cet effet là de manière générale mais là, c'était pas seulement ça. J'ai ... »

Blocage. Là encore ça me prend quelques secondes avant d'être capable d'affronter et de nouveau je baisse la tête.

« J'ai eu la trouille. »

C'est aussi simple que ça.

« Que tout recommence, qu'ils reviennent, qu'ils ... »

Qu'ils me mettent dans une cage à nouveau ou pire encore, parce que personne ne se voile la face ici, les Détraqueurs ne sont pas arrivés ici tout seul comme des grands.

« Les autres fois j'ai géré, comme tout le monde, comme j'ai pu, mais là je sais pas pourquoi, j'ai plus de mal. J'arrête pas de faire des cauchemars, j'me planque derrière des sourires qui sonnent faux et m'isole parfois alors que c'est tout le contraire que je devrai faire seulement je supporte pas l'idée de faire subir aux autres mes états d'âmes alors qu'ils ont déjà les leurs à gérer. »

On est tous dans le même bateau alors pourquoi je me plaindrais ? J'dis pas que ma réaction est rationnelle mais je ne peux pas aller contre ce que je ressens. Passée l'hésitation c'est une colère sourde, froide, qui se circule à présent et me fait serrer les mâchoires et les poings alors que je regarde droit devant moi. De la rage, pas de la haine, quelque part ça me rassure un peu parce que je n'aime pas ressentir cette émotion, même à l'égard de ces connards.

« J'y survivrai pas deux fois, j'le sais. Ils ne me laisseront pas cette chance et j'leur laisserai pas l'occasion de faire à nouveau de moi leur bête de foire ou leur chien de compagnie. Sans parler des autres, parce que c'est leur moyen de pression et leur jeu préféré. »

Et ça je ne l'apprendrai à personne mais j'en ai fait les frais, trop souvent, j'ai trop vu les gens que j'aime souffrir et trop de fois parce que c'est moi qu'ils voulaient atteindre. Là encore, je sais très bien que je ne suis pas le seul au même titre que j'ai souffert parce qu'ils voulaient atteindre quelqu'un d'autre. Et ça, j'veux plus jamais que ça se produise. Plus jamais.

« J'veux plus vivre comme ça Keza, plus jamais. J'veux que tout ce merdier reste un lointain souvenir, un truc que je range dans un coin comme si ça n'avait jamais existé. J'veux aller de l'avant, vivre, construire, ressentir un milliard de choses positives, réaliser mes rêves parce que j'en ai pleins et profiter des gens que j'aime. »

Plus les jours passent et plus je me demande ce que je fous là, c'est aussi simple que ça. Pourquoi rester dans un endroit où on a tous autant de mauvais souvenirs ? Dans un endroit qui est une cible évidente ? Pas sur qu'on soit plus en sécurité à l'extérieur mais … J'peux pas m'empêcher de penser que c'est le cas et je supporte de plus en plus difficilement d'être cantonné aux murs de cette école où j'ai pourtant, malgré tout, vécu un paquet de trucs géniaux. Sans parler des rencontres que j'y ai faite et elle en est un exemple flagrant. J'suis arrivé ici vêtu de noir des pieds à la tête, planqué dans des fringues dix fois trop larges pour qu'on ne me voit pas, agressant tout ceux qui approchait trop près … Aujourd'hui j'ai envie de me noyer dans les sourires des autres et je sais que j'en ai la possibilité. J'veux pas perdre une seconde de plus à ne pas profiter de tout ça.

« On devrait tous mettre les voiles et se prendre un mois de vacances sur une ile paradisiaque tous ensemble. »

La tête appuyée contre la pierre, le regard un peu perdu dans le vague, c'est un sourire qui étire mes lèvres à cette idée. Et le soupir qui m'échappe à présent n'a plus rien à voir avec les précédents. Je n'ai absolument aucun mal à nous imaginer tous les pieds dans l'eau et le soleil sur la peau, sans penser à rien, pas même au lendemain. Juste profiter de l'instant, profiter les uns des autres.

« J'me suis laissé aller et je ne l'assume pas des masses maintenant que j'y fais face. »

Pourtant, en prononçant ces mots, je me sens presque serein, calme, presque … apaisé. Comme si ça me faisait du bien d'avoir laissé sortir tout ça, d'avoir pointé le doigt dessus et l'avoir regarder bien en face pour tirer un trait que j'espère définitif sur cette léthargie dans laquelle j'ai trop glissé ces derniers temps, comme un vieux refrain là aussi. Je me laisse transporter par ces images que mon esprit m'envoie, des images qui me plaisent et me font rêver, des images que j'ai envie de partager. Avec toutes ces personnes qui font mon quotidien aujourd'hui, qu'ils soient présents physiquement ou non dans l'environnement où j'évolue.

« Mais peut-être que si je pense à ton cul nu ça ira mieux, ça me reboostera. »

Regard en coin.
Sourire en coin.
Je l'attends le coup de coude.

« J'veux pas savoir ce qui se serait passé si t'avais pas débarqué mais t'as fait bien plus que me sauver les miches Keza. Tu m'as redonné envie de me battre et c'est quelque chose que j'avais pas ressenti depuis trop longtemps. »

Je l'explique pas, c'est comme ça, j'ai l'impression que ce qu'il s'est passé et son intervention ont été comme un électrochoc, celui dont j'avais besoin.

« Là c'est le moment où c'est toi qui tombe amoureuse normalement. »

Nouveau sourire en coin. Maintenant je peux le dire, oui, je me sens mieux. J'ai tout ce qu'il faut pour être heureux et j'veux juste pouvoir en profiter.
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Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Lun 24 Avr 2017 - 21:57
La nausée est presque passée, c’est peut-être horrible à dire mais avoir vomi m’a fait du bien. Comme soulagé d’un poids.
Toujours assise et adossée contre une poutre, je me concentre désormais sur Enzo. Parce qu’une chose me travaille, me chagrine même. Je ne suis pas stupide et je commence à le connaitre pour ainsi dire, par cœur… Alors son comportement de tout à l’heure ne m’a pas échappé. Je l’ai senti tellement… abattu. Presque vaincu. Ca ne lui ressemble pas, pas pour un caractère aussi combatif que le sien .Je sais que les années vécues ici l’ont plusieurs fois écorché au point de le faire peut-être douté, mais je sais aussi qu’il a envie de vivre, de partir d’ici et de réaliser la plupart de ses rêves. Si ça n’est pas tous.

- C'est juste ...

Je ne dis rien, le laisse venir s’assoir à côté de moi après quelques secondes d’hésitations. Il a l’air nerveux, tendu. Ou tout simplement chamboulé. Suffit de le voir se mordiller le doigt et de triturer son tee-shirt pour deviner l’état qui lui traverse l’esprit et le corps.

- Depuis que les Détraqueurs ont commencé à apparaître j'me suis senti glisser lentement mais surement dans un espèce de … Je sais pas, un nid de vieilles angoisses qui sont remontées les unes après les autres. Je sais qu'ils ont cet effet là de manière générale mais là, c'était pas seulement ça. J'ai ...J’ai eu la trouille. Que tout recommence, qu'ils reviennent, qu'ils ...

Encore une fois, je ne l’interromps pas, me contente de l’écouter et le regarder en silence. Parfois je l’encourage d’un regard, d’un sourire mais n’articule aucun mot. Qu’il prenne son temps, nous avons tous les deux besoins de récupérer quelques minutes tout comme lui a besoin de poser certaines choses à plat.
Je me doute à quel point il a dû souffrir de la présence des Supérieurs lorsqu’ils étaient au château et que cette invasion de Détraqueur à dû remuer des choses qu’il aurait préféré oublier, ne plus ressentir. Et même si nous ne croisons pas l’existence d’un de ses êtres dans les couloirs, leurs présences omniprésentes autour de nous joue forcément sur nos humeurs, sur nos nerfs, souvenirs et peurs.

- Les autres fois j'ai géré, comme tout le monde, comme j'ai pu, mais là je sais pas pourquoi, j'ai plus de mal. J'arrête pas de faire des cauchemars, j'me planque derrière des sourires qui sonnent faux et m'isole parfois alors que c'est tout le contraire que je devrai faire seulement je supporte pas l'idée de faire subir aux autres mes états d'âmes alors qu'ils ont déjà les leurs à gérer.

Cette fois, je pose doucement une main sur la sienne, celle qui maltraite le pauvre tissu de son tee-shirt, en un geste tranquille et rassurant.

- Je sais… Mais tu as le droit toi aussi, à tes états d’âme. Si tu gardes tout ça pour toi, tu vas finir par exploser Enzo.

Et j’en sais quelque chose, malgré tout. Ce jour où j’ai complètement péter les plombs devant Emily, à cœur, à cri et à sang, sans filtre, sans me dissimuler derrière quoi que ce soit. J’étais dans les plus pures des émotions, brutes de décoffrages, jusqu’à ce que je m’en sente soulager et malgré le bien que cette « crise » m’a procuré, je ne souhaite plus jamais revivre quelque chose de semblable.
Je comprends ce qu’il me dit, ce qu’il veut dire… Mais nous sommes tous humains et nous vivons toutes ces choses à des degrés différents. Il n’y a pas de raison qu’il doive tout garder de son côté, dans son coin. Il a autant le droit qu’un autre de manifester ce genre d’émotions.
Et quand je perçois toute la tension qui émane de son corps, je me dis que finalement, expulser tout ce qui le bouffe ne serait vraiment pas une mauvaise idée pour lui.

- J'y survivrai pas deux fois, j'le sais. Ils ne me laisseront pas cette chance et j'leur laisserai pas l'occasion de faire à nouveau de moi leur bête de foire ou leur chien de compagnie. Sans parler des autres, parce que c'est leur moyen de pression et leur jeu préféré. J'veux plus vivre comme ça Keza, plus jamais. J'veux que tout ce merdier reste un lointain souvenir, un truc que je range dans un coin comme si ça n'avait jamais existé. J'veux aller de l'avant, vivre, construire, ressentir un milliard de choses positives, réaliser mes rêves parce que j'en ai pleins et profiter des gens que j'aime.

Ses mots me touchent, me chamboulent presque et bizarrement – ou pas -, soulèvent en moi une vague de colère froide. S’ils devaient revenir, il faudra alors me passer sur le corps avant qu’ils ne puissent toucher à UN SEUL cheveux de ce garçon ou même à Riley. Je ne permettrais pas que des choses comme celles qu’il a vécu ne se reproduisent. Toutes ces envies qu’il me formule, il les mérite. Et si ça ne tenait qu’à moi, je l’expédierais directement sur ses terres Australiennes pour qu’il puisse bénéficier de cette paix qu’il mérite tant.
Je comprends ses besoins et envies, vraiment. Et finalement, quand j’y pense… est-ce que je serais moi-même capable de vivre plus longtemps ici sous une nouvelle oppression ?

- On devrait tous mettre les voiles et se prendre un mois de vacances sur une ile paradisiaque tous ensemble.

Je lâche un rire amusé, me frottant les yeux de la paume de la main.

- Ne m’envoie pas du rêve comme ça, c’est cruel.

Un sourire, mince, mais présent. La fatigue commence sérieusement à peser et je dois admettre être plus sensible à ce genre d’idée que d’habitude. Je me suis toujours dis que si guerre il devait y avoir, je resterais sur le front. Je le sens, au fond de mes veines, qu’il faut que je reste ici. Je ne pourrais jamais partir d’ici, tourner le dos à cette bataille pour défendre nos idées, notre liberté. Je ne dis pas que ceux qui quitteraient ces lieux auraient torts de ne pas se battre, au contraire… Je serais même la première à les encourager à quitter les lieux pour vivre cette vie rêvée.
Je me sens un peu larguée, là, d’un coup. Je cligne des yeux et me concentre de nouveau sur Enzo qui semble profondément touché par tout ça, par toutes ces éventualités. Et ça me tord le ventre.

- J'me suis laissé aller et je ne l'assume pas des masses maintenant que j'y fais face.
- Eh, c’est rien. On ne peut pas être au taquet tous les jours, c’est aussi ça être humain. Le principal est que tu ailles bien, là maintenant.

Nouveau sourire, nouvelle pression sur sa main en signe de réconfort, de soutient. Je comprends ce qu’il ressent mais c’est tellement naturel de parfois baisser les bras. Nous ne sommes pas des surhommes.

- Mais peut-être que si je pense à ton cul nu ça ira mieux, ça me reboostera.
- Raah. Sale gosse.

Je tape mollement contre son épaule, plus pour la forme qu’autre chose alors que je me laisse aller contre lui, épaules contre épaules, me calant doucement.
J’suis bien là, avec lui. Même si c’est pour discuter de choses qui nous remue.

- J'veux pas savoir ce qui se serait passé si t'avais pas débarqué mais t'as fait bien plus que me sauver les miches Keza. Tu m'as redonné envie de me battre et c'est quelque chose que j'avais pas ressenti depuis trop longtemps.

Cette fois, je me redresse légèrement, entre le sourire et l’étonnement. Je ne m’attendais pas à un effet au salvateur chez lui mais je ne cache pas que je suis heureuse de l’entendre dire ça. Si cette situation, ,aussi horrible soit-elle, lui à permit de retrouver des choses perdus depuis que les Détraqueurs ont débarqués, alors j’en suis heureuse. Vraiment.

- Là c'est le moment où c'est toi qui tombe amoureuse normalement.
- Hum…. Non ! Toujours pas ! Mais essaie encore et peut-être qu’un jour tu finiras par avoir mon cœur…

J’écrase un rire un peu mou, signe de fatigue intense avant de me repositionner contre lui, sourire aux lèvres.

- Qu’est-ce que je deviens poétique quand j’suis fatiguée et quand je vomis…

Même si là, maintenant, je le suis beaucoup moins. Ce n’est qu’un détail.
Je me laisse aller, fermant les yeux une poignée de seconde, ramenant mes genoux contre moi. Je me sens brutalement fatiguée, vidée de toute énergie. Impossible de savoir si c’est le combat contre les détraqueurs ou tout simplement la fatigue accumulée mais je crois que je serais capable d’écraser une sieste de cinq heures, non stop.
Mais ça n’est pas le moment, loin de là.

- Je préfère t’entendre dire tout ça, que t’as envie de te battre, de vivre. Ne serait-ce que pour avoir l’occasion de partir d’ici et vivre ta vie plus tranquillement ailleurs.

Yeux ouverts, regard plongé droit devant moi, je songe à ce que pourrait être l’avenir hors de ces murs.

- Parfois je me dis que de rester ici est vraiment une belle connerie. Et d’un autre côté, je comprends nos professeurs de vouloir nous donner le droit et la liberté de continuer nos études, malgré ce que les Supérieurs essaient de nous voler.

Ils s’évertuent tellement à nous laisser ce droit, au péril de leur vie. Pourtant, ils sont et ont comme nous une famille, des proches et préfèreraient peut-être être à des millions de kilomètres ici plutôt que de risquer leur vie tous les jours pour la notre. Pourtant, ils restent là. Par choix, mais quand même.
Je me redresse légèrement, sourcils froncés et plonge mon regard fatigué dans celui d’Enzo.

- Ne t’arrête jamais de te battre, ne t’arrête jamais d’avoir envie de vivre. Toutes ces bonnes choses qui t’arrivent, tu le mérites. Tu en as suffisamment bavé alors c’est à ton tour d’être heureux et n’ait jamais honte de ça. Tout comme n’ai jamais honte de parfois douter, te sentir mal dans tes baskets ou quoi que ce soit d’autre. Ok ?

C’est peut-être rien ce que je dis mais c’est important de le savoir, de le répéter. Parfois, dans toutes ces merdes on s’y perd soit même, à se dire qu’on n’est pas plus à plaindre qu’un autre, qu’untel est plus malheureux que nous et que, par conséquent, on devrait tout simplement se taire et souffrir en silence, dans son coin.
Nous avons tous le droit à nos douleurs.

- Tu sais quoi, cette idée d’île paradisiaque ça serait peut-être pas mal pendant les vacances… Pourquoi est-ce qu’on partirait pas tous ensemble ? On organise ça, on se cotise tous pour louer une grosse maison au bord de la plage et on y passe tous une bonne semaine. Juste entre copains … Je m’arrête un instant et le regarde, sourire taquin aux lèvres. Et petit-copain, bien entendu.

Je sais qu’Enzo a une maison en bord de mer, en Australie, mais je nous imagine tous tellement partir à l’autre bout du monde, dans un endroit totalement inconnu, faire des excursions entre amis un jour et le second, à se baigner, ne rien faire. Rire, s’amuser, profiter, s’aimer, rire.
Et toutes ces images, je les raconte à Enzo parce que ça se voit comme le nez au milieu de la figure, ça lui redonne le sourire. Cette étincelle au creux du regard qu’il n’avait plus tellement avant cette attaque.
Le silence finit par retomber quelques secondes, nous laissant tous les deux plongés dans des images, des souvenirs futurs qui font du bien, qui réchauffe les cœurs. Je finis par briser le silence, doucement.

- Je ne les laisserai pas te faire du mal. Pas encore. C’est peut-être la fatigue qui parle pour moi, je n’en sais rien mais j’articule malgré tous mes mots. Même si je dois t’aider à fuir cette école avec les autres, hors de question pour que tout ça se reproduise.

Qu’il soit de nouveau considéré comme une bête de foire, que Riley subisse encore l’oppression de ces pervers malfaisants et que tant d’autres ne perde une partie d’eux-mêmes à voir ces êtres pourris jusqu’à la moëlle entre ces murs.
Je secoue la tête, plus pour moi qu’autre chose et me cale un peu plus contre lui, regard résolu. Je sais dans quoi je m’implique en faisant ces tours de gardes, ces cours particuliers, en apprenant un peu plus chaque jours du métier d’Auror et si je dois commencer maintenant, je le ferais les yeux fermés. A bien y penser, je ne supporterais pas voir Enzo souffrir et être traité comme un moins que rien, comme autre fois.

Je lâche un soupire, de fatigue ou de lassitude, à moins que ça ne soit de bien-être.

- Par contre, si je reste comme ça, je vais dormir jusqu’à demain matin.

D’autant plus qu’il me sert agréablement de bouillote.
Sans offense.
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Jeu 27 Avr 2017 - 23:14
« Hum…. Non ! Toujours pas ! Mais essaie encore et peut-être qu’un jour tu finiras par avoir mon cœur… Qu’est-ce que je deviens poétique quand j’suis fatiguée et quand je vomis… »
« J’y arriverai. Ora et toi, vous allez finir par craquer. Tu verras. »

Sourire fatigué mais réellement amusé sur les lèvres, ma tête se pose contre la sienne et je me sens partir lentement mais surement, apaisé par la situation qui ne pourrait être plus calme. La sentir contre moi, sa main sur la mienne, ça me fait beaucoup de bien. Elle aussi semble aller mieux mais je crois qu’on en est au même stade, plus ou moins, c'est-à-dire épuisés. Chacun avec ses propres raisons mais ce qu’il vient de se passer, on l’a en commun. Le reste … Oui, ça m’a remué de ramener tout ça sur le tapis c’est une certitude mais ça fait surtout beaucoup de bien de laisser toute cette merde sortir. Elle le sait, elle me connait … quasiment par cœur et ça n’est pas question de ne pas avoir confiance en qui que ce soit d’autre mais elle est probablement la seule ici – exception faite d’Ismaelle – à qui je pourrais parler comme ça, de ça. Elle sait, elle a vu, vécu, ressenti … Elle ne sait pas tout, loin de là même mais … Elle était là. Elle comprend. Je ne dis pas que les autres ne le pourraient pas,ni même que je n’aborderai jamais le sujet avec qui que ce soit d’autre si ça doit se présenter, c’est pas ça, juste que … Enfin c’est comme ça, c’est tout. De l’instinct, de la pudeur. Peut-être un peu de crainte que leur regard sur moi change, aussi. J’en sais trop rien. Pourquoi ressasser le passé de toute façon ? J'ai fait, vu et vécu des choses qui me hanteront toute ma vie mais elles ne me définissent pas. Aujourd’hui j’ai les yeux et le cœur rivés vers l’avant ou l’instant présent, ils en font tous partie. C’est ça qui compte le plus. Je l'espère en tout cas. J'effacerai pas ce qui s'est passé, je dois vivre avec mais j'ai envie de croire que tout ça n'est plus qu'un lointain souvenir, que ça ne me rattrapera jamais. Et que ça ne fera pas fuir ceux qui ne savent pas si un jour ils en viennent à l'apprendre. J'ai trop de fois emprunter le chemin de la haine, la rage et la vengeance, celui du sang, des larmes et des cris, puis celui de la rédemption. Aujourd'hui j'aspire à la paix et ...

« Je préfère t’entendre dire tout ça, que t’as envie de te battre, de vivre. Ne serait-ce que pour avoir l’occasion de partir d’ici et vivre ta vie plus tranquillement ailleurs. »

… Je ne suis pas réellement certain que je la trouverai ici, entre ces murs et derrière ces grilles. Ailleurs. Plus les jours passent et plus cette alternative me parait … presque évidente.

« Parfois je me dis que de rester ici est vraiment une belle connerie. Et d’un autre côté, je comprends nos professeurs de vouloir nous donner le droit et la liberté de continuer nos études, malgré ce que les Supérieurs essaient de nous voler. »

Je l’écoute, je ne bouge pas si ce n’est ce soupir qui m’échappe. Des fois je me dis qu’on a tous un putain de syndrome de Stockholm … Mais pourtant oui, on est encore là alors que certains d’entre nous ont pris la tangente depuis plus ou moins longtemps et n’en sont pas moins heureux là dehors. On le sait que le danger rôde mais perdu sur tout le globe … Et si c’était ça la solution ? Fermer les portes, s’en aller, point barre. Pourtant moi aussi je comprends, ce besoin de rester, d’aller au bout des choses, de ne pas céder. Et puis tous ces adultes, c’est leur métier après tout. La liberté … Je ne sais plus vraiment où en sont les limites, à vrai dire. Est-ce qu’on est réellement libre ici ? Je crois que oui mais sachant qu’une épée de Damoclès se balade tranquillement au-dessus de nos têtes …

Elle bouge, je tourne la tête vers elle et son regard, que je trouve intense en cet instant, me capture. A mon tour je fronce les sourcils, par réflexe. Elle a l'air épuisée, mes sens m'envoient quelques signaux à nouveau mais la gravité dont elle fait preuve malgré sa douceur naturelle m'interpelle.

« Ne t’arrête jamais de te battre, ne t’arrête jamais d’avoir envie de vivre. Toutes ces bonnes choses qui t’arrivent, tu le mérites. Tu en as suffisamment bavé alors c’est à ton tour d’être heureux et n’ait jamais honte de ça. Tout comme n’ai jamais honte de parfois douter, te sentir mal dans tes baskets ou quoi que ce soit d’autre. Ok ? »

Tout ça, même si je ne le montre peut-être pas vraiment, ça m'atteint réellement en plein cœur et y diffuse une chaleur apaisante, qui soulage et rassure en quelque sorte. Ça m'ébranle, me touche réellement et c'est sans doute pour ça que je détourne le regard quelques secondes. Je me contente de hocher la tête, cette fois c'est un sourire presque nerveux que j'arbore et ai du mal à tenir en réalité. Cette conversation remue énormément de choses en moi, je me sens … fébrile mais pas d'une manière négative. Je n'ai jamais cherché à entendre ces mots pourtant je sens qu'ils me font énormément de bien. Oui j'en ai bavé et je ne suis pas le seul mais je sais qu'après avoir encaissé tout ça j'aurai pu ne plus jamais être le même. J'aurai pu mal tourner, j'aurai pu … perdre définitivement l'esprit et sombrer en entrainant certaines personnes avec moi dans ma chute ou simplement ne jamais m'en remettre. J'aurai pu en mourir, tout simplement? J'en suis passé très près plusieurs fois, sincèrement ça tient du miracle si je suis toujours là aujourd'hui, on ne va pas se mentir. Alors oui, entendre ça, c'est … J'ai pas de mot pour le décrire mais ça m'atteint réellement en plein cœur. Être heureux, j'en fais quasiment une mission, une raison d'être, un but en tout cas ça c'est certain et je ferai tout ce que je peux pour que les gens qui m'entourent le sois aussi. Elle y compris. Parce que si je le mérite, que dire d'une personne comme elle ? J'ai rarement rencontré quelqu'un comme cette fille, elle est presque comme un ange tombé du ciel et non je n'exagère pas. Je le pense sincèrement tout comme je le pense en ce qui concerne Ismaelle.

« Tu sais quoi, cette idée d’île paradisiaque ça serait peut-être pas mal pendant les vacances… Pourquoi est-ce qu’on partirait pas tous ensemble ? On organise ça, on se cotise tous pour louer une grosse maison au bord de la plage et on y passe tous une bonne semaine. Juste entre copains … Et petit-copain, bien entendu. »
« Boh tu sais … J’le vois déjà bien assez comme ça. »

Intérieurement, je la remercie d'avoir basculé sur un sujet un peu plus léger bien qu'il n'en demeure pas moins sérieux. Ma répartie elle ne l'est pas, bien évidemment, mais mon sourire en coin retrouvé en atteste sans aucun mal. Si mon cœur bat à nouveau de manière intense en cet instant ça n'est plus du tout pour les mêmes raisons.

« D’ailleurs les p’tites copines sont admises aussi. »

Je la taquine et je ne sais pas si elle comprendra où je veux en venir – à mon avis si, très bien même – mais qu'elle n'espère pas être passée entre les mailles du filet. Au même titre que Maxime sent mon odeur sur William, je sens parfaitement celle d'Emily sur la belle anglaise. Et inversement. Quand je vous le disais que c'était intrusif … Mais je ne fais pas exprès, quand bien même j'essaie de brider autant que je peux. Quant à savoir ce qu'il se trame exactement entre ces deux là, ça ne me regarde pas, mais je ne pouvais pas passer à côté de ça.
Et puis nous voilà entrain de spéculer sur ces futures vacances tous ensemble qui ne me paraissent plus du tout improbables au fur et à mesure que les secondes défilent. Le sourire est là, des deux côtés, et il est évident. J'ai envie de partager des choses avec toutes ces personnes qui sont aujourd'hui mon quotidien et qui prennent une place importante dans ma vie. A l'extérieur. Je suis curieux de voir ce que ça pourrait donner, sincèrement, et puis … Pourquoi pas ?

Je crois qu'on est tous les deux en train de visualiser ça dans nos têtes quand le silence retombe légèrement et une nouvelle fois c'est elle qui le brise.

« Je ne les laisserai pas te faire du mal. Pas encore. Même si je dois t’aider à fuir cette école avec les autres, hors de question pour que tout ça se reproduise. »

Une nouvelle fois elle m'atteint en plein cœur et je ressens clairement l'humidité qui se pointe sous mes paupières sans pour autant en franchir les barrières. Je sais que je ne suis pas seul, loin de là même, mais avoir des amis, des personnes qui veillent sur vous d'une manière ou d'une autre, assure vos arrières en cas de besoin, une famille au sens large … ça ne remplacera jamais un père et une mère. En cet instant c'est à eux que je pense parce que j'entre dans l'âge adulte oui certainement mais j'aurai toujours besoin d'eux d'une manière ou d'une autre. Parce que ça fait plus de trois ans que je fais sans, que je me débrouille, que je prends la vie comme elle vient mais ils n'ont jamais cessé de me manquer et je me rends compte que j'appréhende un peu la vie dehors sans leur présence. Comment est ce que Derek gère tout ça lui ?
J'aurai toujours besoin d'eux, d'une manière ou d'une autre. J'aurai tellement eu besoin d'eux ces dernières années, pour le meilleur comme pour le pire. J'imagine qu'elle ressent surement la même chose vis à vis de sa mère mais je ne sais pas si elle réalise l'impact de ses mots. J'ai survécu à des horreurs, j'ai beau être un incorrigible sensible je sais aussi reconnaître que je me suis montré très fort ces dernières années, mais quand j'entends ce genre de choses … Sentir que quelqu'un est là pour vous protéger, l'entendre, c'est quelque chose de puissant.

Alors je regarde à nouveau droit devant moi, j'attends que les émotions fassent leur chemin, tout simplement. Dans le silence, bercé par sa présence.

« Par contre, si je reste comme ça, je vais dormir jusqu’à demain matin. »

Oh elles sont toujours là ces émotions, assurément, mais c'est bien un rire bref que je lâche alors que je retombe petit à petit sur terre à nouveau. Relativement heureux de passer à autre chose, autant être honnête.

« C’est pas une option qui me pose souci là, maintenant, tu vois. »

La voix un peu enrouée, je me racle la gorge pour faire passer ça et me redresse légèrement. Autant de mouvements pour retrouver encore une fois un peu de consistance.

« Des fois j’vous envie, ça doit être plutôt cool de se blottir contre un truc chaud comme ça. »

J’pourrai toujours tenter avec Maxime … AHAHAHAH. Hum. Et quand je dis truc, évidemment, tout le monde a compris.

« J’aurai du tenter avec Hammerschmitt avant qu’il parte tiens. »

Si je ne parle pas de Maxime à voix haute c’est simplement par habitude. Je ne sais pas si Kezabel est au courant de sa double nature alors dans le doute, abstiens toi comme on dit. Et évidemment que non j’aurai pas été me blottir contre Jakob, ça va pas ou quoi. Y a bien eu Ever parfois mais ... Très rarement en réalité.

« J’vais pas me plaindre, Will n’est peut-être pas Lycan mais en terme de bouillotte il est plutôt efficace. »

Je tiens à le préciser, il n'y a pas la moindre trace d'allusion sexuelle là-dedans, on parle bien de température corporelle.

Haussement d'épaules, sourire tranquille et une pensée pour lui, pour les nuits qu'on passe ensemble dans les bras l'un de l'autre ou simplement à se battre pour avoir le plus de couverture … ou de place. N'allez pas croire que je gagne, c'est même tout l'inverse quand il passe en mode étoile de mer et qu'il ne me reste plus qu'un p'tit coin pour tenir sur le matelas. Faut dire aussi qu'on est loin du king size ici … En même temps c'est une école, ça s'entend. En tout cas c'est un soupir … de bonheur qui m'échappe alors que je me perds un peu dans ces pensées, amusé. Lui, elle, tous les autres … Je me sens extrêmement chanceux. Et heureux.

« Viens, avant qu’on s’endorme tous les deux. »

Je la bouscule un peu de l'épaule, en douceur néanmoins, puis me relève et l'aide à en faire autant. Je vais récupérer mon sac puis revient vers elle. Mon bras va s'enrouler autour de ses épaules, le sien passe autour de ma taille et on avance comme ça, tous les deux côte à côte, épuisés mais souriant, clopin-clopant, jusqu'à ce qu'on arrive dans le Hall, au pied des escaliers à côté de sa Salle Commune. Là, je la serre contre moi, toujours en douceur et dépose un baiser dans ses cheveux avant de poser mon menton sur le sommet de son crâne l'espace de quelques secondes.

« Fais attention à toi Keza, s’il te plait. »

...

« Non parce qu’il va falloir gérer Riley s’il t’arrive un truc alors … »

Je m'écarte, elle rit, j'en fais autant puis mon pouce effleure sa joue tranquillement. Tous ces gestes n'ont rien d'ambigus, tout ce que je ressens pour elle n'a rien d'ambigu. Je crois qu'il n'y a absolument rien de plus pur, en réalité.

« J’suis heureux que tu fasses partie de ma vie. »

Un dernier sourire, mon bras retombe le long de mon corps et cette fois c'est sur sa joue que je dépose un baiser.

« Repose-toi bien. Et remercie pour le moi le créateur de cette école d'avoir eu la brillante idée de foutre la salle commune des Rouges au dernier étage. »

Pire, dans les Tours ! Encore un rire. Je crois … que je pourrais m'endormir, là, comme ça, sans sommation. Je sais bien que je pourrais aller squatter un de leur canapé mais la vérité c'est que j'aspire à être dans ma bulle, dans ma chambre tout simplement. Alors oui, je vais me taper ces sept putains d'étages et m'écrouler sur mon lit.

« Je fais attention, promis. »

Ni elle ni moi, ni personne j'imagine, n'avons oublié qu'ils sont encore quelques uns a trainer dans le coin et si je suis aussi vide d'énergie c'est en partie grâce à eux. À l'un d'eux surtout. Hors de question que ça se reproduise alors c'est les doigts enroulés autour de ma baguette et les sens aux aguets que je monte les étages les uns après les autres. Je ne mentirai pas, je crois que je n'ai jamais trouvé le chemin aussi long et très sincèrement, je me demande si je n'ai pas fermé les yeux et rencontré Morphée avant même d'avoir touché mon matelas. Sans me préoccuper une seconde du fait que je devrais être en cours.

#

J'ai l'impression d'avoir dormi des siècles mais ça n'est pas ce qui me frappe le plus, loin de là. J'ai rêvé d'eux, de chez nous, de ce que serai notre vie aujourd'hui à tous les quatre s'ils étaient encore là. J'ai pris quelques vagues avec papa, aidé maman à ranger des trucs dans son atelier sans qu'on ne sache réellement ni elle ni moi à quoi ça peut bien servir, j'ai même plaisanté avec Derek alors qu'on s'est envoyé des piques tout du long … et c'est avec le sourire que j'émerge. Ce rêve de me rend pas triste, c'est même tout le contraire. Un peu mélancolique, peut être, ou nostalgique, mais pas triste. J'ai eu le sentiment de vivre un break dans la réalité, comme une parenthèse de douceur dont j'aurai pu avoir besoin après toutes ces émotions. Presque comme une récompense finalement. Je sais que ça n'est pas réel, simplement le fruit de mon imagination et mon subconscient mais ... J'ai passé du temps avec ma famille, en famille, c'est tout ce qui m'importe.
Tout est calme dans le dortoir, je reste allongé encore un petit moment, une photo de nous quatre dans la main et Lune enroulée sur elle-même dans le creux de mon cou. Je me sens encore fatigué, certes, mais je me sens bien, apaisé. Heureux.

Cet apaisement, ce bonheur qui court dans mes veines et fourmille dans tout mon organisme, j'ai envie de le partager, d'en faire profiter les autres. Les autres ? Les gens a qui je tiens tout simplement. Et j'ai envie de prendre William dans mes bras. C'est dans cet optique là que je me lève, toujours pas vraiment très réveillé, les cheveux et la dégaine en vrac mais le sourire aux lèvres, laissant Lune sur mon oreiller non sans l'avoir gâté de caresses et grattouilles pendant un moment. Il en faut pour tout le monde. La photo, je ne la range pas. Elle glisse dans une de mes poches parce que ça aussi j'ai envie de le partager. Et mon sourire ne me lâche pas à mesure que je descends les marches, puis les étages. Il s'élargit même quand arrivé à un palier j'aperçois cette silhouette devenue plus que familière au fil des dernières semaines : Précisément celle que je cherchai. Debout sur la dernière marche je l'observe une seconde ou deux sans rien dire, je crois qu'il ne m'a pas vu pour l'instant mais je n'ai pas envie d'attendre plus alors je descends de cette dernière marche me dirige vers lui, tranquillement, un pas après l'autre, jusqu'à m'immobiliser, sourcils froncés, quand quelque chose que je ne comprends pas tout de suite se produit.

C'est arrivé très vite ... et l'apaisement vol en éclat.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Mer 10 Mai 2017 - 21:36
- C’est pas une option qui me pose souci là, maintenant, tu vois.

Et à moi non plus. Si bien que si je ferme les yeux quelques secondes de plus, je sais que je vais partir définitivement dans les lymbes d’un sommeil profond. Enzo se redresse, j’essaie d’en faire de même en me frottant les yeux de fatigue, sourire aux lèvres.

- Des fois j’vous envie, ça doit être plutôt cool de se blottir contre un truc chaud comme ça.
- Si tu me parles d’Astrée, je t’avouerais qu’elle n’est pas tellement du genre à me servir de peluche.

Je sais pertinemment qu’il me parle de lui mais le taquine, le poussant légèrement des épaules. C’est vrai qu’il est plutôt brûlant comme garçon, le genre de température qui vous donne l’envie de somnoler direct. Et comme une invitation survenue de nulle part, je me rappel ces nuits avec Maxime où j’appréciais particulièrement les moments où je pouvais sentir sa chaleur corporelle, tenant mon esprit envelopper dans un cocon douillet de chaleur pour quelques heures.

- J’aurai du tenter avec Hammerschmitt avant qu’il parte tiens.
- Par Melin, ne me met pas de mauvaises images en tête s’il te plait !

Impossible pour moi de ne pas imaginer maintenant… NON MERCI !

- J’vais pas me plaindre, Will n’est peut-être pas Lycan mais en terme de bouillotte il est plutôt efficace.
- Ce qui justifie sûrement qu’on te voit de plus en plus faire de grasse matinée …

Encore une fois je le taquine, pour l’emmerder un peu. En aucun cas je le stalk ou ne surveille ses faits et gestes dans les moindres détails, mais j’imagine facilement qu’il doit apprécier à nouveau la présence de quelqu’un qu’il apprécie autant, une sorte de réconfort à porter de mains.
Sans trop savoir pourquoi, mes propres pensées se dirige vers Emily avec qui je vis quelque chose de complètement … doux ? Incroyable ? tout ce que je sais c’est qu’elle ne me laisse pas indifférente et que surtout, j’aime passer ce temps avec elle, me sentir regarder, désirer même. Rire, parler de tout et de rien. Elle a ce quelque chose dans le regard qui me plait. Clairement.
Et pendant que j’y réfléchis, j’ai l’impression de partir de nouveau dans un sommeil qui ne fait qu’ouvrir ses bras pour m’accueillir…

- Viens, avant qu’on s’endorme tous les deux.

Non, ça ne sera pas pour tout de suite. Je me sens légèrement bousculée de l’épaule et consent enfin à me lever pour retrouver presque aussitôt le creux de son bras alors que le mien passe autour de ses hanches. On a l’air de deux frères d’armes comme ça, de deux compatriotes rentrant de bataille, éreintés par l’effort. Ce qui est en soit, presque vrai !
Nous marchons jusqu’au Hall, puisque jusqu’à l’escalier qui mène à ma salle commune. Puis, je ne m’y attends pas, reste un peu surprise sur le coup. Surprise de le voir me prendre dans ses bras avec une tendresse que je devine presque nouvelle. J’ai l’habitude des étreintes avec Enzo mais j’ai l’impression que cette dernière a quelque chose de particulier. Son baiser dans mes cheveux, son menton sur mon crâne et cette tendresse qui me fait du bien.

- Fais attention à toi Keza, s’il te plait.

Je bug un instant, ouvre les yeux et le serre un peu plus fort, imperceptiblement. Je ne sais pas si la fatigue joue dans l’équation mais ça me touche plus que ça ne devrait le faire.

- Non parce qu’il va falloir gérer Riley s’il t’arrive un truc alors …

Je lâche un rire amusé alors qu’il s’écarte de moi.

- Je ne veux pas prendre le risque, elle serait capable de me chercher par la peau du cul dans ma tombe.

Et on sait tous ici qu’il ne vaut mieux pas contrarier ma tornade Ecossaise. Oui, MA tornade. Parce qu’elle est mon âme sœur, une partie de moi. Et à l’inverse, s’il devait lui arriver quoi que ce soit, je sais, en tout état de conscience, de quoi je serais capable.
Mais il ne s’agit pas de moi, ou presque. Son inquiétude me touche et je sais qu’il se soucie certainement de me voir si « active ». Ca me touche sincèrement, tout comme ce geste qu’il effectue du pouce sur ma joue, d’une tendresse incroyable et qui me réchauffe le cœur. Pas que j’aille mal mais pourquoi refuser un peu de douceur de cette forme ? Surtout venant d’un ami comme Enzo.

- J’suis heureux que tu fasses partie de ma vie.
- Moi aussi Enzo. Vraiment.

Parce qu’il m’a apporté bien plus qu’il ne peut le concevoir.

- Repose-toi bien. Et remercie pour le moi le créateur de cette école d'avoir eu la brillante idée de foutre la salle commune des Rouges au dernier étage.
- Je le remercierais aussi d’avoir fichu l’infirmerie au 7ème par la même occasion…

J’avoue avoir du mal à comprendre l’architecture de cette école parfois. Enfin surtout la place des salles. J’hausse les épaules et ouvre la bouche pour lui lancer une dernière recommandation…

- Je fais attention, promis.

… Mais n’en ai pas le temps. Je le salut d’un geste de la main et d’un sourire, amusée qu’il ait pu prévoir ma réaction avant de laisser retomber ma main mollement contre ma cuisse. Je n’oublie pas le danger qui rôde, ni le risque à ce qu’il tombe de nouveau sur un détraqueur et c’est d’autant plus risquer vu son état de fatigue proche du mien. Mais je sais aussi qu’il fera attention et qu’il sait se défendre. Malgré ce que j’ai vu cette après midi, je n’oublie pas notre discussion, son besoin de vivre et toutes ces choses qu’il m’a dit de positif, sur son envie de bouger, de se battre.
J’attends qu’il prenne le large avant de pénétrer dans ma salle commune où je ne cherche aucun visage en particulier si ce n’est l’image de mon lit que je retrouve en moins de temps qu’il ne me faut pour le dire. Je ne prends que le temps de me défaire de mon gilet, de mes baskets et de mon jean avant de me glisser sous la couette et de fermer les yeux.
Un claquement de doigts et je suis dans les bras de morphée pour au moins, plusieurs heures.

FIN POUR KEZABEL
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Jeu 11 Mai 2017 - 22:06
►Hey young blood, doesn’t it feel like our time is running out ?◄
Enzo & Will


- Quoi ? Un truc qui va pas ?

- Bah disons que c’est pas commun de voir un … éléphant galoper dans les couloirs quoi.

Je regarde l’imposante stature de mon patronus et hausse les épaules.

- J’essaie de chercher en quoi ça t’représente en fait.

La clope coincée derrière mon oreille finit par rejoindre mes lèvres, l’allumant d’un geste sur mon zippo. Je continue de contempler mon patronus qui brille toujours autant, restant là, près de Shawn et moi-même. J’esquisse un sourire avant de lui répondre.

- A ton avis ?
- Certainement pas pour la taille de ton engin.
- Qu’est-ce que t’en sais, t’as déjà été voir ?
- Mec, t’es un putain d’exhibitionniste dans le dortoir, j’ai été obligé de voir.
- Ouais, mais c’était au repos.

Il ricane en prenant ma clope pour allumer la sienne, secouant légèrement la tête.
J’vous présente Shawn, un mec de ma classe. Un type à qui j’n’avais jamais parlé avant ces quelques semaines écoulées. Il est archi grand, presque deux têtes de plus que moi, à vue d’œil. Et il a une tignasse qui ressemble à du crin de poney, qui lui retombe lourdement sur les épaules quand ils ne sont pas attachés comme aujourd’hui en un chignon noir corbeau.

- Bon, et toi on en parle du tiens ?
- Bah ouais, il a de la gueule quand même.
- … C’est un Loris Paresseux Shawn.
- Et ?

Je ricane clairement, librement, avant de glisser les mains dans mes poches, scrutant la bestiole qui est au moins dix fois plus petite que mon éléphant.

- Et quand on connait l’animal, on se dit que finalement ça te ressemble assez bien. T’es plutôt lent comme gars.
- Ta gueule Jackson.
- Allez, ça suffit le concours de celui qui pissera le plus loin, j’ai un mec à aller galocher.

Il lève les yeux au ciel, très haut, avant de ranger sa baguette et de « rappeler » son patronus à lui, tout comme je fais de même avec le mien. Un éléphant ; J’me demande pourquoi il a fallu que j’me tape un truc aussi gros mais bon, j’l’aime bien.
Et ouais, on était clairement entrain de comparer la classe de nos patronus respectif.
Je tire sur ma clope et prend la direction opposée dans un but bien précis : rejoindre Enzo.
Un besoin naturel de le voir, le toucher, le sentir. Ces dernières semaines ont été un peu chamboulées en terme d’émotions. Disons que je ne m’attendais pas à tout ce qui m’est tombé sur le coin de la gueule. C’est pas pour m’en plaindre, au contraire ; J’peux même dire sans l’ombre d’une hésitation que je suis tout simplement heureux. Je ne cherche pas midi quatorze heures, je ne me prends pas la tête et si je suis d’un naturel à me foutre de tout et à laisser aller sans me poser de question, cette fois les choses sont clairs. Je ne me suis pas compliqué la vie, ne me suis pas compliqué tout court. Si au début, toute cette histoire était partie pour être un plan cul, je me suis bien vite rendu compte qu’il y avait autre chose et c’est ça, que j’ai pas cherché à éviter. Pourquoi le faire ? Il m’attire, me rend bien, heureux et serein, alors pourquoi m’en priver ? D’autant plus que maintenant que les choses sont posées, j’ai bien l’impression que tout prend une autre tournure.
Une tournure qui me plait. Rien à voir avec mes aventures précédentes. Il y a une complicité, une implication dans tout ça, même si encore une fois, je ne me crame pas les neurones pour savoir comment réagir. Je laisse faire le feeling, les envies et ça fait foutrement du bien quand tout se casse la gueule autour de vous.

Direction salle commune des rouges où je compte bien venir empiéter sur les occupations de mon cher et tendre. Je prends soin d’être attentif pour ne pas tomber sur l’une de ces horreurs qui me foutent la trouille. Ce genre de créature m’intrigue. Tout dans l’univers est physique. De la plus grande à la plus microscopique des molécules, atomes et toute la compagnie, le monde a une consistance… Pourtant, quand j’regarde un détraqueur, j’ai l’impression que le vide le plus pur les animes, couplés au désespoir ambiant qu’ils peuvent trouver entre les murs de ce château comme on pourrait trouver ses œufs de pâques.
Je termine ma clope et me dirige vers une poubelle du couloir pour l’y jeter, distrait.

- Will !

Je sursaute violemment pour deux raisons. La première est l’urgence dans la voix, la panique, l’horreur, la peur. Comme l’arrivé imminent d’un danger.
La seconde, c’est LA voix en elle-même.
Ce timbre, ce léger accent, cette façon de prononcer mon prénom. J’ai le ventre qui se crispe en un nœud douloureux et le cœur qui me tombe aux pieds.

- Cours !

Je me retourne et assiste pour la troisième fois à l’horreur de ma vie.
Impossible de bouger, impossible de parler. Quelque chose se bloque, se brise, là quelque part dans ma poitrine alors que mon cœur ralenti, que mon souffle s’écourte. Impossible que mes battements cardiaques ne ralentissent. Pas quand je commence à haleter de panique. Pas quand je commence à avoir les mains qui tremblent, la haine au creux de ma gorge. Non. Mon cœur est en pleine accélération, en plein désamorçage de la réalité.
Jude est là, devant moi. Debout, puis à genoux, puis au sol. Roulé en boule. La scène se passe à une vitesse qui me terrifie, comme si vous assistiez à un drame sans avoir le temps d’agir. C’est exactement le cas ici. J’ai à peine le temps de prendre conscience de sa présence à lui qu’il se retrouve déjà acculé par trois silhouettes.
Trois sombres connards, des enculés sans nom, armés d’une batte de base-ball, de rangers à coques, tabassant Jude jusqu’à la mort.

J’ai toujours pensé que si j’avais pu faire un bond dans le temps, en arrière, j’aurai réagis. Même si j’étais moi-même fracassé par terre, roué de coup, j’aurai pu faire quelque chose de plus que ce jour-là. Bouger, cogner, hurler malgré la poigne de ce connard qui me maintenait les cheveux.
Et pourtant, en cette seconde, je ne bouge pas. Contemplant avec une horreur traumatisante le drame qui m’a changé à tout jamais. Qui a changé ma façon de voir les choses. Qui m’a donné l’impression pendant de longs mois, voire de longues années, d’être brisé, vide. Seul. Défoncé. Explosé. M’infligeant le manque constant de l’homme qui est actuellement entrain de se faire tuer sous mes yeux.
Je ne sens pas mon corps chuter contre le mur derrière moi, la poitrine oppressée, le cœur comprimé. Le visage criblé de larmes. Moi qui suis pragmatique, réaliste et conscient, je n’arrive pas à me foutre dans le crâne que peut-être, tout ce que je vois est le pur fruit de mon imagination, qu’il y a un sortilège sous ces images qui se répètent sous mes yeux, avec sons compris. Plus les secondes passent, plus je vois le visage de Jude se rompre, se brisé…
Et l’horreur prend un tout autre sens. Une toute autre violence. Je cligne plusieurs fois des yeux avant de prendre conscience que les traits de l’homme que j’ai aimé il y a presque 5 ans, prends ceux de celui que j’aime aujourd’hui.
Ce n’est plus Jude qui meurt sous mes yeux, mais Enzo. Mon cœur se soulève, ma conscience explose tous les cadenas qui me retenaient jusqu’ici prisonnier de ma propre terreur alors qu’une rage nouvelle gonfle ma poitrine.

- NON !

Je hurle, brutalement, me relève et fonce tête baissée. Clairement fracassé de l’intérieur, l’état d’âme en miette.
Mais plutôt crever que de laisser cette horreur se produire une deuxième fois.
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Ven 12 Mai 2017 - 20:39
Tout va vite, très vite, trop vite mais à la fois terriblement lentement, presque comme si le monde s'était figé. Je me suis figé. Difficile de dire si je réalise vraiment ce qui se passe, tout ce que je sais c'est que mes yeux restent braqués droit devant moi, regard plongé sur ce qui se passe, et mon corps ne répond plus. Je ne suis pas le seul a m'être figé, là bas, à quelques mètres, William en a fait autant. Ce qui était d'abord comme une sorte de nuage, de brouillard, quelque chose d'informe, commence à se matérialiser. Mon regard va et vient, lentement, entre ce qui prend forme et la silhouette familière qui se retourne comme s'il réagissait au ralentis. Je crois, en réalité, que c'est exactement ce qu'il fait. Je commence à le connaître par cœur, la moindre réaction de son corps me parle et de là où je suis je peux sentir ses épaules s'affaisser, l'infime mouvement de sa lèvre supérieure, ses yeux qui s'écarquillent et sa bouche qui s'entrouvre comme s'il voulait parler alors qu'aucun son ne peut sortir. Ce que je lis en lui en cet instant, c'est de la douleur, douleur qui se propage dans mes veines en stéréo. Parce que j'ai compris, parce que j'ai mal pour lui, parce qu'un putain de paquet compact d'émotions vient me percuter de plein fouet.
Je l'ai entendu moi aussi, cette voix, et je n'ai pas besoin de la connaître pour savoir a qui elle appartient, qui est cette silhouette inconnue qui prend forme, d'abord debout, puis à genoux, enfin au sol. Je n'ai pas non plus besoin de connaître les détails de ce qu'il s'est passé pour comprendre que tout se rejoue en cette seconde et une vague de violence vient me frapper quand tout s'enchaine trop vite pour réellement l'appréhender. Je me prends ces images en pleine gueule, ce qu'elles représentent, la violence, la haine, la peur. La colère, là, sourde, dans mes artères et tout mon système sanguin. Mes émotions se mélangent, mon attention accaparée par deux choses à la fois. Cette scène d'abord, ces silhouettes, quatre au total dont une au sol et les trois autres debout, voleuses de vie.

Puis lui, figé à quelques mètres, la terreur dans le regard.

Le voir comme ça me transperce de part en part et pourtant je ne bouge pas, j'en suis incapable, pris en traitre par mes propres ressentis, tout ce qui afflue à la vitesse d'un tsunami et me submerge totalement. Ce que lui ressent, ce que moi je ressens, mon envie, mon besoin de le protéger puis celle de détruire ces trois ombres. Tout se mélange, ça va trop vite, j'arrive pas à suivre, à faire le tri, mon myocarde rate un battement puis s'emballe, mon souffle suit le même schéma et sous les yeux de William, Jude s'éteint à nouveau. Il le perd, encore. On le lui arrache, encore. Et moi je suis incapable de faire le moindre mouvement, émettre le moindre son, alors qu'il s'écroule sous le poids de la douleur, là, sous mes yeux, à quelques dizaines de mètres. Il a l'air tellement fragile, à force de le voir si sûr de lui, confiant, j'en ai oublié qu'il n'est pas différent des autres, qu'il connait la souffrance et les crasses que peut te faire la vie, que ça l'a peut-être rendu plus fort oui mais pas en cet instant.

Bouge putain ! Le laisse pas comme ça. Le laisse pas voir une deuxième fois ce que la vie lui a fait perdre trop violemment.

Quelque chose change dans l'atmosphère, un frissonnement imperceptible, l'illusion vacille une seconde et attire mon attention. Je fronce les sourcils, revient sur terre lentement mais sûrement. Les coups continuent de pleuvoir, d'une rare violence. J'en ai vu des choses dans ma vie, j'ai vu le sang, j'ai entendu les cris, j'ai gouté les larmes. J'ai parfois été l'ange de la mort, trop souvent, consciemment ou pas. Mais ça … ça n'est pas un Loup Garou qui perd le contrôle, un gosse qu'on a trop poussé et qui perd ses limites, c'est la haine à l'état brut, ce qu'il y a de pire chez l'Homme. La haine gratuite née de l'ignorance, de l'intolérance. L'image est intolérable, le son l'est encore plus et alors que mon rythme cardiaque semble se prendre le choc dont il a besoin pour me réveiller ...

« NON ! »
« LIAM ! »

… Tout s'accélère, sort de son immobilité. Il se lève, fonce, moi je n'ai jamais couru aussi vite de toute ma vie. Pas un seul instant je réfléchis, pas un seul instant je ne le quitte des yeux et alors qu'il s'apprête à se jeter sur ces ordures que je rêve de démembrer au sens propre du terme dans mes ressentis les plus lupins, j'arrive juste à temps pour l'en empêcher. Je ne sais pas réellement ce qu'il se passerait, quelle incidence ça aurait physiquement sur lui mais tout ce que me hurle mon instinct c'est de l'éloigner de là le plus vite possible. Je le ceinture par derrière, peu importe qu'il se débatte, laisse cette rage qui l'habite se déverser sur moi, je suis prêt à encaisser.
Il est là, contre moi, je ressens avec brutalité tout ce qui émane de lui et l'espace d'une seconde chancelle, vacille. Mon regard se pose alors sur ce corps qui git sur le sol, noyés sur les coups, mon cœur rate un nouveau battement quand je m'aperçois que le visage que j'ai a peine distingué il y a seulement quelques secondes n'est plus le même mais le mien. C'est moi, là, meurtris, brisé. Pas le temps pour ça. Tout ce qui compte c'est lui, l'éloigner de ça, de cette violence qu'il n'aurait jamais du avoir à revivre une deuxième fois même si aujourd'hui elle n'est pas réelle. Un pas en arrière, je me retourne sans le lâcher et m'interpose ainsi entre lui et le reste. Encore un pas, il me fait face et ce que je lis sur son visage, ses larmes, ses émotions, fait éclater mon être en un milliard de petit morceaux. Je ne réfléchis pas et attrape son visage entre mes mains, baissant le mien pour que nos yeux soient à même hauteur.

« Regarde-moi. S'il te plait. »

Souffle court, chahuté par tout ce que je ressens, j'arrive pourtant à garder une sorte de calme ferme et c'est uniquement pour lui. Tout en moi est focalisé sur lui, uniquement lui. Il n'y a que lui qui compte, ce que je ressens d'un point de vue personnel n'a pas sa place, pour moi, en cet instant. Mon premier réflexe est de vouloir lui dire que tout ça n'est pas réel, que tout ira bien, mais non, c'est pas le cas. Je ne suis pas réel, cet autre moi que j'ai aperçu sur le sol n'est pas réel mais Jude l'était lui et il le sera toujours. Ce qui lui est arrivé le sera toujours. Sa mort le sera toujours. Le fait qu'il soit confronté à cette douleur, à cette perte violente, encore une fois, me rend malade. Je sais ce que ça fait de perdre un être cher. Je sais ce que ça fait de voir celui qu'on aime mourir sous ses yeux même si j'ai eu la chance de découvrir quelques mois plus tard que ça n'était la vérité. Putain de magie. Oui, je peux appréhender au moins en partie sa douleur et c'est encore pire parce que je sais que rien ne pourra l'apaiser.
J'aimerai le rassurer, le sortir de cet état mais je ne trouve pas les mots. Je l'admets, la situation me dépasse un peu mais le laisser comme ça ? Hors de question. Derrière moi les bruits se font plus sourds, quelque chose me semble vibrer dans l'air, disparaître, réapparaitre et l'espace d'une seconde je quitte ses yeux pour la simple et bonne raison que les barreaux d'une cage viennent de se matérialiser autour de moi, de nous. Ça n'a duré qu'une seconde, comme un flash, dans un éclair de lucidité je comprends que l'Epouvantard – parce que c'est de ça dont il s'agit – ne sait plus sur quoi se concentrer. Ses angoisses ou les miennes. Les deux en même temps. Tout devient flou pour lui, ma concentration se focalise à nouveau sur ce garçon que je ne supporte pas de voir souffrir comme ça. J'ouvre la bouche, rien ne sort. Je ferme les yeux, juste une seconde, puis les ouvre à nouveau.

« Je suis là. »

Dans tous les sens du terme. Je suis là, je compte bien y rester. Je suis là et non pas étendu sur le sol à quelques mètres de là, la vie s'échappant par chaque pore de ma peau. Je suis là, pour toi. Il n'est pas en train de m'arriver à moi ce qui est arrivé à Jude. Ça ne recommence pas, je te le promets. Mais je ne peux pas lui dire ça, je ne peux pas prononcer le prénom de cet homme qu'il a aimé, qu'il aime encore aujourd'hui à n'en pas douter. Je n'en ai pas le droit tout comme je n'ai pas le droit de lui dire que ça n'est pas réel ou que tout est fini, que tout va bien. Le mal est fait, ce qu'il ressent n'est pas irréel, ça n'est pas une illusion.

Tout ce que je peux lui offrir, c'est moi, ma présence, mon soutien, ma protection et mon affection, mon réconfort, si c'est ce dont il a besoin.

« C'est un Epouvantard, d'accord ? J'te promets que ça ne se produit pas encore. J'te l'promet. »

Dis celui qui a failli y passer il y a quelques heures seulement et un profond sentiment de culpabilité vient me frapper de plein fouet. Si Kezabel n'était pas arrivée … Stop. Elle est arrivée, je n'ai pas baissé les bras et ça n'arrivera pas. Ça n'arrivera plus. Je peux rien faire pour Jude mais je peux au moins te promettre ça.

Ma voix est tremblante, je parle vite, mes émotions me submergent mais je tiens le cap parce qu'il le faut, parce qu'il en a besoin, parce que je veux qu'il se sorte de ça. Je ressens en cet instant un besoin intense de le protéger, le préserver, lui apporter tout ce que je peux pour qu'il se sente en sécurité et que plus jamais il ne souffre mais je sais que je n'ai pas toutes les cartes en main, que je ne pourrais jamais effacer certaines choses même avec toute la volonté du monde.
J'attrape une de ses mains et la pose sur ma joue, gardant ma main posée sur la sienne pour la maintenir en contact direct ma peau. Parfois les yeux ne comprennent pas, ne veulent pas comprendre, admettre, percevoir. Sa peau sur la mienne, il saura. Il sentira que je suis réel, que je vais bien, que tout ça n'était pas la réalité. Mes yeux se ferment à nouveau, je viens coller mon front contre le sien, tremblant, sentant les émotions affluer encore une fois, converger, diverger, et la colère en fait partie. J'ai dans le creux du ventre un besoin féroce et furieux de me retourner, attraper ces trois ordures et les mettre en pièce même si je sais que là, ici, maintenant, ils ne sont pas réels. Je ressens des choses que je n'avais pas ressentis depuis ce qui me semble une éternité. Je veux juste qu'il aille bien, je veux juste le soulager, le libérer de tout ce qu'il ressent en cet instant. Ça prend le pas sur tout le reste.

« Regarde. »

Je m'écarte un peu, à contre cœur, incapable de m'éloigner de lui de plus d'un centimètre, une main toujours posée sur la sienne et l'autre autour de ma baguette alors qu'autour de nous tout vacille, alterne entre son étouffé, image floue, indistincte mais me permettant de comprendre néanmoins que ma plus grande peur a changé. La dernière fois que j'ai côtoyé un Epouvantard je me suis vu en train de dévorer Kyle sous ma forme lupine, aujourd'hui je devine que les barreaux d'une cage sont devenus ma plus grande hantise. L'espace d'une seconde je repense à ce que lui a déclenché malgré lui et je ne sais pas comment l'appréhender.
Concentré sur mes mouvements, je lâche un Riddikulus vers l'arrière, sans me retourner, mon regard plongé dans le sien et faisant rempart avec mon corps pour ne plus qu'il voit le reste, capturant ses yeux sans leur laisser la moindre chance de se focaliser sur autre chose. Ce qui semblait être des barreaux que je devine en argent s'évaporent alors en une nuée de confettis, et je ne sais pas ce que deviennent les silhouettes derrière moi mais si tout se passe bien alors elles ont du disparaître elles aussi. Je sais que pour faire partir un Epouvantard il faut rire, autant dire que c'est impossible en cet instant mais ça nous fera gagner un peu de temps avant de s'éloigner définitivement. S'il faut employer une manière plus forte alors je n'hésiterai pas mais pour le moment il n'y a que lui qui occupe mes pensées et capture mon attention.
La seconde d'après je l'enroule de mes bras et le serre contre moi avec autant de force et de douceur, y mettant tout ce que je ressens pour lui, y compris ce besoin de le couper du monde et de l'envelopper d'une bulle de chaleur protectrice. Je n'ai pas la moindre idée de la façon dont il va réagir, c'est quelque chose qui me fait un peu peur je ne peux pas le nier mais ma tête se pose contre la sienne tandis qu'une de mes mains lui caresse le dos dans un geste se voulant apaisant. Et dans ma tête, un tas de questions : Est ce que je dois aller chercher Macy, Maxime et Dean ? Est ce qu'ils seraient plus légitimes que moi ? Est ce qu'il veut réellement de moi ici, maintenant ? Pourtant je le sais, je ne peux pas me résoudre à le lâcher, à le laisser, c'est au dessus de mes forces. Je ne peux pas envisager une seule seconde de ne plus l'avoir sous les yeux, de ne plus l'avoir contre moi. Je respecterai son choix, c'est une certitude, mais pas sans en avoir le cœur qui se déchire. C'est bien de la peur qui me tenaille, des mots que je retiens, que je ne me sens peut-être pas légitime de prononcer. Ce que je sais, je le sais par « erreur », on n'a jamais reparlé de tout ça et c'est quelque chose que je respecte totalement au même titre qu'il ne m'a jamais posé de question sur ce que j'ai pu vivre ici ces dernières années, que je n'ai jamais abordé le sujet non plus. Nous deux c'est tout neuf, on s'est focalisés sur le beau, l'instant présent. Quoi de plus normal ? C'est quelque chose que j'apprends à faire chaque jour plus facilement grâce à lui. J'étais déjà en bonne voix, ça ne m'empêche pas d'admettre sans aucun problème qu'il m'apporte énormément. Sans doute bien plus qu'il ne le pense, peut-être même plus que je ne le réalise moi-même.

Un long et profond soupir m'échappe alors que je ne cesse de lui caresser le dos, le tenant toujours contre moi, la joue posée contre le côté de sa tête et les yeux rivés sur le vide au delà de lui.

« C'est fini. »

Je le sais, ces mots ont plusieurs sens, ils apportent un terme définitif à une situation qui ne se cantonne pas à l'apparition d'un Epouvantard dans un couloir. Je dépose un baiser dans ses cheveux, le serre encore un peu plus fort, bien décidé à rester comme ça des heures durant si c'est ce dont il a besoin.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Dim 14 Mai 2017 - 0:22
J’entends cet éclat de voix aux consonnances de mon prénom. Je crois même reconnaitre le timbre, la chaleur. Mais pourtant ma conscience, mon cerveau, n’y réagit pas. Tout ce qu’il voit c’est l’horreur humaine dans son plus simple appareil. La violence à l’état pure. Immonde, réelle, inqualifiable, honteux, ignoble. Un acte de haine. De rage. D’inhumanité.
Une colère innommable me brûle les veines alors que plus les secondes passent et plus le visage d’Enzo se retrouve fracassé sous les coups de bottes, de batte, sous les rires satisfaits de ses agresseurs.
Enzo se vidant de son sang, de la vie elle-même.
Et alors que je m’apprête à déverser ma propre colère contre ces pourritures sans nom, de ces connards que je rêve de détruire sous mes phalanges comme je n’ai pu le faire la première fois, une force sortie de nulle part brise mon élan, me coupe net dans mon geste que je devinais salvateur.

- LACHE MOI ! LACHE MOI PUTAIN !

Je ne sais pas qui c’est mais je m’en branle comme de l’an quarante. Je veux juste que l’on me laisse exprimer toute cette haine, cette frustration, cette douleur qui me ronge et qui me bouffe de l’intérieur. Laissez-moi exploser ces trois sales gueules à coup de poing, de chevalière que Dean m’a donné pas plus tard qu’il y a deux semaines. Laissez moi les détruire comme ils ont détruit ma vie, ma personne, l’amour que je portais pour l’homme qui a comblée une partie de ma vie et pour l’homme qui comble celle que je vis aujourd’hui. Laissez moi les crever, un à un. Les faire souffrir comme ils m’ont fait agoniser durant des mois. Agoniser d’absence, de souffrance, de solitude, de haine.
Je me débats comme un enragé, donnant des coups partout devant moi comme si ces derniers pouvaient atteindre leurs cibles.
Ne le touchez pas, ne me le prenez pas. On m’a déjà détruit une fois, je ne sais pas si je serais capable de survivre à une deuxième.

Mon corps a beau se débattre, je me sens malgré tout tiré vers l’arrière puis un autre corps s’interpose entre moi et l’horreur. J’ouvre les yeux, essuie d’un geste rageur ses larmes qui me brouillent la vue avant de me prendre un uppercut émotionnel.
Enzo est là, devant moi. Vivant, en pleine forme même, et non allongé entrain de se faire frapper comme une poupée de chiffon.

Je n’sais plus ce qu’il se passe, ni où je suis, ni dans quelle réalité je me trouve. J’ai le visage criblé de larme, déformé par la colère la plus pure mais aussi par la douleur à son état premier.

- Regarde-moi. S'il te plait.

Ses mains chaudes sur mon visage me donnent un violent électrochoc. Les deux miennes agrippent ses poignets, comme si j’allais m’écrouler dans la seconde.
Il est là, devant moi. Il me touche…. Mais pourtant, je le vois encore entrain de se faire massacrer. C’est comme si mon cerveau venait de recevoir une violente décharge électrique, perturbant toute notion de réalité, de réflexion. Je n’arrive plus à discerner le faux du vrai…
Puis quelque chose change autour de nous. L’atmosphère s’alourdit. J’entends toujours le bruit des coups de pompes sur des os brisés mais je vois surtout des barreaux. Tout autour de moi, de nous. Puis disparait.
Est-ce que j’ai imaginé ? Fabulé ? Putain, où est-ce que je suis bordel de merde.

- Je suis là.

Mais je n’arrive pas à y croire. Parce que je n’arrive pas à resituer la réalité entre ce que j’entends derrière lui, ce que je vois autour de nous qui se matérialise et se dématérialise en une fraction de seconde. J’ai l’impression de devenir fou. Et si le Enzo devant moi n’était qu’un simple leurre pour détruire celui qui se trouve au sol ? Et si ce dernier était réellement entrain de mourir ?
Dis moi que t’es vivant. Dis moi que tu n’es pas entrain de disparaitre.

- C'est un Epouvantard, d'accord ? J'te promets que ça ne se produit pas encore. J'te l'promet.

Epouvantard.
Mes yeux s’agrandissent de stupeur, d’incompréhension… puis lorsqu’il attrape une de mes mains pour la poser sur sa joue, je percute la situation. Puis son front contre le mien. Mon cœur s’emballe un peu plus, mon estomac se dénoue violemment et j’ai la sensation que mes jambes vont me lâcher, comme si ces dernières n’étaient plus capable de me porter sous le coup de l’émotion.
Il est là.
Tu es là. Sous mes doigts. Doigts qui parcourent ta peau, ton visage, ton cou. J’ai envie de l’attraper et ne plus le lâcher. De le respirer. Prit soudaine d’un soulagement intense de le voir et le sentir vivant. De prendre conscience que toute cette merde n’était que le fruit de mes peurs les plus profondes, les plus vives.

- Regarde.

Il se recule et j’ai envie de le retenir, comme si ce léger éloignement pourrait provoquer sa disparition brutale. Enzo ne me lâche pas du regard et à aucun moment ne rompt le contacte alors qu’autour de nous, les images et les sons s’alternent, me faisant un peu plus comprendre que l’épouvantard qui nous entoure ne sait plus où donner de la tête, sur quelle peur se focaliser. Il agite sa baguette et les barreaux volent en un tas de confettis alors que les trois connards derrière nous prennent la forme de trois ballons qui éclatent dès lorsqu’ils arrivent à une certaine hauteur.
Et je craque. Brutalement.
Dès la seconde où Enzo passe ses bras autour de moi, mon esprit et mon corps lâchent prise. Je m’accroche à lui, mes deux bras entourant son torse, mes mains accrochées à l’arrière de ses épaules et c’est dans un profond sanglot que je me laisse choir contre le mur, au sol, Enzo m’accompagnant lentement dans ma « chute ». Je déverse tout ce que j’ai dans la poitrine, coincé dans la gorge, comme un besoin presque vital d’évacuer tout ça.
J’ai toujours pensé avoir fait mon deuil, être passé à autre chose depuis ces cinq dernières années. Mais je ne m’attendais pas à devoir faire face à ça, de nouveau. De devoir contempler l’horreur, de devoir l’entendre, y assister sans rien pouvoir faire. Et surtout, je ne m’attendais pas à une telle douleur, là, au creux de moi. Et si Jude me manque terriblement, à en crever, Enzo prend enfin toute son importance. Pas qu’il n’en avait pas avant ça mais notre relation est neuve, vivant doucement ses premiers émois, ses premières passions et pendant que vous avez le nez plonger dans toute cette euphorie, vous ne prenez pas pleinement conscience de ce que l’absence, la perte de l’autre peut vous provoquer.
Avec ce que je viens de voir et de ce qui vient de m’exploser à la gueule, e prends conscience à quel point je tiens à ce mec que je serre contre moi, m’accrochant à lui comme à un mort à la vie. Je prends conscience à quel point il m’est… presque vitale. Indispensable. Et surtout, à quel point je m’y suis attaché en si peu de temps, venu de nulle part. Si jamais ces enculés de Supérieurs venaient à me l’enlever, je ne sais pas si je réussirais une deuxième fois à tenir le choc. Tout comme je sais parfaitement que je crèverais de douleur si l’un d’eux m’enlevait Maxime ou Macy. Ces idées mêmes redoublent mes sanglots et je m’agrippe plus fort à Enzo, entendant à peine ce qu’il me murmure d’une voix tendre.

Je ne sais pas combien de temps s’écoule, depuis combien de minutes je suis là, contre lui, sa joue contre ma tête mais j’ai l’impression que les larmes se tarissent. Ma gorge me donne l’impression d’être gonflée, j’ai un mal de crâne carabiné et une soudaine lassitude qui m’écrase les épaules. Pourtant, je me suis rarement sentie aussi en sécurité qu’en cette seconde, près de lui. Contre lui.
Dans un effort ultime, je finis par me désolidariser de son corps pour essuyer d’un geste lent et rageur à la fois, les dernières larmes qui ornent mes joues. Je me sens… épuisée, éreintée. Comme si plus aucune énergie ne m’habitait.
Et d’un autre côté, je me sens aussi fébrile qu’un gamin s’éveillant brutalement d’un cauchemar.

- J’en crèverais si ça recommençait.

Les mots m’échappent, mâchoire serrée.
Je tremble comme une feuille, mes mains toujours agrippées à son haut que j’ai clairement malmené. Mon front se glisse dans son cou, puis son visage avant de poursuivre d’une voix plus intimidée, presque honteuse.

- Désolé que tu ais assisté à ça.

A la mise à mort de Jude. Puis à la tienne. Et si je me sens si… fragile, c’est en partie parce que je prends conscience qu’en plus de lui avoir balancer ma vie à la gueule l’autre nuit, je viens de lui montrer en image tout ce que j’ai subis il y a quelques années. Mais pas que.
En prenant les traits de Jude, Enzo devient donc pour moi un être cher, plus que je ne peux lui dire ou lui montrer. Si ce dernier a pris la place de celui que j’ai aimé de tout mon être, c’est qu’il y a une raison. Une raison que je n’arrive pas à formuler, trop … intimidé. Pris de court, aussi.

- J’ai rien pu faire la première fois. Ils étaient trois, ils m’ont fracassé la gueule pour ensuite s’en prendre à Jude.

Encore une fois, les mots sortent seuls mais sans que jamais je ne le regarde, encore trop fébrile. Si nous ne comptons pas cette nuit où j’étais complètement défoncé, c’est la première fois que je lui raconte ce qu’il s’est produit. C’est un sujet que nous n’avons jamais abordé, comme nous n’avons jamais parlé de son propre passé. Mais avec ce qu’il vient de se produire, j’estime qu’il a le droit de savoir. Qu’on en finisse, une bonne fois pour toute.

- On sortait du ciné, ils nous sont tombés dessus comme ça, sans prévenir. Ils voulaient juste casser du PD comme ils disent. Ma voix est amère, emprunte de dégoût et de haine. Et pendant qu’un des trois connards me retenaient, les deux autres ont battu Jude à mort. Sous mes yeux. Je secoue la tête, toujours en partie dans le creux de son cou. Ils ont fait de la taule mais, ô surprise, ils sont sortis y a pas si longtemps.

Et c’est là que je ne comprends pas. Comment trois mecs ayant mis à mort un type qui n’avait rien demandé, de sang-froid et par pure homophobie, peuvent s’en sortir aussi facilement, presque les mains blanches ?

- Et maintenant ils sont libres de se balader partout, sans aucun problème, dans le plus grand des calmes alors que quatre ans en arrière, ils fracassaient la gueule de deux types à coup de bottes en pleine gueule. Le pire c’est qu’ils recommenceront sûrement, pour s’en sortir encore une fois.

Je me crispe, rage en silence alors que je finis enfin par reculer, par lui faire face.
Je capte le regard d’Enzo, fronce les sourcils et ma main se pose sur sa joue en douceur. De nouveaux sanglots naissent au creux de ma gorge

- J’veux pas que ça se reproduise. Pas avec toi. Je l’ai déjà perdu lui, puis Spencer… J’supporterais pas de te perdre toi aussi.

Et je serre de nouveau les mâchoires pour qu’aucune larme ne se déverse sur mes joues face à l’éventualité de voir Enzo disparaitre.
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Dim 14 Mai 2017 - 4:33
Non putain, j'te lâcherai pas. C'est pas la peine de l'envisager une seule seconde, j'te lâcherai pas, j'te laisserai pas face à ça, foncer tête baissée dans ce truc qui te détruit là sous mes yeux. Ne me demande pas de faire ça. J'le sais, il ne sait pas que c'est moi, il doit peut-être même penser que c'est l'un d'eux qui s'en mêle pour l'empêcher d'intervenir. Il pourra se débattre autant qu'il voudra, me frapper de toutes ces forces, j'le lâcherai pas. Même si tout ça me déroute. Même si tout ça me prend au dépourvu et me fait exploser certains trucs en pleine poitrine et en pleine gueule. J'te lâcherai pas, t'entends ?

Non, je ne le lâche pas et ne compte pas le faire, c'est même tout le contraire quand il s'écroule et que je ne cherche pas à le retenir mais accompagne sa chute jusqu'à ce qu'il touche le sol, appuyé contre le mur derrière nous. Peu importe l'endroit où on se trouve, tout ça n'a pas la moindre importance et si j'ai la tête qui tourne à cause de toutes ces émotions débarquées avec violence et à une vitesse affolante, je reste toujours focalisé sur lui. Mes bras l'encerclent fermement mais en douceur, je repense à ces derniers jours où parfois en pleine nuit, au petit matin, je me retrouvais réveillé en sursaut par un cauchemar … Il était là, présent, rassurant, exactement de la même manière. Pas une seconde je n'envisage de réagir autrement, ça n'a de toute façon rien de calculé. C'est l'instinct qui s'exprime, c'est tout, l'instinct et les émotions, les sentiments.
Le silence s'installe, il me donne l'impression de se vider de toutes les larmes de son corps mais après un tel choc, ça n'a rien d'étonnant. Je n'imagine pas vraiment ce qu'il peut ressentir en cet instant, je sais juste que ses émotions continuent de me percuter, me transpercer, de se mélanger avec les miennes et que je le serre un peu plus fort contre moi.
C'est extrêmement déroutant de le voir comme ça et ça n'est pas la seule chose qui me déroute, autant être honnête. Beaucoup de choses circulent dans mon esprit actuellement mais le regard plongé dans le vide j'essaie de ne pas trop y penser, d'être simplement concentré sur mon but premier : Le soulager, l'aider, être là. On se connait depuis quelques mois maintenant, on a appris à se familiariser l'un à l'autre lentement mais surement. Ça fait quelques semaines qu'on est ensemble, encore quelques semaines que c'est devenu autre chose qu'une simple amitié, à commencer par une attirance physique qui n'a jamais été dénuée d'affection je crois. C'est neuf et si j'ai eu l'occasion de le sentir parfois un peu vulnérable ça n'est clairement pas ce qui a prédominé. Je ne cherchai pas à analyser, perché sur mon petit nuage j'étais loin de me douter qu'un truc comme ça allait nous tomber dessus et je ne le nierai pas, en l'état, je ne sais pas trop comment l'appréhender, le gérer.

Il s'accroche à moi comme si j'étais sa bouée de sauvetage, ma joue calée contre sa tête et ma main qui a repris ses caresses dans son dos sont autant de geste illustrant mes ressentis à son égard. Je lui murmure parfois quelques mots, embrasse sa tempe, le respire, le berce et m'accroche à ces gestes qui me semblent familier pour me conforter dans l'idée que rien n'a changé. J'ai … besoin de ça.
Peu importe le temps que ça prend, j'aurai pu rester là des heures sans le lâcher mais je sens qu'il commence à se calmer, à s'apaiser, que la douleur doit être encore présente mais que les émotions les plus virulentes se sont fait la malle ou sont entrain de le faire, qu'elles vont probablement le larguer là en lui faisant comprendre de se démerder avec les effets secondaires. L'épuisement, la migraine et tout ce qui va avec. On a tous craqué au moins une fois, on sait tous ce que ça fait.
Et puis finalement il s'écarte un peu, je le laisse faire et plonge mon regard dans le sien alors qu'il me fait fasse, essuyant d'un geste rageur les larmes qui ont décidé de squatter ses yeux et ses joues encore un moment. Dans un geste plein de douceur et de tendresse je passe mon pouce sur sa joue pour faire disparaitre une résistante.

« J’en crèverais si ça recommençait. »

Je n'en montre rien, je reste stoïque, mais ces mots m'éclatent en plein thorax d'une manière vive et brutale. Si le mur n'était pas derrière moi, je crois que j'aurai presque pu reculer. Il tremble, toujours accroché à moi alors que mes mains ne le quittent jamais une seule seconde, mais c'est de la colère que j'ai l'impression de percevoir dans sa voix. Comment le blâmer ? Ça n'est pas mon intention. La violence de la réalité, des propos, me renvoit simplement là où j'aurai aimé ne jamais retourner mais ça il n'y peut rien. Moi aussi j'en crèverai si ça recommençait … Et j'ai pas envie que ça recommence. J'peux pas … J'peux plus vivre comme ça, avec un sentiment d'insécurité et d'urgence en permanence collé à la peau, la peur au ventre de voir disparaître les personnes à qui je tiens ou de les voir souffrir.

« Désolé que tu ais assisté à ça. »

Mes yeux se ferment, j'ai de plus en plus de mal à gérer tout ce que je ressens, tous ces trucs qui convergent vers le même endroit mais qui ne s'appréhende pas de la même manière. Je sens quelque chose de différent dans sa voix comme dans son comportement, il me donne l'impression de se cacher et sans y faire attention, je renforce mon étreinte autour de lui. Mon corps et mon esprit ne sont pas tellement raccord en cet instant, l'un a potentiellement envie de s'éloigner, l'autre s'accroche un peu plus encore. J'ai vu la mort de Jude, une partie de son passé qui a fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui, l'homme qui me plait et avec qui je partage ma vie depuis quelques semaines maintenant. Mais j'ai aussi vu ma mort et tout ce qu'elle représente ou peut représenter. Et c'est beaucoup à encaisser. Littéralement, j'ai pris la place de Jude et je ne sais pas du tout ce que je ressens à cette éventualité. Je me dis que c'est simplement l'idée, la place que je prends et non pas ma personne. Ça n'est pas moi qu'il a peur de perdre mais plutôt l'image d'une personne a qui il tient et qu'on lui arracherait encore. Je ne sais pas, je ne sais plus, et sur mes épaules c'est comme une sorte de pression qui s'installe. Malgré moi. Malgré lui. Je ne réponds rien, j'en suis incapable. De toute façon il n'y a rien à dire. Il n'a pas à être désolé pour ça, rien de tout ce qui s'est passé n'est de sa faute et je sens bien que si je suis extrêmement troublé il est tout autant.

« J’ai rien pu faire la première fois. Ils étaient trois, ils m’ont fracassé la gueule pour ensuite s’en prendre à Jude. »

Là encore, instinctivement, j'ignore mes ressentis et raffermi ma prise autour de lui. Je n'avais jamais pensé qu'un jour il puisse me parler de ça, ça ne m'a pas tellement effleuré l'esprit et ça n'est en rien de l'indifférence. Maintenant qu'il le fait j'essaie juste de faire la part des choses, de ne pas trop m'impliquer émotionnellement sans pour autant rester trop distant. Ça n'est pas mon histoire, pas mon vécu, pas ma douleur et j'aurai l'impression de lui voler quelque chose en m'imprégnant trop mais comment rester insensible ? C'est impossible. Je ne peux pas. D'un point de vue personnel et tout simplement d'un point de vue humain. L'entendre dire que ces connards s'en sont pris à lui fait naitre une vague de colère dans tout mon organisme et je n'ai aucun mal à m'imaginer en train de les détruire un par un. Comme un besoin. Mais il ne s'agit pas de moi, il s'agit de lui et de Jude. Je serai hypocrite si je disais que ça ne me fait rien de l'entendre me parler de lui, bien sur que ça me touche d'une certaine manière, que ça me fait quelque chose mais j'ai les idées claires, au moins à ce sujet. Jude n'est plus là aujourd'hui, on est parfaitement conscient tous les deux qu'il aurait préféré que ça ne se produise jamais et c'est tout ce qu'il y a de plus normal. Ça n'a rien à voir avec moi.

« On sortait du ciné, ils nous sont tombés dessus comme ça, sans prévenir. Ils voulaient juste casser du PD comme ils disent. »

De l'amertume, de la haine, une profonde tristesse teintée de douleur. Ce sont ses émotions, elles n'ont aucun mal à trouver écho en moi, au moins pour certaines d'entre elles. Sans le lâcher, je sens mes poings se serrer à m'en faire blanchir les jointures. Casser du PD … Je l'admets, je ne suis pas le mec le plus attentif à son prochain même si j'ai parfois un côté samaritain. La vérité c'est qu'en dehors des personnes que je laisse entrer dans ma bulle, plus ou moins proches, je ne fais pas tellement attention aux autres. Les grandes causes humanistes … J'y suis relativement indifférent. Ça me révolterait surement s'il n'était pas concerné, si je n'avais pas moi-même côtoyé quelques homophobes ou connu des personnes en ayant souffert, mais si ça prend autant d'importance pour moi c'est bien parce que les PD en question, ce sont lui et le garçon qu'il aimait, qu'il aime, et que ce qu'il s'est passé ce jour là n'aurait jamais du arriver. Qu'on ne me demande pas de retrouver foi en l'Homme, pas quand j'entends ce genre de choses. Comment est ce qu'on en arrive à haïr à ce point une personne qu'on ne comprend pas, qu'on se décide à lui enlever le droit de vivre ? Difficile de ne pas ressentir des envies de vengeance … Des envies de meurtres, tout simplement. Des envies de leur faire subir exactement ce qu'ils ont fait subir à deux gosses qui ne faisaient de mal à personne.  Et le pire dans tout ça est de ce dire qu'ils ne sont pas un cas isolés, que ça dure depuis la nuit des temps et que ça existe encore aujourd'hui.

« Et pendant qu’un des trois connards me retenaient, les deux autres ont battu Jude à mort. Sous mes yeux. Ils ont fait de la taule mais, ô surprise, ils sont sortis y a pas si longtemps. Et maintenant ils sont libres de se balader partout, sans aucun problème, dans le plus grand des calmes alors que quatre ans en arrière, ils fracassaient la gueule de deux types à coup de bottes en pleine gueule. Le pire c’est qu’ils recommenceront sûrement, pour s’en sortir encore une fois. »

J'ai grandi dans un milieu fermé, protégé, loin de ce genre de choses. Tout ça me dépasse complètement, la justice, ou l'absence de justice en l'occurrence. Parfois je me dis que je suis trop naïf pour ce monde, je comprends pas comment un truc pareil est possible. Difficile de ne pas se dire qu'il est plus simple de faire justice soi-même. Oui, je l'ai pensé. Ça ne serait pas la première fois.
Il s'écarte, ça me ramène sur terre et me sort de mes pensées, des pensées que je ne devrai pas avoir je le sais pertinemment. Mon regard traine un peu parce que j'ai du mal à me sortir de certaines choses mais quand sa main glisse sur ma joue, je suis bien présent. Et soudainement fébrile, presque fissuré par un simple geste tel que celui-ci, un simple regard tel celui qu'il m'offre en cet instant.

« J’veux pas que ça se reproduise. Pas avec toi. Je l’ai déjà perdu lui, puis Spencer… J’supporterais pas de te perdre toi aussi. »

Je ne le quitte pas du regard, les yeux écarquillés et les mâchoires serrées à mon tour, essayant de me raccrocher au contact familier de sa peau sur la mienne. A l'intérieur, c'est l'implosion, la fissure devient faille sous le poids des mots et la pression qu'ils entrainent avec eux. Mon cœur s'emballe, mon souffle s'accélère et je sens les larmes qui se pointent à leur tour sous mes paupières. C'est dans un geste vif, presque rageur, que je tourne la tête, incapable de le regarder une seconde de plus alors qu'un ouragan d'émotions me submerge totalement.
Je ne m'éloigne pas, je ne m'écarte pas, encore une fois l'esprit et le corps sont deux entités distinctes. Et je m'en veux, énormément, de lui faire subir ça, de le laisser penser peut-être tout un tas de choses mais en cet instant, je l'admets, je me sens complètement perdu. Je ne sais pas si je serai capable d'endosser une telle responsabilité, capable de supporter une telle pression à nouveau sur mes épaules. La réalité me rattrape, elle fait exploser la petite bulle dans laquelle je me laissais vivre ces derniers temps. J'supporterais pas de te perdre toi aussi … Je ne crois pas qu'il se rende compte de ce que ça implique, que dans ma tête les souvenirs remontent, que je me sens à nouveau responsable et que ma vie ne m'appartient plus vraiment. Je dois vivre pour quelqu'un d'autre, il a besoin que je vive pour lui, c'est quasiment un devoir et c'est extrêmement lourd à porter. J'ai pas l'intention de mourir, loin de là même, mais le contexte dans lequel on vit ne me permet pas de faire la moindre promesse. Je me suis promis de ne plus vivre comme ça, avec cette pression sur les épaules.

Je ferme les yeux, les rouvre pour regarder le plafond alors que l'humidité se coince sous chacune de mes paupières et la culpabilité se fraie un chemin dans mes veines. Je me mords l'intérieur de la joue, mon corps s'agite un peu. En cet instant, même si je ne l'assume pas et que j'ai peur de le dire, je lute. Je lute pour ne pas m'enfuir à toutes jambes et ne jamais me retourner, m'éloigner de tout ça, de lui, de nous. Si lui tremble toujours, mes tremblements se joignent aux siens. Je secoue la tête comme pour me sortir de ça, porte une main à mon visage et fait disparaître ce liquide lacrymal qui ne demande qu'à se déverser à son tour.

« Excuse-moi. »

D'être complètement cassé de l'intérieur même si je tente de me reconstruire chaque jour qui passe et que j'y arrivai plutôt bien ces derniers temps. Sache d'ailleurs que t'es pas étranger à l'accélération de l'avancée de travaux.
D'être encore qu'un gosse paumé qui a vécu trop de trucs et qui veut juste s'en sortir comme il peut sans replonger dans l'horreur, l'angoisse et tout ce qu'il a pu voir et vivre ces dernières années.
D'être un peu incertain, insécure. D'avoir juste parfois besoin d'un peu de temps.

« Viens-là. »

Puisque ma tête me fait défaut, puisqu'elle est perdue, je fais confiance à mon meilleur allié pour la remettre sur les rails parce que m'éloigner de lui ? Fuir ce qu'on a partagé jusqu'ici parce que la réalité et la dureté de la vie nous a rattrapé ? Non. J'suis plus courageux et combatif que ça et surtout … Je tiens trop à lui pour tirer un trait sur nous deux simplement parce que j'ai peur et que je panique.
Alors mes bras le cherchent à nouveau et l'encerclent un peu plus maladroitement, sans doute un peu trop fortement, mais j'ai besoin de ça, de le sentir, le toucher, me noyer contre son corps, ne plus écouter que les battements de son cœur, m'imprégner de son odeur familière, me muer totalement dans cet être qui m'apporte tellement au quotidien. J'peux pas te fuir. J'veux pas te fuir. Cette fois c'est à nouveau ma main qui glisse sur sa joue et dans un geste un peu vif, intense, mon regard planté dans le sien, je catpure ses lèvres. Quelque chose se débloque en moi, explose, implose, et c'est comme si mes idées se remettaient en place. Ça ne dure qu'une fraction de seconde mais ce baiser … c'est comme s'il était vital pour moi. Et mon regard se plante à nouveau dans le sien alors que mes mains vont s'enrouler autour de sa nuque.

« J'te ferai jamais de promesses que j'suis pas certain de pouvoir tenir. »

Les trémolos dans ma voix sont nettement perceptibles et je n'essaie pas de les masquer. Je joue carte sur table, j'y vais à cœur ouvert et je sais que c'est quitte ou double, que je prends un risque, mais j'ai pas envie de lui mentir ou lui cacher quoi que ce soit. Je veux qu'il sache dans quoi il s'engage.

« Faut aussi que tu saches que s'ils reviennent ils ne me laisseront pas tranquille, pas avec le passif que j'ai avec eux. »

Voilà pourquoi ça me fout la trouille quand tu dis que tu supporterai pas de me perdre, parce que ça ne dépend potentiellement pas que de moi. J'ai le souffle déjà court mais ne m'arrête pas là. Désolé, vraiment, mais tu risques d'en avoir pour un moment. Je récupère une de mes mains et tire sur mon T-shirt jusqu'à ce que les cicatrices qui me barrent le torse du côté gauche apparaissent. Il les connait par cœur, maintenant il va savoir d'où elles viennent, chose que très peu de personnes savent.

« Ils m'ont marqué comme un putain d'animal, et c'est la main de Kyle qui a fait ça. Sous Imperium. »

C'est une réaction purement égoïste de ma part mais j'ai besoin qu'il se rende compte de ce que ça implique, que ces enfoirés ont pour spécialité d'utiliser les autres pour vous atteindre et même si cette fois c'était un cas isolé, ils ont dans leur rang de véritable pervers, des cinglés. Si je devais revivre ça, si je devais imposer ça à Will parce qu'il est avec moi, je ne me le pardonnerai jamais.

Et parce que la boite de Pandore s'est ouverte … Autant qu'il sache à qui il a affaire.

« J'ai fait des trucs impardonnables, parfois pour survivre, parfois parce qu'ils avaient réussi à me briser, parce que j'avais mal et que je savais pas le gérer autrement ou parce que j'avais pas le contrôle. Et pour leur faire payer tout ça, aussi. Je … J'veux pas que ça recommence, j'pourrai pas le supporter. Je ne supporterai pas qu'ils me traitent à nouveau comme une bête, m'enchainent ou me balancent dans une cage et je ne supporterai pas qu'ils s'en prennent aux personnes à qui je tiens pour me faire flancher. »

Je ne supporterai pas qu'il s'en prenne à toi ou qu'il me force à te faire du mal.

Toute pète à l'intérieur de moi, je sais parfaitement que ça n'est pas la peine d'essayer de me brider maintenant que les cadenas ont sauté alors je laisse faire, tant pis. C'est trop tard maintenant. Tout ce qui va sortir de ma bouche à présent c'est ce que j'ai sur le cœur, dans le cœur.

« J'ai envie de vivre, de vraiment vivre, pas juste survivre ou attendre qu'un truc nous tombe sur le coin de la gueule. Et j'veux que tu fasses partie de cette vie-là, une vie comme on avait jusque là, un truc simple, qui fait du bien, sans pour autant rejeter ce qui déraille ou nous rend fébrile parce que c'est comme ça, c'est là, ça fait partie de nous aussi. »

Jusqu'ici on n'avait jamais été confronté à ça, maintenant c'est chose faite. Je sais que je joue gros mais je suis prêt à prendre le risque. Je sais que c'est quitte ou double : Soit ça nous rapproche, soit ça nous éloigne. Le jeu en vaut la chandelle. Crois moi t'en vaux la peine.

« J'veux qu'on se barre d'ici, te faire découvrir l'Australie et pas seulement l'intérieur de la maison cette fois, j'veux te voir faire tourner mon frangin en bourrique parce que je sais que tu pourras pas t'en empêcher, que tu rencontres Jill et pouvoir enfin le dire à Kyle pour toi et moi. »

Parce que c'est sérieux, que pour moi c'est pas juste une petite histoire comme ça ou une relation pansement même si je prends les jours les uns après les autres. Si j'lui ai pas dit jusque là c'est parce que je veux le faire en l'ayant en face de moi, pas par courrier. Parce que c'est important. Pour moi ça l'est. Et y a encore tellement de trucs qui me passent par la tête mais je vais finir par te faire fuir avec mes conneries.

« J'te cache pas que ça va soudainement très vite, j'sais plus trop où donner de la tête et je m'enflamme complètement j'le sais mais c'est comme ça quand je ressens trop de trucs forts en même temps. J'explose. Et ça me fout la trouille, j'ai peur de pas être à la hauteur mais j'tiens à toi, beaucoup, énormément, sauf que j'ai pas envie que soit ce genre de trucs qui me fassent prendre conscience de ça. J'voudrai juste que ça m'arrive … Rien qu'en me réveillant le matin à côté de toi par exemple ou quand on fait l'amour, tout simplement. »

Ce genre de petites choses qui paraissent toutes bêtes mais qui sont pour les plus importantes. Comme une sorte de ciment, une fondation.

« J'me suis promis de pas suivre deux fois les mêmes schémas, de pas foncer tête baissée, d'aller trop vite, de tout donner jusqu'à m'oublier mais … C'est différent cette fois. J'suis plus comme avant, j'ai pris beaucoup de recul sur un tas de trucs et toi … T'es ... »

Je le lâche, me laisse retomber contre le mur et un profond soupir m'échappe alors que je ne quitte pas ses yeux. Je me calme, un peu, en essayant de faire taire la petite voix dans ma tête qui me souffle que je suis peut-être entrain de faire une connerie.

« Tu me rends heureux, me fait me sentir bien, comme t'as pas idée. Tu rends les choses tellement simples et j'te jure que pour un type comme moi qui a été coincé dans sa tête en permanence ces dernières années c'est … énorme. »

Désolé, c'est pas pour te mettre la pression mais c'est la vérité. T'as connu que la version 2.0 et je trouve que c'est très bien comme ça parce que quand je te regarde je ne vois pas mon passé et tout ce qu'il comporte de trop lourd à porter mais l'instant présent, peut-être même un peu de futur. Juste un peu, pas trop loin. J'te l'avais dit que t'aurai peut-être à me freiner, j'suis désolé si j'te fais peur. J'me dis juste que c'est sans doute pareil pour toi.

« Et j'ai envie de te rendre heureux, d'être là pour toi, te protéger, juste te faire rire, faire partie de ta vie et qu'on partage encore pleins de trucs, qu'on continue de se découvrir petit à petit. »

Pause.
Une seconde.

« J'aimerai juste qu'on ait la chance de pouvoir continuer à prendre notre temps. »

Et qu'on vive pas tout dans l'urgence. Parce que ça j'en suis plus capable, j'en ai tout simplement pas envie. J'aimerai juste qu'on continue sur notre lancée, qu'on voit où ça nous mène même si j'peux pas m'empêcher de penser que ce qui se passe en cet instant, ce qui vient de se passer, aura sans doute une incidence sur nous. Bonne ou mauvaise.

« Si c'est ce que tu veux aussi. »

Maintenant j'appuie sur stop, promis.
Et je flippe comme t'as pas idée.
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Ven 19 Mai 2017 - 18:37
Je suis complètement paumé, perdu dans mes propres émotions, encore la gorge serrée par les larmes, les sanglots. Je crois que j’ai pas chialé comme ça depuis que Maxime m’en a foutu plein la gueule, ce soir là où je lui avoué tout savoir, d’avoir violé ses souvenirs, trop inquiet de ce qu’il se tramait chez elle. Et j’aime pas ne pas comprendre. J’aime pas la voir dans un aussi sale état sans savoir quoi faire. J’ai été peut-être trop loin ce soir là mais il le fallait, pour qu’on puisse passer à autre chose.
Ici la situation est différente, j’en suis conscient, mais je ressens cette même peine, cette même peur. Je tremble, désorienté, sans vraiment savoir ce que je dois faire de plus, comment agir…
… Et comment réagir face à ce à quoi j’assite.
Le silence d’Enzo puis une réaction qui me clou le cœur. Il détourne la tête rageusement, incapable de me regarder dans les yeux. Et moi, je l’observe. L’observe entrain de lever les yeux vers le plus plafond, de reprendre son souffle. Je commence à le connaitre par cœur, suffisamment pour me douter que quelque chose de mauvais se trame. J’suis pas con, j’suis pas le dernier des imbéciles alors même si ses yeux s’humidifient, j’ai pas l’impression que ça soit pour les bonnes raisons.
Mes sourcils se froncent, je manque d’air.

- Excuse-moi.

Je n’suis pas sûr de tout comprendre, de tout suivre. Et en cet instant, j’ai l’impression effroyable d’étouffer un peu plus.

- Viens-là.

Il me prend dans ses bras et je ne sais pas comment interpréter tout ça, si bien que cette étreinte m’apporte autant de soulagement que de crainte, que d’angoisse. Je n’sais pas trop comment me positionner face à la situation, ni quoi penser de tout ça alors que je me sens un peu plus glisser dans le vide.
Pourtant, il a un geste qui me redonne un second souffle. Un seul. Celui de capturer mes lèvres d’un geste vif. Une fraction de seconde mais ce contact m’aide à revenir à la réalité. Je passe d’un état incertain à une sécurité pour retomber dans l’incertitude. Il va me rendre fou. Tout ça va me rendre fou. J’ai encore dans la tête les coups de bottes, les cris, les larmes, la douleur et les visages.
Nos regards se capturent et je serre les dents, essayant de reprendre mon souffle.

- J'te ferai jamais de promesses que j'suis pas certain de pouvoir tenir.

C’est pas ce que je demande, c’est pas ce que je veux. Pas de promesses ni de certitudes. Comment j’pourrais lui demander un truc que j’suis même pas sûr de pouvoir tenir moi ?

- Faut aussi que tu saches que s'ils reviennent ils ne me laisseront pas tranquille, pas avec le passif que j'ai avec eux.

J’comprends pas ce qu’il est entrain de me raconter, ce qu’il est entrain de me faire sous-entendre.
Est-ce qu’il est entrain de me dire que si ces connards reviennent, il mourra ? Ou ils feront en sorte que ? Je n’connais pas ce passif, pas en détails mais je sais qu’ils en ont eu sévère après lui mais je sais aussi qu’ils s’en prendront à nous tous dans cette école, qu’ils ne feront pas de quartier, surtout aux plus résistants et que Enzo en fait partie. Mais j’peux vivre avec ça. J’ai vécu avec la mort de Jude, la mort de Spencer, la mort de Dean, puis de Maxime. Alors la menace ? J’ferais avec. Et j’les laisserais de toute façon pas faire. Ca serait bien mal me connaitre.
Mes pensées s’arrêtent nettes dès lors qu’il soulève une partie de son tee-shirt pour me faire voir ces cicatrices que je connais par cœur. Par le toucher, pas par leurs histoires.

- Ils m'ont marqué comme un putain d'animal, et c'est la main de Kyle qui a fait ça. Sous Imperium.

C’est là que je comprends le sens de ce qu’il me raconte, qu’il est tout « simplement » entrain de me dire que, malheureusement, je risque d’y être mêlé jusqu’au cou, que je risque de finir dans la même situation que Kyle.
Et ce qu’il se passe chez moi est explosif, m’ébranle, me met en rogne. L’idée même qu’on ait pu user de ce genre de torture, de ce genre de vice, me rend dingue. Vraiment. Ca me rendrait presque fou de savoir qu’il existe des personnes sur terre capable d’avoir un esprit aussi tordu que ça pour en arriver là. Mais ça va bien au-delà de tout ça. Bien au-delà de la haine pour ce genre de personne.
Je ne suis pas Kyle. Je ne le serais jamais. Et le fait qu’il m’évoque cette histoire, me blesse. Je sais ce qu’il essaie de me dire, qu’il peut pas me promettre de rester en vie à cause de ces enfoirés tout comme il peut pas me promettre de rester en vie parce que demain, un parpaing tombé de la tour d’astronomie peut très bien le tuer. Je ne suis pas stupide. Je suis loin de l’être. S’il m’avait raconté cette histoire dans un tout autre contexte, je ne l’aurai pas pris de la même façon. Au contraire. J’aime tout ce qu’il représente, ce qu’il est. Ce qu’il a fait m’importe peu dans le sens où j’ai eu parfaitement conscience de le prendre avec tous ces bagages.

- J'ai fait des trucs impardonnables, parfois pour survivre, parfois parce qu'ils avaient réussi à me briser, parce que j'avais mal et que je savais pas le gérer autrement ou parce que j'avais pas le contrôle. Et pour leur faire payer tout ça, aussi. Je … J'veux pas que ça recommence, j'pourrai pas le supporter. Je ne supporterai pas qu'ils me traitent à nouveau comme une bête, m'enchainent ou me balancent dans une cage et je ne supporterai pas qu'ils s'en prennent aux personnes à qui je tiens pour me faire flancher.

Je ne sais plus comment on en est arrivé là, comment on en est arrivé à ce genre de discours mais je reste figé, l’écoutant, les yeux bien ouverts et surtout parfaitement conscient désormais de tout ce qu’il se passe. Une vague de panique commence à s’insinuer en moi et à me soulever l’estomac.

- J'ai envie de vivre, de vraiment vivre, pas juste survivre ou attendre qu'un truc nous tombe sur le coin de la gueule. Et j'veux que tu fasses partie de cette vie-là, une vie comme on avait jusque là, un truc simple, qui fait du bien, sans pour autant rejeter ce qui déraille ou nous rend fébrile parce que c'est comme ça, c'est là, ça fait partie de nous aussi. J'veux qu'on se barre d'ici, te faire découvrir l'Australie et pas seulement l'intérieur de la maison cette fois, j'veux te voir faire tourner mon frangin en bourrique parce que je sais que tu pourras pas t'en empêcher, que tu rencontres Jill et pouvoir enfin le dire à Kyle pour toi et moi.

Je ne bronche pas, l’observe sans aucune réaction. Moi aussi j’ai envie de tout ça, vraiment. Mais encore une fois, je ne comprends pas. Est-ce que c’est parce que je lui ai balancé là qu’il est entrain de me faire comprendre que non, pas comme ça, pas maintenant, qu’il préfère que nous restions dans notre petite bulle légère ?
Je n’sais plus, j’comprends plus. Encore une fois. J’ai juste envie de poser ma tête sur l’oreiller, de dormir, d’oublier tout ce qu’il vient de se passer.

- J'te cache pas que ça va soudainement très vite, j'sais plus trop où donner de la tête et je m'enflamme complètement j'le sais mais c'est comme ça quand je ressens trop de trucs forts en même temps. J'explose. Et ça me fout la trouille, j'ai peur de pas être à la hauteur mais j'tiens à toi, beaucoup, énormément, sauf que j'ai pas envie que soit ce genre de trucs qui me fassent prendre conscience de ça. J'voudrai juste que ça m'arrive … Rien qu'en me réveillant le matin à côté de toi par exemple ou quand on fait l'amour, tout simplement. J'me suis promis de pas suivre deux fois les mêmes schémas, de pas foncer tête baissée, d'aller trop vite, de tout donner jusqu'à m'oublier mais … C'est différent cette fois. J'suis plus comme avant, j'ai pris beaucoup de recul sur un tas de trucs et toi … T'es ... Tu me rends heureux, me fait me sentir bien, comme t'as pas idée. Tu rends les choses tellement simples et j'te jure que pour un type comme moi qui a été coincé dans sa tête en permanence ces dernières années c'est … énorme. Et j'ai envie de te rendre heureux, d'être là pour toi, te protéger, juste te faire rire, faire partie de ta vie et qu'on partage encore pleins de trucs, qu'on continue de se découvrir petit à petit.

Il marque une pause, je ne le lâche pas du regard.

- J'aimerai juste qu'on ait la chance de pouvoir continuer à prendre notre temps.

La douleur est violente. Je ne sais pas si c’est parce que je viens de vivre des émotions bien trop vives pour moi mais tout me semble décupler.

- Si c'est ce que tu veux aussi.

Je ne bronche pas, encore une fois. J’ai tout qui se mélange dans ma tête, tout qui est en bordel. Mais idées, mes émotions, mes envies, mes peurs, mes besoins. Je suis un putain de désastre ambulant, un putain de chaos dans le corps d’un être vivant. Je suis balancé entre deux eaux, deux frontières. J’ai mal partout, à la tête, aux corps, comme des courbatures après un trop long effort ou pendant une énorme grippe qui vous cloue au pieu. Tout ça m’arrive en pleine gueule puissance 10 juste après avoir encaisser le choc de mon épouvantard qui commence visiblement à prendre doucement une nouvelle forme sans que je ne m’y attende. Et pour ça, je viens d’entendre toute ces choses qui foutent un bordel incroyable dans mon crâne et surtout, qui me font sentir à la fois heureux d’entendre tout ce qu’il éprouve pour moi mais aussi en colère.

- C’est c’que j’veux aussi.

Je serre les dents, je suis sincère. J’ai jamais demandé autre chose que de vivre ma vie tranquille, sans angoisse. Mais avec ce qu’il me dit là, j’ai l’impression de devoir mettre en parenthèse mes peurs les plus profondes qui ne sont pourtant pas des promesses. N’est-ce pas normal d’avoir peur de perdre quelqu’un à qui l’on tient ?

- Mais je ne suis pas Kyle, Enzo. Notre relation est différente de ce que tu as vécu avec lui, tu me l’as assez répété alors pourquoi … tout ça ? Pourquoi tu me balances tout ça comme si je t’avais mis la pression d’un coup, comme si je te forçais à faire une promesse, comme si je te poussais à devoir aller plus vite entre nous.

Encore une fois, je suis à des années lumières de ce que tu as déjà vécu, de ce que tu as pu vivre avant que je ne débarque dans ce château. Et quelque chose me souffle que tu es loin d’être guéri de tout ça.

- J’ai jamais demandé ça, je ne me suis pas livré à toi pour te faire comprendre que tu n’avais pas le choix que de survivre. Je sais parfaitement comment ça fonctionne, des risques que nous courrons tous ici et je ne te forcerais jamais à te promettre quelque chose que je ne suis pas moi-même sûr de tenir. Je ne le lâche pas du regard, articule mes mots avec honnêteté puisqu’il en a toujours été ainsi entre nous. La seule raison pour laquelle je t’ai dit ça c’est parce que je l’ai vécu une fois et je ne sais pas si j’arriverais à l’encaisser si ça m’arrivait une deuxième fois.

J’essaie de lui expliquer, de décortiquer. Plus je parle, plus je me rend compte à quel point il est tout simplement encore marqué par tout ce qu’il a vécu. Je ne l’en blame pas, loin de là, j’ai bien compris qu’entre ces murs, il s’est passé des choses particulièrement effroyables. On a tous vécus notre lot d’horreur et le leur est particulièrement atroce. Ca doit faire quoi, un an qu’ils sont réellement libres ? C’est pas en un an qu’on se remet de tout ça, qu’on reconstruit toute une vie pierre par pierre.

- J’ai bien compris que ce que tu as vécu t’as profondément marqué et traumatisé et que tu n’en ai pas tout à fait guéri mais ça n’a rien à voir avec nous. Ça ne veut pas dire que tout ce schéma se reproduira. Il faut… Je secoue la tête, me pince l’arête du nez avant de poursuivre. Il faut que tu apprennes t’en détacher, à te mettre dans la tête que tout ce que tu as vécu, ne se répéteras pas forcément. Si tu continues de nous voir à travers tout ça, on n’arrivera jamais à avancer. Moi aussi j’ai envie d’prendre mon temps, moi aussi j’ai envie de faire comme on a fait durant ces dernières semaines à vivre sur notre petit nuage mais parfois il y a des choses qui vont nous péter à la gueule et on n’y pourra rien. Mais si à chaque fois que ça arrive tu en viens à te faire toute cette réflexion… Tu ne seras jamais tranquille Enzo.

Ma voix tremble mais reste assurée, voir douce. Ce que j’lui dis n’est pas certainement pas plaisant à entendre mais c’est comme ça que j’ai ressenti toutes ces choses qu’il m’a dite, qu’il m’a balancé. Faut pas croire, j’en mène pas large mais faut bien qu’on mette les choses au clair. Il l’a fait de son côté, maintenant c’est à mon tour. Si à chaque fois que je lui dis quelque chose d’un peu trop intense, il passe par ce schéma de réflexion, il ne s’en sortira jamais et c’est pas ce que je veux. Je tiens à lui, vraiment. Plus fort que je n'aurai pu l'imaginer. Et j'ai pas envie que ça s'arrête, tout ce qu'il m'a dit tout à l'heure, moi aussi j'ai envie de le vivre et à fond. Honnêtement, je n'demande que ça. Enzo m'apporte des trucs nouveaux dont j'ai pas envie de faire l'impasse dessus.

- T’as fait des trucs impardonnables, ok et après ? Tu crois que j’suis avec toi pour ton passif ? Non, j’suis avec toi pour le mec que t’es là, maintenant, pas pour ce que tu étais il y a un an, ou deux. Je t’accepte avec tous tes bagages mais ça veut pas dire que j’vais te juger par ça pour autant. Si tu penses que ça, ça va m’faire flipper, m’faut plus que ça. Non, là ce qui m’angoisse c’est que tu en viennes à me dire tout ça. On parle pas de mariage, on parle pas d’faire des gosses, on parle juste du fait que oui, effectivement, si trois connards viennent à te taper sur la gueule comme ils l’ont fait avec Jude, j’le supporterais pas. Comme toi tu n’le supporterais pas si ça arrivait. Comme tu n’le supporterais pas si ça arrivait à ton frère ou à quelqu’un d’autre en qui tu tiens réellement.

J’admets que lorsque je me suis ouvert… je ne m’attendais pas à cette réaction de sa part. je m’attendais à son étreinte, à quelques mots du style « ça va aller, j’suis là » ou même un silence m’aurait suffit. J’suis pas le mec le plus sentimentaliste, le plus expressif. Même si j’suis quelqu’un de cash, qui n’passe pas par quatre chemins pour dire ce qu’il pense, ça veut pas dire que j’suis le gars qui va te pondre une déclaration comme ça. Non, quand j’le fais, c’est … rare. Et même si là, ça m’a braqué, j’lui en veux pas. Comme il le dit : « sans pour autant rejeter ce qui déraille ou nous rend fébrile parce que c'est comme ça, c'est là, ça fait partie de nous aussi. »

Je lâche un soupire, passe ma main sur sa joue en lui adressant un regard tendre.

- Désolé si ça t’as foutu la pression, c’était pas l’effet recherché. Si tant est qu’il y en ai eu un. J’hausse les épaules avant de poursuivre. Tu m’rends heureux, vraiment. J’ai pas envie que ça change. Et prendre mon temps ça m’va, ça l’a toujours été. C’est pas comme si j’étais le mec le plus pressé de la planète.

Léger sourire, fatigué, épuisé. Je n’sais pas tellement dans quel état je suis mais pour l’instant, je reste concentré du mieux que je peux s
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Lun 22 Mai 2017 - 21:53
Je suis monté très vite, j’en ai le souffle court et le cœur qui part en vrille mais quand je réalise ce que je viens de faire en perdant complètement le contrôle, je redescends aussi sec. Plus aucun mot ne franchi la barrière de mes lèvres, aucun mot ne franchi celle des siennes pendant ce qui me semble durer une éternité mais parfois les silences sont bien plus éloquent. Tout ce que je lis dans son regard me met le cœur à l’envers, me le serre dans la poitrine. De la douleur et de la colère, sans doute un peu de déception aussi. Son corps m’envoie des signaux lui aussi. Ça fait mal mais je sais que j’en suis le seul responsable et pour ça, ne cherche pas à détourner les yeux ou faire l’autruche pour y échapper.

« C’est c’que j’veux aussi. »

Je me rends compte à quel point ces mots ont du mal à sortir, je vois parfaitement qu’il serre les dents, que ses muscles sont tendus et qu’il a mal de toute les façons possibles, aussi bien physiquement que psychologiquement. A cause de moi. A cause de cette réaction que je n’ai pas vu venir et que j’ai laissé éclater. J’peux même pas dire que j’ai pensé qu’à ma gueule, j’ai rien vu venir, pas eu le temps de penser, mais ça ne change rien aux faits.

« Mais je ne suis pas Kyle, Enzo. Notre relation est différente de ce que tu as vécu avec lui, tu me l’as assez répété alors pourquoi … tout ça ? Pourquoi tu me balances tout ça comme si je t’avais mis la pression d’un coup, comme si je te forçais à faire une promesse, comme si je te poussais à devoir aller plus vite entre nous. »

Plus il parle, plus je me décompose, prend conscience de l’étendu des « dégâts » et du mal que je lui ai fait. Il avait besoin de moi, besoin de mon soutien, et je lui ai apporté tout le contraire. Il me fait ouvrir les yeux et ce que je vois, ce que je réalise, ne me fait clairement pas plaisir. Une part de moi, la plus lâche, a envie de se terrer dans un coin mais ça n’est en aucun cas mon intention. Je le sais franc, je sais qu’il n’ira pas par quatre chemins pour me faire comprendre les choses mais je ne détournerai pas le regard. J’accepterai comme il a accepté de se prendre un ouragan d’émotions, mes émotions, en plein thorax à l’instant. C’est pas un concours, juste la chose à faire.

« J’ai jamais demandé ça, je ne me suis pas livré à toi pour te faire comprendre que tu n’avais pas le choix que de survivre. Je sais parfaitement comment ça fonctionne, des risques que nous courrons tous ici et je ne te forcerais jamais à te promettre quelque chose que je ne suis pas moi-même sûr de tenir. La seule raison pour laquelle je t’ai dit ça c’est parce que je l’ai vécu une fois et je ne sais pas si j’arriverais à l’encaisser si ça m’arrivait une deuxième fois. »

Un peu de colère, envers moi-même, un profond sentiment de ridicule aussi ça c’est certain même si j’ai néanmoins pensé chaque mot que j’ai prononcé. Et une certaine incompréhension de l’autre, je crois. J’écoute, j’encaisse, fébrile mais paradoxalement en train de reconsolider l’édifice. La tempête est passée, repartie, aussi vite qu’elle est arrivée, comme souvent en ce qui me concerne, mais elle laisse derrière elle un goût amer. Chez lui comme chez moi. Ça ne m’a pas fait plaisir non plus de ressentir tout ça mais ça suffit l’égoïsme.

« J’ai bien compris que ce que tu as vécu t’as profondément marqué et traumatisé et que tu n’en ai pas tout à fait guéri mais ça n’a rien à voir avec nous. Ça ne veut pas dire que tout ce schéma se reproduira. Il faut… »

Je le laisse à ses gestes, ferme les yeux l’espace d’une seconde comme si j’essayais de reprendre mon souffle avant la suite qui je le sais, ne va pas tarder. Tremblant, épuisé, noyé par un tas d’émotions divergentes, exactement dans le même état que lui alors qu’on vient de se prendre notre première claque. La dernière ? Je l’admets, ça m’a traversé l’esprit dans un frisson d’appréhension. Et si j’avais tout gâché ? Et si en lui balançant tout ça il s’était rendu compte que ce que je traine avec moi est trop lourd, qu’il n’a pas envie de ça ? C’est pas une question de ne pas lui faire confiance, quelque part je comprendrais, mais bordel ça me ferait mal.

Il reprend, mon cœur rate un battement et je n’arrive plus à trouver mon air mais il a toute mon attention. Il n’a jamais vraiment cessé de l’avoir.

« Il faut que tu apprennes t’en détacher, à te mettre dans la tête que tout ce que tu as vécu, ne se répéteras pas forcément. Si tu continues de nous voir à travers tout ça, on n’arrivera jamais à avancer. Moi aussi j’ai envie d’prendre mon temps, moi aussi j’ai envie de faire comme on a fait durant ces dernières semaines à vivre sur notre petit nuage mais parfois il y a des choses qui vont nous péter à la gueule et on n’y pourra rien. Mais si à chaque fois que ça arrive tu en viens à te faire toute cette réflexion… Tu ne seras jamais tranquille Enzo. »

Je crois que c’est ça qui fait le plus mal et je n’essaie pas de le cacher, de cacher l’impact qu’ont ses mots sur moi. M’en détacher ? Comment se détacher de plus de deux ans de torture aussi bien mentale que physique ? Comment se détacher de tout ça alors qu’on reprend à peine son souffle ? Quand ils se chargent de nous rappeler régulièrement qu'ils sont toujours là, près à entrer dès qu'ils en auront l'occasion, tournant autour de cette école comme des vautours au dessus d'une carcasse ? Pourtant c’est ce que je fais, du mieux que je peux, en m’accrochant à la vie comme un futur ex mort, comme un type qu’on a brisé de bien des manières mais qui s’est toujours battu pour survivre, pour résister, pour respirer, un type qui a rendu les coups en réveillant la part d’ombre qu’on a probablement tous en nous, « aidé » par une deuxième entité qui s’est invité dans son être. Un type qui a fait ce qu’il a pu pour gérer tout cette merde et protéger ses proches, qui en a même fait une priorité parfois au détriment de lui-même. Un type qui s’est construit comme il a pu malgré tout ça.
Je ne dénigrerai jamais l’aide que j’ai reçu par toutes ces personnes qui auront éternellement ma reconnaissance mais le plus gros j’ai dû le faire tout seul. Alors oui parfois c’est bancale, parfois je rechute, c’est pas quelque chose que je nie, mais je fais ce que je peux, comme je peux. J’suis qu’un gamin qui cherche des repères là où il peut, un gamin qui a dans le creux du cœur le manque des deux piliers de son existence, ceux qui auraient dû être là pour l’aider à marcher droit, à se relever. Tout a commencé le jour où ils ont disparu, brutalement, violemment, sans prévenir, le jour où je les ai « vu » mourir dans ce putain de ravin et quand j’ai ouvert les yeux une semaine après, sans avoir pu leur dire au revoir, le cœur et le corps en vrac, en miettes. Le jour où j’ai décidé d’ériger une carapace, une muraille autour de moi, pour ne plus laisser qui que ce soit m’approcher, pour ne plus avoir à souffrir comme ça. Jamais.
Je ne mélange pas tout, je revis le fil que ma vie trace depuis trois ans sur une trajectoire bordée de violence, une trajectoire qui commence tout juste à retrouver un peu de calme et de paisibilité. Une trajectoire où ils me feront toujours défaut, quoi qu’il arrive, quoi qu'il se passe, en mal comme en bien.

Alors s’il te plait, ne me dis pas ça, ne me dis pas de m’en détacher comme si ça n’était pas déjà ce que je fais, ce que j’essaie de faire, de toutes mes forces et de tout mon être. J’suis pas là pour jouer les victimes et c’est pas ce que je ferai mais s’il te plait, ne me reproche pas de rester coincé là-dedans. Ne me reproche pas d’envisager l’espace d’une seconde que ça puisse recommencer et d’en avoir peur. Je ne m’attends pas à ce que tu prennes la teneur de tout ça, je ne te le demande pas de toute façon, et encore moins que tu me prennes en pitié ou sois désolé pour moi mais ne crois pas que c’est ce qui régit ma vie alors que je me débats pour m’éloigner de tout ça le plus possible. Ne m’en veux pas quand ça remonte à la surface sans prévenir. C’est pas à chaque fois, c’est même la première fois depuis un paquet de temps si tu veux tout savoir et je ne saurai même pas t’expliquer pourquoi là, maintenant, comme ça. Peut-être justement parce que le fait de m’éloigner de tout ça m’a paradoxalement rendu plus fébrile, plus … faible, alors que je ne relâchais jamais rien ou presque quand c’était mon quotidien.
Et par-dessus tout, ne crois pas que je nous vois à travers tout ça, s’il te plait … C’est même totalement le contraire.

Oui, ça fait mal d’entendre ça mais je ne lui en veux pas, ne le blâme pas. Je sais pertinemment que s’il me dit tout ça, ça n’est pas pour me faire mal mais pour nous permettre d’avancer. Et m’aider. Ce que j’aurai du faire pour lui. Je sais aussi qu’il a vécu son lot de souffrances, qu’il a perdu des êtres chers de manière très violente et brutale lui aussi et qu’il a vécu la peur, l’enfer, quand ils ont fait tomber leur école. Il comprend. Il sait.

« T’as fait des trucs impardonnables, ok et après ? Tu crois que j’suis avec toi pour ton passif ? Non, j’suis avec toi pour le mec que t’es là, maintenant, pas pour ce que tu étais il y a un an, ou deux. Je t’accepte avec tous tes bagages mais ça veut pas dire que j’vais te juger par ça pour autant. Si tu penses que ça, ça va m’faire flipper, m’faut plus que ça. Non, là ce qui m’angoisse c’est que tu en viennes à me dire tout ça. On parle pas de mariage, on parle pas d’faire des gosses, on parle juste du fait que oui, effectivement, si trois connards viennent à te taper sur la gueule comme ils l’ont fait avec Jude, j’le supporterais pas. Comme toi tu n’le supporterais pas si ça arrivait. Comme tu n’le supporterais pas si ça arrivait à ton frère ou à quelqu’un d’autre en qui tu tiens réellement. »

Sans le quitter des yeux, je hoche la tête. Ce que moi je complique, lui le simplifie. La question n’est pas de savoir qui ne nous deux à raison ou tort, juste de concevoir qu’on gère différemment et que si moi j’ai complètement vrillé, extrapolé, lui est resté plus pragmatique. Ça ne veut pas dire qu’il en souffre moins, surtout pas quand je lui inflige un truc dont il n’avait absolument pas besoin étant donné ce qu’il vient d’encaisser. Je comprends ce qu’il me dit, je l’enregistre parfaitement et l’air devient presque plus simple à respirer.
Mes épaules s’affaissent dès l’instant où il passe sa main sur ma joue dans un geste tendre, c’est comme une forme de soulagement qui explose en moi même si je m’en veux d’autant plus de le mettre dans cette situation, une situation où lui se retrouve à me réconforter, me rassurer, alors que ça aurait dû être l'inverse. Et surtout, alors que je n’aurai pas dû être une source de contrariété et de peine supplémentaire pour lui. Je ne bouge pas, je le laisse faire, mais chaque parcelle de ma peau le réclame. Je ressens le besoin profond de le prendre dans mes bras, de le sentir contre moi, de le soulager à son tour de ce qu’il a dû porter pour nous deux pour qu’il puisse se reposer enfin un peu.

« Désolé si ça t’as foutu la pression, c’était pas l’effet recherché. Si tant est qu’il y en ai eu un. Tu m’rends heureux, vraiment. J’ai pas envie que ça change. Et prendre mon temps ça m’va, ça l’a toujours été. C’est pas comme si j’étais le mec le plus pressé de la planète. »

Il sourit, un de ces sourires las, fatigué, épuisé, que je n’ai que rarement vu sur son visage pour ne pas dire jamais. Je ne le quitte pas des yeux, m’imprègne de ses mots et inspire un grand coup avant de bloquer l’air dans mes poumons quelques secondes. J’aimerai me réjouir de l’entendre me dire que je le rends heureux mais je sais que ça n’arrivera pas, pas maintenant.
Ma main vient chercher la sienne au bout d’un moment, je noue mes doigts aux siens puis passe mon autre bras autour de ses épaules pour le ramener contre moi. Je ne force pas, je comprendrai qu’il refuse ce contact, qu’il ait besoin de temps, mais mon pouce caresse le dessus de sa main en douceur, tendrement, alors qu’un léger silence s’installe entre nous deux. Le dos appuyé contre le mur, ma tête posée contre la sienne, une jambe étendue devant moi et l’autre repliée, nos doigts entremêlés, je regarde droit devant moi sans réellement voir quoi que ce soit. Et l’air quitte mes poumons dans un long et profond soupir.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, en cet instant, je pense à mon père. J’ai toujours été plus proche de ma mère, c’est vers elle que j’allais spontanément quand quelque chose n’allait pas, que j’avais envie de parler ou besoin d’un conseil. Là, je pourrais presque le visualiser devant moi, à quelques mètres, et j’essaie de m’imaginer ce qu’il me dirait. Je n’ai pas de repère, j’avais 15 ans quand ils sont partis, on n’a jamais vraiment eu de discussion père/fils autre que quelle wax utiliser ou comment aborder un tube. Un petit « t’as fait tes devoirs ? » de temps en temps, éventuellement. Je ne m’intéressais ni aux filles – sauf à Jeenah, d’une certaine façon, mais je crois qu’il ne l’a jamais su et je n’ai jamais eu le courage de lui en parler – ni aux garçons et je n’ai jamais pu lui demander quoi que ce soit en matière de sentiments, de couple ou quoi que ce soit dans ce genre-là. Peu importe, c’est pas tellement le sujet, je crois qu’il me dirait simplement d’être un homme, de me comporter comme un adulte et de rattraper mon erreur, de montrer à ce garçon que je suis là pour lui, à hauteur de mes sentiments à son égard. Ou alors peut-être que c’est simplement ce que j’aimerai entendre sortir de sa bouche.

Instinctivement mon emprise se raffermie un peu autour de William, en douceur, et je dépose un baiser sur son front. Ma main n’a pas lâché la sienne, je continue de caresser le dessus de celle-ci avec mon pouce sans discontinuer.

« Je t’ai blessé, je t’ai fait du mal. J’en suis sincèrement désolé. »

Inutile de lui dire que c’est pas ce que je voulais, je pense qu’il le sait. Loin de moi l’idée de lui faire du mal sciemment. Le ton que j’emploi est calme, sans doute un peu fatigué par toutes ces émotions mais il est presque posé. Le jour et la nuit, je sais, je suis parfois difficile à suivre.

« J’voulais pas non plus te donner l’impression que j’occulte totalement ce que tu as pu ressentir en étant confronté à ce que tu viens de voir ou que je m’en moque, que je ne considère pas ça avec importance parce que c’est faux. J’ai juste … »

Légère hésitation, je fronce les sourcils une seconde et me redresse un peu sans pour autant le lâcher tant qu’il acceptera ce contact.

« J’ai flippé en réalisant que t’as eu peur de me perdre, en imprimant que tu ne le supporterais pas une deuxième fois, en voyant toute cette violence et en imaginant que l’horreur puisse recommencer d’une manière ou d’une autre parce qu’on le veuille ou non c’est une éventualité. Je sais pas, mon esprit a fait des raccourcis, trop rapidement pour que je le stoppe et j’ai vrillé. »

Comment j’en suis venu à penser aux Supérieurs, à leur retour éventuel, en voyant Jude se faire tabasser ? Ma tête est un bordel sans nom, c’est pas nouveau. Je m’écarte légèrement, juste pour qu’on puisse se regarder, et poursuis.

« Je sais que t’as pas voulu me mettre la pression et c’est pas ce que t’as fait, j’me la suis foutu tout seul comme un grand. T’y es pour rien. J’aurai du gérer mieux que ça, être là pour toi, te réconforter, te rassurer et pas l’inverse. J’ai parfaitement conscience que tu n’attends pas de moi que j’te fasse la promesse de rester en vie, je sais bien que c’est impossible et qu’on peut tous y passer du jour au lendemain sans prévenir, juste parce qu’on ne marche pas au bon endroit ou une connerie comme ça. »

A vrai dire, j’ai du mal à me souvenir de mes propres mots mais j’ai pas oublié les sensations et ce que j’ai lu dans son regard. Pas plus que je n’ai oublié ses mots à lui.

« Je sais aussi que t’es pas Kyle et que notre relation n’a rien à voir, j’pensais pas te l’avoir si souvent répété que ça à vrai dire. En vérité, j’avais plutôt l’impression de pas vraiment en parler parce que j’y pense pas plus que ça, je vis notre histoire à fond, le plus naturellement du monde, sans passer mon temps à la comparer à ce que j’ai pu vivre avant, mais si c’est le cas alors je m’en excuse. D’autant que c’est très clair pour moi, je ne cherche pas à faire de parallèle, et je ne vis pas non plus sans arrêt avec la peur au ventre que ça recommence. »

J’ai bien compris que c’est l’impression que je lui ai donné alors que non, vraiment, c’est pas comme ça que je ressens les choses. Et puis je me souviens de quelque chose d’autre, un truc qui est passé à la trappe alors qu’il s’est produit il y a quelques heures à peine.

« J’me suis retrouvé coincé entre deux Détraqueurs tout à l’heure, là j’ai percuté que ces derniers jours j’ai glissé dans un état que j’exècre complètement parce que c’est pas moi, j’suis plus costaud et plus solide que ça, plus combatif aussi. J’ai pas réussi à faire sortir correctement mon Patronus alors que c’est un sort que je maitrise très bien depuis quelques temps maintenant. Heureusement, Kezabel est passée par là et m’a réveillé, m’a sorti de là. »

J’ai pas peur de l’admettre, même si j’en garde une certaine honte. Fierté mal placée peut-être. Je le sentais mais je faisais ce que je pouvais pour ne pas sombrer là-dedans. Quand ils me sont tombés dessus c’est comme si tout explosait. Je peux encore ressentir cette panique m’envahir les veines quand j’ai échoué à faire apparaitre un Patronus corporel. Et cette douleur dans le fond du cœur quand la voix de ma mère, son sourire, son visage, me paraissait être un souvenir inatteignable.

« Maintenant je percute aussi à quel point j’suis pas tiré d’affaire, que je traine encore énormément de traumatismes et qu’ils ne disparaitront pas comme ça, du jour au lendemain parce que comme tu le dis, j’suis pas guéri. Pas complètement. »

Et au fond de moi, je sais ce qu’il faut que je fasse pour accélérer le processus. Je l’ai compris. Quitter cet endroit, voilà ce que je dois faire. Et peut-être envisager de me débarrasser de ces cicatrices, quand bien même elles ont été faites avec de l'argent. Il doit surement y avoir un moyen.

« Je sais pas si j’le serai totalement un jour, pour être tout à fait honnête. Mais j’y travaille. »

Avec les moyens que j’ai.
En saisissant les mains qu’on me tend, aussi.
Qu’ils s’en rendent compte ou pas.

Je le lâche finalement, juste pour m’écarter un peu du mur et m’assoir en tailleur face à lui, pour pouvoir le regarder dans les yeux plus facilement. J’attrape ses mains dans les miennes, lute une seconde contre cette envie de l’embrasser qui serait mal venue. J’ai l’air plus sûr de moi, plus déterminé et plus solide, simplement parce que je le suis. Comme mon sang qui se régénère sans arrêt, mes émotions en font visiblement autant et pour ça la bête n’y est pour rien. Loup n’est de toute façon absolument pas présent en cet instant. Il ne l’a jamais été.

« Je m’en détache, tu peux me croire. Et je ne nous vois pas à travers le spectre de quoi que ce soit. La suite d’évènements a fait que j’ai laissé tout ça remonter violemment, parce que j’suis pas toujours capable de faire autrement, que j’ai mes faiblesses comme tout le monde, mais quand j’te regarde je pense pas à tout ce qui pourrait t’arriver, à tout ce qui pourrait m’arriver à moi. Quand j’te regarde j’ai juste envie de sourire, de penser à tous ces trucs que j’ai envie de partager avec toi, tous ces trucs qu’on partage déjà, de me dire que j’ai de la chance de t’avoir rencontré parce que t’es vraiment … un putain d’emmerdeur quand tu t’y mets mais bordel, tu m’fais vibrer, peu importe la manière, tu m’fais me sentir vivant et c’est pas des cracks ou l’expression d’une émotion trop forte et mal gérée quand j’te dis que je tiens énormément à toi. »

J’ai esquissé un sourire, un sourire amusé, qu’il ne prendra pas mal je l’espère, puis j’ai retrouvé mon sérieux. Je n’ai pas peur de le dire, de lui dire, que je tiens à lui. Beaucoup. Simplement parce que c’est la vérité. Et même si je ne suis pas prêt à l’appréhender totalement et encore moins le formuler … Ce que je ressens pour lui va au-delà d’un simple attachement. Je l’ai compris ça aussi.

« J’pense aussi au fait que j’ai envie d’être là pour toi quand ça va pas parce que ça fait partie du package, que je ne rejette pas ça par peur de tomber de notre petit nuage ou de sortir de la bulle dans laquelle on squatte depuis quelques mois même si j’ai pu t’en donner l’impression tout à l’heure, même si tout ça m’a pris au dépourvu autant que toi. »

Oui, des mois. Ok ça fait … je sais pas, quelques semaines qu’on est officiellement ensemble mais faut arrêter les conneries cinq minutes, toute cette histoire a commencé le jour où on s’est sauté dessus dans la Salle Commune des Rouges et ça personne ne me fera penser le contraire. Okay … Le jour où JE t’ai sauté dessus.
Ça n’aurait rien changé à ma rupture avec Kyle, je suis au clair là-dessus, mais étant donné mon état d’esprit à ce moment-là, j’étais clairement pas dans l’optique de me remettre avec quelqu’un aussi tôt et pourtant, regarde où on en est ? J’ai pas besoin d’aller courir à droite et à gauche quand j’ai un mec comme toi entre les bras, je sais que je suis à la bonne place. A ma place. Sans en faire des caisses, c’est ça le deal ? Ça me va parfaitement.

« Ce que j’essaie de te dire c’est que, au même titre que tu ne supporterais pas que ça se reproduise une deuxième fois, je ne supporterai pas de revivre ce que j’ai vécu ces dernières années, ici ou à l’extérieur. Pour autant, j’vis pas avec la peur permanente que ça arrive même si, je te l’accorde, avec la réaction que je viens d’avoir, c’est sans doute pas super flagrant. »

Je vais juste te demander de me faire confiance sur ce coup-là si tu t’en sens capable, simplement si t’en as envie. J’peux pas te le prouver autrement qu’en étant fidèle à moi-même, comme je l’ai été tous les jours ces dernières semaines, derniers mois … Depuis qu’on se connait tout simplement. Et je sais que c’est la première claque qu’on se prend, qu’elle est violente et que je n’ai pas été à la hauteur mais … Je me connais, je sais que ça ne se reproduira pas. Peut-être qu’il fallait juste qu’on en passe par là, j’en sais trop rien. Tôt ou tard on l’aurait prise cette première claque, peu importe la forme, je crois qu’on en a conscience tous les deux.

« Et au même titre que tu n’es pas Kyle, je ne suis pas Jude. »

Cette fois je lâche une de ses mains pour caresser sa joue du revers de mes doigts, une douceur et une tendresse infinie dans le regard, un sourire fin sur les lèvres, alors que je me permets de prononcer son nom pour la première fois, appréhendant un peu sa réaction je dois bien le dire. J’ai l’impression de mettre un pied dans un sanctuaire, sans réellement savoir si j’en ai le droit. C’est déstabilisant.
J’ai conscience qu’on ne peut pas comparer, qu’il a perdu l’homme qu’il aimait de manière très violente et sans avoir la chance de lui dire au revoir alors que Kyle est toujours bien vivant et que j’ai « simplement » choisi de rompre avec lui. C’est pas un parallèle qu’on peut faire, c’est évident, mais ça n’est pas là où je veux en venir de toute façon. Je ne sais pas trop si j’essaie de lui dire que je suis là, bien vivant, que même si je ne mets pas en doute la capacité de Jude à se défendre ni même la sienne, j’ai la force et la rage d’un animal sauvage en moi et que ça pèse forcément dans la balance.

Il y a une chose dont je suis certain en revanche et c’est la suivante :

« Je n’essaierai jamais de prendre sa place, il fait partie de ta vie, il en fera toujours partie et c’est quelque chose que j’appréhende complètement. Je sais que tu as Macy, Maxime et Dean mais n’hésite jamais à me parler de lui, de vous, de ta douleur ou d’autre chose si t’en ressens le besoin et/ou l’envie. D’accord ? Et c’est valable pour Spencer aussi. En fait, c’est valable pour tout. »

Je perds les pédales parfois facilement, impulsivement, émotionnellement, mais j’ai les idées à la bonne place. Je sais être une oreille attentive, une épaule sur laquelle se reposer ou pleurer. Quand j’aime les gens je ne le fais pas à moitié, je suis là pour eux, entièrement. C’est dans ma nature, tout comme mon instinct protecteur. J’ai simplement appris à ne plus m’oublier dans le processus.
Cette fois, je n’essaie pas de me retenir. Je me penche vers lui et le prends dans mes bras. Un profond soulagement s’empare à nouveau de mon corps alors qu’une chaleur nouvelle se diffuse dans mes veines. J’aime pas être loin de toi, dans tous les sens du terme.

« J’suis désolé que tu aies vécu une chose aussi difficile, que tu aies du la revivre aujourd’hui sans trouver le soutien dont tu avais besoin parce que j’ai merdé mais je suis là, j’bouge pas, tu peux compter sur moi. Et je t’aiderai à vivre avec son absence comme je peux. »

Si c’est ce que tu veux, si tu me le permets.

Mon visage glisse doucement jusque dans son cou alors qu’une de mes mains passe dans ses cheveux et y reste. J’y dépose un baiser et le respire en le serrant plus fort. Jusqu’à ce qu’un sourire étire mes lèvres …

« Même si tu prends toute la place dans le lit et que ça, c’est un motif de rupture évident. »

Ma voix est étouffée, j’ai les yeux fermés et le visage contre sa peau.

« Comme le fait que j’parle trop. »

Je ne réfléchis pas vraiment au fait que c’est peut-être … déplacé ou trop tôt pour faire un trait d’humour. C’est sorti spontanément, instinctivement, juste pour détendre son atmosphère, espérer le faire sourire un peu pour qu’il puisse souffler. Je conserve néanmoins tout le sérieux lié à cette discussion, à cette situation que je n’essaie pas de dédramatiser et qui nous mène dans des rouages où on ne s’est jusqu’ici jamais aventurés. Reste malgré tout un peu d’appréhension. Je n’essaie pas de lire le langage de son corps pour y trouver des indices.

HRP:
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Enzo S. Ryans
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Enzo S. Ryans
Ven 16 Juin 2017 - 0:40
La situation a viré en quelque chose d’étrange, que je n’avais pas vu venir. Je sais que tout ce que je lui dis n’est pas forcément plaisant à entendre mais il y a toujours eu une transparence entre nous deux, nous ne nous sommes jamais menti, manipulé ou cacher quoi que ce soit. Et aujourd’hui, plus que jamais, j’ai besoin de lui dire cette vérité qui, malgré tout, me blesse. Tout ce qu’il m’a dit, je ne l’ai pas forcément compris, si ce n’est qu’il reste encore profondément traumatisé par ce qu’il a vécu. J’ai pris le temps de lui dire, expliquer mon point de vue et je ne dis pas avoir raison sur toute la ligne, bien au contraire mais il fallait que ça sorte, quelque part. Après avoir entendu ses mots, après avoir vu ce que j’ai vu 10 minutes plus tôt.
Les douleurs se tassent même si elles persistent au fond de mes entrailles. Mais surtout, je suis fatigué, lassé. J’ai envie de dormir des heures et oublier tout ce qu’il vient de se passer. De me laisser sombrer dans le plus doux des comas dans ses bras. Parce que tout ça ne change rien à mes sentiments à son égard, bien au contraire.

Sa main cherche la mienne et je la lui donne sans forcer tout comme je me laisse aller contre lui lorsqu’il entour mes épaules de son bras. Son étreinte rassurante m’apaise au fond, même si la contrariété plane encore un peu.
Il me serre plus contre lui, je me laisse aller, la fatigue au bord des yeux.

- Je t’ai blessé, je t’ai fait du mal. J’en suis sincèrement désolé.
- C’est rien.

Et pour accentuer mes mots, je serre un peu plus sa main contre la mienne, mon pouce venant caresser le dessus de sa peau. Je ne lui en veux pas, je sais qu’il n’a pas dit tout ça dans l’unique but de me blesser tout comme mes mots n’ont pas été là pour lui faire du mal.

- J’voulais pas non plus te donner l’impression que j’occulte totalement ce que tu as pu ressentir en étant confronté à ce que tu viens de voir ou que je m’en moque, que je ne considère pas ça avec importance parce que c’est faux. J’ai juste …J’ai flippé en réalisant que t’as eu peur de me perdre, en imprimant que tu ne le supporterais pas une deuxième fois, en voyant toute cette violence et en imaginant que l’horreur puisse recommencer d’une manière ou d’une autre parce qu’on le veuille ou non c’est une éventualité. Je sais pas, mon esprit a fait des raccourcis, trop rapidement pour que je le stoppe et j’ai vrillé.

Il m’explique et je l’écoute, posément, sans broncher. J’aime comprendre et il commence à m’offrir certaines clés que je n’avais pas forcément. Enzo finit par s’écarter légèrement pour que l’on puisse se faire face mais j’ai envie de lui dire de continuer de me garder contre lui. Certainement les émotions et la tension qui chutent mais je commence doucement à trembler de froid, les nerfs lâchant petits à petits.

- Je sais que t’as pas voulu me mettre la pression et c’est pas ce que t’as fait, j’me la suis foutu tout seul comme un grand. T’y es pour rien. J’aurai du gérer mieux que ça, être là pour toi, te réconforter, te rassurer et pas l’inverse. J’ai parfaitement conscience que tu n’attends pas de moi que j’te fasse la promesse de rester en vie, je sais bien que c’est impossible et qu’on peut tous y passer du jour au lendemain sans prévenir, juste parce qu’on ne marche pas au bon endroit ou une connerie comme ça.

Je cligne des yeux l’observe.
Enzo est un mec tellement expressif que je ne pourrais pas un seul instant douter de ce qu’il me dit. La culpabilité se lit clairement sur son visage et l’espace d’une seconde je me dis que j’ai peut-être été… un peu dur. J’en sais rien. Mais j’veux pas qu’il culpabilise à la mort parce que faut pas, que tout ça c’est pas grave même si sur le coup j’me suis retrouvé paumé.
Et comme il dit, ça peut nous tomber dessus à tout moment. Exactement pour les raisons qu’il évoque. Jude et moi étions là au mauvais endroit, à la mauvaise heure. Peut-être que finalement, tout s’est joué à quelques minutes, voir secondes. Que si je m’étais attardé aux chiottes avant de partir du ciné, nous n’aurions jamais croisés ses trois connards.

- Je sais aussi que t’es pas Kyle et que notre relation n’a rien à voir, j’pensais pas te l’avoir si souvent répété que ça à vrai dire. En vérité, j’avais plutôt l’impression de pas vraiment en parler parce que j’y pense pas plus que ça, je vis notre histoire à fond, le plus naturellement du monde, sans passer mon temps à la comparer à ce que j’ai pu vivre avant, mais si c’est le cas alors je m’en excuse. D’autant que c’est très clair pour moi, je ne cherche pas à faire de parallèle, et je ne vis pas non plus sans arrêt avec la peur au ventre que ça recommence.

J’ai pas le temps de réfléchir plus, de rebondir.

- J’me suis retrouvé coincé entre deux Détraqueurs tout à l’heure, là j’ai percuté que ces derniers jours j’ai glissé dans un état que j’exècre complètement parce que c’est pas moi, j’suis plus costaud et plus solide que ça, plus combatif aussi. J’ai pas réussi à faire sortir correctement mon Patronus alors que c’est un sort que je maitrise très bien depuis quelques temps maintenant. Heureusement, Kezabel est passée par là et m’a réveillé, m’a sorti de là.


Ses mots me font l’effet d’un seau de glace alors que je me redresse doucement, mon ventre venant de se nouer brutalement.
L’idée de le savoir coincé entre deux de ces saloperies me collent la peur au bide même si, visiblement, il va bien. D’ailleurs, quand est-ce que l’on sera débarrassé de ça ? De ces êtres informes, pures incarnations de l’horreur. Avec le passif d’Enzo, je n’ose imaginer ce qu’il a pu voir, entendre, sentir, prisonnier des Détraqueurs. La panique ressentie lorsque vous comprenez que la situation vous échappe et que vous n’avez d’autres choix que d’abdiquer…

- Maintenant je percute aussi à quel point j’suis pas tiré d’affaire, que je traine encore énormément de traumatismes et qu’ils ne disparaitront pas comme ça, du jour au lendemain parce que comme tu le dis, j’suis pas guéri. Pas complètement. Je sais pas si j’le serai totalement un jour, pour être tout à fait honnête. Mais j’y travaille.

Je m’épaule un peu sur le mur, l’observant attentivement, nouant ses doigts aux miens.

- Eh, ça viendra. Ca prendra le temps que ça prendra mais ça viendra.

Parce que tous les traumatismes du monde ne se résolvent pas en un claquement de doigts, encore moins en quelques mois. Tout dépend des personnes, de la hauteur de la souffrance mais nous savons plus ou moins ce qu’ils ont vécus ici et lorsque l’on doit composer avec une peur constante de se faire coincer par des enfoirés de bourreaux pendant des mois, voire des années, le traumatisme engendrer ne s’efface pas comme un château de sable sur la plage.

Enzo s’écarte un peu plus, s’assoit en tailleur face à moi tout en prenant mes mains dans les siennes. Il semble changer d’expression, devenant plus sûr de lui, plus serein aussi peut-être.

- Je m’en détache, tu peux me croire. Et je ne nous vois pas à travers le spectre de quoi que ce soit. La suite d’évènements a fait que j’ai laissé tout ça remonter violemment, parce que j’suis pas toujours capable de faire autrement, que j’ai mes faiblesses comme tout le monde, mais quand j’te regarde je pense pas à tout ce qui pourrait t’arriver, à tout ce qui pourrait m’arriver à moi. Quand j’te regarde j’ai juste envie de sourire, de penser à tous ces trucs que j’ai envie de partager avec toi, tous ces trucs qu’on partage déjà, de me dire que j’ai de la chance de t’avoir rencontré parce que t’es vraiment … un putain d’emmerdeur quand tu t’y mets mais bordel, tu m’fais vibrer, peu importe la manière, tu m’fais me sentir vivant et c’est pas des cracks ou l’expression d’une émotion trop forte et mal gérée quand j’te dis que je tiens énormément à toi.

Ses mots me font l’effet d’un feu aux creux des entrailles. Il me touche, me fait sourire malgré moi. Ce qu’il me dit là me fait du bien, comme s’il allégeait mes épaules d’un poids que je n’avais pas vu jusqu’ici. Tout ce qu’il me dit est partagé, clairement. Parce que quand j’le croise au détour d’un couloir ou que je le regarde au loin, j’me dis que ce type me rend heureux, que j’suis bien avec et que j’ai clairement pas envie de me prendre la tête, de me compliquer la vie. Si je simplifie les choses, Enzo me donne envie de faire plus, de vivre ma vie sans me poser la moindre question, me laisser porter par le courant sans chercher à lutter.

- J’pense aussi au fait que j’ai envie d’être là pour toi quand ça va pas parce que ça fait partie du package, que je ne rejette pas ça par peur de tomber de notre petit nuage ou de sortir de la bulle dans laquelle on squatte depuis quelques mois même si j’ai pu t’en donner l’impression tout à l’heure, même si tout ça m’a pris au dépourvu autant que toi.

Je le sais mais ça me fait du bien de l’entendre, indéniablement. Pas que j’en ai douté mais sur le moment, l’espace d’une seconde, je me suis senti presque seul, paumé, presque coupable d’avoir fait face à ce traumatisme qui m’a été reclaqué en pleine gueule malgré moi. Je ne doute pas un seul instant de sa volonté d’être présent, d’être même une épaule mais il est bon de l’entendre dire.

- Ce que j’essaie de te dire c’est que, au même titre que tu ne supporterais pas que ça se reproduise une deuxième fois, je ne supporterai pas de revivre ce que j’ai vécu ces dernières années, ici ou à l’extérieur. Pour autant, j’vis pas avec la peur permanente que ça arrive même si, je te l’accorde, avec la réaction que je viens d’avoir, c’est sans doute pas super flagrant.

J’acquiesce, l’écoutant et surtout, je crois ce qu’il me raconte. Enzo n’est pas du genre à me mentir, encore une fois et je vois bien qu’il ne se voile pas la face. Même s’il a encore des choses à travailler ça ne veut pas dire que tout est à faire.

- Et au même titre que tu n’es pas Kyle, je ne suis pas Jude.

La gifle est violente. Je ne m’attendais pas à ça, à ce qu’il me parle de Jude. Les larmes me montent aussitôt aux yeux sans que je n’y puisse rien, tentant malgré tout de les ravaler, de ne pas craquer une deuxième fois. Mon cœur cogne, mes mains tremblent.
Moi qui pensais que nous en avions fini… Pourtant, va falloir y penser. Peut-être parce que c’est nécessaire que les choses soient aussi bien clairs pour lui, que pour moi. J’essaie de piocher du réconfort et de la sécurité dans ses doigts qui m’effleurent la joue et son regard tendre dont j’ai clairement besoin en cette seconde.

- Je n’essaierai jamais de prendre sa place, il fait partie de ta vie, il en fera toujours partie et c’est quelque chose que j’appréhende complètement. Je sais que tu as Macy, Maxime et Dean mais n’hésite jamais à me parler de lui, de vous, de ta douleur ou d’autre chose si t’en ressens le besoin et/ou l’envie. D’accord ? Et c’est valable pour Spencer aussi. En fait, c’est valable pour tout.

Je ne suis pas foutu de parler, d’articuler le moindre mot. Ca ne veut pas dire que je ne comprends pas ce qu’il me dit ni que je ne saisis pas l’ampleur de ses mots. Je suis juste de nouveau écrasé par le poids d’un passé que j’aimerai parfois oublier. Je me contente d’acquiescer, venant agripper ses doigts comme un port d’attache. Je crois que quelque part, ça me fait mal, même si je sens que c’est nécessaire qu’on passe par là. Il n’y a pas de raisons à ce qu’il n’y ait que moi qui lui dise quelques vérités…
Enzo me prend dans ses bras et les larmes me montent de nouveau aux yeux. Entre le soulagement et la peine. Je cligne des paupières, m’accroche autour de son torse mais cette fois, retiens mes larmes pour laisser place au positif malgré mon cœur en berne. L’épuisement et le choc ne font pas bons ménages mais une chose est certaine : J’ai besoin de lui, de sa présence aussi bien physique que mentale. Depuis Jude, je n’ai pas retrouvé de relation qui m’a autant été bénéfique. Il y a eu Drew, je ne l’oublie pas mais tout était différent avec lui, c’était autre chose. De moins sérieux, de plus léger… Ici, les choses sont différentes. Il y a toujours cette légèreté mais aussi le besoin de vouloir plus, d’aller plus loin.

- J’suis désolé que tu aies vécu une chose aussi difficile, que tu aies du la revivre aujourd’hui sans trouver le soutien dont tu avais besoin parce que j’ai merdé mais je suis là, j’bouge pas, tu peux compter sur moi. Et je t’aiderai à vivre avec son absence comme je peux.

De nouveau les larmes. Parce qu’au-delà de la tristesse, ses mots me touchent. Vraiment. Et me rassurent aussi, c’est indéniable. J’aime l’entendre dire ça, j’aime comprendre par ses paroles l’importance que j’ai. C’est peut-être un peu égocentrique ou une connerie dans ce genre là mais il n’est jamais mauvais de rappeler ce genre de chose, surtout après ce que l’on vient de vivre et les doutes que je viens de traverser.
Mais encore une fois, il me prouve qu’il est à la hauteur et loin de moi de lui tenir rigueur de tout ça, parce qu’il est humain, que nous le sommes tous les deux et que ce genre de cafouillage peut arriver.

Il me serre plus fort et je frissonne lorsque ses lèvres se posent dans mon cou. J’aimerais rester comme ça jusqu’à demain matin.

- Même si tu prends toute la place dans le lit et que ça, c’est un motif de rupture évident. Comme le fait que j’parle trop.
- Faux. Tu prends toute la place à faire l’étoile de mer.

Je me serre plus fort contre lui, reste dans cette même position apaisante.

- Et t’as de la chance d’avoir le genre de voix qui donne envie de te donner le bottin à lire.

Je souris et me rapproche un peu plus pour clairement me blottir contre lui, comme pour ne faire qu’un même si je sais que là, présentement, l’option est impossible. Mais j’ai ce besoin brutal et viscéral de ne l’avoir que pour moi, contre moi. Une sorte de rempart contre ce monde que je n’ai plus trop envie de côtoyer pour aujourd’hui.
Le silence s’impose quelques secondes, voir quelques minutes avant que je ne me redresse légèrement pour le regarder cette fois, malgré mes yeux rougit et brûlant.

- J’sais que tu fais déjà des efforts monstrueux pour te sortir de tout ça. J’voulais juste te dire que j’suis fier de toi.

Inutile de dire que je le pense sincèrement parce que c’est une réalité. Comme beaucoup ici, il a vécu des choses horribles et j’ai bien compris – encore plus aujourd’hui – qu’il y a des jours plus compliqués que d’autres. Mais malgré ça, regardez-le… Il est toujours là, debout, vivant, prêt à te prendre la vie dans les bras et à en profiter, la consommer un maximum. Et j’trouve ça courageux parce que même si certains disent que nous n’avons pas le choix, c’est faux.
Nous avons le choix d’abandonner, de lâcher prise pour de bon. Mais heureusement pour nous, pour moi, Enzo est là devant moi.

- Tu m’rends heureux, Enzo. Je sais que tu n’es pas Jude et je ne cherche pas à ce que tu le sois… mais depuis qu’il n’est plus là, t’es la première personne qui arrive à me faire penser que, pour une fois, tout ira bien. Que tout sera plus facile. J’veux pas faire dans le fleur bleu mais j’peux pas mentir non plus : Je suis bien avec toi. Vraiment bien. J’ai juste envie d’en profiter, qu’on se casse loin d’ici pour trois jours j’sais pas où, juste tous les deux, tout comme j’ai envie qu’on s’tire avec les copains quelque part, pour tous se retrouver loin de tout ça.

Je prends sa main dans les miennes, nouent mes doigts autour des siens et en embrasse la paume, l’effleure.

- T’as pas merdé, t’es juste humain. Et moi aussi j’vais certainement merder, un jour. Le plus important pour moi c’est que tu sois là. Et j’veux t’aider autant que toi tu le fais tous les jours, sans t’en rendre compte peut-être.

Avant qu’on en soit là, qu’on ne se tourne autour dangereusement, j’me disais que je n’avais besoin que de Macy et Maxime, ni plus ni moins. Avis qui était d’ailleurs partager… Mais faut nous comprendre, on a vécu pas mal de merde chacun de notre côté, puis on a perdu des frères, des potes. Maintenant que Dean est revenu, un certain équilibre s’est réinstallé entre nous tous. Ils sont ma famille.
Désormais, il y a Enzo qui s’ajoute avec une évidence dans l’équation de ma propre existence. Je ne suis pas l’genre de type à regarder dix ans plus loin mais en cette seconde alors que je le regarde droit dans les yeux et que je le détaille en silence, je sais que je n’ai pas envie de le voir partir, de me séparer de lui. Qu’il rend mes journées plus belles, plus simples et plus tranquilles.
Dans un geste spontané, je glisse ma main sur sa mâchoire et l’attire légèrement à moi pour déposer un baiser sur ses lèvres. Tout d’abord chaste, puis plus appuyé, mais surtout lent, langoureux. Un échange où je veux prendre mon temps pour savourer chacune des saveurs qu’il m’offre, de la douceur de ses lèvres à sa langue, de l’odeur de sa peau à son toucher. Je veux me concentrer sur cet échange, en apprécier les chaque secondes de briase qui s’anime brutalement en moi avant que je ne rompe tout en douceur le contact, lui lançant un regard appuyé.

- Accompagne moi au dortoir, s’il te plait.

Un souffle, un soupire mais plus que ça, une demande venu droit du cœur. Un besoin vitale de sentir sa peau contre la mienne, comme une preuve formelle qu’il ne prendra pas le large.
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Dim 18 Juin 2017 - 12:15
Mon but n'était clairement pas de lui faire du mal, c'est une évidence, comme ça n'était pas le sien non plus, mais je crois qu'on a tous les deux besoin de savoir où on va, comment on y va, avec qui et surtout où est notre place. Je sais que j'ai une place dans sa vie, que ça n'est pas celle de Jude parce que personne ne le remplacera jamais et ça n'est pas ce que je veux de toute façon, mais j'ai besoin de savoir où est la mienne, de la trouver pour m'y installer. Lentement, en douceur, mais surement. Parce que j'en ai envie, tout simplement. Je veux avoir ma place dans la vie de ce garçon tout comme il a sa place dans la mienne et j'ai comme l'impression que tout ce qu'on vient de vivre en terme d'émotions a … déplacé les murs, bougé les meubles … Ça prend forme, ne change pas mais évolue. C'est comme ça que je ressens les choses alors que je le serre contre moi et qu'il se laisse aller, se blotti dans mes bras. L'espace d'une seconde, j'ai eu peur qu'il me repousse, me rejette. Juste une seconde. Mais même si je peux sentir ses larmes couler et son corps trembler, je le sens surtout s'accrocher à moi. De toutes les forces qu'il lui reste.

Et ça fait exploser mon cœur.
Et notre atmosphère se détend un peu.

« Faux. Tu prends toute la place à faire l’étoile de mer. »

Un rire bref mais réellement amusé m'échappe alors que l'épuisement me gagne aussi.

« Et t’as de la chance d’avoir le genre de voix qui donne envie de te donner le bottin à lire. »
« Je te le lirai tous les soirs avant de dormir si tu veux. »

Un sourire toujours amusé sur les lèvres, je dépose un baiser dans ses cheveux. Et je le sens qui s'accroche encore un peu plus, se rapproche alors même que ça me semble impossible d'être plus près. C'est comme s'il essayait de se fondre en moi et mes bras l'enserrent un peu plus fort encore alors que je bouge légèrement mes jambes pour trouver une position plus confortable et surtout plus pratique pour le garder au plus près de moi. Ma joue se pose contre le côté de sa tête, je regarde droit devant moi, derrière lui, sans fixer quoi que ce soit de particulier si ce n'est le vide tandis que ma main caresse son dos en douceur. Le silence s'installe, il choisira de le briser quand il le voudra, quand il se sentira prêt. J'attendrai le temps qu'il faudra, le temps dont il a besoin. Pour le moment je ne bouge pas d'un millimètre, écoute son cœur battre et me cale sur sa respiration. Tout ça semble se calmer. Un long et profond soupir m'échappe. Je ferme les yeux et presse sur pause, il n'y a plus que nous deux sur terre. Plus rien d'autre n'existe et instinctivement je ressens cette impulsion, celle de le couper du monde, d'être sa forteresse. Son refuge.

Au bout d'un moment je le sens bouger, prends ça pour un signal et le laisse se mouvoir comme il le souhaite en relâchant légèrement mon étreinte autour de lui. Il se redresse, me regarde, les yeux rougit, le regard fatigué. Ma paume passe sur sa joue, j'essuie ses larmes du pouce en détaillant lentement son visage.

« J’sais que tu fais déjà des efforts monstrueux pour te sortir de tout ça. J’voulais juste te dire que j’suis fier de toi. »

Deuxième explosion.
Deuxième déflagration.

Ses mots entrent à l'intérieur de moi et ricochent sur toutes les parois de mon âme. Je ne m'attendais pas à ça et je ne crois pas qu'il réalise vraiment l'impact qu'ils ont sur moi. Je ne cherche pas tout ça, comme une sorte de reconnaissance peut-être. J'essaie juste d'avancer à mon rythme, de franchir les obstacles sans trop embêter les autres mais l'entendre me dire qu'il est fier de moi me fait presque monter les larmes aux yeux sans que je n'ai le temps de comprendre ce qu'il se passe. Sans même m'en rendre compte je me suis figé, le regard braqué dans le sien et le cœur qui bat sourdement dans ma poitrine, son rythme résonnant dans mes tempes.
J'ai des amis, une famille, mais personne de suffisamment proche pour que des mots soient aussi important, pour qu'ils aient autant d'impact. Ça n'a rien de méchant pour les autres, c'est juste … Différent. Les entendre de sa bouche c'est différent. Malgré lui il me ramène une nouvelle fois à l'absence de mes parents, au vide, au manque, mais cette fois je réalise une chose : Je n'ai peut-être plus mon père ni ma mère pour veiller sur moi, juste être là, pour me dire que tout ira bien ou me le faire comprendre, mais je l'ai lui. Oui c'est neuf, oui on avance doucement sans se prendre la tête, sans se projeter trop loin mais … Je comprends l'importance qu'il prend pour moi en cet instant.

Parce qu'il est ma moitié, tout simplement.
Parce qu'il est là pour moi autant que je suis là pour lui.

« Tu m’rends heureux, Enzo. Je sais que tu n’es pas Jude et je ne cherche pas à ce que tu le sois… mais depuis qu’il n’est plus là, t’es la première personne qui arrive à me faire penser que, pour une fois, tout ira bien. Que tout sera plus facile. J’veux pas faire dans le fleur bleu mais j’peux pas mentir non plus : Je suis bien avec toi. Vraiment bien. J’ai juste envie d’en profiter, qu’on se casse loin d’ici pour trois jours j’sais pas où, juste tous les deux, tout comme j’ai envie qu’on s’tire avec les copains quelque part, pour tous se retrouver loin de tout ça. »

J'ai envie de lui dire que c'est ce dont j'ai envie aussi, que c'est ce qu'on va faire dès qu'on sera sorti d'ici. On partira tous les deux, n'importe où, le lieu n'a pas tellement d'importance. Et puis avant, après, peu importe, on se retrouvera tous. Pour profiter de la vie, la vraie, celle qui continue d'avancer à l'extérieur, celle qu'on a tous envie de bouffer à pleines dents, de respirer à pleins poumons. J'ai envie de lui dire que tout ça c'est réciproque mais aucun mot ne sort, simplement parce que ce qu'il me dit m'atteint en plein cœur. Il n'est pas du genre à exposer ses faiblesses, c'est même la première fois que je le ressens si vulnérable – exception faite de cette fois dans la forêt – alors tout ça prend d'autant plus d'importance. Il a toujours l'air de savoir où il va, d'être sur de lui, comme si rien ne pouvait l'atteindre. On pourrait facilement penser qu'il est fort – il l'est – et n'a besoin de personne pour avancer, personne d'autre que Macy et Maxime – et Dean maintenant qu'il est revenu – alors savoir que je lui apporte tout ça, que j'ai moi aussi trouvé ma place dans sa vie, c'est … J'ai même pas de mot pour l'exprimer si ce n'est que mon besoin de le protéger, d'être là pour lui, se fait plus imposant encore. Et que mes sentiments à son égard me semblent accroitre encore un peu plus.

Je reviens sur terre quand ses mains attrapent une des miennes et qu'il en embrasse la paume, l'effleure, après que nos doigts se soient entremêlés. Autant de gestes que je suis du regard avant de retrouver le bleu familier de ces yeux.

« T’as pas merdé, t’es juste humain. Et moi aussi j’vais certainement merder, un jour. Le plus important pour moi c’est que tu sois là. Et j’veux t’aider autant que toi tu le fais tous les jours, sans t’en rendre compte peut-être. »
« C'est déjà ce que tu fais, tu peux me croire. »

Simplement en étant toi. Je m'en rendais compte mais ça me semble tellement flagrant en cet instant. Sa façon d'être, sa présence, ses attentions envers moi … J'ai appris tellement de choses à son contact, notamment à prendre du recul, à me détendre. D'une certaine façon il me rend la vie tellement plus facile et ça pourrait presque me faire peur parce que si tout s'arrête du jour au lendemain … Mais l'envie de m'y accrocher et de vivre tout ça, le ressentir à 100% est bien plus forte que tout le reste. Je n'en perds pas mon individualité, ça n'a rien à voir avec une quelconque marque de dépendance et c'est justement là tout l'équilibre que j'ai réussi à trouver.

Avec lui.

Sa main se pose sur ma mâchoire, il m'attire à lui et pas une seconde je ne résiste. Ses lèvres capturent les miennes, juste un simple impact, doux mais tranquille, mais qui agit comme le déclencheur d'autre chose. Tout se fait avec lenteur mais le baiser devient plus appuyé, plus intense quelque part et c'est comme si je m'en nourrissais. En réalité toutes mes connexions se débranchent, mon rythme cardiaque accélère et mes mains viennent le chercher, tout aussi lentement. Quelque chose de nouveau se réveille, un besoin, celui de laisser tomber les mots et de communiquer d'une manière différente. Je ne réalise même pas que je viens de le ramener à moi, sur moi, alors que mes mains glissent sur ses cuisses et remontent jusqu'à sa taille pour se poser finalement dans son dos. Tout en douceur, avec lenteur, mais intensité. Exactement comme le baiser qu'on est entrain d'échanger depuis de longues secondes, peut-être même des minutes. Je m'imprègne de tout ça, de lui, de nous. De son goût, son odeur, les battements de son cœur encore et toujours. Et la petite flamme qui s'est éveillée dans le creux de mon ventre prend de l'ampleur, mes gestes deviennent plus appuyés, animés par un besoin. Celui de sentir sa peau sous mes doigts, sous mes lèvres et contre la mienne, celui de le ressentir dans son intégralité. Oui, celui de communiquer autrement que par les mots. Parce que le message qui est entrain de passer entre nous en cet instant me paraît évident.

Quand il rompt le baiser, en douceur, toujours, je reste un peu sonné, les yeux fermés et la bouche entrouverte, le souffle déjà court. Une seconde ou deux plus tard j'ouvre finalement les yeux et croise son regard, c'est comme un électrochoc. Son corps tout entier envoie des signaux au mien, qui se trouve être plus que réceptif.

« Accompagne moi au dortoir, s’il te plait. »

Ma réaction n'est pas brutale mais elle est impulsive et rapide. Mon bras autour de sa taille, je le tiens de manière solide, douce mais ferme et me relève, le relevant aussi par conséquent. Le fait de retrouver la hauteur me fait tourner la tête mais ça n'est pas pour ça que je pose mon front contre le sien et fait malgré moi quelques pas en avant jusqu'à le plaquer lentement contre le mur derrière lui. Mon visage effleure le sien, je me sens tellement proche de lui en cet instant, dans tous les sens du terme … C'est presque comme si je pouvais sentir son cœur battre directement dans ma poitrine.

Who’s words that I spoke now storm
I keep it turning
It’s Climbing deep burning
Climbing deeper
Kinda deeper

Massive Attack ▬ Ritual Spirit


« Viens. »

Maintenant.

Ma main attrape la sienne, tout me semble se passer au ralentis, comme si même mon sang circulait moins vite dans mes veines. Quelques minutes plus tard je referme la porte de mon dortoir derrière nous, le monde n'a pas recommencé à exister.

▬ FIN ▬
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Enzo S. Ryans
Chaton. Le seul et l'unique
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